sous-marins Des bateaux
sous-marins Des bateaux
sous-marins Des bateaux
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Ouvrage illustré<br />
Édition originale 2013.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Jean <strong>Des</strong>soly<br />
L’encyclopedie mondiale<br />
<strong>Des</strong> <strong>bateaux</strong><br />
<strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
TOME I<br />
AM<br />
communication
Avant-propos de l’auteur<br />
Tout jeune, me promenant sur le port de Nice avec mon grand-père, j’étais fasciné devant les <strong>sous</strong><strong>marins</strong><br />
de la marine française qui venaient y faire escale. Ces énormes vaisseaux noirs attiraient<br />
un public de curieux et de passionnés, comme moi. Je prenais un réel plaisir à visiter les entrailles<br />
de ces énormes machines de guerre pour y découvrir une technologie où la promiscuité de rigueur allait<br />
de pair avec le professionnalisme et la solidarité de l’équipage qui devait y vivre de longues heures sans<br />
voir la lumière du jour.<br />
Mais pour arriver à ce niveau de technologie que nous connaissons, il fallut, pendant plusieurs siècles,<br />
développer le concept.<br />
Ma passion, au fil des années, fut de réunir des éléments pour réaliser une documentation, sans cesse<br />
enrichie, m’opposant et jalousant l’aviation, militaire et civile, qui offre au public un grand nombre d’ouvrages<br />
forts bien documentés où les passionnés ont de quoi satisfaire leur curiosité. Malheureusement ce<br />
n’est pas le cas des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> qui, malgré l’existence de nombreux livres traitant sur la guerre <strong>sous</strong>-marine<br />
durant les conflits, ne mettent pas à la disposition de leurs fans un ouvrage généraliste de référence<br />
sur le sujet, couvrant l’histoire de la navigation <strong>sous</strong>-marine des origines à nos jours.<br />
Construire une encyclopédie sur les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> pouvait paraître une gageure, tant le sujet est vaste, mais<br />
j’étais confiant pour relever le défi. Répertoriant les multiples fabrications des pays belligérants pendant<br />
le XXe siècle et la tendance de ce début de XXIe siècle, cette encyclopédie vient donc combler un vide de<br />
la littérature maritime et historique.<br />
L’on a trop souvent négligé, ou résumé de façon excessive, l’histoire de la navigation <strong>sous</strong>-marine depuis<br />
les temps les plus reculés jusqu’à la veille de la première guerre mondiale où le <strong>sous</strong>-marin allait prouver<br />
sa terrible efficacité. C’est pourquoi cet ouvrage y consacre une part importante de mes recherches.<br />
Dès le début des hostilités, face aux cuirassés et plus tard aux porte-avions, l’invisible ennemi, petit par sa<br />
taille, mais puissant par ses armes, allait mener un combat sans merci à ces mastodontes de surface. L’un<br />
finira par disparaître quant à l’autre, il doit s’accommoder d’une escorte toujours plus puissante et plus<br />
sophistiquée.<br />
C’est l’Allemagne qui allait donner ses lettres de noblesses aux <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>. Cible d’un blocus de la<br />
part des alliés, elle voulait rendre coup pour coup en s’attaquant au commerce maritime. Cette guerre de<br />
course nécessitait la destruction des navires marchands approvisionnant les pays alliés. Contrairement au<br />
Royaume-Uni, puissance maritime, l’Allemagne était une puissance continentale. Sa flotte de surface ne<br />
pouvait pas rivaliser avec la toute puissante Royal Navy et une arme différente s’avérait nécessaire pour<br />
mener à bien cette guerre de course. Les U-Boote, petites unités discrètes et bien moins coûteuses que les<br />
cuirassés, ont pu parfaitement jouer ce rôle en franchissant facilement les lignes britanniques pour porter<br />
la guerre dans l’océan Atlantique.<br />
La technologie fait d’immenses progrès et en 1918, les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> ont atteint un niveau qui les rapproche<br />
de celui qu’ils auront en 1940. La classe U-139 fait ainsi 2 000 tonnes et plonge à 75 mètres. Sur les 345<br />
U-Boots opérant durant la Première Guerre mondiale, 274 U-Boots coulèrent 6 394 navires marchands<br />
représentant 12 800 733 tonneaux et une centaine de navires de guerre représentant 366 490 tonnes. 229<br />
ont été perdus dont 178 en opérations et sur 13 000 officiers et matelots ayant servi dans les U-Boote 515<br />
officiers et 4 849 <strong>marins</strong> ont trouvé la mort au combat, soit 40% des effectifs.
De nouveaux types de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> apparaissent pendant l’entre-deux-guerres. Parmi les plus notables, on<br />
peut citer les porte-avions <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, équipés d’un hangar étanche et d’une catapulte à vapeur pour lancer<br />
et récupérer de petits hydravions ; le tandem <strong>sous</strong>-marin - avion sert d’unité de reconnaissance en avant de<br />
la flotte, un rôle essentiel avant l’arrivée du radar. Le premier exemple est le HMS M2 britannique, suivi<br />
par le Surcouf français, et d’autres dans la marine impériale japonaise. Le Surcouf de 1929 est aussi conçu<br />
en tant que « croiseur <strong>sous</strong>-marin » pour engager des navires en combat de surface.<br />
L’Allemagne a possédé la plus grande et la plus efficace flotte <strong>sous</strong>-marine durant la Seconde Guerre mondiale.<br />
Cette flotte se composait en grande partie d’U-boote de type VII-C qui se révéla être une machine<br />
de guerre très efficace. Elle a utilisé les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> pour la seconde bataille de l’Atlantique, en essayant<br />
de couper les routes de ravitaillement entre les États-Unis et le Royaume-Uni ; celles-ci sont alors vitales<br />
pour l’alimentation et l’industrie britannique, mais aussi pour l’armement venu du nouveau continent. Si<br />
les U-boote ont été améliorés pendant les années de la guerre, l’une de ces innovations concerne les communications,<br />
cryptées avec la machine Enigma ; elle permet des tactiques d’attaques groupées en « horde<br />
de loups » (Wolfsrudel), mais elle est aussi à l’origine de la chute des U-boote qui commencèrent à subir de<br />
lourdes pertes dès l’année 1943, une fois le décodage percé.<br />
Du côté allié, les submersibles anglais et américains remplirent un rôle important en s’attaquant au commerce,<br />
mais souvent à leurs congénères allemands et japonais. Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> français, peu actifs lors de<br />
la première guerre mondiale, ne le furent guère plus pendant la seconde, les équipages étant déchirés entre<br />
la loyauté au gouvernement de Vichy et les FFL du Général De Gaulle. En matière de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, la France<br />
disposait d’une flotte homogène comptant 81 unités contre 116 aux Italiens. Ces derniers se dispersaient<br />
en une quantité de classes uniques ou de deux trois, ou quatre unités, réparties en <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> océaniques,<br />
moyens et côtiers qui ne remplirent que des missions secondaires. Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> russes menèrent une<br />
guerre <strong>sous</strong>-marine intense contre les convois allemands en mer du nord et dans la Baltique.<br />
L’engagement de la marine impériale japonaise dans la guerre <strong>sous</strong>-marine se solda par un échec cinglant,<br />
car elle ne fut jamais en mesure de menacer les voies de ravitaillement d’une marine américaine qui avait<br />
complètement anéanti les siennes.<br />
Le schnorchel, une invention hollandaise d’avant la guerre, a été utilisée sur les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> allemands<br />
pour utiliser les moteurs Diesel juste <strong>sous</strong> la surface afin d’éviter la détection visuelle et radar. La marine<br />
allemande a aussi expérimenté des moteurs au peroxyde d’hydrogène, en rencontrant de grandes difficultés<br />
techniques.<br />
Dans les années 1950, l’énergie nucléaire commence à remplacer la propulsion Diesel-électrique. <strong>Des</strong> appareils<br />
sont aussi développés pour extraire l’oxygène de l’eau de mer. Ces deux innovations permettent aux<br />
<strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de rester submergés pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois et autorisent des voyages<br />
jusque-là impossibles, comme l’arrivée de l’USS Nautilus au pôle Nord <strong>sous</strong> la calotte de glace de l’Arctique,<br />
en 1958. La plupart des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> militaires construits depuis cette époque aux États-Unis et en<br />
Union soviétique sont propulsés par des réacteurs nucléaires. Le facteur limitant pour la durée de submersion<br />
devient la quantité de vivres et le moral de l’équipage dans l’espace confiné du bord. Pendant la guerre<br />
froide, les États-Unis et l’Union soviétique ont maintenu de grandes flottes de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, engagés dans<br />
des poursuites de type « chat et souris » ; cette tradition continue aujourd’hui, sur une échelle plus réduite.<br />
Les puissances nucléaires et les autres pays ont de même continué à produire des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> conventionnels, qui<br />
ont l’avantage d’être plus silencieux, sauf quand ils utilisent leur moteur Diesel pour recharger les batteries ; mais les<br />
avancées technologiques dans l’atténuation des sons et l’isolation phonique ont diminué cet avantage. Même s’ils sont
moins rapides et peuvent emporter moins d’armes, les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> conventionnels sont moins chers à la construction<br />
; l’arrivée des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> anaérobie a augmenté le nombre de ces unités.<br />
Grâce à cette encyclopédie mondiale des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> l’on verra ainsi évoluer ses machines au fil de l’histoire<br />
grâce aux multiples photos et aux nombreux profils qui accompagnent les descriptions et un bref historique. Elle se<br />
consulte comme un catalogue dévoilant par nations toutes les séries ou modèles uniques construits à ce jour. Chaque<br />
type de bâtiment dispose d’une fiche technique indiquant son déplacement, ses dimensions, sa propulsion et son<br />
armement dans la limite des indications disponibles.<br />
Enfin une large partie est consacrée aux <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> scientifiques et aux bathyscaphes, sans oublier les notions<br />
techniques élémentaires de base qui permettent au <strong>sous</strong>-marin de fonctionner.<br />
Bonne lecture, Jean DESSOLY<br />
Plongée en cloche d’Alexandre LE GRAND en 322 av. J.-C.
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
SECTION HISTOIRE<br />
Chapitre 1<br />
Les précurseurs<br />
Guido da Vigévano, Roberto Valturius, Ramelli, Léonard<br />
de Vinci, Olaus Magnus, George Fournier, William<br />
Bourne, Magnus Pelegius, Cornelius van Drebbel, Jéronimo<br />
de Ayanz Beaumont, William Heydon, Marin<br />
Mersenne, Jean Barrieu, De Son, Giovanni Alphonso<br />
Borelli, John Wilkins, Giorgio Rivani, Jean Baptiste<br />
Chabert, Joseph Ciminius, Royer Doligny, Denis Papin,<br />
Martenot, Efim Nikonov, Nathaniel Symons, John<br />
Day.<br />
A partir de la page 3<br />
Chapitre 2<br />
David BUSHNELL<br />
Chapitre 3<br />
De BUSHNELL à FULTON<br />
Page 23<br />
PL. Sis<strong>sous</strong>, Dionis, Beaugenet, Sillon de Valmer, Daniel<br />
Thunberg, Castera, Maiziere, Thilorier, Martner,<br />
Révéroni Saint Cyr, docteur Schoepke...<br />
Page 31<br />
Chapitre 4<br />
Robert FULTON<br />
Chapitre 5<br />
De Fulton à W. BAUER<br />
Page 35<br />
A.Romodanovsky, Hodgman, B…X, François<br />
Guillaume Coëssin, Castera, Silas Clowden, Johnston,<br />
Shuldam, V. ?, Aubusson la Feuillade, De Montgery,<br />
De Boisserolles, Beaudoin, Castera, Brutus de Villeroi,<br />
Aleksey Podolevskiy, Jean Baptiste Petit, Karl<br />
Andreevitch Schilder, Casimir Chernovskaya, William<br />
Edouard Newton, Prosper Antoine Payerne, Le Doré.<br />
Page 44<br />
Chapitre 6<br />
Wilhelm BAUER<br />
W.Bauer, Alexander Andreiev, José Rodriguez Labandera.<br />
Page 61<br />
Sommaire général - Index<br />
Chapitre 7<br />
Période de la guerre de Crimée à la guerre<br />
de Sécession<br />
O.Gurney, Lodner Phillips, Henri Beaufort Sears,<br />
Alexandre Lambert, Marié Davy, Babbage, Casimir<br />
<strong>Des</strong>champs & Vilcoquet, Casimir <strong>Des</strong>champs, jeune<br />
pénitencier d’Ajaccio, Cambrez Bassompiere, Wilfrid<br />
Spiridonof, James Nasmyth, Georges H.Felt, H.Jarvis,<br />
Narcisso Monturiol, Frédéric Sauvage, Althabegoïthy,<br />
Paulus Sheltema Beduin, Hubault,T.van Elven, Jean<br />
François Conseil, M.Masson, Bourgois et Brun, Cosme<br />
Garcia Saez, Aristide Roger, Olivier Riou.<br />
Page 69<br />
Chapitre 8<br />
La guerre de Sécession 1861-1865<br />
John.K.Scott, Robert F. Barrow, Baxter Watsonet James<br />
R. Mc Clintock, L’alligator de Brutus de Villeroi, Le<br />
Pionneer 2, Alstitt, Horace Hunley, projets divers.<br />
Page 90<br />
Chapitre 9<br />
De la guerre de sécession à Drzewiecki<br />
Scovel Merriam et Nathaniel Halstead, M.Gambier,<br />
M.Sebor, M. Faidy,etc…, Le st patrick, Jules Kroehl,<br />
M.Merriam, M.Roeber, P . Duburguet, Konstantin Borisovitch<br />
Gern, Ivan Fédorovitch Alexandrowsky, Jules<br />
Verne, F.Otto Vogel, M. Normand, Docteur Barbour,<br />
Karl Flach, Frédérico Blume Othon,Nuttal & Villaine,<br />
M.Mortensen, André Constantin, M.Nillus, Docteur<br />
Lacomme.<br />
Page 107<br />
Chapitre 10<br />
Stéphan Drzewiecki<br />
Chapitre 11<br />
Période de 1870 à Nordenfeldt<br />
Page 128<br />
Delavaque, Donato Tomasi, John Smith, G. William<br />
Garret, M.A.Roy, M.Lagane, MM.Berkley & Hotchkiss,<br />
M.Jaquemin, M.Davies, J.Hamilton Tuck,<br />
M.Blakesley, M.Flais, M.Boucher, MM.Ash & Campbell,<br />
MM.Baron & Boisseau, R.Watkins, M.Gaget,<br />
Isaac Peral,.<br />
Page 133<br />
Chapitre 12<br />
Thorsten NORDENFELDT<br />
Page 149<br />
Page 7
Page 8<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 13<br />
Claude Désiré GOUBET<br />
Chapitre 14<br />
John Philip HOLLAND<br />
Chapitre 15<br />
Les autres <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> des années 80<br />
Page 155<br />
Page 159<br />
Allest, J.Waddington, Morhard, Chapman et Brin,<br />
Lecaudey, Tourreau, Cazaux, Noury , Ch. Shépard,<br />
Hovgaard, Poore & Storey, J.A. de Fontes Pereira,<br />
J.B.Gerber, WR.Cawet , Apostollof, Tempof, Thomas<br />
Winans, V.Barboza de Souza, Jean Guillaume Perreaux.<br />
Page 170<br />
Chapitre 16<br />
Le Gymnote, le Gustave Zédé et le Morse :<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de la marine française<br />
Page 181<br />
Chapitre 17<br />
Quelques autres <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> des années 90<br />
Haight et Wood, Georges Collins Baker, J.Rutland,<br />
Freese et Gawn, M.Schwan, A.Templo, F.Forest,<br />
P.Degli Abbati, Toselli, P.Balsamello, P Scorzetto Vignot,<br />
Sims, Van Witten, M.Pullino, J.F.Auer, D.Goubet,<br />
JR Haydon, Silas & Rogers, Ponthus, Lacavallerie,<br />
P.Dalpozzo, R.Rutley, H. Phillipeau, Vassel, C.Möller,<br />
A. Kampfe, Horrebow Homan, Castello y Elias,<br />
P.Dalpozzo, M.Rigaud, G.Pino, Hinsdale, Telsa, Atkinson,<br />
<strong>sous</strong>-marin anglais ?, Kuteinikoff et Kolbasief,<br />
Mello Marques, J.Gomez, Antonio Sanjurjo Badia, ,<br />
Leucot, abbé Raoul.<br />
Page 190<br />
Chapitre 18<br />
Le submersible Narval de Maxime LAUBEUF<br />
Maxime Lauboeuf, Clarence Burger, Tj Moriarty,<br />
Armstrong Orling, Alan Burgoyne, Five Cw, Haipar,<br />
Thomas Wheless, Don santiago Neves, Simpson.<br />
Page 215<br />
Chapitre 19<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> qui roulent de Simon LAKE<br />
Page 222<br />
Chapitre 20<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de 1900 à 1914.<br />
France :<br />
Sous-<strong>marins</strong> de Mr Romazotti (le Français et l’Algérien),<br />
<strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de Mr Maugas (Lutin, Farfadet,<br />
Gnome et Korrigan), submersibles de Mr Laubeuf<br />
(Sirene, Silure, Triton, Espadon), <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de Mr<br />
Petithomme (Guêpe 1 & Guêpe 2), l’X de Mr Romazotti,<br />
l’Y de Mr Bertin, le Z de Mr Maugas, <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Omega de Mrs Bertin et Petithomme, Le Charles<br />
Brun, <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de Mr Thuau, <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> «Q»de<br />
Mr Dion.<br />
Page 231<br />
Etats Unis :<br />
Sous-<strong>marins</strong> de Mr Holland: «Classe Adder», N°7,<br />
Classe «Fulton» N°8, Le «Plunger», Classe A, Classe<br />
B «Viper, Cuttlefish, Tarentule», Lake X, Classe Uss<br />
«Seal».<br />
Page 238<br />
Royaume Uni :<br />
Sous-<strong>marins</strong> Hi à H5, le type A, le type B.<br />
Page 242<br />
Allemagne :<br />
Sous-<strong>marins</strong> W1 et W2 de Mr. Equevilley, le n° 333 de<br />
R. Leps, Les premiers U.<br />
Page 243<br />
Italie :<br />
Sous-<strong>marins</strong> de Mr Laurenti «Delphino», «Tritone»,<br />
série «Squalo».<br />
Page 247<br />
Italie :<br />
Sous-<strong>marins</strong> de Mr Laurenti «Delphino», «Tritone»,<br />
série «Squalo».<br />
Page 247<br />
Russie :<br />
Sous-<strong>marins</strong> de Mr MP Naletov, Le «Keta» de Mr Yanovich,<br />
le «Tselim» de Mr Botkine, le «Delfin» de Mr<br />
Bubnov, le projet de Mr Koromaldi, le «Piotr Koschka»,<br />
la classe «Ocetre», le «Forelle» de Mr Equevilley,<br />
projet de Mr. Raids, type «Holland 27V», le «Som», la<br />
série «Schuka», la série «Kaiman», autres projets non<br />
finalisés.<br />
Page 248<br />
Japon :<br />
Série «Holland VI», <strong>sous</strong>-marin n°7 Kawasaki, achats<br />
divers.<br />
Page 254<br />
Pays bas :<br />
Sous-<strong>marins</strong> «O1» et «O2», séries suivantes.<br />
Page 266
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Espagne – Portugal :<br />
Sous-<strong>marins</strong> de classe «espardate» , série «Foca».<br />
Page 268<br />
Suede – Norvege – Danemark :<br />
Sous-<strong>marins</strong> «Enroth», «Hajen»,»Hvalen», classe<br />
«Koben».<br />
Page 269<br />
Autriche, Hongrie, Grece, Roumanie, Turquie :<br />
Premières acquisitions ou fabrications.<br />
Page 274<br />
Chapitre 21<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de la premiere guerre mondiale<br />
Allemagne<br />
Sous <strong>marins</strong> U Classe UA<br />
Bateaux à Essence U1 à U18<br />
U 19 à U 42<br />
Classe U-19 (Allemagne)<br />
U 43 à U 172<br />
Classe U-151 (Handels U-Boote)<br />
Classe U-135 (large) 1916<br />
Classe U-139 (Type UA ou U-Kreuzer)<br />
Sous-<strong>marins</strong> côtiers Classes UB<br />
Sous-<strong>marins</strong> mouilleurs de mines Classes UC<br />
Classes UE I et UE II<br />
Classe MITTEL- U : U 81 à U 114<br />
Page 283<br />
Autriche-Hongrie<br />
Classe U SM 1 – type U1<br />
Classe U SM 3 – type U3<br />
Classe U SM 5 – type U5<br />
Classe U SM 10 – type U10<br />
U SM 14 – type U14<br />
U SM 20 – type U20<br />
U SM 27 – type U27<br />
U SM 43 – type U43<br />
U SM 48 – type U48<br />
Classe U SM 50<br />
Classe U SM 51<br />
Classe U SM 101<br />
Classe U SM 107 :<br />
Royaume uni<br />
Classe A<br />
Classe B<br />
Classe C<br />
Classe D – E<br />
Classe F<br />
Classe G<br />
Classe H<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Page 323<br />
Classe J<br />
Classe K<br />
Classe L<br />
Classe M<br />
Classe R<br />
Classe S<br />
Classe Nautilus<br />
Classe Swordfish<br />
Classe V<br />
Classe W<br />
Classe X<br />
Etats unis<br />
Classe B<br />
Classe C<br />
Classe D<br />
Classe E<br />
Classe F<br />
Classe G<br />
Classe H<br />
Classe K<br />
Classe L<br />
Classe unique M1<br />
Classe N<br />
Classe AA1 puis T<br />
Classe O<br />
Classe R<br />
Classe S<br />
Le O12 Nautilus<br />
Japon<br />
Classe KD1-I51<br />
Type RO2<br />
Classe K1<br />
Class e «C» Vickers<br />
Classe Vickers Kawasaki<br />
Ha9 et Ha10 Schneider Laubeuf<br />
Classe K2<br />
Classe Vickers «L»<br />
Classe K3<br />
Classe K2 I52<br />
Italie<br />
Classe Delfino<br />
Classe Foca<br />
Classe Pullino<br />
Classe Glauco<br />
Classe Medusa<br />
Classe Nautilus<br />
Classe X<br />
Classe Atropo<br />
Classe F<br />
Page 337<br />
Page 372<br />
Page 407<br />
Page 9
Page 10<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Classe Argonauto<br />
Classe Balila<br />
Mini <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> classes A-B<br />
Classe W<br />
Classe Provana<br />
Classe P.Mica<br />
Classe S<br />
Classe Pacinotti<br />
Classe H<br />
Classe N<br />
Russie - URSS<br />
Classe Bars<br />
Classe Morzh<br />
Classe Akula<br />
Classe Minoga<br />
Classe Kasatka<br />
Classe Narval<br />
Classe Karp<br />
Classe Krab<br />
Classe AG<br />
Classe Svyatoy Georgiy<br />
Classe Pochtoviy<br />
Classe Yorsh<br />
Page 337<br />
Page 444<br />
France<br />
Classe Naïade<br />
Classe Aigrette<br />
Classe Sirène<br />
Classe Circér<br />
Classe Emeraude «pierres précieuses»<br />
Classe Pluviôse<br />
Classe Dupuy de Lôme<br />
Classe Brumaire<br />
Classe Amphitrite<br />
Classe Clorinde<br />
Classe Gustave Zédé II<br />
Classe Mariotte<br />
Classe Bellone<br />
Classe Diane<br />
Classe Lagrange<br />
Classe Joessel<br />
Classe Schneider Lauboeuf (Classe O’Byrne)<br />
Classe Armide<br />
Porte submersible Kanguroo<br />
Classe Maurice Callot<br />
Classe Pierre Chailley<br />
Classe Archimède<br />
Classe Amiral Bourgois<br />
Prises de guerre : U-boot repris <strong>sous</strong> le pavillon français<br />
Page 463<br />
Suède<br />
Classe Hvalen<br />
Classe Svärdfisken<br />
Classe Delphinen 1<br />
Classe Laxen<br />
Classe Abboren<br />
Classe Hajen<br />
Classe Bävern<br />
Classe Valen<br />
Pays bas<br />
Classe O type O6<br />
Type O8<br />
Type O9<br />
Classe K type K1<br />
Type K2<br />
Type K3<br />
Type K5<br />
Type K8<br />
Type K11<br />
Danemark<br />
Classe A Havmanden<br />
Classe B<br />
Classe C<br />
Norvège<br />
Classe A1 Kobben<br />
Classes A2, A3 et A4<br />
Espagne<br />
Classe B<br />
Classe C<br />
Portugal<br />
Classe Espardate<br />
Classe Hydra<br />
Australie<br />
Classe AE<br />
Canada<br />
Classe CC<br />
Classe CH<br />
Chili<br />
Classe Frésia<br />
AUTRES PUISSANCES<br />
Page 501<br />
Page 509<br />
Page 515<br />
Page 518<br />
Page 520<br />
Page 523<br />
Page 524<br />
Page 526<br />
Page 528
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 22 :<br />
D’une guerre à l’autre.<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de la 2e guerre mondiale<br />
Allemagne «Kriegsmarine»<br />
Type I A<br />
Type II A<br />
Type II B<br />
Type IIC / D<br />
Type VIIA<br />
Type VIIB<br />
Type VIIC<br />
Type VIIC /41<br />
Type VIIC /42<br />
Type VII D<br />
Type VIIE<br />
Type VIIF<br />
Type VIII<br />
Type IXA<br />
Type IXB<br />
Type IXC & IXC/40<br />
Type IXD<br />
Type X<br />
Type XI<br />
Type XIV<br />
Type XXI<br />
Type XXIII<br />
Type VIIC « Flak U-boot »<br />
Expérimental V80<br />
Types XVII A XVII B<br />
Walter U-boot<br />
Type XVII G<br />
Type XVII K<br />
Sous-<strong>marins</strong> de poche:<br />
Molch (Salamandre) :<br />
Hecht - XXVIIA Type (Brochet) :<br />
BIBER (Castor)<br />
Seehund - XXVIIB (Chien de mer)<br />
Le Neger (negre)<br />
Marder (martre)<br />
Hai (Shark)<br />
Delphin<br />
Seeteufel<br />
Schwertval<br />
Manta<br />
Torpilles humaines<br />
Le Neger (negre)<br />
Marder (martre)<br />
Hai (Shark)<br />
Autres projets non finalisés<br />
Type III<br />
Type III<br />
Type IV<br />
Type VI<br />
Série VIII<br />
Type XA<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Type XII<br />
Type XIII<br />
Type XV et XVI<br />
Type XIX<br />
Type XVIII<br />
Type XX<br />
Type XXV<br />
Type XXII<br />
Type XXIV<br />
Type XXVI<br />
Type UA - ex Batiray<br />
Autres développements fin 1945<br />
Leurres et accessoires<br />
France<br />
Classe Argonaute<br />
Classe Diane<br />
Classe Orion<br />
Classe Sirène<br />
Classe Ariane<br />
Classe Circé<br />
Classe Aurore<br />
Classe Redoutable<br />
Classe Requin<br />
Classe Saphir<br />
Classe Minerve<br />
Classe Roland Morillot<br />
Surcouf<br />
Roland Morillot (ex U2518)<br />
Narval (ex anglais P714)<br />
Royaume uni<br />
Classe U<br />
Classe V<br />
Classe Thames<br />
Classe Amphion<br />
Classe Porpoise<br />
Classe H<br />
Classe L<br />
Classe Oberon<br />
Classe Odin<br />
Classe Parthian<br />
Classe S<br />
Classe Sealion<br />
Classe Swordfish<br />
Classe Rainbow<br />
Classe T<br />
Classe P (ex italiens)<br />
Sous-<strong>marins</strong> de poche : Classe X<br />
Type Welman<br />
Type Welfreighter<br />
Page 535<br />
Page 609<br />
Page 633<br />
Page 11
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Italie<br />
Classes 600 Sirena - Perla - Adua<br />
Classe 600 – Acciao<br />
Classe Archimède<br />
Classe Argonauta<br />
Classe Balilla<br />
Classe Brin<br />
Classe Ammiragli Cagni<br />
Classe Calvi<br />
Classe Bragadin<br />
Classe Tritone<br />
Classe Foca<br />
Classe Glauco<br />
Classe Liuzzi<br />
Classe Mameli<br />
Classe Marcello<br />
Classe Marconi<br />
Classe Pisani<br />
Classe R – Romolo<br />
Classe Settembrini<br />
Classe Ettore Fieramosca<br />
Classe Pietro MICCA<br />
Classe ARGO<br />
Classe Bandiera<br />
Classe Squalo<br />
Classe Rismondo / Bajamonti<br />
Transferts d’Allemagne<br />
Classe CA Sous-marin de poche<br />
Classe CB<br />
Torpilles humaines «Maiale»<br />
Classe CM/CC<br />
Etats Unis<br />
Classe USS Dolphin<br />
L’ USS Argonaut<br />
Classe USS Barracuda<br />
Classe Cachalot<br />
Classe Mackerel<br />
Classe Narwhal<br />
Classe Sargo<br />
Classe Salmon<br />
Classe Tambor<br />
Classe Gar<br />
Classes Porpoise / Shark / Perch<br />
Classes T :<br />
Classes Gato<br />
Classe Balao<br />
ClasseTench<br />
Russie<br />
Classe D – Dékabrist<br />
Classe série II – Leninets 1<br />
Classe série XI – Leninets 2<br />
Classe séries XIII & XIIIbis – Leninets 3<br />
Page 669<br />
Page 709<br />
Classe série III – Schuka 1<br />
Classe série IV – Pravda<br />
Classe série V – Schuka 2<br />
Classe série Vbis – Schuka 2b<br />
Classe série Vbis 2 – Schuka 2b2<br />
Classe série X & Xb – Brochet<br />
Classe série VI Maliutka<br />
Classe série VI bis – Maliutka 2<br />
Classe série XII – Maliutka 3<br />
Classe série XIIbis – Maliutka 4<br />
Classe série XV<br />
Classe série IX – classe S<br />
Sous-séries IXbis , IX bis 1 et IXbis 2<br />
Classe série XIV – classe K<br />
Classe RONIS<br />
Classe KALEV<br />
Classe BARS modernisée<br />
Classe A<br />
Projet APL PIGMEY<br />
Page 739<br />
Japon<br />
Kaidai I (classe I-51)<br />
Kaidai II (classe I-152)<br />
Kaidai IIIa (classe I-153)<br />
Kaidai IIIb (classe I-156)<br />
Kaidai IV (classe I-61/I-162)<br />
Kaidai V (classe I-165)<br />
Kaidai VI (classe I-168)<br />
Kaidai VIb (classe I-174)<br />
Kaidai VII (classe I-176)<br />
Classe RO2<br />
Classe A « KO GATA» – AM «KAI-KO TAKA»<br />
Classe B1 «Oku Gata»<br />
Classe B2<br />
Classe B3<br />
Classe C ”HEI GATA”<br />
Classe C1<br />
Classe C2<br />
Classe D1 «TEI GATA»<br />
Classe D2<br />
Classe J1 ”JUNSEN ”<br />
Classe J2<br />
Classe J3<br />
Classe « Kaichu Gata » RO-33/56<br />
Classe KO « KAI SHO » ou RO-100<br />
Classe « KAI TOKU CHU » RO 30 , 31 et 32<br />
Classe L1 RO 50 &<br />
Classe L2<br />
Classe L3<br />
Classe L4<br />
Classe SEN HO <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> ravitailleurs<br />
Classe ST<br />
Classe SENTAKA KO<br />
Classe SEN TO KU<br />
Classe KIRAISEN<br />
Page 12 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Classe Sen Taka Sho<br />
Classe Yu1:<br />
Classe Yu 1001:<br />
Classe Yu 2001:<br />
Classe SENYU KOGATA<br />
Classe U –Boot importation RO 500 à Classe RO 506<br />
Mini sub Classe A B et B « Ko-Hyoteki »<br />
Type D Koryu<br />
Classe Kairyu<br />
Classe Shinkai<br />
Classe Yougeki-kai<br />
Classe Kaiten : Torpilles suicides<br />
Page 779<br />
Chapitre 23 :<br />
La vie à bord d’un <strong>sous</strong>-marin<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Page 847<br />
Chapitre 24 :<br />
Les flottes secondaires<br />
Acquisitions et constructions nationales<br />
Période entre 1920 et 1950<br />
Page 852<br />
Argentine<br />
Classe Santa Fe<br />
Australie<br />
Classe K<br />
Classe Netherlandish<br />
Brésil<br />
Classe Humayta<br />
Classe Tupi<br />
Classe Capitan O Brien<br />
Danemark<br />
Classe D Daphné<br />
Classe H<br />
Espagne<br />
Classe D<br />
Classe Général Molla<br />
Classe Aguilar Tablada<br />
Classe G<br />
Classe Almirante Garcia<br />
Estonie<br />
Classe Kalev<br />
Page 853<br />
Page 855<br />
Page 856<br />
Page 858<br />
Page 860<br />
Page 864<br />
Finlande<br />
Classe Saukko<br />
Classe Vetehinen<br />
Classe Vesikko<br />
Grece<br />
Classe Katsonis<br />
Classe Glafkos<br />
Iran<br />
Classe Delphin ?<br />
Norvège<br />
Classe B<br />
Classes Ureed<br />
Classe Utsira<br />
Pays bas<br />
Classe O – série O12<br />
Classe O – série O16<br />
Classe O – série O19<br />
Classe O – série O21<br />
Classe K – K14<br />
Pologne<br />
Classe Jastrząb<br />
Classe Wilk<br />
Classe Orzel<br />
Classe Sokol<br />
Portugal<br />
Classe Delfim<br />
Classe Narval<br />
Roumanie<br />
Classe Delfinul<br />
Classe Marsuinul<br />
Classe Requinul<br />
Suede<br />
Classe Delfinen II<br />
Classe Draken<br />
Classe Dykaren<br />
Classe U<br />
Classe Neptun<br />
Page 866<br />
Page 868<br />
Page 870<br />
Page 870<br />
Page 873<br />
Page 878<br />
Page 883<br />
Page 886<br />
Page 888<br />
Page 13
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Thailande<br />
Classe Mujchanu<br />
Turquie<br />
Classe Brindji In uni<br />
Classe Dumlupynar<br />
Classe Sakarya<br />
Classe Gür<br />
Classe Attilay<br />
Classe Oruc reis<br />
Yougoslavie<br />
Classe Hrabri ,<br />
Classe Ostvenik<br />
Classe Neretva<br />
Chapitre 25<br />
Flottes <strong>sous</strong>-marines d’après guerre.<br />
Les armes de la guerre froide<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques américains<br />
Classe Tench<br />
Programme GUPPY 1<br />
Programme GUPPY 2<br />
Programme GUPPY 1a<br />
Programme GUPPY schnorchel<br />
Programme GUPPY 2a<br />
Programme GUPPY 1b<br />
Programme GUPPY 3<br />
Classe Tang<br />
SSK «Gato modifié» classe Angler<br />
Classe Killer – Barracuda<br />
Type Sailfish<br />
Type Darter<br />
Type Grouper<br />
Type Marlin<br />
Type Albacore<br />
Type Barbel<br />
Expérimental type X1<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques soviétiques<br />
Projet 611 classe Zulu<br />
Projet 613 Classe Whiskey<br />
Projet 613 variantes<br />
Projet 613 E Katran<br />
Projet 617 Whale<br />
Projet 615 classe Quebec<br />
Projet 633 classe Roméo<br />
Projet 641 classe Foxtrot<br />
Projet 641B classe Tango<br />
Projet 1840 Lima<br />
Projet 690 Bravo<br />
Page 893<br />
Page 895<br />
Page 900<br />
Page 912<br />
Projet 877 classe Kilo<br />
Projet 677 classe Lada<br />
Projet 677 classe Amur<br />
Projet 940 classe India<br />
Projet 907 classe Triton<br />
Projet 865 classe Piranha<br />
Projet 1710 classe Beluga<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Français<br />
Recup. Bouan Mille, Blaison…<br />
Classe Aurore<br />
Classe Narval<br />
Classe Argonaute<br />
Classe Daphné<br />
Classe Agosta<br />
Classe Scorpene<br />
Classe Andrasta<br />
Le SMX-25<br />
Sous-<strong>marins</strong> humides Havas<br />
Page 944<br />
Page 1001<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Britanniques<br />
Classe Amphion modifiée<br />
Classes Porpoise<br />
Classe Obéron<br />
Classe Upholder<br />
Classe Excalibur (<strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> expérimentaux)<br />
Programme 2008 - Vidar-36 :<br />
Page 1033<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Allemands<br />
Type Unterseeboot XXI<br />
Type Unterseeboot XVII<br />
Unterseeboot type XXIII<br />
Classe U type 201<br />
Classe U type 205<br />
Classe U type 206<br />
Classe U type 209<br />
Classe U type 212<br />
Classe U type 214<br />
Classe U type 216<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Italiens<br />
Classe «Tritone» modernisée<br />
Classe Da Vinci (US Gato)<br />
Classe Toricelli (Etats-Unis Balao)<br />
2Classe Lombard (Etats-Unis Tench)<br />
Classe Piomarata (Etats-Unis Tang)<br />
Classe Toti<br />
Classe Sauro<br />
Classe Salvatore Pelosi<br />
Classe Primo Longobardo<br />
Classe Todaro<br />
Classe Cos Mo SX mini sub.<br />
Page 1045<br />
Page 1065<br />
Page 14 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Hollandais<br />
Classe Doljijn<br />
Classe Zwaardvis<br />
Classe Walrus<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Suédois<br />
Classe Sjoormen<br />
Classe Nacken<br />
Classe Västergötland<br />
Classe Gotland<br />
Classe Södermanland<br />
Classe Spiggen<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Norvégiens<br />
Classe Kobben<br />
Classe Ula<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Ibériques<br />
Classe Foca<br />
Classe Tiburon<br />
Récupération – importation…<br />
Classe Delfin (Daphné)<br />
Classe Galerna (Agosta)<br />
Programme S.80<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Japonais<br />
Classe Oyashio<br />
Classe Hayashio<br />
Classe Ooshio<br />
Classe Uzushio<br />
Classe Yūshio<br />
Classe Harushio<br />
Classe Oyashio<br />
1 SSK – Harushio modernisé SS 589<br />
Classe Soryu<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Chinois<br />
Type 636 classe Kilo<br />
Type 035 (Ming)<br />
Type 039 (Song)<br />
Type 039A ou 040 (Yuan)<br />
Type Yuan Quing<br />
Classe unique Wuhan<br />
Sous-<strong>marins</strong> classiques Australiens<br />
Classe Oberon (GB)<br />
Classe Collins<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Page 1082<br />
Page 1087<br />
Page 1096<br />
Page 1099<br />
Page 1107<br />
Page 1118<br />
Page 1125<br />
Chapitre 26<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> non nucléaires lanceurs<br />
de missiles tactiques<br />
Les précurseurs<br />
Page 1131<br />
Les premières fusées lancée par un <strong>sous</strong>-marin.<br />
Le Do-38 Gerät.<br />
Le projet Schwimmweste.<br />
Page 1131<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> lanceurs Américains<br />
Le Barbero.<br />
Le Tuny<br />
Le Grayback et le Growler<br />
Page 1137<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> lanceurs Soviétiques<br />
Whiskey «one cylinder»<br />
Whiskey «twin cylinder»<br />
Whiskey «long bin»<br />
Classe Juliett<br />
Projet 613 RV<br />
Projet 633 RV<br />
Page 1148<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> lanceurs Chinois<br />
Classe Wuhan<br />
Chapitre 27<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> non nucléaires lanceurs<br />
de missiles stratégiques<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> lanceurs stratégiques<br />
Soviétiques<br />
Projet P611<br />
Classe Zulu IV et V - projet 611<br />
Projet PV611 et PV613<br />
Classe GOLF<br />
Page 1170<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> lanceurs Français<br />
Le Gymnote<br />
Page 1186<br />
Chapitre 28<br />
Les Sous-<strong>marins</strong> spéciaux de la guerre froide<br />
Sous-<strong>marins</strong> expérimentaux & «piquets radars»<br />
Le projet «Migraine»<br />
Page 1190<br />
Page 15
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Programmes soviétiques expérimentaux<br />
Projet 611 RE :<br />
Projet AV 611D<br />
Projet AV611RA (alias 611RA)<br />
Projet 611 RU<br />
Projet AV611S<br />
Projet AV611E<br />
Projet 611 TS<br />
Projet 613 Sh :<br />
Projet 618<br />
Projet 649<br />
Projet 632<br />
Projet 610<br />
Projet 654<br />
Projet 947<br />
Projet 663<br />
Page 1198<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> US adaptés comme<br />
transport de commandos<br />
SSP-313 Perch et LPSS-315 Sealion<br />
Page 1205<br />
Chapitre 29<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> nucléaires d’attaque.<br />
Morphologie de principe d’un <strong>sous</strong>-marin d’attaque<br />
à propulsion nucléaire<br />
Page 1209<br />
Etats- Unis<br />
Le précurseur : SSN 571 NAUTILUS<br />
Classe Skate<br />
Expérimental Tullibee<br />
Expérimental Seawolf<br />
Classe Triton<br />
Classe Skipjack<br />
Classe Tresher/Permit<br />
Classe Sturgeon<br />
Narwhal<br />
Glenard P. Lipscomb<br />
Classe Los Angeles<br />
Classe Seawolf<br />
Classe Virginia<br />
Unité spéciale Parche<br />
Classe Jimmy carter<br />
URSS Russie<br />
Classe November<br />
Classe Echo 659T<br />
Projet 685 MIKE<br />
Classe Victor I, II et III<br />
Classe Charlie I, II et III<br />
Projet 705 Lira ou Alpha<br />
Projjet 1910 Cachalot /Uniform<br />
Page 1212<br />
Classe Sierra I et II<br />
Classe Oscar I et II<br />
Classe Akoula<br />
Projet 658 T<br />
Projets inachevés 627, T15 et 673<br />
Projet 20120 « Sarov »<br />
Classe Yasen /Granay<br />
France<br />
Le « Q 244 » :<br />
Classe Rubis – Amethyste<br />
Classe Suffren / ex.barracuda<br />
Grande Bretagne<br />
Dreadnought<br />
Classe Valiant<br />
Classe Churchill<br />
Classe Swfitsure<br />
Classe Trafalgar<br />
Classe Astute<br />
Chine<br />
Classe Han<br />
Classe Shang<br />
Classe ? type 095<br />
Classe Trafalgar<br />
Classe Astute<br />
Inde<br />
Classe Shakra 1<br />
Classe Shakra 2<br />
Autres programmes<br />
Page 1250<br />
Page 1293<br />
Page 1302<br />
Page 1317<br />
Page 1322<br />
Page 1324<br />
Chapitre 30<br />
Les premiers <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> nucléaires lanceurs<br />
de missiles tactiques<br />
Etats unis<br />
SSGN Halibut<br />
Russie<br />
Classe Echo I et Echo II.<br />
Classe Papa<br />
Classe Charlie 1, 2 et 3<br />
Classe Oscar 1 et 2<br />
Programmes non finalisés<br />
Page 1328<br />
Page 1332<br />
Page 16 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 31<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> nucléaires lanceurs<br />
de missiles balistiques<br />
Etats unis<br />
Classe George Washington<br />
Classe Ethan Allen<br />
Classes Benjamin Franklin et Lafayette<br />
Classe Ohio<br />
Classe SSGN Ohio<br />
PROJET SSN-21<br />
Classe Seattle<br />
Classe Mako<br />
Classe Washington (SNLE / SSGN).<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Page 1356<br />
URSS Russie<br />
Projet 639<br />
Projet 658 Classe Hôtel<br />
Projet 667 Classe Yankee<br />
Classe Yankee 2<br />
Projet 667M Yankee Andromede<br />
Yankee Notch<br />
Autres variantes:<br />
Yankee «Big Nose» (projet 09780)<br />
Yankee Pod (Projet 09774)<br />
Yankee Stretch (projet 09774)<br />
Projet 941 Classe Typhoon<br />
Projet 667 Murena Classe Delta 1<br />
Classe Delta 2<br />
Projet 667 BDR Kalmar Classe Delta 3<br />
Projet 667 BDRM Delphin Classe Delta 4<br />
Projet 955 Classe « Borei »<br />
Autres projets russes sans suite du début XXIe siècle<br />
Projet 1885 Passat<br />
Projet 1909 «Bars»<br />
Page 1374<br />
France<br />
Classe SNLE Redoutable<br />
Classe SNLENG Triomphant<br />
Classe SNLE Terrible 2<br />
Grande Bretagne<br />
Classe Résolution<br />
Classe Vanguard<br />
Chine<br />
Classe 092 Xia<br />
Classe 094 Jin<br />
Classe 096 Tang<br />
Page 1429<br />
Page 1436<br />
Page 1442<br />
Chapitre 32<br />
Flottes <strong>sous</strong>-marines classiques des autres pays -<br />
Sous-<strong>marins</strong> d’importation ou de construction locale<br />
début 2012<br />
Afrique du sud<br />
Classe «Manthatis» type 209 - 1400<br />
Classe Umkhonto - type «Daphné»<br />
Algérie<br />
Classe Rais Hadj Mubarek type Kilo<br />
Classe «Roméo»<br />
Argentine<br />
Classe Salta (Type 209 - 1200)<br />
Classe santa Cruz<br />
Brésil<br />
Classe Humaytá<br />
Classe Gato<br />
Classe TUPI<br />
Classe Tonetero ( Type Oberon)<br />
Classe Tikuna<br />
Bulgarie<br />
Classe : 84 Slava 1986<br />
Canada<br />
Classe Objiva (Type Obéron)<br />
Classe Victoria (Type Upholder)<br />
Chili<br />
Classe O Brien (type Obéron)<br />
Classe Thompson ( Type 209 - 1300)<br />
Classe O’Higgins (Type Scorpène)<br />
Colombie<br />
Classe Pijao (Type 209 - 1200)<br />
Classe Intrepido (Type Cosmos SX 506)<br />
Sous-<strong>marins</strong> des narco trafiquants.<br />
Coree du sud<br />
Classe Chang Bogo (Type 209 - 1200)<br />
Classe Son Won-2(Type 214)<br />
Classe Dolgorae:<br />
Classe Dolfin (Cosmos):<br />
Page 1455<br />
Page 1457<br />
Page 1459<br />
Page 1462<br />
Page 1467<br />
Page 1468<br />
Page 1471<br />
Page 1473<br />
Page 1476<br />
Page 17
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Corée du Nord<br />
Classe Sang-O<br />
SSM Yugo et classe P-4<br />
Classe MS 29 «Yono»<br />
Classe Delphin<br />
Romeo (Type 033)<br />
Whiskey (Type 613)<br />
Croatie<br />
Classe Tisa<br />
Danemark<br />
Classe Delfinen<br />
Classe Narhvalen (Type 205)<br />
Classe Tumleren (Type Kobben 207)<br />
Classe Kronborg (Type Nacken A-14)<br />
Egypte<br />
Type Romeo refondus<br />
Equateur<br />
Classe Shyri (Type 209 - 1300)<br />
Grèce<br />
Classe Glavkos (Type 209 1100/1200)<br />
Classe Poséidon (Type 209)<br />
Classe Katsonis Katsonis (Type U-214)<br />
Inde<br />
Classe Shishumar (Type 209)<br />
Classe Sindhudhva (type Kilo)<br />
Indonésie<br />
classe Cakra (Type 209 - 1300)<br />
Iran<br />
Classe Tareq type Kilo (Type 877EKM)<br />
IS 120 Ghadir<br />
Classe Quaem<br />
Classe Nahang<br />
Classe AI Sabehat 15<br />
Israel<br />
Classe Gal (Type 206A )<br />
Classe Dolphin (Type 800)<br />
Page 1480<br />
Page 1486<br />
Page 1488<br />
Page 1492<br />
Page 1493<br />
Page 1494<br />
Page 1498<br />
Page 1499<br />
Page 1501<br />
Page 1505<br />
Libye<br />
Classe AL Khyber (Foxtrot)<br />
Malaisie<br />
Ouessant (agosta)<br />
Classe Tunku Abdul (scorpene)<br />
Norvège<br />
Classe Ula :<br />
SSK - Kobben modernisés (Type U-207)<br />
Pakistan<br />
Classe Hangor (Type Daphné)<br />
Classe Khalid (Type Agosta 90B)<br />
Classe Hashmat (Type Agosta)<br />
Classe MG10 (Italie X)<br />
Pérou<br />
Classe Angamos (Type 209 - 1200)<br />
Classe Abtao (ex Tiburon)<br />
Pologne<br />
Classe Orzel (Type 877E)<br />
Classe Sokol ( Kobben )<br />
Roumanie<br />
Classe Delfinul (Kilo Type 877E)<br />
Singapour<br />
Classe Challenger - (Type A-11)<br />
Classe Archer – (Vastergotland avec AIP)<br />
Taïwan<br />
Classe Hai Shih (type Balao)<br />
Clase Hai Lung (Type Zwaardvis)<br />
Page 1507<br />
Page 1508<br />
Page 1510<br />
Page 1512<br />
Page 1515<br />
Page 1517<br />
Page 1519<br />
Page 1520<br />
Page 1521<br />
Turquie<br />
Classe Hizirreis (Type Tang)<br />
Clase Preveze (Type 209 - 1400)<br />
Classe Atilay (Type 209 - 1200)<br />
Classe ? (Type 214 Sous-<strong>marins</strong> anaérobies)<br />
Page 1523<br />
Ukraine<br />
SSK - Foxtrot (Project 641K)<br />
Page 1526<br />
Page 18 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Venezuela<br />
Classe Sabalo<br />
Classe ? (kilo)<br />
Vietnam<br />
Classe ? (Kilo)<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Page 1527<br />
Page 1529<br />
Monténégro (ex Yougoslavie)<br />
Classe Tara<br />
Classe Malisan<br />
Classe Sutjeska<br />
Classe Heroj<br />
Classe Sava<br />
Una- classCCClasse Una – (Yougoslavie) - Mini <strong>sous</strong><strong>marins</strong><br />
Page 1530<br />
Les constructeurs de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> dans le monde.<br />
Page 1535<br />
Chapitre 33<br />
<strong>Des</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> hors du commun<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> portes aéronefs.<br />
Les projets fous!!!.<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> spéciaux hors normes.<br />
Les croiseurs <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>.<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> commerciaux<br />
Le rêve du <strong>sous</strong>-marin volant<br />
Classe Seawiew (fiction cinéma)<br />
Chapitre 34<br />
Les Sous-<strong>marins</strong> annexes modernes,<br />
militaires et scientifiques<br />
Les minis <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> en URSS /Russie.<br />
Projet 18392 Zibrus<br />
Le projet UPS<br />
Projet 1906 Poisk<br />
Projet 18270 Bester<br />
Projet 18392 Zibrus<br />
Page 1540<br />
Page 1550<br />
Page 1553<br />
Page 1556<br />
Page 1562<br />
Page 1567<br />
Page 1574<br />
Page 1578<br />
Page 1578<br />
Page 1579<br />
Page 1580<br />
Page 1581<br />
Projet 1855 Priz India<br />
Projet 1837 SPS<br />
Projet 18511 Nelma<br />
Projet 16810 GPA<br />
Projet 210 Losharik<br />
Les minis <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> occidentaux.<br />
Page 1581<br />
Page 1582<br />
Page 1583<br />
Page 1583<br />
Page 1584<br />
Sous-marin expérimental Dolphin (US)<br />
Page 1585<br />
Sous-marin expérimental NR1 (US)<br />
Page 1587<br />
Sous-marin de sauvetage DSRV (US)<br />
Page 1589<br />
Sous-marin mark8 SDV porte commandos (US)<br />
Page 1591<br />
Sous-marin ASDS porte commandos (US)<br />
Page 1592<br />
Le NSRS (FR)<br />
Page 1593<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> scientifiques.<br />
Page 1596<br />
Le développement des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> scientifiques.<br />
Page 1600<br />
Sphères et bathyscaphes.<br />
Page 1604<br />
Les habitats <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> fixes.<br />
Page 1618<br />
SECTION TECHNIQUE<br />
Chapitre 35<br />
Techniques et fonctionnement des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Définition et constitution d’un <strong>sous</strong>-marin<br />
Page 1626<br />
Intérêts militaires d’un <strong>sous</strong>-marin.<br />
Page 1628<br />
Principes de physique qui régissent la plongée.<br />
Page 1630<br />
Morphologie d’un <strong>sous</strong>-marin militaire.<br />
Page 1630<br />
La navigation <strong>sous</strong> l’eau.<br />
Page 1638<br />
La propulsion des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>.<br />
Page 1642<br />
Page 19
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
La production d’énergie à bord.<br />
Page 1647<br />
Les hélices<br />
Page 1648<br />
L’orientation <strong>sous</strong> la mer.<br />
Page 1650<br />
La sécurité à bord.<br />
Page 1655<br />
La furtivité.<br />
Page 1655<br />
Les torpilles.<br />
Page 1657<br />
Les missiles à changement de milieu.<br />
Page 1664<br />
Les mines.<br />
Page 1667<br />
L’artillerie embarquée sur les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Page 1673<br />
Le camouflage Dazzle<br />
Page 1676<br />
Les armes anti <strong>sous</strong>-marines<br />
Page 1678<br />
Les bombettes de signalisation<br />
Page 1686<br />
La dissuasion nucléaire<br />
Page 1687<br />
Les accidents de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Page 1690<br />
<strong>Des</strong> épaves dangereuses et bien encombrantes<br />
Page 1697<br />
Les nageurs de combat<br />
Page 1699<br />
Les bases <strong>sous</strong>-marines blindées allemandes<br />
Page 1729<br />
Glossaire des termes de <strong>sous</strong>-mariniers.<br />
Page 1734<br />
Chapitre 36<br />
Les scaphandres pieds lourds<br />
et en les enceintes captives<br />
Page 1749<br />
Page 20 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Bibliographie<br />
Ouvrages généralistes<br />
La navigation <strong>sous</strong>-marine - G.L. PESCE<br />
Librairie Vuibert et Nony 1904<br />
La navigation <strong>sous</strong>-marine à travers les siècles - M. DELPEUCH<br />
Librairie F.Juven 1907<br />
La navigation <strong>sous</strong>-marine - C.RADIGUER<br />
Libraire Octave Doin 1907<br />
Les <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> - FOREST & NOALHAT<br />
Librairie Dunod 1900<br />
La navigation <strong>sous</strong>-marine – M. GAGET<br />
Librairie Béranger 1901<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> - G CLERC – RAMPAL<br />
Librairie Hachette 1929<br />
Sous-<strong>marins</strong>, torpilles et mines- A. LAUBEUF et H. STROH<br />
Librairie Baillieres & fils 1931<br />
Histoire mondiale des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> - J .J. ANTIER<br />
Librairie Robert Laffont 1968<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> – C. CHAMBARD<br />
France Empire 1968<br />
Histoire de la guerre <strong>sous</strong>-marine – R. HUMBLE<br />
Librairie Bordas 1981<br />
Histoire des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> – JM. MATHEY-S. DUPLAIX<br />
Librairie ETAI 2002<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> – Spencer DUNMORE<br />
Librairie Taillandier 2002<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> Fantômes des profondeurs – A SHELDON – D.CAMUS<br />
Découvertes Gallimard 2006<br />
Sous-<strong>marins</strong> – Robert Jackson<br />
Librairie Gremese 2011<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Page 21
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 1 - Les précurseurs<br />
Aussi loin que peuvent remonter nos recherches en la matière, l’idée de se déplacer <strong>sous</strong> l’eau<br />
dans une embarcation étanche nous est rapportée par deux ouvrages.<br />
Le premier est l’œuvre de Guido da Vigevano (1280-1349), un médecin italien, inventeur à<br />
ses heures.<br />
Son livre « Texaurus regis Francie » décrit un certain<br />
nombre d’éléments technologiques et ingénieux dispositifs,<br />
avec des croquis de chars blindés, des voitures propulsées<br />
par le vent et d’autres machines de siège, mais<br />
aussi un curieux dessin de bateau plongeur entièrement<br />
fermé, lesté de barriques latérales et manœuvré par 4<br />
roues à aubes.<br />
Bateau <strong>sous</strong>-marin de Guido da VigevanO<br />
Le second est un ouvrage du XV siècle, sur l’art militaire par Roberto VALTURIUS, le « De Re<br />
Militari » qui a probablement été écrit entre 1455 et 1460 par Végèce et a été largement distribué et<br />
copié à la main pendant de nombreuses années, avant d’être premier ouvrage imprimé à Vérone en<br />
1472. Il traite de l’art de la guerre en général et d’un point de vue historique. Sur les douze livres dans<br />
lesquels il est divisé, l’un, consacré à la défensive et offensive des armes, est le plus fortement illustré.<br />
La signification de « sur les questions militaires », c’est qu’il est le premier livre imprimé avec des illustrations<br />
de nature technique. Un merveilleux tableau de fantastiques machines de guerre militaires<br />
et navales.<br />
On y découvre le dessin d’une embarcation destinée à naviguer <strong>sous</strong> l’eau et devant être utilisée pour<br />
des opérations militaires de franchissement de fleuves ou rivières hors de la vue de l’ennemi. Sa structure<br />
fusiforme consistait en l’habillage d’un squelette de bois et de fer par une toile de lin cirée imperméable.<br />
Le dessin montrait même la possibilité de démonter l’engin en trois parties pour en faciliter le<br />
transport sur charrette. L’intérêt de la machine résidait par l’utilisation de roues à aubes actionnées par<br />
bras. On ignore cependant les moyens utilisés pour effectuer la submersion de l’embarcation, assurer<br />
son accès, son étanchéité et la taille réelle de celle-ci.<br />
Ramelli, dans son traité des « Artificioses Machines » de 1558 décrira des <strong>bateaux</strong> similaires.<br />
L’histoire reste muette sur une quelconque utilisation de cette étrange machine dont l’usage, la propulsion<br />
et la direction semblent bien sommaires, voire peu efficaces.<br />
Page 22 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Embarcation <strong>sous</strong>-marines R. VALTURIO<br />
Peintre, architecte et homme de sciences italien, le célèbre Léonard de Vinci (1452-1519) se devait<br />
bien sûr d’apporter tout son savoir sur les moyens possibles de faire voyager l’homme <strong>sous</strong> les eaux,<br />
à l’image des poissons dont il avait analysé avec patience le comportement dans ses recherches.<br />
Esquisses d’une embarcation <strong>sous</strong>-marine à double coque par Léonard DE VINCI en 1505<br />
C’est néanmoins dans le domaine des habits de plongée qu’il s’ingénie dans la réalisation de ses<br />
croquis que l’on retrouve dans le célèbre « Codex Atlanticus ». Comme c’est souvent le cas, Léonard<br />
était tellement habile en dessin et en précision des détails, qu’il préfigurait les solutions modernes.<br />
Par exemple, son scaphandre devait être fait de cuir parfaitement étanche avec une poche pectorale<br />
gonflable pour en augmenter le volume et faciliter la remontée (voir deuxième partie).<br />
L’idée du bateau <strong>sous</strong>-marin lui exerce une fascination toute spéciale du fait qu’elle est projetée dans<br />
un futur assez lointain. La possibilité que Léonard ait pensé à la réalisation d’un bâtiment capable de<br />
descendre <strong>sous</strong> l’eau et de remonter à la surface, se base essentiellement sur l’interprétation de certains<br />
de ses propos et sur une esquisse où l’on découvre des embarcations à double coque.<br />
Il s’était d’ailleurs inspiré de l’essai d’un certain notable italien Césariano qui avait réalisé et expérimenté<br />
une machine plongeante dans le fossé du château de Milan. Le <strong>sous</strong>-marin de Léonard devait<br />
probablement s’immerger au moyen d’un système de poids et de lest largable associé à des réservoirs<br />
d’air avalant de l’eau que l’on expulsait ensuite par des soufflets. La propulsion en surface devait être<br />
à voile, tandis que <strong>sous</strong> l’eau, elle devait être à rames ou à palme. Son embarcation à double coque à<br />
souvent été mise en relation avec les recherches sur l’immersion ; mais il semble plus probable qu’il<br />
s’agisse d’un système de défense en cas de guerre navale où elle serait particulièrement indiquée<br />
comme protection envers un autre appareil destiné à la perforation des coques de navires manœuvré<br />
par des plongeurs et qu’il avait également étudié.<br />
Comme beaucoup de ses inventions, le bateau plongeant à double coque ne fut jamais construit par<br />
son créateur.<br />
Page 23
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Bien qu’Archevêque d’Upsall, Olaus Magnus vécut ses quinze dernières années à Rome où il publia<br />
l’histoire des contrées scandinaves.<br />
Gravures extraites de<br />
« Historia de Gentibus septentrionalibus »<br />
L’originalité de l’ouvrage vient d’une part des animaux décrits (rennes, morses, etc.) mais aussi des<br />
commentaires qui accordent une grande importance à l’exploitation par l’homme des richesses naturelles<br />
et de leur conquête. Dans « Historia de Gentibus septentrio-nalibus », il fait entre autre état,<br />
en Gruntland, de l’existence de corsaires qui faisaient usage de vaisseaux de cuir pour aller où ils<br />
voulaient, tant sur l’eau que <strong>sous</strong> l’eau. Ils pouvaient ainsi franchir les obstacles aquatiques sans être<br />
vus et s’attaquer aux coques des navires marchands de passage pour les immobiliser et en dérober la<br />
cargaison.<br />
En l’an 1505 il vit deux nacelles, exposées en l’église d’Asloë, conquises par le roi Haquin qui, grâce<br />
à ses navires faisait la chasse aux dits corsaires.<br />
Comme on le déduit facilement il s’agit de la première tentative connue d’utilisation de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
offensifs mobiles.<br />
Le Père Georges Fournier dans son ouvrage « Hydrographie » édité en 1643, parle des cosaques<br />
de la mer Noire, dont les pratiques rappellent celles contenues<br />
dans la narration de l’archevêque d’Upsall.<br />
« L’Hydrographie » de Fournier est la première encyclopédie<br />
de la mer. C’est un texte capital pour toute étude de la marine<br />
du début du XVIIe siècle car c’est le seul document imprimé<br />
de cette ampleur. L’édition originale de cette œuvre monumentale<br />
est parue à Paris en 1643 et connut un succès considérable<br />
aussi bien auprès des <strong>marins</strong>, soucieux de se mettre au fait des<br />
techniques nouvelles, qu’auprès des terriens curieux, pour qui<br />
les choses de la mer étaient encore entourées de mystères.<br />
Il y décrit la tactique des cosaques du roi de Pologne qui attaquaient<br />
de nuit les galères turques après s’être immergés toute<br />
une journée avec leurs embarcations, en respirant par l‘intermédiaire<br />
d’un roseau évidé.<br />
Page 24 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
« Les caïcs sont de petites barques dont les cosaques, sujets du roi de Pologne, se servaient sur la<br />
mer noire pour travailler les côtes du grand seigneur. En chacune ils pouvaient mettre 30 à 40 soldats<br />
qui pouvaient ainsi naviguer. Et parce que cette mer est fort sujette aux tempêtes, ils couvraient leurs<br />
caïcs de cuir de vache pour faire en sorte que l’eau ne puisse y entrer. Les cuirs sont lâches et attachés<br />
à la ceinture des soldats. S’ils sont poursuivis par les galères du grand seigneur, ils se retirent vers les<br />
marécages où ils font un trou à chacun de leur caïcs afin de couler au fond où ils séjournaient un jour<br />
entier en respirant par l’intermédiaire de cannes creuses dont ils tenaient un bout en leur bouche et<br />
l’autre hors de l’eau, en attendant la nuit. Ils vident ensuite l’eau, bouchent les trous et vont attaquer<br />
les galères lorsqu’elles y songent le moins. Ils vont parfois piller cinq à six lieues de Constantinople.<br />
Jamais le grand Seigneur ne put s’en défaire et empêcher leurs pirateries. »<br />
Cette description est un peu obscure, mais crédible.<br />
L’existence historique d’un <strong>sous</strong>-marin cosaque du XVIe siècle faite par le philosophe français jésuite<br />
G. Fournier en 1595, est reprise aussi dans les écrits d’historiens russes du « le télégraphe de Moscou<br />
» en 1825 consacré aux premiers travaux sur la navigation <strong>sous</strong>-marine accompagné d’un dessin<br />
original dont l’origine reste à prouver.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
«Caïcs» décrits par Fournier (a gauche)<br />
& Barque <strong>sous</strong>-marine cosaque (à droite)<br />
Le principe de la barque étanche fortement lestée, propulsée par rames semblait universellement<br />
reconnu.<br />
En 1578, le mathématicien anglais et auteur de nombreux ouvrages de sciences<br />
et de philosophie, William Bourne, a publié dans son ouvrage « Inventions or<br />
Devises » une description forte intéressante d’un projet de bateau <strong>sous</strong>-marin<br />
qui reprenait en compte le célèbre principe d’Archimède sur le poids du volume<br />
d’eau déplacé. Donc, si un bateau est plus léger que son volume d’eau, il surnage.<br />
S’il est plus lourd, il s’enfonce.<br />
Le projet de William Bourne est aujourd’hui considéré comme le plus ancien<br />
projet complet de bateau <strong>sous</strong>-marin bien qu’il ne mentionne pas le moyen de<br />
propulsion adopté.<br />
L’embarcation, qu’il préconisait pour naviguer <strong>sous</strong> la surface, possédait sur ses flancs un système de<br />
ballast constitué de soufflets en cuir actionné par vis montées sur manivelle.<br />
Page 25
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Sous-marin de W.BOURNE : A : coque du bateau - B : Pont étanche - C :<br />
Ecoutille d’entrée - D : Panneau de fermeture en cuir - E : Eau pénétrant<br />
par les trous - G : Panneau mobile - H : Mat d’aération - g : Membranes<br />
en cuir - h : entrée d’air - e : trous d’entrée d’eau des ballasts - V : Vis<br />
pression.<br />
Au moment de plonger il fallait sonder et s’assurer que l’eau ne pouvait pas dépasser l’extrémité supérieure<br />
du mât creux qui servait d’aération.<br />
Malheureusement les idées de ce mathématicien restèrent sur le papier, car comme beaucoup d’inventeurs<br />
ou visionnaires, le manque de moyens financiers fit obstacle à la concrétisation des projets.<br />
Il semblerait que ce ne fut pas le cas du physicien et médecin allemand de<br />
Rostock, Magnus Pegelius, considéré comme le père de la transfusion sanguine,<br />
conseiller de l’empereur Rudolf II à Prague.<br />
Page 26 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
***<br />
Celui-ci se pencha sur les innovations mécaniques de son époque et il fit part<br />
dans un livre publié en 1604, d’idées totalement nouvelles dans divers domaines<br />
sur la réalisation d’aérostats dirigeables, d’armes à feu automatiques<br />
et de <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>. Il y relate vaguement la réalisation d’un navire<br />
de conception similaire à celui décrit par W. BOURNE, construit à ses frais et lancé en 1605, pour<br />
être essayé dans un cours d’eau près de Rostock.<br />
L’expérience n’eut guère d’échos dans l’histoire puisque cette machine,<br />
qui n’offrait en réalité aucune nouveauté par rapport à la précédente,<br />
finit enlisée dans la boue suite à une voie d’eau, certains<br />
mettant même en doute sa réalisation.<br />
***
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Militaire et politique espagnol, pionnier de la machine à vapeur,<br />
membre de l’ancienne noblesse de Navarre en 1597, Jéronimo DE<br />
AYANZ BEAUMONT fut l’auteur de 48 inventions qui visaient à<br />
améliorer l’économie espagnole du moment.<br />
Parmi elles, il y avait deux raffineries de vapeur, respectivement destinées<br />
à purifier l’air et le pompage de l’eau dans les mines, première<br />
application connue de la vapeur pour une activité industrielle, bien<br />
avant le brevet de l’anglais Thomas Savery (1698).<br />
Avant de disparaître en 1613, Ayanz a également effectué plusieurs<br />
dessins originaux de prototypes de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> et d’équipements de<br />
plongée, dont certains ont été testés dans la rivière Pisuerga, à Valladolid,<br />
devant la cour de Philip III.<br />
Un de ses croquis nous est parvenu, représentant une barque entièrement pontée sur sa partie supérieure,<br />
manœuvrée par rames et équipée de hublots avec des manches de cuir pour attraper les coraux<br />
ou effectuer des travaux en immersion.<br />
Un poids relié à une corde devait, semble-t-il, servir au réglage de la profondeur et des tubes d’aération,<br />
soutenus en surface par des flotteurs, apportaient l ‘air nécessaire aux occupants du submersible.<br />
Cet inventeur espagnol est très peu connu des historiens de la navigation <strong>sous</strong>-marine, chose d’autant<br />
plus regrettable qu’il préconise de nombreuses innovations que nous retrouverons par la suite sur<br />
d’autres machines.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
***<br />
Page 27
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Mais c’est aux anglais qu’il revenait l’honneur de construire et de faire<br />
naviguer au XVIIe siècle le premier véritable submersible de l’histoire.<br />
En effet, c’est un certain Cornelius van Drebbel, physicien et mécanicien,<br />
né en 1572 à Alkmaër (Hollande), mort à Londres en 1634, qui se lança<br />
dans cette aventure avec un certain succès. II était précepteur des fils de<br />
l’empereur Ferdinand II et membre de son conseil privé, lorsqu’il fut pris<br />
et dépouillé, pendant la guerre de Trente ans, par les troupes de l’électeur<br />
palatin Frédéric V, gendre de Jacques I roi d’Angleterre. Rendu à la liberté<br />
par l’intercession du roi d’Angleterre, il se fixa à Londres, où il passa le<br />
reste de sa vie.<br />
Drebbel inventa, vers 1621, le thermomètre qui porte son nom : c’est un thermomètre à air, composé<br />
d’un vase plein d’air terminé par un tube contenant de l’eau : l’air, en se dilatant, déplaçait la colonne<br />
d’eau dans le tube. On lui attribue, mais à tort, l’invention du microscope et du télescope. Il passa, de<br />
son temps, pour un magicien.<br />
Drebbel a laissé deux ouvrages en hollandais, qui ont été traduits en français <strong>sous</strong> le titre de « Traités<br />
de la nature des Éléments et de la Quintessence »,(Paris, 1672).<br />
Il s’agissait d’un esquif en bois avec un pont couvert<br />
équipé d’une douzaine de rameurs. L’engin<br />
était submergé aux deux tiers de sa coque grâce à<br />
des ballasts actionnés par des soufflets laissant entrer<br />
plus ou moins d’eau selon les besoins de profondeur.<br />
L’inclinaison vers le bas de la carapace<br />
supérieure aidait les rameurs à propulser l‘engin<br />
<strong>sous</strong> la surface. <strong>Des</strong> blocs de rochers embarqués<br />
devaient permettre de réguler la flottabilité nécessaire<br />
selon l’effectif de l’équipage.<br />
C’est pendant qu’il demeurait à la cour de Jacques Ier où il dirigeait<br />
l’éducation des enfants, que, s’inspirant des études de William<br />
Bourne, il fit construire en 1624 par les charpentiers de la Royal<br />
Navy, un bateau submersible ovoïde en bois.<br />
En se promenant sur les bords de la Tamise il vit des <strong>marins</strong> pécheurs<br />
qui traînaient derrière leur barque des paniers remplis de poissons.<br />
Il observa que les barques s’enfonçaient dans l‘eau mais qu’elles se<br />
relevaient lorsque « les cordages des paniers prenaient du mou et<br />
pesaient moins sur les embarcations ». Cette observation lui fit penser<br />
qu’un navire pouvait être tenu <strong>sous</strong> l’eau par un système de lest<br />
semblable et mis en mouvement par des rames et des perches. La<br />
description un peu vague de son bateau plongeur a été donnée par<br />
plusieurs auteurs, dont Robert Boyle un physicien contemporain de<br />
Drebbel.<br />
Reconstitution de coupes partielles du bateau <strong>sous</strong>-marin de C. Drebbel<br />
Illustration artistique de l’essai du <strong>sous</strong>-marin de Drebbel dans la Tamise en 1624<br />
Page 28 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Autres représentations plus ou moins simplistes du <strong>sous</strong>-marin de DREBBEL<br />
Le bateau était conçu pour avoir presque une flottabilité neutre, piquant légèrement du nez pour être<br />
conduit <strong>sous</strong> la surface en allant de l’avant comme la plupart des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> modernes qui utilisent<br />
leurs gouvernes de profondeur.<br />
Lorsque les rameurs cessaient de s’activer, le bateau devait revenir lentement en surface.<br />
Le submersible fut mis à l’eau dans la Tamise devant Webminster et le roi Jacques 1er l’aurait visité.<br />
Douze rameurs étaient à leurs postes. Le roi ayant regagné la berge, les aides rabattirent la capote<br />
en cuir gras qui fut tendue et ajustée hermétiquement sur les flancs. L’inventeur ouvrit les robinets<br />
des caissons latéraux et l’eau s’y engouffra. Alors qu’il avançait, le bateau put descendre à près de 4<br />
brasses <strong>sous</strong> l’eau et put parcourir quelques centaines de mètres devant la foule curieuse et médusée<br />
avant de remonter en surface. Toutefois l’étanchéité des embarcations posait un sérieux problème à<br />
Drebbel.<br />
De cette mémorable expérience, il ressort que notre inventeur aurait également expérimenté la possibilité<br />
de régénérer l’air chimiquement par une fameuse « quinta essentia », des réactifs de potassium<br />
qui par chauffage avait la capacité à dissiper le dioxyde de<br />
carbone. Il faut noter que son bâtiment, à la différence des<br />
esquisses de Bourne, ne possédait pas de mâts d’aération.<br />
Certains écrits font état d’une deuxième embarcation plus<br />
petite, prévue pour 4 ou 8 rameurs, qui aurait servi de<br />
prototype à la plus grande. Pendant un violent orage, lors<br />
d’un nouvel essai, le submersible chavira puis coula et jamais<br />
Drebbel n’eut le courage de le faire renflouer.<br />
Vingt et un ans après sa première tentative, la coque à moitié<br />
pourrie du bateau de Drebbel fut vendue aux enchères.<br />
Selon les historiens, notre homme mourut, dans la pauvreté,<br />
dans une taverne de Londres en 1633.<br />
Le fils de l’inventeur essaya de raviver l’intérêt pour les<br />
submersibles et en 1653 il construisit une copie du vaisseau<br />
de son père. Le destin était sans doute contre lui, car<br />
il disparut en compagnie de son bateau au fond du Waal,<br />
en Hollande.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Reconstitution pour la BBC d’un <strong>sous</strong>-marin à rames type « Drebbel »<br />
Page 29
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
On a retrouvé en Angleterre, des instructions datées de 1628 écrites par le Duc de Buckingham à sir<br />
W. Heydon, grand maître de l’artillerie, lui ordonnant de diriger sur la Rochelle en état de siège, deux<br />
<strong>bateaux</strong> destinés à placer <strong>sous</strong> l’eau des « pétards » et dont il est bien précisé, qu’ils puissent plonger<br />
pour échapper aux yeux des français.<br />
S’agissait-il d’utiliser l’invention de<br />
Drebbel contre la fameuse digue de<br />
Richelieu ? On n’en saura pas plus.<br />
Le père Marin Mersenne (8 septembre 1588 – 1er septembre 1648) était<br />
un moine français appartenant à l’ordre des Minimes. Mathématicien et<br />
philosophe, il enseigna la théologie et la philosophie à Nevers et à Paris.<br />
Mersenne est resté célèbre car, à une époque où la presse scientifique<br />
n’existait pas encore, il fut le centre d’un réseau d’échange d’informations,<br />
prémisse de la future Académie des sciences. Sa très volumineuse<br />
correspondance (en latin et en français) avec d’autres mathématiciens<br />
et scientifiques de nombreux pays, comme <strong>Des</strong>cartes, Gassendi, Peiresc,<br />
Pascal, Fermat ou Torricelli, en témoigne. Dès la fin de 1633, il publie les<br />
« Mechaniques », manifestement pro-galiléennes. Les nombres premiers<br />
de Mersenne sont encore, à l’heure actuelle, l’objet d’une recherche active.<br />
Cependant, les mathématiques n’étaient pas son unique centre d’intérêt.<br />
Son œuvre dans le domaine de la physique fut également notable : étude de l’intensité du champ de<br />
gravitation au moyen du pendule, télescope à miroir parabolique, acoustique, vitesse de propagation<br />
du son, étude du vide (1644-1648), mais aussi ses idées sur un projet d’embarcation <strong>sous</strong>-marine.<br />
Dans son ouvrage « Cogitata physico mathématica » imprimé en 1644, il exposa les idées de Drebbel<br />
et fit connaître ses idées personnelles sur la question des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>.<br />
Il développa la théorie selon laquelle un <strong>sous</strong>-marin devait être en cuivre, de forme cylindrique pour<br />
mieux résister à la pression et avec les deux bouts fusiformes pour rationaliser la navigation et de permettre<br />
d’inverser le sens de la marche sans avoir à faire demi-tour. Il étudia pour la première fois l’utilisation<br />
de la vapeur, agissant par réaction, pour la propulsion de sa machine de guerre <strong>sous</strong>-marine<br />
qui devait être armée de columbiades (canons tirant <strong>sous</strong> l’eau) et de tarrieres pour percer les coques.<br />
L’air était fourni par des tuyaux débouchant en surface et une cheminée suffisamment large devait<br />
évacuer les fumées de bouilloires à vapeur alimentées par de l’alcool. Plusieurs panneaux donnaient<br />
accès dans les entrailles de la machine dont les dimensions, non indiquées, paraissaient fort respectables,<br />
taille nécessaire si l’objectif était l’attaque des navires de rangs ennemis.<br />
Notons au passage que le père Mersenne proposait l’emploi d’une coque métallique deux siècles<br />
avant leur adoption par la marine.<br />
Page 30 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Vision futuriste, son projet de <strong>sous</strong>-marin de guerre, beaucoup trop ambitieux pour l’époque, ne vit<br />
jamais le jour.<br />
Il fait également état, dans ses écrits, d’un plongeur nommé Jean Barrieu qui avait mis au point un<br />
appareil permettant de rester six heures <strong>sous</strong> l’eau avec une chandelle allumée.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Esquisse du <strong>sous</strong>-marin de combat du Père Mersenne<br />
En 1641, ce même Jean Barrieu lance à Saint-Malo, sur des plans du père Mersenne un vaisseau métallique<br />
à rames qui pouvait accueillir jusqu’à quatre personnes et était muni d’un sas afin de faciliter<br />
son but premier : la chasse aux épaves, en permettant à des plongeurs de sortir et d’entrer à volonté,<br />
les bras chargés de leurs précieuses trouvailles<br />
***<br />
Guère plus réalistes que les idées de Mersenne furent les projets d’un citoyen français nommé M.<br />
DE SON, établi à Rotterdam, qui construisit toutefois en 1653 un submersible à roue a aubes destiné<br />
à l’abordage. Ce bâtiment de forme curieuse fait l’objet d’un dessin conservé aux estampes de la bibliothèque<br />
nationale avec un texte en anglais au des<strong>sous</strong>.<br />
Son projet ne manque pas d’originalité. Il s’agit d’une machine offensive en bois sertie de plaques de<br />
fers, disposant par devant et par derrière d’un puissant bélier confectionné dans une poutre en bois<br />
de chêne massif. La coque était de forme pyramidale sur les extrémités avec une section centrale parallélépipédique.<br />
Au centre se trouvait<br />
une double roue à aubes, carénée dans<br />
un coffre sur sa partie supérieure afin<br />
de n’offrir en poussée que sa partie<br />
inférieure.<br />
Certains historiens, en l’absence de<br />
détails plus précis, pensent que la<br />
machine était en fait un énorme catamaran,<br />
les coques, encadrant la roue<br />
centrale, abritant la machinerie et<br />
l’équipage.<br />
Page 31
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le <strong>sous</strong>-marin du français DE SON<br />
avec sa roue à aubes<br />
Ceci dit, la description<br />
accompagnant<br />
le plan n’est pas sans<br />
intérêt puisqu’elle<br />
précise sans modestie<br />
que « l’inventeur<br />
de ce bateau peut<br />
entreprendre de détruire<br />
100 vaisseaux<br />
en un jour (rien que<br />
ça !) ; aller de Rotterdam<br />
à Londres et revenir en un<br />
jour et aller en six semaines aux<br />
Indes orientales, courir aussi vite<br />
qu’un oiseau peut voler. Ni le feu,<br />
ni la tempête, ni les boulets ne<br />
pourront l’empêcher d’aller où il<br />
lui plaît sauf la volonté de Dieu.<br />
En vain les vaisseaux se croient<br />
en sûreté dans leurs ports car il<br />
pourra les rejoindre n’importe<br />
où. Il est impossible de le prendre, pas même par trahison, mais il ne saurait être gouverné que par<br />
l’inventeur », entendez par là que notre homme en serait l’unique capitaine.<br />
Le secret, disait-il, résidait dans un mode révolutionnaire de propulsion, un certain ressort actionnant<br />
les deux roues à aubes et donnant à l’engin « une vitesse terrifiante » lui permettant de rompre tous<br />
les obstacles en se servant de ses poutres comme éperons. Une fois remonté ce ressort devait pouvoir<br />
assurer huit heures d’autonomie.<br />
Invité à venir juger son œuvre, l’amiral Opdam resta sceptique malgré les assurances de De Son, qui<br />
affirma pouvoir détruire 30 vaisseaux de guerre anglais, voire davantage. En fait l‘amiral ne vit que<br />
le bâtiment en cours de construction.<br />
Le lundi 6 juillet 1654, le vaisseau devait être descendu dans la Meuse et on lança plusieurs invitations<br />
pour cette solennité. Mais la veille, Monsieur De Son informa les intéressés que son vaisseau ne pourrait<br />
être prêt au jour fixé, n’ayant pas réussi à obtenir une certaine espèce de fer pour la conception<br />
du ressort. Probablement il n’a jamais pu le trouver, du moins on n’a plus jamais eu de ses nouvelles.<br />
On imagine fort bien que face aux réalités technologiques de l’époque, de telles prouesses ne pouvaient<br />
se concrétiser que dans un esprit quelque peu dérangé.<br />
Page 32 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
***
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Plus modestes, mais aussi plus sérieuses, les études du Père Giovanni<br />
Alfonso BORELLI, se font écho des travaux de Drebbel.<br />
Né en 1608 à Naples ce mathématicien, médecin et physiologiste italien<br />
enseignait les mathématiques à Messine à partir de 1635.<br />
Par la suite, il devait s’intéresser à l’anatomie et la physiologie tout en<br />
continuant à enseigner les mathématiques. En 1656, il obtient la chaire<br />
de mathématiques à l’université de Pise et fonde « l’accademia degli investigandi<br />
» qui traite de médecine, de physiologie, de mathématiques et<br />
de physique. En 1674, il quitte Messine pour Rome où il se lance dans un<br />
grand ouvrage médical, « De muto animalium » , qui sera publié après sa<br />
mort (1680-1681, traduit en français par Alexis Giraud-Teulon en 1857)<br />
où il tente d’expliquer les mouvements du<br />
corps des animaux grâce à des principes<br />
de mécanique. Une des planches de son<br />
ouvrage est consacrée aux poissons et aux<br />
moyens pour l’homme de pénétrer <strong>sous</strong><br />
l’eau.<br />
Il n’existe pas de preuve que l’italien GIO-<br />
VANNI Borelli n’ait jamais construit un<br />
<strong>sous</strong>-marin, mais on y découvre un dessin<br />
de bateau devant naviguer <strong>sous</strong> l’eau dont<br />
la propulsion était assurée par des rames palmipèdes. La plongée était obtenue par la variation du<br />
volume de sacs en peau de chèvre, contenant de l’eau et communiquant avec la mer. Un levier de<br />
compression actionné à bras agissait sur ces sacs de sorte que ce ballast assez simpliste agissait sur le<br />
poids de l’embarcation.<br />
A part ce système de ballast quelque<br />
peu différent, l’on ne peut s‘empêcher<br />
de comparer ce <strong>sous</strong>-marin avec celui<br />
de Drebbel dont on confond souvent les<br />
dessins.<br />
Borelli dit avec raison que le volume<br />
immergé varie, ce qui à première vue<br />
semble paradoxal. Son observation est<br />
juste car les ouvertures faisant communiquer<br />
les outres avec l’eau extérieure sont constamment ouvertes et par conséquent l’eau qui pénètre<br />
à l’intérieur n’agit pas par son poids mais bien par réduction du volume déplacé. La différence avec<br />
W .Bourne c’est que celui-ci place ses outres en accordéon contre les flancs extérieurs tandis que<br />
Borelli les place sur le fond.<br />
Il est bon de préciser à ce niveau de notre étude, le moyen de ramer <strong>sous</strong> la surface. En fait si l’on<br />
exclut le principe des rames à charnières, dites « pattes de canard », qui s’ouvrent dans la poussée et<br />
se replient lors de la ressource (comprenez le retour), il suffisait d’agir sur le plat de la rame pour la<br />
poussée et de la faire pivoter d’un quart de tour, la faisant revenir sur sa tranche dans le sens contraire<br />
de la marche. L’on comprend les difficultés musculaires et la nécessité de disposer de bons presseétoupe<br />
au niveau des articulations. La souplesse des manchons en cuir permettait une légère rotation<br />
mais rien ne valait l’efficacité de la future hélice.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Page 33
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
La page originale de « De muto animalium » de BORELLI<br />
Page 34 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Les inventeurs reconnurent assez vite le potentiel militaire des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> ; John WILKINS<br />
qui fut un ecclésiastique et un scientifique anglais, évêque de Chester de 1668 à 1672, explique les<br />
avantages stratégiques des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> dans «Mathematicall Magick» en 1648 :<br />
1) discrétion : une personne peut se rendre sur toutes les côtes de façon invisible : sans être découverte<br />
ou en être empêchée pendant son voyage.<br />
2) La sûreté, par rapport aux marées, et à la violence des tempêtes... Aux pirates et brigands qui infestent<br />
les mers; à la glace et aux grands froids, qui mettent en danger les passagers aux voisinages<br />
des pôles.<br />
3) Cela pourra être un avantage considérable contre la flotte ennemie, qui pourra être minée par ce<br />
moyen <strong>sous</strong> l’eau, et gravement endommagée.<br />
4) Cela pourra être très utile pour soulager par voie maritime une place assiégée, pour transporter<br />
par le des<strong>sous</strong> de façon invisible des ravitaillements; et aussi pour l’attaque surprise de toute place<br />
accessible par l’eau.<br />
5) Cela pourra être d’un bénéfice indescriptible pour les expérimentations <strong>sous</strong>-marines.<br />
En 1648, un mathématicien italien, Giorgio RIVANI, fit allusion dans ses mémoires de son idée de<br />
concevoir une barque plongeante, fort ressemblante au bateau <strong>sous</strong>-marin de Borelli et qui devait être<br />
mue par une roue à aubes actionnée à bras d’hommes.<br />
Son intention fut sans suite.<br />
On retrouvera le principe des sacs d’eau comme ballasts en 1689 lorsque Jean Baptiste CHABERT,<br />
maître constructeur des galères de Louis XIV, proposa la construction d’une embarcation destinée à<br />
naviguer <strong>sous</strong> l’eau pour la récupération des épaves ou l’attaque des flottes ennemies au mouillage.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Le bateau <strong>sous</strong>-marin de CHABERT 1689<br />
Page 35
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le bâtiment, devant être construit en planches de bois jointées à la mélasse, avait la forme d’un poisson<br />
et une section en forme de goutte d’eau élargie.<br />
Une esquisse assez représentative existe dans les archives de la bibliothèque nationale. D’une longueur<br />
d’une douzaine de mètres, l’inventeur appliquait le principe de l’équilibre en plongée grâce à<br />
des sacs en peau, tordus à la main, par rotation sur eux-mêmes, comme l’on essore le linge, des bâtons<br />
aux extrémités permettant le maintien en forme avec des cordages. Un important lest en plomb devait<br />
assurer l’équilibre et des caisses pouvaient se remplir d’eau pour approcher la flottabilité presque<br />
nulle laissant le réglage final aux sacs d’eau. Un équipage de trois hommes devait prendre place : l’un<br />
à la barre, l’autre aux avirons et le troisième pouvait passer les bras dans des gaines qui traversaient<br />
la coque pour porter « des chemises à feu et les attacher à des vaisseaux pour les brûler. »<br />
Un tube de cuivre rabattable permettait d’amener l’air de la surface comme sur le projet de W.BOURNE.<br />
L’éminent concepteur de cette machine dut faire face au scepticisme de la cour qui voyait là un moyen<br />
peu honorable de porter le coup à l’ennemi. On reparlera de cette opinion un peu plus d’un siècle plus<br />
tard avec Fulton.<br />
Page 36 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
***<br />
Le 25 novembre 1685, un jésuite italien originaire de Naples, Joseph CIMINIUS, écrivit au Roi de<br />
France pour lui proposer, je cite : « une invention <strong>sous</strong>-marine qui donnait des moyens naturels à des<br />
hommes et même à des armées navales de monter et descendre tout armés dans le fond de la mer, les<br />
pieds et les mains libres, de s’y asseoir et de marcher ou courir pendant sept heures et même pendant<br />
toute une journée. »<br />
Le Père Ciminius attribuait une certaine perfection à son appareil qui devait être un compromis entre<br />
la cloche à plongeur et le scaphandre.<br />
Grâce à cet appareil l’on pouvait prendre en un jour, disait-il, « les villes maritimes presque invisiblement<br />
et conduire des brûlots dans le fond des mers et<br />
brûler des armées navales. On peut les arrêter et les<br />
attacher à des écueils sans pouvoir s’en arracher ni<br />
naviguer ».<br />
Deux hommes devaient endosser la machine et s’aventurer<br />
au fond des mers pour surgir là où l’on ne l’attendait<br />
point.<br />
Notre illustration (ci-contre non authentique) nous<br />
donne une vague idée de la machine selon le concept<br />
de son inventeur.<br />
Il est probable que cette proposition de Ciminius n’eut pas de suite comme celle faite trois années plus<br />
tard, en 1688, par Royer DOLIGNY avec sa machine pour aller <strong>sous</strong> l’eau sans y être incommodé,<br />
qu’il proposa au Roi de France, machine par le moyen de laquelle on pourra « ..aller par des<strong>sous</strong><br />
l’eau, couler à fond, rompre ou faire sauter à la vue de l’armée ennemie, tous <strong>bateaux</strong>, estacades ou<br />
autres obstacles qu’il pourrait faire dresser sur les rivières… ».<br />
On ne saurait dire sur quelles données exactes Royer Doligny s’appuyait pour la construction de son<br />
<strong>sous</strong>-marin qui devait contenir 3 ou 4 personnes. On sait seulement qu’il en avait fabriqué une maquette<br />
qu’il avait offert de montrer au Roi.<br />
***
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1692 le célèbre Denis PAPIN qui venait d’inventer la machine à vapeur appliquée à la navigation,<br />
construisit à Cassel en Prusse, à la demande du comte Landgrave de Hesse, un vaisseau parallélépipédique<br />
en fer blanc, très ferme en mer et peu sujet « aux branlements » des autres vaisseaux.<br />
Cette curieuse embarcation ressemblait à une caisse renforcée intérieurement par des traverses en fer.<br />
Elle mesurait 1,90 m de haut, 1,70 m de long et 0,80 m de large.<br />
Une ouverture était pratiquée au-dessus, suffisamment grande pour<br />
qu’un homme puisse s’y introduire. Elle devait s’obturer par une<br />
trappe métallique vissée. Trois ouvertures de faible diamètre, que<br />
l’on pouvait clore avec des tapes, devaient servir à passer des rames<br />
et des objets offensifs destinés à « ruiner les vaisseaux ennemis ».<br />
Une pompe se trouvait à la partie supérieure de ce bateau plongeur,<br />
à laquelle était fixé un tuyau équipé de flotteurs à son bout qui la<br />
reliait avec la surface. Les deux passagers prévus, une fois à l’intérieur<br />
et après avoir embarqué le lest, rames et autres ustensiles<br />
offensifs, devaient soigneusement refermer la trappe du bateau qui était alors mis a l’eau pour flotter<br />
jusqu’au moment où l’on admettait de l’eau dans l’intérieur en ouvrant des vannes situées <strong>sous</strong> le<br />
plancher. Une faible quantité d’eau devait suffire pour s’enfoncer. Il suffisait alors d’activer les rames<br />
pour se déplacer en plongée, la navigation en surface devant se faire à l’aide d’une voile. Pour refaire<br />
surface il suffisait d’activer la pompe pour introduire l’air nécessaire au refoulement de l’eau par les<br />
orifices inférieurs. En cas de difficulté, par ces mêmes orifices, l’on pouvait larguer des gueuses en fer<br />
normalement prévues pour faire du lest de stabilisation.<br />
Malheureusement cette machine fut gravement endommagée lors de sa mise à l’eau, le câble de la<br />
grue ayant cédé.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Le premier <strong>sous</strong>-marin de Papin (document Wilkipédia)<br />
Page 37
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Sans se décourager, Papin refit une autre machine plus adaptée à la navigation et disposant de nouveaux<br />
équipements destinés à « toucher l’ennemi et lui détruire ses navires de diverses façons.»<br />
Ce nouveau bateau submersible était de forme cylindrique et, comme le premier, ce qui est étrange, ne<br />
disposait pas de hublots sur ses bords. Il mesurait un peu<br />
plus de 2 mètres de haut pour un diamètre de 1m 80. Il était<br />
équipé d’un cylindre ajusté perpendiculairement sur son<br />
côté, d’environ 50 cm de diamètre pour une longueur de<br />
1,80 mètres, soutenu par une traverse à 45° par le des<strong>sous</strong>.<br />
Ce cylindre rempli d’eau pour plonger, pouvait être vidé<br />
par une pompe appropriée afin qu’un homme puisse s’y<br />
glisser à l’intérieur, y passer ses bras par des trous garnis<br />
de manchons en cuir et « ruiner » le navire ainsi attaqué.<br />
Le fond était sans doute doté d’une solide lentille de verre<br />
afin de pouvoir opérer avec facilité. Un soufflet de Hesse<br />
relié à un tuyau était destiné à aspirer de l’air frais alors<br />
qu’un second tuyau devait rejeter l’air vicié à l’extérieur.<br />
Un baromètre donnait la profondeur.<br />
Au cours des premiers essais devant le comte de Landgrave, un défaut d’étanchéité nécessita d’interrompre<br />
la plongée ce qui finit par décourager ce dernier de poursuivre l’aventure. Il pria notre génial<br />
inventeur de retourner à ses machines à vapeur.<br />
C’est vrai que les rares illustrations de l’époque nous présentent ces machines qui ressemblent plus à<br />
des « chaudières », à moins que le graveur ait fait confusion. Qui sait ?<br />
Papin fit par la suite allusion à de nouvelles rames qui feraient des effets extraordinaires.<br />
Toutefois le mathématicien français n’apportait guère plus d’innovation en matière de navigation<br />
<strong>sous</strong>-marine que ses prédécesseurs.<br />
Une représentation un peu plus explicite<br />
du fonctionnement du <strong>sous</strong>-marin de Papin<br />
(document Wilkipédia)<br />
Page 38 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1703 un ingénieur français nommé MARTENOT inventa un<br />
propulseur spécial de son invention qu’il proposa à la marine française<br />
pour remplacer les rames. Il avait en réalité développé une<br />
variante de la propulsion que les pécheurs connaissent bien <strong>sous</strong> le<br />
nom de « godille ».<br />
Ce nouveau propulseur baptisé « la martenote », (cela va de soit !),<br />
devait se placer derrière les navires (tel que le montre notre dessin<br />
en encadré).<br />
Il se présentait comme la tranche d’un fût en bois plein (ou creux,<br />
plus avantageux pour le poids) genre de prisme offrant un angle<br />
obtus de 110°, articulé dans son axe et maintenu verticalement, la<br />
partie arrondie devant se trouver face à la poupe de l’embarcation<br />
à propulser et les deux tranches orientées vers l’arrière face à la mer. Il suffisait alors de manœuvrer<br />
l’appareil par l’intermédiaire de cordages en lui imprimant un mouvement de va et vient, les faces<br />
planes poussant l’eau alternativement sans dépasser les 30 à 40 degrés de mouvement. L’on obtenait<br />
ainsi un déplacement d’eau qui par effet de réaction faisait avancer le navire. La direction était assurée<br />
par le traditionnel gouvernail ou par des rames.<br />
Les essais furent quelque peu concluants mais l’arrivée de l’hélice allait condamner cette innovation.<br />
Dans les esquisses du même inventeur, l’on<br />
trouve une barque propulsée par cette « martenote<br />
», complètement fermée avec un panneau<br />
d’accès en son centre, ce qui laisse supposer que<br />
notre homme avait sa petite idée pour une embarcation<br />
pouvant descendre au des<strong>sous</strong> de la<br />
surface avec son nouveau mode de propulsion.<br />
Nous verrons plus loin que Montgery allait reprendre l’idée de ce propulseur pour un <strong>sous</strong>-marin<br />
beaucoup plus gros.<br />
Comme beaucoup d’inventeurs, Monsieur Martenot sera vite oublié par l’histoire.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
***<br />
C’est en Russie, en 1718, qu’un certain Efim NIKONOV, un charpentier originaire de Pokrovskoye,<br />
un village prés de Moscou, présenta une pétition à Pierre le Grand dans laquelle il lui proposait de<br />
construire une « navire secret » pouvant appareiller, naviguer <strong>sous</strong> les mers et détruire aussi secrètement<br />
les navires avec des canons.<br />
Notre inventeur avait déjà expérimenté une barque <strong>sous</strong>marine<br />
en bois, ressemblant à un gros tonneau équipé de<br />
rames, de 2 hublots et d’un gouvernail.<br />
Curieusement intéressé, le Tsar russe ordonna à ce talentueux<br />
autodidacte de se rendre à St. Petersbourg et de<br />
s’atteler immédiatement à la construction de sa machine.<br />
En 1721 le <strong>sous</strong>-marin fut essayé avec succès devant<br />
Page 39
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Pierre le Grand, après quoi l’auteur proposa de construire un navire plus grand, avec une coque en<br />
planches de chêne recouverte de peaux d’animaux trempées dans l’huile pour parfaire l’étanchéité<br />
et mû par 4 rameurs, ce qu’il fit tout en adoptant une forme plus traditionnelle de bateau totalement<br />
fermé, avec un sas sur l’avant pour pouvoir entrer ou sortir du navire à la nage lorsque celui-ci reposait<br />
par hauts fonds ou porter des explosifs <strong>sous</strong> la carène des navires ennemis.<br />
Nikonov demanda sans succès au Tsar de lui fournir des « tubes de feu » genre de feu grégeois, <strong>sous</strong><br />
forme de roquettes disposées dans des tubes verticaux, système assez primitif mais révolutionnaire<br />
pour armer son navire secret et porter ainsi malheur aux flottes ennemies.<br />
Après le décès du Tsar, le contrat de développement du bateau secret fut résilié et le <strong>sous</strong>-marin laissé<br />
à l’abandon termina son existence à pourrir dans un hangar. L’amirauté ayant donné l’ordre d’arrêter<br />
les travaux, le pauvre Nikonov fut reconnu coupable de détournements de fonds et envoyé en exil à<br />
Astrakan.<br />
Divers dessins représentant<br />
le deuxième <strong>sous</strong>-marin de Nikonov<br />
En 1729, un charpentier anglais Nathaniel SYMONS de la paroisse de Harbeston dans le Devonshire,<br />
construisit vers 1729 un bateau <strong>sous</strong>-marin extensible dont la description a été rapportée par le<br />
« Gentleman’s Magazine » d’un certain M. Samuel Ley.<br />
Ce bateau <strong>sous</strong>-marin en bois, lesté par du plomb, était formé de deux parties distinctes coulissantes<br />
entre elles. On y pénétrait par une double porte formant un sas. Une membrane extensible en cuir<br />
reliait les deux éléments de la coque et en<br />
assurait l’étanchéité. Deux vis traversantes<br />
situées aux extrémités permettaient de modifier<br />
le volume du bateau en l’allongeant ou le<br />
raccourcissant.<br />
Notons que c’est la première tentative d’immersion<br />
d’un bateau par la modification de<br />
Page 40 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
son volume extérieur. On verra plus tard que cette méthode fut reprise par plusieurs inventeurs.<br />
C’est dans la rivière Dart que Symons s’immergea devant une centaine de spectateurs et resta <strong>sous</strong><br />
l’eau près de trois quarts d’heure. Puis rallongeant son bateau, ce dernier, augmentant sa flottabilité,<br />
fit surface sans l’aide de personne.<br />
Il avait mangé jusqu’à son dernier shilling et comptait bien renflouer ses finances par la générosité du<br />
public. Il n’obtint en tout et pour tout qu’une médaille pour le féliciter de son exploit<br />
L’on doit toutefois noter que cette expérience n’offrait presque aucun intérêt au crédit de la navigation<br />
<strong>sous</strong>-marine car aucun moyen de propulsion n’équipait l’esquif.<br />
Un autre anglais, John DAY, mécanicien à Yarmouth, allait en 1773-74 tenter l’aventure.<br />
Ce passionné de la mer fit des essais préliminaires de plongée en modifiant une embarcation rachetée<br />
à la casse dans la rivière Broads où il fit des essais jusqu’à 30 pieds (9 mètres) de profondeur.<br />
Le petit <strong>sous</strong>-marin de bois, en forme de bateau traditionnel, ne présentait aucune particularité si ce<br />
n’est d’être soigneusement refermé sur le dessus par un pont en planches parfaitement jointoyées de<br />
bois. Un article d’époque du « Gentleman’s magazine » prétend qu’il put ainsi rester immergé 24<br />
heures.<br />
Après ces essais d’endurance, notre aventureux personnage écrivit à un certain monsieur Blake, éminent<br />
chroniqueur de l’époque, un courrier en ces termes :<br />
« Monsieur.<br />
J’ai découvert un procédé par lequel des millions peuvent être gagnés. Cela semble incroyable et<br />
pourtant rien n’est plus simple ni plus facile. Si vous voulez connaître mon secret et vous engager à<br />
me donner 100 livres sterling pour chaque millier de livres qu’il nous rapportera, il vous appartient.<br />
Je suis qu’un pauvre ouvrier et ne puis rien faire sans votre aide. »<br />
Une entrevue eut lieu à Londres où Day soumit à Blake et d’autres personnes, un projet plus ambitieux<br />
que son frêle esquif prototype. Ceux ci approuvèrent les dispositions et notre homme retourna<br />
avec son bateau à Yarmouth, disposant des fonds nécessaires pour poursuivre l’expérience.<br />
Egalement encouragé par un joueur professionnel, il se fit construire un bateau plus volumineux afin<br />
de disposer de plus d’air respirable.<br />
Un dessin original d’époque, peu significatif, représente une sorte d’embarcation à la silhouette traditionnelle<br />
du moment, entièrement recouverte d’un pont. La partie centrale devait être habitée quant<br />
aux ballasts destinés à s’alourdir suffisamment, ils étaient disposés<br />
de part et d’autre des flancs du navire en occupant les deux tiers du<br />
volume.<br />
Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS<br />
Page 41
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Un système de lest complémentaire, par des pierres serties de frettes métalliques et accrochées à<br />
l’extérieur, est représenté par une coupe. C’est par des anneaux boulonnés que l’on pouvait décrocher<br />
cette charge de l’intérieur et alléger ainsi le navire.<br />
Blake assista à la seconde descente de Day, qui resta immergé 12 heures <strong>sous</strong> l’eau.<br />
Une troisième descente fut préparée, et cette fois le bateau fut amené par vingt-deux brasses de fonds<br />
offrant la possibilité aux spectateurs de placer des paris sur combien de temps il pourrait rester <strong>sous</strong><br />
l’eau, plus loin dans le port.<br />
Entouré par les navires remplis de parieurs, Day accrocha ses pierres, s’introduit dans le bateau puis<br />
inonda les ballasts. Ce dernier avait du mal à s’enfoncer ce qui nécessita a nouveau de l’aide pour<br />
accrocher plus de pierres.<br />
Cette fois, le bateau coula comme une roche. Après douze heures de séjour <strong>sous</strong> l’eau, Blake fit part<br />
des ses inquiétudes au capitaine de la frégate « Orphéus », stationnée dans le voisinage, en demandant<br />
de l’aide pour, qu’avec ses hommes, il puisse aider le malheureux à remonter en tentant de l’accrocher<br />
avec des ancres. Toutes les tentatives entreprises à l’aveuglette furent sans succès. Ecrasés ou<br />
asphyxiés, bateau et équipage ne regagnèrent jamais la surface.<br />
C’est un bien triste record que notre inventeur récolta de jour-là : celui de la première victime connue<br />
d’une embarcation <strong>sous</strong>-marine.<br />
Port de Yarmouth au XIXe siècle<br />
Page 42 Chapitre 1 - LES PRÉCURSEURS
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 2 - Le génie Américain : David BUSHNELL<br />
Il est temps d’aborder le plus connu et aussi le plus célèbre des inventeurs dans ce domaine,<br />
David BUSHNELL et sa « tortue ».<br />
En effet, c’est en 1776, durant la guerre d’Indépendance, que l’Américain David Bushnell (1742 -<br />
1824) met au point un engin <strong>sous</strong>-marin qui permettra, du moins l’espère-t-il, de couler les navires<br />
que l’Angleterre envoie contre les insurgés.<br />
David Bushnell naquit en 1742 à Saybrook dans le Connecticut. Il entra dans le collège de Yale en<br />
1771 et en sortit avec ses grades en 1775. Pendant quatre années il se livra à une étude passionnée<br />
de la navigation <strong>sous</strong>-marine et une fois sorti de l’université, il consacra son temps et son argent à<br />
approfondir et concrétiser la question.<br />
Il travaillait également en parallèle sur des problèmes assez peu académiques comme faire exploser<br />
de la poudre <strong>sous</strong> l’eau.<br />
En août 1776 la guerre fait rage dans la colonie anglaise d’Amérique, dont les éléments, conduits par<br />
Washington et Lincoln, s’étaient révoltés contre le pouvoir royal à propos d’une affaire d’impôts.<br />
Les insurgés avaient bien peu de chances de l’emporter, même avec l’appui des ennemis de l’union,<br />
Français et Espagnols.<br />
Les flottes anglaises tenaient en effet la mer et interdisaient tout mouvement aux troupes qui, dans un<br />
pays dépourvu de routes, se trouvaient bloquées et difficilement ravitaillées.<br />
C’est dans l’objectif de rompre cet encerclement, que notre génial inventeur travaillait d’arrache-pied<br />
dans le plus grand secret sur une machine de guerre devant faire exploser les <strong>bateaux</strong> du blocus stationnés<br />
dans les rades.<br />
<strong>Des</strong>sin naïf de la plongée d’Alexandre Le Grand<br />
Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL<br />
L’idée lui vint à partir d’un dessin naïf du Moyen-Age<br />
trouvé lors de ses recherches.<br />
Ce dessin représente la machine qu’Aristote a construite<br />
pour ALEXANDRE LE GRAND et dans laquelle, traîné<br />
par une barque, ce dernier a pu faire, dit-on, une promenade<br />
de 7 HEURES : un tonneau de CHÊNE épais,<br />
renforcé de bronze, percé de hublots en verre et muni, à<br />
mi-hauteur, d’un banc de bois.<br />
Il commença par étudier une sphère en bois mue par des rames et qui prévoyait déjà les futurs systèmes<br />
développés sur la tortue comme le lest largable et la mine torpille fixée dans le dos.<br />
Mais son choix se porta sur une coque plus profilée qui ait moins à souffrir de la résistance de l’eau.<br />
Il opta donc pour un habitacle conçu pour une seule personne dont la forme était proche de celle d’un<br />
œuf aplati, plus exactement comme deux carapaces de tortues collées l’une à l’autre, d’où le nom<br />
original de la machine.<br />
Page 43
Page 44<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le principe de construction choisi<br />
ressemblait fort à celui utilisé<br />
pour les tonneaux, lames de bois<br />
de chêne cerclées de fer. Une<br />
ossature interne et un double<br />
plancher (K) devaient servir de<br />
gabarit, se terminant sur la partie<br />
supérieure par un couvercle de<br />
cuivre monté sur un embryon de<br />
cheminée (B) équipé de hublots (Q) dont certains étaient dotés de charnières pour pouvoir passer les<br />
bras en surface sans être obligé de sortir. L’ensemble mesurait un peu plus de deux mètres de haut, un<br />
mètre d’épaisseur pour une profondeur ne dépassant guère un mètre cinquante.<br />
A la base de l’engin, une quille de 700 livres de plomb (F) offrait la stabilisation verticale nécessaire,<br />
une partie d’environ 200 livres (G) pouvant être décrochée en cas d’urgence. Son pilote, seul à bord,<br />
pouvait, une fois la cabine fermée et immergée, respirer pendant trente minutes.<br />
Schématisation des composants de la Tortue<br />
Celui ci était assis sur une sorte de selle (I) fixée<br />
sur une traverse en bois (J) il manœuvrait à la<br />
main ou au pied les leviers et les manivelles actionnant<br />
les propulseurs et les pompes (d, e).<br />
Les propulseurs (D, L) que certains historiens<br />
disent «à hélice» sont décrits par Bushnell lui-même comme des sortes de rames en vis. Deux français<br />
avaient avant lui abordé ce domaine : De QUET en 1729 et surtout PAUCTON en 1768, donc bien<br />
avant le célèbre Frédéric SAUVAGE connu comme l’inventeur de l’hélice en 1832.<br />
Bushnell avait tenté d’améliorer la maoeuvrabilité de sa tortue en utilisant une hélice verticale (L)<br />
pour ajuster la profondeur une fois la flottabilité dite «nulle« atteinte.<br />
Dans la partie inférieure de l’enceinte rigide l’on trouvait le ballast (H), situé entre le plancher et la<br />
quille en plomb.<br />
Les pompes (L, M) jouaient un rôle dans le système d’immersion et de remontée, système dont le<br />
principe consiste à modifier le poids de l’engin, la poussée d’Archimède restant constante.<br />
Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le problème délicat était celui de la remontée. Bushnell ne disposait pas d’air comprimé pour chasser<br />
l’eau du réservoir; l’action du propulseur vertical assurait le retour à la surface. Là, l’eau était évacuée<br />
à l’aide d’une pompe à main. Tout cela marchait si bien qu’un navigateur habile pouvait parcourir<br />
<strong>sous</strong> l’eau une assez grande distance.<br />
La direction se faisait grâce à un gouvernail traditionnel (C).<br />
Fort de ses premiers essais, Bushnell dota son <strong>sous</strong>-marin d’un dispositif complexe permettant, lors<br />
du passage <strong>sous</strong> un vaisseau ennemi, de fixer et de mettre à feu par un détonateur à retardement, une<br />
charge de poudre de 150 livres.<br />
Cette charge (V) était fixée sur le dos de l’appareil et était reliée par un cordage à une vis (W) manipulée<br />
par une manivelle proche du propulseur vertical. Cette vis détachable devait se figer dans le<br />
flanc du vaisseau attaqué, puis le pilote actionnait le système de décrochage de la charge offensive ce<br />
qui déclenchait un mécanisme de minuterie commandant l’explosion.<br />
Bushnell avait également apporté une attention toute particulière à la respiration du pilote. Le volume<br />
d’air, estimait-il devait suffire pour une trentaine de minutes. Mais comme l’engin ne pouvait guère<br />
dépasser la vitesse de 2 nœuds, l’opérateur n’irait pas très loin si cet air n’était pas renouvelé.<br />
Représentation de la Tortue selon d’autres documents<br />
Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL<br />
scientifiques anciens<br />
Pour résoudre ce problème il réalisa ce que l’on peut considérer comme le premier « schnorchel » de<br />
l’histoire, un tube vertical recourbé en son bout, relié à une pompe à soufflets, qui permettait d’injecter<br />
de l’air frais dans l’habitacle, le surplus étant évacué par un autre tube équipé d’une soupape.<br />
L’on pourrait s’étendre davantage sur la description de ce formidable mini <strong>sous</strong>-marin, mais les illustrations<br />
parlent d’elles-mêmes.<br />
Revenons donc à l’histoire de la première attaque <strong>sous</strong>-marine.<br />
Les premiers essais dans l’Hudson furent couronnés de succès car Bushnell avait tout calculé avec<br />
une précision d’orfèvre. Son frère joua un rôle important en testant la machine à sa place ce qui<br />
permettait à l’inventeur d’évaluer de l’extérieur les réactions lors des manœuvres. Le problème de<br />
l’obscurité relative à l’intérieur de la machine nécessitait une parfaite connaissance des commandes<br />
et de leur position.<br />
Pour arriver à lire les rudimentaires instruments de navigation, jauge et compas, il recourut à l’usage<br />
de poudre de champignons luminescents.<br />
Page 45
Page 46<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Afin d’éviter que l’existence de son invention ne parvienne aux oreilles des partisans<br />
de l’Angleterre, à l’automne 1775 Bushnell transporta son appareil sur les<br />
rives de la rivière Connecticut près de Lyme.<br />
Puis, avec l’appui de George Washington, il entraîna à son bord plusieurs pilotes.<br />
Son but était de détruire le vaisseau amiral anglais « Eagle », commandant la<br />
flotte de débarquement mouillée devant New York. Parmi les 3 volontaires pour<br />
piloter la machine se trouvait le sergent Ezra LEE de Lyme, soldat résolu, expérimenté,<br />
(portrait ci-contre) qui n’avait peur de rien, ni sur terre, ni sur mer, et<br />
qui avait une qualité bien appropriée pour l’aventure : la patience. A la fin d’août 1776, l’ordre vint<br />
de passer à l’action. L’attaque fut lancée dans la soirée du 6 septembre.<br />
TORTUE DE BUSHNELL : 1 : Prises d’air<br />
(pompe et libre) 2 : système de fermeture de la<br />
prise d’air libre. 3 : hublots d’éclairage. 4 : hublots<br />
de manœuvre. 5 : charnière du capot d’accès en cuivre.<br />
6 : Tarière de fixation de la torpille. 7 : hélice de manœuvres<br />
verticales. 8 : Torpille de 150 livres. 9 : décrochage de la torpille.<br />
10 : jauge manométrique pour la profondeur. 11 : hélice de propulsion. 12 : vilebrequin de l’hélice. 13 : pédale actionnant<br />
le vilebrequin. 14 : traverse servant de siège. 15 : compas. 16 : pompe du ballast. 17 : manette de la pompe. 18 : manette<br />
de la gouverne. 19 : levier de la gouverne. 20 : gouvernail. 21 : soufflet d’aération. 22 : soupape d’admission d’eau. 23<br />
: bobine du lest de secours. 24 : déclencheur d’urgence du lest. 25 : plancher. 26 : admission du ballast. 27 : pistolet de<br />
défense. 28 : lests d’appoint.<br />
Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL<br />
L’EAGLE, objectif de la tortue – en médaillon l’Amiral Parker<br />
A Whitehall Stairs, près de la batterie montée à la pointe de Manhattan, des soldats de l’armée des<br />
insurgents se rassemblèrent sur la rive. La flotte britannique se trouvait à deux miles au sud-ouest et<br />
parmi elle « l’Eagle » battant pavillon de l’amiral Howe et commandé par le capitaine de vaisseau<br />
Duncan.<br />
Le plan prévoyait que deux baleinières remorqueraient la tortue le plus près possible de l’escadre<br />
ennemie sans risquer d’être découvertes. Elles pourraient alors reconnaître « l’Eagle », ou à défaut<br />
« l’Asia », autre vaisseau de premier rang.<br />
Lee savait qu’il avait peu de chances de revenir vivant, mais<br />
il prit vraiment connaissance du danger un quart d’heure<br />
après avoir été quitté par les baleinières. Il devait se laisser<br />
dériver par le courant qui, normalement propice, lui était ce<br />
soir-là plutôt contraire.<br />
Pendant deux heures il se débattit avec ses hélices pour s’approcher<br />
du vaisseau sans éveiller les soupçons des veilleurs.<br />
Il s’enfonça à une profondeur d’environ d’un mètre pour<br />
parcourir la faible distance qui le séparait du flanc arrière du navire. Puis il refit surface <strong>sous</strong> le couvert<br />
de la poupe près du gouvernail, un endroit où il ne pouvait être vu du pont. Son oxygène étant<br />
presque épuisé, comme lui, il en profita pour ouvrir le capot<br />
et prit plusieurs bouffées d’air frais. Au bout de quelques minutes<br />
il replongea à une profondeur d’au moins trois mètres<br />
pour venir en partie <strong>sous</strong> la quille et c’est là qu’il commença<br />
à visser le câble de sa torpille.<br />
Il mit un certain temps à constater la décevante vérité : la<br />
vis ne pénétrait pas dans la coque ennemie. Un doublage en<br />
cuivre protégeait celle-ci contre les coquillages. Pendant une<br />
Page 47
Page 48<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
demi-heure le patient sergent Lee chercha un point vulnérable mais n’en trouva pas. Si bien qu’il dut<br />
refaire surface pour affronter un nouveau danger : l’aube qui améliorait progressivement la visibilité<br />
des anglais, accompagnée d’un courant le faisant dériver vers les positions ennemies.<br />
Il ne tarda pas à être repéré et une chaloupe venait vers lui. Sa décision fut immédiate. Comme il<br />
était hors de question de se laisser capturer, il décrocha sa torpille qui commençait à dériver et prit le<br />
large. Une heure plus tard, alors que Lee épuisé atteignait la baie de Black Point, il entendit derrière<br />
lui une forte explosion. La torpille de Bushnell venait d’éclater trop loin de sa cible pour lui causer<br />
des dommages. Tant pis, pensa le sergent, on remettra ça la prochaine fois. La tortue était sauve c’est<br />
ce qui comptait le plus.<br />
Quelques heures plus tard, remorqué par les baleinières, il<br />
rangeait le <strong>sous</strong>-marin contre le quai où l‘attendait Bushnell.<br />
Malheureusement le gouvernement américain s’intéressait<br />
peu à cette machine invraisemblable. « La situation politique<br />
était telle que je désespérai d’attirer l’attention publique et<br />
d’obtenir l’assistance nécessaire » écrivait Bushnell à court<br />
de moyens.<br />
Par bonheur le sergent Lee lui restait fidèle et les deux hommes<br />
convinrent d’effectuer une nouvelle tentative. Elle se déroula<br />
dans l’Hudson. Un brick emmena la tortue et celle-ci plongea.<br />
Mais elle fut déportée par la marée et ne put atteindre<br />
la frégate anglaise qui, ayant découvert le brick, le coula au<br />
canon. Heureusement Lee regagna le rivage sans encombre<br />
avec sa machine.<br />
Le 25 décembre 1776, une nouvelle offensive fut mise en route pour s’attaquer cette fois à la flotte de<br />
l’amiral Parker mouillée dans l’embouchure de la rivière Delaware.<br />
Parti de Bordentown en descendant la rivière, Lee parvint ainsi jusqu’au vaisseau « Maidstone » et se<br />
glissa <strong>sous</strong> sa coque selon la procédure prévue. Il réussit à fixer la vis dans l’épaisse carène de chêne,<br />
puis libéra le mécanisme d’accrochage et actionna le système de largage de la torpille qui en même<br />
temps activait la minuterie du détonateur.<br />
Tout s’était bien passé jusque-là et il entama la procédure d’éloignement en actionnant l’hélice horizontale.<br />
C’est à ce moment que les choses se compliquèrent dangereusement. La tortue n’arrivait pas à prendre<br />
le large pour une raison aussi simple que mortelle. Le câble de la torpille s’était pris dans les pales.<br />
A moins d’un miracle la tortue allait sauter avec le vaisseau anglais. Le sergent Lee qui avait de suite<br />
compris la situation, fit des efforts désespérés pour se dégager. Il y parvint mais durant la manœuvre<br />
il rompit également le câble de sorte que l’explosif voguait librement entre deux eaux. Il fallait fuir<br />
rapidement les lieux avant que l’explosion ne se déclenche.<br />
Il réussit à s’éloigner à bonne distance lorsque l’explosion se produisit, loin de la tortue mais aussi<br />
loin de la cible qui ne fut qu’arrosée.<br />
Le commandant du « Maidstone » rédigea un rapport à son supérieur, l’amiral Parker en ces termes :<br />
« Monsieur il me faut une nouvelle fois attirer votre attention sur l’ingéniosité de ces gens, dans les<br />
procédés qu’ils emploient pour nous nuire ».<br />
Sans <strong>sous</strong>-marin Bushnell effectua aussi, avec succès, des expériences sur différents modèles d’engins<br />
explosifs.<br />
En 1777, dans une attaque sur la frégate « Cerberus » à l’ancre au large de New London, il fait sauter<br />
Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
l’arrière de celle-ci et tue plusieurs hommes à bord, grâce à une mine remorquée derrière une goélette<br />
Ce fut le premier navire jamais détruit de cette façon.<br />
En Janvier, 1778, il envoya une cargaison de barils explosifs à la dérive sur la rivière Delaware, contre<br />
les navires britanniques sans plus de succès Cet incident donna lieu à un poème humoristique de<br />
Francis Hopkinson, intitulé «La bataille des Fûts». Finalement ses exploits lui permirent d’atteindre<br />
au cours de la guerre le grade de capitaine dans le corps des sapeurs démineurs.<br />
Après la victoire, l’indépendance et la paix, il se rendit en France pour vendre son <strong>sous</strong>-marin. Il<br />
n’obtint pas plus de réussite qu’en Amérique.<br />
En 1795, bien déçu, Bushnell retourne en Géorgie.<br />
En 1824, à Warrenton, un certain M. Bush vient de mourir à l’âge de 82 ans. Il a vécu ici pendant 30<br />
ans. Il a pratiqué la médecine au cours des 20 dernières années. Il a également enseigné la fois la<br />
religion et la science à l’échelle locale à la Warrenton Académie.<br />
Ce Monsieur Bush était respecté, mais il était un homme très privé. Son exécuteur testamentaire eut<br />
pour surprise de découvrir des pièces de bois provenant d’un <strong>sous</strong>-marin et des papiers prouvant qu’il<br />
était en réalité, le célèbre David Bushnell inventeur du <strong>sous</strong>-marin et de la mine qui avait ouvert la<br />
voie de « la revanche des microbes sur les mastodontes ».<br />
Maquette américaine de la Tortue (vue de dessus, vue arrière et vue latérale)<br />
Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL<br />
Page 49
Page 50<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Reconstitution de la Tortue par des passionnés<br />
Chapitre 2 - LE GENIE AMERICAIN : DAVID BUSHNELL
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 3 - De BUSHNELL à FULTON<br />
Retournons maintenant en France où un certain Pierre Louis SISSOUS qui fut maire de la<br />
ville de Troyes et avocat du Roi au présidial de Troyes en 1770, fit imprimer, en 1772, un livre<br />
métaphysique intitulé: Dieu et l’homme, contenant quelques discours politiques, ainsi qu’une<br />
description d’un bateau qui peut aller au fond de la mer, en revenir à son gré et même naviguer entre<br />
deux eaux.<br />
Ce projet a été rendu public lors de l’historique de la ville pour le cinquantième anniversaire de sa<br />
libération, dans le but de renommer quelques rues. C’est donc en 1997 que la<br />
revue «plongée» en fait état.<br />
L’auteur en fait une longue description que nous résumerons<br />
de la sorte.<br />
Le bateau est de forme cylindrique terminée, à chaque<br />
extrémité, d’une partie conique contenant des réservoirs<br />
d’eau permettant la plongée. Une tourelle sur la partie<br />
avant permet l’accès et la conduite à vue en des<strong>sous</strong> de la<br />
surface, comme en dessus. Il mesure 50 pieds de longueur<br />
tout compris, 15 pieds de largeur et 12 de hauteur formant<br />
un volume de 8000 pieds cubes. Le fond de cette embarcation<br />
contient une quantité non négligeable de plomb<br />
fondu pour assurer une bonne stabilité à l’ensemble de la<br />
nef. Pour plonger, l’on ouvre deux robinets laissant pénétrer<br />
l’eau dans les réservoirs. La régulation de la charge d’eau de ballast s’obtient par le remplissage<br />
de ces réservoirs et l’utilisation de pompes-seringues manipulées à bras d’homme. La propulsion est<br />
assurée par trois paires de rames à soufflets. L’aération doit se faire par un tube d’au moins 5 pieds de<br />
long disposant à son extrémité d’un clapet avec un flotteur de liège pour éviter que l’eau ne pénètre<br />
par accident (et oui...un schnorchel !). En surface l’inventeur avait prévu une voile pour se déplacer<br />
sans fatigue. Il ne précise aucun armement mais fait référence à des outils et des chaînes fixés sur la<br />
coque, destinés à des plongeurs. Quatre matelots étaient nécessaires pour manœuvrer ce <strong>sous</strong>-marin<br />
qui précède d’une vingtaine d’années le projet de Fulton.<br />
Ce projet restera un projet, mais l’on constate que les études de Monsieur Sis<strong>sous</strong> étaient très pertinentes<br />
pour l’époque.<br />
Chapitre 3 - DE BUSHNELL à FULTON<br />
En 1777, à Bordeaux, les chroniques de l’époque<br />
révèlent qu’un certain Monsieur DIONIS fit une<br />
plongée de 4 heures et demie dans une embarcation<br />
semblable à celle de Borelli équipée de 8<br />
rames, avec 10 passagers à bord.<br />
Cette expérience n’apporta aucune nouveauté<br />
technique si ce n’est l’endurance de l’équipage<br />
et le rafraîchissement de l’air respirable en le faisant barboter dans l’eau par pompage.<br />
Restons toujours en France, le 13 mars 1780, pour découvrir une lettre écrite au ministre de la marine<br />
par un certain monsieur BEAUGENET, lettre conservée dans les archives nationales.<br />
Page 51
Page 52<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
« Monseigneur. La ruse vaut mieux que la force dans la guerre. En conséquence de quoi je prends<br />
la liberté de vous faire part d’un projet que j’ai conçu, qui serait de surprendre les anglais (encore<br />
eux !) au moyen d’une machine munie de canons et pouvant, en cas de besoin, se cacher entièrement<br />
<strong>sous</strong> l’eau à la profondeur qu’il plairait à ses occupants et dans la direction qui leur conviendrait.<br />
Elle pourrait rester ainsi le temps nécessaire pour reparaître aux yeux de l’ennemi, faire feu de ses<br />
armes et replonger de nouveau. Avec cinq ou six hommes courageux, je suis persuadé que je pénétrerai<br />
jusqu’au milieu de Londres en navigant au fond de la Tamise, sans qu’un seul anglais ne puisse<br />
se douter de notre présence. Etc… «<br />
L’inventeur avait prévu de naviguer à la voile sur les grandes distances, en surface bien sûr, et de faire<br />
usage de rames pour la navigation <strong>sous</strong>-marine.<br />
Il conclut :<br />
« Si j’ai le bonheur que vous désiriez me voir exécuter cette machine, faites-moi grâce de m’écrire<br />
à l’adresse ci-des<strong>sous</strong>…..chez Mr. Meuniez, perruquier, rue de Clugny, près de la place de la Sorbonne.<br />
»<br />
Notre brave homme eut de quoi se faire des cheveux, car le ministre ignora totalement ses délires.<br />
***<br />
Plus convainquant est un mémoire de Mr Sillon DE VALMER commissaire du gouvernement auprès<br />
du tribunal de première instance de Troie, envoyé au ministre de la marine le 17 septembre 1780.<br />
Il faisait état d’un projet de bateau poisson en bois d’une cinquantaine de pieds de longueur, quinze<br />
pieds de largeur et douze de haut, lesté de plombs, de forme pointue aux extrémités avec une quille<br />
saillante en fonte pour ne pas s’enliser. A l‘avant devait se trouver une tourelle de quatre pieds de<br />
diamètre et sept pieds de haut, couronnée d’une fenêtre circulaire dotée de verres à travers desquels<br />
le pilote pouvait se repérer et donner les ordres à l’homme de barre. Un grillage devait protéger les<br />
verres. C’est par cette même tourelle que l’on devait accéder dans l’embarcation, une seconde ouverture<br />
étant prévue par le bas pour « charger le bateau plus commodément ? ». Deux ballasts placés aux<br />
extrémités devaient se remplir d’eau et pouvaient êtres vidés par des seringues, entendez par là, des<br />
pompes cylindriques. <strong>Des</strong> rames à pattes d’oie, au nombre de quatre, équipées de joints sphériques,<br />
devaient servir la propulsion et un tuyau de cuir relié à un flotteur de liège, devait permettre de renouveler<br />
l’air du bâtiment par un ventilateur mécanique. La navigation en surface était prévue à l’aide<br />
d’une voile.<br />
Il avait également prévu d’équiper le dos du bateau de tuyaux avec des robinets servant à alimenter<br />
5 ou 6 plongeurs.<br />
Malgré une très longue et très complète description de son projet, ses efforts furent vains pour<br />
convaincre le ministre d’allouer des crédits pour construire ce bateau-poisson qui, notons-le, ne devait<br />
pas posséder d’armes offensives.<br />
***<br />
Dans les archives suédoises de la ville de Karlskrona il fut<br />
retrouvé une note de 1780, décrivant un « Modèle de <strong>bateaux</strong><br />
pour aller <strong>sous</strong> l’eau », que certains historiens du<br />
pays attribuent à DANIEL THUNBERG, un ingénieur en<br />
hydraulique qui participa à la réalisation de canaux dont<br />
celui de Trollhätte dans l’ouest de la Suède.<br />
Chapitre 3 - DE BUSHNELL à FULTON
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Il s’agit d’un bateau en bois, avec un pont couvrant, également en bois, disposant d’une quille médiane<br />
reliant la proue à la poupe d’un seul tenant. La propulsion s’obtenait par la mise en rotation<br />
de quatre pagaies cylindriques à lames verticales, manœuvrées à bras d’hommes, ressemblant à des<br />
roues à aubes. <strong>Des</strong> caisses d’eau, servant de ballast, actionnées par pompe manuelles, devaient servir<br />
pour l’immersion de l’embarcation qui mesurait une dizaine de mètres en longueur pour un peu plus<br />
de deux mètres en largeur.<br />
Plusieurs ouvertures, solidement vitrées,<br />
couvraient les flancs et le pont supérieur.<br />
Il semble que seul, un modèle réduit fut<br />
réellement réalisé.<br />
Chapitre 3 - DE BUSHNELL à FULTON<br />
Maquette du <strong>sous</strong>-marin de THUNBERG au musée maritime de Karlskrona<br />
En 1796, un ancien magistrat nommé CASTERA proposa au gouvernement un projet de <strong>sous</strong>-marin<br />
destiné à détruire les vaisseaux anglais qui s’avançaient vers les côtes de France.<br />
Ce bateau ne devait contenir qu’un homme allongé dans le sens de la longueur. La forme devait être<br />
celle d’un poisson « pour favoriser la marche et l’illusion ». L’homme devait s’introduire par le<br />
dessus, par une trappe garnie de joints étanches resserrés par des vis. Il devait respirer par deux fers<br />
creux placés sur la tête de la machine et faits en forme d’oreilles ou de cornes (toujours en raison du<br />
camouflage).<br />
Deux verres, placés de chaque côté de la tête, devaient<br />
suffire pour voir l’extérieur. Il devait se diriger avec deux<br />
avirons ou nageoires, utilisant une charnière permettant<br />
de réduire la surface de poussée lors du retour de rame.<br />
L’ensemble devait être construit de telle sorte que « la<br />
queue pesant plus lourd que la tête, laisse cette dernière<br />
hors des flots afin que l’observateur puisse user des deux<br />
points de lumière pour voir ce qui se passe sur la vaste<br />
surface des mers, tandis que le reste de la machine demeure<br />
caché <strong>sous</strong> elle ».<br />
Pour plonger Castera avait prévu une outre de cuir qui<br />
pouvait se remplir d’eau, le même procédé que Borelli.<br />
La profondeur maximum d’immersion prévue était une dizaine de mètres.<br />
L’armement était une charge explosive portée sur l’avant de la machine qui devait être fixée sur les<br />
flancs du navire à couler, sans doute par des manchons de cuir, idée que nous retrouverons dans son<br />
projet de 1828.<br />
Le bulletin pour l’encouragement de l’industrie nationale de juillet 1809 relate aussi ce projet <strong>sous</strong> la<br />
plume de monsieur RECICOURT, qui note entre autres « qu’un ensemble d’opérations peut combiner<br />
plusieurs <strong>bateaux</strong> plongeurs, liés ensemble par des transversales et une ligne télégraphique, ou s’entendre<br />
par des signaux qui leur sont propres et ne les décèlent pas ». Voilà une trouvaille !<br />
***<br />
Page 53
Page 54<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1795, le français MAIZIERE reprit une idée similaire à Sillon DE VALMER pour un bateau<br />
<strong>sous</strong>-marin propulsé cette fois par un piston à vapeur chauffé à l’alcool et ravitaillé en air par une<br />
prise débouchant en surface. L’idée ne fut pas concrétisée.<br />
Dans les archives de la marine relatives à la navigation <strong>sous</strong>-marine en 1799, on trouve plusieurs<br />
lettres concernant un nommé THILORIER qui aurait inventé un petit navire <strong>sous</strong>-marin de quatre<br />
hommes d’équipage, « allant à la voile, plongeant à volonté et se maintenant entre deux eaux à telle<br />
profondeur que l’on veut. Chaque bâtiment tout équipé, y compris de lest en plomb de 45 kilos, coûterait<br />
5000 francs…. Il suffirait pour couler, en une nuit, plusieurs navires ».<br />
Il est regrettable que nous n’ayons pas plus de détails sur l’invention de Monsieur Thilorier car le<br />
ministère lui aurait accordé une gratification de 500 francs pour commencer les essais de sa machine.<br />
***<br />
Beaucoup plus extravagant, le 4 juin 1798, le citoyen C. MARTNER, vérificateur des étapes et des<br />
convois militaires, présenta au ministre des armées, un projet d’une nouvelle espèce de bâtiment de<br />
mer, qu’on pouvait faire aller à fleur d’eau ou mettre en entier <strong>sous</strong> l’eau, ou élever de manière à avoir<br />
une hauteur de six à sept mètres.<br />
Son invention prévoyait un grand coffre de 65 mètres de long, sur 40 de large et 8 de hauteur, sans<br />
voile, allant seulement à la rame et pouvant contenir….4000 hommes. L’immersion devait être faite<br />
par réduction du volume du navire.<br />
L’aération devait être obtenue par un gros tube maintenu en surface par un flotteur. A l’intérieur une<br />
espèce de « longue vue » devait permettre de découvrir les objets les plus proches. Est-ce là l’idée<br />
d’un périscope…flottant ?<br />
On s’imagine aisément que ce pharaonique projet ne quitta pas le stade de la simple esquisse.<br />
Ce fut également le cas en 1797, du projet de<br />
Révéroni SAINT CYR, dans son ouvrage «<br />
Inventions militaires et fortifiantes, ou Essais<br />
sur des moyens nouveaux offensifs et cachés<br />
dans la guerre défensive, Paris, 1795 » inventeur<br />
du « catamaran <strong>sous</strong>-marin, sans aucun rapport avec le voilier double coque connu aujourd’hui<br />
<strong>sous</strong> ce nom.<br />
C’était une sorte de caisson en bois adoptant la forme d’une pyramide et qui contenait une caronade,<br />
genre de gros canon en fer, pièce d’artillerie courte développée par la fonderie écossaise « Carron »<br />
à partir de 1779, adaptée par lui pour pouvoir tirer <strong>sous</strong> l’eau, mais à la verticale et destinée à crever<br />
la coque des navires essayant de franchir des estuaires étroits ou peu profonds ou bien même l’entrée<br />
des ports.<br />
La mise à feu se faisait à distance par un fil d’acier qui percutait une amorce étanche elle aussi à l’eau<br />
de mer. Les rares essais de cette arme lui prouvèrent une relative efficacité sur des profondeurs inférieures<br />
à 3 mètres.<br />
Dans ses esquisses présentées au gouvernement il avait projeté d’équiper de cette arme une petite<br />
embarcation <strong>sous</strong>-marine lestée de pierres, de sable et d’un réservoir d’eau, propulsée à la main par<br />
une hélice sommaire. A l’avant, orientée vers le haut, la caronade inclinée à 45° devait trouer le flanc<br />
du navire attaqué en provoquant une brèche suffisamment large pour l’entraîner à sa perte.<br />
On ignore si monsieur Saint Cyr avait tenu compte de l’effet de recul. Toutefois le socle de l’arme<br />
était prévu dans un bois massif et bien charpenté.<br />
***<br />
Chapitre 3 - DE BUSHNELL à FULTON
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Les archives de la marine nationale de la fin du XIXe siècle contiennent un rapport d’un allemand, le<br />
Docteur SCHOEPKE, de Francfort, offrant au gouvernement de la république de construire un petit<br />
<strong>sous</strong>-marin analogue à celui « dont il fit des essais dans un étang d’une de ses propriétés et qui avait<br />
4 pieds de long sur 10 de large et 9 ou 10 de profondeur ».<br />
Le fonctionnement de sa machine exigeait 12 hommes pour manœuvrer.<br />
Cet inventeur était recommandé par Beurnonville, ministre de France en Allemagne. L’inventeur se<br />
trouvait à Paris dans la plus profonde misère et demandait humblement que, au cas où son navire ne<br />
serait pas accepté, on voulut bien le rapatrier à Berlin.<br />
On ignore le devenir de cet homme, une chose est sûre, son <strong>sous</strong>-marin ne vit pas le jour sur le territoire<br />
de notre bonne vieille république.<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON et son « NAUTILUS »<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »<br />
Quatrième des cinq enfants de Robert Fulton Senior et de Mary<br />
Smith, Robert FULTON naquit en Pennsylvanie le 14 novembre<br />
1765.<br />
Cultivant son goût pour la peinture, il part à l’âge de 17 ans pour Philadelphie,<br />
où il se fait un nom en peignant des portraits et des miniatures,<br />
et où il rencontre Benjamin Franklin, puis il se rend à Bath, en Virginie.<br />
Là, les peintures, de Robert - jeune homme grand, gracieux, et beau<br />
parleur - sont admirées par les personnes qui lui conseillent d’aller étudier<br />
en Europe. En retournant à Philadelphie, Robert rechercha un commanditaire.<br />
Les marchands locaux, désireux d’élever le niveau culturel<br />
de la ville, financèrent son voyage à Londres en 1787.<br />
Bien qu’il ait été reçu cordialement à Londres, ses peintures font peu d’impression; elles ne montrent<br />
ni le style, ni la promesse espérés. Elles lui permettent tout juste de mener une vie précaire. Il se<br />
tourne alors vers le dessin industriel.<br />
En attendant, il est devenu familier avec de nouvelles inventions, les <strong>bateaux</strong> à propulsion à vapeur.<br />
Ses propres expériences l’ont amené à conclure que plusieurs pales en rotation à la poupe seraient<br />
plus efficaces.<br />
Début 1794 ayant admis son échec en tant que peintre, Robert se tourna vers l’ingénierie fluviale. Son<br />
Traité sur l’Amélioration de la navigation dans les canaux, en 1796, traita d’un système complet de<br />
transport de navigation basé sur de petits ouvrages s’étendant dans toute la campagne. Il inclut des<br />
détails concernant des plans inclinés pour soulever des <strong>bateaux</strong>, il conçoit des aqueducs pour traverser<br />
des vallées, des <strong>bateaux</strong> pour transports spécialisés, et des passerelles équipées de poutres en forme<br />
d’arc pour transmettre seulement les chargements verticaux aux piliers.<br />
Quelques passerelles ont été construites selon sa conception dans les îles britanniques, mais ses idées<br />
n’ont été acceptées nulle part.<br />
Intrépide, en 1797, il se rend à Paris, où, en 1783 le Marquis Claude de Jouffroy avait expérimenté<br />
avec succès le Pyroscaphe, bateau à vapeur équipé de roues à aubes dont il était le concepteur du<br />
moteur.<br />
Page 55
Page 56<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
C’est dans la capitale française qu’il va s’intéresser aux <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>.<br />
Comme tous les esprits généreux de son époque, il aspirait à la liberté et à la paix universelle.<br />
Comme Bushnell il déplorait l’omniprésence de la Royal Navy sur les mers du globe et sa façon de<br />
contrôler le commerce maritime<br />
par la force.<br />
Pour lui l’arme <strong>sous</strong>-marine<br />
était la réponse appropriée pour<br />
débarrasser l’océan des vaisseaux<br />
de ligne.<br />
Le 13 décembre 1797, Fulton<br />
adressait un exposé au directoire,<br />
assorti d’une demande de<br />
privilège pour l’exploitation de<br />
son brevet de bateau <strong>sous</strong>-marin.<br />
Le Pyroscaphe, le bateau à vapeur de Fulton<br />
Son « Nautilus » allait débarrasser la France de la flotte britannique en l’obligeant à lever les blocus<br />
par un moyen d’autant plus terrible qu’il serait inévitable.<br />
En contrepartie de son invention, il demandait au directoire :<br />
• Une prime de 4000 livres par canon pour chaque navire anglais coulé au dessus de 40 canons<br />
ou 2000 livres par bateau au des<strong>sous</strong> de 40 canons ;<br />
• La propriété de tout navire anglais capturé par le Nautilus ;<br />
• Le monopole de son invention, l’état devant lui verser 100 000 livres par Nautile dans le cas<br />
de la production en série de son <strong>sous</strong>-marin ;<br />
• Le remboursement de ses dépenses si une paix survenait 3 mois avant l’usage de sa nouvelle arme ;<br />
• L’interdiction de s’en servir contre les Etats-Unis, sa terre natale ;<br />
• La garantie de représailles si l’équipage du Nautilus était capturé et non traité comme prisonnier<br />
de guerre.<br />
On le voit, il avait le sens des affaires. Mais son <strong>sous</strong>-marin allait-il être à la hauteur de ses ambitions ?<br />
Pour plus de sûreté, Fulton prit les devant en demandant une audience à Bonaparte, mais c’est le<br />
ministre de la marine Pléville Le Pelley, qui lui accorda un accord de principe minimum en réduisant<br />
de moitié les primes, voire les supprimer et un refus de rembourser les dépenses engagées en cas de<br />
signature de la paix.<br />
<strong>Des</strong> mois passèrent sans autres nouvelles. Entre-temps, trois illustres savants de l’époque : Monge,<br />
Montgolfier et Perrier eurent vent des propositions de Fulton et après le départ du ministre de la marine,<br />
tentèrent d’user de leur influence pour relancer le projet qui était toujours au point mort.<br />
Le 24 juillet 1798, Fulton présentait une demande au nouveau ministre, le Vice amiral Bruix. Ce dernier<br />
chargea une commission d’experts d’étudier le dossier de Fulton.<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Mais à quoi donc ressemblait le Nautilus ?<br />
Ce <strong>sous</strong>-marin était de forme ellipsoïde, genre de gros cigare, surmonté vers l’avant d’une calotte<br />
sphérique munie de hublots, servant à l’accès.<br />
La coque se composait d’une structure en fer et d’un habillage en feuilles de cuivre sur la majeure<br />
partie centrale, avec plusieurs anneaux de cerclage.<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »<br />
Page 57
Page 58<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Il mesurait environ 6,50 mètres de long pour une largeur<br />
d’un peu plus d’un mètre. Son déplacement avoisinait<br />
9 tonnes. Un pont en bois, ajouté plus tard, devait<br />
recouvrir le dessus de la coque et faciliter le maintien de<br />
l’équipage en surface.<br />
La propulsion devait être assurée par une hélice positionnée<br />
à l’arrière et commandée par un arbre activé à<br />
bras d’homme.<br />
Un treuil à l’avant, commandait une ancre et une autre<br />
mécanique devait permettre de déployer une voile du<br />
type éventail ou parapluie pour la navigation en surface.<br />
Pour s’immerger, le nautilus disposait d’un ballast que<br />
l’on remplissait d’eau au niveau voulu selon la charge<br />
de la machine, l’expulsion se faisant au moyen d’une<br />
pompe à bras.<br />
Deux gouvernails étaient placés <strong>sous</strong> l’hélice : un de direction<br />
et l’autre, horizontal, c’est une nouveauté, permettait<br />
de régler la marche en profondeur.<br />
Voile et mine tractée du Nautilus<br />
La voile devait être utilisée pour le franchissement des longues distances, la plongée se faisant à l’approche<br />
de l’ennemi.<br />
L’équipage, vu l’étroitesse de la machine, ne devait pas dépasser deux hommes. Le pilote étant assis<br />
la tête dans le dôme d’accès pour diriger, le matelot s’occupant de la propulsion et du ballast.<br />
Venons-en à l’armement.<br />
Il était constitué d’une torpille remorquée à l’extérieur.<br />
Il s’agissait d’un baril de cuivre étanche contenant<br />
100 kilos de poudre, que l’on fixait <strong>sous</strong> la coque<br />
du bateau à détruire avec un mécanisme très proche<br />
de celui de Bushnell. Une vis détachable avec un anneau<br />
était positionnée au sommet du dôme de cuivre.<br />
Une fois le <strong>sous</strong>-marin en place <strong>sous</strong> sa cible, le<br />
commandant du Nautilus insérait une manivelle dans<br />
l’écrou porteur, vissait l’anneau et déverrouillait le<br />
treuil du câble tout en libérant la torpille également<br />
retenue sur le pont par un mécanisme approprié.<br />
Il suffisait au <strong>sous</strong>-marin de s’éloigner en plongée tout en libérant du mou sur une centaine de mètres.<br />
A cette distance, le treuil se bloquait et la traction amenait la torpille buter contre l‘anneau déclenchant<br />
un briquet à ressort qui commandait l’explosion.<br />
Comme on peut s’en douter, ce mécanisme n’était pas sans danger.<br />
Le rapport de la commission mit en évidence l’insuffisance de réserve de flottabilité et la faiblesse<br />
du système de propulsion à bras d’homme donnant un rayon d’action très limité. Il référençait également<br />
les contre-mesures possibles de l’ennemi comme la pose de filets, la lenteur des manœuvres et<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
l’aveuglement en plongée. Sans attendre, Fulton fit transporter le Nautilus au Havre. Le 12 septembre<br />
1800 Le Nautilus appareilla pour la Hougue. Après trois jours de navigation à voile, le <strong>sous</strong>-marin<br />
qui avait couvert 50 milles, fit escale à Growan, près d’Isigny où il fut bloqué par le mauvais temps.<br />
Profitant d’accalmies, le Nautilus tenta deux sorties contre deux bricks anglais mouillés près des îles<br />
Saint Marcouf, à trois lieues de là. Il demeura six heures <strong>sous</strong> l’eau en bénéficiant d’une prise d’air,<br />
genre schnorchel, rajoutée par Fulton.<br />
L’on ignore si les anglais furent mis au courant de cette attaque par leurs espions, le fait est, que les<br />
deux bricks modifièrent leur mouillage et furent sur leurs gardes pour ne laisser approcher personne.<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »<br />
<strong>Des</strong>sin original démontrant le fonctionnement de la torpille du Nautilus<br />
Contrairement à Bushnell, son<br />
initiative d’attaque en plein jour<br />
était beaucoup plus hasardeuse. A<br />
court de capitaux, Fulton désarma<br />
son <strong>sous</strong>-marin et rentra à Paris.<br />
Ses initiatives ultérieures pour impliquer les autorités françaises ne rencontrèrent guère plus de succès.<br />
Il en avait profité entre-temps, suite aux bénéfices pratiques des essais, pour rectifier certains concepts<br />
sur la construction des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>.<br />
Toutefois celui-ci fut globalement positif précisant:<br />
« Qu’il fallait soumettre le <strong>sous</strong>-marin à des expériences réitérées,<br />
de ne rien précipiter avant que de s’être assuré des résultats et d’envelopper<br />
le tout d’un mystère impénétrable ».<br />
Hélas le Directoire n’accueillit pas favorablement le rapport de la<br />
commission et notre pauvre Fulton n’avait plus qu’à construire de<br />
ses propres deniers son prototype, s’il voulait l’emporter sur l’incrédibilité<br />
des autorités.<br />
En 1800, le «Nautilus» est fabriqué chez Perrier à Paris, aux frais de<br />
l’inventeur; avant même l’avis favorable du ministre du 15 avril. Le<br />
lancement se fait le 13 juin 1800 dans la Seine face aux Invalides.<br />
Lors des premiers essais, Fulton lui-même et son matelot restèrent<br />
20 minutes <strong>sous</strong> l’eau, à la lumière d’une chandelle, et parcoururent<br />
plusieurs centaines de mètres. L’essai de navigation à la voile fut<br />
également couronné de succès. Cela venait à point pour notre génial<br />
inventeur qui se trouvait épuisé de ses démarches difficiles avec les<br />
autorités.<br />
Page 59
Page 60<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1801, de retour à Brest il fait venir de Paris son Nautilus 2, toujours construit chez les frères Perrier,<br />
et bien sûr, toujours à ses frais, car le gouvernement se bornait à financer les essais. Soutenu par<br />
les savants Laplace et Monge, Fulton obtient enfin un soutien du premier consul qui lui permet de<br />
reprendre les expériences.<br />
Le « NAUTILUS 2 » DE FULTON 1801<br />
Plusieurs améliorations notables avaient été apportées sur ce nouveau submersible.<br />
Plus gros que le précédent, la forme de chaloupe couverte d’un pont étanche améliorait nettement la<br />
tenue à la mer en surface. Le bâtiment aux dimensions confortables était prévu pour trois ou quatre<br />
hommes et disposait un lest treuillé type « corps mort », fonctionnant à la manière du guiderope en<br />
aérostation, pour se maintenir entre deux eaux.<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
A l’avant se trouvait une hélice de manœuvre horizontale et le pilote pouvait se tenir franchement<br />
debout dans le poste de pilotage, constitué d’un tronçon de cheminée avec des hublots et son unique<br />
écoutille d’accès.<br />
Le 3 juillet 1801, Fulton plongea une heure dans la rade jusqu’à 25 pieds.<br />
Le 26 juillet, après une navigation à la voile, il s’enfonça dans la mer et parcourut 400 mètres <strong>sous</strong><br />
l’eau en sept minutes. Deux hommes actionnaient les hélices et Fulton réglait la profondeur d’immersion.<br />
Le 7 août, autre nouveauté, Fulton embarqua avec un globe de cuivre contenant de l’air à 200 atmosphères.<br />
Cette invention devait prolonger l’autonomie <strong>sous</strong> l’eau. Après 1h40 de plongée, le renouvellement<br />
d’air par ce procédé prolongea l’expérience de plus de 4 heures.<br />
Le <strong>sous</strong>-marin fonctionnant plutôt bien, Fulton se chargea de faire réaliser avec l’aide du préfet maritime<br />
Caffarelli, une pinasse (embarcation légère à fond plat) de 12 mètres, propulsée par 4 roues à<br />
palettes actionnées par 24 robustes matelots, pour expérimenter sa torpille.<br />
L’expérience fut un succès, la pinasse qui filait 6 nœuds plaça sa torpille et volatilisa une vieille<br />
chaloupe jouant le rôle de cible. Sans le vouloir Fulton venait d’inventer le torpilleur très utilisé par<br />
la suite jusqu’en 1940 et porter un coup fatal à son <strong>sous</strong>-marin qui dès lors n’avait que pour lui sa<br />
discrétion.<br />
Convaincu que le <strong>sous</strong>-marin peut avantageusement être remplacé par une embarcation tirant une<br />
charge d’explosif au bout d’une ligne, la marine retire son soutien au Nautilus et le premier consul se<br />
lasse de l’inventeur qui finalement va offrir ses services à la Grande Bretagne.<br />
Pour convaincre les anglais, il procède à la destruction d’un brick de 200 tonneaux, « La Dorothée »<br />
devant le premier ministre Pitt et le ministre de la marine Lord Saint Vincent.<br />
Si la Grande Bretagne tente d’utiliser les mines à Boulogne, elle préfère ignorer le <strong>sous</strong>-marin. Lord<br />
Saint Vincent s’oppose à encourager un genre de guerre inutile à ceux qui sont les maîtres de mers, et<br />
qui, s’il réussit, les privera de cette supériorité.<br />
En 1805 la gazette de la marine, le « Naval Chronicle » stigmatise Fulton :<br />
« Ainsi dans l’avenir pourra-t-on se battre <strong>sous</strong> l’eau ! Nos misérables vaisseaux de ligne devront<br />
céder la place à des engins horribles et inconnus ! Nos frégates à des mines <strong>sous</strong>- marines à des plongeurs,<br />
nos hardis matelots à des assassins <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> ! »<br />
C’en était trop pour Fulton qui retourna en Amérique en 1806 pour se consacrer à ses machines à<br />
vapeur marines qui allaient le rendre célèbre.<br />
Là-bas il se consacra à l’étude d’un nouveau <strong>sous</strong>-marin « Le Mute ». Il décédera le 24 février 1815<br />
sans l’avoir achevé.<br />
D’une longueur de plus de 24 mètres, pour une largeur de 6 et une profondeur de 4, ce vaisseau devait<br />
avoir d’épaisses murailles d’un pied d’épaisseur et un pont aussi épais, recouvert en plus de plaques<br />
de fer.<br />
<strong>Des</strong>sin original du «<br />
Mute » de Fulton qui<br />
devait être équipé de<br />
canons <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »<br />
Page 61
Page 62<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Page graphique extraite d’un livre américain ancien, figurant le Nautilus et le Mute<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
« Ce bateau qui ne fut pas tout à fait achevé à cause de la mort de son illustre inventeur » disait Montgery<br />
dont nous reparlerons plus loin, dans les « annales de l’industrie nationale et étrangère ». Il fut<br />
en réalité abandonné dans un coin de l’arsenal de New York.<br />
Il s’agissait cette fois de construire, vers 1814, un <strong>sous</strong>-marin aux dimensions imposantes.<br />
Au début du tiers arrière dans le sens de la longueur, se trouvait un grand coffre étanche contenant<br />
une roue à aubes.<br />
Un canal pratiqué <strong>sous</strong> la carène devait apporter l’eau à la roue et une large ouverture à la poupe devait<br />
laisser passer l’eau fortement rejetée en arrière par la roue. L’air emprisonné dans le logement de<br />
la roue devait être coincé comme dans une cloche à plongeur mais ce système de propulsion semble<br />
très aléatoire car l’air ainsi prisonnier aurait fini par être brassé avec l’eau ce qui aurait rendu la propulsion<br />
inefficace avec un fort sillage en surface.<br />
Le pont devait affleurer la surface jusqu’au moment de l’attaque où le Mute aurait pu plonger de<br />
quelques mètres grâce aux ballasts placés sur les côtés. Le poste de pilotage devait se trouver à<br />
l’avant, le commandant passant la tête dans un dôme équipé de hublots, comme pour le Nautilus.<br />
L’équipage prévu était d’une centaine d’hommes, la plupart officiant à la manœuvre de la roue à<br />
aubes par l’activation de bielles et de manivelles.<br />
L’armement prévu était constitué de columbiades, canon pouvant tirer <strong>sous</strong> la surface de l’eau. Il en<br />
était prévu une à l’avant et trois de chaque côté.<br />
Aucune voile n’était prévue pour la navigation en surface, le navire devant agir près des côtes.<br />
Le nom de « Mute » venait du fait que la roue à aubes plusieurs pieds <strong>sous</strong> la surface, n’aurait produit<br />
aucun bruit. Il est toutefois étrange que Fulton ait préféré ce mode de propulsion plutôt que l’hélice<br />
comme sur le Nautilus.<br />
<strong>Des</strong>sins originaux de Fulton démontrant<br />
les possibilités de tirs <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> (ci-contre)<br />
Poste de conduite du <strong>sous</strong>-marin et 1er bateau à vapeur<br />
(ci-dessus et ci-contre)<br />
Chapitre 4 - ROBERT FULTON ET SON « NAUTILUS »<br />
Page 63
Page 64<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHEIM BAUER<br />
Dans les traces de BUSHNELL et FULTON, et ce jusqu’à la première guerre mondiale, bon<br />
nombre d’inventeurs allaient à leur tour tenter l’aventure <strong>sous</strong>-marine, beaucoup sur le papier<br />
et guère plus, d’autres passant difficilement à la pratique en réalisant leur folle machine, sans<br />
pour cela créer de réelles nouveautés en dehors des moteurs, la propulsion évoluant avec le progrès des<br />
machines et de l’industrie.<br />
Mentionné dans le livre de M. Trusov, « <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> dans la marine russe et soviétique - Leningrad,<br />
1963 », en Janvier 1799, un mécanicien de Krementchoug, A. ROMODANOVSKY, contacta l’amirauté<br />
russe sur un projet développé de <strong>sous</strong>-marin,.<br />
Mis en construction dans le chantier Okhtinsky à Saint-Pétersbourg, le <strong>sous</strong>-marin en bois ressemblait à<br />
un bateau à pont couvert, propulsé par la force musculaire grâce à une sorte de palette agitée comme une<br />
godille située à la poupe. Sur les flancs se trouvaient des outres en tissus gras que l’on pouvait remplir<br />
d’eau pour alourdir suffisamment le bateau pour plonger.<br />
Sans ressources suffisantes, Romodanovsky ne put achever sa machine et commencer ses essais. Il<br />
se tourna vers le Conseil de l’Amirauté, en demandant 5.000 roubles pour son achèvement. Le Tsar<br />
ordonna aux membres de l’amirauté d’examiner le bateau et de donner leur avis. En mars 1802, ils<br />
conclurent sur la dangerosité de la machine pour ses occupants et refusèrent les crédits au constructeur<br />
qui abandonna, faute de moyens.<br />
***<br />
En 1801 un certain Monsieur HODGMAN, ingénieur à Folkestone, fit des essais en public d’un appareil<br />
<strong>sous</strong>-marin dans lequel il resta plus de 18 minutes <strong>sous</strong> la mer à une profondeur d’environ cinq<br />
mètres. Cette expérience a été rapportée par un magazine de l’époque : « la gazette nationale ou moniteur<br />
universel » avec très peu de détails sur la nature de l’embarcation qui était en bois.<br />
On ignore quel sort eut l’appareil d’Hodgman car on n’en entendit plus parler.<br />
***<br />
La même année, un inventeur anonyme écrivit à l’éditeur des « annales des arts et manufactures » <strong>sous</strong><br />
ses initiales B….x.<br />
Cet homme discret parlait « d’un bateau plongeur imaginé dans sa jeunesse par la machine de Fulton,<br />
destiné à faciliter, pour une place assiégée, l’accès aux armées de secours, la ville étant « baignée par<br />
une rivière ».<br />
A notre connaissance, la réalisation de ce bateau plongeur ne fut pas entreprise, mais il comporte certaines<br />
idées qui méritent que nous en parlions plus longuement.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le <strong>sous</strong>-marin avait la forme d’une barque ordinaire complètement<br />
fermée avec à sa partie supérieure un traditionnel panneau<br />
d’accès étanche pour accéder à l’intérieur. Il était prévu<br />
pour deux personnes et possédait une cuve d’eau en son fond<br />
jouant le rôle de ballast. De chaque côté, symétriquement et à<br />
l’extérieur, 6 gueuses en fonte d’une cinquantaine de kilos chacune,<br />
étaient portées par des crochets en tire-bouchon qui offraient la particularité d’être associés à des<br />
poignées intérieures pouvant leur assurer une complète rotation ce qui avait pour effet de les décrocher<br />
individuellement en cas de danger et retrouver ainsi la flottabilité nécessaire.<br />
Deux pistons mis en mouvement par une manivelle à engrenage assuraient la vidange ou le remplissage<br />
du ballast.<br />
Mais l’innovation principale était la présence de quatre roues qui assuraient le déplacement du bâtiment<br />
sur le fond. Ces roues étaient assez grandes et assez larges pour éviter l’embourbement. Les deux roues<br />
à l’arrière différaient de celles de devant car elles étaient équipées d’espèces de griffes sur leur circonférence<br />
pour assurer une meilleure adhérence.<br />
Ce sont ces roues, qui par l’intermédiaire d’un essieu avec manivelle, permettaient à l’équipage de<br />
procéder aux déplacements. Elles pouvaient se rétracter contre la coque lors de la navigation entre deux<br />
eaux, le bateau avançant sur la force de deux rames.<br />
Nous retrouverons plus tard le principe des roues pour se déplacer, notamment avec les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de<br />
Simon Lake. Il est difficile de croire que notre inconnu ait tenu compte, pour une rivière ou un fleuve,<br />
aux reliefs difficiles des fonds et aux contraintes exercées par la force du courant.<br />
Heureusement pour lui que l’aventure se limita à ses pensées sur le papier.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR<br />
***<br />
Peu connu de notre époque, François-Guillaume COËSSIN, né à Saint Germain de Montgommery<br />
le 7 novembre 1780 et mort à Paris le 14 septembre 1843, fut un penseur utopiste et inventeur français.<br />
C’est avec son frère Jean-Alexandre, ancien polytechnicien, qu’il conçut le Nautile <strong>sous</strong>-marin construit<br />
entièrement en bois.<br />
Il était de forme ellipsoïde et mesurait 8m 25 de long.<br />
Sa coque était composée de deux caissons, que l’on pouvait remplir d’air ou d’eau, et d’un habitacle où<br />
prenaient place les neuf membres de l’équipage. Sous la partie centrale, un caisson rempli de rochers ou<br />
de ferraille assurait la stabilité du bateau. Quatre hommes propulsaient le vaisseau à l’aide d’une double<br />
rangée de rames. Deux autres le dirigeaient au moyen d’un gouvernail et de quatre « nageoires » mues<br />
par une tringle pour le faire monter ou descendre.<br />
Deux tuyaux de cuir, tenus par des ressorts à boudin et soutenus à la surface de l’eau par des flotteurs de<br />
liège, permettaient à l’équipage de respirer. Sous le niveau du pont de fortes glaces devaient permettre<br />
la vision tout en assurant l’éclairage interne. Mais comme à une certaine profondeur la lumière baissait<br />
rapidement, les concepteurs eurent l’idée de récupérer le rayonnement solaire …par de fortes loupes ?<br />
Le Nautile fut assemblé et testé au Havre en 1811.<br />
Chargé par l’Académie des sciences de rédiger un<br />
rapport sur ces essais, Lazare Carnot écrivait dans sa<br />
conclusion :<br />
« Il n’y a plus maintenant de doute qu’on puisse établir<br />
une navigation <strong>sous</strong>-marine très expéditivement, et à<br />
peu de frais, et nous croyons que MM.Coëssin ont établi ce fait par des expériences certaines. »<br />
Page 65
Page 66<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le projet fut néanmoins abandonné à cause de ses nombreux défauts. La vitesse du Nautile était insuffisante<br />
et sa propulsion sujette à défaillances. L’équipage respirait difficilement et les flotteurs à la surface<br />
rendaient le submersible trop aisément repérable. « Ces imperfections étaient tellement évidentes, et<br />
le bateau <strong>sous</strong>-marin des frères Coëssin, imparfait et tellement dangereux, que les inventeurs faillirent<br />
périr dans leur Nautile pendant une expérience.<br />
Après avoir conçu le Nautile, François Guillaume Coëssin se contentera de mettre au point un nouveau<br />
bateau à vapeur, puis, vers 1820, une machine hydraulique permettant de pomper l’eau à une grande<br />
hauteur.<br />
***<br />
En 1810, nous retrouvons Monsieur CASTERA qui proposa un<br />
nouveau bateau plongeur ayant la forme de deux navires renversés<br />
l’un sur l’autre dans toute la longueur. Cette forme ainsi obtenue<br />
(ovoïde dans sa section) devait permettre de résister facilement à<br />
la pression de l’eau en immersion. Les quilles inférieures et supérieures<br />
devaient maintenir l’aplomb du bâtiment et en faciliter le<br />
sillage.<br />
La particularité de cette machine, qui reprenait la propulsion par<br />
rames et les caractéristiques de la précédente de 1796, venait du<br />
fait qu’il était possible de séparer les deux coques en surface pour<br />
renouveler l’air, car elles étaient reliées par des chaînes et parfaitement<br />
jointoyées sur tout leur bord. La coque supérieure disposait<br />
d’un large orifice transparent pour voir la surface depuis le fond. <strong>Des</strong><br />
poids reliés à des cordes devaient assurer la stabilité du bateau à une<br />
certaine distance du fond.<br />
A part quelques idées de perfectionnement sur la conception, il faudra attendre 1828 pour que Monsieur<br />
Castera dépose un brevet pour un nouveau bateau plongeur que nous décrirons plus loin.<br />
***<br />
Si on se réfère à certaines archives américaines, un autre projet de « tortue » aurait existé, conservé dans<br />
les blocs-notes de Samuel Colt, l’inventeur du célèbre revolver qui porte son nom. Il s’agit d’un dessin<br />
de 1814 attribué à un certain Silas CLOWDEN de New London, conçu dans le but de faire sauter un<br />
navire britannique ?<br />
Le dessin à main levée montre l’opérateur dans une machine<br />
cylindrique à bords pointus, avec une main sur une<br />
barre, l’autre sur une manivelle servant à faire tourner<br />
l’hélice mais aussi un trépan placé en pointe, relié à une<br />
torpille.<br />
On y découvre également un robinet d’eau servant à<br />
inonder le bas de la machine et une pompe devant servir<br />
à l’évacuer. La charge explosive se trouve dans un étui <strong>sous</strong> la proue.<br />
Ce clone de la tortue, sil l’on peut le qualifier ainsi, ne vit jamais le jour, mais cela prouve que les exploits<br />
de Bushnell servaient d’école aux néophytes.<br />
***<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le capitaine américain JOHNSTON conçut la folle idée en 1821 de délivrer Napoléon en exil à<br />
Sainte Hélène à l’aide d’un bateau <strong>sous</strong>-marin. Le bâtiment qu’il préconisait fut mis en chantier,<br />
premier d’une série de cinq. Mais la mort de l’Empereur lui fit avorter ce projet d’évasion dont la<br />
réalisation n’eût pas été exempte de grandes difficultés matérielles.<br />
Conçu sur les mêmes principes techniques, le bâtiment le plus grand mesurait pas moins de 33 mètres<br />
et possédait un ou deux mâts pour déployer des voiles à la manière du Nautilus de Fulton. En forme de<br />
fuseau, il était propulsé à la force des bras lors de la plongée et transportait des caisses d’air comprimé<br />
pour augmenter son autonomie.<br />
Johnston proposait de gagner le rivage entre deux eaux et débarquer un commando armé du matériel<br />
nécessaire pour <strong>sous</strong>traire l’empereur de la vigilance des anglais.<br />
Notons que c’est la première idée d’utiliser un <strong>sous</strong>-marin pour le transport de commandos.<br />
<strong>Des</strong> sommes énormes avaient été promises en cas de réussite. Hélas peine perdue, les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> ne<br />
réussissaient pas à Napoléon !<br />
En 1823, il expérimentait sur la Tamise des explosifs<br />
conçus selon les idées de Bushnell et Fulton, une expérience<br />
ayant failli mal tourner, le câble de la torpille<br />
s’étant emmêlé au bateau tracteur.<br />
En septembre de la même année il fit des expériences<br />
de plongée et se fit accompagner de plusieurs personnes<br />
pendant des durées de 8 à 10 heures.<br />
Faisant face au scepticisme récurent des anglais sur la<br />
navigation <strong>sous</strong>-marine, son intention était de vendre<br />
aux Cortés son bateau <strong>sous</strong>-marin pour se rendre à Cadix afin de couler les navires français.<br />
Peine perdue, notre officier se rendit en France pour tenter sa chance avec l’amirauté de ce pays.<br />
Dans une lettre au ministre en 1825, l’ambassadeur de France en Angleterre fit état que Johnston lui<br />
montra cinq <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de différentes longueurs. Deux étaient en construction, l’un flottait<br />
sur la rivière.<br />
Malheureusement pour lui, l’intérêt de ses interlocuteurs était loin d’atteindre le niveau de son enthousiasme<br />
et notre homme finit dans l’oubli avec ses <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR<br />
***<br />
En même temps que Jonhston, un officier de la marine<br />
royale, nommé SHULDAM, se livra, parait-il en 1823 à<br />
des expériences de navigation <strong>sous</strong>-marine au sud de l’Angleterre.<br />
Il aurait essayé une embarcation de petite dimension, inspirée<br />
du Nautilus de Fulton.<br />
L’originalité venait d’un système de propulsion par un<br />
moteur à ressort que l’on pouvait remonter depuis le pont,<br />
grâce à une clé du type cabestan, reliée au moteur par un<br />
cardan, pour disposer de la place et de la force nécessaire de plusieurs hommes.<br />
L’autre originalité venait du mât qui servait à la fois pour la voile et pour fixer la torpille placée à son<br />
extrémité.<br />
Le moteur trop sophistiqué n’aurait pas fonctionné et le retour à une propulsion manuelle, difficile et<br />
peu pratique, condamna l’avenir du projet.<br />
***<br />
Page 67
Page 68<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Cette même année, en France, un mystérieux « Monsieur V. » soumit au ministère de la marine un projet<br />
de <strong>sous</strong>-marin qu’une commission d’officiers de marine et<br />
d’ingénieurs fut chargée d’examiner.<br />
Mais dès le premier examen le bateau proposé parut si défectueux<br />
et si en arrière de ceux connus qu’il ne fut pas<br />
donné suite à sa proposition.<br />
Le dessin montre de façon peu compréhensible un système<br />
de lest par de grosses pierres.<br />
***<br />
D’une lignée prolifique de la noblesse française, Pierre-Jacques-Alexandre d’Aubusson, vicomte<br />
d’Aubusson, et connu <strong>sous</strong> le nom de marquis d’AUBUSSON LA FEUILLADE, né en mars 1763,<br />
héritier substitué des ducs de la Feuillade, 3e du nom, écrivit plusieurs articles entre 1810 et 1825<br />
dans des chroniques scientifiques.<br />
Il prit position assez critique sur les tentatives connues alors de l’homme pour aller <strong>sous</strong> les eaux et<br />
fit part de ses idées en la matière de navigation <strong>sous</strong>-marine sur la réalisation d’un bateau pouvant<br />
naviguer aisément <strong>sous</strong> la surface des mers dont il fit exécuter un modèle réduit en cuivre.<br />
Il s’agissait d’une embarcation de bois et de cuivre, de forme ellipsoïde, assez classique dans sa<br />
conception si ce n’est que la propulsion devait être assurée par un piston hydrostatique de son invention,<br />
baptisé « rame aspirante », actionné par bras d’hommes ou par un ressort.<br />
Ce système devait fonctionner en fait comme une espèce de grosse seringue médicale. Le piston<br />
rentré, l’eau pénétrait à l’intérieur par des orifices équipés de clapets anti-retour, puis, <strong>sous</strong> l’action<br />
de la détente du ressort, elle était violemment projetée vers l’arrière. C’est tout simplement l’effet de<br />
réaction qui devait faire avancer la machine, système utilisé plus tard sur beaucoup de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
scientifiques comme la fameuse « soucoupe plongeante » de commandant Cousteau.<br />
Dans ses derniers écrit en 1825, notre marquis pensait même à adapter la propulsion « animale » à de<br />
plus grosses embarcations, (vous savez ? la roue où court votre hamster ! en plus gros bien sûr, pour<br />
la taille d’un cheval !).<br />
Le fruit de son imagination était un bateau tout en fer de 41 mètres de long, 10 mètres de large et<br />
11 mètres de haut qui devait déplacer pas moins de 1040 tonneaux et être armé de 10 canons et de<br />
charges explosives flottantes. Trois mâts et des voiles devaient fournir la poussée en surface et deux<br />
paires de pistons fonctionnant en alternance, devaient permettre de rattraper n’importe quel vaisseau,<br />
selon ses dires. *<br />
Schéma original simpliste de Lafeuillade pour une embarcation submersible avec 2 pistons<br />
***<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Les années qui suivirent la chute de l’Empire furent marquées par l’apparition d’un certain nombre<br />
de théories plus ou moins nouvelles dans le domaine de la guerre sur mer et du matériel naval. Les<br />
désastres nombreux et variés éprouvés par la marine française entre 1793 et 1814 incitèrent plusieurs<br />
officiers à réfléchir à ces problèmes et à rechercher les solutions stratégiques qui convenaient à la<br />
France.<br />
Parmi eux le capitaine de frégate D. MONTGERY proposa en 1822 d’employer des « Invisibles »<br />
(comme il les appelait), embarcation au tonnage respectable pouvant plonger et mener une guerre<br />
efficace aux bâtiments de surface.<br />
Ces navires en fer devaient mesurer 37 mètres de long, un peu<br />
plu de 9 mètres de large et une hauteur de creux de 5,30 mètres.<br />
Deux parapets se rejoignaient sur le dessus rendant ainsi étanche<br />
la coque. Un dôme vitré situé vers la poupe surplombait le parapet<br />
permettant au commandant du navire de voir tout l’avant<br />
de son <strong>sous</strong>-marin. Un grand mât rabattable devait permettre la<br />
navigation en surface, propulsion qui était remplacée par une<br />
machine à vapeur fonctionnant par la combustion de la poudre<br />
et actionnant ces roues à aubes sur les côtés, une fois la plongée<br />
amorcée.<br />
L’armement était constitué de 8 columbiades (canons<br />
<strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>) de calibre 24 placées sur les côtes et de caronades<br />
placées à l’avant.<br />
Outre cette artillerie, Montgery avait prévu d’équiper ses<br />
invisibles de pompes refoulantes lançant du feu grégeois<br />
pour incendier l’ennemi une fois immobilisé.<br />
Dans son mémoire sur la navigation et la guerre <strong>sous</strong>-marine,<br />
Montgery publia en 1823 une variante de son Invisible<br />
avec un propulseur dont nous avons déjà parlé : La<br />
martenote.<br />
Comme il ne pouvait obtenir que le mouvement en avant avec ce type de propulseur, le mouvement en<br />
arrière était obtenu au moyen de pales qui, pendant la marche en surface étaient mises en mouvement<br />
par la machine à vapeur, et par l’équipage, agissant sur un cabestan, pendant la marche <strong>sous</strong> l’eau.<br />
Il préconisait également un périscope contenant, non pas des miroirs, mais l’observateur en personne<br />
debout avec tout juste la place pour se retourner et crier ses observations<br />
à l’homme de barre.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR<br />
Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce projet qui ne fut pas<br />
mis en exécution en raison de la complication des procédés auxquels<br />
il avait recours.<br />
Canon <strong>sous</strong>-marin projeté par Montgery<br />
***<br />
Page 69
Page 70<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1826, le général français DE BOISSEROLES, connu pour son goût pour la poésie et sa facilité<br />
à faire des vers, ne l’empêchèrent pas d’avoir des connaissances très étendues en mathématiques.<br />
Il avait inventé une voiture qui marchait avec rapidité, au moyen d’un mécanisme ingénieux qu’un<br />
enfant pouvait faire mouvoir.<br />
Il avait l’intention d’offrir à l’Empereur ce chef-d’œuvre ; «mais» c’était à l’époque de la machine infernale;<br />
la politique absorbait tous les esprits, les inventeurs étaient considérés comme des utopistes.<br />
Robert Fulton lui-même fut repoussé et dut porter aux États-Unis ses admirables secrets. Les amis de<br />
M. de Boisserolle, parmi lesquels était le prince Eugène de Beauharnais, l’engagèrent d’attendre des<br />
circonstances plus favorables.<br />
Il proposa néanmoins, à son gouvernement, de construire un bateau à canons pouvant plonger pour<br />
aller couler les navires ennemis mouillés en rade de Cadix.<br />
Son projet n’offrait aucun intérêt particulier, ni nouveauté, puisqu’il préconisait la propulsion par des<br />
rames, le maintien immergé par des lests fixés avec des boulons et des pompes pour le renouvellement<br />
de l’air.<br />
Le jour devait pénétrer dans le navire par de fortes glaces placées au-dessus du pont, protégées par<br />
des grilles en fer.<br />
Il devait, pendant la nuit, attacher des «chemises soufrées» aux coques des navires devant être coulés.<br />
***<br />
C’est à des fins moins hostiles, en 1827, que Monsieur BAUDOIN, des Andelys, expérimenta un<br />
bateau plongeur pour scaphandriers.<br />
Il fit une brochure à la suite des essais le 13 mai, aujourd’hui conservée à la bibliothèque nationale.<br />
Ce bateau, baptisé le « Dauphin » plongea dans la Seine, <strong>sous</strong> le château Gaillard le 9 mai à 7 heures<br />
du soir, en présence du Maire et d’un de ses adjoints.<br />
Bateau plongeur de Mr Baudoin (1827)<br />
A -réservoir d’air comprimé, B -caisses d’eau, C -porte sortie des scaphandres, D- pompes,<br />
E -tubulures réservoirs d’air comprimé, M -manœuvre du gouvernail G,<br />
Il ressemblait à une barque assez ordinaire entièrement recouverte d’un pont équipé d’une écoutille.<br />
L’intérieur était divisé en trois compartiments totalement étanches les uns des autres. Le compartiment<br />
central était largement ouvert sur le fond et devait servir de chambre de manœuvre pour les<br />
plongeurs. Les compartiments en poupe et proue servaient alternativement de réservoirs à lest d’eau<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
ou de chambre à air. On pouvait y entrer par des portes étanches. Six réservoirs à air comprimé devaient<br />
alimenter les plongeurs par des tuyaux reliés aux scaphandres, pendant au moins 6 heures.<br />
Il n’y avait pas dans l’immédiat de propulsion sur ce bateau, mais dans l’esprit de son inventeur l’hélice<br />
devait y être appliquée puisque le fond largement ouvert permettait d’y installer tous les moteurs<br />
connus. Le gouvernail, lui, était bien présent et commandé par un volant à crémaillère.<br />
Le bateau plongea à une profondeur de 6 mètres avec Mr Beaudoin à son bord, pendant plus de 44<br />
minutes.<br />
Une variante du dauphin fut également étudiée <strong>sous</strong> le nom de « Bateau cloche ».<br />
<strong>Des</strong> tronçons verticaux devaient être rapportés sur le compartiment central, fonctionnant comme un<br />
sas émergeant en surface. Il suffisait de compléter le tronçon servant de sas avec des tronçons courants,<br />
simples tuyaux d’environ quatre-vingt centimètres de diamètre, au nombre voulu, pour faire<br />
émerger cette cheminée d’accès au-dessus de la surface.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR<br />
***<br />
Bateau cloche de BEAUDOIN et son scaphandre<br />
Revenons plutôt à Monsieur CASTERA qui en 1828 conçut l’idée d’un bateau de sauvetage en forme<br />
de fuseau dont il prit un brevet.<br />
Ce projet présentait une nouveauté car le <strong>sous</strong>-marin était divisé<br />
en deux parties distinctes : le corps immergeable proprement<br />
dit, et un flotteur captif.<br />
Le flotteur était relié au <strong>sous</strong>-marin par des cordages réglables<br />
en longueur par enroulement sur des treuils. Ainsi le niveau<br />
d’immersion était commandé par la longueur des cordages et<br />
la flottabilité de la partie <strong>sous</strong>-marine dépendait du « mou »<br />
de ceux-ci.<br />
Au centre du flotteur un tuyau d’aération suffisamment long,<br />
reliait la surface avec le bateau, ce dernier étant divisé en<br />
quatre compartiments.<br />
Le compartiment central, le plus grand, accueillait les deux<br />
hommes d’équipage. Les autres compartiments servaient de<br />
réservoir d’eau que l’on remplissait plus ou moins en fonction<br />
de la charge du bâtiment. Ils communiquaient entre eux par un système de canalisations avec<br />
robinets pour équilibrer l’embarcation.<br />
Page 71
Page 72<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Un lest de sécurité largable était prévu ainsi que des avirons<br />
pour les petits déplacements. L’avant-dernier compartiment<br />
était conçu comme un sas pour permettre à des plongeurs de<br />
sortir. Sur les flancs il était prévu des manchons en cuir cercles<br />
d’anneaux de fer pour pouvoir manœuvrer les objets à l’extérieur<br />
en regardant par plusieurs hublots. Un éperon de proue<br />
devait protéger des effets néfastes d’une collision.<br />
Ce projet fut présenté à la « société d’encouragement » <strong>sous</strong><br />
le bulletin n° 71, dans un mémoire <strong>sous</strong> le titre « essai sur la<br />
navigation <strong>sous</strong>-marine ».<br />
Cette intéressant invention de <strong>sous</strong>-marin captif ne vit jamais le jour, ce qui est regrettable, car son<br />
concept était particulièrement bien étudié, son auteur ayant pendant plusieurs années travaillé sur la<br />
question.<br />
Enfin signalons pour terminer que monsieur Castera, fit également un projet de <strong>sous</strong>-marin à roue,<br />
(voir dessin) reprenant la coque et l’équipant, comme nous le montre le dessin, d’un système de propulsion<br />
par un essieu actionné à l’aide de manivelles.<br />
***<br />
Restons en France pour en venir à Brutus de VILLEROI qui n’est pas un ingénieur-né. Il est professeur<br />
de mathématiques et de dessin à l’université de Nantes. Passionné par les secrets de la mer et les<br />
submersibles, il va faire de sa passion une révolution.<br />
En 1832, cet amateur curieux des fonds <strong>marins</strong> conçoit le « bateau poisson », son premier <strong>sous</strong>-marin.<br />
Le « bateau poisson » de Villeroi était comparable à un dauphin en tôle long de 3m 20 et large de 1m<br />
10, pour un déplacement approximatif de six tonnes. Les nageoires latérales pliantes type pattes de<br />
canard permettaient une propulsion aléatoire. La courte queue servait de gouvernail. La propulsion<br />
était donc assurée par la seule force des bras. <strong>Des</strong> hublots assuraient une observation des poissons et<br />
des algues. Il était également équipé d’une trappe en cuir de phoque afin de faire quelques manipulations<br />
en dehors de la coque, d’un petit système de ballast avec un levier piston, et d’une ancre de 25<br />
kilos.<br />
L’équipage (maximum 3 personnes) pouvait respirer par des tubes possédant une boule capable de les<br />
obstruer lorsque le submersible plongeait.<br />
Le bâtiment de bois et de tôles fut construit sur les fonds propres de son concepteur et fut essayé le<br />
dimanche 12 août 1832 à Noirmoutier.<br />
Ce jour-là, toute la population de l’île et des alentours est rassemblée sur la plage de « la Claire ».<br />
Chacun est sceptique face à la future expérience qui va être testée. Villeroi, lui, est serein et a étudié<br />
les fonds <strong>marins</strong> avec précision.<br />
A 15 heures, Villeroi ferme la trappe hermétique et s’enfonce dans l’Océan. Le bateau descend en<br />
immersion complète jusqu’à 15 pieds environ pendant quelques minutes. Les spectateurs retiennent<br />
leur souffle lorsque le bateau ressort de l’eau. C’est une victoire pour Villeroi.<br />
Cet événement fait les pages de « L’Echo de la Fabrique » et du « Mécanique Magazine » en langue<br />
anglaise, ainsi que du Journal « Mechanics’ Institute » l’année suivante.<br />
Le « bateau poisson » est vite dépassé, les plongées possibles sont trop courtes et il n’est pas fiable.<br />
Villeroi multiplie ses démarches auprès des autorités et des savants mais cette quête échoue, notamment<br />
envers les représentants du Royaume des Pays-Bas en 1837.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1842, Brutus de Villeroi était réputé<br />
comme professeur de dessin et de mathématiques<br />
à Saint-Donatien petit séminaire à<br />
Nantes, où Jules Verne a également été un<br />
étudiant. Mais aucune preuve de lien direct<br />
entre les deux hommes n’a jamais été établie.<br />
Il s’exile peu après en Amérique où il pourra<br />
poursuivre ses travaux avec l’argent nécessaire<br />
pendant la guerre de sécession.<br />
Le premier <strong>sous</strong>-marin de Brutus de Villeroi (1832)<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR<br />
***<br />
En 1831 le russe Aleksey PODOLEVSKIY, conçoit lui aussi, prés d’Odessa, un bateau en bois et<br />
en fer propulsé par rames qui a été en mesure de plonger.<br />
***<br />
Toutefois, c’est à Amiens, en 1834, que se produisit une triste expérience historique de la navigation<br />
<strong>sous</strong>-marine.<br />
Là, un certain docteur Jean Baptiste PETIT y construisit un <strong>sous</strong>-marin de son invention en forme<br />
de cigare tout en métal, d’environ quatre mètres de longueur. Il s’agissait en fait d’une espèce de grand<br />
canoë équipé d’une paire d’avirons fermé sur sa partie supérieure par un panneau d’entrée équipé d’un<br />
dôme doté de hublots et d’un siège de périssoire.<br />
Le Dr Petit se rendit d’Amiens à St Valery sur Somme le 15 août 1834 en naviguant à la surface de la<br />
rivière. Son arrivée attira une grande quantité de spectateurs le long des rives du bassin, entre les deux<br />
écluses, où l’inventeur devait faire ses expériences. Assis sur son bateau il salua le public, puis accosta<br />
pour prendre chez un boucher de la ville de gros poids destinés à faciliter la plongée de son bateau.<br />
A un moment donné il cria « adieu » à la foule,<br />
pénétra à l’intérieur de sa machine et ferma soigneusement<br />
l’écoutille. Il s’enfonça et on s’attendait<br />
à le voir remonter un instant après plus ou<br />
moins loin de l’endroit où il s’était immergé. Sa<br />
grosse erreur fut d’avoir préparé cette expérience,<br />
seul, sans une assistance technique vigilante et complice. Au bout d’une vingtaine de minutes on aperçut,<br />
montant à la surface, plusieurs bouchons retenus par des ficelles sans pouvoir expliquer leur signification.<br />
Etait-ce des signes de détresse du malheureux ?<br />
Le public commença à s’inquiéter au bout d’une demi-heure mais comme il ignorait la situation exacte<br />
du <strong>sous</strong>-marin et que personne ne disposait de moyens de dragage ou de levage, on dut attendre la<br />
marée basse du lendemain pour vider le bassin.<br />
On trouva alors le bateau <strong>sous</strong>-marin intact mais rempli en partie d’eau et son occupant asphyxié. Que<br />
c’était-il vraiment passé ?<br />
On ne le saura probablement jamais. Les registres de l’état civil de Saint Valery-sur-Somme contiennent<br />
l’acte de décès de J.B.Petit, médecin âgé de 31 ans, né à Moreuil (Somme), domicilié à Amiens,<br />
mort le 15 août 1834 à 8 heures du soir.<br />
Page 73
Page 74<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
La même année, plusieurs milliers de kilomètres plus loin, à Saint Petersburg fut<br />
lancé un submersible fabriqué par les fonderies Alexandrov, selon un plan mis au<br />
point par l’ingénieur militaire Karl Andreevitch SCHILDER né en 1785 à Smolensk<br />
connu comme un excellent dessinateur et mathématicien.<br />
Ce bâtiment déplaçait environ 16 tonnes pour une longueur d’un peu plus de 6<br />
mètres, une largeur de 1m50 et une hauteur de 1m80. Il était fait de tôles métalliques<br />
de 5mm d ‘épaisseur renforcées par des membrures d’acier et pouvait supporter<br />
la pression pour pouvoir descendre facilement jusqu’à 12 mètres au des<strong>sous</strong> de la surface.<br />
En surface la propulsion était assurée par des voiles montées sur un mât escamotable<br />
et <strong>sous</strong> l’eau il était animé par des rames rotatives en forme de pattes<br />
de canard. Deux tourelles garnies de hublots, à l’avant et à l’arrière, permettaient<br />
à l’équipage de 8 hommes de pénétrer dans les entrailles de la machine.<br />
Un ballast agrémenté de pompes permettait la plongée et pour<br />
permettre au <strong>sous</strong>-marin de faire le guet et de protéger l’entrée<br />
des rades, son concepteur avait prévu deux lests captifs de<br />
130 kilos faisant<br />
« corps morts »<br />
reliés par cordes<br />
à deux treuils qui permettaient de maintenir le bâtiment<br />
immobile entre deux eaux. A l’arrière des tourelles un tube<br />
respiratoire, avec clapet anti-intrusion d’eau, devait servir à<br />
l’admission d’air frais par des pompes manuelles accouplées<br />
au système de propulsion mais que l’on pouvait aussi désolidariser<br />
pour n’effectuer que l’une ou l’autre des manœuvres.<br />
K.A.Schilder qui était spécialiste des fusées à poudre, avait prévu deux systèmes<br />
offensifs pour son <strong>sous</strong>-marin.<br />
Le premier était une longue perche fixée à l’avant, porteuse d’une mine de 16 kilos<br />
de poudre dont l’explosion était commandée par un fil électrique relié à une pile.<br />
Une fois « piquée » dans la coque du bateau ennemi (un aimant était également<br />
prévu pour les coques métalliques), la charge explosive<br />
était déclenchée par le commandant après le<br />
recul à distance de sécurité du <strong>sous</strong>-marin. Nous retrouverons<br />
ce type d’arme, plus tard, dans la guerre<br />
de sécession.<br />
Le deuxième armement était constitué de 3 tuyaux<br />
placés de chaque côté du pont, avec une légère inclinaison<br />
de 12°. Chacun contenait une roquette avec<br />
une charge de poudre incendiaire. L’extrémité des tubes était maintenue étanche grâce à de la toile<br />
étoupe graissée.<br />
Les premiers essais avec la voile nécessitèrent un certain nombre d’améliorations de sorte que le bâtiment<br />
fut réellement opérationnel qu’en 1840. Le 23 septembre de la même année il réussissait une<br />
entrée dans le chenal entre les îles Krestovskim Petrovsky en restant plus de trois heures <strong>sous</strong> la surface.<br />
Mais les hommes étaient mal à l’aise dans l’étroite machine et les essais suivants, à Smolensk, se<br />
déroulèrent assez mal, une pagaie fut même cassée.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR<br />
1 : tour d’accès - 2 : tuyau courbé<br />
d’échappement de l’air -3 : pipe de l’air<br />
frais, - 4 : ventilateur – 5 : plombs de réglage<br />
d’immersion - 6 : poste de levage<br />
et d’abaissement des poids -7 : rames<br />
patte d’oie - 8 : gouvernail.<br />
Pour résoudre les problèmes d’autonomie de son <strong>sous</strong>-marin et pour faciliter l’accès aux zones d’intervention,<br />
Page 75
Page 76<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Shilder avait imaginé de créer une embarcation<br />
« base » spécialement conçue pour lui. Il s’agissait<br />
d’un ponton remorqué et armé de lance-roquettes<br />
sur l’avant, qui pouvait transporter le <strong>sous</strong>-marin en<br />
surface et faciliter sa mise en œuvre.<br />
La commission technique d’évaluation du <strong>sous</strong>-marin devait conclure que le bateau, trop fragile et peu<br />
manœuvrable, ne pouvait pas accomplir des taches de combat et qu’il avait du mal à se diriger <strong>sous</strong><br />
l’eau. Il avait du mal à dépasser la vitesse d’un nœud. De plus, son armement n’était pas fiable et dangereux<br />
à utiliser. Un essai de roquette fit long feu.<br />
Le <strong>sous</strong>-marin finit sa course vers la ferraille, malgré les tentatives de son inventeur d’obtenir des crédits<br />
pour l’améliorer.<br />
Ses projets de construire un <strong>sous</strong>-marin plus grand et un autre spécialisé dans la destruction des ponts<br />
sur les fleuves, furent sans suite. Notre homme fut à ce point oublié que de nombreux historiens de la<br />
navigation <strong>sous</strong>-marine ignorèrent pendant longtemps son existence.<br />
***<br />
C.SHILDER s’inspira du projet d’un de ses compatriotes, prisonnier politique originaire de la province<br />
de Minsk, CASIMIR CHERNOVSKAYA, qui avait conçu en prison, vers 1825, un projet de<br />
<strong>sous</strong>-marin propulsé par 12 rameurs sur 2 ponts. Ce bateau cylindrique, entièrement en tôles, devait<br />
avoir une longueur de plus de 22 mètres pour une section d’environ 6 mètres. Les croquis (ci-des<strong>sous</strong>)<br />
furent transmis à Shilder par l’ingénieur général A. Bazen qui avait pu les récupérer des mains de<br />
Chernovskaya.<br />
***<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
C’est en 1838 qu’un certain William Edouard NEWTON<br />
étudia un bateau plongeur spécialement adapté à l’accompagnement<br />
des plongeurs, mais d’un concept radicalement différent<br />
du Dauphin de Beaudoin.<br />
Cette machine avait la forme d’un citron allongé et sa coque<br />
était prévue pour résister a des profondeurs d’au moins une<br />
trentaine de mètres. Elle était réalisée en planches de bois de<br />
chêne, renforcées intérieurement par des cercles de fer.<br />
Deux bancs se trouvaient sur les côtés, à l’extérieur, permettant<br />
aux scaphandriers de s’asseoir pendant la montée ou la descente<br />
de la machine.<br />
Il mesurait environ 8 mètres de long et un peu plus de 2 mètres<br />
de diamètre dans sa partie centrale. Une quille devait permettre<br />
le repos sur le fond sans risque d’endommager la structure. Un<br />
lest mobile largable complétait le ballast se trouvant au fond du<br />
bateau, <strong>sous</strong> le plancher.<br />
Pour les grands déplacements, l’on faisait usage d’un navire de<br />
surface qui l’amenait sur site et pouvait éventuellement assurer<br />
des petits remorquages. En immersion une hélice activée à la<br />
main devait suffire avec l’aide d’une pagaie servant de gouverne.<br />
L’équipage embarqué devait assurer la logistique des plongeurs<br />
et leur ravitaillement en air. Pour cela le bateau était lui-même<br />
captif de deux tuyaux d’air reliés au navire de surface qui disposait de compresseurs à bras.<br />
D‘autres tuyaux d’air reliaient la machine aux plongeurs, sans que l’on comprenne bien l’intérêt de<br />
la chose. Une écoutille <strong>sous</strong> le bateau devait permettre de recueillir un ou deux plongeurs et des manchons<br />
en cuir devaient également permettre de remonter des objets à la surface en y accrochant des<br />
sacs d’air. Un vrai « Cousteau » de l’époque !<br />
A notre connaissance, il n’y eut pas d’utilisation pratique de ce moyen précurseur de l’archéologie<br />
<strong>sous</strong>-marine telle que nous la connaissons de nos jours.<br />
Autre grand pionnier de l’aventure <strong>sous</strong>-marine en cette moitié du<br />
XIXe siècle, le Docteur Prosper Antoine PAYERNE a passé la seconde<br />
moitié de sa vie à Cherbourg, où il s’est installé en 1850 et ce<br />
jusqu’à sa mort survenue en 1886.<br />
Né en 1806 près de Grenoble, Prosper Payerne est issu d’une famille<br />
bourgeoise. Elève brillant, il fait des études de médecine à Montpellier.<br />
Il devient médecin à Grenoble, puis rejoint Paris en 1840 et très<br />
vite s’intéresse au monde <strong>sous</strong>-marin.<br />
La construction des premiers prototypes de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> se heurte aux<br />
difficultés pour régénérer efficacement l’atmosphère à l’intérieur du<br />
submersible.<br />
Payerne réussit à résoudre ce problème en parvenant à épurer l’air<br />
contenu dans des «cloches à plongeurs».<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR<br />
***<br />
Page 77
Page 78<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Outre l’invention d’un système d’autosuffisance respiratoire destiné aux travailleurs <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, ce<br />
savant a réalisé d’importants travaux d’approfondissement des ports de Brest et Cherbourg grâce à<br />
« l’Hydrostat », une grande cloche rectangulaire à 3 étages pour plongeur, de 6 mètres de haut avec<br />
des parois doubles, qui offrait une surface au sol de pas moins de 64 m². Elle est aussitôt employée à<br />
Brest à élargir le chenal de l’arsenal pour permettre le libre passage du Valmy, fier vaisseau de haut<br />
rang à trois ponts armé de cent vingt canons ! Puis ce sont les travaux du port de Cherbourg où, en<br />
septembre 1850, le futur Napoléon III plonge à bord, revêtu d’un imperméable et de hautes bottes de<br />
pêcheur…<br />
Il consacrera par la suite une partie de sa fortune personnelle à financer avec l’aide de Monsieur<br />
BOUET, la mise en chantier d’un véritable <strong>sous</strong>-marin qui malheureusement est peu connu du public,<br />
car peu relaté dans l’histoire de la navigation <strong>sous</strong>-marine : « Le Belledonne ».<br />
Ce <strong>sous</strong>-marin de dix tonnes ressemblait à un obus cylindrique long de neuf mètres avec un diamètre<br />
de deux mètres quatre-vingt.<br />
Entièrement réalisé en tôles il se différenciait de « l’Hydrostat » par sa forme ovoïde, terminé à<br />
l’avant par un cône ogival et par l’arrière par une calotte sphérique aplatie.<br />
On pénétrait à l’intérieur par un trou d’homme, mais seule la partie arrière était accessible car presque<br />
la moitié de la partie avant était constituée d’un énorme réservoir d’air <strong>sous</strong> pression à 7 atmosphères<br />
pour une contenance d’environ 8 m3.<br />
Une grande hélice à 4 branches, manœuvrée à bras d’homme, occupait la poupe avec un gouvernail.<br />
Le 20 avril 1846, Paris. Une foule étonnée assiste à la descente d’un drôle d’engin <strong>sous</strong> l’eau, face<br />
au Palais d’Orsay. Le lourd appareil, pesant plusieurs centaines de kilos, emmène à son bord Prosper<br />
Payerne et Monsieur Poirée, délégué du ministre des Travaux publics. Trois heures durant, en dépit de<br />
sa capacité interne estimée seulement à trois mètres cubes, les passagers pourront respirer librement !<br />
Plans coupe du «Belledonne» et ci-dessus une gravure<br />
d’un journal de l’époque (L’illustration) qui fait<br />
une représentation erronée de l’appareil, car seule la<br />
partie arrière de l’appareil était habitable.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Enthousiastes, les journalistes de l’Illustration décrivent dans leur édition<br />
du 25 juillet 1846 ce « bateau <strong>sous</strong>-marin » dont ils publient le dessin en<br />
coupe et naviguant sur la Seine au pied du Pont Neuf.<br />
Payerne et Bouet offrirent, sans succès, de mettre leur bateau à la disposition<br />
des physiciens et des physiologistes qui auraient voulu faire des<br />
expériences<br />
Entre novembre 1852 et novembre 1854, Payerne apporta de nombreux perfectionnements<br />
à son <strong>sous</strong>-marin et prit un brevet pour le « Pyrhydrostat ».<br />
Il étudia en parallèle l’application d’un chaudière à vapeur ordinaire pour<br />
la navigation en surface et une autre chaudière à vapeur utilisant un foyer<br />
spécial en vase clos de son invention pour la navigation en immersion, dite<br />
chaudière « pyrotechnique », fonctionnant par mélange de coke et de substances<br />
très oxygénées telles que l’azotate de soude ou de potasse.<br />
Il fit de nombreux essais de cette chaudière au conservatoire des arts et métiers sans arriver à de bons<br />
résultats.<br />
Construit également en tôles, le « Pyrhydrostat » se rapprochait beaucoup de son premier <strong>sous</strong>-marin<br />
de 1846, avec sa division en compartiments, deux pour l’air comprimé A et B (aux extrémités), un<br />
sas D et une chambre basse pour la sortie des plongeurs C. Un système de lest retenu par cordes permettait<br />
de régler la profondeur d’immersion et deux ancres devaient maintenir le bâtiment en place.<br />
Le système propulsif ne fut jamais installé.<br />
Victime d’un accident, Prosper Antoine Payerne trouve la mort à Cherbourg, le 11 avril 1886, dans<br />
une indifférence presque générale.<br />
Chapitre 5 - DE ROBERT FULTON à WILHELM BAUEUR<br />
***<br />
Différentes représentations du Pyrhydrostat de 1852<br />
D’autres inventeurs, vers la même époque, se penchèrent sur l’étude de <strong>bateaux</strong> plongeurs de ce type.<br />
L’on peut citer, entre autres, Monsieur LE DORE de Brest qui avait prévu en plus des réservoirs d’air<br />
comprimé, une alimentation en oxygène par réaction de l’acide sulfurique sur du peroxyde de manganèse,<br />
opération qui se faisait dans un appareil spécial contenu dans le navire.<br />
Page 79
Page 80<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 6 - WILHEIM BAUER<br />
Né en Allemagne en 1822 à Dillingen en Bavière, Wilhelm BAUER avait<br />
pour père un sergent d’un régiment de cavalerie. De ce fait, après un<br />
apprentissage comme un tourneur sur bois, il commença à étudier l’hydraulique<br />
et la construction de navires. Puis il s’enrôla finalement dans l’armée<br />
pour travailler comme un ingénieur d’artillerie.<br />
Pendant la guerre entre l’Allemagne et le Danemark, il fut frappé par les dommages<br />
causés par la flotte danoise sur les côtes allemandes<br />
C‘est le 13 Avril 1849 en regardant un phoque nager que lui vint l’idée de construction d’un bateau<br />
pouvant se déplacer <strong>sous</strong> l’eau pour combattre les navires de surface.<br />
Il s’est avéré très difficile pour Bauer, qui avait un faible grade, de convaincre l’administration militaire<br />
pour obtenir des financements pour réaliser son projet. Il réussit finalement avec l’aide de<br />
Werner von Siemens et d’autres, à obtenir une petite somme d’argent pour construire un <strong>sous</strong>-marin.<br />
Pour concrétiser ses premiers croquis et attirer l’attention du ministre de la Marine il réalisa une maquette<br />
de 70 centimètres qui fut essayé dans le port de Kiel devant des dignitaires de la marine.<br />
Ses performances satisfaisantes ont conduit à la construction d’un modèle grandeur nature financé<br />
par les contributions militaires et des civils locaux. C’est dans les ateliers Schneffel & Howald que fut<br />
donc réalisée la machine qui devait devenir<br />
opérationnelle. Toutefois en raison de<br />
l’insuffisance du financement, l’ampleur<br />
du bateau fut revue à la baisse.<br />
Baptisé « Plongeur incendiaire » (Brandtaucher),<br />
ou également « phoque de fer »<br />
ou « plongeur marin » selon les archives,<br />
le <strong>sous</strong>-marin, de forme rectangulaire,<br />
était entièrement construit en tôles rivetées<br />
et mesurait un peu plus de 8 mètres<br />
de long, 2 mètres de large en son milieu<br />
pour une hauteur totale de 2.60 mètres. Il déplaçait 35 tonneaux.<br />
Il était propulsé par un équipage de trois hommes dont deux devaient activer le volant d’une grande<br />
roue à crémaillère reliée à l’arbre de l’hélice.<br />
Le bateau pouvait atteindre une vitesse de 3 nœuds, mais ne pouvait être maintenu <strong>sous</strong> l’eau pendant<br />
de longues périodes de temps si l’équipage épuisait son air dans l’effort.<br />
Les plans de constructions subirent plusieurs modifications, <strong>sous</strong> la pression du professeur de physique<br />
Karsten consulté par l’inventeur, la plus importante étant l’adjonction d’un poste de navigation<br />
sur l’avant permettant de dépasser le niveau du pont et naviguer en demi immersion pour le<br />
manœuvres d’approche.<br />
Le 1er Février 1851, à 9 heures du matin, Bauer s’embarque avec deux volontaires pour le premier<br />
essai de plongée dans le port de Kiel. Apres quelques brasses en surface et afin de pouvoir s’enfoncer<br />
en raison de la taille insuffisante du double fond servant de ballast, de l’eau fut directement admise<br />
dans l’habitacle offrant un bain de pieds à ses occupants. Pendant quelque temps le « Brandtaucher »<br />
navigua <strong>sous</strong> l’eau jusqu’à l’entrée du port où une rupture de soudure sur l’arrière entraîna une voie<br />
d’eau fatale qui alourdit le <strong>sous</strong>-marin à tel point qu’il commençait à couler. Le lest de fonte ayant<br />
Chapitre 6 - WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
glissé le navire se dressa verticalement rejetant l’équipage vers la poupe ne permettant pas d’activer<br />
les pompes placées à l’avant.<br />
Le « Brandtaucher » sans son<br />
poste de vigie<br />
Chapitre 6 - WILHELM BAUEUR<br />
Le « Brandtaucher » selon différents documents anciens<br />
A partir de 9 mètres, la pression à cette profondeur était tellement grande que les 6 mm d’épaisseur de<br />
la paroi extérieure commençaient déjà à se déformer. Le bateau finit par s’enliser sur l’arrière à plus<br />
de 15 mètres.<br />
Face à ses acolytes complètement paniqués qui tentèrent sans succès d’ouvrir l’écoutille, Bauer ouvrit<br />
les vannes des ballasts et laissa l’eau pénétrer lentement pour augmenter la pression d’air ce qui prit<br />
près de cinq heures.<br />
Pendant ce temps, en surface, des spectateurs tentaient d’accrocher le bateau<br />
avec des ancres ce qui faisait craindre à Bauer la destruction des vitres<br />
latérales dont était équipé le <strong>sous</strong>-marin. Une fois la pression équilibrée,<br />
Bauer et ses deux compagnons, purent ouvrir la trappe et<br />
remonter à la surface, sains et saufs. On les vit flotter dans les<br />
grandes bulles d’air s’échappant du <strong>sous</strong>-marin. Cet épisode<br />
fut largement relaté dans le journal local qui utilisa le<br />
dessin ci-contre pour décrire l’accident.<br />
Le « Brandtaucher » resta au fond pendant de<br />
nombreuses années. Ce n’est qu’en 1887, pendant<br />
des travaux de dragage que l’on repéra le bateau<br />
qui fut relevé le 5 juillet avec succès.<br />
Page 81
Page 82<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Initialement exposé dans le jardin de l’académie de Marine à Kiel, il fut transféré en 1906 au Musée<br />
de l’océanographie à Berlin, où il a survécu à la seconde guerre mondiale, pour terminer au musée de<br />
l’histoire à Dresde.<br />
Plan présenté à la commission autrichienne en 1852<br />
Gravure montrant le Plongeur marin à Kiel, sur un quai, avant sa mise à l’eau.<br />
Vue de la machinerie du plongeur de Bauer<br />
Manquant de ressources et faisant face au refus du gouvernement bavarois de financer un autre<br />
<strong>sous</strong>-marin, Bauer se rendit en Autriche pour solliciter l’empereur Maximilien et son amirauté. Une<br />
commission technique fit un rapport favorable.<br />
Mais malgré une subvention, les plans de Bauer connurent le même accueil sceptique des hautes<br />
autorités que Fulton.<br />
Sans se décourager, Bauer se rendit cette fois en Angleterre pour travailler dans les ateliers de Lord<br />
Palmerston et Scott Russel. Il travailla en collaboration avec eux sur une corvette de guerre et un nouveau<br />
bateau <strong>sous</strong>-marin baptisé « appareil hyponautique » qui ressemblant fort au plongeur en plus<br />
petit, était équipé de ventilateurs prenant l’air en surface par des tubes flottants. Il avait prévu également<br />
des gouvernails horizontaux et des manches en cuir pour travailler sur l’extérieur sans sortir.<br />
La principale nouveauté résidait dans la propulsion. Il était prévu cette fois une machine à poudre<br />
enflammant un mélange de soufre, de charbon, de salpêtre et d’ammoniaque. L’armement prévu était<br />
6 pétards de 500 livres.<br />
Chapitre 6 - WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Après de nombreux différends avec ses commanditaires, qui exploitèrent largement ses idées, il fut<br />
congédié et quitta le pays pratiquement ruiné.<br />
Scott et Russel réalisèrent, après son départ, une machine expérimentale inspirée du plongeur, de<br />
taille plus réduite mais de concept identique, avec la propulsion à bras et un poste de travail à l’avant<br />
permettant de réparer les carènes des vaisseaux ou d’y fixer des torpilles.<br />
Ils ne furent pas heureux dans leur tentative car lors du premier essai, le bâtiment victime d’un vice<br />
d’étanchéité, prit l’eau et fut abandonné par son équipage avant de sombrer.<br />
Rare photo du <strong>sous</strong>-marin de Bauer<br />
Chapitre 6 - WILHELM BAUEUR<br />
Bateau plongeur de Scott et Russel 1852<br />
En 1855 l’opiniâtre Bauer se retrouva cette fois en Russie, n’ayant point eu plus de succès avec les<br />
Etats-Unis.<br />
Il eut la chance d’être accueilli chaleureusement par le grand duc Constantin qui lui procura des fonds<br />
pour construire un vaisseau <strong>sous</strong>-marin en l’honneur du Tsar et destiné la guerre de Crimée.<br />
Il mit en chantier à Saint Petersbourg, dans les chantiers de Leuchtemberg, le « Diable marin » une<br />
machine bien plus imposante que ses précédentes conceptions.<br />
Lancement du Diable Marin à CRONSTADT<br />
D’une longueur de 15m80 pour 3m80 de large et un peu<br />
plus de 3 mètres de hauteur ce <strong>sous</strong>-marin était conçu<br />
avec des tôles de 15mm d’épaisseur afin de pouvoir résister<br />
à des profondeurs proches des 45 mètres. Chaque<br />
tôle était consolidée sur la quille par des membrures en fer de 180mm d’épaisseur en forme d’ellipse.<br />
L’écoutille se trouvait à l’avant et comportait deux hublots pour le pilote.<br />
Page 83
Page 84<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
La propulsion était assurée par une grande hélice protégée par quatre membrures en fer devant la<br />
protéger des coups avec d’éventuels obstacles tels que les rochers ou la coque des navires.<br />
Le moteur était composé de quatre roues de 2m13 de diamètre qui transmettaient le mouvement par<br />
un système de friction conique à l’arbre de l’hélice.<br />
Le lest était constitué de 47 tonnes de ferraille et 3 réservoirs ballasts pouvaient recueillir 22 tonnes<br />
d’eau pour plonger. Un petit cylindre pouvant contenir 310 litres d’eau, servait à la régulation de<br />
profondeur.<br />
A l’avant se trouvait un appendice faisant office de sas pour permettre aux scaphandriers de sortir. Ce<br />
sas comportait des manches en gutta-percha (caoutchouc) pour pouvoir manipuler des objets à l’extérieur<br />
tout en restant au sec. Plusieurs pompes permettaient de vidanger les ballasts mais également<br />
de refouler l’eau qui aurait pu s’infiltrer dans la partie habitable, au niveau du plancher.<br />
La grande nouveauté provenait d’un système de pulvérisation de pluie fine dans l’habitacle afin de<br />
régénérer l’air ambiant en oxygène. Sept tubes de dix mètres de longueur assuraient cette brumisation<br />
à l’efficacité plus que douteuse. Enfin, au fond du bateau, il avait même prévu un water-closet.<br />
Le « Diable marin » fut achevé le 2 novembre 1855 et les ennuis commencèrent.<br />
L’amirauté qui était hostile au projet, refusa de transporter le <strong>sous</strong>-marin jusqu’à la mer à Cronstadt,<br />
malgré la faible distance.<br />
Bauer dut donc se<br />
débrouiller avec ses propres<br />
moyens avec le concours du<br />
grand duc, ce qui prit tout de<br />
même sept mois.<br />
Le 26 mai 1856, le diable<br />
marin fut enfin lancé devant<br />
la barrière du port de Cronstadt<br />
et l’on commença les<br />
essais dans le plus grand secret<br />
possible.<br />
Une célèbre gravure du « diable marin »<br />
L’équipage était formé de volontaires qui avaient du mal à dissimuler leur crainte. Outre l’inventeur,<br />
le lieutenant Fédorovitch et un mécanicien, il comptait dix hommes qui actionnaient les roues et les<br />
pompes.<br />
Ce même jour vers trois heures du matin le <strong>sous</strong>-marin fit surface devant la sentinelle du port qui,<br />
prise de panique, s’enfuit à toutes jambes malgré le salut amical de Bauer.<br />
Quelque temps après commencèrent les exercices de plongée et de navigation qui se déroulèrent relativement<br />
bien.<br />
Le 6 septembre 1856, jour du couronnement de l’empereur Alexandre II, Bauer fit embarquer avec lui<br />
dans son <strong>sous</strong>-marin quatre musiciens des équipages de la flotte. Au premier coup de canon tiré par les<br />
batteries de Cronstadt annonçant la cérémonie du sacre qui avait lieu à Moscou, le « Diable marin »<br />
s’immergeait pendant que Bauer faisait jouer les musiciens et chanter l’hymne national à l’équipage.<br />
Les accords furent entendus dans un rayon de 200 mètres à la surface de l’eau. Le <strong>sous</strong>-marin resta<br />
immergé jusqu’au moment où la flotte russe annonça, par le tir de ses canons, la fin de la cérémonie<br />
qui avait duré quatre heures entre neuf heures du matin et une heure de l’après midi.<br />
Chapitre 6 - WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Ce n’est pas moins de 134 plongées que réussit le « Diable marin ». Mais Bauer se sentait méprisé des<br />
officiers de la flotte qui voyaient en lui un prétentieux caporal d’artillerie bavarois et non un inventeur<br />
de génie.<br />
Un ordre de l’amirauté lui enjoignit de se rendre à plusieurs milles de Cronstadt afin d’effectuer un<br />
exercice de passage <strong>sous</strong> la quille d’un navire mouillé à l’ancre.<br />
Une commission technique composée d’officiers de la marine et du génie fut chargée le 26 octobre<br />
1856 d’assister à ces essais afin d’envisager la construction d’un nouveau bâtiment encore plus grand.<br />
Est-ce par malveillance ou par oubli, la commission n’eut pas pris soin de sonder la profondeur<br />
au des<strong>sous</strong> du navire de surface. Bauer qui n’avait pas pris de précautions outre mesure exécuta la<br />
manœuvre sans réelle méfiance et l’inévitable se produisit. Le <strong>sous</strong>-marin s’enlisa dans la vase.<br />
Dans l’impossibilité de sortir de cette situation critique, Bauer fut obligé de larguer les lests mobiles<br />
et aussitôt le bateau émergea dans une position inclinée. L’équipage put se dégager mais des centaines<br />
de litres d’eau s’introduisirent pendant l’évacuation de sorte que le <strong>sous</strong>-marin finit par couler.<br />
Bauer put toutefois renflouer son bateau après un mois d’efforts. Malgré les instructions données le<br />
15 novembre 1856 par le grand duc pour réparer l’hélice et le gouvernail, le « Diable marin » fut remorqué<br />
et échoué « accidentellement » quelque part sur une côte du golfe de Finlande.<br />
Bauer reçut par la suite une commande pour une corvette <strong>sous</strong>-marine de 24 canons, propulsée en<br />
vapeur en surface et à l’air comprimé en plongée. Mais l’amirauté russe créa à nouveau des difficultés<br />
au malheureux inventeur, en exigeant de lui que, pour des raisons de secrets, le projet soit achevé en<br />
Sibérie. Face à cette situation inextricable, Bauer préféra donner son congé pour se retirer en Allemagne.<br />
En 1861, Bauer publia dans la revue « Die Gartenlaube » un nouveau projet dont il comptait déposer<br />
un brevet et se faire financer pour la réalisation d’un « Brûleur de côtes », un bâtiment se rapprochant<br />
fort du « Diable marin » et ressemblant à une baleine.<br />
Egalement tout en fer, il devait être muni d’une machine à vapeur de 100 chevaux pour les évolutions<br />
en surface, devait plonger à 15 mètres à l’approche de l’ennemi et s’approcher suffisamment pour<br />
faire exploser sa torpille placée à l’avant contre la coque du vaisseau cible. Il devait ensuite faire surface,<br />
ouvrir ses sabords et faire feu de ses canons.<br />
Malheureusement la <strong>sous</strong>cription ouverte à la construction de ce <strong>sous</strong>-marin, malgré l’appel fait par<br />
le journal, ne réussit qu’à réunir une somme beaucoup trop faible pour envisager la mise en chantier.<br />
L’affaire n’eut pas de suite. Bauer se retira à Munich jusqu’à sa mort causée par la tuberculose en<br />
1875.<br />
Chapitre 6 - WILHELM BAUEUR<br />
Page 85
Page 86<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Deux représentations du « Brûleur de Côtes » fin XIX siècle<br />
Gravure d’époque montrant une version erronée ou prototype du « Brandtaucher » (1850) attribuée a Bauer ?,<br />
adaptée aux travaux <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, curieusement équipée de roues détachables.<br />
En fin de l’automne 1868, il est rapporté par la presse russe, une expérimentation menée au cours d’un<br />
séjour prolongé d’un navire submersible à une profondeur de 30 pieds (9,10 m) dans le port de Saint-<br />
Pétersbourg par un certain Alexander ANDREIEV (1821 -1880) un inventeur émule de W Bauer.<br />
« Dans le bateau se trouvaient: le commandant-capitaine Erdmann, 6 officiers et 15 membres d’équipage.<br />
Le bateau a été lancé à 15h00 et est resté <strong>sous</strong> l’eau jusqu’à 08 heures le lendemain matin.<br />
Pendant son séjour <strong>sous</strong> l’eau, l’équipe a bu, mangé, fumé, mis le samovar ... et personne n’a senti<br />
le moindre inconvénient de ce séjour <strong>sous</strong> l’eau ... »<br />
Chapitre 6 - WILHELM BAUEUR
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Dans la même année, une commission a été nommée, devant laquelle l’inventeur devait se rendre en<br />
plongée à une profondeur de 15 pieds (4,57 mètres) sur une distance d’un mile et demi (2,8 km) du<br />
Phare de Cronstadt à la corvette « Griden » en mouillage. Bien que la distance ait été correctement<br />
réalisée, le bateau toucha plusieurs fois le fond sur cette distance pour éviter des « objets ? » qui flottaient<br />
à la surface.<br />
Le but de l’exercice était de déposer une charge explosive <strong>sous</strong> la quille de la corvette. Nous savons<br />
que très peu de choses sur ce <strong>sous</strong>-marin à propulsion manuelle qui se rapprochait du « Brandtaucher » de<br />
Bauer dans sa conception. Il parait qu’il séjourna à une profondeur de 82 mètres pendant 30 minutes<br />
sans une fuite.<br />
Schéma simpliste du <strong>sous</strong>-marin et vue résumant la pose des mines <strong>sous</strong> le navire selon un plan de Alexander Andreev.<br />
(Figure de droite : 1 - les mines, 2-<strong>sous</strong>-marin.)<br />
Chapitre 6 - WILHELM BAUEUR<br />
***<br />
Pour terminer ce chapitre revenons quelques années en arrière de l’autre côté de l’hémisphère,<br />
plus exactement en Amérique Latine, pour découvrir une étrange machine<br />
construite en Equateur, à Guayaquil, par un certain Jose Rodriguez LABANDERA<br />
qui essaya le 18 septembre 1838, un bateau entièrement étanche pour se déplacer<br />
<strong>sous</strong> la surface des eaux dans le plus complet secret face aux troupes ennemies stationnées<br />
sur les berges. Accompagné de son assistant, M. José Quevedo, il traversa<br />
la rivière Guayas dans un bateau en bois entièrement fermé, propulsé par une roue<br />
à aubes. Le pont supérieur était doté de six protubérances en forme de cheminées,<br />
deux pour accéder dans le navire et les quatre autres, sans doute destinées à la manipulation d’armes.<br />
L’on ignore si les résultats furent à la hauteur des espérances de son constructeur, le fait est, que<br />
le manque d’intérêt du gouvernement ou d’une autre institution,<br />
laissa finalement le navire échoué sur les rives du Guayas, où<br />
l’usure du temps allait le détruire.<br />
Page 87
Page 88<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 7 - Période de la guerre de Crimée<br />
à la guerre de Sécession<br />
La guerre de Crimée (1853-1856), qui fut une guerre entre la Russie impériale et une coalition<br />
comprenant l’Empire ottoman, le Royaume-Uni, la France et le Royaume de Sardaigne, fut<br />
également une période propice pour les inventeurs d’armes de toutes natures qui, même sans<br />
y être souvent impliqués directement, sentaient le vent propice pour s’approcher des instances dirigeantes<br />
de leurs pays respectifs et récolter le bénéfice de brevets ou des crédits pour satisfaire leur<br />
génie inventif.<br />
Les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> n’allaient pas échapper aux inventeurs de tout acabit, souvent peu sérieux ou ayant<br />
trop rapidement abordé la question sans tenir compte des expériences de leur prédécesseur.<br />
Nous ne retiendrons que les projets suffisamment réfléchis ou curieux qui ont traversé l’oubli de<br />
l’histoire.<br />
Parlons notamment de ceux du côté Russe ou un ingénieur militaire dénommé Orloff GURNEY échafauda<br />
des moyens nouveaux pour la protection des ports contre les escadres anglo-françaises. Il imagina<br />
en 1854 une espèce de brûlot <strong>sous</strong>-marin construit en bois, avec une charge explosive à la proue<br />
qui devait être accrochée à la coque du bateau à détruire par des pics et des adhésifs divers. Piloté par<br />
quatre hommes, qui actionnaient les pompes et un volant agissant sur une vis d’Archimède en guise<br />
d’hélice, le bateau <strong>sous</strong>-marin devait s’éloigner de sa victime avant de déclencher une mise à feu électrique<br />
par un câble déroulé. Les dimensions étaient assez réduites : environ 6 mètres de long, 1,50 mètre<br />
de large pour un déplacement<br />
n’excédant pas<br />
6 tonnes. La profondeur<br />
opérationnelle<br />
était de 2 mètres <strong>sous</strong><br />
la surface. Deux mâts<br />
creux assuraient l’arrivée<br />
de l’air.<br />
La première version du <strong>sous</strong>-marin de Orloff Gurney.<br />
(A droite reconstitution de M.Sokornova)<br />
Le 5 septembre 1854 dans le Port de Revel, la commission du Génie militaire départemental testa la<br />
conception du prototype. Considérant le navire comme instable et mal contrôlé, elle invita Gurney à<br />
développer un design nouveau mais avec une coque en fer.<br />
En 1855, un second <strong>sous</strong>-marin fut construit en seulement 3 mois, mais en tôles de 3mm cette fois-ci,<br />
construit par la fonderie des frères Frick à Saint-Pétersbourg.<br />
La coque du navire était composée de 2 parties (supérieure et inférieure), qui étaient semblables à<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
la forme de deux <strong>bateaux</strong>, soudés l’un sur<br />
l’autre la quille plus profonde étant dotée<br />
d’un fond plat. L’équipage résidait sur une<br />
plate-forme supérieure, le bas servant de<br />
ballast et de sas de sortie. Tous les mécanismes<br />
de manœuvres étaient disposés<br />
dans cette partie supérieure.<br />
La première plongée dans la Néva (Navire<br />
commandé par le lieutenant-commandant<br />
PP Krusenstern) fit déceler plusieurs fuites<br />
aux rivets et les essais d’attaque furent un<br />
échec. Le 5 janvier 1857, le <strong>sous</strong>-marin est<br />
véhiculé jusqu’aux fonderies d’Izhorsky<br />
pour recevoir une deuxième coque plus solide pour étancher et renforcer celle d’origine. Le 19 octobre<br />
1857 il est amené à St Petersbourg par un remorqueur et des tests peu probants ont eu lieu à<br />
l’automne de 1861. La fixation d’une charge à bord du navire ennemi était presque impossible. La<br />
Commission de la marine fit de nombreuses réserves notamment sur la propulsion manuelle par hélice<br />
à vis.<br />
Un nouveau prototype fut développé en 1863, avec un moteur à vapeur utilisant la réaction de l’ammoniac<br />
pour actionner l’hélice, invention du chimiste militaire Petrachevski. Mais ce fut un nouvel<br />
échec qui nous ramena à la propulsion musculaire. La nouveauté venait de l’abandon du système<br />
offensif d’origine et son remplacement par une charge type torpille automobile à air comprimé.<br />
Jusqu’en 1872 les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de Gurney furent stockés dans le port de St.Pétersbourg, après quoi ils<br />
furent tous démolis.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
3e <strong>sous</strong>-marin Gurney avec torpille de sa propre conception.<br />
Voulant à tout prix développer une énergie mécanique pour la propulsion, Gurney se lança dans la<br />
réalisation d’un quatrième <strong>sous</strong>-marin adoptant une taille plus imposante et plus conventionnelle.<br />
De forme fusiforme, ses dimensions atteignaient 9,15m pour la longueur, 1,52m pour la largeur et<br />
une hauteur de 1,83m et un déplacement proche des 16 tonnes. Deux moteurs à vapeur chimique de<br />
7,5 litres devaient le propulser. Un sas pour plongeur se trouvait en partie avant et l’on retrouvait la<br />
torpille comme armement.<br />
Page 89
Page 90<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
La construction du <strong>sous</strong>-marin a pris fin en 1867, des tests ont été effectués dans le port de Kronstadt.<br />
Pendant ce temps le concepteur a fait un certain nombre d’améliorations.<br />
La preuve documentaire de la construction et l’essai du 4eme <strong>sous</strong>-marin Gurney n’a pu être trouvée.<br />
Le bateau fut victime d’impossibles adaptations pratiques de son propulseur à vapeur.<br />
Schéma du dernier <strong>sous</strong>-marin de Gurney avec un moteur à vapeur.<br />
1 proue blindée 2 - citerne de ballast, 3 - sas, 4 – commandes des citernes de ballast et de la chambre de plongée,<br />
5 - Réservoir avec de la chaux sodée 6 - bouteilles d’oxygène, 7 - réservoir d’égalisation, 8 - tourelle rétractable<br />
avec flotteur, 9 - puits de charbon, 10 - chaudière à vapeur; 11 - machine à vapeur, 12 - réservoir d’air comprimé,<br />
13 - gouvernail vertical, 14 – gouvernes de profondeur.<br />
***<br />
Transportons-nous à nouveau aux Etats Unis, dans l’Indiana, pour découvrir un<br />
cordonnier dénommé Lodner D.PHILLIPS, génial autodidacte, qui construisit au<br />
moins deux <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>.<br />
Sa passion pour naviguer <strong>sous</strong> l’eau commença assez jeune puisque dès l’âge de<br />
20 ans, en 1845, il construisit une petit submersible ovoïde qu’il fit naviguer sur le<br />
lac Michigan pour réussir à s’immerger à une profondeur de 20 pieds. L’inventeur<br />
s’y enferma 10 heures avec sa femme et ses deux enfants. En 1852 il obtint un<br />
brevet pour une hélice propulsive orientable sur rotule, qui permettait de se passer<br />
de gouvernail.<br />
Le dessin qui suit se trouve sur une plaque commémorative non loin du lac Michigan.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Son projet de <strong>sous</strong>-marin militaire est le plus intéressant.<br />
Le bâtiment de forme cylindrique, terminé par des tronçons coniques, mesurait un peu plus de quinze<br />
mètres et disposait sur toute sa partie inférieure de ballasts (N) complétés aux extrémités, par des<br />
poids formant ancre (J) reliés par des chaînes à un tambour d’enroulement. Un ingénieux piston<br />
à pendule assurait la stabilité en modifiant automatiquement l’assiette. Contre les parois latérales<br />
étaient appliqués des cylindres d’air comprimé (A).<br />
L’hélice devait être actionnée par deux hommes. Un tube télescopique (E) permettait de faire communiquer<br />
l’intérieur du bateau avec l’air extérieur. Phillips avait projeté d’installer ultérieurement un<br />
générateur et un moteur à vapeur.<br />
L’armement prévu était assez surprenant. Un canon orienté vers le haut (F) était placé au centre du pont.<br />
Un entonnoir (C) devait permettre le lancement de mines flottantes et une fusée (G) devait entraîner un<br />
câble relié à une torpille<br />
placée à l’avant (H).<br />
Sous marin militaire de PHILLIPS (les deux bâtiments ne sont pas à la même échelle)<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
Le premier <strong>sous</strong>-marin de L. D. PHILLIPS (1845)<br />
Le <strong>sous</strong>-marin de combat fut proposé à l’US Navy qui lui répondit laconiquement : « Aucune autorité<br />
est connue à ce bureau pour l’achat d’un bateau <strong>sous</strong>-marin... Les <strong>bateaux</strong> utilisés par la marine ne<br />
vont pas <strong>sous</strong> l’eau.» Pendant la guerre de Sécession, il offrit à nouveau ses services, là encore sans<br />
succès.<br />
Page 91
Page 92<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Phillips trouva la mort lors d’un essai de son <strong>sous</strong>-marin d’exploration dans le lac Erié près de Buffalo.<br />
On suppose, qu’étant descendu trop bas, sa machine fut écrasée par une trop forte pression.<br />
Ses plans furent transmis en 1870 à l’amirauté par Mr Blatchford de New-York. Comme Bauer,<br />
Phillips avait tenté de purifier l’air « corrompu » de la respiration en le faisant barboter dans l’eau.<br />
***<br />
En 1853 un autre américain, Henry Beaufort SEARS prit un brevet<br />
pour une cloche <strong>sous</strong>-marine mobile formée de deux troncs de cône<br />
réunis par leur grande base. Un système de pompes, stationné<br />
sur un navire d’accompagnement, permettait d’insuffler de l’air<br />
dans l’habitacle des plongeurs par un tuyau et des caisses métalliques<br />
placées sur les flancs, servaient de ballast. Une hélice<br />
mûe manuellement devait servir à déplacer l’appareil.<br />
***<br />
D’une taille beaucoup plus grande, citons également le bateau plongeur d’Alexandre LAMBERT,<br />
construit en 1852 aux Etats-Unis.<br />
D’une forme ellipsoïde, il était divisé en trois compartiments, la chambre de manœuvre au milieu et<br />
les réservoirs à lest aux extrémités. Ces mêmes réservoirs contenaient également des récipients d’air<br />
comprimé. On ignore quels furent les résultats pratiques de ce bateau cloche, qui, selon son créateur,<br />
pouvait être converti en machine offensive et se déplacer par l’aménagement d’hélices latérales actionnées<br />
par des arbres à cames reliés à un volant manuel de grand diamètre. Les explosifs devaient<br />
être mis en œuvre par les plongeurs embarqués avec l’équipage.<br />
Une revue de l’époque représentait la<br />
machine dont le dessin est conservé<br />
au cabinet des estampes de la bibliothèque<br />
nationale.<br />
***<br />
Les archives de la faculté des sciences de Montpellier relatent les essais de<br />
Marié -DAVY, docteur en sciences et professeur de physique en 1854, qui imagina<br />
un <strong>sous</strong>-marin dont le moteur devait être une machine electro magnétique.<br />
C’est la première application théorique de l’électricité à la navigation <strong>sous</strong>-marine.<br />
Il construisit, paraît-il, un petit modèle qu’il fit fonctionner. Un gouvernail horizontal,<br />
placé à l’arrière, devait faciliter la plongée et le maintenir à un niveau<br />
constant. Deux autres gouvernes devaient assurer les changements de direction.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Schéma du <strong>sous</strong>-marin du professeur Marie-Davy.<br />
1 - Trident, 2 - empennage vertical, 3 - pile galvanique, 4 - ventilateur 5 - périscope, 6 - couplage entre le moteur et le<br />
foret, 7 – moteur électrique, 8 - hélice, 9 - roue horizontale, 10 – trappe<br />
L’armement prévu était une tarriere, placée à l’avant, que l’on pouvait embrayer sur l’arbre de l’hélice<br />
mû électriquement. Un périscope fixe était prévu pour s’orienter. La vitesse prévue en plongée était<br />
de 4 nœuds.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
***<br />
En 1855, le célèbre mathématicien anglais Charles BABBAGE imagina un bateau<br />
<strong>sous</strong>-marin pour la guerre de Crimée qu’il proposa sans succès à son gouvernement.<br />
Le navire avait la forme d’un prisme de 4m de long, 1m30 de large et 1m de creux,<br />
terminé à chaque extrémité par des prismes triangulés. Il était ouvert sur sa partie<br />
inférieure comme une cloche à plongeur.<br />
Il devait être mû par une hélice activée à bras d’homme et disposait de réservoirs<br />
d’air <strong>sous</strong> pression devant assurer une autonomie de 60 heures.<br />
<strong>Des</strong> ballasts avec pompes assuraient l’immersion.<br />
De nombreux hublots étaient prévus<br />
et un procédé chimique devait<br />
neutraliser l’acide carbonique.<br />
Son inventeur le destinait à la destruction<br />
des défenses des ports. Il<br />
devait être amené à pied d’œuvre, remorqué discrètement par un bateau de pêche.<br />
***<br />
La même année, les français Casimir DESCHAMPS & M.VILCOQUET prirent un brevet pour<br />
une barque <strong>sous</strong>-marine construite en cuivre.<br />
Cette petite embarcation monoplace mesurait 2m65 de long pour une hauteur de 1m25. Elle était coiffée<br />
d’un dôme d’observation de 70 cm servant d’écoutille d’accès, qui permettait à son passager de<br />
disposer d’une large vue de son environnement. Tout en actionnant l’hélice de propulsion d’une main,<br />
ce dernier, par l’intermédiaire de cordages attachés aux pieds, manœuvrait le gouvernail. Un casque<br />
appliqué sur le visage amenait de l’air frais d’un réservoir d’air comprimé placé au dos du siège du<br />
navigateur. L’air vicié, c’est là une particularité intéressante, était directement rejeté à l’extérieur.<br />
Page 93
Page 94<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Pour pouvoir effectuer des manutentions à l’extérieur du bateau, des manches de cuir souple permettaient<br />
de passer les bras de chaque côté du dôme. Une lampe à gaz devait permettre de voir <strong>sous</strong> l’eau<br />
et pour faciliter le travail une petite galerie permettait de stocker à portée de main outils et objets<br />
récupérés.<br />
Nous retrouverons cette idée, réalisée cette fois, en 1877 avec<br />
le « podoscaphe » du russe Drzewiecki.<br />
En 1856, DESCHAMPS présenta à la marine Française<br />
un autre projet amélioré du précèdent, avec un lest largable<br />
et une propulsion plus élaborée, une variante prévoyant<br />
même des pompes foulantes - aspirantes.<br />
Comme la guerre entre la France et la Russie était terminée, l’inventeur ne put impliquer son <strong>sous</strong>marin<br />
à la guerre <strong>sous</strong>-marine. Il se résolut donc à l’utiliser dans la recherche et le renflouement<br />
d’épaves.<br />
Il réussit à construire son second <strong>sous</strong>-marin avec l’aide d’un officier et tenta quelques essais qui finirent<br />
par le naufrage pur et simple de la machine et des espoirs de l’inventeur qui faillit perdre la vie<br />
en tentant de renflouer sa machine.<br />
***<br />
L’on trouve dans les archives de la construction navale<br />
française, un curieux projet rapporté par Maurice Delpeuch<br />
et attribué à « un jeune détenu du pénitencier<br />
d’Ajaccio », datant de 1854, que l’auteur adressa anonymement<br />
au ministère dont il espérait sans doute un<br />
bénéfice de peine. Ce bâtiment, comme le montre son<br />
dessin, n’offrait guère d’originalité : hélice manuelle<br />
agissant par traction puisque placée à l’avant, lest mobile,<br />
ballast en double fond, etc. Les dimensions étaient raisonnables : environ 9 mètres de long sur 3m 50<br />
de diamètre.<br />
L’innovation résidait surtout par un projet de torpille flottante l’accompagnant, qui se propulsait verticalement<br />
vers la surface par échappement d’air <strong>sous</strong>-pression.<br />
***<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Citons au passage, un autre inventeur, la même année, Monsieur CAMBREZ-BASSOMPIERRE<br />
de Liège, qui proposa au roi Léopold un projet de submersible, assez vague, devant se mouvoir avec<br />
des rames et dont l’assiette était commandée par un poids monté sur une tringle, que l’on pouvait<br />
déplacer de l’avant à l’arrière selon les besoins, système déjà employé par Bauer.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
***<br />
Plus curieux est le projet élaboré en 1855 par un officier de<br />
la marine russe W. SPIRIDONOF qui tenta de convaincre,<br />
sans succès, les instances de la marine impériale du bienfondé<br />
d’une machine pour attaquer les forces ennemies au<br />
large de la grande rade de Sébastopol.<br />
La propulsion de son <strong>sous</strong>-marin devait<br />
être obtenue par la réaction de pistons fonctionnant<br />
dans des corps de pompes placés à la partie inférieure et arrière de celui-ci. Ils devaient être<br />
actionnés par de l’air comprimé provenant d’un navire de surface à l’aide de tuyaux souples. Cette<br />
méthode que nous avons déjà rencontrée avec le bateau de Newton offrait un grand handicap à la<br />
discrétion et l’autonomie du <strong>sous</strong>-marin qui devait mener son attaque avec une mine à retardement<br />
semblable à celle de Bushnell.<br />
Cette discrétion était bien loin d’être la préoccupation de l’américain James NASMYTH inventeur<br />
du marteau pilon à vapeur, qui en 1853-55 imagina une redoutable machine connue <strong>sous</strong> le nom de<br />
« mortier flottant » devant rompre les blocus maritimes et terroriser les flottes de surface.<br />
Il s’agissait en fait d’un semi submersible s’enfonçant au maximum jusqu’au niveau de la surface,<br />
technique que nous retrouverons avec les « David » pour la guerre de sécession.<br />
Ce « mortier flottant » devait foncer<br />
éperonner les navires de surface à la<br />
manière des galères de l’antiquité, si<br />
ce n’est que l’éperon<br />
était remplacé par<br />
une charge explosive<br />
détonnant au contact.<br />
L’énorme machine ne mesurait pas moins de 23 mètres de long pour une hauteur et une largeur supérieure<br />
à 5 mètres. Elle était propulsée par une machine à vapeur lui offrant une vitesse supérieure<br />
à 10 nœuds.<br />
Page 95
Page 96<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Pour pouvoir résister au contact et à l’explosion, Nasmyth avait donné à la proue une épaisseur de 3<br />
mètres avec une succession de planches de peuplier et de tôles afin d’obtenir une certaine élasticité.<br />
L’hélice, elle, était placée dans un renfoncement de la coque pour être protégée de l’explosion.<br />
L’équipage comprenait quatre hommes dont un barreur placé dans un poste blindé <strong>sous</strong> une cloche<br />
métallique équipée de hublots.<br />
On ignore s’il fut réellement construit. Les japonais utiliseront une méthode beaucoup plus radicale<br />
pendant la seconde guerre mondiale avec leur torpille suicide « kaiten ».<br />
***<br />
Pendant le siège de Sébastopol, Un autre américain nommé<br />
George H.FELT, proposa au gouvernement français, par l’intermédiaire<br />
de son ambassadeur, un bateau <strong>sous</strong>-marin devant filer<br />
8 nœuds et porteur de 8 canons ayant la faculté de pouvoir tirer<br />
chacun 3 coups sans besoin d’être rechargés.<br />
Ce projet aussi vague qu’incomplet n’eût bien sûr aucune<br />
suite de même que celui d’un certain H. JARVIS qui<br />
imagina un submersible à volume variable fonctionnant<br />
avec des vessies gonflables.<br />
Cette étrange machine en tôles de fer avait la forme d’un bol prolongé par deux poutres à chaque extrémité.<br />
Sous ces poutres deux énormes poches en cuir étaient remplies d’air pour flotter et se dégonflaient<br />
pour permettre l’immersion. L’auteur s ‘était sans doute inspiré des grenouilles qui gonflent<br />
leur poche buccale.<br />
Une petite hélice assurait les déplacements et des manchons en cuir devaient permettre de travailler<br />
depuis l’intérieur sur les carènes des vaisseaux pour les réparer mais aussi pour les détruire en y fixant<br />
des explosifs.<br />
On imagine mal la valeur militaire de ce <strong>sous</strong>-marin qui aurait été vite mis hors d’état de nuire en<br />
perforant ses flotteurs. Pourtant l’idée de la variation de volume par l’extérieur allait faire son chemin<br />
dans de nombreux projets que nous découvrirons plus loin.<br />
***<br />
C’est en Espagne qu’un génial inventeur allait faire ses preuves <strong>sous</strong> les traits d’un<br />
certain Narcisso MONTURIOL, dont le <strong>sous</strong>-marin fait la fierté des habitants de<br />
Barcelone qui lui ont même dédié un monument.<br />
Cet inventeur catalan, né en 1819 était avocat mais aussi physicien passionné par l’histoire<br />
naturelle et la géographie. C’est pour aider les pêcheurs de corail dans leur rude<br />
travail au large de la côte de Cadaques qu’il commença en 1856 l’étude ‘un bateau<br />
<strong>sous</strong>-marin baptisé « Ictineo », (ce qui signifie Icthys = poisson et Naus = navire).<br />
Lancé à Barcelone le 28 juin 1859, l’Ictinéo était un <strong>sous</strong>-marin entièrement construit en bois d’olivier<br />
d’une longueur de 7 mètres pour une largeur en son milieu de 2m50 et un déplacement de 8<br />
tonnes. De forme ellipsoïde, il était propulsé manuellement par un équipage de six hommes occupés<br />
à la propulsion pour la plupart, les autres en charge des gouvernes et des pompes de ballast. Après<br />
une période d’essais à quai, il fit une plongée de plus de deux heures dans le port de Barcelone le 23<br />
septembre 1859.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Ce bâtiment permit à Monturiol d’éprouver tous les concepts de ses idées sur la navigation <strong>sous</strong>-marine.<br />
Mais il dût rapidement se rendre à l’évidence que la propulsion manuelle était difficile et qu’il<br />
était nécessaire de développer un bateau beaucoup plus grand et mieux accessoirisé.<br />
A côté de la statue de Colomb, à l’entrée du Musée Maritime sur les chantiers navals de Barcelone, on peut voir une réplique<br />
du <strong>sous</strong>-marin Ictineo I de Narcis Monturiol, le précurseur de la navigation <strong>sous</strong>-marine à partir d’un point de vue technologique.<br />
L’Ictineo est un modèle de <strong>sous</strong>-marin en bois construit dans la seconde moitié du XIXe siècle.<br />
En 1862 il se lance dans la fabrication de l’Ictinéo 2, d’une longueur de 17 mètres, d’une largeur de<br />
3m50 et d’un déplacement de 65 tonnes. Le lancement a lieu à Barcelone le 2 octobre 1864.<br />
La grande nouveauté est une chaudière à vapeur utilisant des cartouches chimiques provoquant la<br />
réaction du chlorate de potassium, du zinc, du manganèse et du peroxyde. L’intérêt de cette méthode<br />
est que la réaction dégage aussi de l’oxygène, qui après traitement peut être utilisé aussi pour l’équipage.<br />
A l’avant et sur les côtés des « bow-windows » genre d’appendices semi sphériques dotés de hublots,<br />
permettaient de voir sur 180°. Au-dessus du pont un petit kiosque avec lui aussi des hublots permettait<br />
au commandant de se diriger à vue.<br />
Le bâtiment réussit de nombreuses plongées, descendant en 1864 jusqu’à 30 mètres pendant prés de<br />
7 heures sans remonter à la surface.<br />
Toutefois il fallut faire face à un problème récurant. La température à l’intérieur du navire, du fait de<br />
la propulsion à vapeur, dépassait les 50° Celsius obligeant l’arrêt prématuré de la chaudière.<br />
S’étant endetté Monturiol dût faire face à ses créanciers qui ne croyaient plus à son projet de création<br />
d’une entreprise d’assistance aux pécheurs et de récupération d’épaves. Menacé de faillite et d’une<br />
saisie, « l’Ictinéo » fut finalement vendu à la ferraille<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
Page 97
Page 98<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
La version militaire, qui ne vit jamais le<br />
jour, prévoyait une tarière à l’avant, mue<br />
par la vapeur, pour percer les carènes des<br />
navires et deux canons tirant de bas en<br />
haut.<br />
Narcisso Monturiol est décédé le 6 septembre,<br />
1885.<br />
Une réplique du <strong>sous</strong>-marin peut être vue<br />
à la promenade près du port de plaisance<br />
dans Barcelone.<br />
***<br />
Il tenta en vain de vendre<br />
un projet modifié de son<br />
<strong>sous</strong>-marin aux américains<br />
pendant la guerre<br />
de sécession.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
L’ingénieur Français Fréderic SAUVAGE qui avait le 15 janvier 1832, à Honfleur, dans le vieux<br />
bassin et à l’aide d’un petit bateau, prouvé lors d’une expérience publique que la propulsion par hélice<br />
est trois fois plus rapide que celle par roues à aubes, peut être considéré comme l’inventeur de la<br />
propulsion à hélice appliquée aux <strong>bateaux</strong>.<br />
Entré en maison de repos à Picpus, il conçut<br />
vers la fin de sa vie un projet de « Réparateur<br />
<strong>sous</strong>-marin » dont nous avons reconstitué<br />
le plan d’après les quelques indications<br />
laissées par lui. Il projetait la possibilité<br />
dans les ports de faire réparer et entretenir<br />
la partie immergée des coques de navires<br />
par un bateau <strong>sous</strong>-marin fusiforme<br />
propulsé par hélice (cela va de soi !) mais<br />
maintenu sur place par l’ancrage de deux corps –morts commandés par des treuils qui permettaient de<br />
régler l’immersion du bateau et son maintien en position. Un réservoir d’eau complétait l’équilibrage<br />
de la flottabilité.<br />
La particularité était un tube incliné sur l’avant, en dessus du pont, pouvant contenir un ouvrier passant<br />
ses bras dans des manchons en cuir, la tête entourée de hublots. Un lest dans la quille maintenait<br />
le travailleur à la verticale.<br />
Beaucoup plus ambitieux fut « l’Hydroscaphe »<br />
de Mr. ALTHABEGOITHY, un énorme bateau<br />
submersible de 25 mètres de long et 12 mètres de<br />
large, en forme de citron,<br />
composé de deux coques<br />
en bois réunies sur le plan<br />
vertical.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
***<br />
Deux hélices devait assurer la propulsion, l’une placée à l’avant<br />
l’autre à l’arrière mais on ignore le moyen de les activer. Une<br />
autre hélice de grand diamètre, horizontale, était prévue pour le<br />
réglage de l’immersion après remplissage du fond de cale par de<br />
l’eau qui contenait également des gueuses en fonte.<br />
Il était prévu une grande cheminée débouchant en surface, qui<br />
servait à la fois d’accès et de prise d’air pour l’équipage. Le<br />
brevet de ce <strong>sous</strong>-marin ne fut concrétisé, paraît-il, qu’au format<br />
d’une maquette en 1856.<br />
***<br />
Page 99
Page 100<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Un hollandais de Batavia, Paulus SHELTEMA BE-<br />
DUIN, proposa en 1859 au gouvernement français de<br />
construire un <strong>sous</strong>-marin propulsé par une roue à aubes<br />
spéciale de sa conception qui devait résoudre le problème<br />
de la contre poussée.<br />
Les aubes devaient glisser dans leur rainure en rentrant<br />
dans l’axe par la force de gravitée due à leur poids. Ainsi<br />
la poussée devait se faire que dans un seul sens, en<br />
bas à la verticale.<br />
Un autre modèle devait faire usage d’une roue à aubes<br />
en forme de cuillère, comme c’est le cas aujourd’hui<br />
des hélices d’anémomètres. La forme arrondie offrant moins de prise dans un sens que la forme<br />
creuse. Cette deuxième solution est évidemment plus crédible car la pression due au mouvement ne<br />
pouvait que contrarier l’effet de coulisse. On ignore les autres spécifications du bâtiment, notre dessin<br />
est purement subjectif. Le fait est, que la marine fit fin de non recevoir.<br />
***<br />
En 1857, un certain Monsieur HUBAULT d’Amiens, proposa un projet de bateau <strong>sous</strong>-marin au<br />
ministre de la marine française dont le concept utilitaire nous rappelle ceux de Sauvage et de Castera.<br />
De forme cylindrique, ce bateau-plongeur devait rester immergé tout en conservant un contact avec la<br />
surface grâce à un flotteur. Le renouvellement<br />
de l’air devait se faire par un jeu de soufflets<br />
l’un aspirant, l’autre soufflant vers l’extérieur.<br />
Une hélice manœuvrée à la main permettait<br />
quelques évolutions.<br />
Sur les parois de la machine des petites fenêtres<br />
en saillie type « bow-window » semblables à<br />
celles utilisées par Monturiol, pouvaient contenir<br />
la tête d’un homme qui passait ses bras dans<br />
des manches souples, système déjà vu maintes<br />
fois, pour pouvoir travailler sans doute le long<br />
des coques de navires, car le brevet n’indique<br />
pas si l’on pouvait varier la profondeur par extension des canalisations d’air. On ne découvre pas non<br />
plus dans le dessin original la présence de ballast. Par contre un énorme projecteur à l’avant, fonctionnant<br />
comme une lampe à huile devait éclairer on ne sait quoi ?<br />
Cette petite embarcation semble finalement aussi curieuse qu’inefficace.<br />
***<br />
Dans l’esprit du mortier flottant de Nasmyth, un armateur belge, T. Van ELVEN imagina en 1859 un<br />
bélier monitor <strong>sous</strong>-marin, cuirassé sur sa partie supérieure, propulsé à la vapeur par une chaudière<br />
dont la cheminée dépassait la surface de l’eau de même qu’un tube de grand diamètre contenant deux<br />
miroirs à 45° qui renvoyaient l’image à l’intérieur du bâtiment vers le poste de pilotage, une nouvelle<br />
application du périscope avec un gros diamètre. De plus un système de pignons devait permettre la<br />
rotation des miroirs. L’armement prévu était une tarière elle aussi mue par la vapeur. L’’équipage<br />
composé de 20 hommes, pouvait rabattre la cheminée de la chaudière par un système de chaînes à<br />
crémaillère au moment de l’approche au contact de l’ennemi.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le 14 mai 1859, sur la Seine, à Paris, entre le barrage de la monnaie et le pont St Michel, fut essayée<br />
une petite embarcation <strong>sous</strong>-marine, œuvre de Monsieur Jean François CONSEIL que ce dernier fit<br />
soumettre à une commission d’étude de la marine.<br />
Monsieur Conseil était fasciné par la mer et il ne<br />
manquait pas de s’illustrer par des actes de bravoure<br />
en prenant part à plusieurs sauvetages. On en<br />
compte sept à son actif. S’il lui arrivait de ramener<br />
pêcheurs ou baigneurs sains et saufs sur le rivage,<br />
il était trop souvent démuni et voyait, impuissant<br />
plusieurs personnes périr <strong>sous</strong> ses yeux. C’est ainsi<br />
qu’il se révéla être un inventeur à la pointe du progrès,<br />
en réalisant ses premiers plans de <strong>sous</strong>-marin,<br />
persuadé de l’intérêt de cet engin en matière de<br />
sauvetage là où un bateau classique se heurterait à la mer en furie et ne serait d’aucune utilité.<br />
L’appareil mesurait 9 mètres de long, 1m 66 de large et avait une hauteur de 2 mètres. Il possédait<br />
une hélice mue à bras d’homme et comportait les traditionnels réservoirs d’eau avec leur pompe à<br />
l’avant et à l’arrière.<br />
A l’instar du <strong>sous</strong>-marin de C. <strong>Des</strong>champs que nous avons déjà cité, la particularité de celui-ci résidait<br />
à la présence d’une chambre étanche placée dans la partie centrale qui se fermait par le dessus avec un<br />
panneau à coulisse équipé d’un costume de scaphandrier démarrant à la taille et qui faisait corps avec<br />
lui. Un homme pouvait s’introduire par l’intérieur et agir ainsi équipé sur l’environnement aquatique.<br />
Un jeu de soupapes placées sur la coque permettait l’aération du bateau. Chacune d’elles était équipée<br />
d’un tube coude avec en son extrémité une enveloppe grillagée contenant une boule de bois servant à<br />
obturer l’extrémité du tuyau et éviter l’eau d’entrer. Quatre gouvernes horizontales, placées à l’avant<br />
et à l’arrière, devaient permettre d’évoluer<br />
verticalement en immersion.<br />
Cette embarcation, prévue<br />
pour six hommes d’équipage,<br />
réussit à atteindre une vitesse<br />
de 2 nœuds. L’expérience dura<br />
35 minutes, mais comme l’inventeur<br />
était souffrant on ne put procéder aux essais en immersion.<br />
Le lundi 16 mai le bateau eut beaucoup de difficultés à plonger et l’expérience ne fut pas concluante.<br />
Monsieur Conseil avait d’ailleurs subi un échec en 1857 devant une commission d’études présidée<br />
par l’amiral <strong>Des</strong>fosses, sur un projet analogue et plus petit.<br />
Dans un troisième projet l’inventeur avait encore augmenté les dimensions de son bateau, lui donnant<br />
12 mètres et avait adopté, comme moteur, une turbine à eau injectée depuis la surface, chose plutôt<br />
bizarre et sûrement peu efficace. Par la suite il employa son bateau comme bateau de sauvetage. Muni<br />
d’un moteur à vapeur, sa faculté d’immersion lui permettait d’affronter sans danger les grosses mers.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
***<br />
La même année Monsieur MASSON n’eut guère plus de succès avec un <strong>sous</strong>-marin propulsé par<br />
réaction chimique.<br />
De forme cylindrique, long de 8m 50 pour un diamètre de 2m 50, il se terminait par un cône à l’avant<br />
Page 101
Page 102<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
et une demi sphère à l’arrière. Un poids de sonde devait lui permettre de se maintenir immobile entre<br />
deux eaux. <strong>Des</strong> caisses métalliques servaient de ballast, une hélice et un gouvernail occupaient la<br />
poupe. Sous le bateau, un sas éclusé devait permettre à un plongeur de sortir en toute discrétion.<br />
Notre homme avait pensé se servir de la poussée de gaz provoqué<br />
par une réaction chimique de bicarbonate de soude et d’acide sulfurique<br />
dans une chambre close pour animer l’hélice et le cas échéant<br />
purger les réservoirs de lest. Pour permettre<br />
de communiquer avec la surface,<br />
un fil télégraphique pénétrait dans l’habitacle<br />
et desservait un communicateur.<br />
A l’autre bout, une installation identique<br />
pouvait être placée sur un bateau ou sur<br />
la berge d’un canal ou d’un fleuve. Un<br />
tambour équipé d’une fourchette permettait de dérouler le câble sans que celui-ci se prenne dans les<br />
pales de l’hélice.<br />
C’est, à notre connaissance, la première fois qu’une installation de ce genre était réellement étudiée<br />
pour un <strong>sous</strong>-marin.<br />
***<br />
En 1860, on décide la construction d’un <strong>sous</strong>-marin imaginé par l’amiral Bourgois, et réalisé à<br />
Rochefort sur les plans de l’ingénieur du génie maritime Charles Brun.<br />
Ce fut le premier <strong>sous</strong>-marin de conception française construit par la marine. Ce fut également le<br />
plus grand réalisé jusqu’à présent. Construit en tôles de fer, « le plongeur » avait la forme d’un cigare<br />
aplati dans le sens vertical de 41 mètres de longueur sans son armement, une torpille montée à l’extrémité<br />
d’une hampe qui amenait la longueur totale à 46 mètres. La largeur du bâtiment devait être<br />
de 6 mètres et sa hauteur totale au sommet de la tourelle observatoire 4m 20. Pour un déplacement<br />
total de 350 tonnes, le bâtiment était divisé en plusieurs compartiments et devait être propulsé par un<br />
moteur à air comprimé activant une hélice unique.<br />
23 réservoirs en acier d’une capacité totale de 117 mètres cubes d’air à la pression de 12 atmosphères<br />
devaient assurer une autonomie de plusieurs heures à une vitesse respectable. L’air détendu était rejeté<br />
dans le bord, puis déchargé à l’extérieur pour éviter les surpressions. La vidange des ballasts se<br />
faisait elle aussi à l’air comprimé.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Un piston hydrostatique devait réguler l’immersion et 34 tonnes de lest détachables devaient pouvoir<br />
remonter le bâtiment en surface en cas de danger imminent.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
Page 103
Page 104<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Sur l’avant, vers le milieu de la longueur, était encastrée une embarcation de sauvetage à fond plat<br />
qui venait se superposer dans la coque et s’y fixer avec des boulons. Ce canot, couvert par des capots,<br />
avait 8 mètres de longueur et était insubmersible grâce à deux poches d’air. L’équipage de 12 hommes<br />
pouvait s’y réfugier en y pénétrant par deux trous d’hommes donnant directement accès à l’intérieur<br />
du <strong>sous</strong>-marin. Armé <strong>sous</strong> le commandement du lieutenant de vaisseau Doré, le bâtiment commence<br />
ses essais dès le 8 juin 1863.<br />
Le Plongeur étant amarré, la machine est mise en route pendant 43 minutes.<br />
«Le fonctionnement de la machine a été complètement satisfaisant et l’abaissement de la température,<br />
à l’émission de l’air, n’a eu aucune conséquence appréciable. Un mètre cube d’air comprimé à<br />
12 atmosphères a produit 112.548 Kilogrammes mètres, ce qui dépasse d’un dixième les prévisions<br />
de Mr. Bourgois.»<br />
Les premiers essais de navigation en surface ont lieu le 10 juin sur la Charente en un aller et retour,<br />
parcourant 7 milles à la vitesse de 3,91 nœuds de moyenne.<br />
Les expériences de navigation en surface ayant donné satisfaction en plusieurs sorties, on prépare les<br />
essais de plongée. Ceux-ci qui consistent en la « pesée » du <strong>sous</strong>-marin, se déroulent dans le bassin<br />
de Rochefort. Les résultats amènent quelques améliorations : installation d’un régulateur de plongée<br />
à double cylindres manœuvrés à main, ainsi que la modification du système de largage du lest et de<br />
certaines prises d’eau. Les essais de plongée en mer libre sont alors décidés pour le début de l’année<br />
1864. Un aviso, la Vigie, est affecté aux essais, ainsi qu’une allège, le Cachalot, destiné à porter un<br />
compresseur d’air et le matériel nécessaire, ainsi que le logement du personnel.<br />
Maquette du plongeur<br />
Le 11 février, « la Vigie » remorquant<br />
le « Plongeur » et<br />
le « Cachalot » appareillent<br />
de Rochefort pour le Port<br />
des Barques, à l’embouchure de la Charente, puis La Rochelle, où l’on procède à quelques essais<br />
préalables au bassin. C’est le 18 février que le « Plongeur » s’immerge pour la première fois, en eau<br />
libre, entre l’Ile de Ré et le continent, zone de petits fonds. Le 23 et le 24, ce sont des essais de vitesse,<br />
en immersion, par fond de 7 mètres, à 2 nœuds. Les résultats de ces expériences montrent que<br />
le bâtiment gouverne bien, que l’étanchéité est parfaite et qu’il supporte facilement la profondeur de<br />
9, 20 m. La machine fonctionne aussi bien que l’on pouvait le désirer et la vitesse, sur trois bases, fut<br />
de 4,09, 3,08 et 2,04 nœuds, correction faite des courants. Les rayons d’action calculés furent respectivement<br />
de 5, 5,7 et 7,5 nautiques.<br />
C’est au cours de la dernière plongée, ce 24 février, qu’une voie d’eau oblige à larguer le lest, par mesure<br />
de sécurité. La manœuvre s’exécute très bien, mais cela oblige à repasser au bassin à Rochefort.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
(À gauche) L’Amiral BOURGOIS entouré de l’état major de la frégate « Bellone » en 1870.<br />
(À droite) On ne connaît pas l’existence de photos du plongeur en tant que <strong>sous</strong>-marin<br />
et quelques-unes seulement le montrant à Rochefort, utilisé comme citerne à vapeur en 1872.<br />
Durant l’année 1866 on procède à certaines études afin de corriger les inconvénients constatés pendant<br />
les essais : en particulier la médiocre tenue d’immersion, due surtout, à l’allègement continu<br />
résultant de la consommation de l’air comprimé, mal compensé par le régulateur ; et aussi l’inertie<br />
d’un bâtiment aussi important. Il naviguait par bons successifs et touchait souvent le fond avant que<br />
l’on puisse le redresser.<br />
L’ingénieur Lobelin de Dionne, qui avait succédé, en 1865, à Charles Brun, fait installer une hélice à<br />
axe vertical, manœuvrée manuellement en vue de pallier ces inconvénients. On propose aussi de faire<br />
installer des gouvernails horizontaux, à l’avant, mais cela ne fût pas réalisé.<br />
D’autres inconvénients, moins importants, sont dus aux changements de pression résultant de la détente<br />
de l’air comprimé, qui provoque une brume épaisse à l’intérieur du bâtiment, en même temps<br />
que des impressions désagréables pour les oreilles des hommes d’équipage.<br />
Pour Dupuy de Lôme, alors Directeur des Constructions Navales « le <strong>sous</strong>-marin serait illusoire<br />
aussi longtemps que l’on ne disposerait pas d’un moteur dont le poids ne varierait pas pendant son<br />
fonctionnement ».<br />
Ainsi, l’étude du Plongeur, qui n’était toujours qu’un navire expérimental, ne fut pas poussée plus<br />
loin.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
Maquette du plongeur<br />
(musée de la<br />
marine de Paris)<br />
Page 105
Page 106<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Bien des incertitudes dans le problème de la navigation <strong>sous</strong>-marine furent élucidées par les expériences<br />
et les essais du Plongeur. Il eut été intéressant de les continuer, surtout en ce qui concerne<br />
les problèmes de l’immersion. On doit regretter que l’on ait si rapidement décidé d’abandonner les<br />
essais qui auraient certainement permis de progresser beaucoup plus loin qu’on ne le fît alors, dans la<br />
connaissance de la navigation <strong>sous</strong>-marine.»<br />
Mais, quand vingt ans plus tard, Dupuy de Lôme, Gustave Zédé et Romazzoti étudièrent le projet<br />
du Gymnote, les dossiers du Plongeur leur furent précieux. Ainsi, l’intérêt de séparer les caisses de<br />
réglage des ballasts ; la définition de leurs volumes respectifs par rapport au volume de la coque ; la<br />
nécessité de disposer de gouvernails horizontaux à l’avant ; l’organisation des collecteurs d’eau et<br />
d’air ; les installations de sécurité. Autant de problèmes qui avaient été, en partie, résolus.<br />
C’est le 20 juin 1867, que le Plongeur est désarmé. C’est aussi l’année où l’ingénieur anglais Whitehead<br />
inventait la torpille automobile, dont le moteur à air comprimé était dérivé de celui du Plongeur.<br />
Un espagnol, peu connu des historiens, Cosme GARCIA SAEZ, fit des expériences<br />
en 1857 à Barcelone sur un petit <strong>sous</strong>-marin. Sans doute les travaux de<br />
Narcisso Monturiol l’avaient inspiré.<br />
Né en 1818 à Logroño, Cosme Garcia a été dans sa jeunesse apprenti horloger<br />
et constructeur de guitares. Il fit partie du Conseil national de la milice jusqu’à<br />
1843, puis vécu à Madrid et travailla à l’Imprimerie Nationale.<br />
***<br />
En 1856, en collaboration avec deux partenaires financiers, il enregistra trois<br />
inventions au Conservatoire des Arts et Métiers, dont un fusil de chasse appelé<br />
«Flash», qui fut par la suite rejeté par l’armée en raison de sa dangerosité.<br />
En 1857, il se rend à Barcelone et fait sa première rencontre avec la mer. Deux<br />
ans plus tard il fait breveter « son chef-d’œuvre »: un <strong>sous</strong>-marin au design moderne, de petite dimension,<br />
devant être construit en tôles de fer.<br />
Mesurant 7 mètres de long pour un peu plus de 2 mètres de haut, il était propulsé par une hélice activée<br />
manuellement et disposait d’un poids captif que l’on pouvait descendre sur le fond avec un treuil.<br />
Il suffisait de remplir un réservoir d’eau pour réduire la flottabilité et choisir son mode de fonctionnement<br />
: immobile ou animé.<br />
Un prototype dut subir plusieurs modifications notamment sur l’utilisation des gouvernes suite à des<br />
essais peu concluants dans le port de Barcelone en 1860.<br />
Plans originaux du <strong>sous</strong>-marin de Cosme GARCIA (1859)<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Il fut ensuite présenté au port d’Alicante devant les autorités espagnoles et c’est en compagnie de son<br />
fils qu’il réussit une plongée pendant plus de 45 minutes.<br />
Malgré les efforts de son inventeur, le ministère public rejeta l’achat et le financement d’autres modèles<br />
plus élaborés.<br />
En 1861, il tenta de<br />
convaincre le gouvernement<br />
français, mais<br />
aussi en vain. Ainsi,<br />
le submersible fut finalement<br />
oublié dans<br />
le fond du port d’Alicante.<br />
Son constructeur<br />
est mort en 1874 dans<br />
la pauvreté.<br />
Plan original présenté au gouvernement<br />
français, sans succès<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION<br />
***<br />
En 1860 le français Aristide ROGER décrivit dans un de ses romans une machine <strong>sous</strong>-marine appelée<br />
« Eclair », très bien étudiée et dont la construction, si elle avait été ordonnée, aurait sans doute<br />
apporté de bons résultats.<br />
Entièrement construit en cuivre, ce <strong>sous</strong>-marin en forme d’œuf avec une coque épaisse de 2 cm devait<br />
mesurer 20 mètres de long, un peu aplati au des<strong>sous</strong> et sur les côtés pour pouvoir se poser sur le fond.<br />
Un équipage de trois hommes devait suffire à le faire fonctionner car il était prévu un moteur électrique<br />
alimenté par des batteries. <strong>Des</strong> portes fenêtres en verre de grande épaisseur devaient assurer la<br />
vision et l’accès à l’intérieur. <strong>Des</strong> palettes sur les côtés assuraient la stabilité pendant la marche. Une<br />
trappe devait permettre aux scaphandriers de sortir par le fond de cale.<br />
Mise à part la propulsion électrique, l’innovation la plus intéressante sur ce projet était une pointe<br />
de 3 mètres en fer, appelée « prou intelligente », qui, dés qu’elle rencontrait un obstacle, renversait<br />
automatiquement le sens de la marche du moteur.<br />
***<br />
Beaucoup plus concret, en 1861, un autre français, Olivier RIOU, présenta deux projets de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
à la marine. L’un de 12m50 de long sur 3m50 de diamètre mû par la vapeur, l’autre sensiblement<br />
identique mais beaucoup plus petit, mû électriquement.<br />
Le projet équipé d’une chaudière à vapeur devait utiliser comme combustible de l’éther brûlant en<br />
vase clos et pouvait fonctionner en plongée l’évacuation des gaz et du surplus de vapeur se faisant par<br />
un système de soupapes anti retour empêchant l’eau de rentrer.<br />
Page 107
Page 108<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Projet de <strong>sous</strong>-marin à vapeur d’Olivier RIOU (les deux <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> ne sont pas à la même échelle)<br />
Une nouveauté, la double coque, devait permettre l’indépendance des mouvements entre les deux<br />
parois grâce à des galets et ainsi conserver l’équilibre vertical de la coque intérieure.<br />
La plongée devait s’obtenir par introduction d’eau dans des réservoirs avant et arrière, situés entre les<br />
parois, le réservoir avant plus volumineux offrant la possibilité de faire piquer du nez le bateau. Une<br />
hélice devait assurer la propulsion, tandis que sur l’avant une tarière devait servir d’armement pour<br />
fixer des explosifs fixés sur les flancs extérieurs.<br />
Projet de <strong>sous</strong>-marin électrique d’Olivier RIOU (les deux plans ne sont pas à la même échelle)<br />
L’originalité de ce projet était le système des doubles coques repris par la suite sur la plupart des <strong>sous</strong><strong>marins</strong><br />
mais d’une manière plus rationnelle en les rendant solidaires. Quant à la propulsion, l’emploi<br />
de l’éther était aussi dangereux que coûteux.<br />
Chapitre 7 - PERIODE DE LA GUERRE DE CRIMÉE LA GUERRE DE SÉCESSION
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SECESSION 1861-1865<br />
Les États-Unis sont nés deux fois. La première fois par décision libre des treize colonies unies<br />
contre l’Angleterre (Souvenez-vous l’époque de David BUSHNELL), la seconde fois au prix<br />
d’une terrible guerre civile qui faillit bien anéantir l’idée même de l’Union.<br />
Ce furent quatre années de batailles sauvages, avec 2.800.000 combattants, qui firent quelque 628.000<br />
morts et des centaines de milliers de blessés, sur une population de 35 millions d’habitants. La question<br />
de l’esclavage mine le pays depuis sa fondation. Les Pères fondateurs n’ont pas voulu trancher. Trop<br />
d’intérêts sont en jeu.<br />
On a dit de la Guerre de Sécession qu’elle fut la seconde révolution américaine tant cette guerre civile<br />
eu un effet profond et prolongé sur l’Histoire des États-Unis.<br />
Au départ, s’opposent: les États-Unis d’Amérique - l’Union - au Nord et onze États sécessionnistes<br />
organisés en États Confédérés d’Amérique - la Confédération - au Sud.<br />
Tous les combats eurent lieu sur les États du sud, marqués par de grandes charges héroïques de cavalerie<br />
ou d’infanterie, laissant ensuite ces terres détruites, dévastées, dans un état de misère indescriptible et<br />
cela pour des années.<br />
De nouveaux moyens de combat (cuirassé, <strong>sous</strong>-marin, fusil à répétition, télégraphe, voies ferrées) furent<br />
utilisés.<br />
L’on ne s’étonnera donc pas que les projets de guerre <strong>sous</strong>-marine fussent de la partie.<br />
En cette fin du vingtième siècle et début du vingt et unième, les archives américaines et les expéditions<br />
scientifiques pour la recherche d’épaves nous ont beaucoup appris de cette période.<br />
Il semblerait qu’une multitude de projets de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> virent le jour outre atlantique, mais peu furent<br />
menés à terme. Un nom va pourtant revenir, celui d’Horace Lawson HUNLEY.<br />
Durant la guerre de Sécession, l’Union est la première à utiliser un <strong>sous</strong>-marin sur le champ de bataille.<br />
Dès le début, des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> jouent un rôle différent sur les deux côtés.<br />
Parce que la Confédération a été confrontée à une grande flotte ennemie prenant l’initiative d’organiser<br />
des blocus, leurs navires étaient destinés à l’offensive contre ces navires. C’est pour cette raison que la<br />
plupart des projets qui se sont concrétisés, l’étaient dans le camp des sudistes.<br />
La perception du <strong>sous</strong>-marin comme solution pour reprendre l’avantage d’une guerre maritime fait<br />
l’objet d’une lettre publiée le 10 juin 1861 par le révérend Franklin SMITH, un chimiste respecté et<br />
inventeur travaillant dans un grand laboratoire. Sa lettre a été reproduite dans les journaux de la confédération<br />
où il invite tous les citoyens du Sud à s’entraider à la construction de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> pour défendre<br />
leurs rives.<br />
Il aurait lui-même mis en chantier un petit submersible devant être opérationnel pour l’automne 1861,<br />
mais celui-ci fut saboté et coulé à quai par un sympathisant de l’Union.<br />
Il semblerait que le premier véritable <strong>sous</strong>-marin construit pour la guerre de sécession, fut un bateau<br />
corsaire confédéré dénommé « Pioneer, réalisé à la nouvelle Orléans par John.K.SCOTT, Robert<br />
F. BARROW, Baxter WATSON et James R. McCLINTOCK.<br />
Le gouvernement sudiste l’avait commandé pour pouvoir naviguer aussi bien en rivière qu’en mer et<br />
être transportable en chemin de fer, des anneaux d’accrochage ayant été fixés sur son pont à cet effet.<br />
Il était notamment prévu pour combattre les canonnières nordistes patrouillant sur le lac Pontchartrain.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
Page 109
Page 110<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Il fut mis en chantier en 1861 à l’arsenal gouvernemental de New Bassin et les matières premières<br />
furent fournies par les fonderies Leeds.<br />
Sa coque en fer de ¼ de pouce d’épaisseur, entièrement de section ovale allait être largement imitée<br />
par la suite.<br />
Avec un déplacement de 4 tonnes, il mesurait 10m 30 de long, 1m 20 de large pour une hauteur de 2<br />
m 10. Sur les trois hommes d’équipage, deux devaient actionner les manivelles d’une unique hélice,<br />
le troisième étant chargé de la barre et de<br />
l’armement qui consistait en une mine<br />
qui devait être accrochée au bout d’une<br />
perche.<br />
LLE LE PIONEER<br />
Le « Pioneer » a fait plusieurs descentes dans le lac Pontchartrain, un grand lac d’eau saumâtre du<br />
sud-est de la Louisiane. Il réussit, paraît-il, à détruire une petite goélette et plusieurs radeaux lors des<br />
essais.<br />
En mars 1862, ses concepteurs reçurent une lettre de marque qui les autorisait à couler les navires de<br />
guerre de l’union et offrait à l’équipage la possibilité de se partager les prises à concurrence de 20%<br />
du montant de la valeur réelle de la victime.<br />
Mais le <strong>sous</strong>-marin ne reçut jamais le baptême du feu. En avril 1862, la Nouvelle Orléans tomba aux<br />
mains des nordistes et le <strong>sous</strong>-marin fut sabordé dans un marais pour éviter que l’ennemi le récupère.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1952 il finira ses jours au « Louisiana State Museum ».<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
Il fut renfloué seize ans plus tard, découvert au cours<br />
d’un dragage dans l’embouchure du bayou St. John et<br />
abandonné au bord du lac.<br />
En 1895 il est exposé à proximité d’un ancien fort<br />
espagnol.<br />
Quelques années plus tard il sera exposé au rez-de<br />
-chaussée du « Fontana building ».<br />
Mais c’est surtout un Français qui va faire parler de lui en cette année 1861, Monsieur Brutus DE<br />
VILLEROI de Noirmoutier, qui était venu chercher fortune dans le nouveau monde après ses expériences<br />
en France que nous avons déjà citées.<br />
Il prit contact avec les autorités sudistes qui accueillirent favorablement son projet de construction<br />
d’un <strong>sous</strong>-marin de combat qui reçut plus tard le nom d‘« Alligator ».<br />
Sa construction fut mise en route dans le plus grand secret.<br />
Le 1er novembre 1861 Villeroi passe un contrat avec le chantier naval de Neafle & Levy à Philadelphie<br />
pour un coût total d’environ 14000 $.<br />
Entièrement réalisé en fer,<br />
l’Alligator mesurait 47 pieds<br />
(14,30 m) de long et 4 pieds<br />
(1,30 m) de diamètre. Il était de forme cylindrique, pointu sur l’avant et de forme arrondie sur son<br />
arrière. La propulsion était assurée par 8 paires de manivelles animant en demi rotation d’une pagaie<br />
pliante dite patte d’oie, s’ouvrant pour pousser vers l‘avant et se repliant lors du retour de manœuvre.<br />
Page 111
Page 112<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Si l’on voulait faire marche arrière, il fallait procéder de même mais en orientant les pagaies vers<br />
le haut. Seize hommes devaient ainsi faire avancer la machine dans une parfaite synchronisation de<br />
mouvement, chose loin d’être évidente.<br />
La direction devait assurée par un gouvernail traditionnel placé à l’arrière.<br />
A l’avant se trouvait le compartiment occupé par le commandant qui passait sa tête dans une coupole<br />
(N) pour pouvoir diriger le navire. Un réservoir de régulation permettait de régler l’immersion (F),<br />
assisté au besoin, de deux bouées (C) placées dans des puits qui pouvaient être larguées tout en étant<br />
reliées à un système de treuil. Un chaudron en cuivre contenait du lait de chaux (G) dans lequel on<br />
faisait barboter l’air intérieur aspiré par une pompe afin qu’il se débarrasse de l’acide carbonique.<br />
A l’avant se trouvait un sas pour les plongeurs (K). Deux canons verticaux de 4 cm était placés de<br />
part et d’autre de la coupole et une vis tarière (I) était destinée à percer les flancs du navire ennemi.<br />
Enfin des scies (X) disposées de façon à déborder les préceintes (Z) étaient destinées à déchirer, par<br />
frôlement du <strong>sous</strong>-marin, les œuvres vives des flancs ennemis. Mais l’armement principal consistait<br />
en des mines posées par les plongeurs. Tout ce matériel offensif devait être installé après les essais.<br />
Le 2 Mai 1862 a lieu le lancement dans le port de Philadelphie.<br />
Le 15 Juin, l’U.S.S. « Satellite » remorque le navire de Villeroi vers le sud jusqu’à la rivière James.<br />
Bien que de manière non officielle, le <strong>sous</strong>-marin a maintenant acquis un nom : « l’Alligator », probablement<br />
basé du fait de sa couche de peinture verte.<br />
Le 25 juin 1862 l’Alligator arrive à City Point, en Virginie, et est ancré près de l’USS « Galène ».<br />
Plans originaux de l’alligator de VILLEROI<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
L’objectif de sa première opération est la<br />
destruction des piles d’un pont de chemin<br />
de fer qui passe sur le fleuve Appomattox.<br />
Mais comme le fleuve est insuffisamment<br />
profond, le bâtiment serait visible et ferait<br />
une cible facile. La mission de destruction du pont est donc annulée.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
Une rare photo de l’Alligator pendant ses essais en 1862<br />
Placé <strong>sous</strong> le commandement du lieutenant Thomas O. Selfridge, ce dernier recrute sans trop de difficultés<br />
des bénévoles pour manœuvrer le navire.<br />
Le 6 août Selfridge et son équipage entament leur premier voyage à bord du <strong>sous</strong>-marin. Les résultats<br />
de ces essais sont concluants à l’exception du système d’aviron, un moyen de propulsion beaucoup<br />
trop lent ne permettant pas de dépasser 2 nœuds.<br />
Le <strong>sous</strong>-marin est retourné aux chantiers pour y subir une profonde modification de son appareil propulseur<br />
(ci contre). Les avirons et leurs manivelles sont démontés, les trous remplacés par des hublots<br />
ou des pièces de fer soudées et enfin, une grande hélice<br />
est montée sur l’arrière, actionnée par un arbre<br />
coudé comportant plusieurs poignées de manœuvres,<br />
le même système que nous retrouverons plus tard sur<br />
le « Hunley ».<br />
Le 31 Mars 1863 il reprend la route de Charleston, en Caroline du Sud, remorqué par l’USS « Sumpter<br />
». Aux commandes du capitaine Samuel Eakins, il doit empêcher la marine nordiste de venir<br />
soutenir l’attaque sudiste contre les forces de l’Union à Washington, en Caroline du Nord, en lâchant<br />
des mines <strong>sous</strong> leurs coques. Mais les navires de guerre du Nord, se déplaçant rapidement avant que<br />
le <strong>sous</strong>-marin ne puisse rentrer en action, arrêtent l’attaque de la capitale en y amenant les renforts<br />
nécessaires.<br />
Rentré bredouille, le 2 avril 1863, il sombre au cours d’une tempête pendant son remorquage (sans<br />
équipage à bord), au large du Cap Hatteras près de Philadelphie. Il devait livrer bataille à Charleston.<br />
On ne retrouvera jamais l’épave.<br />
Page 113
Page 114<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Elévation et plan de la dernière version de l’Alligator avec son hélice (1863)<br />
Avant ce triste événement Brutus Villeroi échangea une correspondance<br />
avec le gouvernement français afin d’obtenir des aides.<br />
Durant ces échanges, Villeroi y inclut les plans de l’Alligator.<br />
Ces plans ont été retrouvés et montrent le génie de Brutus Villeroi.<br />
***<br />
Pendant la guerre, les confédérés ont étudié plusieurs <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, à propulsion humaine, qui n’ont<br />
pas eu un impact suffisamment important pour laisser une trace dans les livres d’histoire de la marine<br />
américaine. Il est difficile de s’y retrouver et de faire le bon recoupement des rares informations qui<br />
nous sont parvenues.<br />
Ainsi le 25 juin 1861, l’US Navy reçoit des rapports de la Nouvelle-Orléans sur un <strong>sous</strong>-marin peutêtre<br />
construit par la même équipe qui a conçu plus tard le Css « Manassas ». Cette machine contenant<br />
trois membres d’équipage, mesurait presque 20 pieds de long et 6 de haut. Elle aurait été sabordée<br />
avant même d’avoir fait ses essais, à l’époque de la prise de la ville par l’Amiral Farragut, le 25 avril<br />
1863.<br />
En septembre 1861, un certain William CHENEY signala trois <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> en voie d’achèvement<br />
au « Tredegar Iron Works » à Richmond, en Virginie.<br />
Une démonstration de plongée fut relatée par Mme Baker, une espionne de l’Union, qui rendit compte<br />
de l’existence de ces machines et de leur efficacité à Allan Pinkerton de l’état-major de la marine<br />
nordiste. Le submersible aurait embarqué trois membres d’équipage, dont l’un, qui était un plongeur,<br />
aurait effectué une sortie à travers un sas afin d’accrocher une bombe à retardement sur la coque du<br />
navire cible. L’air était fourni par l’intermédiaire d’un tuyau en caoutchouc maintenu à la surface par<br />
un flotteur.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le 21 octobre 1861 un soldat du 2e bataillon d’infanterie, dénommé Charles P. LEAVITT, écrivait<br />
au secrétaire d’état à la guerre Juda Benjamin lui décrivant la réalisation d’une « batterie <strong>sous</strong>-marine<br />
» mue par un moteur à vapeur équipée d’un « laveur de CO2 » utilisant de la chaux d’eau et armé<br />
d’un canon.<br />
En novembre de la même année, craignant de nouvelles attaques par les « machines infernales confédérées<br />
», le capitaine William Smith de l’Uss « Congrès », élabore le premier filet anti-<strong>sous</strong>-marin à<br />
base de chaînes autour de son navire.<br />
En Décembre 1861, un <strong>sous</strong>-marin aurait été coulé dans la James River alors qu’ils tentaient d’attaquer<br />
les navires unionistes. Les veilleurs avaient repéré le flotteur camouflé relié au tuyau de caoutchouc<br />
servant de prise d’air.<br />
Une lettre envoyée le 5 janvier 1862 au contrôleur des défenses de Mobile signalait que «quelqu’un»<br />
avait coulé à bord d’un <strong>sous</strong>-marin essayé quelques jours plus tôt dans la rivière traversant la ville.<br />
Peut-être le <strong>sous</strong>-marin construit par le Révérend Smith.<br />
Le 23 février un certain Charles Wilkinson se noie dans le port de Savannah lors des essais d’une<br />
embarcation <strong>sous</strong>-marine construite avec l’aide de M. Charlie Carroll.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
***<br />
L’American Diver, Rebel RAM ou Pioneer II comme on l’appelle parfois, fut construit dans la baie<br />
de Mobile et servit en fait de prototype au célèbre « Hunley » dont nous parlerons plus loin.<br />
Prévu pour 5 membres d’équipage ce <strong>sous</strong>-marin construit en fer, offrait une partie cylindrique en son<br />
milieu, se terminant en pointe aux extrémités. Sa propulsion était assurée par une hélice manœuvrée<br />
manuellement.<br />
Une description de ce <strong>sous</strong>-marin fut publiée en France dans une gazette documentaire et l’on pense<br />
que Jules Verne se serait inspiré des éléments rapportés<br />
pour imaginer son Nautilus de « 20.000 lieues <strong>sous</strong> les<br />
mers ».<br />
Son armement était une mine qui, une fois libérée de sa<br />
fixation sur le pont, était traînée derrière le <strong>sous</strong>-marin<br />
par un câble suffisamment long, jusqu’au contact de la<br />
quille de la cible pour exploser à l’impact.<br />
Maquette du Pioneer II<br />
Le principal problème, avec ce système d’attaque, étant que le câble pouvait s’accrocher à l’hélice ou<br />
qu’un courant contraire ramène la bombe du côté du <strong>sous</strong>-marin.<br />
Mis à l’eau en février 1863 dans la baie de Mobile, il dut faire face à de nombreux problèmes techniques<br />
et ne fut pas en mesure de lutter contre la marée montante.<br />
Il fut capturé par l’armée de l’Union et exposé à Washington jusqu’à ce qu’il soit vendu à la ferraille<br />
en 1867.<br />
Page 115
Page 116<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Plans originaux du Pioneer II (1862)<br />
***<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En même temps que Monsieur Villeroi construisait son navire, un autre américain mettait en chantier<br />
à Mobile un imposant <strong>sous</strong>-marin. Il se nommait M.ALSTITT.<br />
Ce navire de 21 mètres de long, en bois et en tôles, devait être propulsé par une machine à vapeur<br />
pour la navigation en surface et deux machines électriques pour la marche <strong>sous</strong>- l’eau. Notons au<br />
passage, ce mode de double propulsion sera appliqué à presque tous les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> jusqu’à l’ère de<br />
la propulsion nucléaire.<br />
Les trois machines se trouvaient à l’arrière du bâtiment. La chambre de l’équipage se trouvait au milieu<br />
et sur l’avant l’on trouvait de nombreux tubes remplis d’air <strong>sous</strong> pression pour la respiration. En<br />
des<strong>sous</strong> du pont central se trouvait la soute à charbon et les réservoirs d’eau permettant de plonger.<br />
A l’arrière l’on trouvait le traditionnel gouvernail et une grande hélice.<br />
Pour combattre, Alstitt avait prévu de larguer des caisses de poudre ayant une certaine flottabilité,<br />
conservées à l’extérieur et attachées à des chaînes.<br />
Une série de disfonctionnements lors de la construction obligèrent l’inventeur à abandonner sa<br />
construction.<br />
Les 2 représentations connues du <strong>sous</strong>-marin d’Alstitt<br />
Les sudistes construisirent également de nombreux torpilleurs semi submersibles appelés « David »,<br />
pour faire référence au récit biblique de la lutte de David contre Goliath, Goliath étant l’allusion faite<br />
aux cuirassés nordistes.<br />
Les premiers « David » avaient une longueur d’environ 15 mètres naviguaient à fleur de l’eau à 4<br />
nœuds grâce à une chaudière vapeur et reçurent la difficile mission de dégager les ports bloqués en<br />
faisant exploser contre les carènes une torpille.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
Torpilleur semi submersible de type « David »<br />
Page 117
Page 118<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Les premières torpilles utilisées par ces navires furent dites « à hampe ». L’arme était constituée<br />
d’une charge d’explosifs montée au bout d’une perche d’environ une quinzaine de mètres sur l’avant<br />
du torpilleur. Lorsque que celui-ci arrivait à bonne distance du cuirassé ennemi, la charge frappait<br />
l’objectif en des<strong>sous</strong> de la ligne de flottaison. L’explosion <strong>sous</strong>-marine provoquait alors une telle voie<br />
d’eau que le plus gros bâtiment sombrait rapidement.<br />
On imagine facilement que ces torpilleurs étaient<br />
aussi dangereux pour leurs occupants que pour<br />
leur cible<br />
Une très rare photo d’époque montrant un « David » à flot, cheminée<br />
repliée et un autre échoué prés de Charleston<br />
Le 5 octobre 1863, le « New Ironside » vaisseau cuirassé nordiste, qui faisait le blocus de Charleston,<br />
fut ainsi attaqué. Le veilleur aperçut un objet inconnu qui rampait au raz de l’eau. Il alerta l’officier<br />
de quart qui donna l’ordre d’ouvrir le feu. Mais il était trop tard. Une énorme explosion ébranla le bâtiment.<br />
Le commandant Glassel à bord du « David », avait actionné la mise à feu trop tôt, à quelques<br />
mètres de la coque. Ebranlé par l’explosion le « David » coula mais son équipage put s’échapper et<br />
fut récupéré par un navire marchand.<br />
Quelque temps après, un autre « David » causa des dommages considérables à la frégate « Minésota »<br />
Pour briser le blocus de Charleston, le capitaine sudiste Horace HUNLEY avait de son côté financé<br />
et construit un véritable <strong>sous</strong>-marin, fruit des expériences du malheureux « Pioneer II » dont il avait<br />
participé à l’élaboration.<br />
Réalisé par deux ingénieurs navals, McClintock et Watson, le « Hunley » était une adaptation des<br />
torpilleurs du type « David », pouvant entièrement se déplacer <strong>sous</strong> l’eau et mener une attaque en<br />
toute invisibilité depuis la surface.<br />
Le <strong>sous</strong>-marin se présentait <strong>sous</strong> la forme d’un cylindre aplati sur les côtés, se terminant à l’avant par<br />
une proue verticale très fine<br />
Il était fait d’une section de chaudière, fendue de bout en bout longitudinalement, de 15m90 de longueur.<br />
Un couvre joint large de 30cm réunissait les deux moitiés.<br />
A l‘intérieur, le « Hunley » avait 1m 20 de large pour une hauteur de 1m 50. Une cloison le fermait<br />
à chaque extrémité, prolongée par un cône légèrement déjeté, en tôle. Les compartiments ainsi mé-<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
nagés contenaient les ballasts qui se remplissaient directement par des prises d’eau et se vidaient au<br />
moyen de pompes à main, par des tuyaux courant à l’extérieur de la coque. <strong>Des</strong> gueuses en fonte<br />
constituaient un lest additionnel. Une partie d’entre elles pouvait être larguée pour permettre au bâtiment<br />
de remonter rapidement à la surface en cas de problèmes.<br />
A l’avant et à l’arrière il existait deux petites tourelles, de 40cm de haut, servant de panneau d’accès<br />
à l’équipage et équipées de 4 hublots pour l’observation et le pilotage.<br />
Une manche articulée pouvait se dresser pour assurer l’aération de l’intérieur de la machine lorsque<br />
celle-ci naviguait juste au-des<strong>sous</strong> du niveau de la surface.<br />
La propulsion se faisait au moyen d’une hélice montée sur un arbre coudé longitudinal équipé de telle<br />
façon que huit hommes puissent unir leur force pour assurer une propulsion de 3 à nœuds sans trop<br />
se fatiguer.<br />
Le commandant cumulait les fonctions de pilote, barreur, navigateur, directeur de la plongée1 et artificier.<br />
Il gouvernait au moyen d’une roue et réglait l’angle de descente ou de montée par des plans<br />
horizontaux installés de part et d’autre de la coque et commandés par un levier.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
Le célèbre dessin de CONRAD<br />
WISE CHAPMAN, représente<br />
le HUNLEY d’une manière<br />
imagée. La taille de l’homme,<br />
debout sur l’arrière, prés du<br />
gouvernail, est légèrement disproportionnée.<br />
La plongée était une manœuvre très délicate : elle consistait à remplir les ballasts de l’avant et de<br />
l’arrière pour amener le bateau entre deux eaux. Pour remonter il fallait activer les pompes à bras ce<br />
qui demandait pas mal d’efforts dont les conséquences saturaient rapidement l’air de gaz carbonique.<br />
C’est pourtant dans cet engin, plutôt primitif, que des hommes allaient marquer une date dans l’histoire<br />
: la première attaque réussie d’un <strong>sous</strong>-marin.<br />
L’armement prévu était, au départ, une mine de 90 livres, remorquée par un câble d’une soixantaine<br />
de mètres, dont la flottabilité devait suffire à frôler la coque de l’ennemi, la mise à feu électrique se<br />
faisant au jugé du commandant, chose pas facile surtout lors d’attaques diurnes.<br />
Le « CSS Hunley » fut lancé dans la baie de Mobile courant de l’été 1863. Mais le mauvais sort<br />
s’acharna sur lui dès le début.<br />
Dés son premier essai, il piqua du nez dans la vase et refusa de sortir. Les sept volontaires qui le montaient<br />
périrent asphyxiés. On le renfloua péniblement et on le remorqua à Charleston où le lieutenant<br />
de vaisseau John Payne en prit le commandement. Il recruta six nouveaux volontaires.<br />
Une nuit qu’il était mouillé à Fort Johnson, devant James Island, se préparant à effectuer une attaque,<br />
la vague de sillage d’un navire à vapeur le submergea et l’eau s’engouffra par le panneau ouvert.<br />
Tout l’équipage fut noyé à l’exception du lieutenant Payne qui, juste à ce moment-là, remontait par<br />
le panneau.<br />
Page 119
Page 120<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Une semaine plus tard, après avoir pu réunir les moyens nécessaires, le <strong>sous</strong>-marin fut renfloué, asséché<br />
puis remis en état de marche.<br />
Six autres braves se présentèrent comme volontaires, poussés par le patriotisme mais aussi par l’appât<br />
des primes promises par de riches sudistes pour la destruction de tout navire fédéral. Mais le bateau<br />
chavira une seconde fois devant Fort Sumter et seul son commandant et deux hommes échappèrent<br />
à la noyade.<br />
Il faut dire que l’étroitesse du « Hunley »<br />
obligeait les hommes à s’y introduire un<br />
par un, enjambant<br />
les poignées manivelles<br />
pour se caler<br />
le dos contre la<br />
coque glacée, assis sur une pièce de bois.<br />
Dans l’urgence l’homme le plus près du<br />
panneau avait déjà du mal à se dégager,<br />
on imagine pour les autres.<br />
Plan - coupe du Hunley<br />
Le « monstre » connut tant d’accidents semblables, avec, chaque fois, des pertes de vies humaines, que<br />
même les rapports officiels de la marine confédérée ne sont pas d’accord sur leur nombre.<br />
En désespoir de cause, Horace Hunley vint en personne, de Mobile à Charleston, dans la conviction<br />
que tous les déboires n’étaient pas imputables au bâtiment lui-même, mais au manque d’entraînement de<br />
l’équipage.<br />
Arrivé à Charleston en 1863, il recruta de nouveaux volontaires<br />
et fit remorquer le bateau dans les eaux calmes de la<br />
rivière Stono.<br />
Pendant plusieurs jours il fit plusieurs essais à diverses immersions<br />
pour vérifier le bon fonctionnement mécanique.<br />
L’équipage, avec lui comme commandant, mit en œuvre<br />
l’hélice. Hunley put également vérifier la manche d’aération<br />
qui donna satisfaction, le comportement du bateau et<br />
notamment l’importance de son sillage lors de la plongée<br />
en poussée.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Au bout d’un quart d’heure après sa disparition <strong>sous</strong> la surface, le 15 octobre 1863, les observateurs<br />
sur les rives s’inquiétèrent. <strong>Des</strong> recherches furent organisées et plusieurs heures après, ils découvrirent<br />
le <strong>sous</strong>-marin enfoncé dans la vase <strong>sous</strong> un angle de 40°. Le capitaine Hunley fut retrouvé à son<br />
poste une bougie dans une main, l’autre tendue comme s’il avait vainement essayé d’atteindre le<br />
panneau. Le débordement du ballast arrière avait noyé une partie de l’équipage, les autres moururent<br />
d’anoxémie.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
Portrait d’Horace HUNLEY et représentation<br />
de ses premières esquisses<br />
Portait de Ch. DIXON - Le Hunley en plongée en version torpille remorquée<br />
De nouveau, le <strong>sous</strong>-marin fut remis<br />
en état. Sans doute y auraiton<br />
renoncé si, dans l‘intervalle,<br />
l’attaque réussie d’un « David »<br />
contre le « Ironsides » n’était venue<br />
ranimer l’espoir de pratiquer<br />
des brèches dans le blocus fédéral.<br />
Les essais reprirent avec un nouvel équipage qui simula une attaque avec une torpille inerte contre «<br />
l’Uss Indian Chief ».<br />
Là encore, la poisse allait avoir raison du <strong>sous</strong>-marin. Celui-ci prit sa remorque de torpille dans<br />
l’ancre du bateau et fut déséquilibré au point de couler par 9 brasses de fond.<br />
Le général Beauregard estima que les sacrifices devenaient tout de même trop considérables et se jura<br />
de ne plus employer l’engin meurtrier.<br />
Il autorisa le renflouement du « cercueil de fer » pour donner une sépulture chrétienne à ses victimes.<br />
Un jeune lieutenant de vaisseau nommé Georges E. Dixon effectua cette funèbre besogne.<br />
Page 121
Page 122<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Mais le « Hunley » n’allait pas finir son existence à rouiller sur un quai. Les nordistes se montraient<br />
de plus en plus vigilants et les torpilleurs semi-submersibles ne pouvaient plus, faute de discrétion,<br />
s’approcher de leurs cibles sans être coulés.<br />
Dixon réussit à faire changer d’avis le général sur la base de ces faits et proposa de modifier le système<br />
d’armement en équipant le bâtiment d’une longue perche sur la proue, à l’identique des « David».<br />
Une fois encore, des hommes se portèrent volontaires malgré la triste réputation du <strong>sous</strong>-marin. L’idée<br />
de descendre à l’intérieur de cette invention infernale faisait frémir les plus courageux, mais Dixon<br />
avait un plan que ses supérieurs finirent par entendre.<br />
Il existait, devant le port de Charleston, une corvette fédérale, si neuve que la peinture n’avait encore<br />
aucune trace des manœuvres. Les renseignements de bouche-à-oreille rapportèrent la conviction que<br />
l’équipage était aussi novice que la corvette nouvelle. Celle-ci portait un nom qui allait devenir célèbre<br />
dans l’histoire de la navigation <strong>sous</strong>-marine : « L’Uss Housatonic ».<br />
De longues nuits d’attente suivirent, plus pénible pour les nerfs, que l’attaque elle-même. L’eau était<br />
trop agitée ou la lune trop pleine. Cependant dans la soirée du 17 février les conditions parurent favorables.<br />
Dixon rassembla ses hommes et le <strong>sous</strong>-marin dans une anse située derrière l’île de Sullivan. La distance<br />
était courte jusqu’au Breach Inlet où il n’y aurait à parcourir que quelques centaines de mètres<br />
jusqu’à « l’Housatonic ».<br />
Le « Hunley » prit la mer une fois sa torpille mise en place. Dixon établit son cap à la boussole pendant<br />
que ses hommes activaient l’arbre de l’hélice. Une partie du trajet se fit au raz de l’eau, panneaux<br />
ouverts pour disposer d’un minimum de confort<br />
respiratoire, la plongée étant prévue à distance<br />
de sécurité estimée à 300 mètres.<br />
Mais à bord du navire fédéral les veilleurs étaient<br />
sur le qui-vive. Le commandant de « l’Housatonic<br />
», C.W. Pickerin avait été alerté par des déserteurs<br />
sudistes de l’imminence d’une attaque.<br />
zone d’attaque contre L’ USS HOUSATONIC<br />
A la première alerte, il fallait remonter l‘ancre et<br />
sonner la cloche. La pression devait être maintenue<br />
dans les chaudières pour faire mouvement à n’importe<br />
quel moment de la nuit.<br />
L’approche se passa relativement bien. Dixon entama sa plongée pendant que ses hommes entendaient<br />
avec une certaine angoisse le vilebrequin grincer à chaque tour : le cauchemar de tous les<br />
<strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> ; le bruit !<br />
Après quelques minutes, le <strong>sous</strong>-marin vint effleurer la surface pour renouveler l’air, droit devant, à<br />
quelques mètres, leur cible menaçante <strong>sous</strong> les reflets de la lune.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Mais c’était sans compter sur l’extrême vigilance des nordistes qui repérèrent le <strong>sous</strong>-marin et ouvrirent<br />
le feu. Les balles ricochèrent sur la carcasse de fer qui replongea pour frapper le flanc du bateau<br />
avec sa torpille.<br />
Après le contact entre la torpille et la coque, le « Hunley »<br />
s’arrêta net.<br />
Puis les hommes, déjà éreintés, inversèrent le mouvement<br />
de la manivelle pour dégager le <strong>sous</strong>-marin alors que Dixon<br />
préparait le<br />
dispositif de mise à feu. A une distance d’une vingtaine de<br />
mètres, l’équipage du « Hunley » fut abasourdi par le bruit de<br />
la détonation qui s’était produite <strong>sous</strong> la poudrière du navire.<br />
La puissante explosion avait arraché la proue du vaisseau,<br />
tuant sur le coup cinq hommes d’équipage. Frappé à mort, inondé, « l’Housatonic » s‘enfonça, prenant<br />
brusquement de la gîte par bâbord.<br />
Pour la première fois de l’histoire, un engin <strong>sous</strong>-marin avait coulé un bateau ennemi en condition de<br />
combat réel.<br />
Mais cette victoire eut un prix : la vie de Dixon et de son équipage.<br />
On a longtemps cru que l’explosion avait aspiré le <strong>sous</strong>-marin dans le trou béant de la coque du navire.<br />
Il fallut attendre le renflouage du <strong>sous</strong>-marin, en août 2000, pour comprendre qu’en réalité, celui-ci se<br />
trouvait à 300 mètres de l’épave de « l’Housatonic » et qu’il avait dû être victime d’une voie d’eau.<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
Aquarelle et maquette montrant les préparations<br />
à quai du HUNLEY<br />
Page 123
Page 124<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
AUTRES PROJETS DE SOUS-MARINS POUR LA GUERRE DE SECESSION<br />
Plus d’une vingtaine de projets de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> du Nord et du Sud virent le jour au cours de la guerre<br />
de Sécession. Beaucoup de ces <strong>bateaux</strong> faisaient état de dispositifs très modernes pour l’époque<br />
comme les sas, les moteurs électriques, les systèmes de purification de l’air, et périscopes.<br />
Toutefois il faut noter l’absence de documents officiels, car de nombreux <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> fonctionnaient<br />
<strong>sous</strong> l’égide de particuliers ou des services secrets, plutôt que de la Marine.<br />
Considérés souvent comme «machines infernales», ce terme est souvent retrouvé dans les rapports de<br />
l’armée nordiste. De ce fait, les dossiers relatifs à des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> ont été détruits intentionnellement<br />
vers la fin de la guerre pour maintenir l’identité secrète des personnes impliquées.<br />
La « Navy & Marine Living History Association » a recensé plusieurs projets reproduits ci- après,<br />
suite à de longues recherches d’archives<br />
le « Pioneer 1 » et une étude d’une version améliorée du « Pioneer 2 », en 1862, pour recevoir un moteur électrique.<br />
1863-1864 : Esquisses provenant d’une mystérieuse entreprise confédérée « Triton<br />
» conçue et destinée à l’étude et la construction de machines <strong>sous</strong>-marines.<br />
Projet d’un <strong>sous</strong>-marin monoplace de 1865 avec tourelle dotée de manchons<br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 8 - LA GUERRE DE SÉCESSION 1861-1865<br />
Projet de <strong>sous</strong>-marin à propulsion manuelle d’Harsthorn 1863.<br />
Projet de <strong>sous</strong>-marin et d’habit plongeur à propulsion par pédalier de A.J. Wilson 1865.<br />
Gravure d’époque montrant le <strong>sous</strong>-marin d’Alstitt<br />
Page 125
Page 126<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 9 - De la guerre de Sécession à Drzewiecki<br />
En 1863 à Newark dans le New Jersey, Scovel Merriam et Cornelius Bushnell (un cousin<br />
éloigné de David), ont formé un partenariat pour construire un <strong>sous</strong>-marin pour l’Union, sur<br />
les plans du général Nathaniel HALSTEAD, mais ils ne purent l’achever avant la fin des hostilités.<br />
Ce denier avait sans succès proposé son invention aux français et avait eu beaucoup de mal à<br />
convaincre ses compatriotes de l’utilité de son invention.<br />
Ce <strong>sous</strong>-marin appelé « Baleine intelligente », mesurait près de 9 mètres de long pour un poids de 46<br />
tonnes. Il était réalisé en tôles de fer boulonnées et soudées.<br />
Treize membres de l’équipage pouvaient y prendre place, mais six seulement étaient nécessaires<br />
pour rendre opérationnel le <strong>sous</strong>-marin, la force motrice étant fournie par une partie de l’équipage,<br />
quatre hommes, activant un arbre coudé relié à une hélice permettant d’atteindre une vitesse d’environ<br />
quatre nœuds.<br />
Il a été estimé que la provision embarquée d’air, comprimé dans des récipients <strong>sous</strong> pression, pouvait<br />
permettre à l’embarcation de rester au fond de la mer pendant environ 10 heures.<br />
Pour s’immerger ce <strong>sous</strong>-marin recourait aux traditionnels ballasts que l’on pouvait vider à l’aide de<br />
pompes à bras et par injection d’air comprimé. Deux boulets de 50 kilos reliés à des treuils devaient<br />
faire usage d’ancrage et de régleur d’immersion.<br />
« The intelligent whale » à Brooklyn<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le général Thomas William Sweeny, un vétéran décoré aux couleurs de la guerre du Mexique et<br />
deux autres hommes, testèrent le bateau en avril 1866. Ils plongèrent <strong>sous</strong> 16 pieds d’eau, et Sweeny,<br />
revêtu d’une combinaison de plongeur, sortit par le trou d’homme situé <strong>sous</strong> le fond du <strong>sous</strong>-marin<br />
pour aller placer une charge d’explosif sur la coque d’un chaland servant de cible. Une fois retourné<br />
à bord, après avoir pris soin de prendre la distance nécessaire, il activa la mise à feu électrique de la<br />
charge qui pulvérisa le chaland en morceaux.<br />
Dans les années qui suivirent le <strong>sous</strong>-marin devint la propriété entière du général Halstead, qui avait<br />
fait l’acquisition des parts de ses associés, pour réaliser des « croisières » avec sa famille dans la rivière<br />
Passaic, jusqu’à ce qu’il soit tué par sa maîtresse.<br />
Le <strong>sous</strong>-marin fut vendu par les héritiers le 29 octobre 1869 au département de la Marine US pour<br />
12500 $, un acompte qui devait être suivi de 2500 $de solde une fois les essais, menés par la marine,<br />
réussis.<br />
Malheureusement ceux-ci s’effectuèrent sans l’expérience d’Halstead qui n’était plus de ce monde.<br />
Ils se soldèrent par de nombreux décès par suite d’équipages inexpérimentés.<br />
En 1872, on procéda à des essais officiels en présence d’une commission composée d’officiers. Le<br />
<strong>sous</strong>-marin suspendu par des palans fut sauvé de justesse du naufrage, une grave voie d’eau s’étant<br />
déclarée au niveau du panneau d’accès qui n’était plus ajusté.<br />
Finalement le <strong>sous</strong>-marin fut laissé à l’abandon, aucun volontaire ne voulant risquer sa vie dans cette<br />
machine qui avait une mauvaise réputation de « faiseur de veuves ».<br />
Pendant plus d’une centaine d’années, la baleine intelligente est restée en plein air, sur la terre ferme, à<br />
l’arsenal de Brooklyn.<br />
Puis, en 1999, elle a été<br />
transférée au musée de<br />
la garde nationale à Sea<br />
Girt dans le New Jersey,<br />
où elle occupe un<br />
coin arrière, flanquée<br />
d’un char et quelques<br />
vieilles jeeps.<br />
Montée sur un échafaudage,<br />
les visiteurs peuvent<br />
y découvrir l’intérieur<br />
en passant par en<br />
des<strong>sous</strong>.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
***<br />
Parmi les autres personnes qui de 1862 à 1865 exposèrent soit des projets de navires <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>,<br />
soit des idées relatives à la navigation <strong>sous</strong>-marine, l’on peut citer M. GAMBIER qui présenta un<br />
projet de <strong>sous</strong>-marin à éperon propulsé par une machine à acide carbonique liquéfié, M. SEBOR,<br />
chimiste à Brandheis en Bohême, qui offrit de construire un <strong>sous</strong>-marin de 11 mètres de long sur 2m<br />
40 de diamètre, déplaçant 61 tonnes et baptisé « Hypo-nautique » mû également par une machine à<br />
gaz comprimé, M. FAIDY de la Louisiane qui imagina une pirogue à hélice équipée d’un costume<br />
de scaphandrier, l’abbé CARBON d’ Amicourt qui exposa l’idée d’un <strong>sous</strong>-marin à volume variable<br />
s’enfonçant par introduction d’eau dans des récipients baptisés « récipiondes et vidés par des pistons<br />
nommés « propulsondes », M. HERZOG de Vérone qui offrit de céder les plans complets d’un <strong>sous</strong>-<br />
Page 127
Page 128<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
marin contre 20000 Francs de l’époque, MM. ADOLPHUS, GUENECAUT, SCHOFF, VARNI,<br />
etc. , et beaucoup d’autres inventeurs dont les projets qui, malgré souvent certains détails curieux<br />
dénotant d’une réelle imagination, n’offraient aucun aboutissement complet pour recevoir un commencement<br />
d’exécution.<br />
Rendons, au passage, mémoire au capitaine de Frégate Maurice DELPEUCH, grand historien de la<br />
navigation <strong>sous</strong>-marine qui eut la patience de les recenser tous (ou presque) au début du XXe siècle.<br />
***<br />
À la fin de 1864, un <strong>sous</strong>-marin à vapeur construit par un des Confédérés irlandais du nom de John<br />
Halligan de Selma a été testé dans la baie de Mobile. Surnommé le CSS Saint Patrick, le submersible<br />
a attaqué le USS Octoria sans succès et a ensuite été sabordé en 1865.<br />
Le St Patrick<br />
Autre gravure d’un journal d’époque montrant un <strong>sous</strong>-marin sudiste conçu par Cheney<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
Ci-dessus et ci-des<strong>sous</strong> :<br />
autres projets de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, conçus pendant les guerres de Sécession et de Crimée,<br />
qui ne furent jamais réalisés.<br />
***<br />
En 2004, après la découverte de son épave dans la baie de Panama par un plongeur archéologue James<br />
Delgado, un autre <strong>sous</strong>-marin conçu pendant la guerre de sécession ressortait des oubliettes. Il s’agissait<br />
de « L’Explorer » conçu par Jules KROEHL en 1864, un ingénieur allemand ancien officier de<br />
la marine de l’Union.<br />
Kroehl émigré en Amérique en 1838, avait breveté en 1845 une cloche en fer forgé expérimentée dans<br />
un canal de l’East River. Cet immigrant allemand fut un résident de New York et Washington, où il<br />
construisit son <strong>sous</strong>-marin à Brooklyn entre 1863 et 1865.<br />
Paru en 1902 dans un article de « l’American Society of Naval Engineers » sur l’histoire du développement<br />
industriel des Etats-Unis, le plan de son <strong>sous</strong>-marin « Explorer » rappelle de près les projets<br />
de bateau cloches de Beaudoin et Payerne. D’une longueur de plus de 11 mètres pour une largeur<br />
supérieure à 3m. , il pouvait transporter de six à huit hommes. Il adoptait une forme elliptique avec<br />
son fond plat et disposait d’une chambre centrale où pouvait être injecté de l’air afin d’équilibrer la<br />
pression pour ouvrir des portes aux plongeurs pour accéder à l’extérieur sans faire surface.<br />
Page 129
Page 130<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Plan de l’Explorer en 1902, paru dans un article de « l’American Society of Naval Engineers »<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
Photos de l’épave de l’Explorer, prises par James Delgado<br />
Ce bâtiment avait été conçu pour poser des mines et autres explosifs sur les parties immergées des<br />
coques des navires ennemis. Une importante quantité d’air comprimé devait assurer une autonomie<br />
<strong>sous</strong>-marine de plusieurs heures. Mais, comme beaucoup d’autres inventeurs, le projet de cloche<br />
amélioré par Kroehl, n’intéressa pas la marine américaine. Il faut dire que le propulseur, en l’état<br />
ne permettait que de faibles mouvements à la différence du « Hunley » qui disposait d’une véritable<br />
force motrice grâce à son équipage. Il sera utilisé en Amérique centrale, pour la pêche des perles,<br />
pendant près de trois années, pour être abandonné, en 1869, dans la baie de Panama, au large de l’île<br />
de San Telmo.<br />
Après plusieurs plongées, son concepteur et son équipage tombèrent malades des causes répétées de<br />
la décompression, pathologie bien connue des plongeurs professionnels.<br />
***<br />
Attardons-nous sur le projet de M. MERRIAM en 1866, qui prit un brevet pour un <strong>sous</strong>-marin fort<br />
logiquement conçu sur un développement plus technique du bateau plongeur de Beaudoin dont nous<br />
avons déjà parlé.<br />
Il s’agissait d’un bateau cloche pour scaphandriers, de forme elliptique et divisé en cinq chambres<br />
par des cloisons transversales. Toute la partie inférieure de la coque était prévue en fonte, ainsi que<br />
les pointes, pour donner<br />
une bonne stabilité. Si l’on<br />
retrouvait l’idée des poids<br />
mobiles suspendus par des<br />
câbles à des treuils d’enroulement,<br />
l’innovation provenait<br />
d’une hélice orientable,<br />
inspirée de celle imaginée<br />
par Phillips, fonctionnant<br />
sur un joint universel à cardan<br />
et servant à la fois de<br />
propulseur et de gouvernail.<br />
Elle pouvait être actionnée à<br />
Page 131
Page 132<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
bras ou par un moteur (non défini par l’inventeur), le commandant placé au centre la tête dans une<br />
coupole, actionnant un système de tringles reliées à la barre de direction.<br />
Une mine-torpille était prévue à l’avant, dont le largage était commandé par un volant.<br />
Deux gouvernails horizontaux, placés à l’arrière, permettaient au <strong>sous</strong>-marin d’évoluer en profondeur<br />
avec l’aide de ballasts à eau situés <strong>sous</strong> le plancher. Faute d’obtenir des crédits publics ou privés, le<br />
brevet ne fut pas concrétisé.<br />
***<br />
Assez proche du précèdent dans sa conception,<br />
nous citerons également le bateau plongeur de<br />
M. ROEBER de Newark, près de New York.<br />
Son submersible en forme de cigare fut<br />
construit à Newark. Il avait un fond plat et mesurait<br />
9 mètres de long pour 2m 15 de largeur et de creux. Il pouvait contenir 8 personnes. L’intérieur<br />
était divisé en trois parties, seule la partie centrale étant occupée par l’équipage. L’innovation qui le<br />
différenciait de celui de Merriam, provenait d’un équipement spécial de direction constitué de plusieurs<br />
rouleaux de fils électriques que le <strong>sous</strong>-marin déroulait dans sa marche. Il recevait ainsi, de<br />
terre, les indications de la route à suivre. Nous retrouvons là, l’idée de M. Masson.<br />
La revue maritime et coloniale vol.17 1866, nous signale que l’inventeur a dessiné un bateau plus<br />
grand de 22m 86, ayant les mêmes caractéristiques.<br />
***<br />
Signalons, pour mémoire, en parlant d’hélices, le curieux brevet pris par un certain Monsieur<br />
P. DUBURGUET de Marseille, en 1865, qui projetait la construction d’un petit <strong>sous</strong>-marin biplace,<br />
baptisé le « Bathydronaute », cylindrique en son milieu et<br />
terminé en pointes des deux bords, entièrement construit en<br />
tôles de fer soudées, qui ne possédait pas de gouvernail mais<br />
pas moins de 7 hélices. Trois d’entre elles permettaient les<br />
déplacements verticaux, deux l’avancement et deux autres,<br />
latérales, les manœuvres « difficiles ». Un complexe système<br />
de chaînes et de roues crantées, par l’intermédiaire de bielles et d’embrayages, devait permettre, à<br />
deux hommes, de transmettre l’énergie d’un volant manipulé à la force des bras.<br />
On ignore l’usage que comptait faire l’inventeur de cette machine.<br />
***<br />
Finalement ce fut Ivan Fedorovitch ALEXANDROVSKY qui conçut le plus<br />
grand <strong>sous</strong>-marin russe du XIXe siècle.<br />
Il était artiste photographe et commença par se rendre en Angleterre avant la<br />
guerre de Crimée.<br />
Influencé par l’opulence de la marine royale, il commença a s’intéresser aux <strong>sous</strong><strong>marins</strong>,<br />
comme le firent bien avant lui Bushnell et Fulton, cherchant lui aussi un<br />
moyen d’aider son pays à faire face aux éventuels blocus.<br />
De retour en Russie, il propose en 1862 ses dessins au ministère de la marine et<br />
obtient le soutien du grand-duc Constantin, le grand amiral, frère de l’empereur, ainsi que le finance-<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
ment pour la réalisation de son projet par l’usine de fonderie et de mécanique de Saint-Pétersbourg.<br />
Mis à l’eau en 1865, ce <strong>sous</strong>-marin en fer avait la coque légèrement triangulaire et mesurait 33 mètres<br />
de long pour une hauteur de 4 mètres et une largeur de 3m 65. Cette forme lui avait été inspirée par la<br />
forme des poissons, arête vers le haut, qui devait, selon lui, offrir à son <strong>sous</strong>-marin une bonne maîtrise<br />
de la vitesse de descente.<br />
Deux hélices, entraînées par un moteur à air comprimé de 294 kw devaient lui donner une vitesse<br />
de 10 nœuds en plongée, ce qui n’était pas mal pour un bâtiment de plus de 300 tonnes. Une réserve<br />
d’air de 6 m3 <strong>sous</strong> une pression de 85 atmosphères, devait lui assurer une autonomie de huit heures.<br />
Un triple ballast interne de 11 m3 d’eau devait lui permettre de plonger en moins de trente secondes<br />
une fois les écoutilles<br />
fermées. Celles-ci se<br />
trouvaient sur l’avant et au<br />
centre, sur deux parties en<br />
surplomb de la coque.<br />
Un dispositif de piston hydrostatique servait à réguler l’immersion.<br />
L’armement prévu consistait à l’emploi de mines torpilles flottantes, placées à l’extérieur de la coque,<br />
que l’on devait larguer en des<strong>sous</strong> des navires à détruire.<br />
En plus d’un sas pour plongeur, Alexandrowsky avait imaginé un système de sauvetage par le gonflement<br />
à l’air comprimé d’outres rangées vides dans les superstructures.<br />
Lors de la première plongée le 19 juin 1866, une rupture du ballast provoque une grave voie d’eau.<br />
Heureusement le constructeur aux réflexes rapides réussit à chasser l’eau des autres, puis abandonne<br />
les lests de sécurité, permettant au bâtiment de remonter.<br />
En 1868, le <strong>sous</strong>-marin réussit plusieurs plongées pendant dix sept heures. Mais la tenue en immersion<br />
est délicate.<br />
Il coule le 18 juillet 1871 lors d’un essai à vide de résistance à une profondeur de 30 mètres. La pression<br />
de l’eau avait eu raison des soudures de la coque.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
Page 133
Page 134<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Entre-temps, Alexandrowsky avait étudié une mine torpille auto propulsée dont il présenta les plans,<br />
sans succès, au comité naval technique.<br />
Le concepteur russe finira dans la disgrâce de la marine impériale.<br />
En 1881, reprenant ses études sur le sujet, il proposa à la France de construire, pour un million de<br />
francs, un <strong>sous</strong>-marin de 460 tonneaux, d’une longueur de 40 mètres pour une section de 4m30<br />
/4m90. Il prévoyait un moteur mixte : air comprimé/vapeur.<br />
Planche originale du <strong>sous</strong>-marin d’Alexandrovski<br />
Malgré les recommandations du directeur des constructions navales de Lorient, le gouvernement<br />
français ne donna pas de suite.<br />
***<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Né à Nantes en 1828, Jules VERNE est vite attiré par la vie maritime et le port. En<br />
1839, il fugue de chez ses parents pour partir en Inde : un périple vite arrêté par<br />
la police. A partir de ce jour, il « ne voyagera plus qu’en rêve » et se voue aux<br />
études. Il suit avec attention les cours de Brutus Villeroi en rêvant de littérature.<br />
Villeroi, tel un maître, développe l’imaginaire scientifique de Jules Verne. Il<br />
refuse la vie que lui propose son père et écrit en cachette quelques pièces de<br />
théâtre.<br />
En 1863, il publie « Cinq semaines en ballon » et rencontre rapidement le succès<br />
et l’argent. C’est le début de l’aventure Jules Verne.<br />
Jules Verne travaillera toute sa vie pour acquérir de nouvelles connaissances.<br />
Son travail est considérable : 104 romans édités en 60 volumes. Il<br />
est encore un des romanciers les plus lus au monde.<br />
Sa passion pour les fonds <strong>marins</strong> servira toute son œuvre. Souffrant de diabète à la fin de sa vie, il<br />
continua d’écrire et de chercher. Son humilité lui vaut une reconnaissance internationale.<br />
Si son <strong>sous</strong>-marin de « 20000 lieues <strong>sous</strong> les mers » ne se construisit que<br />
dans son imagination, Jules Verne fut un précurseur dans la matière.<br />
Son roman décrit le « Nautilus » avec des précisions remarquables<br />
et les techniques qu’il préconise à travers les propos<br />
du capitaine Nemo sont révolutionnaires.<br />
« Voici. Monsieur Aronnax, les diverses dimensions du bateau qui vous porte. C’est un cylindre très<br />
allongé, à bouts coniques. Il affecte sensiblement la forme d’un cigare, forme déjà adoptée à Londres<br />
dans plusieurs constructions du même genre. La longueur de ce cylindre, de tête en tête, est exactement<br />
de soixante-dix mètres, et son bau, à sa plus grande largeur, est de huit mètres. Il n’est donc pas<br />
construit tout à fait au dixième comme vos steamers de grande marche, mais ses lignes sont suffisamment<br />
longues et sa coulée assez prolongée, pour que l’eau déplacée s’échappe aisément et n’oppose<br />
aucun obstacle a sa marche.<br />
Ces deux dimensions vous permettent d’obtenir par un simple calcul la surface et le volume du Nautilus.<br />
Sa surface comprend mille onze mètres carrés et quarante-cinq centièmes ; son volume, quinze<br />
cents mètres cubes et deux dixièmes – ce qui revient à dire qu’entièrement immergé, il déplace ou pèse<br />
quinze cents mètres cubes ou tonneaux.<br />
Le Nautilus se compose de deux coques, l’une intérieure, l’autre extérieure, réunies entre elles par<br />
des fers en T qui lui donnent une rigidité extrême. ….<br />
Ces deux coques sont fabriquées en tôle d’acier dont la densité par rapport à l’eau est de sept, huit<br />
dixièmes. La première n’a pas moins de cinq centimètres d’épaisseur, et pèse trois cent quatre-vingtquatorze<br />
tonneaux quatre-vingt-seize centièmes. La seconde enveloppe, la quille, haute de cinquante<br />
centimètres et large de vingt-cinq, pesant, à elle seule, soixante-deux tonneaux, la machine, le lest,<br />
les divers accessoires et aménagements, les cloisons et les étrésillons intérieurs, ont un poids de neuf<br />
cent soixante et un tonneaux Pour gouverner ce bateau sur tribord, sur bâbord, pour évoluer, en un<br />
mot, suivant un plan horizontal, je me sers d’un gouvernail ordinaire à large safran, fixé sur l’arrière<br />
de l’étambot, et qu’une roue et des palans font agir. Mais je puis aussi mouvoir le Nautilus de bas en<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
Page 135
Page 136<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
haut et de haut en bas, dans un plan vertical, au moyen de deux plans inclinés, attachés à ses flancs<br />
sur son centre de flottaison, plans mobiles, aptes à prendre toutes les positions, et qui se manœuvrent<br />
de l’intérieur au moyen de leviers puissants. Ces plans sont-ils maintenus parallèles au bateau, celuici<br />
se meut horizontalement. Sont-ils inclinés, le Nautilus, suivant la disposition de cette inclinaison et<br />
<strong>sous</strong> la poussée de son hélice, ou s’enfonce suivant une diagonale aussi allongée qu’il me convient,<br />
ou remonte suivant cette diagonale. Et même, si je veux revenir plus rapidement à la surface, j’embraye<br />
l’hélice, et la pression des eaux fait remonter verticalement le Nautilus comme un ballon qui,<br />
gonflé d’hydrogène, s’élève rapidement dans les airs.<br />
Il reprend également l’invention de Bourgois et Brun pour le plongeur : le canot insubmersible embarqué.<br />
« A travers les coursives situées en abord, et j’arrivai au centre du navire. Là, se trouvait une sorte de<br />
puits qui s’ouvrait entre deux cloisons étanches. Une échelle de fer, cramponnée à la paroi, conduisait<br />
à son extrémité supérieure. Je demandai au capitaine à quel usage servait cette échelle<br />
« Elle aboutit au canot, répondit-il.<br />
Quoi ! Vous avez un canot répliquai-je, assez étonné.<br />
Sans doute. Une excellente embarcation, légère et insubmersible, qui sert à la promenade et à la<br />
pêche. Mais alors, quand vous voulez vous embarquer, vous êtes forcé de revenir à la surface de la<br />
mer ?<br />
Aucunement. Ce canot adhère à la partie supérieure de la coque du Nautilus, et occupe une cavité<br />
disposée pour le recevoir. Il est entièrement ponté, absolument étanche, et retenu par de solides boulons.<br />
Cette échelle conduit à un trou d’homme percé dans la coque du Nautilus, qui correspond à<br />
un trou pareil percé dans le flanc du canot. C’est par cette double ouverture que je m’introduis dans<br />
l’embarcation. On referme l’une, celle du Nautilus ; je referme l’autre, celle du canot, au moyen de<br />
vis de pression ; je largue les boulons, et l’embarcation remonte avec une prodigieuse rapidité à la<br />
surface de la mer. J’ouvre alors le panneau du pont, soigneusement clos jusque-là, je mâte, je hisse<br />
ma voile ou je prends mes avirons, et je me promène. »<br />
Le célèbre Nautilus de Jules Verne tel qu’il fut réalisé pour le film des productions Disney<br />
Son opinion sur l’énergie électrique fait preuve de beaucoup d’analyse pour l’époque.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
« Vous le voyez, me dit le capitaine Nemo, j’emploie des éléments Bunzen, et non des éléments Ruhmkorff.<br />
Ceux-ci eussent été impuissants. Les éléments Bunzen sont peu nombreux, mais forts et grands,<br />
ce qui vaut mieux, expérience faite. L’électricité produite se rend à l’arrière, où elle agit par des<br />
électro-aimants de glande dimension sur un système particulier de leviers et d’engrenages qui transmettent<br />
le mouvement à l’arbre de l’hélice. Celle-ci, dont le diamètre est de six mètres et le pas de<br />
sept mètres cinquante, peut donner jusqu’à cent vingt tours par seconde.<br />
Et vous obtenez alors ? Une vitesse de cinquante milles à l’heure. »<br />
Vous connaissez la composition de l’eau de mer. Sur mille grammes on trouve quatre-vingt-seize<br />
centièmes et demi d’eau, et deux centièmes deux tiers environ de chlorure de sodium ; puis. en petite<br />
quantité, des chlorures de magnésium et de potassium, du bromure de magnésium, du sulfate de magnésie,<br />
du sulfate et du carbonate de chaux.<br />
Vous voyez donc que le chlorure de sodium s’y rencontre dans une proportion notable. Or, c’est ce<br />
sodium que j’extrais de l’eau de mer et dont je compose mes éléments.<br />
Oui, monsieur. Mélangé avec le mercure, il forme un amalgame qui tient lieu du zinc dans les éléments<br />
Bunzen. Le mercure ne s’use jamais. Le sodium seul se consomme, et la mer me le fournit<br />
elle-même. Je vous dirai, en outre, que les piles au sodium doivent être considérées comme les plus<br />
énergiques, et que leur force électromotrice est double de celle des piles au zinc.<br />
Je comprends bien, capitaine, l’excellence du sodium dans les conditions où vous vous trouvez. La<br />
mer le contient. Bien. Mais il faut encore le fabriquer, l’extraire en un mot. Et comment faites-vous ? Vos<br />
piles pourraient évidemment servir à cette extraction ; mais, si je ne me trompe, la dépense du sodium<br />
nécessitée par les appareils électriques dépasserait la quantité extraite. Il arriverait donc que vous<br />
en consommeriez pour le produire plus que vous n’en produiriez !<br />
Aussi, monsieur le professeur, je ne l’extrais pas par la pile, et j’emploie tout simplement la chaleur<br />
du charbon de terre.<br />
Disons le charbon de mer, si vous voulez… Rappelez-vous seulement ceci : je dois tout à l’Océan ; il<br />
produit l’électricité, et l’électricité donne au Nautilus la chaleur, la lumière, le mouvement, la vie en<br />
un mot.<br />
Coupe transversale du <strong>sous</strong>-marin Nautilus imaginée pour un journal par un contemporain de Jules Verne.<br />
1. Taraudiere. 2. air comprimé. 3. compartiment des passagers. 4. Cabine du capitaine. 5. Salon.<br />
6. Fenêtre. 7. Bibliothèque. 8. La salle à manger. 9. gouvernes horizontales 10. Corridor 11. cabines<br />
équipage 12. Locaux de générateurs d’énergie électrique. 13. Machinerie. 14. safran. 15. hélice.<br />
16. Timonerie Au centre <strong>sous</strong> le pont : la chaloupe étanche de sauvetage encastrée.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
Page 137
Page 138<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le Nautilus produisait donc son électricité par une chaudière en vase clos. Même s’il est difficile<br />
d’écarter les difficultés de la réalisation de cette propulsion et de l’usage de ce « charbon de mer » Il<br />
préconise le futur mode de propulsion des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> nucléaires : turbine vapeur & électricité.<br />
Son roman fut sans doute un livre de chevet par beaucoup d’inventeurs de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de cette fin<br />
du XIXe siècle.<br />
***<br />
Autre contemporain de Jules Verne, citons l’allemand Frédéric Otto VOGEL qui en 1869 fit les<br />
plans d’un navire dont on a peu de précisions si ce n’est qu’il était de dimensions respectables, le pont<br />
couvert d’une cuirasse et propulsé à la vapeur.<br />
Il devait être immergé jusqu’au niveau de la passerelle, pendant son attaque, afin de permettre à des<br />
canons d’entrer en action, ceux-ci étant protégés par une toiture cuirassée. On ignore si le bâtiment<br />
pouvait s’immerger complètement.<br />
Schéma de <strong>sous</strong>-marin expérimental d’Otto VOGEL.<br />
1- chaudière et condenseur de vapeur - 2 tourelle de pilotage blindée - 3- machine à vapeur 4- hélices.<br />
***<br />
Cette conception se rapproche de celle d’un<br />
constructeur français, M. NORMAND qui<br />
prit un brevet vers la même époque pour un<br />
bélier à vapeur semi-submersible.<br />
Mais l’idée de naviguer au raz de l’eau, les œuvres vives du bâtiment<br />
entièrement immergées, n’était pas une solution d’avenir pour<br />
la marine.<br />
Machines semi submersibles de M. NORMAND<br />
L’idée du véritable <strong>sous</strong>-marin se retrouve en 1869 sur une projet américain, celui du docteur BAR-<br />
BOUR, qui étudia une machine fusiforme de dimensions réduites, destinée a être mise à l’eau à partir<br />
d’un navire de commandement de la flotte pour prendre à revers l’ennemi et miner sa route.<br />
Ce <strong>sous</strong>-marin mesurait 7 mètres de long, 1 mètre de large et 1m 60 de hauteur. Il était conçu avec une<br />
double coque pouvant être remplie d’eau pour plonger sur une partie inférieure seulement, la partie<br />
supérieure étant remplie de bois. Conçu en fer, en bois et en cuir pour les pièces souples, il possédait<br />
une hélice mise en route par un moteur à acide carbonique.<br />
Les charges militaires étaient contenues sur l’avant, dans des puits, et libérées au moyen de manettes<br />
depuis le poste de pilotage situé dans son centre.<br />
Une fois de plus, faute de crédits et de volonté de la marine à développer ces armes <strong>sous</strong>-marines, le<br />
prototype ne fut pas achevé.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
Sous-marin de Barbour (selon deux sources différentes)<br />
***<br />
La guerre hispano-sud-américaine opposa l’Espagne aux républiques du Chili et du Pérou, et dans<br />
une moindre mesure à la Bolivie et à l’Équateur. Le conflit commença en 1864 par l’occupation par<br />
l’Espagne des îles Chincha et prit fin avec le traité de paix signé à Lima, le 12 juin 1883. Dans le<br />
cadre de l’effort de guerre, le président chilien José Joaquín Pérez commanda la construction d’un<br />
<strong>sous</strong>-marin. La demande du Président en fait aboutit à deux prototypes de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, l’un conçu et<br />
construit par un homme nommé Gustav HEYERMANN, l’autre par Karl FLACH, tous deux immigrés<br />
d’Allemagne. Le <strong>sous</strong>-marin de Heyermann, malheureusement, a sombré lors de son voyage<br />
inaugural. Il était plus petit que celui de Flash, adoptait la forme d’un citron et était propulsé par une<br />
seule hélice actionnée par deux hommes, un troisième membre d’équipage se chargeant du pilotage.<br />
Un canon <strong>sous</strong>-marin se trouvait a l’avant, assez<br />
puissant pour crever les coques des navires espagnols<br />
à moins d’une dizaine de mètres.<br />
Plus chanceux, Karl FLACH, négociant d’armes, avait réalisé<br />
un petit <strong>sous</strong>-marin en fer de 12m 50 de long propulsé manuellement<br />
avec deux hélices et armé d’une petite tourelle contenant<br />
un canon complétant un deuxième canon à la proue. Victime<br />
d’une voie d’eau, le 3 mai 1866, le bâtiment disparut avec ses<br />
dix hommes d’équipage dont faisaient partie l’inventeur et son<br />
fils âgé de 15 ans.<br />
Son épave sera retrouvée en 2007 par des adeptes de l’archéologie<br />
<strong>sous</strong>-marine.<br />
Il avait été conçu pour défendre le port de Valparaiso contre<br />
l’envahisseur espagnol.<br />
Sous-marin de Gustav HEYERMANN<br />
Karl Flash à gauche<br />
Page 139
Page 140<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Sous-marin de Karl FLASH<br />
Egalement en 1864, un autre ingénieur civil allemand d’outre-mer Frederico BLUME OTHON a<br />
développé la conception du premier <strong>sous</strong>-marin pour la marine péruvienne cette fois-ci.<br />
Blume, qui avait participé à la construction de chemins de fer au Pérou, présenta son idée pendant la<br />
guerre des Îles Chincha avec les espagnols. Son but était de créer un dispositif qui pourrait affronter,<br />
avec un minimum de risques, la puissante flotte ennemie. Le résultat fut le « Toro Submarino »<br />
De forme ellipsoïde le bâtiment construit en tôles de fer n’avait, en réalité, rien d’innovant. D’une<br />
longueur d’environ 16 mètres, il flottait et pouvait plonger lors du remplissage des citernes de ballast.<br />
Il pouvait également renouveler l’air pendant la plongée<br />
en utilisant le principe du tuba. La propulsion se faisait<br />
par un long arbre d’hélice coudé, manipulé à la main par<br />
quatre hommes.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
La guerre avec l’Espagne prit fin en 1866 et le <strong>sous</strong>-marin ne fut pas construit. Mais au cours de la<br />
guerre avec le Chili, Blume, une fois de plus offrit ses services à la marine péruvienne, en présentant<br />
une version améliorée de son <strong>sous</strong>-marin.<br />
Le mécanicien commença à travailler sur sa machine en juin 1879, deux mois seulement après la<br />
déclaration de guerre, et finança le projet avec ses propres ressources.<br />
Les travaux furent effectués en secret, pendant quatre mois, dans une usine propriété de la compagnie<br />
des chemins de fer.<br />
Le <strong>sous</strong>-marin cylindrique avait 48 pieds de long et était<br />
constitué de plaques de fer de ¼ de pouce d’épaisseur liées<br />
par des bandes et des rivets.<br />
Il devait être manipulé par huit hommes sur un total de onze<br />
membres d’équipage qui, en même temps, agissaient sur les<br />
ventilateurs en brassant l’air dans l’eau.Le <strong>sous</strong>-marin utilisait<br />
un moteur à essence pour la navigation en surface et un<br />
moteur électrique pour la plongée.<br />
Le 14 octobre 1879, Blume, avec son fils et huit travailleurs<br />
des chemins de fer, commença à tester le <strong>sous</strong>-marin au<br />
large de la côte de Paita.<br />
Les essais, qui durèrent prés de près de trois semaines, prouvèrent<br />
que le <strong>sous</strong>-marin pouvait atteindre une profondeur<br />
de 72 pieds (25 mètres) et une vitesse maximale de 4 nœuds.<br />
Le <strong>sous</strong>-marin fut ensuite transporté à Callao.<br />
En Juillet 1880, le «Toro» effectua son premier essai officiel avec, parmi les passagers, le constructeur.<br />
Au cours de ces manœuvres, le <strong>sous</strong>-marin resta immergé pendant 30 minutes sans subir de<br />
dommages et prouva qu’il pouvait être fiable. La première tâche qui lui fut confiée fut de progresser<br />
de nuit vers les navires chiliens ancrés prés de l’île de San Lorenzo à quelques kilomètres au large de<br />
Callao, armé de deux torpilles.<br />
Toutefois, les Chiliens, informés par leurs espions des secrets péruviens sur une « arme puissante »,<br />
la mission trop risquée fut finalement annulée.<br />
Le 16 janvier1881, après la bataille de Miraflores et l’occupation de la capitale péruvienne, Blume<br />
dût saborder son <strong>sous</strong>-marin avec les autres navires de la flotte péruvienne pour éviter la capture par<br />
l’ennemi.<br />
Certains analystes croient encore que, si l’attaque du <strong>sous</strong>-marin avait été menée à terme et couronnée<br />
de succès, elle aurait radicalement changé le cours de la guerre en faveur au Pérou.<br />
Une fois de plus il faut reconnaître, que l’usage de la force humaine, pour la propulsion en plongée,<br />
n’est pas adapté aux besoins et aux risques encourus.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
***<br />
Construit en 1873 par une forge de Dunedin prés de Melbourne en Australie, suivant les plans de<br />
Mrs. NUTTALL & VILLAINE, « le Platypus » (ornithorynque en français) était un bateau <strong>sous</strong>marin<br />
destiné au dragage de l’or en faible profondeur, dans les rivières de la côte ouest de la nouvelle<br />
Zélande.<br />
Construit en fer-blanc, il mesurait plus de 10,50 mètres de long, pour un diamètre de 2,20 mètres, avec<br />
un nez pointu. <strong>Des</strong> roues à aubes de chaque côté devaient actionner des pompes a air. Il fut construit<br />
pour les besoins d’exploiter les fonds des rivières aurifères, après que les mineurs chercheurs d’or<br />
eurent épuisé les berges et que les dragues n’avaient plus accès aux dépôts potentiellement riches au-<br />
Page 141
Page 142<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
delà de 1m50 de profondeur. Nous retrouvons le principe du <strong>sous</strong>-marin « cloche à plongeur » déjà<br />
préconisé par Beaudoin. Une chambre centrale de travail, largement ouverte vers le bas, contenait les<br />
mineurs qui travaillaient à même le sol, le <strong>sous</strong>-marin étant posé sur le fond. Les parties avant et arrière<br />
servaient au stockage de l’air et aux réservoirs de ballast. Un équipage de 3 hommes devait y travailler<br />
au moins six heures<br />
d’affilée pour 2 shillings<br />
par heure et par<br />
homme. Curieusement<br />
il n’avait pas de<br />
moyen de propulsion,<br />
et le <strong>sous</strong>-marin était<br />
tributaire d’un remorqueur<br />
de surface et<br />
d’un solide ancrage<br />
pour combattre le<br />
courant.<br />
Nuttall déposa un appel aux capitaux auprès de la « Rivers-Zélande Or Mining Company» pour<br />
obtenir au moins 10.000 £, pour construire jusqu’à 40 navires de ce type. Il n’obtint les crédits que<br />
pour construire un prototype. En août 1873, les administrateurs prirent possession du navire et le 14<br />
décembre le bateau fut lancé à partir du quai de Rattray Street.<br />
Le 30 Janvier 1874, le Platypus fut remorqué dans le port d’Otago accompagné d’un paquebot transportant<br />
curieux des observateurs. Huit hommes montèrent à bord, le concepteur (M. Villaine) et son<br />
fils, un chef d’entreprise et quatre hommes embauchés pour travailler les pompes. La plongée se passa<br />
normalement mais des fuites aux robinets des pompes nécessitèrent le retour en surface. Un autre<br />
essai, effectué le 4 Février, fut un franc succès.<br />
Malheureusement les contraintes de mise en œuvre et d’exploitation eurent raison de cette aventure.<br />
Finalement les droits du brevet furent mis aux enchères. Ils furent rachetés pour 800 $ et la coque<br />
qui resta abandonnée de nombreuses années sur un quai de Dunedin jusqu’en 1924, fut dépouillée de<br />
ses accessoires. A cette date un club racheta la dépouille<br />
rouillée et découpa la coque en trois tronçons. La plus<br />
grande section finit comme réservoir d’eau sur la station<br />
agricole de Pukerangi.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
***<br />
Les restes du « Platypus » à Middlemarch<br />
En 1991, l’importance historique des<br />
vestiges de l’ornithorynque fut reconnue<br />
et les restes furent cédés par WF Stewart,<br />
propriétaire de la station Pukerangi, au<br />
Musée Strath Taieri de Middle March.<br />
En 1877, un américain du Colorado, M. MORTENSEN, présenta à son gouvernement un projet de<br />
<strong>sous</strong>-marin en forme de cigare, propulsé par deux hélices mues par une machine à air comprimé. Ce<br />
qui était intéressant dans son projet, c’est que l’on trouve la première application d’un tube lancetorpilles<br />
automobile Whitehead. C’était un très grand progrès au point de vue de l’armement. Mais<br />
l’inventeur, peu convaincant dans ses intentions patriotiques, ne trouva pas de réponse favorable des<br />
autorités.<br />
Inventée en 1864 par le capitaine de frégate Luppis,<br />
de la marine autrichienne, puis améliorée et construite<br />
en 1867 par l’ingénieur anglais Robert Whitehead, la<br />
première torpille automobile vit le jour à Fiume, en<br />
Italie, près de Trieste.<br />
Nous ne ferons pas l’historique de cette arme, mais<br />
rappelons, au passage, qu’il faudra attendre la fin de<br />
la seconde guerre mondiale, pour qu’elle perde l’exclusivité<br />
comme arme principale des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>,<br />
avec l’arrivée des missiles.<br />
***<br />
Page 143
Page 144<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Un curieux <strong>sous</strong>-marin fut imaginé en 1870 par M. André CONSTANTIN dont nous retrouvons le<br />
dessin dans l’ouvrage de MM. Forest & Noalhat, historiens de la navigation <strong>sous</strong>-marine.<br />
En forme de cloche, son projet consistait en un <strong>sous</strong>-marin utilisant le changement de volume pour<br />
descendre et monter dans le milieu aquatique.<br />
A l’avant et à l’arrière du bateau étaient fixés deux cylindres, chacun d’eux contenant un piston que<br />
l’on pouvait déplacer par un arbre avec vis sans fin.<br />
Durant la longueur de leur course, les surfaces<br />
extérieures de ces pistons étaient<br />
seules à entrer en contact avec l’eau. Cette<br />
modulation du volume devait provoquer<br />
l’immersion ou l’émersion, l’équipage<br />
agissant sur des grands volants.<br />
Pour avancer le navire était équipé d’une hélice mue à la<br />
force des bras par un mécanisme de pignons.<br />
Comme les pistons n’étaient pas suffisamment importants pour<br />
régler à eux seuls la flottabilité, un ballast, équipé de pompes manuelles, occupait tout le niveau<br />
inférieur <strong>sous</strong> le plancher. Toute une série de hublots devaient laisser passer la lumière naturelle et<br />
permettre la conduite. <strong>Des</strong> ouvertures, dans la membrure, étaient garnies de manches de caoutchouc<br />
comme nous l’avons déjà vu sur plusieurs <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>.<br />
Cette machine, construite en tôles de fer, mesurait pas moins de 6 mètres de haut pour un diamètre<br />
équivalent et avait un aspect assez futuriste. L’on y accédait par une écoutille équipée d’une échelle<br />
et les quatre membres prévus pour l’équipage, pouvaient s’afférer à des tâches scientifiques ou militaires<br />
selon les missions.<br />
Il est fort probable que son inventeur aurait eu des difficultés de stabilité si le fruit de son imagination<br />
était devenu réalité.<br />
Ce ne sont pas des pistons mais des hélices que M. NILLUS du Havre comptait équiper son <strong>sous</strong>marin.<br />
Conçu en 1865, sa machine telle que nous la présentons ci-des<strong>sous</strong>, mesurait 21 mètres de long<br />
sur 2m 75 de diamètre maximum.<br />
Sa propulsion était prévue par un moteur thermique à vapeur entraînant un arbre unique placé dans<br />
l’axe qui faisait tourner une hélice tractive à la pointe avant et une hélice propulsive à l’arrière. On<br />
trouvait également, à la proue comme à la poupe, un petit gouvernail au niveau de la quille. L’inventeur<br />
n’était pax fixé sur l’armement prévu.<br />
Lors des essais au Havre, le bâtiment réussit à atteindre la vitesse de 15 nœuds. Toutefois il devait garder<br />
sa cheminée au dessus de la surface. L’inventeur comptait compléter la chaudière par un moteur<br />
à air comprimé uniquement employé pour la plongée. Comme beaucoup d’inventions, ce <strong>sous</strong>-marin<br />
à double propulseur finit à la ferraille.<br />
***<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Parmi les curiosités qui ont été publiées depuis le début du XIXe siècle, citons le projet du français, le<br />
Docteur LACOMME en 1869, qui proposa à l’empereur Napoléon III, un bateau <strong>sous</strong>-marin destiné<br />
à la recherche d’épaves et au renflouement.<br />
« Par la combinaison de mon projet, disait le Docteur Lacomme, on peut transporter des poids<br />
immenses avec très peu de force motrice. On peut au besoin sortir de l’eau sans que celle-ci puisse<br />
pénétrer à l’intérieur du bateau, obtenir en cas de nécessité et pour un temps indéterminé, l’air extérieur<br />
par l’intermédiaire d’un flotteur, qui, au moment désiré, monte à la surface de l’eau. On peut<br />
également communiquer et obtenir des dépêches télégraphiques pendant que le bateau est en marche.<br />
On peut faire usage de la lumière électrique sans production d’acide carbonique.<br />
Grâce à ce bateau <strong>sous</strong>-marin, on peut voyager dans l’onde tranquille, à l’abri des vents et des tempêtes,<br />
du brouillard et du mal de mer si redouté des passagers. »<br />
Ce bâtiment en forme de cigare mesurait une trentaine de mètres de long, était propulsé par deux hélices,<br />
une à l’avant, l’autre à l’arrière, mues par l’air comprimé. La particularité venait qu’il pouvait<br />
régler son immersion sur un chariot, sorte d’énorme gueuse équipée de roues, qu’il pouvait déplacer<br />
en manœuvrant les hélices sans être obliger de le remonter.<br />
Simon Lake, dont nous parlerons plus loin, perfectionnera ce procédé.<br />
Le plus extravagant, c’est que notre inventeur comptait utiliser des rails de chemins de fer pour<br />
permettre au chariot de circuler sur le fond. On imagine le travail des plongeurs scaphandriers qui<br />
auraient dû préparer une telle voie.<br />
On comprend maintenant pourquoi son projet suivant était d’une ambition extrême : relier l’Angleterre<br />
à la France par un chemin de fer <strong>sous</strong>-marin. Plutôt que de construire un tunnel dans lequel<br />
circuleraient des trains, pourquoi ne pas imaginer que les trains puissent rouler directement au fond<br />
de la Manche.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI<br />
Page 145
Page 146<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Son nouveau projet de bateau locomotive en fer galvanisé se reposait sur un chariot lesté roulant sur<br />
la voie, propulsé par la pente naturelle du terrain puis par une machine a air comprimé. En cas de<br />
problème, le bateau pouvait se libérer de son chariot pour remonter vers la surface. Comme dans une<br />
vraie locomotive, un chasse-pierres à l’avant du bateau devait écarter les obstacles, tandis que la voie<br />
devait être signalée par des bouées afin que les navires ne viennent pas mouiller leur ancre dans les<br />
parages. Un sas avait même était prévu pour les scaphandriers.<br />
Lacomme comptait faire voyager ainsi une centaine de personne. Il présenta son projet à l’académie<br />
des sciences en 1873 et en fera une publication en 1875, sans succès. Il avait oublié les craintes ridicules<br />
d’indépendance des anglais qui s’opposaient ferme à toute voie de communication qui permettrait<br />
de relier leur pays avec le continent.<br />
Chapitre 9 - DE LA GUERRE DE SÉCESSION à DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 10 - Stephan Drzewiecki<br />
En 2004 était inauguré à Odessa un monument à la mémoire de Stéphane DRZEWIECKI,<br />
« inventeur du <strong>sous</strong>-marin » comme il est écrit. Ce monument est pavoisé des couleurs françaises,<br />
polonaises, russes et ukrainiennes.<br />
Qui était donc Drzewiecki, et qu’y a-t-il d’intéressant dans sa vie et son œuvre ?<br />
La vie du personnage est remarquable à bien des égards. Elle s’étend de 1844 à 1938 sur près de 94<br />
ans, pendant une période qui a vu évoluer considérablement toutes les idées notamment dans le domaine<br />
des sciences et des techniques. Elle concerne un homme dont la vie privée est insaisissable,<br />
mais dont la vie professionnelle d’inventeur et de constructeur touche deux milieux habituellement<br />
incompatibles, l’eau et l’air et se déroule sur quatre pays, Pologne, Ukraine, Russie et France.<br />
Les <strong>sous</strong>-mariniers français connaissent Drzewiecki, car il a participé au fameux concours de 1896<br />
d’où est sorti le « Narval » de Laubeuf, et parce que des appareils de lancement de torpilles portaient<br />
son nom sur les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> français du début du XXe siècle. Nous en reparlerons plus loin.<br />
Né le 26 juillet 1844 à Kunka en Pologne, il était issu d’une famille noble. Cette province appartenait<br />
à l’époque au royaume russe de Pologne, créé par le congrès de Vienne en 1815. Stéphane est donc<br />
né citoyen russe, en terre polonaise qui est aujourd’hui ukrainienne.<br />
Ses parents, résolus à lui donner une bonne éducation, l’envoient à Paris pour étudier. Il fréquente<br />
donc des écoles à Auteuil à partir de 1859. Après une formation d’ingénieur, Stéphane Drzewiecki<br />
opte pour une activité d’inventeur indépendant. Sa première invention est probablement le compteur<br />
kilométrique pour taxis, à l’époque des fiacres, qu’il lance à Paris en 1867. On peut déjà trouver dans<br />
cette invention trois caractéristiques du chercheur: sens pratique, astuce technique, instinct commercial.<br />
La production industrielle de l’équipement est interrompue par la guerre contre la Prusse et ne<br />
repend pas ensuite.<br />
On le retrouve à Vienne en Autriche en 1873, à 29 ans, pour une exposition internationale. Là il est<br />
remarqué par le grand-duc Constantin, frère du tsar Alexandre II lui proposa de venir le rejoindre<br />
à Saint-Pétersbourg comme conseiller technique auprès de la marine, aux appointements de 500<br />
roubles par mois. Drzewiecki accepta le poste et exerça ses talents au profit de la marine du Tsar pendant<br />
quelques années, au cours desquelles il mit au point notamment une table traçante intégrant les<br />
données de la déviation magnétique du compas, qu’il commercialisa <strong>sous</strong> le nom de « dromographe<br />
» ou « coursographe ».<br />
En 1876, donc à 32 ans, il s’engage comme volontaire dans la flotte marchande armée de Russie et<br />
embarque sur le vapeur « Vesta » en mer Noire. II prend part le 11 juillet de l’année suivante à un<br />
combat naval contre le bâtiment de guerre turc « Fekhti-Bulend », au cours duquel la Vesta perd la<br />
moitié de son effectif, et il est récompensé de sa bravoure par la Croix de St Georges de 4e classe.<br />
Mais il apparaît vite que son activité de volontaire n’est pas la seule raison de sa présence à Odessa.<br />
Depuis 1876 Drzewiecki projette un <strong>sous</strong>-marin et il a trouvé à Odessa, aux usines Blanchard, un<br />
chantier pour réaliser son idée.<br />
Il commença par construire un <strong>sous</strong>-marin à pédales, proprement nommé « Podoscaphe » qui sera<br />
construit entre fin 1877 et août 1878.<br />
Il était pourvu d’une coque ovoïde en feuilles d’acier, avec proue et poupe pointues d’un déplacement<br />
de 2 tonnes environ aux dimensions de 4m 50 x 1m 50 x 2 m ».<br />
Chapitre 10 - STEPHAN DRZEWIECKI<br />
Page 147
Page 148<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le pédalier, mû par un seul homme, entraînait l’hélice et si nécessaire une petite pompe d’assèchement.<br />
La plongée était provoquée par le remplissage de la partie inférieure de l’engin, ce qui<br />
mettait l’ensemble au ras de l’eau, le casque du pilote<br />
émergeant tout juste, puis la descente était contrôlée<br />
par un ajustement du volume immergé au moyen d’un<br />
cylindre à piston manœuvré à la main. L’air comprimé<br />
stocké au dessus du ballast servait à respirer (20<br />
minutes d’autonomie) puis à émerger en chassant le<br />
ballast liquide.<br />
L’armement du « Podoscaphe<br />
» consistait en deux<br />
charges de 25 kg de dynamite<br />
reliées entre elles, que l’opérateur<br />
manœuvrait à travers<br />
des manches souples pour<br />
en fixer les ventouses aux<br />
œuvres vives d’un bâtiment<br />
adverse.<br />
Le podoscaphe de Drzewiecki<br />
<strong>Des</strong> essais très complets eurent lieu en 1878 à Odessa pendant 5 mois, au cours desquels le premier<br />
<strong>sous</strong>-marin à naviguer en immersion en mer Noire donna des émotions à son équipage, par exemple<br />
lorsque le » Podoscaphe » faillit rester coincé <strong>sous</strong> le yacht « Ereklik » parce que l’évaluation du fond<br />
était mauvaise.<br />
Ils permirent à l’inventeur de valider son concept en faisant exploser un radeau le 24 octobre devant<br />
l’amiral Arkas, commandant la flotte de mer Noire, qui jugea cette nouvelle arme bien adaptée à la<br />
défense de ses côtes et demanda à Saint-Pétersbourg d’en autoriser la construction ; mais sa demande<br />
resta sans réponse. Cet épisode mit un point final à la campagne en mer Noire de Drzewiecki, qui<br />
rentra à Saint-Pétersbourg.<br />
A Saint-Pétersbourg, l’effet combiné de son expérience antérieure et du soutien récent des <strong>marins</strong> de<br />
la mer Noire permit à Drzewiecki, âgé maintenant de 35 ans, de retrouver l’influence et les capitaux<br />
nécessaires pour construire un deuxième <strong>sous</strong>-marin à pédales, développement du Podoscaphe. L’engin<br />
fut construit aux chantiers de la Neva (Nevskiï Zavod) en 1879 et essayé la même année dans le<br />
lac de Gatchina, l’une des résidences impériales des environs de la capitale.<br />
Ce modèle, qui n’a jamais porté de nom était un fuseau, en tôles d’acier, de section à peu près triangulaire,<br />
aux dimensions de 5m 80 m x 1m 20 x 1m 80, déplaçant 6 tonnes, emportant un équipage<br />
de 4 hommes et un armement de 2 charges flottantes à mise de feu électrique. Les pédaliers étaient<br />
disposés par paires. La navigation se faisait à vue à travers une tourelle à petites fenêtres renforcées et<br />
équipée d’un périscope L’immersion maximale était de 12m 50 m. Une régénération avec fixation du<br />
CO2 et apport d’oxygène était prévue. La manœuvre se faisait par deux hélices, l’une à l’AR que l’on<br />
pouvait orienter dans le plan horizontal pour tourner, l’autre à l’AV que l’on pouvait orienter dans le<br />
plan vertical pour donner une pointe positive ou négative. La vitesse de pointe atteignait 3 nœuds. Le<br />
périscope était du modèle récemment mis au point par Daudenard, autre ingénieur français.<br />
Chapitre 10 - STEPHAN DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Les essais de l’engin furent orchestrés au lac d’argent de Gatchina pour séduire la Cour : après avoir<br />
démontré la manœuvrabilité devant l’empereur Alexandre II et la tsarine. Drzewiecki fit surface à<br />
proximité de la tribune impériale en offrant un énorme bouquet d’orchidées au tsar et en ajoutant (en<br />
français, langage de la Cour à l’époque) « C’est le tribut de Neptune à Votre Majesté ».<br />
L’empereur donna sur-le-champ au ministre de la défense des instructions pour réaliser 50 exemplaires<br />
du <strong>sous</strong>-marin destinés à renforcer les défenses côtières de Cronstadt et de Sébastopol, et fit<br />
remettre à celui-ci 100 000 roubles.<br />
Chapitre 10 - STEPHAN DRZEWIECKI<br />
Deuxième <strong>sous</strong>-marin de DRZEWIECKI<br />
25 unités furent construites à Saint-Pétersbourg aux usines Lessner et aux chantiers de la Neva. Les<br />
25 autres furent réalisés en France aux usines Plateau à Paris.<br />
Légèrement différent, le modèle de série, n’avait plus qu’une hélice AR orientable dans le plan horizontal.<br />
L’assiette était contrôlée par le déplacement intérieur de deux poids de 320 kg. Un petit tube<br />
d’air pour la ventilation à l’immersion périscopique était disposé à l’AR de la tourelle.<br />
Les 50 unités D-3 furent construites au cours de l’année 1881. <strong>Des</strong> essais approfondis furent conduits<br />
à Cronstadt de mai à octobre 1882 et donnèrent satisfaction (57 jours de mer, 96 heures de plongée,<br />
tenue d’immersion à 20 cm près).<br />
Malgré les progrès de la régénération, la vie à bord était particulièrement difficile (éclairage par les<br />
hublots de la tourelle, absence de vivres et d’eau), si bien qu’un officier britannique passant à Cronstadt<br />
en 1885 pouvait signaler dans son rapport de mission que « les Russes eux-mêmes affirment que<br />
personne de sensé n’embarque sur ces unités ».<br />
Elles furent réparties pour renforcer la défense des principaux ports (34 à Sébastopol et 16 a Cronstadt)<br />
et restèrent en service 5 ans, jusqu’au jour où leur désarmement qui fut décidé en raison de la<br />
faiblesse de leur valeur militaire, due essentiellement à la vitesse (3 nœuds maximum) et à l’armement,<br />
largement dépassé à l’ère de la torpille.<br />
Elles furent alors transformées en bouées et balises,<br />
à l’exception de 8 coques gardées en réserve.<br />
Troisième <strong>sous</strong>-marin de DRZEWIECKI<br />
Page 149
Page 150<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1883 Drzewiecki propose donc à l’Etat-major d’étudier la modernisation du système propulsif de<br />
ses <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> et de leur adapter un moteur électrique.<br />
Concrètement, le constructeur proposa l’électrification de la propulsion de deux modèles précédents,<br />
l’un restant équipé d’une ligne d’arbre à hélice, l’autre utilisant un hydro réacteur, sorte de pompe<br />
aspirant de l’eau à l’avant et la refoulant par l’intermédiaire de deux tuyères à l’arrière. Ce dispositif<br />
permettait d’après son auteur d’assurer la propulsion et le contrôle de la direction, et de surcroît il<br />
jouait le rôle de pompe d’épuisement et de vidange des ballasts.<br />
La firme française Bréguet devait livrer les moteurs électriques nécessaires. Le projet est approuvé<br />
en 1884, puis réalisé en 1885. Les deux <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> sont essayés, atteignent respectivement 4 nœuds<br />
avec l’hélice et 3 nœuds avec l’hydroréacteur .Mais ils seront finalement refusés par la Marine, considérés<br />
comme coûteux et dangereux.<br />
Ces minis <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> sont insuffisamment fiables et les marines se tournent vers des engins beaucoup<br />
plus gros et mieux armés<br />
Drzewiecki se tourne plutôt vers le vol que vers la navigation.<br />
Il continue cependant à proposer à l’Etat-major de la marine de nouvelles idées et de nouveaux modèles<br />
de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>. En 1887 il propose un modèle à vapeur et électricité, de 20 mètres de long et de<br />
60 tonnes de déplacement, emportant 12 hommes et deux appareils de lancement de torpille<br />
En 1888 il suggère un moteur unique pour surface et plongée. Mais, probablement déçu par le manque<br />
de réaction des autorités navales, il part de Russie et s’installe à Paris vers 1889 où il fera la connaissance<br />
de Gustave Eiffel.<br />
Quatrième <strong>sous</strong>-marin de DRZEWIECKI<br />
Dans le domaine de la construction navale, il continue à Paris les réflexions amorcées à Saint-Pétersbourg.<br />
Dès 1892 il esquisse un « torpilleur plongeant » d’un déplacement de 550 tonnes, propulsé par<br />
trois turbines de 2000 CV, qui aurait pu résister à des impacts d’obus de 150 mm grâce à un « aquablindage<br />
» procuré par une immersion allant jusqu’à 4 mètres. La vitesse pouvait atteindre 25 nœuds<br />
en semi surface et 15 en immersion.<br />
Puis il étudie à nouveau pour la marine russe le moteur unique pour propulser un <strong>sous</strong>-marin en surface<br />
comme en plongée (1892 puis 1903) et propose d’armer avec des torpilles les <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de<br />
défense de port construits selon ses plans (1893).<br />
Aquablindé, torpilleur semi submersible<br />
Chapitre 10 - STEPHAN DRZEWIECKI
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 10 - STEPHAN DRZEWIECKI<br />
ESSAIS DES SOUS-MARINS DRZEWIECKI 3 ET 4<br />
DRZEWIECKI 3<br />
En 1896, devant l’affluence de projets de bâtiments <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong>, le<br />
Ministre de la marine organise en France un concours doté de prix<br />
importants. Les spécifications sont posées par l’état-major, et les ingénieurs<br />
doivent convaincre de la valeur de leurs projets. Les lauréats<br />
verront leur projet réalisé pour la Marine nationale. Comme on le sait<br />
ce concours verra la victoire du submersible de Laubeuf -véritable<br />
<strong>sous</strong>-marin installé dans la coque d’un torpilleur - et l’émergence pour<br />
un demi-siècle de la formule de la double coque et de la double propulsion.<br />
Mais le deuxième prix de 5000 Franc-or est attribué à Drzewiecki pour sa proposition d’une unité<br />
de 120 t pour 12 hommes, qui reprend les traits principaux de son projet de 1887 correspondant à un<br />
<strong>sous</strong>-marin dit autonome, c’est-à-dire équipé d’un moteur pour recharger sa batterie par opposition au<br />
<strong>sous</strong>-marin pur ou électrique préconisé par Romazzotti.<br />
On ne peut d’ailleurs exclure que Laubeuf ait eu connaissance des travaux de Drzewiecki sur les<br />
torpilleurs semi-submersibles, car on sait que Laubeuf avait construit des séries de torpilleurs avant<br />
1896 et qu’il était spécialiste de ce type d’unité.<br />
Le concours Lockroy eut une conséquence importante pour Drzewiecki : l’appareil de lancement de<br />
torpilles qu’il proposait fut retenu pour le « Narval » que Laubeuf allait construire, puis pour plusieurs<br />
séries de <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> français. Cela assura à Drzewiecki une certaine renommée et simultanément<br />
l’amélioration de sa situation financière.<br />
Drzewiecki mourut à Paris en 1938. Il reste de par ses multiples travaux, un des promoteurs du <strong>sous</strong>marin<br />
moderne.<br />
Page 151
Page 152<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 11 - Période de 1870 à Nordenfeldt<br />
En cette fin du XIXe siècle, les projets de <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> commençaient à prendre de<br />
l’ampleur et les avancées techniques et technologiques allaient permettre de découvrir des machines<br />
beaucoup plus sérieuses et fiables. Les curiosités n’allaient pas disparaître pour autant.<br />
Sous-marin de M. Delavaque<br />
***<br />
Si l’on passe rapidement sur le projet du Français Mr DELAVAQUE en 1874, qui se rapprochait du<br />
<strong>sous</strong>-marin de Drzewiecki avec 2 hélices horizontales, il faut s’attarder sur l’étonnant projet du« hémi<br />
plongeur » de l’Italien Donato TOMASI, qui, en 1876, étudia une machine de grande dimension<br />
divisée en 3 parties devant servir à des fins touristiques. Ce n’était pas un vrai <strong>sous</strong>-marin mais le<br />
concept est intéressant pour mériter d’être cité.<br />
Une énorme plateforme<br />
B (prévue<br />
flottante mais qui<br />
ne devait pas toucher<br />
la surface en<br />
marche) était reliée<br />
par deux sections<br />
cylindriques (C) à<br />
un corps propulseur<br />
entièrement <strong>sous</strong>marin<br />
(A). Ce dernier, lui aussi de forme cylindrique<br />
et horizontale, était équipé de ballasts et<br />
contenait une machine à vapeur (D) servant à<br />
la propulsion. Cette dernière était confiée à une<br />
grande hélice.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Deux cheminées remontaient vers le dessus de la plate-forme, l’une (I) pour évacuer les fumées,<br />
l’autre (J) servant comme prise d’air frais pour la partie immergée. Par les deux sections verticales, un<br />
jeu d’échelles permettait de communiquer entre la partie supérieure et la partie inférieure du navire.<br />
Le dessin nous permet de nous rendre compte des proportions des différents éléments.<br />
En configuration de marche, la plate-forme devait être maintenue<br />
à une hauteur d’environ deux mètres au-dessus de la<br />
surface, ce qui la protégeait des effets de la houle et offrait un<br />
confort aux passagers qui ne devaient, de la sorte, subir le mal<br />
de mer.<br />
En cas de problème, la plate-forme était prévue insubmersible<br />
par la présence de flotteurs <strong>sous</strong> son plancher. L’idée se rapproche<br />
des navires à effets de surface modernes. Mais l’inventeur<br />
ne précise pas les moyens qu’il comptait utiliser pour assurer<br />
la stabilité au tangage de la partie immergée. Sans doute<br />
de larges plans horizontaux auraient fait l’affaire en phase<br />
propulsive, mais à l’arrêt l’effet de balance ne pouvait être<br />
empêché que par la flottabilité de la plate-forme.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT<br />
***<br />
Deux ans auparavant un américain nommé John SMITH déposa un brevet pour un véritable <strong>sous</strong>marin<br />
équipé d’un flotteur qui offrait la particularité d’être commandé à distance et de ne pas être<br />
habité. C’est sans doute la première fois dans l’histoire que ce procédé était appliqué à un <strong>sous</strong>-marin<br />
qui n’était pas une arme en lui-même. D’une longueur de 11 mètres pour un diamètre de 4m 50, il<br />
avait la forme d’un citron stabilisé sur sa partie inférieure par une imposante quille lui permettant<br />
d’approcher les fonds <strong>marins</strong> sans risque pour sa structure. Construit en fer et propulsé par un moteur<br />
électrique sur batterie, il devait plonger en remplissant un ballast et en déroulant un flotteur fixé sur<br />
son pont. L’opérateur qui le commandait depuis le rivage par un câble de liaison, pouvait ainsi voir<br />
sa position.<br />
La propulsion était assurée par une hélice<br />
et la direction par un petit gouvernail,<br />
tous ces équipements <strong>sous</strong> contrôle de la<br />
commande électrique à distance.<br />
Bien qu’il ait commencé la réalisation,<br />
l’inventeur de cette machine rencontra,<br />
paraît-il, tant de difficultés pour cette<br />
technologie de pointe pour l’époque,<br />
qu’il n’acheva jamais son œuvre.<br />
On ignore avec quelle précision il aurait<br />
pu mettre en œuvre une arme à moins de<br />
faire exploser son <strong>sous</strong>-marin contre sa<br />
cible.<br />
Page 153
Page 154<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
George William GARRETT est né en 1852 à Moss prés, Manchester, où son<br />
père était vicaire de l’Eglise. Il était un garçon doué qui dès l’âge de 17 ans<br />
étudia la chimie et la mécanique au collège d’Owen (maintenant l’Université<br />
de Manchester). À l’âge de 25 ans, <strong>sous</strong> l’influence de son père, il rentre dans<br />
la religion.<br />
Convaincu de l’application de la vapeur à la navigation <strong>sous</strong>-marine, il fonda<br />
la « Pneumataphore Company » à Manchester en 1878 avec un capital de<br />
10000 £.<br />
Il commença par réaliser un petit <strong>sous</strong>-marin expérimental pour découvrir les rudiments de la navigation<br />
<strong>sous</strong> l’eau.<br />
Celui-ci mesurait 4m 50 de long et 1m 50 de diamètre en son centre. Construit en tôles d’acier, il<br />
avait une forme ellipsoïde et était prévu que pour un seul homme. Sur le fond, <strong>sous</strong> le plancher intérieur<br />
se trouvait le réservoir d’eau servant de ballast qui devait donner une flottabilité quasi nulle au<br />
<strong>sous</strong>-marin, le réglage final se faisant par un piston hydrostatique débouchant sur le dos du bateau.<br />
Une hélice manœuvrée à la main permettait les déplacements. Une<br />
petite tourelle contenait la tête du pilote qui pouvait passer ses<br />
bras dans des manches en cuir pour effectuer des manipulations<br />
extérieures.<br />
<strong>Des</strong> expériences furent faites dans bassin du port de<br />
Liverpool. Le moyen de se propulser était très peu pratique<br />
comparé à celui du « podoscaphe » de Drzewiecki qui<br />
utilisait un pédalier. Mais l’expérience acquise allait faire profit<br />
pour la construction d’un <strong>sous</strong>-marin beaucoup plus grand.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT<br />
Photo ci-dessus et page précédente :<br />
Le révérend George Garrett (au centre avec sa fille), et son équipage à bord du Resurgam après sa construction à l’usine de Birkenhead.<br />
Le révérend George William Garrett étudia ensuite le « Resurgam », son deuxième <strong>sous</strong>-marin, cette<br />
fois à propulsion vapeur, qui fut breveté et construit en 1879 par Cochran & Co à Birkenhead.<br />
Le « Resurgam » était fabriqué au moyen de plaques en fer fixées sur des longerons soudés euxmêmes<br />
sur des cadres. La section centrale était revêtue de madriers en bois retenus par des sangles.<br />
Cela permettait de donner un peu de flottabilité tout en renforçant la protection de la coque contre les<br />
effets des armes et de la houle à quai.<br />
La propulsion était fournie par une machine à vapeur brevetée par Eugène Lamm en 1872, assurant<br />
une autonomie pour un maximum de quatre heures. Une hélice unique permettait au <strong>sous</strong>-marin de<br />
se déplacer. Le <strong>sous</strong>-marin était conçu pour plonger par effet dynamique en utilisant deux grandes<br />
gouvernes horizontales placées de chaque côte de la coque, vers le milieu.<br />
Les dimensions du bateau étaient les suivantes : 45 pieds de long, 10 de diamètre, (15 m x 3m30)<br />
pour une masse de 30 tonnes. L’équipage prévu était de trois hommes qui disposaient de peu de place,<br />
la machinerie occupant toute la partie centrale. Après avoir réussi ses essais dans l’embouchure du<br />
Mersey près des docks de Wallasey en Angleterre, le « Resurgam » devait se rendre, par ses propres<br />
moyens, de Birkenhead à Portsmouth<br />
pour une démonstration à<br />
l’état-major de la Royal Navy.<br />
Une réplique du Resurgam est exposée à Woodside,<br />
Birkenhead, en 1997<br />
Page 155
Page 156<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Au cours du voyage, des problèmes techniques forcèrent le bâtiment à revenir accoster à Rhyl pour<br />
effectuer les réparations.<br />
Une fois les réparations terminées, devant faire face au mauvais temps, l’équipage embarqua sur un<br />
bateau à vapeur qui fut utilisé pour remorquer le <strong>sous</strong>-marin. Les matelots chargés de l’opération,<br />
après l’appareillage, firent appel aux occupants du<br />
<strong>sous</strong>-marin pour faire face à des problèmes d’amarrage.<br />
Malheureusement, l’écoutille du petit kiosque<br />
ne pouvait pas être fermée étanche de l’extérieur.<br />
Ballotté par les paquets de mer, le <strong>sous</strong>-marin finit<br />
petit à petit par s’inonder et rompit ses amarres <strong>sous</strong><br />
la pression.<br />
Il fut définitivement perdu en mer, au large de Rhyl,<br />
le 25 Février 1880.<br />
Par la suite, GARRET collabora à la construction des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> de Nordenfeldt.<br />
Malgré d’autres <strong>sous</strong>-projets qui devaient suivre, en particulier en Suède et en Turquie, Garrett n’a<br />
jamais réussi à regagner la confiance du public dans ses idées.<br />
Désenchanté, il émigra en Amérique et perdit le peu d’argent qui lui restait dans des projets pour<br />
l’agriculture. Il mourut dans la pauvreté à New York en 1902.<br />
L’épave du « Resurgam » a été découverte à Colwyn Bay en 1995 ; elle est devenue la cible de<br />
pillards, ce qui nécessita une ordonnance de préservation comme monument historique par les autorités<br />
locales. Le renflouement de l’épave n’est toujours pas financé.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT<br />
***<br />
Si M. Garret avait envisagé d’étudier l’installation<br />
d’un moteur à gaz en remplacement de son moteur<br />
à vapeur, c’est que l’idée faisait son chemin à cette<br />
époque. Citons au passage le bateau <strong>sous</strong>-marin proposé<br />
sans succès à la marine française par M. A. ROY<br />
ingénieur civil des mines à Paris.<br />
Son <strong>sous</strong>-marin dont il avait sollicité un brevet devait être manœuvré par deux ou trois hommes et<br />
contenir des réservoirs d’air comprimé. L’originalité était le moteur à poudre qui devait avoir la forme<br />
d’une arme à feu, dont M.Roy, en la décrivant, emploie comme dénomination des diverses pièces, les<br />
termes : culasse, barillet, percuteur etc. Cette « arme machine », si on peut la dénommer ainsi, devait<br />
fonctionner par un système à répétition consistant en trois opérations : introduction de la cartouche,<br />
mise a feu, explosion de la cartouche brûlée. Le gaz turbinait un arbre de manœuvre faisant jonction<br />
avec l’hélice de propulsion. Autre particularité, l’utilisation de deux autres hélices, horizontales cette<br />
fois-ci, système de stabilisation que reprendra Nordenfeldt et Baker dont nous parlerons plus loin.<br />
En 1880 /1881 deux intéressants projets sont à signaler.<br />
Page 157
Page 158<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Nous commencerons par celui de Monsieur LAGANE, directeur des chantiers de la Seyne, qui étudia<br />
un torpilleur <strong>sous</strong>-marin de 28 mètres de long et 3 mètres de large, qui portait, en guise de pont, un<br />
épais plancher de madriers. Propulsé par la vapeur, il était équipé à l’avant d’un épar télescopique<br />
armé d’une torpille. La cheminée était elle aussi télescopique et le bateau pouvait s’enfoncer jusqu’à<br />
1 mètre <strong>sous</strong> la surface, son matelas de madriers en bois lui assurant une bonne protection et une certaine<br />
flottabilité. Son inventeur rajouta par la suite un tube lance- torpilles.<br />
Bien qu’il ne fût pas construit, il offrait une bonne habitabilité pour son équipage.<br />
MM. Benjamin BERKLEY et HOTCHKISS le célèbre constructeur de la mitrailleuse qui porte<br />
son nom, prirent un brevet pour un torpilleur submersible qui utilisait un nouveau concept de flotteurs<br />
pour s’immerger.<br />
En forme de cigare, le bâtiment était muni de chaque coté de sa coque d’un flotteur en liège reliés<br />
par des bras mécaniques qui permettaient de les rapprocher ou des les éloigner du dessus du pont, ce<br />
qui réglait la profondeur d’immersion. Les coupes du dessin nous expliquent bien le fonctionnement.<br />
Une variante fut également étudiée avec des flotteurs demi cylindriques qui, en se rejoignant à la<br />
partie supérieure et dans l’axe du bateau, formaient un cylindre fusiforme flottant seul à la surface.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Un projet de bâtiment plus petit fut également étudié<br />
par Berkley. Cette fois les flotteurs se trouvaient devant<br />
et derrière et venaient se rejoindre face a face.<br />
Il est curieux de constater que les inventeurs de cette<br />
époque avaient du mal à se détacher complètement de<br />
la surface. Sans doute l’absence d’un moteur peu gourmand<br />
en air les orientait vers des machines à faible immersion.<br />
C’est sans doute le cas du projet de Monsieur JACQUEMIN, employé aux chantiers de la Ciotat qui<br />
breveta une machine d’aspect relativement classique mais disposant d’une énorme manche d’aération<br />
servant également d’observatoire. On y retrouvait des casques et manches de cuir caoutchouc comme<br />
sur le <strong>sous</strong>-marin de Castera et également une embarcation de sauvetage insubmersible (L) comme<br />
sur les plongeurs de MM. Bourgeois et Brun.<br />
En 1883, Monsieur DAVIES prit un brevet pour un petit torpilleur <strong>sous</strong>-marin nommé « Démon »,<br />
qui devait être manié que par un seul homme couché dans une sorte de chaise longue au centre du<br />
navire.<br />
Propulsé par une machine à air comprimé, ce <strong>sous</strong>-marin transportait deux torpilles placées sur son<br />
pont qui pouvaient être larguées <strong>sous</strong> la coque des <strong>bateaux</strong> ennemis. Une fois rendues libres, ces<br />
torpilles, de flottabilité positive, s’élevaient dans l’eau en déroulant un fil de métal enroulé sur une<br />
bobine. Ce fil, isolé, servait à mettre à feu les torpilles en temps voulu par le moyen d’une pile électrique.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT<br />
Page 159
Page 160<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
En 1884 un américain de San Francisco, Monsieur Josiah Hamilton TUCK fit construire à New<br />
York un <strong>sous</strong>-marin électrique de 8 mètres de longueur et 1m 80 de creux et jaugeant 20 tonneaux. Ce<br />
bateau qui fut breveté en France, fut fabriqué à la « submarine Motor & Co » de New York, offrait<br />
plusieurs particularités intéressantes.<br />
Au milieu du bateau, se trouvait<br />
un sas permettant au scaphandrier<br />
de sortir et d’opérer des<br />
missions pacifiques<br />
ou mili-<br />
taires.<br />
Le moteur<br />
était du type électrique<br />
et actionnait une hélice<br />
unique placée à l’arrière.<br />
Ce système de propulsion parvint à<br />
imprimer une vitesse de 7 à 8 nœuds<br />
durant les essais. Une seconde hélice,<br />
à axe vertical, placée <strong>sous</strong><br />
le navire, servait conjointement<br />
avec les réservoirs<br />
d’eau, à assurer<br />
la plongée et la stabilité<br />
en immersion. La stabilité longitudinale<br />
était assurée par un système<br />
de poids que l‘on déplaçait suivant<br />
les besoins.<br />
Deux torpilles placées sur la coque, l’une à l’avant, l’autre à l’arrière, étaient retenues dans des gaines<br />
en fer par des électro-aimants. Lorsque le courant était interrompu, par leur flottabilité propre, elles<br />
remontaient vers la surface en déroulant deux fils électriques<br />
permettant de commander leur mise à feu depuis le <strong>sous</strong>-marin.<br />
L’équipage était formé de trois hommes dont un plongeur. Le<br />
renouvellement de l’air devait s’obtenir par des tuyaux reliés à<br />
des flotteurs.<br />
Ce bâtiment fit des essais concluants prés des forges de Delamater<br />
à New York. Mais il n’y eut pas de suite, la marine se<br />
refusant d’acquérir le prototype.<br />
En 1885, Tuck réalisa également à New York un deuxième <strong>sous</strong>marin,<br />
plus évolué que son premier. Il mesurait 9m 20 de long,<br />
2m 65 de largeur et 2m 80 de creux. La coque était surmontée<br />
d’une quille faisant tout le tour du bateau dans le sens longitudinal,<br />
pour le protéger des chocs avec le fond ou la coque des<br />
navires. Un trou d’homme permettait l’accès et une tourelle demi-sphérique<br />
au raz du pont servait au commandant du bateau<br />
pour se diriger à vue.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT<br />
Gravure d’un magasine d’époque montrant une torpille et le « Peacemaker »<br />
Page 161
Page 162<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Baptisé « Peacemaker » (le pacificateur), ce <strong>sous</strong>-marin devait être propulsé par une chaudière à vapeur<br />
chauffée par réaction chimique de la soude avec d’autres substances. La puissance escomptée<br />
était de 14 chevaux activant une unique hélice. Quatre gouvernes de plongée étaient disposées par<br />
deux à l’avant et à l’arrière, protégées des chocs par des tubes coudés.<br />
<strong>Des</strong> réservoirs d’air comprimé et des batteries électriques complétaient l’équipement.<br />
L’armement était du même type que sur le premier <strong>sous</strong>-marin.<br />
Les essais permirent d’atteindre une profondeur de 17 mètres et le <strong>sous</strong>-marin réussit à passer <strong>sous</strong> un<br />
remorqueur sans être vu. Toutefois le système de chaudière n’était pas au point et le « Peacemaker »<br />
n’eut pas une fin plus heureuse que son prédécesseur.<br />
***<br />
En 1884 BLAKESLEY présenta un <strong>sous</strong>-marin, référencé dans les archives de la construction navale,<br />
pouvant servir en temps de paix pour des travaux auxquels sont employés les cloches à plongeur,<br />
avec compartiment écluse. Il offrait de munir son bateau <strong>sous</strong>-marin d’une chaudière sans feu développant<br />
de la chaleur par absorption de la vapeur d’eau par une matière avide de ce corps (sans doute<br />
de la potasse ou de la soude).<br />
Plans du projet de bateau-cloche de LAKESLEY<br />
***<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Une autre curiosité est le <strong>sous</strong>-marin d’un ingénieur français, Monsieur FLAIS, qui prit un brevet en<br />
1885 pour une machine à immersion par volume variable qui ne fut pas construite faute de crédits.<br />
D’une longueur de 6m 50 et d’un diamètre de 1m 50, ce <strong>sous</strong>-marin cylindrique en tôles de fer était<br />
propulsé par un moteur à gaz et régulait son immersion par un piston érectile placé sur l’avant de du<br />
bateau. Il devait être armé d’une unique torpille portée sur l’extérieur de la coque et munie d’un détonateur<br />
à horloge.<br />
Sous-marin à volume<br />
variable de M Flais<br />
Breveté à la même époque, Monsieur BOUCHER proposa un bateau <strong>sous</strong>-marin mû à la fois par<br />
une hélice et par des pales (?). Un système de renouvellement de l’air intérieur devait fonctionner en<br />
faisant traverser de l’eau dans des plaques percées de trous innombrables. Monsieur Boucher espérait<br />
ainsi en extraire l’air pour régénérer l’atmosphère à l’intérieur du bateau. De plus, celui-ci devait être<br />
muni à sa partie inférieure de tampons à ressorts destinés à amortir le choc en cas de plongées trop<br />
brusques.<br />
On se doute de l’inefficacité<br />
de ce système<br />
de régénération de<br />
l’air qui avait déjà été<br />
testé pas d’autres inventeurs.<br />
Sous marin<br />
de M. Boucher<br />
La même année, c’est un autre « Nautilus » qui allait voir le jour, de l’initiative de deux anglais,<br />
Messieurs James ASH & Andrew CAMPBELL, qui obtinrent un brevet pour un bateau <strong>sous</strong>-marin à<br />
volume variable qu’ils baptisèrent comme celui de Jules Verne.<br />
Ce Nautilus fut construit chez Wolseley & Lyon en Angleterre. Il s’agissait d’un bâtiment de 60<br />
tonnes mesurant 18m 30 de long, 3 mètres de large et 4 mètres de haut en son centre. Il était propulsé<br />
par deux moteurs électriques sur batteries, chacun actionnant un arbre d’hélice ce qui devait donner<br />
une vitesse maximum de 8 nœuds et un rayon d’action de 80 milles.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT<br />
Page 163
Page 164<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
180 accumulateurs pouvaient produire une force de 50 chevaux.<br />
La particularité de ce <strong>sous</strong>-marin résidait en son système d’immersion basé sur la variation de volume.<br />
Quatre paires de pistons se trouvaient de chaque côté de la coque et chacun d’eux était jumelé<br />
avec son équivalent sur l’autre bord. Ils consistaient en des barils cylindriques qui coulissaient dans<br />
un autre plus grand mais fixe, pris dans le volume interne du bateau. Un système d’engrenages permettait<br />
de faire rentrer ou sortir les parties mobiles en fonction de la flottabilité désirée.<br />
Les essais ne furent jamais terminés. Il était très difficile de manœuvrer rapidement les pistons et<br />
ceux-ci, en surface, faisaient une traînée qui ralentissait sérieusement le bateau. La vase et les herbes<br />
marines gênaient le glissement des parties mobiles.<br />
Les gouvernements anglais et français<br />
refusèrent d’acheter le navire.<br />
***<br />
Le Nautilus d’Ash & Campbell<br />
selon différents documents de l’époque<br />
Sans forcement étudier la réalisation complète d’un <strong>sous</strong>-marin, certains inventeurs se consacrèrent<br />
uniquement sur un système efficace de propulsion pour les submersibles.<br />
Citons, entre autres, MM. BARON & BOISSEAU, qui en 1886 firent breveter un projet de propulsion<br />
mixte utilisant un moteur à hydrocarbures pour la navigation en surface avec usage de l’air aspiré<br />
par des tubes comme comburant, le moteur assurant à la fois le fonctionnement de l’hélice mais aussi<br />
la compression d’air pour recharger les réserves d’un second moteur de plongée qui devait fonctionner<br />
à l’air comprimé.<br />
L’idée de la double propulsion semblait désormais la plus appropriée à la navigation <strong>sous</strong>-marine.<br />
§<br />
Moteur mixte de Baron & Boisseau<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
D’autres se penchaient presque exclusivement sur les moyens d’immersion. Citons le cas du brevet de<br />
1885 de l’anglais Richard WATKINS, qui, reprenant l’idée de Symons, fit breveter un <strong>sous</strong>-marin à<br />
volume variable dont les extrémités, en forme de cône, devaient pouvoir rentrer dans la partie cylindrique<br />
de la coque. Le bâtiment possédait également en son centre un sas pour scaphandrier. L’auteur<br />
ne précisait ni les dimensions, ni le moyen de propulsion.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT<br />
Sous-<strong>marins</strong> de M. Watkins de M. Gaget (1885)<br />
Nous passerons sur un autre brevet français, de la même année, pris par un certain Monsieur GAGET,<br />
pour un <strong>sous</strong>-marin de petite dimension, semblable au « Tesurgeam » de Garret, à propulsion manuelle,<br />
dont la fonction était « d’assister les travaux des plongeurs dans les infrastructures des ports » .<br />
Certes il y avait parfois un sérieux décalage dans l’évolution de la technique des <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong> entre les<br />
divers projets proposés. Cela venait, en fait, de la méconnaissance des avancées par l’absence d’une<br />
médiatisation qui était loin d’être celle dont nous disposons aujourd’hui.<br />
***<br />
Scientifique et militaire espagnol, né à Carthagène en 1851, Isaac PERAL<br />
CABALLERO était le fils d’un officier de la Marine. A quatorze ans, il<br />
rejoint l’Académie navale de San Fernando (Cadix) et en 1876 il est affecté<br />
à l’école des études de développement de la marine à San Fernando comme<br />
professeur de physique mathématique.<br />
Depuis 1884, il travaille sur l’idée d’un <strong>sous</strong>-marin et profite du conflit dans<br />
les îles Carolines, entre l’Espagne et l’Allemagne (1885), pour décider son<br />
gouvernement de la construction de son <strong>sous</strong>-marin.<br />
Le ministre de la Marine, le vice-amiral Manuel de la Pezuela présenta son projet devant un comité<br />
technique, qui donna un rapport favorable. Le premier budget 5.000 pesetas, permit d’acquérir du<br />
matériel à l’étranger introuvable en Espagne, comme des dispositifs optiques, des torpilles, des accumulateurs<br />
etc.<br />
Commencé le 23 octobre 1887 dans l’arsenal de Cadix, son <strong>sous</strong>-marin mesurait 22 mètres de long<br />
pour un diamètre de 2m 87 au milieu, avec un déplacement de 79 tonnes en surface et 87 tonnes en<br />
plongée. Il avait la forme d’un cigare et était fait d’une structure en acier.<br />
Page 165
Page 166<br />
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Plan original du <strong>sous</strong>-marin de Peral (avec éperon)<br />
Lancement à Cadix en 1888 – Remise à flot en démonstration contre flanc<br />
d’un autre <strong>sous</strong>-marin (1948)<br />
L’immersion s’obtenait par remplissage de ballast et la propulsion était assurée par deux moteurs<br />
électriques de 30 chevaux entraînant deux hélices. Une ventilation avec un purificateur d’air à base<br />
de soude avait été prévue pour un équipage de 6 hommes. Deux tubes lance-torpilles automobiles<br />
constituaient l’armement principal. Un éperon, à l’avant, existait également mais son utilisation était<br />
purement illusoire. Celui-ci fut supprimé par la suite pour placer le tube lance-torpilles dans l’axe du<br />
bateau.<br />
La vitesse maximale obtenue était de 8 nœuds en surface et 3,5 nœuds en plongée. Il avait une autonomie<br />
électrique de 396 milles grâce à 613 accumulateurs de 50 kilos.<br />
Autre particularité intéressante, une tour optique pouvait s’élever à deux mètres au-dessus du centre<br />
de la coque. Un homme de veille étriqué pouvait s’y maintenir debout à l’intérieur et diriger le bateau<br />
en regardant par les hublots.<br />
Le lancement se fait le 8 septembre 1888.<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT
ncyclopédie mondiale des <strong>bateaux</strong> <strong>sous</strong>-<strong>marins</strong><br />
Le premier test consistait à vérifier l’habitabilité et les possibilités d’autonomie respiratoire de l’équipage.<br />
<strong>Des</strong> réservoirs d’air comprimé à 79 atmosphères étaient complétés par des instruments permettant<br />
de mesurer la température et l’humidité. Un tube à clapet devait permettre de souffler l’air<br />
vicié vers l’extérieur. Six personnes, (sauf une qui quitta le bâtiment un peu plus d’une heure après),<br />
restèrent pendant près de cinq heures et demie <strong>sous</strong> la surface et parcoururent quatre milles <strong>sous</strong> l’eau<br />
pendant plus d’une heure en passant pratiquement inaperçues. Il semble toutefois que le bateau ait<br />
eu comme principal défaut de tenir assez mal la plongée. Il subit d’ailleurs quelques transformations<br />
par la suite.<br />
Après un lancement réussi de torpille, Peral connut malheureusement le sort de certains de ses prédécesseurs.<br />
La marine se désintéressa du projet avec la fin des hostilités et faute de crédits le <strong>sous</strong>-marin<br />
resta à quai. Il réussit cependant à prendre plusieurs brevets sur des appareils électriques. Il décédera<br />
d’un cancer au cerveau le 22 mai 1895.<br />
Le bâtiment est actuellement conservé à Carthagène après avoir été exposé à l’exposition universelle<br />
de Séville.<br />
Le <strong>sous</strong>- marin de Péral en période d’essais à Cadix<br />
Chapitre 11 - PÉRIODE DE 1870 à NORDENFELDT<br />
Le <strong>sous</strong>-marin de PERAL tel que l’on peut le voir actuellement à Carthagène<br />
Page 167