Le Crépuscule des Dieux - iTeX translation reports
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alors, au seuil d’une pièce, il aperçut Napoléon,<br />
qui s’avança de quelques pas à sa rencontre.<br />
—Ah! Sire! s’écria le Duc, dans quelles terribles<br />
circonstances...<br />
Mais l’Empereur, lui prenant le bras et mettant<br />
un doigt sur ses lèvres, le fit entrer dans son cabinet,<br />
dont la porte se referma, et leur entrevue<br />
n’eut pas de témoins. Pourtant, quand le Duc<br />
revint à l’hôtel, il semblait plus calme et résigné,<br />
et nul doute, qu’après quelques jours, il eût surmonté<br />
son chagrin, quand un nouveau désastre<br />
vint l’accabler. <strong>Le</strong> pauvre prince s’aperçut que<br />
ses cheveux tombaient en abondance, et Arcangeli<br />
ne put lui cacher plus longtemps l’effrayante vérité.<br />
<strong>Le</strong>s journées qui suivirent, furent lugubres. <strong>Le</strong>s volets<br />
demeuraient fermés; deux bougies éclairaient<br />
à peine la vaste chambre, où le silence régnait profondément;<br />
et le Duc, tout blanc comme un fantôme,<br />
dans ses grands peignoirs garnis de dentelles,<br />
coulait le temps sur sa chaise percée, se forgeait un<br />
funèbre avenir, et restait <strong>des</strong> heures à considérer<br />
fixement le paquet de ses cheveux tombés.<br />
<strong>Le</strong> seul effort qu’il s’imposa fut d’écrire un court<br />
billet à la Belcredi, qui vint s’établir à l’hôtel,<br />
suivie de sa femme de chambre. Au reste, cette<br />
installation passa presque inaperçue, tant les enfants<br />
de Charles d’Este avaient été accoutumés de<br />
vivre au milieu <strong>des</strong> maîtresses de leur père. <strong>Le</strong><br />
même jour vit arriver M. de Cramm, l’oreille basse,<br />
suant de frayeur et sentant d’avance sur son dos,<br />
les éclats de fureur de son maître. La peur d’être<br />
interrogé de toutes les façons, et qu’on n’éclairât<br />
sa conduite, ajoutait aux angoisses du petit baron.<br />
Aussi respira-t-il plus librement, quand il apprit<br />
que Son Altesse ne voulait pas lui donner audience.<br />
Telle était la douleur du Duc, qu’il ne reçut pas davantage<br />
le comte d’ls, lequel survint quelques jours<br />
plus tard, ramenant un convoi de fourgons qu’il<br />
avait pris à Francfort, au passage, et les trentetrois<br />
chevaux du Duc. Six étaient <strong>des</strong> présents<br />
du schah de Perse, et tous les autres appartenaient<br />
à la race de Blankenbourg, ces chevaux à la<br />
robe argentée, les yeux, les naseaux et les sabots<br />
roses. Ils <strong>des</strong>cendent, dit la légende, du <strong>des</strong>trier<br />
de bataille donné par Charlemagne à Witikind,<br />
et que les princes Guelfes ont placé dans leurs<br />
armoiries. Ce fut d’ls qui présida aux arrangements<br />
de l’écurie, et l’on recommença à voir par