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42 Courrier international | n° 1071 | du 12 au 18 mai 2011<br />

Ecologie<br />

Chine<br />

Ri<strong>en</strong> n’est bon dans le cochon<br />

Dans un pays secoué<br />

régulièrem<strong>en</strong>t par<br />

des scandales alim<strong>en</strong>taires,<br />

un reporter a décortiqué<br />

les dessous de l’élevage porcin.<br />

Nanfang Dushibao (extraits) Canton<br />

D<br />

ans sa porcherie, les bêtes de<br />

Wang He (nom d’emprunt)<br />

reçoiv<strong>en</strong>t du rouge Soudan [un<br />

colorant synthétique qui n’est plus autorisé<br />

pour l’alim<strong>en</strong>tation depuis 1995 dans<br />

l’Union europé<strong>en</strong>ne car il serait cancérigène],<br />

des comprimés pour la toux et du<br />

chlorhydrate de cl<strong>en</strong>butérol [une substance<br />

qui favorise le développem<strong>en</strong>t de<br />

la masse musculaire, l’élimination des<br />

graisses et figure sur la liste des produits<br />

illégaux de l’Ag<strong>en</strong>ce mondiale antidopage].<br />

Selon M. Wang, c’est dev<strong>en</strong>u la norme pour<br />

l’<strong>en</strong>graissem<strong>en</strong>t des porcs. Il lui suffit d’utiliser<br />

un seul de ces produits pour être sûr<br />

d’obt<strong>en</strong>ir une viande de couleur brillante<br />

et de belle texture. Quant à ses qualités<br />

gustatives, Wang He ne sait pas trop car il<br />

ne mange jamais ses propres porcs !<br />

L’élevage de M. Wang se situe à Yubei,<br />

dans la province du H<strong>en</strong>an (est). Il fait<br />

partie de ces innombrables exploitations<br />

agricoles chinoises qui font un usage abusif<br />

de substances chimiques et médicam<strong>en</strong>teuses.<br />

Chaque année, 2 000 bêtes sort<strong>en</strong>t<br />

de chez lui et part<strong>en</strong>t à l’abattoir pour être<br />

v<strong>en</strong>dues dans différ<strong>en</strong>tes régions du pays<br />

par des intermédiaires. Ces porcs bourrés<br />

de toxines et d’hormones devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors<br />

sur notre table un mets de choix.<br />

Il faut savoir que 80 % des protéines<br />

d’origine animale ingérées par les Chinois<br />

provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de la consommation de viande<br />

de porc et de volaille, avec une prédominance<br />

du porc. Chaque année <strong>en</strong> Chine,<br />

600 millions de porcs sont abattus, chaque<br />

Chinois consommant quasim<strong>en</strong>t l’équival<strong>en</strong>t<br />

d’une demi-bête par an.<br />

Qualité<br />

Des oreilles au jambon, plein de cochonneries<br />

Plus d’une dizaine<br />

de vaccins utilisés<br />

sur les porcelets<br />

<strong>en</strong> naissage<br />

Sulfate de cuivre, zinc,<br />

chrome, etc.<br />

Source : xxxxxx<br />

Dans une porcherie qui répond rigoureusem<strong>en</strong>t<br />

aux normes sanitaires<br />

requises et fournit une alim<strong>en</strong>tation correcte,<br />

un porcelet <strong>en</strong> naissage [avant<br />

d’être <strong>en</strong>graissé] n’a besoin que de quatre<br />

vaccinations : contre la grippe porcine, la<br />

fièvre aphteuse, la maladie d’Aujeszky et<br />

les infections à streptocoques, explique<br />

Li W<strong>en</strong>gang, directeur du départem<strong>en</strong>t<br />

de médecine vétérinaire à l’Ecole supérieure<br />

d’élevage de Zh<strong>en</strong>gzhou (H<strong>en</strong>an).<br />

Pourtant, on s’<strong>en</strong> ti<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t là, même<br />

dans les grandes porcheries. Comme les<br />

normes sanitaires sont mal respectées,<br />

les éleveurs ajout<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t plusieurs<br />

autres vaccins “au cas où”, pour accroître<br />

le taux de survie de leurs bêtes. C’est ainsi<br />

que certains porcelets reçoiv<strong>en</strong>t plus de<br />

Hong Kong et Macao mieux lotis<br />

Visiblem<strong>en</strong>t, Pékin<br />

ét<strong>en</strong>d sa fameuse formule<br />

“un pays deux systèmes”<br />

à l’alim<strong>en</strong>tation.<br />

Depuis 1998, l’année<br />

qui a suivi la grande grippe<br />

porcine <strong>en</strong> Chine,<br />

les habitants de Hong Kong<br />

et de Macao bénéfici<strong>en</strong>t<br />

d’un système de sécurité<br />

sanitaire des alim<strong>en</strong>ts<br />

différ<strong>en</strong>t de celui de la Chine<br />

contin<strong>en</strong>tale, rapporte<br />

Nanfang Zhoumo.<br />

Un système qui se montre<br />

Tétracyclines,<br />

macrolides, sulfamides,<br />

quinolones, etc.<br />

Vaccins<br />

Métaux<br />

Antibiotiques<br />

Promoteurs<br />

de croissance<br />

Cl<strong>en</strong>butérol, ractopamine,<br />

salbutamol<br />

Colorants<br />

(rouge Soudan, par exemple)<br />

Autres<br />

Les éleveurs chinois abus<strong>en</strong>t de produits chimiques que le métabolisme des animaux<br />

ne parvi<strong>en</strong>t pas à éliminer complètem<strong>en</strong>t.<br />

efficace puisque<br />

les alim<strong>en</strong>ts importés<br />

du contin<strong>en</strong>t sont conformes<br />

aux tests à 99,97 % pour<br />

le marché hongkongais et<br />

à 100 % pour celui de Macao.<br />

Il faut dire que les contraintes<br />

sont draconi<strong>en</strong>nes pour<br />

les exploitants qui veul<strong>en</strong>t<br />

v<strong>en</strong>dre leurs produits<br />

sur ces marchés.<br />

Les porcheries font l’objet<br />

de deux contrôles m<strong>en</strong>suels<br />

du taux de promoteurs<br />

chimiques de croissance,<br />

ainsi que d’une surveillance<br />

trimestrielle de routine<br />

portant sur 42 autres<br />

critères. Les porchers<br />

doiv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre pr<strong>en</strong>dre<br />

une douche, changer<br />

de t<strong>en</strong>ue et passer par<br />

un sas de désinfection avant<br />

d’<strong>en</strong>trer dans la porcherie.<br />

L’hebdomadaire cantonais<br />

explique que la ferme<br />

Nahzou, à Zhuhai, dans<br />

la province du Guangdong,<br />

écoule la moitié de<br />

sa production annuelle<br />

Crise La ractopamine est<br />

officiellem<strong>en</strong>t utilisée dans plus<br />

de vingt pays, notamm<strong>en</strong>t<br />

aux Etats-Unis, pour accélérer<br />

la croissance des porcs.<br />

En septembre 2007, la Chine a refusé<br />

Source : "Nanfang Dushibao"<br />

dix vaccins. A titre d’exemple, le tableau<br />

de vaccination fourni à ses cli<strong>en</strong>ts par une<br />

porcherie du district de Zh<strong>en</strong>gyang, au<br />

H<strong>en</strong>an, préconise onze vaccinations pour<br />

les animaux <strong>en</strong> naissage !<br />

Antibiotiques généralisés<br />

Habituellem<strong>en</strong>t, après sa naissance, le<br />

porcelet est allaité par sa mère, qui lui<br />

transmet des anticorps, ce qui développe<br />

ses déf<strong>en</strong>ses immunitaires. Selon Li W<strong>en</strong>gang,<br />

les grandes porcheries modernes<br />

pourrai<strong>en</strong>t très bi<strong>en</strong> maint<strong>en</strong>ir leur taux<br />

de mortalité au-dessous de 5 % sans ajouter<br />

de médicam<strong>en</strong>ts à l’alim<strong>en</strong>tation des<br />

jeunes porcs.<br />

En revanche, les petites exploitations<br />

et celles qui ont de mauvaises conditions<br />

de 16 000 bêtes sur<br />

ces marchés, l’autre moitié<br />

allant <strong>en</strong> Chine contin<strong>en</strong>tale.<br />

Depuis onze ans, nous<br />

n’avons pas eu la moindre<br />

trace de stimulants,<br />

a déclaré avec fierté<br />

le bureau de l’inspection<br />

des imports-exports<br />

de Zhuhai. Pour la partie<br />

destinée au contin<strong>en</strong>t,<br />

c’est une autre histoire,<br />

le système de contrôle<br />

étant jugé trop coûteux<br />

pour être généralisé.<br />

l’importation de cargaisons de porcs<br />

<strong>en</strong> prov<strong>en</strong>ance des Etats-Unis<br />

et du Canada après que des traces<br />

de ce produit, dont l’utilisation<br />

est aussi interdite dans l’Union<br />

europé<strong>en</strong>ne, eur<strong>en</strong>t été détectées.<br />

d’hygiène sont obligées de recourir aux<br />

antibiotiques pour augm<strong>en</strong>ter le taux de<br />

survie de leur cheptel. “Certaines porcheries<br />

qui perdai<strong>en</strong>t trois ou quatre porcelets sur dix<br />

ont vu leur taux de mortalité chuter à 6 ou 7 %<br />

<strong>en</strong> donnant des antibiotiques à leurs animaux”,<br />

explique Li W<strong>en</strong>gang. Ces antibiotiques<br />

apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> général à quatre grandes<br />

classes : les tétracyclines, les macrolides,<br />

les sulfamides et les quinolones.<br />

Wang He, l’éleveur de Yubei, souligne<br />

cep<strong>en</strong>dant que les médicam<strong>en</strong>ts à usage<br />

vétérinaire sont souv<strong>en</strong>t contrefaits et ne<br />

sont pas très efficaces. Il préfère donc remplacer<br />

les produits vétérinaires par des<br />

médicam<strong>en</strong>ts destinés aux humains,<br />

comme la streptomycine et la pénicilline,<br />

pour soigner ses cochons. De plus, il lui<br />

arrive souv<strong>en</strong>t d’administrer à ses bêtes<br />

trois fois la dose normale pour “optimiser”<br />

le traitem<strong>en</strong>t. D’après notre <strong>en</strong>quête, cette<br />

pratique est particulièrem<strong>en</strong>t fréqu<strong>en</strong>te<br />

dans les petites porcheries.<br />

Le P r Li raconte le cas d’un porc<br />

malade auquel on avait injecté trois produits<br />

différ<strong>en</strong>ts et qui n’avait pas survécu<br />

alors qu’un seul produit aurait suffi à le<br />

traiter. “Le réseau vétérinaire est peu développé<br />

et beaucoup d’éleveurs de porcs ne sont<br />

pas très instruits. Ils p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t pouvoir<br />

soigner leurs bêtes au jugé, avec des résultats<br />

catastrophiques !” Les éleveurs ne pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

quasim<strong>en</strong>t jamais <strong>en</strong> considération<br />

la capacité de leurs animaux à résister aux<br />

maladies. M. Li a découvert qu’outre une<br />

utilisation abusive de médicam<strong>en</strong>ts destinés<br />

à l’homme, les éleveurs privilégi<strong>en</strong>t<br />

des produits comme la streptomycine et<br />

les céphalosporines, plutôt que la bonne<br />

vieille pénicilline. “Un phénomène très semblable<br />

à ce qui se passe pour les antibiotiques<br />

destinés aux humains !”<br />

Li W<strong>en</strong>gang signale que l’Etat a pourtant<br />

mis <strong>en</strong> place des nom<strong>en</strong>clatures spécialisées<br />

pour établir une distinction<br />

<strong>en</strong>tre les médicam<strong>en</strong>ts à usage humain et<br />

ceux à usage vétérinaire. A l’exception de<br />

quelques produits pouvant être utilisés<br />

chez l’homme comme chez l’animal, pour<br />

beaucoup de médicam<strong>en</strong>ts, il est strictem<strong>en</strong>t<br />

interdit de mélanger les usages. Il<br />

s’agit <strong>en</strong> effet d’empêcher des ag<strong>en</strong>ts<br />

pathogènes ayant développé une résistance<br />

aux antibiotiques dans un organisme<br />

animal de m<strong>en</strong>acer la santé humaine. Malheureusem<strong>en</strong>t,<br />

les porcs reçoiv<strong>en</strong>t couramm<strong>en</strong>t<br />

ces produits dans la plupart des<br />

exploitations agricoles.<br />

Par ailleurs, les bêtes doiv<strong>en</strong>t cesser de<br />

recevoir des médicam<strong>en</strong>ts durant le mois<br />

qui précède leur <strong>en</strong>voi à l’abattoir afin de<br />

laisser le temps à leur organisme de les éliminer.<br />

Des professionnels relèv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant<br />

que ce système exige une surveillance<br />

très poussée de la part des autorités. “En<br />

fait, c’est impossible à mettre <strong>en</strong> œuvre dans<br />

beaucoup de porcheries.” Un éleveur de porcs<br />

de Zh<strong>en</strong>gyang explique aussi qu’un assez

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