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Les Nouvelles du TOP20 - Jean-Pierre Planque

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<strong>Les</strong> <strong>Nouvelles</strong> <strong>du</strong> <strong>TOP20</strong><br />

Pourtant, je ne sens rien, pas la moindre douleur. Un cri retentit qui me tire vers la<br />

porte. C'est venu <strong>du</strong> dehors. De l'autre côté de la rue.<br />

Je passe une nouvelle fois la tête par la petite fenêtre. Derrière la lucarne de<br />

l'immeuble d'en face, un visage de femme, déformé par la peur. Je ne connais<br />

personne de l'autre côté de la rue. Pas même une adolescente que j'aurais suivie<br />

jusqu'au pas de sa porte. Personne. Ses traits se précisent, ses yeux sont grand<br />

ouverts. Son regard est braqué sur le mien. Et mes mains saignent. Puis le sang<br />

s'évanouit une nouvelle fois. Je demeure immobile, sur le point de vomir avec une<br />

seule idée en tête : descendre me fondre dans la foule grandissante des premiers<br />

badauds de l'aurore. Derrière la petite lucarne, il n'y a plus personne.<br />

Je reste à scruter les environs. En vain. Le téléphone sonne. Je me précipite et<br />

décroche. Lory est au bout <strong>du</strong> fil. Sa voix rieuse semble pour une fois pleine de<br />

reproches :<br />

— Que fais-tu ? demande-t-il. Tu devrais être là.<br />

— Je ... Je... Qu'est-ce que tu racontes ?<br />

— Sacré farceur ! Tu as oublié qu'on fêtait mon anniversaire ce soir. »<br />

Je m'en souviens bien, trop bien, et je ne comprends pas pourquoi Lory<br />

m'appelle à une heure si matinale.<br />

— Alors, insiste-t-il, tu viens, oui ou non ? Serais-tu dans les bras d'une<br />

nouvelle conquête ?<br />

— Tais-toi. Je ne comprends rien.<br />

— Allez, dépêche-toi, résonne la voix au bout <strong>du</strong> fil. Il est déjà sept heures. »<br />

Lory raccroche. Je regarde ma montre : sept heures et quart <strong>du</strong> matin, l'heure à<br />

laquelle je me réveille d'ordinaire pour chercher un travail plus consistant. Un vrai<br />

travail ! Mais pas un dimanche, non ! Surtout après une cuite comme celle d'hier soir.<br />

Un gros nuage passe devant la lucarne, obscurcissant <strong>du</strong> même coup la chambre<br />

minuscule dans laquelle j'ai l'habitude de passer la majeure partie de mes jours et de<br />

mes nuits. J'ai encore mal à la tête. Pourtant, il me semble avoir dormi longtemps,<br />

d'un sommeil très lourd. Nous sommes dimanche et je ne m'explique pas l'appel de<br />

Lory. Nous avons fêté son anniversaire hier soir. <strong>Les</strong> minutes s'écoulent,<br />

interminables, et je ne cesse de regarder mes mains. La pen<strong>du</strong>le murale lance son<br />

tic-tac obsessionnel. Il est bientôt huit heures. Du soir, <strong>du</strong> matin ?<br />

Huit heures douze. Le sang coule à nouveau sur mes mains et le long de mes<br />

poignets. J'essaye de me souvenir. Un cri à nouveau, plus fort que le précédent. Je<br />

me lève et cours à la lucarne. Elle est là-bas, nue derrière la vitre. <strong>Les</strong> rayons <strong>du</strong><br />

soleil s'attardent sur son corps.<br />

Un mince filet de sang s'échappe de sa poitrine. Huit heures treize. Je continue<br />

de regarder sans rien comprendre. Une main saisit la fille à la gorge. Elle tombe à la<br />

renverse. Mes mains recommencent à saigner. Huit heures trente. Je n'ose bouger.<br />

Je sais que je ne peux rien faire. Si, une seule chose : appeler la police. Je compose<br />

le numéro en toute hâte. Le commissariat <strong>du</strong> quartier me répond qu'ils vont vérifier.<br />

Je leur demande de me rappeler immédiatement. Quelques minutes plus tard, la<br />

sonnerie, stridente. Je fais un bond.<br />

— C'est bien vous qui venez de nous appeler ?<br />

— Oui, pourquoi ?<br />

— Ne recommencez pas. C'est une très mauvaise plaisanterie...<br />

— Qu'est-ce que vous dîtes ? »<br />

Je reste cloué devant le combiné sans ajouter un mot. Ils ont raccroché. Rouge<br />

sang, dans mon esprit, dans tout mon corps. Je crois devenir fou. Complètement

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