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Le Crépuscule des Dieux - iTeX translation reports

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de décidé toutefois, elle demeura près de Claribel.<br />

Il importait de ne pas trop changer de main la<br />

petite comtesse; et du reste, point n’était besoin<br />

auprès d’elle, d’une savante jusqu’aux dents, tant<br />

Claribel surpassait son âge en finesse, en reparties,<br />

en intelligence.<br />

Elle en émerveillait principalement le comte Franz,<br />

qui paraissant épris tout à coup d’une belle amitié<br />

pour sa sur, s’était rendu assidu chez elle;<br />

mais les regards, comme on le devine, volaient<br />

par-<strong>des</strong>sus Claribel et s’adressaient à Emilia. Il<br />

avait toujours pris plaisir ainsi à la société <strong>des</strong><br />

femmes, vivant comme elles de redits, de commérages,<br />

de tracasseries. Plein de parfums et de<br />

bijoux, d’un beau blond, le visage riant, arborant<br />

<strong>des</strong> cravates à camées, et idolâtre de ses favoris,<br />

le jeune comte n’était pas moins que la fleur <strong>des</strong><br />

pois à Blankenbourg. Il y avait eu <strong>des</strong> galanteries,<br />

même avec assez de fracas, et sachant le rudiment,<br />

conduisit l’attaque en stratégiste; d’abord<br />

<strong>des</strong> soupirs, <strong>des</strong> illa<strong>des</strong>, <strong>des</strong> exclamations à demivoix,<br />

de longues stations devant l’idole. Là-<strong>des</strong>sus,<br />

quelques présents de fleurs, puis, dépité qu’on ne<br />

voulût point l’entendre, Franz bombarda de bouquets<br />

l’Italienne. Emilia n’en soufflait mot, se con-<br />

tentait de lui marquer une froideur défiante et hautaine,<br />

attendant qu’il en vînt à l’écrin, qu’elle lui<br />

renvoya aussitôt. Il essaya de la fléchir; elle le<br />

requit si sèchement d’avoir à discontinuer ses visites,<br />

que le comte stupéfié fit le plongeon, et resta<br />

quelque temps sans reparaître.<br />

Mais ceux que l’on voyait le moins, c’étaient Hans<br />

Ulric et Christiane, que dès le troisième jour de son<br />

arrivée, le duc Charles avait relégués à l’extrémité<br />

de l’hôtel, de colère contre leur musique.<br />

—Au reste, ils m’en remercieraient, se dit il ensuite,<br />

par réflexion.<br />

Ils semblaient en effet se suffire, n’avoir nul besoin<br />

du reste du monde. <strong>Le</strong>ur attachement mutuel qui<br />

allait, s’il se peut, plus profondément que le cur,<br />

en mêlant sans cesse tous leurs sentiments, leurs<br />

pensées et leurs émotions, ne faisait du frère et de<br />

la sur qu’un seul esprit, une seule âme. On les<br />

eut vus rougir ou pâlir au même instant; Hans Ulric<br />

entendait le pas de Christiane, à <strong>des</strong> distances<br />

incroyables; et si l’un d’eux était absent, l’autre errait,<br />

comme à la recherche de soi-même. Personne<br />

ne troublait leurs longs tête-à-tête, car la bonne<br />

Augusta, qui était nommément dame d’honneur

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