photographies "carnets de voyages de jacques majorelle" - Tajan
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JACQUES MAJORELLE<br />
ENSEMBLE DE 7 MANUSCRITS AVEC ENVIRON 25 LETTRES ET DOCUMENTS LE CONCERNANT<br />
1 UN TÉMOIGNAGE INESTIMABLE SUR LA CARRIÈRE D’UN CÉLÈBRE PEINTRE-VOYAGEUR<br />
Jacques Majorelle (1886-1962) est le fils <strong>de</strong> l’ébeniste Louis Majorelle, un <strong>de</strong>s artistes majeurs <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> Nancy. Son<br />
activité <strong>de</strong> peintre fut indissociablement liée à ses <strong>voyages</strong> : il parcourut d’abord l’Espagne (1908), séjourna à Venise<br />
(1909) et visita l’Égypte (1910-1911), d’où il rapporta <strong>de</strong> nombreuses œuvres qu’il exposa à son retour. Révélé à lui<br />
même en Égypte par la lumière particulière du sud, il décida en 1917 <strong>de</strong> s’installer au Maroc, où il <strong>de</strong>meura la majeure<br />
partie <strong>de</strong> sa vie. Il exposa dès 1918, à Casablanca, <strong>de</strong>s œuvres où son inspiration se nourrissait <strong>de</strong> ses observations<br />
du pays. Un <strong>de</strong>s premiers découvreurs du sud marocain, il effectua dès 1921 <strong>de</strong>s expéditions dans l’Atlas qui lui<br />
fournirent la matière, d’une part, d’un récit <strong>de</strong> voyage publié sous le titre <strong>de</strong> Carnet <strong>de</strong> route d’un peintre dans l’Atlas et<br />
l’Anti-Atlas, et d’autre part, d’une série d’œuvres peintures majeures. Celles-ci firent l’objet <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux expositions, à Paris<br />
en 1922 et Casablanca en 1929, ainsi que d’une splendi<strong>de</strong> publication, Kasbahs <strong>de</strong> l’Atlas (Paris, Jules Meynial, 1930).<br />
A partir <strong>de</strong> 1930, il s’attacha plus exclusivement à développer un nouveau thème, celui <strong>de</strong>s “négresses” nues, auquel<br />
il consacra un <strong>de</strong>uxième cycle d’œuvres, présentées dès 1933 à Casablanca et surtout exposées en novembre 1934<br />
à Paris à la galerie Charpentier. Après la Secon<strong>de</strong> guerre mondiale, il se sentit attiré encore plus loin et parcourut<br />
l’Afrique noire, qu’il traita d’une manière renouvelée dans un troisième cycle d’œuvres.<br />
Jacques Majorelle s’illustra également comme décorateur : marqué d’une part par le travail <strong>de</strong> son père, par l’évolution<br />
<strong>de</strong>s arts décoratifs après la guerre <strong>de</strong> 1914 et par l’originalité <strong>de</strong> la grammaire formelle <strong>de</strong>s cultures marocaines, il décida<br />
très tôt <strong>de</strong> monter <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> décoration à Marrakech, tenant compte <strong>de</strong> cet héritage d’exigence technique et <strong>de</strong><br />
ces sources d’inspiration esthétique. Il réalisa dès 1923 la décoration intérieure <strong>de</strong> sa villa Bou Saf-Saf dans la palmeraie<br />
<strong>de</strong> Marrakech (concevant également un jardin qu’il enrichit progressivement <strong>de</strong> plusieurs milliers d’espèces végétales),<br />
décora l’hôtel Mamounia <strong>de</strong> Marrakech en 1924 et le hall <strong>de</strong> la section du Maroc à l’Exposition <strong>de</strong>s Arts décoratifs <strong>de</strong><br />
1925 à Paris.<br />
Une rétrospective <strong>de</strong> ses œuvres a été présentée récemment au musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> Nancy <strong>de</strong> décembre 1999<br />
à février 2000, puis à l’Institut du Mon<strong>de</strong> arabe <strong>de</strong> février à avril 2000.<br />
Cet ensemble en gran<strong>de</strong> partie inédit comprend :<br />
I. JOURNAL DE JEUNESSE. 1900 [Majorelle avait alors 14 ans].<br />
Cahier in-4 réglé, (2)-178-(7) pp. manuscrites, percaline noire, tranches rouges, dos abîmé, la couverture supérieure et<br />
quelques feuilles se détachent. Il comprend plusieurs parties :<br />
A. “Damelevières. Impressions que j’ai éprouvées pendant mon séjour au village”. Journal tenu à partir du 16 mai 1900,<br />
lors d’un séjour à Damelevières, village <strong>de</strong> Meurthe-et-Moselle, au sud-est <strong>de</strong> Nancy (pp. 1 à 96). – B. “Voyage en<br />
Suisse du 27 août à 1 septembre”. Journal illustré d’une carte <strong>de</strong>ssinée à l’encre et rehaussée au lavis (pp. 97 à 110).<br />
–C. “Voyage à Paris”. S.d. (pp. 111 à 122). – D. “Voyage à Oberammergau”. S.d. (pp. 123-163). – E. Anecdotes<br />
personnelles avec notes <strong>de</strong> lecture (pp. 164 à 178 et 7 pp. non chiffrées). On joint un brouillon parcellaire <strong>de</strong> ce journal<br />
<strong>de</strong> 1900 (23 pp. manuscrites sur <strong>de</strong>s feuilles volantes).<br />
Dans son “Voyage à Paris”, Majorelle relate SA RENCONTRE AVEC LALIQUE :<br />
“A mon avis le clou artistique <strong>de</strong> l’Exposition, ce sont les bijoux <strong>de</strong> Lalique. Le progrès se résume dans ces mignatures.<br />
Je suis allé tous les jours les admirer et tous les jours j’en découvrais <strong>de</strong> plus jolis. Mon oncle Jules donna un <strong>de</strong> ces<br />
bijoux à ma mère lors <strong>de</strong> la décoration <strong>de</strong> mon père. Elle pouvait le changer si elle en trouvait un qui lui plaise davantage.<br />
Elle trouva son idéal, c’est une fleur <strong>de</strong> pissenlit représentée par une grosse opale sur laquelle butinent <strong>de</strong>s abeilles, la<br />
tige est une épingle d’où se détachent <strong>de</strong>ux feuilles couvertes d’émaille. Nous allons tous trois chez Monsieur Lalique<br />
pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> le changer. J’étais heureux <strong>de</strong> connaître cet artiste pour qui j’avais tant d’admiration. Comme tous<br />
les vrais artistes il est très simple, très mo<strong>de</strong>ste ; je retrouvai en lui le portrait morale <strong>de</strong> mon père. Ils se félicitèrent<br />
mutuellement et se plurent, je crois, l’un à l’autre” (p. 119).<br />
II-IV. LETTRES DE VOYAGE. Août 1908-1er janvier 1911.<br />
3 cahiers in-4 réglés, environ 530 pp. manuscrites, percaline grise illustrée, tranches rouges, quelques feuilles se<br />
détachent. Il comprend une copie <strong>de</strong> ses lettres sur la pério<strong>de</strong>, formant un véritable journal <strong>de</strong> voyage, divisé en trois<br />
parties :<br />
– “VOYAGE EN ESPAGNE”. Août-25 novembre 1908. Lettres envoyées au cours d’un voyage en Espagne qui le mena à<br />
Madrid, Tolè<strong>de</strong>, Cordoue et Grena<strong>de</strong> (où il séjourna le plus longtemps), Séville et Cadix.<br />
Tolè<strong>de</strong>, 20 septembre 1908 : “Je quitte à l’instant une sommité <strong>de</strong> la noblesse espagnole : le marquis <strong>de</strong>l la Vega,<br />
propriétaire d’une partie <strong>de</strong> Tolè<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la maison qu’habitât le fameux peintre Le Gréco... Voilà comment j’ai fait sa<br />
connaissance. Malgré le mauvais temps ce matin, j’étais allé faire une pocha<strong>de</strong> au pont San Martin et je rentrais. Il<br />
m’aperçut et n’eut pas grand mal à <strong>de</strong>viner par mon accoutrement et mon bagage, que je faisais <strong>de</strong> la peinture. Par ce<br />
seul fait je lui fus sympathique, et, peut-être aussi vit-il à ma mine dépitée que j’eus préféré du soleil. Il se présentat à<br />
moi, puis aussitôt me dit en français : “Aimez-vous le Gréco ? Je suis très épris <strong>de</strong> cet artiste et je réunis chez moi à<br />
Tolè<strong>de</strong> toutes ses œuvres pour les faire connaître. Si cela vous intéresse, j’aurais plaisir à vous les montrer’’. J’acceptai<br />
avec beaucoup <strong>de</strong> “certainement’’ et après mon déjeûner j’étais chez lui...”.<br />
Grena<strong>de</strong>, 11 octobre 1908 : “La gitane est venue ce matin et grâce à Dieu j’ai fait une bonne séance, mais je ne vais<br />
pas vite, je reprends beaucoup et cela me passionne. Je ne sais pas comment j’arrive à travailler avec cette femme qui<br />
ne pose pas... Les gitanes, malgré leurs haillons, leur saleté et leur misère, ont une gran<strong>de</strong> majesté dans l’allure. leurs<br />
yeux fendus jusqu’aux tempes ressortent merveilleusement dans leur teint basané, et leurs bouches épaisses et<br />
fortement colorées découvrent en riant <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts ron<strong>de</strong>s et blanches. Leurs cheveux s’attachent très bas sur le front<br />
et se collent en accroche-coeurs sur les pommettes. Les gitanes se croiraient déshonorées si une fleur ne garnissait<br />
pas leur cou sous le chignon placé très bas. Les cheveux très tirés sur la tête et enduis <strong>de</strong> graisse reflètent le bleu du<br />
ciel avec une violence incroyable...”.<br />
– “VOYAGE EN ITALIE”. 30 septembre-30 novembre 1909. Lettres envoyées essentiellement <strong>de</strong> VENISE.<br />
Venise, 22 septembre 1909 : “Il est dangereux <strong>de</strong> se réjouir d’une chose aussi incertaine que la confection <strong>de</strong> la bonne<br />
peinture. Je travaille certes autant que je puis le faire ; sous ce climat fiévreux je me sens moins à l’aise qu’en Espagne,<br />
je dois tenir compte <strong>de</strong> la fatigue et ne point me forcer... Ce que j’ai fait jusqu’alors ne me satisfait point ; je peine<br />
visiblement sur mes étu<strong>de</strong>s, je voudrais y mettre l’imprévu et l’élégance <strong>de</strong> métier qui se trouvent dans quelques-unes<br />
<strong>de</strong> mes pocha<strong>de</strong>s mais une timidité irraisonnée me paralyse et l’indication avorte sous une brosse inhabile. Devant le<br />
petit étalage <strong>de</strong> ma ponte actuelle, je constate néanmoins un progrès journalier assez sensible, cela me permet<br />
d’espérer une envolée prochaine. Il faudrait que ces grands panneaux fussent faits en une séance, <strong>de</strong>ux au plus, pour<br />
qu’ils gar<strong>de</strong>nt quelque fraîcheur...”.<br />
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