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Intervention du P. Vincent Leclercq - Alliance Assomptionniste

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Pour Ricœur, le problème est que l’institution <strong>du</strong> mariage en opérant cela a quelque peu<br />

détourné le sens de la sexualité, c'est-à-dire le sens de son intention. En effet, l’Eros est<br />

sublimé, il s’est civilisé au profit de la tendresse. Et la sexualité est mise à profit pour la<br />

procréation. Car le « Le mariage a pour fin dominante la procréation, la perpétuation de<br />

l’humanité comme espèce » Alors que «l’éthique de la tendresse veut [voulait] inclure la<br />

procréation dans la sexualité et non la sexualité dans la procréation ». 1<br />

Il s’agit donc de vivre au mieux un compromis. Comme tout compromis, ce compromis est<br />

instable. Cette tension existant entre le fait d’être deux amoureux/deux amants, mais aussi des<br />

conjoints et des parents s’exprime encore aujourd’hui. Etre amoureux, conjoints, parents n’est<br />

pas tout à fait équivalent dans « la vraie vie ». Une telle tension évolue entre des tentatives de<br />

désacralisation et de re-sacralisation incessantes de l’amour. Votre couple peut aussi être<br />

traversé par un tel compromis entre Eros et le mariage, entre la sexualité et conjugalité. La<br />

conjugalité pouvant être comprise ici comme la manière qu’a le couple de se former, de se<br />

fortifier ou au contraire de s’éloigner l’un de l’autre.<br />

I. 4 Ricœur parle de l’érotisme comme de l’errance d’une anti-tendresse<br />

Ricœur nous rappelle une chose importante. L’érotisme est pour lui l’expression d’un désir<br />

errant <strong>du</strong> plaisir. Une telle conception « érotique » <strong>du</strong> plaisir sexuel fait courir le risque que<br />

l’égoïsme ne l’emporte finalement sur le don.<br />

Certes, l’érotisme a toujours existé. Il serait même en régression aujourd’hui par rapport à<br />

hier, à cause de notre mode de vie actuel axé sur le travail. Et c’est d’ailleurs un véritable<br />

problème pour de nombreux couples. En fait, l’érotisme est nécessaire au couple, car il est un<br />

« jeu » qui met <strong>du</strong> jeu entre sexualité et la fonction repro<strong>du</strong>ctive. Un jeu relationnel nécessaire<br />

qui fait jouer les relations et bien évidemment les acteurs de la relation. Mais pour Ricœur il y<br />

aurait dans la sexualité, à la fois la tendresse et l’érotisme Notre sexualité est toujours remise<br />

à la responsabilité éthique de l’Homme : l’Eros semble être autant capable de tendresse que<br />

d’érotisme, autant capable de l’Agapè que de l’égoïsme. Pour Ricœur :<br />

- L’Eros peut être vu et vécu comme une force centrifuge de la sexualité con<strong>du</strong>isant à<br />

l’érotisme (dans un sens péjoratif pour Ricoeur).<br />

- La Tendresse est une force centripète de la sexualité qui la ramène au lien institutionnel <strong>du</strong><br />

mariage, à l’endroit même où l’Eros se tourne vers l’agapè.<br />

I. 5 L’érotisme est l’errance <strong>du</strong> désir, ce désir devient alors l’égoïsme d’une antitendresse<br />

- Pour beaucoup, la sexualité est devenue insignifiante<br />

Ce qui est disponible est facile à obtenir. Or, ce qui est facile devient insignifiant. Et ce qui est<br />

insignifiant est proprement déshumanisant. En fait, un certain mode d’accès au sexe le<br />

déshumanise profondément et met en danger la sexualité elle-même! Les causes en sont<br />

multiples : la mixité généralisée, la liberté sexuelle, la rencontre facile (aujourd’hui amplifié<br />

par Internet), l’arrivé de la sexologie (le sexe nous est présenté comme une technique), la<br />

dépersonnalisation et l’anonymat qui entraîne une perte de goût pour la relation. A travers les<br />

1 Paul RICŒUR, « Sexualité, la merveille, l’errance, l’énigme », in Esprit 289, 1960, p. 203<br />

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