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le dodécaèdre : mesureur d'angle - Kadath

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fonctions. La voie était ouverte vers un dieu non<br />

seu<strong>le</strong>ment moral en soi, mais aussi universel<br />

dans son autorité.<br />

N’importe quel Sumérien polythéiste serait parti<br />

<strong>le</strong> cœur léger, prêt à s’intégrer <strong>le</strong> dieu local de la<br />

vil<strong>le</strong> où il arriverait, alimentant ainsi son polythéisme<br />

à lui. Dans ces cas-là, il était bien sûr exclu<br />

d’emmener avec soi un grand dieu afin de l’importer<br />

dans une autre cité. Abraham ne <strong>le</strong> fit pas<br />

non plus. En quittant l’orbite de Sumer, il adopta<br />

un dieu dont <strong>le</strong> nom ne figure nul<strong>le</strong> part : c’est<br />

« <strong>le</strong> Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » son<br />

dieu familial. On peut trouver confirmation de<br />

cette façon de voir, dans <strong>le</strong> fait qu’à Ur <strong>le</strong> dieu<br />

familial n’avait pas de nom, et n’était doté d’aucun<br />

attribut qui eût pu indiquer sa spécialisation<br />

éventuel<strong>le</strong> ; il n’avait non plus ni temp<strong>le</strong> ni statue.<br />

C’était simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> dieu de la relation entre <strong>le</strong>s<br />

hommes d’une même maison, et entre eux et <strong>le</strong>s<br />

grands dieux. De même l’Eternel ne pouvait être<br />

ni nommé ni figuré. Comment <strong>le</strong> représenter d’ail<strong>le</strong>urs<br />

? Il eût été un amalgame des attributs dont<br />

étaient affublés <strong>le</strong>s anciens dieux, ce qui était<br />

exclu.<br />

D’Abraham à Moïse.<br />

Faut-il dès lors assimi<strong>le</strong>r l’intervention d’Abraham<br />

à ceci, sans plus ? Non, car s’il emporta certes<br />

son dieu familial avec lui, celui-ci n’en devint pas<br />

moins Yahvé, en se révélant à Moise plusieurs<br />

sièc<strong>le</strong>s plus tard ! Mais <strong>le</strong> problème d’Abraham<br />

était doub<strong>le</strong> : s’il ne voulait pas que son clan disparaisse<br />

avec lui, il fallait à la fois l’iso<strong>le</strong>r des<br />

peup<strong>le</strong>s de Pa<strong>le</strong>stine où il allait aboutir, et se<br />

méfier de <strong>le</strong>urs dieux, afin de ne pas s’y assimi<strong>le</strong>r.<br />

Dès lors, <strong>le</strong>s autres dieux existaient bel et<br />

bien pour lui, mais ils lui étaient soit indifférents,<br />

soit hosti<strong>le</strong>s. Parti d’un polythéisme qui fut <strong>le</strong> lot<br />

de nos ancêtres jusqu’à l’époque des premiers<br />

patriarches, Abraham <strong>le</strong> transmua en une monolâtrie...<br />

qui n’est pas encore <strong>le</strong> monothéisme que<br />

Moise ramènera d’Egypte. C’est la conclusion la<br />

plus immédiate à ce processus de rupture avec<br />

<strong>le</strong> passé.<br />

Pour résumer en quelques phrases comment on<br />

y arriva, je préfère citer Sir Leonard Wool<strong>le</strong>y,<br />

directeur des fouil<strong>le</strong>s d’Ur : « Les vastes étendues<br />

désertiques, que certains estiment avoir<br />

donné à l’esprit sémite sa formation contemplative<br />

et spéculative, rendaient physiquement impossib<strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>s dieux localisés du polythéisme sumérien<br />

; la rupture avec <strong>le</strong> passé était inévitab<strong>le</strong>.<br />

Mais el<strong>le</strong> ne fut pas complète. La religion d’Ur,<br />

dans un de ses aspects <strong>le</strong>s moins envisagés,<br />

fournit un élément capab<strong>le</strong> de supporter la transplantation<br />

; ce n’était qu’un germe, voué à la stérilité<br />

dans son pays natal (<strong>le</strong> culte du dieu familial<br />

n’alla jamais plus loin en Mésopotamie), qui avait<br />

besoin d’être fertilisé par des contacts nouveaux<br />

en Syrie et par <strong>le</strong> génie inné du Sémite ; il contenait<br />

pourtant la racine tout entière. Que nous<br />

puissions faire remonter <strong>le</strong>s idées nouvel<strong>le</strong>s jusqu’à<br />

<strong>le</strong>ur humb<strong>le</strong> source, sur <strong>le</strong>s autels domestiques<br />

d’Ur, ceci ne diminue pas <strong>le</strong>ur importance ;<br />

que nous puissions discerner un peu de sa nature<br />

et de son développement dans <strong>le</strong> changement<br />

qui s’est produit chez Abraham ne diminue pas<br />

son mérite ».<br />

IVAN VERHEYDEN.<br />

Cylindre sumérien caractéristique de la période d’Abraham à Ur III. Devant <strong>le</strong> dieu assis, un croissant<br />

symbolise <strong>le</strong> dieu lunaire Nanna-Sin. Une déesse familia<strong>le</strong>, reconnaissab<strong>le</strong> à son chapeau à cornes, lui<br />

présente un adorant.<br />

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