Hors série - Business Writers
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42 SECTEURS WALLONS ||<br />
Francis Michel, Président de Cobelpa Wallonie<br />
Les marges ont structurellement tendance à se réduire<br />
Francis Michel, président de Cobelpa Wallonie – l’Association des fabricants<br />
de pâtes, papier et cartons de Belgique – estime que le secteur est en danger.<br />
L’année 2003 a été morose, 2004 ne fut pas plus encourageante. Quant à 2005…<br />
Dynamisme Wallon <strong>Hors</strong> <strong>série</strong> 2005 Par Frédéric MOSER<br />
Chiffres clés du papier en Wallonie<br />
Production pâte et papier 1.020.338 tonnes<br />
Emploi 2070 personnes<br />
Nombre d'entreprises 7<br />
Les chiffres pour 2004 laissent apparaître<br />
une année morose, en tous<br />
les cas guère meilleure que l’année<br />
précédente. Vous confirmez cette<br />
impression ?<br />
Francis Michel : À l’évidence, le secteur<br />
devra continuer à faire le gros dos<br />
en 2005. En cause, l’érosion des prix<br />
qui se poursuit, le raffermissement de<br />
l’euro qui joue sur les flux d’exportation<br />
et d’importation et la concurrence<br />
qui est toujours aussi pressante. Si<br />
l’on rajoute à cela la surcapacité de la<br />
production en Belgique et une croissance<br />
du PIB proche de zéro pour le<br />
premier trimestre, la situation n’invite<br />
effectivement pas à l’optimisme.<br />
En outre, dans le secteur du papier,<br />
les investissements sont non seulement<br />
indispensables pour se maintenir<br />
mais toujours très lourds à supporter.<br />
Songez que le prix de certaines<br />
machines s’élève à 500 millions<br />
d’euros… Concilier la courbe lente de<br />
la consommation et celle, beaucoup<br />
plus rapide, des investissements<br />
s’avère un exercice périlleux.<br />
Les coûts énergétiques en hausse ont<br />
également bousculé le secteur.<br />
Nous ne pouvons effectivement répercuter<br />
sur les prix des hausses du coût<br />
de l’énergie de l’ordre de 25 à 30%.<br />
Or, la libéralisation de l’énergie ne<br />
fonctionne pas en raison du monopole<br />
des fournisseurs, des blocages aux<br />
frontières, etc. Il convient aussi de<br />
prendre en compte toutes les nouvelles<br />
taxes qui ont été imposées ces<br />
dernières années, telles que le fonds<br />
social, la participation au financement<br />
des éoliennes en mer du Nord, le<br />
fonds Kyoto, les certificats verts, etc.<br />
Le report et la diminution de l’exemption<br />
de la taxe énergétique fédérale<br />
pour les secteurs signataires d’accords<br />
de branche avait déjà effrayé les entreprises<br />
du secteur et la mise en œuvre<br />
de la taxe ELIA, établie pour financer<br />
les communes, alourdira encore la facture<br />
énergétique. Tout cela concourt à<br />
une hausse artificielle des prix. Il en<br />
résulte que les marges ont structurellement<br />
tendance à se réduire. Mais la<br />
situation est identique dans tous les<br />
autres pays, qui sont également<br />
confrontés à des hausses des prix<br />
inquiétantes… En résumé, nous<br />
sommes pris en tenaille entre des<br />
coûts qui augmentent et des prix qui<br />
diminuent !<br />
La politique de valorisation énergétique<br />
du bois ne risque-t-elle pas, à<br />
terme, de poser des problèmes en<br />
termes d’approvisionnement ?<br />
L’industrie papetière demeure très clairement<br />
l’un des principaux utilisateurs<br />
de bois en Belgique. Or, le projet d’incinération<br />
de la Région wallonne, qui<br />
devrait engloutir quelque 360.000<br />
tonnes de bois, pourrait effectivement<br />
constituer un précédent qui ne<br />
manque pas d’inquiéter le secteur. Si<br />
l’on poursuit dans la voie de la valorisation<br />
énergétique du bois, l’industrie<br />
papetière, qui s’approvisionne dans un<br />
rayon de 200 à 300 kilomètres, risque,<br />
à moyen terme, d’éprouver de réelles<br />
difficultés pour assurer l’approvisionnement<br />
en bois. Nous déplorons l’incohérence<br />
des politiques développées<br />
par les différents niveaux de pouvoir<br />
en Wallonie, qui crée des distorsions<br />
de concurrence, puisque les entreprises<br />
de valorisation énergétique du<br />
Agé de 49 ans, originaire de France, Francis<br />
Michel est ingénieur chimiste de formation.<br />
Après avoir officié durant 18 ans en France dans<br />
l’industrie de la pâte à papier, comme ingénieur<br />
de terrain, puis au sein des directions, il rejoint<br />
le groupe Burgo en janvier 1999. Il y assure la<br />
direction de la partie «pâte à papier», avant de<br />
prendre la direction générale de Burgo<br />
Ardennes en 2003. Il est par ailleurs président<br />
de Cobelpa-Wallonie.<br />
bois bénéficieront de subsides. Un<br />
projet de ce type est sans doute supportable<br />
pour le secteur, deux non !<br />
On est en droit de s’interroger sur la<br />
volonté des décideurs politiques de<br />
maintenir une industrie compétitive.<br />
N’y aurait-il que des points négatifs ?<br />
Non bien sûr. Contrairement à ce que<br />
l’on pense, la Belgique reste compétitive<br />
et si les coûts salariaux en<br />
Belgique sont toujours un handicap,<br />
notamment par rapport aux pays de<br />
l’Est, on peut penser qu’il s’amenuisera<br />
dans les prochaines années.<br />
Par ailleurs, en terme de volume, la<br />
demande reste correcte et la production<br />
de papiers et cartons s’est accrue<br />
de 12%, frôlant la barre des 2 millions<br />
de tonnes. ||<br />
Plus d’infos ?<br />
www.cobelpa.be