le dodécaèdre : mesureur d'angle - Kadath
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NOUVELLES RECHERCHES<br />
SUR L’ILE DE PAQUES (Ed. Laffont, 1973)<br />
Jean-Michel SCHWARTZ<br />
KADATH n° 2:<br />
«Bois parlants et écriture pascuane»<br />
scriptum<br />
J’avoue, sans aucune réticence, que je n’ai pas aimé <strong>le</strong><br />
livre du Dr Schwartz. Dès l’abord, lorsqu’il par<strong>le</strong> de<br />
l’écriture rongo rongo, s’il stipu<strong>le</strong> qu’il a étudié <strong>le</strong> manuscrit<br />
en possession de Francis Mazière, il omet de<br />
signa<strong>le</strong>r que Thor Heyerdahl l’avait déjà publié dans<br />
« Aku-Aku » en 1957. Le Dr Schwartz n’indique pas <strong>le</strong>s<br />
raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il a, sur quelque cinquante<br />
pages de ce manuscrit, choisi une page plutôt qu’une<br />
autre, ni pourquoi surtout, il a retenu quatorze lignes<br />
sur <strong>le</strong>s dix-neuf que compte a page. Pourquoi n’a-t-il<br />
pas éga<strong>le</strong>ment fait par<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s lignes 6 - 10 - 11 et 12 ?<br />
L’auteur stipu<strong>le</strong> qu’il n’existe qu’un seul manuscrit. Je<br />
crains ne pouvoir être d’accord avec lui. En effet, l’équipe<br />
de savants composant l’expédition norvégienne<br />
« officiel<strong>le</strong> » publia en 1957 un très important travail<br />
comportant <strong>le</strong>s photographies de nombreuses pages<br />
d’autres manuscrits. Parmi <strong>le</strong>s signataires de ce travail<br />
d’équipe, il faut au moins citer <strong>le</strong> Dr Thomas Barthel,<br />
auteur par ail<strong>le</strong>urs, de nombreux écrits dont un ouvrage<br />
de 375 pages avec 67 tab<strong>le</strong>aux recouverts de signes.<br />
S’y ajoutent d’autres linguistes distingués dont<br />
certains ont déjà passé de nombreuses années sur <strong>le</strong>s<br />
glyphes de l’ancienne civilisation pascuane. Puisque<br />
choix il y avait, j’ai fait éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> mien. Le Dr<br />
Schwartz effectue des comparaisons entre <strong>le</strong>s glyphes<br />
pascuans et <strong>le</strong>s idéogrammes chinois. Je ne <strong>le</strong> suivrai<br />
pas sur ce terrain, car afin de satisfaire la curiosité des<br />
<strong>le</strong>cteurs, comme la mienne, il faudrait comparer avec<br />
<strong>le</strong>s signes de Mohenjo-Daro, ceux de Byblos, de<br />
l’Egypte et d’ail<strong>le</strong>urs. Ce n’est l’heure, ce n’est pas mon<br />
but aujourd’hui.<br />
Mais surtout, c’est la première fois que je vois une<br />
tentative de décryptage commencer, arbitrairement,<br />
par <strong>le</strong> milieu d’une ligne, al<strong>le</strong>r vers la gauche (je ne m’y<br />
oppose pas, bien au contraire) pour reprendre à l’autre<br />
bout et s’en retourner vers <strong>le</strong> milieu ! « Si l’écriture est<br />
idéographique, m’écrit un de mes amis, <strong>le</strong>quel a lu <strong>le</strong><br />
livre et mon texte, il est peut-être permis de <strong>le</strong> lire tantôt<br />
dans un sens, tantôt dans l’autre, et la méthode du<br />
Dr Schwartz est peut-être valab<strong>le</strong>. Qu’en pensezvous<br />
? » Je ne retire rien de ce que j’ai dit : qu’il fail<strong>le</strong><br />
commencer à droite ou à gauche ou alternativement à<br />
droite puis à gauche me paraît normal. Mais commencer<br />
vers <strong>le</strong> milieu, s’en al<strong>le</strong>r dans un sens, revenir ensuite<br />
au bout de la ligne et retourner vers <strong>le</strong> milieu :<br />
non !<br />
Dans sa traduction, l’auteur stipu<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s glyphes n°<br />
5 et 6 de la seconde ligne représentent deux démons.<br />
« Si l’on dessine <strong>le</strong>ur silhouette par un seul trait et si on<br />
<strong>le</strong>s superpose, on retrouve la croix gammée ». Je n’ai<br />
pas tenté l’expérience, n’ayant que peu de dons pour<br />
<strong>le</strong> dessin, mais un de mes amis a essayé, en vain, d’y<br />
parvenir.<br />
L’auteur accorde une grande importance aux points qui<br />
séparent <strong>le</strong>s signes. Il faut peut-être souligner ici que <strong>le</strong><br />
manuscrit est une « copie », une<br />
« adaptation » (possib<strong>le</strong> ?) d’une tab<strong>le</strong>tte. Pas un seul<br />
point ne figure sur <strong>le</strong>s fameuses tab<strong>le</strong>ttes, somme<br />
toute <strong>le</strong>s seuls documents authentiquement anciens<br />
sur l’écriture de l’î<strong>le</strong> de Pâques. Le chapitre III de l’ouvrage<br />
en cause nous montre une conception du pouvoir<br />
d’adaptation de l’auteur : « Uniquement pour la<br />
commodité de l’exposé, nous lirons cette ligne de gauche<br />
à droite cette fois-ci ». Pourquoi? Pourquoi, sauf si<br />
l’on veut faire dire au texte ce qu’on souhaite qu’il dise.<br />
La place me manque évidemment pour faire une analyse<br />
serrée de l’ouvrage, car il faudrait critiquer — ou<br />
accepter, pourquoi pas ? — l’adaptation de quatorze<br />
lignes de texte, chaque ligne comptant plus de vingt<br />
signes. C’est manifestement trop. En quatorze lignes<br />
de texte rongo rongo, et cela il faut <strong>le</strong> souligner, <strong>le</strong> Dr<br />
Schwartz prétend nous donner l’explication de tous <strong>le</strong>s<br />
mystères de l’î<strong>le</strong> de Pâques ! A ce propos, l’auteur<br />
paraît à certain moment avoir confondu <strong>le</strong> « mana »,<br />
puissance suprasensoriel<strong>le</strong> (!) ou supranaturel<strong>le</strong> avec<br />
un système de cordages dans <strong>le</strong>quel la statue jouait <strong>le</strong><br />
rô<strong>le</strong> de poulie maîtresse. Ce « mana » était détenu,<br />
selon <strong>le</strong>s traditions, par quelques initiés, dont <strong>le</strong> souverain.<br />
Il est pour <strong>le</strong> moins curieux que <strong>le</strong> travail du Dr<br />
Schwartz n’ait pas, avant tout, fait l’objet d’une communication<br />
à l’une ou l’autre des sociétés savantes prodigieusement<br />
intéressées par la solution éventuel<strong>le</strong> de<br />
ce problème qui « énerve » <strong>le</strong>s spécialistes depuis un<br />
sièc<strong>le</strong>. Voyez <strong>le</strong> cas du professeur brésilien Vaz de<br />
Melo. Dès qu’il sentit qu’il avait obtenu des résultats<br />
(dont nous ne connaissons rien encore), sa découverte<br />
fit l’objet d’un communiqué qui, grâce aux agences de<br />
presse, effectua <strong>le</strong> tour du monde en l’espace de quelques<br />
heures.<br />
« Nouvel<strong>le</strong>s recherches sur l’î<strong>le</strong> de Pâques » a paru<br />
dans une col<strong>le</strong>ction destinée au grand public. C’est une<br />
erreur que <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur payera cher... <strong>le</strong> prix du livre, sans<br />
rien pouvoir y comprendre. Pour comprendre l’auteur,<br />
pour pouvoir <strong>le</strong> suivre sur <strong>le</strong> chemin qu’il veut nous<br />
faire parcourir, il faut avoir déjà une grande connaissance<br />
de tout ce qui concerne l’î<strong>le</strong> de Pâques et avoir<br />
lu plusieurs sinon de nombreux livres sur <strong>le</strong> sujet.<br />
Je relèverai aussi qu’une étude approfondie et simultanée<br />
des pétroglyphes, malgré des différences fondamenta<strong>le</strong>s,<br />
pourrait être d’une aide précieuse dans la<br />
compréhension de la tradition culturel<strong>le</strong> et religieuse<br />
des Pascuans. Enfin, un manuscrit, quel<strong>le</strong> que soit son<br />
importance et son intérêt, n’est jamais qu’un document<br />
récent, de quelque soixante-quinze ans d’âge. C’est<br />
une « copie » et/ou une relation de la tradition ora<strong>le</strong>,<br />
alors que <strong>le</strong> travail devrait commencer, c’est mon avis<br />
formel, par <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>ttes... <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s restent à traduire.<br />
Albert Van Hoorebeeck.<br />
Cote —K<br />
(= brouil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s pistes et sème la confusion).<br />
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