le dodécaèdre : mesureur d'angle - Kadath
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archeoastronomie<br />
LE DISQUE PI :<br />
JADE ASTRONOMIQUE<br />
Henri Michel<br />
Tous <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctionneurs connaissent certains<br />
jades de haute époque, qu’ils classent, à défaut<br />
de mieux, sous <strong>le</strong> nom de « jades rituels ». C’est<br />
une désignation commode. Personne, jusqu’ici,<br />
n’a pu dire à quel rite ces instruments se rattachent.<br />
Le premier de ces jades est <strong>le</strong> pî. C’est un<br />
disque peu épais, percé d’un trou central ; son<br />
diamètre extérieur varie de quelques centimètres<br />
à plusieurs décimètres (1). Le trou occupe entre<br />
<strong>le</strong> tiers et <strong>le</strong> cinquième du diamètre total. Les pî<br />
<strong>le</strong>s plus anciens sont dépourvus de toute décoration.<br />
Leur surface est unie. Plus tard, cette surface<br />
revoit une ornementation de plus en plus fouillée<br />
: d’abord de simp<strong>le</strong>s grains, puis des dessins<br />
hiératiques représentant des phénix ou des t’aot’ieh<br />
; fréquemment <strong>le</strong> sujet du décor est un coup<strong>le</strong><br />
de dragons ou « hydres ». Le second « jade<br />
rituel » est <strong>le</strong> ts’ung, un tube assez trapu, de section<br />
carrée à l’extérieur, ronde à l’intérieur. A ses<br />
deux extrémités, <strong>le</strong> ts’ung comporte un col<strong>le</strong>t<br />
rond, tangent aux faces latéra<strong>le</strong>s du prisme.<br />
Comme <strong>le</strong> pî, ce jade ne porte, à l’origine, aucune<br />
décoration. Il évolue éga<strong>le</strong>ment en proportions<br />
comme en surcharges, et <strong>le</strong> baroque l’emporte<br />
bientôt sur <strong>le</strong> classicisme.<br />
Quel<strong>le</strong> est la signification du pî ? Tous <strong>le</strong>s sinologues<br />
acceptent la définition du Commentaire du<br />
Chou-li, donnée au II e sièc<strong>le</strong> de notre ère, et suivant<br />
laquel<strong>le</strong> « avec la tab<strong>le</strong>tte ronde pî, <strong>le</strong> Maître<br />
des Cérémonies rend hommage au Ciel ; avec <strong>le</strong><br />
tube jaune ts’ung, il rend hommage à la Terre ».<br />
Ce texte est de plus de douze sièc<strong>le</strong>s postérieur<br />
aux jades dont il traite ; <strong>le</strong> sens ésotérique de ces<br />
objets peut donc avoir été perdu, et seul un rite<br />
1) Un des plus grands pî qu’il m’a été donné de<br />
voir a récemment été offert sur <strong>le</strong> marché<br />
européen. Son diamètre est de plus de 40 cm<br />
et son épaisseur de 5 cm.<br />
Modè<strong>le</strong>s archaïques d’un disque pî (à gauche) et<br />
d’un ts’ung (à droite).<br />
inexpliqué peut avoir subsisté. Satisfaits d’une<br />
interprétation symbolique, <strong>le</strong>s commentateurs<br />
ont, une fois pour toutes, admis que <strong>le</strong> pî était un<br />
symbo<strong>le</strong> du Ciel, <strong>le</strong> ts’ung un symbo<strong>le</strong> de la Terre,<br />
sans se demander comment on était arrivé à<br />
ce concept. Les symbo<strong>le</strong>s ne sont pas inventés<br />
de toutes pièces ; ils ne sortent pas du néant. S’il<br />
est chez nous un symbo<strong>le</strong> sacré, c’est bien celui<br />
de la croix. Il constitue <strong>le</strong> signe auquel se reconnaissent<br />
<strong>le</strong>s chrétiens, l’exorcisme auquel ne<br />
résiste pas <strong>le</strong> démon. C’est la croix d’honneur<br />
que nous portons fièrement sur la poitrine. Rien<br />
ne marque son origine et ne rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> gibet sur<br />
<strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s Romains exécutaient <strong>le</strong>s criminels. La<br />
croix a pris toutes <strong>le</strong>s formes ; el<strong>le</strong> a reçu toutes<br />
<strong>le</strong>s ornementations imaginab<strong>le</strong>s. Celui qui ignorerait<br />
notre Histoire Sainte ne pourrait en rien rattacher<br />
ce symbo<strong>le</strong> à un horrib<strong>le</strong> instrument de supplice.<br />
Il en est de même pour <strong>le</strong> pî. Oubliant <strong>le</strong>s<br />
principes de l’astronomie, beaucoup de sinolo-<br />
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