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fîmes la chasse; mais nous ne pûmes prendre d'hommes,
parce qu'ils étaient fort agiles, et se défendaient à coups
de pierres ; pour les femmes, nous en prîmes trois ; mais
comme elles se débattaient, et griffaient pour n'être pas
emmenées ceux qui les conduisaient, nous les tuâmes,
les écorchâmes, et rapportâmes leurs peaux à Carthage.
En effet, nous ne naviguâmes pas plus loin, les vivres
étant venus à nous manquer
En vérité, lorsqu'on lit ce récit avec quelque attention,
peut-on croire un seul instantqu'il aitrien d'officiel? Pour
moi, je ne le crois pas. En effet, quel était le but assigné.,
d'après le rédacteur lui-même de cet opuscule, à l'expé
dition d'Hannon ? N'était-ce pas de fonder des villes sur
la côte extérieure de Libye ? Or, est-ce ainsi qu'un géné
ral aurait rendu compte d'une opération de ce genre et
de cette importance ? Est-ce ainsi que se serait exprimé
un récit officiel?
Non,
un récit officiel se serait exprimé autrement : il
aurait commencé par exposer les raisons mises en avant
par le Sénat de Carthage pour prouver l'utilité de l'expé
dition et décider le peuple à ordonner une émigration
si considérable. Un récit officiel aurait rappelé les détails
et les difficultés des préparatifs; il aurait indiqué la date
du départ, énuméré les cérémonies religieuses célébrées
il eût parlé tout
pour l'heureux succès de l'expédition;
au moins des relâches faites sur la côte nord d'Afrique,
—
dans les ports Phéniciens dépendant de Carthage. En
tous cas, il eût mentionné le port de réunion où s'étaient
donné rendez-vous tous les vaisseaux de l'escadre, qui,
évidemment, en supposant l'expédition réelle, n'auraient
pas été tous armés, équipés, et complétés en passagers
—
dans la seule ville de Carthage. Or, ce port, le périple
n'en parle pas : car on ne peut croire que c'ait été le
détroit des Colonnes qui ait servi de point de ralliement;