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Le Crépuscule des Dieux - iTeX translation reports

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que pour passer du lit à une sorte d’immense<br />

niche, matelassée de satin vert doré. Elle y<br />

restait la journée entière, plongée, noyée dans<br />

un amas de dentelles et de point d’Angleterre,<br />

toute blanche, au fond de cette chapelle, avec ses<br />

étranges cheveux d’or pâle, relevés haut sur sa petite<br />

tête.<br />

Elle ne s’ennuyait pas cependant; les visiteurs<br />

étaient nombreux. <strong>Le</strong> Duc survenait après son<br />

lever, frais du bain, mais déjà sous les armes, coiffé,<br />

cosmétiqué et rajeuni: il se divertissait à badiner,<br />

jouait aux olives ou à la mourre en se laissant<br />

rafler son argent, et régalait Claribel d’ordinaire,<br />

de quelque cadeau de bijoux, <strong>des</strong> friandises ou<br />

<strong>des</strong> jouets superbes. Souvent, la prenant par la<br />

main, il faisait plusieurs tours de chambre avec<br />

l’enfant, si mignonne, si inégale à côté de son père<br />

haut et robuste, qu’elle avait l’air de sortir de sa<br />

poche. Ces visites enorgueillissaient Claribel, et<br />

elle y déployait ses gentillesses, quoiqu’elle craignît<br />

extrêmement les parfums violents dont le Duc était<br />

toujours empesté. Il y avait <strong>des</strong> jours où elle pâlissait<br />

et se sentait près d’étouffer, mais elle fût morte<br />

plutôt que de paraître incommodée, et de se permettre<br />

la moindre plainte.<br />

<strong>Le</strong> comte Hans Ulric et Christiane <strong>des</strong>cendaient<br />

aussi l’après-midi, et la charmante fille aussitôt,<br />

animait tout de sa légèreté de nymphe, inventait<br />

cent sortes d’amusements, et forçait Claribel de<br />

s’y mêler. Alors, on tirait <strong>des</strong> armoires, les joujoux<br />

somptueux de la petite: poupées, pantins,<br />

polichinelles, <strong>des</strong> chasses dans leur décor de sapins,<br />

<strong>des</strong> arches de Noé, vrais chefs-d’uvre sculptés<br />

par les montagnards de Wolfenbuttel, puis force<br />

merveilles d’automates, <strong>des</strong> danseuses pirouettant,<br />

<strong>des</strong> chariots dorés dont les chevaux marchaient,<br />

<strong>des</strong> éléphants, qui haussaient leur trompe; mais<br />

la petite comtesse les considérait d’un il morne,<br />

et demandait presque toujours Micke. C’était la<br />

préférée de l’enfant, une pauvre laide poupée que<br />

lui avait donnée une paysanne, un jour que Claribel<br />

passait dans la rue. Elle couchait son amie entre<br />

ses bras, s’allongeait et fermait les paupières,<br />

lui parlant bas de temps à autre, et répondant<br />

par un sourire triste aux encouragements de Christiane.<br />

Mais nul ne se montrait, chez la malade, aussi<br />

assidu que l’amoureux comte Franz. La passion<br />

était venue ainsi qu’il arrive, à force de la simuler,<br />

et l’adroite politique d’Emilia l’avait rapidement

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