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Les indus de prestations - Caf.fr

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<strong>Les</strong> <strong>indus</strong> <strong>de</strong> <strong>prestations</strong><br />

par Daniel Buchet<br />

CNAF – Direction <strong>de</strong>s Prestations familiales<br />

Parmi les problèmes que rencontrent quotidiennement<br />

les caisses d’Allocations familiales (CAF),<br />

les <strong>indus</strong> en sont un particulièrement prégnant.<br />

Définis comme une somme perçue <strong>de</strong> manière<br />

injustifiée par un allocataire, les <strong>indus</strong> ont <strong>de</strong>s causes<br />

multiples liées à la situation professionnelle, familiale,<br />

financière et au logement. Autant dire que<br />

beaucoup <strong>de</strong> changements dans la vie <strong>de</strong> l’allocataire<br />

et <strong>de</strong> sa famille sont un risque d’<strong>indus</strong>. Ces<br />

<strong>de</strong>rniers mettent en scène <strong>de</strong>s acteurs différents qui<br />

ont tous, globalement, leur part <strong>de</strong> responsabilité.<br />

En effet, l’indu peut être imputable à l’allocataire, à<br />

la législation ou à la CAF ; aussi, la multiplicité <strong>de</strong>s<br />

causes et <strong>de</strong>s responsabilités fait <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> un problème<br />

à la fois complexe et préoccupant.<br />

<strong>Les</strong> CAF comptent, bien sûr, parmi les premiers<br />

acteurs concernés pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong><br />

service mais également <strong>de</strong> gestion. L’indu, quelle<br />

qu’en soit la responsabilité, mais a fortiori si cette<br />

responsabilité relève <strong>de</strong> la législation ou <strong>de</strong> sa<br />

propre responsabilité, dégra<strong>de</strong> la qualité du service<br />

rendu à l’usager. La gestion <strong>de</strong>s dossiers et la<br />

récupération <strong>de</strong>s sommes dues accroissent sensiblement<br />

les charges <strong>de</strong> gestion. Ainsi, on peut estimer<br />

globalement que l’indu représente entre un cinquième<br />

et un quart <strong>de</strong>s flux d’accueil physique ou<br />

téléphonique ou <strong>de</strong>s écrits d’une CAF. <strong>Les</strong> pouvoirs<br />

publics, <strong>de</strong> leur côté, ne cessent <strong>de</strong> se préoccuper du<br />

phénomène <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>, <strong>de</strong> leur récupération sans doute<br />

autant que <strong>de</strong> leur prévention. Le Comité central<br />

d’enquête sur le coût et le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s services<br />

publics (1) préconise diverses mesures visant à améliorer<br />

la prévention et le recouvrement. Elles font<br />

l’objet d’un suivi régulier. Divers rapports abor<strong>de</strong>nt<br />

cette question en se préoccupant, en particulier,<br />

<strong>de</strong>s populations démunies (2). L’usager, enfin, et<br />

en tout premier lieu, subit la complexité d’un système<br />

et les conséquences socio-financières du remboursement<br />

<strong>de</strong> l’indu, parfois dans <strong>de</strong>s conditions<br />

sévères.<br />

Afin <strong>de</strong> mieux connaître ce phénomène, son ampleur<br />

et cerner les publics concernés, en 2000, la<br />

Caisse nationale <strong>de</strong>s allocations familiales (CNAF) a<br />

réalisé une étu<strong>de</strong> sur les <strong>indus</strong> dans dix CAF. Elle a<br />

porté sur un peu plus <strong>de</strong> dix mille <strong>indus</strong>.<br />

76<br />

RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67 - 2002<br />

Plus <strong>de</strong> 7 millions d’<strong>indus</strong> détectés<br />

annuellement dans les CAF<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’enquête réalisée sur les <strong>indus</strong>, la<br />

CNAF dispose <strong>de</strong> données générales et financières<br />

sur ce phénomène. Trois ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur méritent<br />

l’attention et illustrent son importance, en particulier<br />

pour la branche Famille <strong>de</strong> la Sécurité sociale :<br />

plus <strong>de</strong> 4 millions d’<strong>indus</strong> sont détectés annuellement<br />

dans les 123 caisses d’Allocations familiales ;<br />

ces <strong>indus</strong> représentent, en 2000, une masse financière<br />

<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 1, 676 940 milliard d’€ (11 milliards<br />

<strong>de</strong> F), soit l’équivalent <strong>de</strong> <strong>prestations</strong> comme l’allocation<br />

<strong>de</strong> soutien familial (ASF) et l’allocation <strong>de</strong> parent<br />

isolé (API) réunies. Certes, ils sont recouvrés, mais en<br />

partie et en moyenne, sur une pério<strong>de</strong> excédant<br />

l’année. Environ 93 % <strong>de</strong>s masses financières sont<br />

recouvrées, les 7 % restant faisant l’objet essentiellement<br />

<strong>de</strong> remises <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes, et d’admission en nonvaleur.<br />

La durée <strong>de</strong> recouvrement d’un indu excédant<br />

l’année en moyenne, le sol<strong>de</strong> à recouvrer s’élève,<br />

pour l’année 2000, à 730 millions d’€ (4,9 milliards<br />

<strong>de</strong> F), soit l’équivalent <strong>de</strong> l’allocation <strong>de</strong> parent isolé<br />

ou <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’allocation pour jeune enfant (APJE)<br />

(hors pério<strong>de</strong> prénatale) ;<br />

Qu’est ce qu’un indu ?<br />

Un indu est « ce qui a été payé sans être dû... » ou « ce<br />

qui n’est pas dû... » (Co<strong>de</strong> civil, articles 1235 et 1376).<br />

L’indu correspond donc à un versement <strong>de</strong> <strong>prestations</strong><br />

effectué par la caisse d’Allocations familiales à <strong>de</strong>stination<br />

d’un allocataire qui ne <strong>de</strong>vait pas en bénéficier.<br />

Par définition, l’existence <strong>de</strong> l’indu suppose, dans la<br />

quasi-totalité <strong>de</strong>s cas, une erreur commise. Cette<br />

erreur peut être le fait indifféremment <strong>de</strong> celui qui paie<br />

comme <strong>de</strong> celui qui reçoit. Contrairement à une idée<br />

assez répandue, l’erreur faite par celui qui paie n’exonère<br />

absolument pas celui qui a reçu le paiement <strong>de</strong><br />

rembourser. Ces versements indûment effectués<br />

doivent être récupérés par l’organisme payeur. On<br />

appelle ce type d’opération le recouvrement d’<strong>indus</strong><br />

ou plus juridiquement « la répétition » d’indu, qui ne<br />

signifie rien d’autre que « réclamer » l’indu. Ainsi,<br />

l’article 1235 du Co<strong>de</strong> civil résume bien les choses :<br />

« Ce qui a été payé sans être dû est sujet à répétition ».


La Caisse nationale <strong>de</strong>s allocations familiales a réalisé,<br />

en 2000, une enquête sur les <strong>indus</strong> dans dix<br />

caisses d’Allocations familiales ; le CREDOC a procédé<br />

à l’analyse <strong>de</strong>s résultats. L’enquête visait à fournir<br />

<strong>de</strong>s données détaillées et reliées sur :<br />

les caractéristiques <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> : leur montant, la pério<strong>de</strong><br />

et les <strong>prestations</strong> concernées, l’existence d’<strong>indus</strong><br />

multiples ou passés ;<br />

leurs motifs, leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> détection, les responsabilités<br />

dans la génération <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> ;<br />

les profils <strong>de</strong>s allocataires concernés (situation <strong>de</strong><br />

famille, situation professionnelle, ressources).<br />

Ces données <strong>de</strong>vaient être suffisamment fines pour<br />

aboutir à <strong>de</strong>s propositions <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> prévention<br />

ciblées en fonction <strong>de</strong>s motifs, <strong>de</strong>s situations et <strong>de</strong>s<br />

profils d’allocataires.<br />

Pour s’assurer du caractère représentatif <strong>de</strong> l’ensemble<br />

cette masse d’<strong>indus</strong> représente près <strong>de</strong> 4 % du<br />

montant global <strong>de</strong>s <strong>prestations</strong> versées par les CAF.<br />

Ce ratio est particulièrement remarquable. <strong>Les</strong> <strong>indus</strong><br />

dans la branche Retraite <strong>de</strong> la Sécurité sociale représentent<br />

seulement 0,07 % <strong>de</strong>s <strong>prestations</strong> versées, et<br />

0,7 % dans la branche Maladie (3). Alors que cette<br />

<strong>de</strong>rnière dispose d’un budget 2,5 fois supérieur à<br />

celui <strong>de</strong> la branche Famille, le montant <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> ne<br />

représente, sur une année, que 640 millions d’€<br />

(4,2 milliards <strong>de</strong> F).<br />

Le savoir sur les <strong>indus</strong> se limite aujourd’hui à <strong>de</strong>s<br />

données financières et une connaissance intuitive et<br />

factuelle, mais non chif<strong>fr</strong>ée, <strong>de</strong>s causes d’<strong>indus</strong>, <strong>de</strong>s<br />

différentes modalités conduisant à détecter ces <strong>indus</strong>,<br />

<strong>de</strong>s profils <strong>de</strong>s allocataires concernés. Tous ces éléments<br />

sont indispensables à l’élaboration d’actions<br />

bien ciblées et efficaces <strong>de</strong> prévention. A cette fin,<br />

l’enquête réalisée par la CNAF est une source très<br />

utile d’information (4).<br />

La prévention <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> et <strong>de</strong> leur<br />

recouvrement : l’objectif prioritaire<br />

On mesure donc la spécificité du problème <strong>de</strong>s <strong>indus</strong><br />

pour les CAF et la nécessité d’améliorer leur gestion.<br />

L’amélioration <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> et <strong>de</strong> leur<br />

recouvrement constituent <strong>de</strong>ux axes d’actions nécessaires<br />

et complémentaires.<br />

La prévention reste l’objectif prioritaire. En effet,<br />

éviter l’indu ne peut que satisfaire l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

acteurs. Cependant, il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue que<br />

pour certains usagers ce ne soit pas, en réalité, toujours<br />

Enquête sur les <strong>indus</strong><br />

DOCUMENTS, TRAVAUX ET COMMENTAIRES<br />

<strong>de</strong>s <strong>indus</strong>, l’enquête a dû répondre à divers impératifs, à<br />

savoir :<br />

la taille <strong>de</strong> l’échantillon. L’enquête a porté sur 10 530<br />

<strong>indus</strong> ;<br />

la durée <strong>de</strong> l’enquête. Pour tenir compte <strong>de</strong> certains<br />

<strong>indus</strong> saisonniers (par exemple, les <strong>indus</strong> d’allocation <strong>de</strong><br />

rentrée scolaire ou ceux liés aux échanges avec les<br />

impôts qui ont lieu en fin d’année en principe), l’étu<strong>de</strong><br />

s’est déroulée sur une année complète, à partir <strong>de</strong> juin<br />

2000 ;<br />

les modalités <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> enquêtés. Le choix<br />

<strong>de</strong> dix organismes (Besançon, Reims, Nancy, Rouen,<br />

Elbeuf, Paris, Montauban, Blois, Roubaix et Perpignan)<br />

<strong>de</strong>vait réduire les risques <strong>de</strong> particularismes <strong>de</strong> certaines<br />

CAF. Par ailleurs, <strong>de</strong> nombreux techniciens-conseils<br />

ont participé à cette étu<strong>de</strong>, réduisant là aussi le risque<br />

inhérent aux pratiques personnelles.<br />

le cas. En effet, passé les désagréments inhérents à la<br />

notification <strong>de</strong> l’indu, on doit constater que près <strong>de</strong><br />

6 % <strong>de</strong>s sommes indues font l’objet <strong>de</strong> remises <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ttes, ce taux pouvant atteindre les 10 % pour l’allocation<br />

aux adultes handicapés (AAH). Autrement<br />

dit, les bénéficiaires conservent l’usage <strong>de</strong> ces sommes.<br />

Concernant les bénéficiaires du revenu minimum<br />

d’insertion (RMI), le non-recouvrement s’avère<br />

plus massif, puisque les <strong>indus</strong> inférieurs à<br />

76 € (50 F) ne sont pas recouvrés (même sur les<br />

allocations à échoir). C’est également le cas pour<br />

une part non négligeable, <strong>de</strong> ceux transmis au préfet<br />

pour recouvrement (à défaut <strong>de</strong> recouvrement possible<br />

sur le RMI).<br />

Ces observations n’ont évi<strong>de</strong>mment pas pour objet<br />

<strong>de</strong> mettre en cause les remises <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes. Compte<br />

tenu <strong>de</strong> la situation socio-financière <strong>de</strong> certains allocataires,<br />

les remises <strong>de</strong> <strong>de</strong>ttes sont indispensables et<br />

le dispositif mériterait d’ailleurs d’être amélioré.<br />

Cependant, il faut reconnaître et admettre que la<br />

prévention <strong>de</strong> l’indu est indispensable et prioritaire,<br />

mais aussi que l’indu peut parfois, lorsqu’il n’est<br />

pas recouvré, constituer une aubaine.<br />

La prévention <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> constitue un engagement <strong>de</strong><br />

la CNAF inscrit dans sa <strong>de</strong>uxième convention d’objectifs<br />

et <strong>de</strong> gestion signée avec l’Etat. Cette prévention,<br />

par la voie <strong>de</strong> l’information ou du contrôle, nécessite<br />

toutefois une meilleure connaissance <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>.<br />

Améliorer la gestion <strong>de</strong>s <strong>indus</strong><br />

La prévention connaît évi<strong>de</strong>mment ses limites.<br />

77<br />

RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67- 2002


Quand bien même <strong>de</strong>s actions d’information et <strong>de</strong><br />

contrôle seraient développées et améliorées, <strong>de</strong>s<br />

<strong>indus</strong> existeront toujours ne serait-ce qu’en raison<br />

<strong>de</strong> causes structurelles liées à la législation et à la<br />

réglementation elle-même. Des actions doivent donc<br />

porter aussi sur la gestion du recouvrement <strong>de</strong>s<br />

<strong>indus</strong>, qui peut s’opérer soit directement sur les<br />

<strong>prestations</strong> versées, soit, à défaut, par un remboursement<br />

amiable <strong>de</strong> l’allocataire ou une procédure<br />

contentieuse.<br />

Concernant le recouvrement sur les <strong>prestations</strong><br />

versées, une réforme majeure est intervenue. <strong>Les</strong><br />

décrets d’application <strong>de</strong> la loi du 25 juillet 1994<br />

instituant le principe d’un recouvrement <strong>de</strong>s <strong>indus</strong><br />

adapté aux capacités financières <strong>de</strong>s débiteurs sont<br />

désormais parus. Cette réforme est fondamentale et<br />

marque une rupture très importante dans les pratiques<br />

<strong>de</strong> recouvrement. L’iniquité du système <strong>de</strong><br />

récupération en pourcentage du montant <strong>de</strong>s <strong>prestations</strong><br />

versées n’est plus à démontrer : il aboutissait<br />

mathématiquement à ce que le recouvrement croisse<br />

en fonction du montant <strong>de</strong>s <strong>prestations</strong> versées, les<br />

<strong>prestations</strong> quant à elles augmentant, en règle générale,<br />

lorsque les ressources <strong>de</strong>s allocataires diminuent.<br />

La loi a posé le principe d’un recouvrement<br />

<strong>de</strong>s <strong>indus</strong> sur les <strong>prestations</strong> versées en tenant compte :<br />

<strong>de</strong> la composition <strong>de</strong> la famille, <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong><br />

logement, <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> la famille, y compris les<br />

<strong>prestations</strong> légales reçues.<br />

Parallèlement, la loi <strong>de</strong> lutte contre les exclusions du<br />

29 juillet 1998 (article 129) a fixé <strong>de</strong>s règles strictement<br />

i<strong>de</strong>ntiques <strong>de</strong> retenues sur les <strong>prestations</strong> familiales<br />

en cas <strong>de</strong> saisies pour <strong>de</strong>ttes alimentaires.<br />

Auparavant, la saisie pouvait être totale, aucune<br />

règle ne venant la limiter. Des règles <strong>de</strong> cantonnement<br />

étaient, plus encore qu’en matière <strong>de</strong> recouvrement<br />

d’<strong>indus</strong>, indispensables, d’autant que le<br />

phénomène touche un nombre croissant d’allocataires.<br />

Le nombre <strong>de</strong> saisies avoisine désormais cent<br />

mille par an.<br />

A coté <strong>de</strong> cette réforme fondamentale du dispositif<br />

<strong>de</strong> recouvrement <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> sur <strong>prestations</strong>, d’autres<br />

mesures d’amélioration <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> sont<br />

attendues. Le 21 mars 2000, le conseil d’administration<br />

<strong>de</strong> la CNAF a fait <strong>de</strong>s propositions aux pouvoirs<br />

publics portant notamment sur la rationalisation <strong>de</strong><br />

la procédure <strong>de</strong> remise <strong>de</strong> <strong>de</strong>tte (saisine automatique<br />

<strong>de</strong> la commission <strong>de</strong> recours amiable et remises<br />

automatiques selon la situation <strong>de</strong> précarité <strong>de</strong>s<br />

débiteurs, remises en fonction <strong>de</strong> l’erreur <strong>de</strong> la CAF,<br />

développement <strong>de</strong> la transaction, réforme <strong>de</strong>s règles<br />

d’admission en non-valeur et « déjudiciarisation »<br />

du recouvrement contentieux).<br />

78<br />

RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67 - 2002<br />

<strong>Les</strong> allocations logement et le RMI : <strong>de</strong>s<br />

<strong>prestations</strong> sources d’<strong>indus</strong><br />

<strong>Les</strong> allocations logement<br />

<strong>Les</strong> <strong>prestations</strong> logement [ai<strong>de</strong> personnalisée au logement<br />

(APL), allocation logement à caractère familial<br />

(ALF) ou allocation logement à caractère social<br />

(ALS)] constituent 65 % <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>.<br />

Cette proportion ne correspond pas toujours à la part<br />

que représentent ces allocataires dans l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

<strong>prestations</strong> versées :<br />

26,5 % <strong>de</strong>s allocataires bénéficient <strong>de</strong> l’APL. <strong>Les</strong><br />

<strong>indus</strong> d’APL représentent 34 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> ;<br />

20,5 % <strong>de</strong>s allocataires bénéficient d’ALS. <strong>Les</strong> <strong>indus</strong><br />

d’ALS représentent 19 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>, soit sensiblement<br />

le même ratio ;<br />

12 % <strong>de</strong>s allocataires bénéficient d’ALF. La proportion<br />

<strong>de</strong>s <strong>indus</strong> est la même.<br />

Le fort taux d’<strong>indus</strong> (en nombre) en APL s’explique<br />

sans aucun doute par les contraintes réglementaires<br />

<strong>de</strong> « délai <strong>de</strong> notification ». Car les conditions d’accès<br />

au droit pour les différentes ai<strong>de</strong>s au logement sont<br />

peu différentes. Elles sont donc soumises aux mêmes<br />

aléas <strong>de</strong> changements <strong>de</strong> situations et, en matière<br />

d’APL, les changements <strong>de</strong> situation familiale, professionnelle,<br />

<strong>de</strong> ressources, ou liés au logement ne<br />

sont pas plus générateurs d’<strong>indus</strong> qu’en ALF ou en<br />

ALS, au contraire.<br />

Dans 19,4 % <strong>de</strong>s cas, la responsabilité <strong>de</strong> l’indu en APL<br />

est imputable à la législation et, plus précisément, au<br />

« délai <strong>de</strong> notification », qui représente plus <strong>de</strong> 15 %<br />

<strong>de</strong>s causes d’<strong>indus</strong>, alors que la législation n’est mise<br />

en cause, s’agissant d’<strong>indus</strong> d’ALS par exemple, que<br />

« Le délai <strong>de</strong> notification »<br />

En principe, l’ai<strong>de</strong> personnalisée au logement (APL)<br />

est versée au bailleur ou à l’établissement prêteur. Le<br />

paiement ne peut plus être modifié après l’avis adressé<br />

à ce bailleur ou prêteur. Or, selon la réglementation,<br />

cet avis doit intervenir plusieurs semaines avant le<br />

paiement effectif <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>, délai variable selon les<br />

cas (location, accession…) <strong>de</strong> manière à permettre<br />

au bailleur ou prêteur <strong>de</strong> calculer le montant du loyer<br />

résiduel ou du remboursement <strong>de</strong> prêt restant dû par<br />

l’allocataire. Ainsi, un changement <strong>de</strong> situation <strong>de</strong><br />

l’allocataire en mars – entraînant une diminution <strong>de</strong><br />

droit –, signalé ou traité après le 15 mars, <strong>de</strong>vra être<br />

pris en compte dès mars. Mais, à cette date, le<br />

montant <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> a déjà été notifié au bailleur et <strong>de</strong>vra<br />

lui être versé. Un indu sur les mois <strong>de</strong> mars sera<br />

généré.


dans 6 % <strong>de</strong>s cas environ, ou un peu plus <strong>de</strong> 4 %<br />

pour les <strong>prestations</strong> familiales et presque 7 % en<br />

AAH.<br />

Le RMI<br />

Le RMI constitue plus <strong>de</strong> 14 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> alors que<br />

les allocataires du RMI ne représentent que 10 % <strong>de</strong>s<br />

allocataires. Pour ce minima social comme pour<br />

l’APL, il y a donc un fort taux d’<strong>indus</strong> par rapport au<br />

nombre d’allocataires. Cette observation est d’autant<br />

plus importante que ces <strong>indus</strong> se concentrent sur<br />

moins <strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong> population bénéficiaire du RMI.<br />

Dans 52 % <strong>de</strong>s cas, ces <strong>indus</strong> sont causés par <strong>de</strong>s<br />

changements <strong>de</strong> situation professionnelle ou une<br />

modification <strong>de</strong>s ressources prises en compte pour<br />

calculer le RMI. Or, 29 % seulement <strong>de</strong>s bénéficiaires<br />

du RMI disposent d’autres ressources – provenant<br />

d’activités professionnelles – que le RMI ou les <strong>prestations</strong><br />

versées par la CAF. Ainsi, 31,5 % <strong>de</strong>s bénéficiaires<br />

perçoivent seulement le RMI et 39,5 % le RMI<br />

et d’autres <strong>prestations</strong>.<br />

Des montants d’<strong>indus</strong> plus élevés chez les<br />

allocataires en situation précaire<br />

Si on s’intéresse au profil <strong>de</strong>s allocataires ayant <strong>de</strong>s<br />

<strong>indus</strong>, on constate qu’il s’agit principalement <strong>de</strong><br />

bénéficiaires <strong>de</strong> minima sociaux.<br />

Le montant <strong>de</strong> « l’indu moyen »<br />

<strong>Les</strong> montants moyens d’<strong>indus</strong> sont les plus importants<br />

en matière d’AAH, puis <strong>de</strong> RMI et d’API. L’indu<br />

moyen, toutes <strong>prestations</strong> confondues, s’élève à 497 €<br />

(3 265 F), et porte sur quatre à six mois. Si on détaille<br />

cet indu moyen, il s’élève à :<br />

1 314 € (8 620 F) en AAH, soit quatre fois plus qu’en<br />

APL où le montant <strong>de</strong> l’indu est le plus faible : 320 €<br />

(2 103 F) ;<br />

682 € (4 472 F) en RMI ;<br />

644 € (4 223 F) en API. Mais l’indu d’API s’accompagne<br />

souvent d’<strong>indus</strong> d’autres <strong>prestations</strong> familiales.<br />

Le montant moyen <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>indus</strong><br />

accompagnant celui d’API est <strong>de</strong> 915 € (6 003 F).<br />

Pour les bénéficiaires <strong>de</strong> minima sociaux, les <strong>indus</strong><br />

élevés s’expliquent, en partie, par les montants mensuels<br />

<strong>de</strong> ces allocations, plus élevés comparativement<br />

aux autres <strong>prestations</strong>. S’agissant <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> <strong>de</strong><br />

RMI, ils représentent, en masse financière, près <strong>de</strong><br />

8 % du montant du RMI versé alors que ce ratio est<br />

<strong>de</strong> 4 % pour l’ensemble <strong>de</strong>s autres <strong>indus</strong>. De même,<br />

14 % <strong>de</strong>s allocataires ont un indu en RMI alors que<br />

les bénéficiaires du RMI représentent 10 % <strong>de</strong>s allocataire).<br />

Enfin, les <strong>indus</strong> <strong>de</strong> RMI sont élevés. Ils<br />

DOCUMENTS, TRAVAUX ET COMMENTAIRES<br />

concernent une population en situation financière<br />

particulièrement précaire, par définition, et sont,<br />

par conséquent, difficilement recouvrables.<br />

Une ventilation <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> par tranche<br />

Si on ventile les <strong>indus</strong> selon les montants par tranche,<br />

on observe que la moitié d’entre eux représentent<br />

moins <strong>de</strong> 229 € (1 500 F), mais un cinquième représente<br />

plus <strong>de</strong> 610 € (4 000 F). Cette tranche la plus<br />

élevée concentre la moitié <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> AAH (53,3 %). A<br />

l’inverse, la tranche la plus basse, qui représente un<br />

quart du total, comprend surtout <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> APL<br />

[38,4 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> d’APL sont inférieurs à 107 € (700 F),<br />

et seulement 13,2 % sont dans la tranche maximum].<br />

Le RMI est dans une position intermédiaire, avec<br />

29 % d’<strong>indus</strong> élevés (plus <strong>de</strong> 610 €), et aussi 29 %<br />

d’<strong>indus</strong> <strong>de</strong> 107 € à 229 € (700 F à 1 499 F).<br />

La durée <strong>de</strong>s <strong>indus</strong><br />

<strong>Les</strong> <strong>prestations</strong> étant versées mensuellement, un<br />

corollaire évi<strong>de</strong>nt existe entre le montant <strong>de</strong> l’indu<br />

et la pério<strong>de</strong> sur laquelle il porte. Dans 30 % <strong>de</strong>s cas,<br />

l’indu est limité à un mois ; dans 34 %, il porte sur<br />

<strong>de</strong>ux à cinq mois ; dans 36 % <strong>de</strong>s cas, il est <strong>de</strong> six<br />

mois ou plus. <strong>Les</strong> <strong>indus</strong> d’AAH portent dans 46 %<br />

<strong>de</strong>s cas sur plus <strong>de</strong> six mois, tandis que l’indu d’APL<br />

est, dans 40 % <strong>de</strong>s cas, d’un mois. <strong>Les</strong> <strong>indus</strong> <strong>de</strong> RMI<br />

et d’API sont plutôt <strong>de</strong> courte ou moyenne durée : la<br />

révision trimestrielle <strong>de</strong>s droits en est la cause. Lorsque<br />

la cause <strong>de</strong> l’indu est <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> la<br />

CAF, ils sont détectés tardivement et portent donc<br />

sur <strong>de</strong> longues pério<strong>de</strong>s : dans 45 % <strong>de</strong>s cas, l’indu<br />

s’étend sur plus <strong>de</strong> six mois.<br />

Le profil <strong>de</strong>s allocataires débiteurs<br />

Le chômage, la situation <strong>de</strong> famille monoparentale<br />

ainsi qu’un faible niveau <strong>de</strong> revenu par unité <strong>de</strong><br />

consommation sont autant d’éléments courants chez<br />

les allocataires débiteurs. Leur profil a été établi par<br />

comparaison <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s allocataires avec<br />

indu et <strong>de</strong>s allocataires sans indu. Le chômage,<br />

l’emploi précaire et l’isolement avec enfants à charge<br />

sont <strong>de</strong>s éléments saillants. <strong>Les</strong> allocataires avec<br />

indu sont <strong>de</strong>ux fois plus souvent que les allocataires<br />

sans indu <strong>de</strong>s personnes seules avec enfant ou <strong>de</strong>s<br />

couples avec trois enfants. Une fois sur cinq, l’indu<br />

concerne l’API ou l’ASF. Le chômage accroît le risque.<br />

Parmi les chômeurs, on rencontre 3,6 fois plus<br />

d’allocataires avec un indu que sans indu. <strong>Les</strong> bénéficiaires<br />

d’un contrat emploi solidarité (CES) sont<br />

7,5 fois plus nombreux à avoir un indu. Le risque<br />

apparaît très important, mais il doit être relativisé<br />

compte tenu du faible nombre <strong>de</strong> personnes titulaires<br />

d’un CES (1,7 % <strong>de</strong>s allocataires).<br />

Par ailleurs, le bénéfice d’APL, du RMI ou <strong>de</strong> l’API<br />

79<br />

RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67- 2002


accroît nettement le risque d’indu :<br />

55 % <strong>de</strong>s allocataires avec un indu perçoivent l’APL<br />

ou l’ALF, mais seuls 24 % d’allocataires sans indu<br />

touchent ces <strong>prestations</strong> ;<br />

20 % d’allocataires avec un indu perçoivent le RMI<br />

ou l’API. Seuls 5,3 % d’allocataires sans indu perçoivent<br />

ces <strong>prestations</strong> ;<br />

25,4 % <strong>de</strong>s personnes ayant un indu perçoivent<br />

l’allocation pour jeune enfant (APJE), le complément<br />

familial (CF), ou l’allocation <strong>de</strong> rentrée scolaire (ARS).<br />

Seuls 13,9 % d’allocataires sans indu perçoivent ces<br />

<strong>prestations</strong> ;<br />

le niveau <strong>de</strong> vie (5) <strong>de</strong>s allocataires avec indu est<br />

plus faible que celui <strong>de</strong>s allocataires sans indu. Globalement,<br />

il est <strong>de</strong> 1 221 € (6 700 F) par mois par unité<br />

<strong>de</strong> consommation, et chute à 960 € (6 300 F) après le<br />

constat d’indu. <strong>Les</strong> allocataires sans indu ont un<br />

quotient égal à 1 082 € (7 100 F) ;<br />

20 % ont un niveau <strong>de</strong> vie inférieur à 534 € (3 500 F).<br />

28 % <strong>de</strong>s allocataires sont dans cette situation après<br />

constatation <strong>de</strong> l’indu (diminution du montant <strong>de</strong>s<br />

<strong>prestations</strong>) ;<br />

38 % ont un niveau <strong>de</strong> vie inférieur à 686 € (4 500 F).<br />

Ils sont 46 % après le constat d’indu ;<br />

58 % ont un quotient familial (QF) inférieur à 838 €<br />

(5 500 F). Ils sont 65 % après le constat d’indu ;<br />

seuls 39 % <strong>de</strong>s allocataires sans indu ont un niveau<br />

<strong>de</strong> vie inférieur à ce niveau <strong>de</strong> 838 €.<br />

Cette évaluation du niveau <strong>de</strong> vie n’a pas été réalisée<br />

pour les allocataires ne percevant que les <strong>prestations</strong><br />

familiales. Or leur niveau <strong>de</strong> vie est à l’évi<strong>de</strong>nce<br />

inférieur à ceux ayant d’autres revenus. Non<br />

seulement l’indu touche davantage <strong>de</strong>s populations<br />

en situation financière précaire, mais cette situation<br />

s’aggrave en raison <strong>de</strong> la réduction du montant <strong>de</strong>s<br />

<strong>prestations</strong> après le constat d’indu, ainsi que <strong>de</strong> la<br />

récupération <strong>de</strong> l’indu.<br />

<strong>Les</strong> <strong>indus</strong> multiples : une situation assez<br />

marginale mais néanmoins très préoccupante<br />

22 % <strong>de</strong>s allocataires débiteurs ont déjà connu un<br />

trop-perçu dans l’année précé<strong>de</strong>nte : 14 % ont eu un<br />

indu et 8 % en ont connu au moins <strong>de</strong>ux. <strong>Les</strong> allocataires<br />

bénéficiaires <strong>de</strong> minima sociaux ayant un indu<br />

au titre du RMI (27 % <strong>de</strong>s cas) et <strong>de</strong> l’API (37 % <strong>de</strong>s<br />

cas) ainsi que les personnes ayant un indu d’APL<br />

(24 % <strong>de</strong>s cas) sont les plus concernés. Ceci confirme<br />

le fort risque d’<strong>indus</strong> sur l’APL, le RMI et l’API. A<br />

l’inverse, l’ALS et l’AAH ne sont pas source d’<strong>indus</strong><br />

répétitifs. <strong>Les</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> RMI sont les plus<br />

touchés : plus <strong>de</strong> 27 allocataires sur 100 ont déjà eu un<br />

ou plusieurs <strong>indus</strong> dans l’année précé<strong>de</strong>nte, et plus<br />

<strong>de</strong> 10 en ont eu plusieurs.<br />

80<br />

RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67 - 2002<br />

Le public concerné par ce risque d’<strong>indus</strong> multiples<br />

s’avère être souvent en situation précaire : il s’agit<br />

en particulier <strong>de</strong> bénéficiaires d’API, <strong>de</strong> RMI, <strong>de</strong><br />

familles monoparentales avec <strong>de</strong>s enfants (dans 31 %<br />

<strong>de</strong>s cas contre 21 % pour l’ensemble <strong>de</strong>s allocataires).<br />

<strong>Les</strong> couples sans enfant ou les personnes seules sans<br />

enfant connaissent <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> multiples dans respectivement<br />

15 % et 18 % <strong>de</strong>s cas. De même, il s’agit <strong>de</strong><br />

personnes sans réelle situation professionnelle : 35 %<br />

<strong>de</strong> bénéficiaires <strong>de</strong> CES (contrat emploi solidarité)<br />

présentent ce risque, 25 % <strong>de</strong> personnes au chômage,<br />

26 % <strong>de</strong> personnes sans activité.<br />

Dans 12 % <strong>de</strong>s cas, les personnes concernées par <strong>de</strong>s<br />

<strong>indus</strong> multiples ont également à rembourser d’autres<br />

<strong>de</strong>ttes : <strong>de</strong>s prêts consentis au titre <strong>de</strong> l’action sociale<br />

ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes alimentaires (<strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> cantine<br />

scolaire notamment). Ce n’est vrai que pour 2 % <strong>de</strong>s<br />

personnes ayant un seul indu. Ces personnes en<br />

situation précaire sont contraintes <strong>de</strong> s’en<strong>de</strong>tter pour<br />

acquérir en particulier <strong>de</strong>s effets mobiliers indispensables<br />

ou simplement par besoin d’argent, pour<br />

rembourser d’autres <strong>de</strong>ttes, accumulant ainsi les<br />

<strong>de</strong>ttes. Le risque est là encore plus élevé chez les<br />

titulaires <strong>de</strong> CES, et les personnes sans activité,<br />

bénéficiaires d’API ou d’ASF.<br />

Ces différentes observations amènent à la conclusion<br />

suivante : l’indu est un cercle infernal. Plus la<br />

situation financière est précaire, plus le nombre<br />

d’<strong>indus</strong> risque d’être important ; plus le montant<br />

<strong>de</strong>s <strong>indus</strong> est élevé, plus la probabilité d’avoir <strong>de</strong>s<br />

<strong>indus</strong> répétés est importante ; plus le risque d’avoir<br />

d’autres <strong>de</strong>ttes (extérieures à la CAF) est élevé ;<br />

enfin, le remboursement accroît la précarité <strong>de</strong> la<br />

situation.<br />

<strong>Les</strong> modifications <strong>de</strong> situation amenant à<br />

l’indu<br />

<strong>Les</strong> <strong>indus</strong> apparaissent quand les situations <strong>de</strong>s<br />

allocataires évoluent sans que la CAF ait pu tenir<br />

compte <strong>de</strong> ces changements. Des droits ont continué<br />

à être versés en fonction d’une situation antérieure<br />

qui n’est plus en cours. Une très forte majorité<br />

<strong>de</strong>s <strong>indus</strong> s’expliquent par les modifications<br />

suivantes : une évolution <strong>de</strong> la situation professionnelle<br />

et en particulier une reprise d’activité<br />

(28 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>), un changement dans le logement<br />

et notamment un déménagement (23 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>),<br />

une modification <strong>de</strong>s ressources (16 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>)<br />

et, dans un cas sur <strong>de</strong>ux, <strong>de</strong>s salaires, une modification<br />

concernant les enfants à charge, à savoir une<br />

fin <strong>de</strong> charge <strong>de</strong> ces enfants (15 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>), <strong>de</strong>s<br />

évolutions <strong>de</strong> la situation familiale – ce terme étant


entendu au sens <strong>de</strong> la vie en couple <strong>de</strong> l’allocataire<br />

– (6 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>), <strong>de</strong>s modifications du droit<br />

propres au RMI (6 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>), <strong>de</strong>s modifications<br />

<strong>de</strong> droit propres à l’AAH (2 % <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>).<br />

Des pistes <strong>de</strong> prévention<br />

Le repérage et la mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s causes principales<br />

d’infus facilitent la proposition ou l’amélioration<br />

d’actions <strong>de</strong> prévention, qu’il s’agisse <strong>de</strong> mesures<br />

propres à éviter l’indu, notamment par<br />

l’information ciblée ou d’actions <strong>de</strong> contrôle. Une<br />

meilleure connaissance en temps réel <strong>de</strong>s reprises<br />

d’activité peut être obtenue par une information<br />

ciblée sur le profil socio-économique <strong>de</strong>s allocataires,<br />

en améliorant, dans la mesure du possible, les<br />

modalités d’échanges d’informations entre les<br />

ASSEDIC et les CAF, et en développant l’accès au<br />

fichier du travail intérimaire.<br />

La sensibilisation, a minima, <strong>de</strong>s bailleurs sociaux,<br />

<strong>de</strong>s centres régionaux <strong>de</strong>s œuvres universitaires et<br />

scolaires, <strong>de</strong>s foyers, doit permettre que <strong>de</strong>s déménagements<br />

soient déclarés plus rapi<strong>de</strong>ment. S’agissant<br />

en particulier <strong>de</strong>s étudiants, la fin d’année scolaire se<br />

révèle une pério<strong>de</strong> à risque et une surveillance particulière<br />

<strong>de</strong>vrait être mise en place là où elle ne s’exerce<br />

pas déjà. Un accès au fichier <strong>de</strong>s déclarations annuelles<br />

<strong>de</strong>s salaires (DADS), et ce avant même le premier<br />

juillet, permettrait une régularisation <strong>de</strong>s déclarations<br />

à la CAF <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> revenu.<br />

<strong>Les</strong> situations <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> charge <strong>de</strong>s enfants, tant en<br />

matière <strong>de</strong> <strong>prestations</strong> familiales et d’ai<strong>de</strong>s au logement<br />

(soit avant 21 ans) qu’en matière <strong>de</strong> RMI (soit<br />

avant 25 ans), qu’il s’agisse <strong>de</strong> départ du foyer ou <strong>de</strong><br />

prise d’activité, restent difficiles à appréhen<strong>de</strong>r. Le<br />

changement peut, en effet, intervenir à tout moment,<br />

rien ne permettant a priori <strong>de</strong> repérer les<br />

risques. Certaines tranches d’âge, la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

vacances scolaires et la rentrée scolaire se révèlent,<br />

toutefois, <strong>de</strong>s pistes intéressantes à étudier et peuvent<br />

constituer <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> ciblage permettant <strong>de</strong><br />

développer <strong>de</strong>s actions d’informations.<br />

L’information plus systématique <strong>de</strong>s usagers sur la<br />

notion <strong>de</strong> concubinage et ses inci<strong>de</strong>nces importantes<br />

sur les droits aux <strong>prestations</strong> restent les seuls<br />

moyens <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> ce risque. Une forte intensification<br />

<strong>de</strong>s contrôles ne paraît guère envisageable<br />

ni efficace. Ceux-ci, dans ce domaine, sont très<br />

lourds. Ils peuvent être très certainement augmentés<br />

à condition d’étoffer le corps <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong><br />

contrôle, mais pas dans <strong>de</strong>s proportions telles que<br />

le risque pourrait être significativement couvert.<br />

DOCUMENTS, TRAVAUX ET COMMENTAIRES<br />

La plupart <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> d’allocations aux adultes handicapés,<br />

très élevés, pourraient être totalement évités<br />

si <strong>de</strong>s échanges d’informations avec les caisses primaire<br />

d’Assurance maladie, qui attribuent les pensions<br />

d’invalidité et les rentes d’acci<strong>de</strong>nt du travail,<br />

<strong>prestations</strong> non cumulables avec l’allocation, étaient<br />

effectifs sur l’ensemble du territoire. Un accord vient<br />

d’être conclu à cette fin avec la Caisse nationale<br />

d’assurance maladie <strong>de</strong>s travailleurs salariés.<br />

De même, une information systématique et immédiate<br />

<strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> travail protégé, lors <strong>de</strong> l’admission<br />

à la garantie <strong>de</strong> ressources <strong>de</strong>s personnes handicapées,<br />

qui implique un réexamen <strong>de</strong>s droits à l’AAH,<br />

supprimerait définitivement ce risque d’<strong>indus</strong>. En<br />

matière <strong>de</strong> RMI, enfin, une meilleure sensibilisation<br />

<strong>de</strong>s bénéficiaires sur l’importance <strong>de</strong> la déclaration<br />

trimestrielle <strong>de</strong> ressources est indispensable. Mais le<br />

public concerné reste parfois difficile à sensibiliser.<br />

Ces quelques propositions <strong>de</strong> prévention conjuguant<br />

à la fois information et contrôle s’attaquent aux causes<br />

majeures <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> et à la législation constante. D’autres<br />

mesures sont, bien entendu, envisageables. Une<br />

meilleure stabilité <strong>de</strong>s droits, par conséquent une<br />

moindre réactivité <strong>de</strong> ces droits aux divers changements<br />

<strong>de</strong> situation, serait une mesure certainement majeure<br />

<strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>, en même temps qu’elle pourrait<br />

constituer une amélioration sensible <strong>de</strong> la qualité<br />

du service rendu à l’usager et <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s politiques<br />

publiques en faveur <strong>de</strong>s familles, <strong>de</strong>s personnes<br />

handicapées, et <strong>de</strong> la lutte contre la précarité.<br />

La détection <strong>de</strong>s <strong>indus</strong><br />

Dans 71 % <strong>de</strong>s cas, l’indu est détecté par l’envoi d’une<br />

pièce par l’allocataire. Dans 45 % <strong>de</strong>s cas, il s’agit <strong>de</strong><br />

l’envoi spontané d’une pièce justificative par l’allocataire,<br />

dans 17 % lorsque la pièce est adressée par un<br />

tiers – le bailleur par exemple –, et dans 9 % dans le<br />

cadre d’une justification <strong>de</strong> masse. La politique <strong>de</strong><br />

contrôle <strong>de</strong> la CAF représente un quart <strong>de</strong>s détections :<br />

18 % à l’occasion d’un contrôle, 4 % à la suite d’un<br />

rapport d’enquête, 3 % à la suite d’un signalement du<br />

système informatique et 2 % lors d’une vérification<br />

comptable. Ce <strong>de</strong>rnier chif<strong>fr</strong>e peut paraître faible,<br />

mais la vérification intervient en principe pour éviter<br />

l’apparition <strong>de</strong> l’indu. Il faut noter que la rectification<br />

d’une erreur CAF ne représente que 3 % <strong>de</strong>s cas.<br />

La responsabilité <strong>de</strong>s <strong>indus</strong><br />

Le système déclaratif<br />

L’accès aux <strong>prestations</strong> est largement fondé sur le<br />

81<br />

RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67- 2002


système déclaratif. En effet, pour l’usager – sauf cas<br />

particulier –, il suffit <strong>de</strong> déclarer sur l’honneur sa situation,<br />

familiale, professionnelle, financière. Ces déclarations<br />

peuvent faire l’objet <strong>de</strong> contrôles ultérieurement,<br />

mais ceux-ci ne peuvent être généralisés. L’ensemble <strong>de</strong>s<br />

allocataires ne peut être contrôlé chaque année et les<br />

contrôles restent ciblés sur <strong>de</strong>s situations évaluées<br />

comme présentant un risque d’erreur <strong>de</strong> déclaration ou<br />

<strong>de</strong> non-déclaration. Environ un allocataire sur quatre est<br />

contrôlé chaque année. Le système déclaratif reste donc<br />

la règle, rappelée d’ailleurs par les orientations prises<br />

par le Premier ministre par circulaire du 6 mars 2000<br />

invitant à « faire confiance aux usagers » qui sont, dans<br />

la quasi-totalité <strong>de</strong>s cas, « <strong>de</strong> bonne foi ». Ces orientations<br />

conduisent directement à accentuer le mo<strong>de</strong><br />

déclaratif et à réduire l’exigence <strong>de</strong> pièces justificatives.<br />

Toutefois, les <strong>indus</strong> sont causés, en gran<strong>de</strong> partie, par un<br />

défaut <strong>de</strong> déclaratif : les trois quarts <strong>de</strong>s <strong>indus</strong> et 83 % <strong>de</strong><br />

leurs montants relèvent <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> l’allocataire<br />

– essentiellement en raison d’une déclaration tardive,<br />

erronée ou du défaut <strong>de</strong> déclaration <strong>de</strong> l’allocataire –<br />

ou d’un tiers (un bailleur, par exemple, qui n’a pas<br />

transmis à temps une information) dans 8,5 % <strong>de</strong>s cas. Il<br />

ne s’agit donc pas <strong>de</strong> renoncer au développement du<br />

système déclaratif mais, au contraire, <strong>de</strong> prévenir, par<br />

tous moyens, les risques d’<strong>indus</strong> liés à la non-déclaration<br />

en incitant à déclarer et en simplifiant les mo<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> déclaration, sous toutes ses formes, y compris par<br />

Internet ou par téléphone.<br />

La législation<br />

12 % <strong>de</strong>s cas sont dus à la législation. L’une <strong>de</strong>s raisons<br />

est, tout d’abord, à rechercher dans les délais <strong>de</strong> notification<br />

pour APL. Ils représentent 5,2 % <strong>de</strong> l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s <strong>indus</strong> en nombre, mais 1,2 % seulement en montant<br />

(en raison <strong>de</strong>s courtes pério<strong>de</strong>s sur lesquelles portent<br />

ces <strong>indus</strong>, en général un mois). Parmi les causes d’<strong>indus</strong><br />

d’APL, la législation est à incriminer dans 19 % <strong>de</strong>s<br />

cas. Pour le RMI, l’indu est lié à la législation dans 17 %<br />

<strong>de</strong>s cas. Il s’agit essentiellement, mais pas seulement,<br />

<strong>de</strong> cas d’avance trimestrielle égale à 50 % du montant<br />

du RMI, consenti lorsque la déclaration trimestrielle<br />

<strong>de</strong> ressources n’est pas connue <strong>de</strong> la CAF.<br />

Par ailleurs, et ceci vaut pour l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>prestations</strong>,<br />

la plupart <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> situation prennent<br />

effet dès le mois où ils interviennent. En général,<br />

ces changements, même déclarés rapi<strong>de</strong>ment, sont<br />

connus tardivement <strong>de</strong> la CAF et donnent lieu à un<br />

indu, certes d’un montant faible car limité à un mois.<br />

En matière <strong>de</strong> <strong>prestations</strong> familiales, ceci cause 4 %<br />

<strong>de</strong>s <strong>indus</strong>.<br />

La responsabilité <strong>de</strong> la CAF<br />

Elle n’est engagée que dans moins <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong>s cas<br />

82<br />

RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67 - 2002<br />

(mais 16 % pour les allocataires en CES), surtout en<br />

raison du retard (3 %). <strong>Les</strong> erreurs humaines ne<br />

représentent qu’un peu plus <strong>de</strong> 4 % <strong>de</strong>s situations,<br />

qu’il s’agisse d’erreur <strong>de</strong> saisie <strong>de</strong>s informations<br />

(2,1 %), d’erreur technique <strong>de</strong> codification ou <strong>de</strong><br />

liquidation incomplète (1,6 %), ou d’erreur d’application<br />

<strong>de</strong> la législation (0,6 %). <strong>Les</strong> erreurs humaines<br />

apparaissent plus <strong>fr</strong>équentes pour l’AAH (7,4 %<br />

<strong>de</strong>s cas), l’API (7 %), le RMI (6 %) et, a priori, plus<br />

inattendues, en matière d’APJE (9,5 %), d’ARS<br />

(6,4 %), et d’AF (6,9 %). En revanche, elles sont plus<br />

rares pour l’APL (2,6 %). L’erreur ne semble donc<br />

pas totalement liée à la complexité <strong>de</strong> la réglementation.<br />

Elle n’explique pas un taux d’erreur plus fort<br />

sur les AF que sur le RMI. <strong>Les</strong> conditions d’intégration<br />

informatique <strong>de</strong> la réglementation peuvent être<br />

une explication.<br />

<strong>Les</strong> différentes responsabilités (<strong>de</strong> l’allocataire, <strong>de</strong> la<br />

législation, <strong>de</strong> la CAF) sont souvent mêlées. La responsabilité<br />

peut être imputable aux trois causes ou<br />

acteurs : l’allocataire qui a tardé à déclarer un changement<br />

<strong>de</strong> situation intervenu, par exemple, en fin <strong>de</strong><br />

mois ; la CAF qui a traité avec retard cette déclaration ;<br />

la législation qui impose aussi <strong>de</strong> tenir compte du<br />

changement <strong>de</strong> situation dès le mois où il intervient.<br />

Le phénomène <strong>de</strong>s <strong>indus</strong>, compte tenu <strong>de</strong> la population<br />

qu’il touche, est paradoxal à plus d’un titre. En effet, la<br />

population en situation <strong>de</strong> précarité professionnelle,<br />

financière, familiale ou <strong>de</strong> logement connaît le plus fort<br />

risque d’<strong>indus</strong>, alors que ce public est en droit d’attendre<br />

<strong>de</strong> la solidarité nationale une certaine sécurité dans le<br />

service <strong>de</strong>s <strong>prestations</strong> ainsi qu’une stabilisation <strong>de</strong> ses<br />

droits. Cette situation est également paradoxale car la<br />

législation produit, pour une part non négligeable, ces<br />

<strong>indus</strong>, en cherchant à s’adapter à toutes les situations, et<br />

en temps réels, à tel point que, pour éviter tout redressement,<br />

les changements <strong>de</strong> situation <strong>de</strong>s allocataires<br />

<strong>de</strong>vraient être pris en compte avant qu’ils ne se produisent.<br />

Paradoxale, enfin, car le remboursement <strong>de</strong><br />

l’indu appauvrit encore davantage ce public d’allocataires,<br />

débiteurs déjà en situation financière difficile.<br />

Par conséquent, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> prévention<br />

par l’information ou le contrôle, nécessaires, la question<br />

<strong>de</strong>s <strong>indus</strong> <strong>de</strong>vrait aussi être abordée sous l’angle<br />

<strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong> la simplification <strong>de</strong> la<br />

législation.<br />

(1) Ruellan R., Bor<strong>de</strong>loup J. et Vieilleribière J.-L., « La prévention <strong>de</strong>s<br />

<strong>indus</strong> dans le domaine social », Comité central d’enquête sur le coût<br />

et le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s services publics, mai 1999.<br />

(2) Join-Lambert M.-T., « <strong>Les</strong> problèmes soulevés par les mouvements<br />

<strong>de</strong> chômeurs », rapport du Conseil général au plan sur les minima<br />

sociaux, 1997.


(3) Données 1997 figurant dans le rapport précité du comité central<br />

d’enquête sur le coût et le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s services publics.<br />

(4) Cette analyse est issue <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s résultats réalisée par le<br />

CREDOC.<br />

DOCUMENTS, TRAVAUX ET COMMENTAIRES<br />

(5) Ce niveau <strong>de</strong> vie a été calculé en fonction <strong>de</strong> toutes les ressources<br />

connues (trimestrielles ou annuelles) y compris les <strong>prestations</strong>, pondérées<br />

par unité <strong>de</strong> consommation selon la nouvelle échelle <strong>de</strong> l’OCDE : 1 pour<br />

l’allocataire, 0,5 pour le conjoint, 0,4 par enfant.<br />

La tutelle aux <strong>prestations</strong> sociales pour enfants : compte rendu<br />

d’un colloque <strong>de</strong> l’UNAF<br />

par Nadia Kesteman<br />

CNAF – Département <strong>de</strong> l’Animation <strong>de</strong> la Recherche et du Réseau <strong>de</strong>s chargés d’étu<strong>de</strong>s. Pôle Recherche et Prospective<br />

<strong>Les</strong> 20 et 21 septembre 2001, l’Union nationale<br />

<strong>de</strong>s associations familiales organisait un colloque<br />

sur la tutelle aux <strong>prestations</strong> sociales pour<br />

enfants. Ces <strong>de</strong>ux journées avaient pour objet <strong>de</strong><br />

restituer à un public <strong>de</strong> quelque trois cent cinquante<br />

délégués à la tutelle aux <strong>prestations</strong> sociales le résultat<br />

<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail sur la<br />

tutelle aux <strong>prestations</strong> sociales pour enfants (TPSE)<br />

constitués par l’UNAF en 2000 (1). Ce texte fait le<br />

point sur les différentes interventions.<br />

Faire évoluer la mesure <strong>de</strong> tutelle aux<br />

<strong>prestations</strong> sociales enfants<br />

La loi <strong>de</strong> 1966 porte sur <strong>de</strong>s mesures financières, et<br />

le décret d’application <strong>de</strong> 1969 y ajoute <strong>de</strong>s mesures<br />

éducatives. Ces mesures ne sont donc pas seulement<br />

issues <strong>de</strong> la pratique <strong>de</strong>s délégués, mais sont également<br />

prévues par les textes (2). Le délégué à la<br />

tutelle est le garant d’une cohérence, au centre d’un<br />

processus <strong>de</strong> transformations <strong>de</strong> la famille. Il <strong>de</strong>vrait<br />

s’attacher à une fonction <strong>de</strong> médiateur entre les<br />

différents travailleurs sociaux et la famille.<br />

La question <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> cette pratique en direction<br />

<strong>de</strong>s partenaires, <strong>de</strong>s commanditaires et <strong>de</strong>s<br />

familles est posée. Un consensus s’est réalisé sur le<br />

développement <strong>de</strong> tous les outils d’évaluation <strong>de</strong>s<br />

objectifs et <strong>de</strong>s besoins. <strong>Les</strong> membres du groupe <strong>de</strong><br />

travail sont tombés d’accord pour maintenir le caractère<br />

judiciaire <strong>de</strong> la mesure, faute <strong>de</strong> quoi la<br />

fonction du tuteur se confondrait avec celle <strong>de</strong>s<br />

conseillers en éducation sociale et familiale et, plus<br />

largement, avec celle <strong>de</strong>s travailleurs sociaux.<br />

La TPSE reste un instrument <strong>de</strong> contrôle social. A<br />

cet égard, le juge garantit la vérification <strong>de</strong>s pratiques<br />

<strong>de</strong>s tuteurs et constitue un recours. Le rappel<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs parentaux par le juge peut également<br />

avoir <strong>de</strong>s vertus éducatives. La démarche préconisée<br />

vise à adapter les textes et à cerner la mission<br />

confiée au délégué par le juge. Une dénomination<br />

nouvelle <strong>de</strong> la TPSE serait un complément <strong>de</strong> cette<br />

révision.<br />

Une dialectique entre enfance et famille<br />

Elisa Terrier, chargée <strong>de</strong> mission à l’Union départementale<br />

<strong>de</strong>s associations familiales (UDAF) du Bas-Rhin,<br />

présente la démarche <strong>de</strong> cette UDAF, pilote du réseau<br />

départemental d’écoute, d’appui et d’accompagnement<br />

<strong>de</strong>s parents (REAAP) (3). L’objectif assigné à la<br />

TPSE résidant aussi dans l’accompagnement <strong>de</strong>s<br />

familles, la question se pose <strong>de</strong> savoir pourquoi<br />

cette mesure n’est pas utilisée comme telle par les<br />

réseaux d’écoute et d’accompagnement <strong>de</strong>s parents.<br />

Pour Jean-Pierre Raoult, directeur <strong>de</strong> l’UDAF <strong>de</strong>s<br />

Ar<strong>de</strong>nnes, cette situation est symptomatique du<br />

manque <strong>de</strong> visibilité <strong>de</strong> la TPSE et du manque <strong>de</strong><br />

reconnaissance <strong>de</strong>s délégués, même quand le réseau<br />

<strong>de</strong> soutien est localement dirigé par une UDAF.<br />

<strong>Les</strong> réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement<br />

<strong>de</strong>s parents et la TPSE<br />

<strong>Les</strong> REAAP regroupent <strong>de</strong>s institutions très différentes<br />

[services <strong>de</strong> la Protection judiciaire <strong>de</strong> la<br />

jeunesse (PJJ), Education nationale, UDAF, caisses<br />

d’Allocations familiales (CAF)]. Mais les services<br />

<strong>de</strong> tutelles ne sont pourtant pas présents dans les<br />

83<br />

RECHERCHES ET PRÉVISIONS N° 67- 2002

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