30 ANS DE RG - Guide Gai du Québec

30 ans de rG
Luc LAchAnce, psychoLogue et Annonceur historique
« on ne peut pas être Gai
sans s’enGaGer »
Après une plongée dans
nos archives, il s’est avéré
que l’un de nos plus anciens
annonceurs, Luc
Lachance, psychologue de
son métier, avait également
été l’un des premiers chroniqueurs
de Rencontres
Gaies . Il nous parle de sa
collaboration et de l’évolution
de l’homosexualité au
cours de ces 30 dernières
années, à travers son expérience
de psychologue.
Thibaut Temmerman
rg. comment en êtes voUs venU à collaborer
à RencontRes Gaies ?
Luc Lachance. On repart loin en arrière ! Je connaissais
déjà Alain [Bouchard], j’étais étudiant en psychologie.
Lui-même pratiquait déjà comme psychologue.
Il organisait une fois par année des symposiums sur l’homosexualité.
Je me souviens y avoir collaboré.
Rencontres Gaies a débuté en même temps que je
commençais ma pratique privée. J’ai fait de la publicité
dès le troisième ou quatrième numéro et je n’ai pas
arrêté. Un peu plus tard, j’ai proposé de faire des articles
pour la revue. J’aimais ça prendre le temps d’écrire.
rg. votre présence comme chroniqUeUr oU
annonceUr se retroUve toUt aU long de ces
décennies. poUrqUoi cette fidélité ?
L.L. Je trouve important, comme gai, voulant également
se constituer une clientèle homosexuelle, d’avoir
une publicité dans une telle revue. Par ailleurs, la pratique
est un roulement continuel, ça prend toujours de
nouveaux patients.
L’engagement demeure une démarche nécessaire.
Pour moi, on ne peut pas être gai sans s’engager,
d’une manière ou d’une autre. Il y a trop de luttes,
trop de batailles, trop d’acquis précaires. C’est nécessaire.
J’ai écrit dans RG, je me suis impliqué dans les
© T.T
organismes luttant contre le Sida, je soutiens le festival
image+nation… Comme gai, je trouve essentiel de soutenir
ma communauté
rg. dans vos articles, il était beaUcoUp
qUestion d’acceptation et de visibilité dans
l’espace pUblic. écririez-voUs la même chose
de nos joUrs ?
L.L. Il faudrait déjà que je me souvienne de ce que
j’ai écrit à l’époque ! En tout cas, la situation a évolué
à certains égards, mais pas tant que cela non plus.
On demeure une société de tolérance, il y a plus de
visibilité de l’homosexualité qu’à l’époque, mais la
peur du rejet existe toujours. Surtout quand on s’assume
jeune : les conséquences peuvent être beaucoup
plus importantes que lorsqu’on vit ça dans une
vie d’adulte. Quand les gens qui me consultent disent
« oui je m’accepte et tout va bien » souvent, il suffit
de gratter un peu pour voir que cette acceptation
demeure limitée.
Combien de gens vont encore dire qu’ils se retiennent
de manifester leur affection à leur conjoint devant
la famille, devant des hétérosexuels… On est loin de
l’acceptation quand on est obligé de se retenir. Enfin,
il y a une problématique qui n’existait quasiment pas, il
y a quelques années et qui est aujourd’hui beaucoup
plus présente : l’homoparentalité. La société projette
beaucoup de doutes à ce sujet et les couples ont surtout
besoin d’être rassurés.
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