livret cosmetique de l'ennemi projet version fifa - Théâtre de l'Elixir

THÉÂTRE DE L’ÉLIXIR
Textor Texel — Je suis content de vous voir revenir à de meilleurs
sentiments.
Jérôme Angust — Attendez. Ça vous sert à quoi, ce retard d'avion ?
Textor Texel — Et si vous réfléchissiez, pour une fois ? Vous voyez bien
que cet échange ne pouvait avoir lieu que dans la salle d'attente d'un
aéroport. Il fallait un endroit où je puisse vous coincer. Vous deviez
prendre cet avion, vous ne pouviez pas vous permettre de partir !
Jérôme Angust — Maintenant, je sais que c'est du bidon, donc je peux
partir.
Textor Texel — À présent, vous pouvez savoir que c’est du bidon. Mais
vous ne pouvez pas laisser filer celui qui a détruit votre vie.
Jérôme Angust — Et pourquoi avez-vous mis tant de temps à me le dire ?
Pourquoi ne m’avez-vous pas déclaré d’entrée de jeu : « Je suis l'assassin
de votre femme » ?
Textor Texel — Ça ne se fait pas. Je suis quelqu’un d'extrêmement
formaliste. J’agis en fonction d'une cosmétique rigoureuse
Jérôme Angust — Qu'est-ce que les produits de beauté viennent faire làdedans
?
Textor Texel — La cosmétique, ignare, est la science de l’ordre universel,
la morale suprême qui détermine le monde. Ce n’est pas ma faute si les
esthéticiennes ont récupéré ce mot admirable. Il eut été anti-cosmétique de
débarquer en vous révélant d'emblée votre élection. Il fallait vous la faire
éprouver par un vertige sacré.
J.A — Dites plutôt qu’il fallait m’emmerder à fond !
Textor Texel — Ce n’est pas faux. Pour convaincre un élu de sa mission, il
faut en passer par ses nerfs. Il faut mettre les nerfs de l’autre à vif, afin qu’il
réagisse vraiment, avec sa rage, et non avec son cerveau. Je vous trouve
d’ailleurs encore beaucoup trop cérébral. Tuez-moi donc. Vous m'emmenez
aux toilettes, vous me fracassez le crâne contre un mur et on n’en parle
plus.
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