livret cosmetique de l'ennemi projet version fifa - Théâtre de l'Elixir

Jérôme Angust — Ah !
THÉÂTRE DE L’ÉLIXIR
Textor Texel — J’ai quarante ans et, en amitié comme en amour, je n’ai
jamais plu à personne.
Je n’ai pas même inspiré de camaraderie ou de vague sympathie à
quiconque.
Je suis content comme ça, moi. Ce viol, ça m'a plu. Ça me plait, de vous
forcer à m’écouter.
Jérôme Angust — C’est ce que je craignais : vous êtes incapable
d’éprouver de l'empathie. C’est typique des gens qui n’ont pas été aimés
pendant leur petite enfance.
Textor Texel — Vous voyez : pourquoi irais-je chez un psy alors que je
vous ai sous la main ?
Jérôme Angust — Ce sont des rudiments.
Textor Texel — Je crois en effet que mes parents ne m'ont pas aimé. Ils sont
morts quand j’avais quatre ans et je ne me souviens pas d’eux. Mais ils se
sont suicidés et il me semble que, quand on aime son enfant, on ne se
suicide pas. On les a retrouvés, pendus, l'un à coté de l’autre, à la poutre du
salon.
Jérôme Angust — Pourquoi se sont-ils tués ?
Textor Texel — Aucune explication. Ils n’avaient laissé aucun message.
Mes grands-parents n’ont jamais compris.
Jérôme Angust — Je devrais sans doute vous plaindre et, pourtant, je n’en
ai aucune envie.
Textor Texel — Vous avez raison. Il n’y a pas lieu d’avoir pitié de moi.
Jérôme Angust — Les violeurs, ça ne m’inspire que du dégoût.
Textor Texel — J’en reviens à mon histoire. J’ai fini par cesser d'aller au
cimetière de Montmartre, comprenant que c’était le dernier endroit où cette
fille voulait aller. Ce fut pour moi le début d'une longue errance à travers
23