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Textes 1996-2012

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TOCQUEVILLE, De la Démocratie en Amérique.<br />

[86] SUJET N° 86 - 10PHLlP01 - 2010 - Série L - POLYNESIE - SESSION NORMALE<br />

Si la constitution naturelle des hommes leur faisait désirer avec le plus d'ardeur ce qui tend à leur plus<br />

haut intérêt, toute intervention expresse, en vue de faire régner la concorde et la bonne foi, serait<br />

superflue. Mais telle n'est pas la pente habituelle de la nature humaine, on le sait. L'Etat doit donc ê tre<br />

organisé nécessairement de manière que tous, gouvernants et gouvernés - qu'ils agissent de bon ou de<br />

mauvais gré - n'en mettent pas moins leur conduite au service du salut général. En d'autres termes, il faut<br />

que tous, par force et par nécessité si ce n'est spontanément, soient contraints de vivre selon la discipline<br />

de la raison. Pour que soit a tteint ce résultat, le fonctionnement de l'Etat sera réglé de telle sorte,<br />

qu'aucune affaire important au salut général ne soit jamais confiée à un seul individu, présumé de bonne<br />

foi. Car l'homme le plus vigilant est cependant assujetti au sommeil, par intervalles, le plus fort et le plus<br />

inébranlable est sujet à faiblir ou à se laisser vaincre, aux moments précis où il aurait besoin de la plus<br />

grande énergie. Nul, puisqu'il en est ainsi, ne serait assez sot pour exiger d'un semblable une conduite,<br />

qu'il sait ne pouvoir s'imposer à soi-même : à savoir exiger que cet autre soit plus vigilant pour le compte<br />

d'autrui que pour le sien, qu'il ne cède ni à la cupidité, ni à l'envie, ni à l'ambition, alors que justement il est<br />

exposé chaque jour à l'assaut de tels sentiments.<br />

SPINOZA, Traité de l'autorité politique<br />

[87] SUJET N° 87 - 10PHLlP03 - 2010 - Série L - POLYNESIE - SESSION REMPL.<br />

La société, qui est la mise en commun des énergies individuelles, bénéficie des efforts de tous et rend à<br />

tous leur effort plus facile. Elle ne peut subsister que si elle se subordonne l'individu, elle ne peut<br />

progresser que si elle le laisse faire : exigences opposées, qu'il faudrait réconcilier. Chez l'insecte, la<br />

première condition est seule remplie. Les sociétés de fourmis et d'abeilles sont admirablement<br />

disciplinées et unies, mais figées dans une immuable routine. Si l'individu s'y oublie lui-même, la société<br />

oublie aussi sa destination ; l'un et l'autre, en é tat de somnambulisme, font e t refont indéfiniment le tour du<br />

même cercle, au lieu de marcher, droit en avant, à une e fficacité sociale plus grande et à une liberté<br />

individuelle plus complète. Seules, les sociétés humaines tiennent fixées devant leurs yeux les deux buts<br />

à atteindre. En lutte avec elles-mêmes et en guerre les unes avec les autres, elles cherchent visiblement,<br />

par le frottement et par le choc, à arrondir des angles, à user des antagonismes, à é liminer des<br />

contradictions, à faire que les volontés individuelles s'insèrent sans se déformer dans la volonté sociale et<br />

que les diverses sociétés entrent à leur tour, sans perdre leur originalité ni leur indépendance, dans une<br />

société plus vaste.

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