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Rencontre «Lancer depuis le Centre Spatial Guyanais est un atout déterminant» Jean Yves Le Gall, Président Directeur Général d’Arianespace Leader incontesté sur le marché des lancements commerciaux avec 72% des contrats signés en 2008, Arianespace connaît mieux que quiconque les atouts dont Ariane peut se prévaloir face à la concurrence. Son Président Directeur Général Jean-Yves Le Gall le déclare sans ambages : le lanceur européen et son site de lancement font toujours recette auprès des clients internationaux. De la naissance de la première société mondiale dédiée au service de lancement à nos jours, retour sur le fabuleux destin commercial d’Ariane… et de son exploitant Arianespace. Latitude 5 : Pourquoi a-t-on créé Arianespace ? J-Y Le Gall : Arianespace a été créé en 1980 à la suite d’un double constat. D’une part, l’Europe avait développé avec succès le lanceur Ariane, parfaitement adapté au lancement des satellites géostationnaires et un nouveau marché était en train de se créer, puisque jusqu’au début des années 1980, il n’y avait pas vraiment de lancements de satellites commerciaux. D’autre part, compte tenu du faible nombre de satellites gouvernementaux européens, il fallait s’appuyer sur le marché commercial afin de garantir la fiabilité et la disponibilité indispensables aux missions de souveraineté. C’est pour cela qu’Arianespace a été créé en 1980, il y a 30 ans. La suite, on la connaît : nous venons de lancer la 191 ème Ariane et le 274 ème satellite. Latitude 5: Comment vend-on Ariane aujourd’hui ? J-Y. L. : Aujourd’hui, pour vendre des lancements d’Ariane 5, Arianespace dispose de plusieurs atouts ; je citerai les trois principaux. Le premier, c’est bien sûr la parfaite adéquation du lanceur aux besoins du marché et la capacité que nous avons de lancer avec succès (le Vol 191 était le 33 ème succès d’affilée d’Ariane 5) et à l’heure. Le deuxième, c’est le Centre Spatial Guyanais. C’est, et de loin, le meilleur centre spatial au monde, du fait des investissements réalisés depuis 40 ans par l’Europe spatiale, du fait de la qualité de l’accueil que trouvent nos clients et du fait que la Guyane, c’est la France. Le troisième, c’est l’héritage d’Arianespace. Nous vendons beaucoup plus qu’un lanceur : notre réseau commercial couvre le monde entier, nos clients savent que, de la négociation du contrat jusqu’à la mise en orbite de leur satellite, nous serons leur seul interlocuteur et que nous leur fournirons un service clé en mains comprenant le financement, les assurances, la garantie de relancement gratuit et bien sûr, le lancement proprement dit. Latitude 5 : En quoi le Centre Spatial Guyanais est-il un atout majeur dans la politique commerciale d’Arianespace ? J-Y. L. : Le Centre Spatial Guyanais offre d’abord une localisation géographique qui permet de lancer vers toutes les orbites. Il est placé sur l’équateur et offre aux lanceurs une performance maximale : ainsi en amenant Soyuz de Baikonur en Guyane, on gagne 50% de performance. De plus, ses installations sont remarquables, son personnel est particulièrement attaché au succès de la mission et au total, lancer depuis le Centre Spatial Guyanais est un atout souvent déterminant pour gagner un contrat. Ariane ne connaît pas la crise… Depuis le début de l’année 2009, Arianespace a remporté 14 nouveaux contrats de lancement, disposant ainsi du carnet de commande le plus important de l’industrie spatiale : 30 satellites - à lancer en orbite de transfert géostationnaire avec Ariane 5 et Soyuz pour les plus petits (10 nouveaux contrats signés en 2009), - 7 lancements institutionnels d’Ariane 5 dont 6 destinés à lancer les ATV, - 11 lancements spécifiques de Soyuz (4 nouveaux contrats signés en 2009). Forte de cette bonne santé commerciale, l’entreprise a signé le 30 janvier dernier un contrat avec EADS-Astrium pour la production de 35 lanceurs Ariane 5 ECA. LATITUDE 5 / N°86 / OCTOBRE 2009 / 17
Mot de l’ESA En 30 ans, la filière Ariane a donné naissance au «meilleur lanceur commercial au monde», au dire même de la NASA. Mais la garantie de l’accès à l’espace pour l’Europe à l’avenir est un défi constant de la politique de l’ESA. Antonio Fabrizi, Directeur des Lanceurs à l’ESA a fait le point pour Latitude 5 sur le passé, le présent et l’avenir d’Ariane. 18 / LATITUDE 5 / N°86 / OCTOBRE 2009 L’ESA : un rôle fédérateur de la genèse d’Ariane aux lanceurs à venir La 6ème Conférence spatiale européenne (CSE) à Bruxelles en juillet 1973 était celle de la dernière chance pour sauver la volonté d’un lanceur européen. Auparavant, 11 échecs du lanceur Europa venaient de mettre fin à l’ELDO (European Launcher Development Organisation). Le lanceur européen LIIIS, rebaptisé ensuite Ariane, fut sauvé in extremis à cette conférence, de même que l’accès indépendant à l’espace pour l’Europe. Pour la première fois, l’expression Agence spatiale européenne (ESA) fût prononcée. Son catalyseur allait être Ariane ! «Ce n’était pas une coïncidence d’avoir décidé des deux programmes simultanément à cette Conférence. Même si Ariane et l’ESA sont nées ensuite à des dates différentes, la décision commune aux deux relevait du même processus mis en route alors par les Etats Européens», souligne Antonio Fabrizi, le Directeur des Lanceurs à l’ESA. «D’une part, il fallait réorienter l’organisation des Activités Spatiales Européennes en fondant l’ELDO et l’ESRO (European Space Research Organisation). D'autre part, il fallait aussi jeter les bases solides de l’accès européen indépendant à l’espace, non seulement en termes de principes, mais aussi en contenu programmatique, avec le développement d’Ariane.» Compte tenu de l’autorité insuffisante dont était dotée l’ELDO à la tête du programme Europa, la France proposa alors un projet unique de lanceur qui serait remis à un seul organisme, la future ESA. «A cette époque, le besoin était avant tout d’avoir une gestion unique et cohérente du programme de lanceur,» indique Antonio Fabrizi, «mesure qui fut confiée au CNES. La nécessité d’une Agence spatiale européenne répondait, elle, au besoin d’établir une base européenne solide pour pouvoir porter cette initiative. On réalisait déjà qu’aucun état européen ne pouvait à lui seul construire des lanceurs.» Cette Conférence fondatrice reprit aussi l’idée adoptée dès 1968 à la 3 ème CSE à Bad Godesberg (Bonn) de donner la priorité aux lanceurs européens avec un engagement des pays membres à en être les premiers utilisateurs à un coût raisonnable. «Il n’y aurait eu aucun sens non plus à construire des lanceurs européens sans s’assurer - à cette même Conférence - d’avoir des utilisateurs pour ces derniers. L’utilisation préférentielle des lanceurs européens fut l’un des principes adoptés.» Le rôle croissant de l’ESA Grâce au développement d’Ariane, confié dès 1973 au CNES, six ans plus tard son premier succès était au rendez-vous en respectant le calendrier et le budget assignés. «En même temps qu’assurer le succès, le CNES a permis aussi de créer le noyau de compétence en Europe dans le secteur des lanceurs,» explique Antonio Fabrizi. «En janvier 1980, quelques semaines seulement après le premier lancement, la Déclaration Relative à la Phase de Production des Lanceurs Ariane, décidée par les Etats membres, reconnaît le rôle du CNES comme l’autorité de conception et est à l’origine de la création d’Arianespace.» Dès sa création en 1975, l’ESA s’est impliquée d’une façon croissante dans le secteur des lanceurs. «Avec le développement des versions 2, 3 et 4 d’Ariane, l’ESA prend la responsabilité de la direction générale du programme, tandis qu’elle donne au CNES la délégation pour la direction technique, y compris l’approvisionnement et la mise en œuvre des contrats ; autrement dit, le CNES était l’interface formelle avec l’industrie. Pour l’exploitation d’Ariane, l’ESA, avec la Déclaration Relative à la Phase de Production,
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