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30 ANS DE RG - Guide Gai du Québec

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Si ses premiers romans<br />

datent seulement <strong>du</strong> début<br />

des années 2000, le journaliste<br />

de radio-Canada<br />

demeure tout de même<br />

l’une des figures les plus<br />

actives quand on s’intéresse<br />

aux ouvrages à thématique<br />

GLBT québécois. denismartin<br />

Chabot nous parle<br />

d’un genre souvent décrié,<br />

dont l’évolution a suivi celle<br />

de la presse gaie, tout au<br />

long de ces <strong>30</strong> dernières<br />

années.<br />

<strong>30</strong> ans de rG<br />

« littÉrature gaie » : entrevue avec denis-martin cHabot<br />

l’importanCe de<br />

la presse <strong>Gai</strong>e<br />

Antoine Aubert<br />

rg. queLLe image aviez-vous de La « Littérature<br />

gaie » avant de vous Lancer vous-même dans ce<br />

genre de romans ?<br />

Denis-Martin Chabot. Je me souviens avoir cherché<br />

des romans ou des textes qui parlaient de ma réalité.<br />

Si j’en ai trouvé en langue anglaise, c’était beaucoup<br />

plus rare dans la littérature québécoise (un peu chez<br />

Michel Tremblay, Mario Cyr). Lorsque j’étais plus jeune<br />

et qu’on nous faisait lire les œuvres de Marie-Claire Blais<br />

ou d’Yves Theriault, ne percevant rien à caractère gai,<br />

je m’imaginais que les personnages de femmes étaient<br />

des hommes. C’était alors difficile de trouver des romans<br />

gais.<br />

rg. vous n’avez donc pas eu de source d’inspiration<br />

en particuLier dans La Littérature gaie ?<br />

D-M.C. Si, mais en langue anglaise, avec notamment<br />

Les chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin.<br />

Je me suis dit qu’il faudrait faire la même chose pour<br />

le Village ou <strong>Québec</strong>. C’est une des choses qui m’a<br />

amené à écrire mes premiers romans, ainsi que des<br />

cours d’écriture que je prenais alors en Alberta dans le<br />

cadre de mon métier de journaliste. Néanmoins, je tiens<br />

à souligner que je n’aime pas le thème de « littérature<br />

gaie ». C’est un peu ré<strong>du</strong>cteur. Un très grand nombre<br />

d’hétérosexuels peuvent se retrouver dans ce que moi<br />

ou d’autres écrivent.<br />

rg. on dit parfois qu’écrire dans La presse gaie<br />

représente un geste miLitant. est-ce La même<br />

cHose pour Les Livres ?<br />

D-M.C. Pour ma part, je dirais que je ne fais pas de<br />

militantisme, mais tous les gestes finissent par avoir une<br />

portée politique, même choisir d’aller magasiner dans<br />

une boutique plutôt qu’une autre. J’ai écrit pour qu’on<br />

parle de nous, des thèmes, des sentiments auxquels je<br />

m’associe. Je pense aux peines d’amour, mais aussi à<br />

l’homophobie intériorisée, sujet sur lequel il reste beaucoup<br />

à faire. Écrire là-dessus m’a en tout cas aidé à<br />

exorciser la mienne. Pour moi, écrire est plutôt un geste<br />

égoïste, un plaisir et un besoin. Peut-être que mon militantisme<br />

se retrouve davantage dans ma sortie <strong>du</strong> placard.<br />

rg. est-ce qu’on est forcément maL perçu par Les<br />

maisons d’édition Lorsqu’on Leur présente des<br />

œuvres À caractère gai ?<br />

D-M.C. De manière générale, les maisons d’édition<br />

sont très frileuses. Si le texte n’est pas exceptionnel,<br />

gai ou pas gai, ce sera très difficile d’être publié. Par<br />

ailleurs, tout ça leur coûte très cher, par conséquent si<br />

les éditeurs pensent que les livres à thématique gaie ne<br />

risquent pas de vendre autant que d’autres ouvrages,<br />

ils seront encore plus réticents. Beaucoup s’imaginent<br />

que ce type d’œuvres ne sera lu que par des homosexuels.<br />

C’est faux, la preuve : la plus grande partie de<br />

mon lectorat est composé de femmes hétérosexuelles.<br />

rg. y a-t-iL Les mêmes difficuLtés pour se<br />

faire connaître dans La presse généra-<br />

Liste Lorsqu’on écrit ce genre de Livres ?<br />

D-M.C. Comme je suis moi-même journaliste,<br />

j’ai réussi à avoir quelques entrées et des entrevues<br />

à Radio-Canada notamment. Le Devoir<br />

a également parlé d’un de mes romans. Mais,<br />

bien enten<strong>du</strong>, la presse gaie reste très importante<br />

pour se faire connaître. Je suis toujours<br />

très heureux quand l’un de ces magazines parle<br />

de moi. C’est extrêmement important. À ce<br />

titre, André Gagnon a été là dès mes débuts. Il<br />

m’a permis de me faire connaître.<br />

rg. dernière question, non pas À<br />

L’écrivain mais au journaListe de Radio-<br />

Canada. en quoi La presse gaie reste<br />

seLon vous nécessaire aujourd’Hui ?<br />

D-M.C. Elle couvre des sujets pas forcément<br />

traités par la presse généraliste, parce<br />

qu’ils sont jugés trop pointus pour intéresser<br />

les éditeurs. Par exemple, je me souviens que<br />

<strong>RG</strong> avait été un des premiers à parler, il y a<br />

quelques mois, <strong>du</strong> problème des violences<br />

dans le Village. En marchant sur Sainte-Catherine,<br />

mon rédacteur en chef a récupéré<br />

le magazine, a lu l’article, puis est venu vers<br />

moi pour me dire qu’il fallait faire un reportage<br />

là-dessus. C’est la preuve que la presse<br />

gaie garde un rôle important.<br />

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© César ochoa

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