livret cosmetique de l'ennemi projet version fifa - Théâtre de l'Elixir

THÉÂTRE DE L’ÉLIXIR
Paris, à la recherche de celle qui m'obsédait de plus en plus. Je sillonnais la
ville avec méthode, arrondissement par arrondissement, quartier par
quartier, rue par rue, station de métro par station de métro.
Jérôme Angust — L'aiguille dans la botte de foin.
Textor Texel — Les années ont passé. Je vivotais toujours de mon héritage.
Je n'avais besoin d’aucun divertissement ; quand je ne dormais pas, je
marchais dans Paris.
Jérôme Angust — La police ne vous a pas inquiété ?
Textor Texel — Non. La victime n’avait pas porté plainte.
Jérôme Angust — Quelle erreur de sa part !
Textor Texel — Et quel paradoxe : ce n’était pas le criminel qui était
recherché, mais la victime.
Jérôme Angust — Pourquoi la recherchiez-vous ?
Textor Texel — Par amour.
Jérôme Angust — Quand on voit ce que certaines personnes appellent
amour, on a envie de vomir.
Textor Texel —Attention : si vous vous aventurez sur ce registre, vous allez
avoir droit à une dissertation sur l'amour.
Jérôme Angust — Non, par pitié.
Textor Texel — C’est bon pour cette fois. Il y a dix ans, soit dix années
après le viol, je me baladais dans le XX ème arrondissement, en mangeant un
hot-dog de derrière les fagots et que vois-je, boulevard de Ménilmontant ?
Elle ! Elle, à n’en pas douter. Je l'aurais reconnue entre quatre milliards de
femmes. La brutalité sexuelle, ça crée des liens.
Dix années n’avaient réussi qu’à la rendre encore plus belle, fine,
déchirante. Je me mis à la courser, alors que j’étais juste en train de bouffer
une saucisse chaude pleine de moutarde.
24