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Les Nouvelles du TOP20 - Jean-Pierre Planque

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<strong>Les</strong> <strong>Nouvelles</strong> <strong>du</strong> <strong>TOP20</strong><br />

J’aimais beaucoup Fred. Mais là, c’en était trop. Voir pour la première fois de sa<br />

vie des sacrifices humains, ce n’est pas comme d’aller au bordel ou de fumer des<br />

joints en cachette de sa mère...<br />

— Dis moi, mon copain, on ne va pas gâcher notre belle amitié, ni le<br />

champagne que nous avons partagé, non ? Autrement, tu n’as qu’à retourner à<br />

l’église t’ennuyer avec des choses que tout le monde connaît et qui ne servent à rien<br />

dans l’équilibre biologique <strong>du</strong> monde vivant. Notre planète est vivante.<br />

— Bien sûr, je le sais. J’en suis même convaincu. Depuis toujours, je vote écolo<br />

et je me passionne pour l’astrophysique, en amateur, avec un pote. Il s’appelle<br />

Thierry et il est passionné par <strong>Jean</strong>-<strong>Pierre</strong> L’Aigle, un grand chercheur dans cette<br />

discipline...<br />

— Jamais lu. Je n’aime pas lire trop tard la nuit. J’aime mieux boire ou faire<br />

l’amour.<br />

— À mon avis, c'est pas incompatible ! »<br />

Je ne sais comment interpréter ces mots, comme l'attitude un peu trop<br />

désinvolte que j’affichais. Comme si j’étais un autre personnage. Peut-être qu’il<br />

venait de me dénuder ou de m’offrir un vêtement d’insouciance et de vide partiel<br />

pour que je l’aide à obtenir quelque chose qui, selon lui, lui revenait de droit. De toute<br />

façon, je n’étais pas choqué de ce désir qu’il avait de me manier, à essayer de me<br />

posséder. C’était un divertissement par rapport à la banalité de l’existence.<br />

Il aurait très bien pu solliciter quelqu’un ou quelque chose d’autre que moi.<br />

D’ailleurs, il l’avait déjà fait et le ferait encore avec n’importe qui ou n’importe quoi et<br />

ce, n’importe où. Pourvu qu’il y ait de l’énergie émotionnelle à pomper et des<br />

jouissances extrêmes à éprouver. Il ne se refusait aucune jouissance. Tout au plus,<br />

c’était ce qui paraissait. Mais l’homme peut-il voir plus loin et plus profond qu’en<br />

surface des choses ?<br />

<strong>Les</strong> sacrifices humains ne m’avaient pas plus choqué que ne l’aurait fait un film<br />

à la télé ou un spectacle spécialisé. Choqué, oui, mais pas impliqué. Ce n’est<br />

qu’ensuite que je sentis que quelque chose en moi n’y était plus. Quelque chose de<br />

nouveau s’y était intro<strong>du</strong>it qui m’avait finalement trouvé. De toute façon, je le savais,<br />

même si mon côté humain et rationnel, intellectuel s’y refusait. Je ne suis ni un crétin<br />

ni un irresponsable. Ce que j’ai vu et ressenti dépasse tout ce que j’ai lu et ce que je<br />

lirai peut-être si je rate mon suicide. Pourquoi se suicider, d’ailleurs ? Quand on sait<br />

ce que je sais, le suicide n’est, en aucun cas, une sortie de secours. Pas plus<br />

sécurisant que la drogue ou la folie.<br />

Nous avons fait l’amour et expérimenté plusieurs positions physiques<br />

initiatiques. Je l’avais peut-être choisi comme initiateur et guide. À moins que ce ne<br />

soit lui. Mais cela n’a plus guère d’importance. Je ne suis pas rancunier, sauf envers<br />

moi-même. Je n‘ai pas volé. Je n’ai pas tué, comme dirait un célèbre interprète de la<br />

chanson française.<br />

« Itram est un être unique. IL EST DEVENU NOUS TOUS ET NOUS<br />

DEVIENDRONS TOUS LUI. Dans le groupe de la nature, aucun désespoir n’est<br />

admis, car, par ses ramures, Itram donne un second souffle.<br />

— Je ne te suis pas. Où cherches-tu à m’emmener ?<br />

— Nulle part où tu n’es pas déjà. Presque en enfer. C’est le summum.<br />

Respires-moi un peu de cette substance et ne pense qu’à ton corps. Fais comme si<br />

ma voix était la tienne ou quelque chose de très doux et de très puissant. »<br />

Fred marqua une pause prégnante, terme employé en cabaret jazz pour<br />

marquer d’un blanc une forme d’insistance. Presque une sanctification. Jim Morrison

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