livret cosmetique de l'ennemi projet version fifa - Théâtre de l'Elixir

THÉÂTRE DE L’ÉLIXIR
Textor Texel — Dès qu’elle en a eu l’occasion, elle s'est enfuie en courant.
Elle a disparu dans la ville. Je ne l’ai plus retrouvée.
Jérôme Angust — Quel dommage ! Une si belle histoire qui commençait si
bien.
Textor Texel — J’étais fou d'amour et de bonheur.
Jérôme Angust — Quelle raison pouviez-vous donc avoir d’être heureux ?
Textor Texel — Il m'était enfin arrivé quelque chose de grand.
Jérôme Angust — Quelque chose de grand ? Un viol minable, oui.
Textor Texel — Je ne vous demande pas votre avis.
Jérôme Angust — Mais qu’est-ce que vous me demandez, au juste ?
Textor Texel — Je vous demande de m’écouter.
Jérôme Angust — Il y a des psy, pour ça.
Textor Texel — Pourquoi irais-je chez un psy quand il y a des aéroports
pleins de gens désœuvrés tout disposés à m’écouter ?
Jérôme Angust — Il vaut mieux entendre ça que d’être sourd.
Textor Texel — Je me suis mis à rechercher cette fille partout. Au début, je
passais mon temps au cimetière de Montmartre, dans l’espoir qu’elle y
revienne. Elle n’y revint pas.
Jérôme Angust — Comme c'est curieux, cette victime si peu pressée de
revoir le lieu de son supplice. Vous avez vu comment vous abordez les
gens ? Vous en êtes incapable autrement que par la violence. La première
fille que vous avez désirée, vous l’avez violée. Et quand vous avez envie de
parler à quelqu’un, à moi par exemple, vous vous imposez. Moi aussi, vous
me violez, certes d'une façon moins infecte, mais quand même. Vous n'avez
jamais envisagé d’avoir une forme de relation humaine normale avec
quelqu’un de consentant ?
Textor Texel — Non.
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