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James Guillaume, L'internationale, Tome I - Éditions Entremonde

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aS l/lNTERNATIONAI-E<br />

et soient entrés dans ses rangs, nous rendons au moins publique, par<br />

la voie de la presse, eette pi'otestation solennelle eonlre ledusion<br />

du sang.<br />

Locle, le 28 avril iSfiy.<br />

La Section du Locle de VAssociation internationale<br />

des travailleurs.<br />

Cette protestation lit quelque bruit. On s'en amusa dans les cercles de<br />

la bourj^eoisie ; et je publiai à cette occasion dans le Diof>ène 'du l'i mal<br />

l'article suivant :<br />

Une idée cocasse.<br />

— T/avez-vous lu, dites-moi? Oh! la bonne farce !<br />

— De quoi parlez-vous?<br />

— Hé !<br />

de eette jilaisanlei'ie qui va laii-e le tour de nos journaux.<br />

A-t-on jamais rien vu de plus cocasse? Les ouvriers du Locle qui<br />

s'avisent de vouloir empêcher la guerre, etciui [)ublient dans la grande<br />

Feuille d'avia une « protestation contre leHusion du sang » !<br />

— J"ai lu cette pièce, mais je ne comprends pas pourquoi vous<br />

l'appelez une bonne farce.<br />

— Gomment ! vous n'en avez pas ri ?<br />

— Moi? pas du tout.<br />

— Est-ce que vous donneriez aussi un peu dans le socialisme,<br />

vous? Si vous vous laissez aller à ces choses-là, on vous fera une<br />

belle scie au cercle.<br />

— Mais vous qui riez de l'idée des ouvriers du Locle, dites-moi<br />

donc ce que vous y trouvez de ridicule ?<br />

— Ma foi, ça ne s'explique pas, ça se sent je ne veux pas<br />

;<br />

m'amuser à vous donner des raisons; mais si vous aviez entendu<br />

hier soir X., Y. et Z. en faire des gorges chaudes, vous penseriez<br />

comme moi.<br />

— Non pas : et vous-même, quoi que vous en disiez, je vous crois<br />

trop raisonnable et aussi trop indépendant, que diable! pour fonder<br />

votre opinion d'homme et de citoyen sur les railleries plus ou moins<br />

spirituelles de ces messieurs. Je ne me paie pas d'éclats de rire, ni<br />

vous non plus, j'espère ; aussi, en votre qualité d'homme grave et<br />

bien pensant, vous êtes tenu de me déclarer les motifs qui vous font<br />

trouver ridicule un acte aussi sérieux et aussi naturel que celui que<br />

vous critiquez.<br />

— Vous voulez absolument des raisons? Eh bien, ma raison la<br />

voici, et cela saute aux yeux. Si ceux qui protestent étaient au<br />

nombre de plusieurs millions, ou au moins de plusieurs milliers, je<br />

dirais : Voilà qui est bien, c'est un mouvement grandiose et auquel<br />

je veux m'associer. Mais une centaine d'individus, de simples<br />

ouvriers, qui se mettent en tête de déclarer que la guerre est injuste<br />

et mauvaise, à quoi cela sert-il? Et puis, est-ce que cela les regarde?<br />

— Oh ! le beau raisonnement. Est-ce qu'une chose est bonne ou<br />

mauvaise à raison du nombre de ceux qui la font ? Quand un honune<br />

1. Le Diog ène (-i-Mi un journal satirique paraissant à la Chaux-de-Fonds (il<br />

s'imiirimait à l'iniprimorie de la Voix de l'Avenir), et que rédigeait alors mon ami<br />

Henri Morel. Il luttait vaillamment contre tous les préjugés, et se montrait sj'mpattiique<br />

aux idées socialistes.

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