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textes - Filosofia.it

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d’appar<strong>it</strong>ion, d’épiphanie du personnage, ses cond<strong>it</strong>ions sur scène se subst<strong>it</strong>uent à tout<br />

substrat psychologique : évidés, ils n’existent que par le fa<strong>it</strong> d’être vus, décr<strong>it</strong>s,<br />

entendus, d’abord dans l’ordre plus trad<strong>it</strong>ionnel d’une relation interpersonnelle, voir<br />

latérale, où les figures s'adressent les unes aux autres horizontalement, progressivement<br />

intrapersonnelle, voir frontale – les figures adressent la parole verticalement, et enfin<br />

oblique dans une sorte de hors champ, scission extrême de la voix du corps, surtout dans<br />

les dernières écr<strong>it</strong>ures contemporaines.<br />

Le passage du personnage à l'impersonnage, ou mieux à la figure a déplacé les<br />

attentions de l'illusion subjective autorisées par un continuum ident<strong>it</strong>aire aux cond<strong>it</strong>ions<br />

d'existence objectives de l'être théâtral. En reprenant les termes de Jean-François<br />

Lyotard et de Gilles Deleuze, on parle de régime figural de la représentation chaque fois<br />

que les écr<strong>it</strong>ures engagent un procès de figuration qui n'est plus figuratif, voir illustratif,<br />

narratif, mais performatif, poétique, rythmique. Aux principes de cohérence<br />

psychologique, d'harmonie mimétique et de rational<strong>it</strong>é qui demandent aux acteurs de<br />

souligner des intentions, des sentiments, se subst<strong>it</strong>uent une exploration autre de la voix<br />

et une hab<strong>it</strong>ation autre du corps : ne préexistant pas aux mots qu'elles prononcent, les<br />

figures ne sont rien d'autre que ce qu'elles disent. Elles peuvent faire preuve<br />

d'incohérence, car incarnation de paroles et non la personnification du sens. Elles ne<br />

relèvent pas d'une esthétique de la plén<strong>it</strong>ude, elles n'exigent pas une clôture des<br />

significations, elles explorent et provoquent la nature du rapport entre le d<strong>it</strong> et le visible.<br />

C'est pourquoi leur mise en jeu pose des problèmes de justesse et non de vér<strong>it</strong>é.<br />

Cette sorte de mise en s<strong>it</strong>uation de l’observation de l’être fictif instaure forcément un<br />

appel au regard du spectateur, une complic<strong>it</strong>é : la figure échappe à la trad<strong>it</strong>ion du<br />

microcosme dramatique. Elle n’est pas autonome, mais garantie par l’inscription de ce<br />

regard qui témoigne de son existence en même temps qu’il la suppose, même si elle le<br />

pousse à ses lim<strong>it</strong>es. D’où souvent le coté marionnette 12 ou vignette de la figure. Elle<br />

demande un face-à-face.<br />

En réduisant l’être dramatique, et surtout l’une des trois composantes fondamentales du<br />

12 La figure désigne en France les “formes nouvelles de la marionnette”. Désignant l'ensemble de cet art<br />

dans des pays tels que l'Allemagne ou l'Italie, l'appellation théâtre de figure ne concerne, en France,<br />

que les créateurs qui entendent signaler la rupture avec la trad<strong>it</strong>ion.<br />

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