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Le Crépuscule des Dieux - iTeX translation reports

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fort loin, et lui déconcertait ses impudences. Une<br />

fois qu’il donnait sans rire, son avis sur une question<br />

de politique, elle s’assit aux pieds de son père,<br />

en disant:<br />

—Or ça, mon papa, parlons un peu d’affaires<br />

d’Etat, à cette heure que j’ai dix ans...<br />

De quoi le Duc s’épouffa de rire tout un jour. Il<br />

préférait Otto toutefois, dont la ru<strong>des</strong>se et l’effréné<br />

imposaient à cet esprit malade. <strong>Le</strong> petit comte<br />

épouvantait, par une hauteur, une fougue nées<br />

avec lui, et qu’un rien déchaînait. Il écumait de<br />

rage contre le ciel, si la pluie ou le soleil venait<br />

lui faire obstacle, et voulait briser les horloges qui<br />

le rappelaient à ses leçons. Robuste et souple, les<br />

yeux verts, <strong>des</strong> cheveux roux crépus qui bouffaient<br />

à l’excès, il montrait dans son front bas et bombé,<br />

dans ses narines dilatées, dans ses énormes mâchoires,<br />

dont la supérieure emboîtait presque celle<br />

de <strong>des</strong>sous, tout ce qu’il avait d’instincts grossiers,<br />

farouches, passionnés. Il ne s’occupait qu’à la<br />

lutte, à la savate et aux coups de poing. Espèce<br />

de démon domestique, sa joie était de maltraiter<br />

chiens, marmitons, valets d’écurie, et jusqu’aux<br />

lingères de l’hôtel, car il affichait pour les femmes<br />

le mépris dû à leur pusillanimité et à leur faiblesse.<br />

Une pourtant, de ses froids yeux bleus, avait<br />

dompté le jeune monstre. La Belcredi lui avait<br />

inspiré un sentiment inconnu et profond. A Francfort,<br />

au moment du départ, Otto se glissant près<br />

d’elle, était tombé à ses genoux, avait roulé sa tête<br />

frénétiquement dans les jupes de la chanteuse, puis<br />

avait fui. Il rêvait à elle, souvent encore; cette sensation<br />

brûlante lui restait au cur, si bien qu’un jour<br />

il parla à son père de la dame qu’ils avaient emmenée,<br />

celle qui chantait, vêtue de blanc.<br />

—Ah! la Belcredi! fit le Duc...<br />

Et la stupeur d’un si complet oubli ne lui laissa<br />

pas ajouter une parole. Elle lui avait plu cependant,<br />

lui, à qui les femmes ne plaisaient guère,<br />

et il revit tous les détails de l’audience de Wen<strong>des</strong>sen,<br />

sa mauvaise grâce, sa hauteur, sa brutalité<br />

affectée. Il se souvint confusément que Giulia<br />

avait fait le voyage en compagnie de Franz et<br />

d’Augusta Linden. Pourquoi abandonner sa suite?<br />

N’aurait-elle pas dû, tout au moins, venir prendre<br />

congé de lui? Mais une femme de théâtre aussi notoire<br />

qu’elle l’était, ne pouvait disparaître ainsi; et<br />

son caprice se réveillant, Charles d’Este finit par<br />

charger l’Italien de découvrir où se cachait la Belcredi.<br />

Hélas! Arcangeli ne le savait que trop bien,

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