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Intervention du P. Vincent Leclercq - Alliance Assomptionniste

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La sexualité demeurera toujours une célébration de la vie. Et quelquepart un démenti – ou tout<br />

au moins un correctif important - à tout ce que nous venons de dire. La sexualité peut bien se<br />

personnaliser, ou se faire « relation », se « juridiciariser », elle replonge à chaque fois dans<br />

le grand fleuve de la vie. La sexualité restera une énigme car elle renvoie à la Vie et à son<br />

mystère, mystère que personne ne s’est donné à lui-même. Personne ne maitrise<br />

complètement les forces de sa propre sexualité. Et personne ne peut donc assigner la sexualité<br />

à son instrumentalisation (érotisme-hédonique), à une technique (sexologie-sciences <strong>du</strong><br />

langage conscient et insconscient) ou au droit (institution, mariage). En effet, l’Eros n’est pas<br />

institutionnel : « On l’offense en le ré<strong>du</strong>isant au contrat, au devoir conjugal ; son lien ne se<br />

laisse pas analyser en devoir-dette ; sa loi, qui n’est plus loi est la réciprocité <strong>du</strong> don » 3 p. 209.<br />

Conclusion<br />

Entre l’errance <strong>du</strong> désir et une volonté irréaliste de constance que Ricœur qualifie même<br />

d’hypocrite, l’amour s’avance ainsi entre deux abimes. Et pourtant, cette rencontre entre<br />

l’Eros impatient de toute règle et l’institution <strong>du</strong> mariage constitue la meilleure chance de la<br />

tendresse. Même si cette rencontre ne se fait pas sans sacrifice.<br />

II. DEUXIEME PARTIE : L’aventure de la famille<br />

Nos familles ont beaucoup changé en quelques décennies. Les sociologues nous expliquent<br />

que nous sommes passés de la famille patriarcale qui soulignait les liens de la filiation, à la<br />

famille conjugale privilégiant les indivi<strong>du</strong>s et leurs liens interpersonnels, puis nous serions<br />

actuellement parvenus à la famille moderne qui mettrait en œuvre sa privatisation.<br />

II. 1 De la famille patriarcale à la famille conjugale jusqu’à la famille moderne<br />

Ces mutations de la famille se sont accompagnées à chaque fois d’une baisse de leur<br />

inscription institutionnelle en général, et de l’affaiblissement <strong>du</strong> mariage en particulier<br />

(statistiquement, culturellement, juridiquement)<br />

Pour nombre de nos contemporains, le mariage est moins un acte social et communautaire<br />

qu’une stratégie d’épanouissement et de développement personnel. Le sociologue François de<br />

SINGLY décrit ainsi : « le soi a mis le couple et la procréation au service de sa propre<br />

stratégie, si bien que la famille s’est transformée, sa fonction centrale consistant désormais à<br />

pro<strong>du</strong>ire de l’identité indivi<strong>du</strong>elle » 4 . Le théologien Eric FUCHS confirme cette vision :<br />

« L’institution familiale est considérée comme un moyen au service des indivi<strong>du</strong>s qui la<br />

constituent et non l’inverse ». 5 Cette dés-institutionalisation de la famille a aussi entrainé<br />

une certaine « désocialisation » de la famille. La « famille conjugale » <strong>du</strong> sociologue Emile<br />

3 Paul RICŒUR, « Sexualité, la merveille, l’errance, l’énigme », in Esprit 289, 1960, p. 209<br />

4 Philippe BORDEYNE, « Est-il moral de proposer le mariage catholique ? » dans Louis-Marie Chauvet (dir), Le<br />

sacrement de mariage entre hier et demain, Paris, Ed Atelier, 2003. p. 57.<br />

5 Eric Fuchs, « la famille, réflexions théologiques et éthiques », in l’exigence et le don, Genève : Labor et Fides,<br />

2000, pp. 155.<br />

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