Le Crépuscule des Dieux - iTeX translation reports
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allait faire quelque folie, lorsque la nouvelle de Sadowa<br />
bourdonna, grandit, éclata enfin,—et tous ses<br />
détails.<br />
<strong>Le</strong> coup fut terrible pour le duc Charles. Il<br />
s’enferma, passa la nuit avec <strong>des</strong> bougies autour<br />
de son lit, et Arcangeli près de lui, le veillant, sans<br />
dire mot. Dès le lendemain cependant, quelque espoir<br />
lui était revenu, et il pensa faire merveilles en<br />
envoyant le baron de Cramm comme plénipotentiaire<br />
auprès du cabinet de Berlin. <strong>Le</strong> vide de la<br />
commission s’accordait bien au ridicule du personnage:<br />
les instructions étaient de se soumettre, de<br />
baiser les bottes du vainqueur, de protester d’un<br />
dévouement inaltérable pour l’avenir. Et ce sur<br />
quoi le Duc comptait, c’était sur une lettre autographe<br />
qu’il adressait au comte de Bismarck, lui,<br />
Charles Ier d’Este-Blankenbourg, chef de la maison<br />
<strong>des</strong> Guelfes.<br />
* * * * *<br />
Il avait pensé tout d’abord, à la place de ce fantoche,<br />
envoyer l’un de ses fils aînés. Il craignit<br />
de les émanciper s’il les sortait de leur néant,<br />
et peut-être même qu’ils ne fissent effort dans le<br />
naufrage qui menaçait, pour sauver leur petite bar-<br />
que. Puis il n’aimait guère Hans Ulric, et Franz,<br />
grandi au milieu <strong>des</strong> jupes, haïssait la peine et<br />
les affaires. Sa mère, aussi faible que lui, l’avait<br />
toujours tenu auprès d’elle, et élevé conséquemment<br />
dans la croyance catholique,—le seul <strong>des</strong> enfants<br />
de Charles d’Este, qui ne fût pas du culte<br />
luthérien. Ce n’est pas que sa religion, restreinte<br />
surtout aux agnus et aux bénédictions du Saint-<br />
Père, empêchât à la bonne Augusta la galanterie<br />
et les plaisirs. Magnifique et désordonnée, ainsi<br />
qu’il apparaissait sur elle à sa coiffure de travers,<br />
à ses habits traînant d’un côté, elle vécut noyée<br />
de dettes, et ruinée par la passion du jeu. Cependant,<br />
en prenant de l’âge, la terreur de la mort qui<br />
lui vint, avait fait d’elle, peu à peu, la plus précautionnée<br />
et la plus chimérique <strong>des</strong> femmes; et<br />
maintenant, cette manie la tenait <strong>des</strong> semaines au<br />
lit, qu’elle n’aimait point comme le duc Charles,<br />
mais s’imposait médicinalement. Elle ne se levait<br />
qu’une heure ou deux chaque jour, les employait à<br />
s’ajuster, ou bien à jouer au volant avec sa chambrière,<br />
et l’on ne la voyait jamais hors du petit<br />
appartement qui lui avait été assigné, trois chambres<br />
tranquilles, écartées et qui donnaient sur le<br />
jardin.