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N°61<br />

HOROSCOPE<br />

LION (23 juillet - 23 août)<br />

On considère que le natif du Lion a un tempérament<br />

agressif. Malheureusement sa force physique n'est<br />

pas comparable à celle du roi des animaux et quand il<br />

cherche des noises c'est toujours lui qui prend la<br />

pâtée. Cependant, inconscient de sa faiblesse, il se<br />

croit supérieur aux autres. Les malades mentaux sont<br />

en grand nombre chez eux. Ils vivent leurs rêves de<br />

puissants et orgueilleux requins dans le monde<br />

aquatique des douches froides des hôpitaux<br />

psychiatriques.<br />

Quelle que soit la nature de ses sentiments, dès qu'il<br />

est amoureux le natif du Lion se met à uriner dans<br />

tous les coins. Il inonde d'acide urique, non seulement<br />

la personne aimée, mais tout son entourage. Rien ne<br />

se passe simplement, tout est une affaire de<br />

serpillière assez grande pour essuyer partout.<br />

Pour la native du Lion, la viande collée sur son<br />

squelette est son bien le plus précieux. Elle ne jettera<br />

pas cet amas de chair fraîche dans les bras du<br />

premier venu pour un amour trop simple. Il faut que la<br />

passion et l'aventure en vaillent la peine. Elle ne peut<br />

pas aimer un être ordinaire. Il lui faut le regard<br />

admiratif du voisinage, s'écriant sur son passage :<br />

"une belle femelle comme ça, avec des mâles aussi<br />

laids !". En cherchant ardemment elle découvre enfin<br />

le seul, l'unique homme de sa vie : un gnome, hideux,<br />

monstrueux, mais monté comme un âne.<br />

Pdf downloaded from http://www.thepdfportal.com/fanzine61_22362.pdf<br />

442ème RUE<br />

Fanzine à géométrie variable et parution aléatoirement régulière.<br />

442ème RUE<br />

64 Bd Georges Clémenceau<br />

89100 SENS<br />

FRANCE<br />

(33) 3 86 64 61 28<br />

email : leo442rue@wanadoo.fr<br />

Merci et salut :<br />

Les LEZARDS MENAGERS<br />

K-PUN<br />

PRESIDENT DOPPELGANGER<br />

VINCENT, BETTY et les MASS PROD<br />

ELECTRIC FRANKENSTEIN, IRONHEAD et DOLLHOUSE (such a tour)<br />

les GEE STRINGS<br />

le DUM DUM BAR (Chalon sur Saone)<br />

KING KOEN<br />

les KONSTROY<br />

les TRAITRES<br />

les CHARLY'S ANGELS (bises les filles)<br />

Mauro BOZZI (STIGMATE Records)<br />

DORIS et DICKYBIRD<br />

Jean-Luc MANET<br />

FABRICE (ROCK HARDI)<br />

Zdenko FRANJIC & HRC<br />

Olivier PORTNOI<br />

la DERIVE DES INCONTINENTS<br />

SPERMICIDE (l'album les gars, vite !)<br />

Candye KANE<br />

LUC "DOCTOR PUNK" et MOUSSE (JUNGLE CALL)<br />

le MONDO BIZARRO<br />

HAPPY KOLO & VERO<br />

la ROLLER ASSO & le COSMIC TRIP (putain de festival !)<br />

les DIRTEEZ<br />

les FOSSOYEURS (le bel âge)<br />

Dimi DERO<br />

Gregoire GARRIGUE & Jean-William THOURY<br />

KARINE, OPHELIE & VINCENT (chez les hommes préhistoriques)<br />

Tina JOYCE<br />

CHUCK NORRIS EXPERIMENT (caped crusaders)<br />

Samedi 23 juillet 2005 ; 19 : 07 : 22 (Castro time)<br />

La "442ème RUE", le retour de la vengeance du rock'n'roll<br />

Retrouvez la "442ème Rue" tous les mardis, à partir de 21h30, sur le<br />

94.5 de Triage FM. C'est à Migennes (Yonne) que ça se passe.<br />

Les nouveautés chroniquées dans le zine, mais aussi des oldies, du<br />

punk, du ska, du blues, du surf, du garage, du rock'n'roll, tout çà et bien<br />

plus encore.


DRUG DEALERS : The pigs are coming... (CD, Mass Prod - 19 rue<br />

Malaguti - 35000 Rennes)<br />

Drug Dealers vient s'ajouter à la longue liste des groupes rennais (une<br />

mine ? une source ? un nid ? un laboratoire ? une couveuse ?). Drug<br />

Dealers pratiquent un punk-rock méchant, puissant, teigneux, à la limite<br />

du hardcore, avec rythmique formule 1 et guitares incandescentes sur<br />

lesquels un chant (qui présente quelques intonations à la Jello Biafra)<br />

vient éructer des textes (in english) qui font la part belle à une imagerie<br />

gothico-horroro-gore du meilleur effet. Nos pourvoyeurs de came<br />

sonique ne s'étendent d'ailleurs pas plus que de raison sur l'ouvrage,<br />

éjectant 8 titres en moins de temps (ou presque) qu'il ne m'en aura fallu<br />

pour écrire cette chronique. Sont en verve les lascars, mordants et<br />

hargneux, incisifs et tranchants, pas là pour finasser ni s'étendre sur<br />

d'éventuelles considérations métaphysiques ou philosophiques. Le<br />

punk-rock c'est tout à fond, nom d'un korrigan ! Je connais quelques<br />

bars bretons qui ne vont pas se remettre des descentes d'accords des<br />

Drug Dealers quand ceux-ci vont investir les lieux. Au moins 8 sur<br />

l'échelle de Richter, garanti sur médiator.<br />

INGI INGI FOREVER<br />

FOREVER<br />

ELECTRIC FRANKENSTEIN : Burn bright, burn fast (CD, TKO<br />

Records - 8941 Atlanta Ave - #505 - Huntington Beach, CA 92646 -<br />

USA)<br />

Et si Electric Frankenstein se révélait être le dernier groupe punk de<br />

cette foutue période de doutes et d'incertitudes ? Le dernier gang en<br />

ville à encore oser fourrager ses guitares comme des forcenés qu'ils<br />

sont ? Le dernier emblème d'une punkitude qui se décline plus<br />

aujourd'hui en fringues de luxe, en clips "baywatchisés" et en<br />

embourgeoisement politiquement correct (Blink 182 ou les Vandals<br />

jouant pour les GI's tortionnaires en Irak, où va-t-on ?) qu'en activisme<br />

urbain, en fiel jusqu'au boutiste ou en positionnement militant de la cause<br />

? Alors oui, qu'Electric Frankenstein sorte aujourd'hui le premier disque<br />

punk entièrement sponsorisé n'a rien d'iconoclaste ni de putassier,<br />

surtout quand on sait que les sponsors en question sont eux aussi dans<br />

cette mouvance punk recélant encore un minimum de créativité (labels<br />

amis, zines, infographistes DIY, troupes de théâtre alternatif,<br />

merchandizers indés, sites pornos, etc). Et si, au final, ce sponsoring a<br />

permis à Electric Frankenstein de se payer un studio 56 pistes, c'est<br />

finalement nous, les fans ultimes, qui y retrouvons notre compte. Parce<br />

que ce disque d'EF sonne comme si une colonne de panzers déboulait<br />

dans votre chambrette, comme si une troupe de lutteurs sumotori venait<br />

vous câliner au réveil, comme si une famille de grizzlis vous avait pris en<br />

affection. Une baffe quoi ! Une vraie ! Une sévèrement burnée ! Sur<br />

certains titres EF n'ont pas hésité à balancer jusqu'à une vingtaine de<br />

pistes de guitares, quand ce n'est pas la batterie qui s'est vu gratifier<br />

d'autant de micros. Inutile de vous dire, donc, que le punk, toujours aussi<br />

virulent et rentre-dedans, d'Electric Frankenstein ne vous laisse plus un<br />

centimètre cube d'espace vital bien à vous dès lors que vous avez osé<br />

appuyer sur la touche play de votre lecteur. C'est de l'invasion pure et<br />

simple, de l'envahissement sans frais, de l'ingérence en bonne et due<br />

forme. Oubliez les conventions de Genève ou les traités de Varsovie,<br />

les lois de la guerre n'ont plus cours avec EF, leur guerre ils la mènent<br />

comme bon leur semble, avec la même foi qu'il y a 13 ans. Ah oui, parce<br />

qu'il faut vous dire, ceci est leur 13ème album (officiel s'entend), un<br />

anniversaire que le groupe ne pouvait décemment pas fêter comme<br />

n'importe quel vulgus gangum. Au final, ce disque nous balance<br />

quelques futurs standards frankensteiniens ("Burn bright, burn fast",<br />

"Fired up for action", "Spit it out !", "New world whore", "Rock city<br />

rocks") ainsi qu'un brelan de reprises, leur grande spécialité, toujours<br />

choisies avec soin (Music Machine, Flo & Eddie, Cars). Un disque qui<br />

témoigne toujours de l'extraordinaire prolixité du groupe (songez même<br />

que, s'il y a 14 titres ici, EF a fait paraître, il y a quelques mois, un autre<br />

album, pas vraiment "officiel" celui-là donc, "Superkool", sur VMS<br />

Records, avec 8 autres morceaux enregistrés au cours des mêmes<br />

séances). Artwork toujours aussi beau en prime, Basil Gogos au recto,<br />

et surtout le géantissime Neal Adams au verso. Et puisqu'il fallait que ce<br />

sponsoring serve à quelque chose, en bonus une plage multimédia vous<br />

fournit la bio d'EF, la discographie quasi complète (nécessaire pour s'y<br />

retrouver parmi les quelques 150 disques auxquels le groupe a<br />

participé) ainsi que les liens web vers tous les sponsors (et vous<br />

devriez faire quelques découvertes sympathiques dans tout çà, croyezmoi).<br />

Bref, de quoi vous occuper pendant un moment, tant visuellement<br />

qu'auditivement.<br />

Pdf downloaded from http://www.thepdfportal.com/fanzine61_22362.pdf<br />

The GEE STRINGS : 16 tracks of non-stop punkrock (CD, Revell<br />

Yell Music - 163-1 Aza-Matsui - Matsui-cho - Toyohashi-shi -<br />

Aichi 441-8143 -Japon)<br />

Y a les forts en gueule, les matamores, les m'as-tu-vu, ceux qui ont tout<br />

fait, tout vu... Mais qui finalement ne sont guère sortis de leur garage. Et<br />

y a les autres, ceux qu'on ne voit nulle part, qui ne font pas la une des<br />

tabloïds, qui ne sont pas de toutes les partys où il faut paraître... Mais<br />

qui oeuvrent sans discontinuer pour faire de leur rêve une réalité. Les<br />

Gee Strings sont indéniablement de la seconde catégorie, de ces êtres<br />

humains qu'on appelle punk-rockers. Parce que si les allemands, depuis<br />

plus de 10 ans qu'ils existent, ont déjà conquis l'Europe, ils ont<br />

également entrepris, depuis 2 ans, l'invasion de l'Amérique du Sud (2<br />

tournées brésiliennes au compteur). Et c'est vers le Japon que se<br />

tournent aujourd'hui leurs regards prédateurs. Réhabilitant par la même<br />

occasion le concept du "best of". Qu'on ne s'y trompe pas, s'il s'agit là<br />

d'une formidable carte de visite pour leurs visées orientales, cette<br />

compil n'en a pas moins été conçue avec soin et rigueur. Du coup, pour<br />

ceux qui ne connaîtraient pas encore le groupe, il est tout à fait possible<br />

de s'écouter la chose comme s'il s'agissait d'un véritable album. Tout y<br />

est, l'unité et la complémentarité. Les Gee Strings ce sont des<br />

fondations punk 77 à l'anglaise (les Sex Pistols ne sont jamais bien loin,<br />

"Stereotyped" par exemple), des murs proto-punk new-yorkais<br />

(tendance Ramones de préférence avec l'étendard Converse-jean's-<br />

Perfecto de rigueur) et une tapisserie glam-punk (passages obligés par<br />

les cases New York Dolls ou Runaways, et l'évidente reprise de<br />

"Cherry bomb"). Les Gee Strings ce sont surtout 4 figures fortement<br />

marquées et identifiées. Derrière le micro la croquignolette brunette Ingi<br />

Pop qui amène sa trash attitude (la gisquette n'hésite pas à exhiber son<br />

postérieur, qu'elle a fort avenant d'ailleurs, quand la tension monte... et<br />

là il n'y a pas que la tension qui monte) et sa féminité ("Wanna buy a<br />

boyfriend", "I'm a chick", "Cut cute cut") sans oublier une once de<br />

provoc ("Arrest me"). A la Les Paul dorée Bernadette, géant longiligne et<br />

d'un calme imperturbable qui tisse pourtant un mur du son impénétrable<br />

et solide comme un blindage des aciéries Krupp. A la basse le vétéran<br />

Nik Nasty, la caution punk par excellence, toujours à la recherche d'une<br />

paire de bas résille pour lui éviter de finir la nuit dans le camion. A la<br />

batterie enfin, le schtroumpf grognon de la bande, celui pour qui le<br />

rock'n'roll n'est rien comparé à une bonne biture ou une bonne<br />

pignolade, l'inénarrable Jac In The Back. Bref, si vous voulez vous faire<br />

un condensé de 30 années de punk, ce disque est celui qu'il vous faut<br />

pour commencer. Après vous pourrez entamer une exploration plus<br />

poussée de la chose, il y a là les fondamentaux.<br />

IRONHEAD : Livin' like we wanna die (CD, In Wine Is Truth<br />

Records - www.inwineistruth.net)<br />

Surfant sur un métal-punk décidément très en verve en ce moment,<br />

Ironhead amène dans ses flight-cases une fraîcheur et une spontanéité<br />

dépoussièrant des guitares qui pourraient vite devenir trop lourdes. La<br />

présence de Sal Canzonieri (d'Electric Frankenstein) à la production<br />

n'est peut-être pas non plus étrangère à la déferlante punk qu'on<br />

ressent sur les 13 titres de ce premier album. Sur scène Ironhead est un<br />

poil plus lourd qu'ici. Du coup on apprécie d'autant plus un disque qui<br />

exsude, malgré son titre, une rage de vivre jubilatoire et vindicative. Au<br />

fil d'hymnes tels que "She's so evil", "Ironhead", "Hotwired",<br />

"Devastation blues", "Out drinkin' again" ou "Cryning shame" c'est une<br />

ébouriffante bourrasque de riffs qui vient vous faire part de la volonté<br />

d'Ironhead d'aller là où ça fait mal, bien au fond des choses, au plus<br />

près de l'os. Certes, quelques solos nous ramènent bien vite du côté le<br />

plus iron du genre, mais les vocaux, eux, ont cette rage et cette<br />

détermination toute punk qui vous pousse au cul aussi mièvrement<br />

qu'une colonne de marabuntas affamées, aussi délicatement qu'une<br />

flotille de piranhas en manque, aussi suavement qu'une nuée de<br />

criquets pélerins en maraude. Des vocaux partagés entre le guitariste<br />

Johnny Sonic (également bassiste des Candy Snatchers pour ceux à<br />

qui ça parle) et la bassiste Angela Foxx (dont la voix nous rappelle les<br />

récentes exactions de Texas Terri, ce qui n'a rien d'étonnant quand on<br />

sait que son idole de jeunesse fut Wendy O Williams), à grands coups<br />

de motherfuckers dans les dents. Ironhead ne sont pas des tendres, ne<br />

le revendiquent pas et n'en ont pas la prétention, vous voilà prévenus.<br />

ZINE IN THE MAIL<br />

Recevez le zine via Internet en fichier <strong>PDF</strong>. Même présentation que le zine<br />

papier, mais avec la couleur en plus. Pour cela, envoyez-nous votre adresse<br />

électronique en précisant que vous voulez recevoir le zine par email. C'est<br />

gratuit et vous en faites ce que vous voulez : l'imprimer, l'envoyer à vos amis.<br />

Chaque numéro, selon le nombre de pages, fait entre 100 KO et 1 MO. Alors,<br />

à vos claviers !


The EVIL THINGIES/SHUTDOWN 66 (Split EP, Tear It Up Records - P.O.<br />

Box 7616 - 5601 JP Eindhoven - Pays-Bas/Corduroy Records - 38<br />

Advantage Road - Highett VIC 3190 - Australie)<br />

The Evil Thingies n'existent malheureusement plus, au grand dam de King<br />

Koen, activiste notoire (Bonedaddy, Ewings) et leader de ces "mauvaises<br />

choses", mais avec ce split EP sont enfin disponibles tous les morceaux<br />

enregistrés par les garagistes belges (le paradoxe c'est qu'ici il s'agit des<br />

premiers titres mis en boîte par le groupe naissant, ce qui ne change pas<br />

grand-chose d'ailleurs). Le garage-sixties-beat des Evil Thingies est au<br />

sommet de son art, avec ces rythmiques enlevées, ces guitares fuzz ou cet<br />

orgue millésimé. L'original "Gotta get a grip" est une version différente de<br />

celle qui figurait sur le 25cm "New shapes in sound", tandis que "Tu es<br />

impossible" (chantée par Alexandra, la bassiste) est une nouvelle<br />

adaptation de "I can only give you everything". Ce morceau de Tommy Scott,<br />

composé pour les Them de Van Morrison, est, selon King Koen, la meilleure<br />

chanson jamais écrite. Ce titre il l'aime tellement que les Evil Thingies en<br />

avaient déjà proposé 3 autres versions (2 reprises en anglais, l'une chantée<br />

par Koen sur le 25cm, l'autre chantée par John sur un 45t, single sur lequel<br />

figure également la reprise de l'adaptation qu'en avait faite Ronnie Bird en<br />

français, "Chante", ouf !). Monophonie de rigueur. Respect donc ! Sur l'autre<br />

face ce sont les australiens de Shutdown 66 qui viennent nous arracher<br />

des cris de jouissance avec 2 titres garage-punks du meilleur effet. Des<br />

titres dépouillés et séminaux qui font ressortir toute l'authenticité de ce gang<br />

qui, outre son inféodation aux classiques du genre, sait aussi manier<br />

l'humour second degré, comme en témoigne leur "Mrs Johnson"... une<br />

réponse à un titre de leur premier album, "Mr Johnson". Dans les 50's et les<br />

60's il n'était pas rare que groupes et artistes se répondent par disques<br />

interposés, mais qu'un groupe se réponde à lui-même voilà qui innove.<br />

GUYS GUYS IN IN THE THE THE GARAGE<br />

GARAGE<br />

FURY 161 : Los reyes de la carretera (CD, Tear It Up Records)<br />

Cherchez pas le mid-tempo chez Fury 161, les bataves ne connaissent<br />

qu'une vitesse, la cinquième, si possible en limite de zone rouge. Fervents<br />

adeptes d'un sixties-garage-punk des plus radicaux, Fury 161 rendent<br />

hommage aux héros d'une décennie dantesque et séminale, tapageuse et<br />

roborative, hommage délicatement parfumé à la fuzz, subtilement aromatisé<br />

à l'orgue vintage, doucereusement relevé à l'énergie brute et sauvage, et<br />

savamment arrosé d'une électricité abondante et lysergique. Le tout calibré<br />

à l'aune de la scène, ce qui rend leur musique si spontanée, si crade, si<br />

abrupte. Un pronostic là tout de suite maintenant, les loustics ne gagneront<br />

jamais le Concours de l'Eurovision, je peux vous le garantir. Accessoirement<br />

potes des Gecko Brothers, des Hard Feelings, de Peter Pan Speedrock ou<br />

des Spades, vous comprendrez que leur musique sent la poudre et le<br />

cambouis, la nitroglycérine et le méthanol, la dynamite et l'huile de ricin, et ce<br />

n'est pas leur reprise hallucinée et vicieuse du "I hate you" (tout un<br />

programme) des Monks qui risquerait de les faire passer pour des popsters<br />

décérébrés. Ces mecs-là ont des références à faire valoir, des diplômes es<br />

rock'n'roll à exhiber, des attitudes à assumer.<br />

Pdf downloaded from http://www.thepdfportal.com/fanzine61_22362.pdf<br />

Roddy RADIATION : Skabilly rebel - The Roddy Radiation<br />

anthology (CD, Grover Records)<br />

Ceux qui comme moi, il y a 25 ans, se sont pris sans<br />

avertissement la vague ska revival initiée par le label Two Tone et<br />

les Specials ne pourront pas rester insensibles à la simple mention<br />

du nom de Roddy Radiation, puisque le bonhomme fut, en son<br />

temps, de l'aventure Specials. Ce qu'on sait moins c'est que, si<br />

Roddy Radiation fut enthousiasmé par les rythmes ska, il n'en<br />

venait pas moins, à l'époque, de la scène rock'n'roll/rockabilly... et<br />

qu'il y est retourné une fois qu'il eut quitté les Specials... non sans,<br />

au passage, conserver malgré tout le côté sautillant, allégre et<br />

joyeusement foutraque du ska. En 81, au cours d'une interview, il<br />

qualifiera sa musique de skabilly, le tour était joué. En 18 titres ce<br />

CD propose donc un éventail de la musique de Roddy Radiation,<br />

hors Specials s'entend. Parce que l'une des moindres qualités de<br />

Roddy Radiation est d'avoir toujours joué dans une foultitude de<br />

groupes, souvent en parallèle, même au moment où les Specials<br />

tournaient sans débander. Si l'on ajoute à cela une forte<br />

propension à trousser des chansons diaboliquement mélodiques<br />

et énergiques on comprendra que le farniente n'est certainement<br />

pas la vision paradisiaque qu'il se fait de la vie. Plutôt du genre à<br />

bouffer du kilomètre, à brûler les planches et à squatter du 24<br />

pistes. On trouve donc ici des morceaux solos, des titres<br />

enregistrés avec son frère, Mark, et d'autres mis en boîte avec 3<br />

des nombreux gangs qui ont émaillé sa carrière, les Bonediggers,<br />

les Raiders et les Tearjerkers. Pour ce qui est de la musique, on ne<br />

peut quand même pas dire que le ska soit le genre le mieux<br />

représenté. C'est à peine si l'on sent quelques parcimonieuses<br />

rythmiques de ci de là. Non l'essentiel est largement empreint de<br />

ce rock'n'roll qui porta le jeune Roddy sur les fonds baptismaux<br />

dès la fin des 70's (en 76 il créait son premier groupe punk, les<br />

Wild Boys, déjà avec son frelu). N'oublions pas que, à l'époque où<br />

le ska se voyait ressuscité par quelques loubards anglais, les<br />

Stray Cats, eux, tout aussi loubards, mais new-yorkais,<br />

dépoussiéraient le rockabilly des origines. Les 2 genres<br />

connaîtront un destin parallèle. Tous les titres présents ici ont été<br />

enregistrés entre les mid 80's et les mid 90's, période où Roddy<br />

Radiation, outre ses 2 mamelles nourricières, se mit aussi à<br />

écouter pas mal d'autres choses. Pas étonnant, dans ces<br />

conditions, de repérer des trucs empruntés à droite à gauche<br />

(Elvis Costello par exemple), sans parler d'un titre avec Lynval<br />

Golding, l'autre guitariste des Specials. Au final ce disque se<br />

révèle être hautement jouissif, recommandable pour ceux qui<br />

souhaiteraient compléter le rayon Specials de leur discothèque, et<br />

agréablement distributeur de bonnes vieilles vibrations rock'n'roll.<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

FIESTA KONSTROY (CD, Prod Konstroy - konstroy@no-log.org)<br />

Vite fait on pose le décor. Konstroy est avant tout, et depuis 1989,<br />

une émission de radio (le dimanche de 18h à 20h, sur Fréquence Paris<br />

Plurielle 106.3, ou sur rfpp.net). Pour faire vivre l'émission et soutenir<br />

financièrement FPP Konstroy organisa aussi, jusqu'en 2003, des<br />

concerts semestriels, les fameuses fiestas. Ce disque est le<br />

témoignage des 2 dernières du genre qui eurent lieu en 2003 et<br />

propose donc des morceaux live des 11 groupes programmés sur<br />

ces 2 soirées. Après avoir fait le tri retenons les prestations de PPP<br />

(ah ! cet hymne imparable qu'est "Le blues des dents niquées"), des<br />

G-String (ceux qui font du punk avec une contrebasse), de Miss<br />

Hélium (monsieur punk et madame techno ont une fille...), des Slugs<br />

(belges et déjantés), des Prouters (vétérans de toutes les batailles<br />

de rue), de Dimi Dero Inc. (malgré une guitare légèrement désaccordée,<br />

c'est pas grave, c'est du rock'n'roll), de Guerilla Poubelle (2 titres<br />

studio pour eux, pour cause de manipulation malencontreuse qui<br />

effaça leur prestation live, punk quoi), ou de Man Made Monster<br />

(Motorhead sont auvergnats, vous ne le saviez pas ?). Pour ce qui<br />

est du Pélican Frisé, de Beam ou de Jabul Gorba j'avoue être<br />

beaucoup moins sensible à leurs charmes, mais c'est sûrement<br />

parce que je ne dois pas être bien réveillé. Double intérêt que cette<br />

compil puisque, outre le fait de proposer des versions live de<br />

morceaux déjà connus (pour certains groupes s'entend), les gens<br />

de Konstroy ont eu l'excellente idée d'y inclure de courts extraits des<br />

interventions de chacun d'eux en direct dans l'émission, les 2<br />

meilleures étant en l'occurence celles de PPP (c'est comment qu'on<br />

branche une guitare ?) et des Slugs (de l'influence de la bibine sur<br />

l'écriture des paroles), désopilant. Si, comme moi, vous étiez présents<br />

ces soirées-là ce disque vous rappellera quelques bonnes vibrations,<br />

pour les autres il vous fera d'autant plus regretter de n'y avoir point<br />

été présent, bien fait pour vous.


DEMOS<br />

OSNI : Natuurlijk in de garage (CD, Horror Baby - www.osni.fr.st)<br />

Comprend pas ! Voilà un quatuor de jeunes gens propres sur eux, qui<br />

affichent tout juste leurs 20 ans, sexy en diable (euh... là je parle surtout<br />

des 2 damoiselles du groupe, Miss Wendy Peel et Miss Naomi Power...<br />

désolé les gars), et qui devraient donc profiter de l'insouciance de leur<br />

jeunesse pour s'adonner à des activités au sérieux éprouvé (shopping,<br />

fêtes scolaires, flemmardise, casting de la Nouvelle Star, je ne sais pas<br />

moi). Au lieu de çà, nos 4 androïdes new generation préfèrent se<br />

nourrir des intégrales des Cramps, des Trashmen ou des 13th Floor<br />

Elevators, extirper des sons aliens de leur matériel vintage,<br />

expérimenter un psychédélisme joyeusement foutraque et lo-fi (voire<br />

no-fi), et nous pondre des démos (la quatrième en 2 ans, damned ! c'est<br />

le grand retour du stakhanovisme) comme le Québec nous pond des<br />

"chanteuses" geignardes et lénifiantes. Osni ne jurent que par le<br />

rock'n'roll, le surf galactique, le pop-trash délinquent, ou l'hypno-disco<br />

robotique... et mélangent donc tout çà dans leur musique, orgie sonore<br />

et sonique qui crée un raccourci temporel de première bourre entre des<br />

60's psychotiques et un 21ème siècle à la sensualité déglinguée. Des B-<br />

52's passés à la moulinette Jon Spencer ? Ou les rejetons de Paisley<br />

Wheelchair Experience qui auraient fauté avec les créatures<br />

androgynes d'Andy Warhol ? Objets Soniques Non Identifiés en tout<br />

cas. Groovy baby !<br />

Les TRAITRES : Dry (CD, Nervous Prod - lestraitres.com)<br />

Les Traîtres sont nerveux et ont grandi dans un garage, ils font donc du<br />

nervous garage. CQFD. Elle est pas belle la vie quand on vous dit tout<br />

ce que vous devez savoir sur vos groupes favoris ? Les Traîtres ont<br />

une classe déglinguée qui s'exprime sur une poignée de titres à l'énergie<br />

aussi communicative qu'un fou rire mal maîtrisé, des titres qui ne<br />

souffrent aucune longueur inutile, qui vous cueillent au plexus solaire<br />

aussi infailliblement qu'un poulain de Don King dopé aux hormones, qui<br />

vous balancent une paire d'accords lo-fi aussi séminaux que ceux des<br />

..... (mettez ici le nom de votre groupe garage-punk préféré, vous ne<br />

serez jamais loin de la vérité). Les Traîtres ont une forte tendance à<br />

transpirer l'électricité par tous les pores, à expectorer les décibels à<br />

flots ininterrompus, à cracher leurs tripes sur vos paraboots (et pas<br />

seulement aux premiers rangs). Gaffe ! Ces mecs-là font dans le<br />

sournois pour mieux nous convertir. Enfin ce que j'en dis, au moins<br />

j'aurais fait mon boulot, j'aurais prévenu.<br />

RAB : SOS marais (CD autoproduit - http://<br />

rienabranler.site.voila.fr)<br />

Une pochette rouge vif, une étoile noire qui se glisse au dos du livret,<br />

cherchez pas plus loin, y a de l'anarcho-punk dans l'air du côté de Niort.<br />

RAB se promènent nonchalamment entre oï et street-punk tout au long<br />

des 12 titres d'un album enregsitré en 2 jours, sur un coin de table, entre<br />

un paquet de chips éventré et un saucisson entamé. Avec le marais<br />

poitevin pour toile de fond (et ses miasmes infectieux ?), RAB se<br />

gargarise de tout ce que le punk a produit de plus salutaire ces 20<br />

dernières années dans notre beau pays. On reconnaît aisément<br />

quelques plans inspirés de Bérurier Noir, voire des Rats dans ce punk<br />

lancé à 100 à l'heure, percutant comme une balle de parabellum à bout<br />

portant. Des slogans minimalistes ("RAB") aux références plus<br />

connotées ("L'inter"), ce groupe se pose en garant d'une punkitude<br />

revendiquée et hautement recommandable : riffs tranchants comme une<br />

lame de rasoir, vocaux travaillés à la bière tiède, rythmiques intrusives.<br />

Le plus court chemin entre un début et une fin de morceau, c'est la ligne<br />

droite, genre la plus rectiligne possible. Et le dernier arrivé est un mou du<br />

slip.<br />

CHARLY'S ANGELS : Jackpot (CD demo - 7 rue de la Paix - 35000<br />

Rennes)<br />

Enfin ! Saluons bas le retour de nos anges préférés. 4 ans depuis leur<br />

précédente démo (et le split avec Happy Kolo sur notre label), c'est long,<br />

très long. 4 ans à se morfondre (heureusement quelques rares<br />

concerts ont pu nous faire patienter), 4 ans... Mais tout ce temps ne fut<br />

pas perdu, loin de là, si l'on en juge par l'ampleur de ce nouvel effort.<br />

Première constatation, les Charly's Angels aussi ont apparemment<br />

trouvé le temps long, au point qu'on les retrouve ici 10 fois plus<br />

mordants et hargneux qu'avant. Leur punk'n'roll s'en trouve dopé au<br />

métal (façon X Syndicate), gavé au punk-rock, blindé au hardcore, le<br />

truc devient du coup aussi instable qu'une pinte de nitroglycérine, aussi<br />

explosif qu'un minibus piégé au TNT, aussi graveleux qu'un tête à tête<br />

(enfin tête à tête, façon de parler) entre Ovidie et Rocco, aussi enragé<br />

qu'un terminator hystérique. Et quand on pense que la chose fut<br />

enregistrée en un seul après-midi, alors que tout le monde était dans un<br />

état second après une soirée fortement arrosée, on se dit qu'il y a<br />

quand même un dieu (à moins qu'un démon...) pour le rock'n'roll. Cette<br />

démo a un son énorme, tellurique, sismique, volcanique. La voix de<br />

Chrystèle n'a jamais été aussi rageuse et baroudeuse, la batterie de<br />

Samira aussi laminante et percussive, la basse de Nath aussi sournoise<br />

Pdf downloaded from http://www.thepdfportal.com/fanzine61_22362.pdf<br />

et provocante, quant aux guitares, leur complémentarité (Jeff vient plutôt<br />

du rockab tandis que Tof fut élévé au hardcore et au métal) se décline<br />

en une débauche de riffs cinglants et de chorus incisifs ("Alcatraz", à<br />

l'accroche très "House of the rising sun", est un hymne glam-punk<br />

imparable et sanctifié au boogie ultime). Vous avez dit jackpot ? Et si<br />

c'était vrai ?<br />

The GONOWHERES (CD Chico Productions - www.myspace.com/<br />

thegonowheresva)<br />

"Fuck up and die" en slogan survitaminé, son crapoteux où surnagent<br />

des guitares fangeuses et craspeks, chant écorché vif, pas de doute,<br />

les Gonowheres sont punks, au sens littéral du terme, c'est-à-dire<br />

directement issus de la rue, celle des grandes métropoles surpeuplées<br />

et tentaculaires. La nuit reste leur domaine de prédilection, l'instantané<br />

leur sert d'horloge biologique, l'urgence de plan de carrière. Nos<br />

sociétés industrielles ne nous demandent même plus de réfléchir ?<br />

"Mindless trash" leur répondent les Gonowheres, avant d'enchaîner sur<br />

un "I want it" péremptoire (le "we want the world and we want it now"<br />

des Doors réactualisé par des décennies de dissolution sociale et<br />

d'abandon culturel ? il y a sûrement de çà). Et encore peut-on supposer<br />

que les Gonowheres, dans leur Virginie encore pas si urbanisée que<br />

çà, ne sont peut-être pas les plus mal lotis. Mais les punks, malgré les<br />

clichés "no future", ne sont pas non plus parmi les plus indifférents au<br />

monde qui les entoure.<br />

ROSEMARY : The bland anthems (CD, Minimal Chords - 11 rue<br />

Victor Hugo - 73490 La Ravoire)<br />

Sûr que revendiquer une étiquette grunge et se voir affubler d'une<br />

(petite) partie de l'héritage nirvanesque (pour le reste de l'héritage, le<br />

vrai, Courtney s'en est déjà chargée, ah ah) ça doit pas être facile à<br />

porter tous les jours. Ceci étant, des 3 titres de ce mini CD seul "Even a<br />

nation" peut décemment se voir attribuer le label Cobain, et encore, le<br />

Nirvana plutôt punk des débuts que celui, abonné à la mélodie<br />

vénéneuse, de la success story. En fait chacun de ces 3 morceaux<br />

évolue dans un style différent. "Loving dead friend" est une sorte de<br />

punk-power-pop tendu et péchu tandis que "Not even you" (mon<br />

préféré) est une vicelardise bien sournoise, rampante et tortueuse, le<br />

genre de chanson subliminale capable de vous faire passer auprès de<br />

la gent féminine pour ce que vous n'êtes pas forcément, et donc<br />

capable de vous les faire tomber dans les bras aussi sûrement qu'un<br />

collant moule-burnes de super-héros porté à même la peau. Depuis le<br />

temps que j'ai des vues sur ma petite voisine je vais essayer çà.<br />

Résultat des courses dans le prochain numéro.<br />

MALARIA (CD demo - 82 Grand Rue - 57300 Talange)<br />

Le street-punk-oï se porte toujours aussi bien, quelque soit son origine<br />

géographique ou sociale (encore que là on peut supposer que la France<br />

d'en bas a plus de propension pour le truc que la France d'en haut, mais<br />

bon, n'étant pas sociologue, je ne m'avancerais pas non plus). Malaria<br />

sont donc originaires de la région messine, déjà largement pourvoyeuse<br />

de frénésie keuponne (Charge 69 et le label Combat Rock), terrain<br />

favorable donc pour l'émergence et l'éclosion de jeunes crêteux (pas de<br />

photo dispo je ne peux donc que conjecturer quant au port de cet<br />

attribut dans le groupe). Et en 3 titres Malaria nous sert le menu<br />

standard à 10 euros du routier punk. Une diatribe anti Sarkozy (ça fait<br />

pas de mal et puis va falloir s'habituer vu que le bonhomme a déjà un<br />

pied à l'Elysée, autant commencer à rameuter les troupes) ou un exposé<br />

agitateur sur la rumeur, celle qu'on subit à longueur de journée, dans<br />

son escalier, au boulot, à la télé, bref partout où la rumeur tient lieu<br />

d'information, tout ça sur fond de riffs binaires et de slogans<br />

accrocheurs (son pérave en prime mais vous vous en doutiez). Ca le<br />

fait toujours.<br />

SILVER DIRT : Demo 2005 (CD, Silver Muzeek Prod - Rue de Lyon<br />

67b - 1203 Genève - Suisse)<br />

Quand les 4 membres de Silver Dirt disent qu'ils ont été élevés au<br />

rock'n'roll sonique et métallique on les croit volontiers. D'autant plus que<br />

s'il s'agit là de la première démo du groupe, les 4 mêmes lascars<br />

officiaient il y a encore peu (à peine un an) dans un groupe qui<br />

s'appelait Zoso et qui, vous l'aurez compris si vous avez ouvert votre<br />

encyclopédie du rock illustrée en 50 volumes à la bonne page, n'était<br />

rien d'autre qu'un Led Zeppelin cover band. Et donc, du rock'n'roll<br />

furieusement bluesy de Led Zep au rock'n'roll plus burné, plus<br />

graisseux, plus punky, plus sanglant de ce Silver Dirt à peine sorti de sa<br />

grenouillère il n'y avait que la largeur d'un médiator, autant dire trois fois<br />

rien. Pour le coup les guitares se sont plombées, les riffs se sont<br />

accélérés, les mélodies se sont envenimées, et Silver Dirt navigue entre<br />

un Mötörhead qui lorgnerait presque vers le stoner et un Blue Oyster<br />

Cult qui aurait découvert les vertus de la thérapie de groupe. Puissant et<br />

lourd comme on aime.<br />

DROL DROLES DROL ES D DDE<br />

D DE<br />

E D DDEMO<br />

D EMO EMOIS EMOIS<br />

IS ISEL IS EL ELLES EL ES


HARMLESS SHADOWS : Levitation (CD, Furne Records -<br />

www.furne-rds.fr.st)<br />

Jarnac, charmante ville de Charente, célèbre pour son coup de... (pas<br />

bon quand on en est victime), pour son cimetière au résident à la force<br />

tranquille (pas bien terrible non plus quand on s'est fait niquer pendant<br />

14 ans par ses magouilles débonnaires), et aujourd'hui pour 3 de ses<br />

enfants les plus prometteurs (ah ! là ça devient plus intéressant).<br />

Harmless Shadows ne donne cependant pas dans le folklore charentais<br />

(à quoi ça ressemble çà d'ailleurs ?) pour pouvoir défrayer les<br />

chroniques locales, mais plutôt dans un punk-noisy à (légère) tendance<br />

pop. Ce premier 6 titres possède les qualités et les défauts de son état.<br />

Rayon qualités, une mise en place sans faille (5 ans d'existence ça finit<br />

par payer), un son correct même si pas énorme, des arrangements<br />

assez fouillés et travaillés. Rayon défaut, des compos que je trouve<br />

parfois un peu trop bancales, j'ai du mal quand il y a trop de breaks, je<br />

préfère quand on peut avoir le temps de s'imprégner des mélodies. En<br />

ce sens, Harmless Shadows ne sont pas voisins de palier des<br />

Headcases pour rien, il y a une filiation évidente.<br />

DORIS HENSON : Give me all your money (CD, Desoto Records/<br />

Southern Records)<br />

FRENCH TOAST : In a cave (Dischord Records/Southern Records)<br />

Ne vous fiez pas à ces faux airs d'étudiants attardés qu'arborent de<br />

plus en plus de groupes américains (je parle là des vrais groupes de<br />

rock indé, évidemment, pas des petits punks boutonneux MTVisés), car,<br />

même si la scène indé a de plus en plus tendance à saborder le côté<br />

look du problème (ces mecs-là vous les croisez dans la rue vous ne les<br />

imaginez même pas avec une guitare entre les mains, plutôt un attachécase<br />

ou une caisse à outils), question musique on reste, et de loin, sur<br />

des sommets de créativité et de sensibilité rock, comme quoi l'habit ne<br />

fait pas le moine, et la chemise en flanelle ne fait pas le rocker. Même<br />

s'ils ne viennent pas du même coin (Doris Henson de Kansas City,<br />

French Toast de Washington DC), ces 2 groupes n'en appliquent pas<br />

moins un rock'n'roll adulte, mature et défriché à la machette. On sent que<br />

ces gens-là, déjà presque trentenaires, ont usé des pelletées de<br />

disques de tous horizons musicaux pour se forger un son qui soit tout<br />

sauf anecdotique. Ainsi Doris Henson se la joue posément rock'n'roll. De<br />

l'énergie certes, mais pas de foutoir exubérant, des mélodies certes,<br />

mais pas de pop mièvre, de l'indie-rock certes, mais pas de grand<br />

n'importe quoi pseudo arty. Avec 2 bouts de guitares et quelques<br />

tambours ils nous la jouent Beatles façon 21ème siècle, nous envapant<br />

d'atmosphères fouillées, de bidouillages sonores minimalistes, de<br />

chansons cathartiques. Passant d'un rock'n'roll nerveux à un mid-tempo<br />

vénéneux, d'une pop décalée à une rock-song transcendée ils<br />

s'appliquent à nous faire visiter les méandres d'une musique qui ne<br />

souhaite surtout pas se répéter ni se décliner à l'infini. Quant à French<br />

Toast, son appartenance à la scène de Washington DC (et au label<br />

Dischord) est déjà en soi la preuve d'un décalage certain par rapport au<br />

rock mainstream tel que le voudraient les requins punkifiés au jus<br />

d'orange et au gel pour cheveux. French Toast est donc un duo, ce qui<br />

signifie que, si les 2 lascars sont avant tout guitaristes, il leur a bien fallu<br />

également se partager les parties de basse, de claviers, de batteries ou<br />

les programmations de machines (pratique çà les machines quand on<br />

n'a que 4 mains et 4 pieds pour faire un groupe). Du coup, le concept de<br />

French Toast n'est pas sans rappeler They Might Be Giants, ou Devo,<br />

avec une synth-pop binaire, scandée, syncopée, parfois minimale qui<br />

n'exclut pas, par ailleurs, quelques excursions du côté du dub ou d'une<br />

new wave un tantinet frustre et robotique. Ce que Frech Toast perd en<br />

viscéralité il le gagne en second degré et en anticonformisme. Ce qu'il<br />

perd en énergie il le gagne en artifices. Et l'originalité n'est pas toujours<br />

désagréable, loin s'en faut.<br />

WALDORF : Waldorf (CD, Kinky Star Records)<br />

Ca fait déjà 4 ans que Waldorf, groupe belge, peaufine sa pop à fortes<br />

guitares. Résultat des courses, un premier album abouti qui n'a rien à<br />

envier à quelques-uns des meilleurs groupes anglais ou suédois du<br />

genre. Waldorf allie des mélodies ciselées ("Mama said", single<br />

imparable) à une pulsation rock non dénuée d'énergie et d'intensité. Ils<br />

ont définitivement décidé de faire la part belle aux guitares sur un opus<br />

qui se tient d'un bout à l'autre. Cherchez pas de claviers cache-misère<br />

chez Waldorf, y en a pas. Il n'y a que de l'organique et du naturel làdedans,<br />

ce qui, vous en conviendrez, ne peut que leur attirer un capital<br />

sympathie au fort pouvoir évocateur. De plus les morceaux ne se<br />

délayent pas dans des circonlocutions bavardes et horripilantes, les<br />

titres sont concis, juste ce qu'il faut en tout cas pour ne pas sombrer<br />

dans la démonstration technique chiante et sans intérêt. D'accord, il y a<br />

bien une paire de morceaux un peu trop lénifiants à mon goût ("All I can<br />

say"), mais pas plus que de raison, pas suffisamment pour déséquilibrer<br />

un disque au final plutôt bien foutu.<br />

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BURN TO SHINE WASHINGTON DC 01.14.2004 (DVD, Trixie/Southern<br />

Records)<br />

Ils sont décidément très forts ces américains. Non je ne parle pas de cet<br />

empaffé de George W. mais de ces activistes culturels jamais à court<br />

d'idées toutes plus conceptuelles les unes que les autres. Et du<br />

conceptuel ce DVD en regorge. L'idée de départ de cette série (ce DVD<br />

porte le n°1, induisant donc d'autres sorties du même genre dans le<br />

futur) est de filmer quelques groupes choisis dans une maison en passe<br />

d'être détruite. Vous me direz : oui mais encore ? Le encore c'est que<br />

chaque groupe ne joue qu'une chanson, sans répétition, sans public, et<br />

qu'il n'y a pas de droit à l'erreur puisque shooté sur cette unique<br />

prestation, sans possibilité de recommencer. Du live de chez direct dans<br />

ta face, sans filet. Concept minimaliste s'il en est donc. On voit ainsi<br />

défiler, installés dans ce qui fut le salon d'une maison de la banlieue de<br />

Washington DC, 8 groupes ou artistes locaux, dont Q And Not U,<br />

Medications, French Toast, Weird War ou le vétéran Bob Mould en<br />

acoustique. La maison n'étant plus habitée et devant être détruite dès le<br />

lendemain, il n'y a évidemment plus ni électricité, un groupe électrogène,<br />

qu'on peut parfois entendre en fond, fournit le substantifique courant à<br />

tout ce beau monde, ni chauffage, et comme, la date en fait foi, on est<br />

en plein mois de janvier, et que les hivers, malgré le soleil extérieur, sont<br />

assez rudes dans le coin, on assiste à des concentrés de concerts<br />

surréalistes, parfois hardcore, parfois noisy, joués par des gens portant<br />

blousons, pulls, bonnets ou écharpes (pas de gants cependant,<br />

évidemment, vous avez déjà essayé vous de jouer "Jeux interdits" ou<br />

"Stairway to heaven" avec des moufles ?). Il ressort de tout çà une<br />

étrange impression, comme si, finalement, nous étions invités dans le<br />

local de répétition de tous ces jeunes gens, pour une petite prestation<br />

intimiste rien que pour nous. Le DVD se conclut d'ailleurs par des<br />

images de l'immolation du lieu par les pompiers, comme un bûcher<br />

expiatoire, un auto-dafé autoproclamé, un sacrifice culturel nécessaire<br />

à un processus vital sans cesse renouvelé. On attend le n°2 avec<br />

impatience.<br />

JOYLINER : Landlocked (CD autoproduit - www.joyliner.com)<br />

Ne vous y trompez pas, ce groupe-là n'est pas américain, même s'il en<br />

présente tous les symptomes, il est bel et bien parisien. OK ! 2 des<br />

membres de Joyliner ont un peu triché puisque partis vivre quelques<br />

temps outre-Atlantique. Du coup le pop-punk tendance power du groupe<br />

aurait une fâcheuse tendance à leurrer son monde lors d'un blind-test.<br />

Mais on ne va pas se plaindre que la mariée est trop belle (surtout le<br />

promis, évidemment), et pour une fois qu'un groupe de ce genre peut<br />

prétendre sans rougir faire la nique à ses petits camarades de jeu... Il<br />

s'agit donc là de la quatrième production du gang, une production au<br />

cordeau, calibrée comme une cagette de pêches (même velouté aussi),<br />

classieuse et fière, au service d'une demi-douzaine de titres à l'écriture<br />

efficiente et joliment chantournée. Un disque au sérieux irréprochable, à<br />

la netteté sans embrun, à l'exigence sans faille. Je ne vous ferai pas le<br />

coup des références, leur press-book en est déjà blindé. Par contre,<br />

une note particulière doit être adressée à leur bon goût en matière de<br />

design puisque depuis 3 disques ils en confient le soin à Mezzo, l'un des<br />

pinceaux les plus captivants de l'illustration. Du coup une question me<br />

taraude, ces mecs-là seraient-ils une sorte de perfection incarnée ?<br />

Chienne de vie, pourquoi eux et pas moi ?<br />

FREE-FOR-ALL : About us (CD, Golden Delicious Records - 27 rue<br />

Augustin Thierry - 41000 Blois)<br />

Est-ce pour que chacun y pioche un peu ce qu'il veut que le groupe<br />

s'appelle <strong>Free</strong> For All ? Un peu de punk-rock par ici, un zeste de<br />

hardcore par là, un poil d'emo ailleurs, ce serait bien le diable si vous ne<br />

trouviez pas, dans la musique du groupe, quelque chose à quoi vous<br />

raccrocher. Revers de la médaille, ce qui se présente comme une de<br />

ses qualités, un patchwork de guitares frénétiques et de rythmes<br />

énervés, en devient, du même coup, aussi, un léger défaut. On ne sait<br />

plus trop où donner de la tête tout en se disant qu'on a déjà entendu çà<br />

(où ? quand ?). Au final le pop-punk mélo de <strong>Free</strong> For All se situe dans<br />

l'honnête moyenne de ce qui se fait aujourd'hui un peu partout autour du<br />

monde dans le genre. Ils ont au moins la franchise de dire qu'ils ne sont<br />

pas là pour révolutionner quoi que ce soit. Mais, apparemment, avec les<br />

filles ça le fait, donc...<br />

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Elliott MURPHY : Never say never/The best of 1995-2005... and more<br />

(CD + DVD, Last Call - www.lastcallrecords.com/)<br />

Ca fait 33 ans maintenant (autant dire presque une vie pour certains) qu'Elliott<br />

Murphy nous enchante, d'album en album, de son song-writing classieux<br />

et élégant. Celui qu'on présentait, en 1972, comme l'émule d'un Dylan s'est,<br />

depuis, largement fait sa place aux côtés du maître. Il ne s'agit point ici d'une<br />

comparaison réductrice, juste d'un constat, d'une évidence. Ces deux-là<br />

jouent dans la même cour, dans le même bac à sable, les rapprochements<br />

sont donc inéluctables. Ce best of se penche sur la dernière décennie, une<br />

décade qui, si elle a vu Elliott Murphy ralentir le rythme de ses productions<br />

discographiques (une demi-douzaine d'albums "seulement", sur les quelques<br />

25 que compte l'ensemble de sa carrière), n'en reste pas moins riche en<br />

pépites en tous genres. Ses chansons demeurent de vibrants témoignages<br />

du regard que porte Elliott Murphy sur sa vie ("Come on Louann") ou sur le<br />

monde qui l'entoure ("Ground zero"... même s'il vit aujourd'hui à Paris, il ne<br />

peut évidemment pas oublier qu'il est originaire de New York). Une décennie<br />

résumée ici en 14 titres, dont 4 inédits, preuve que le bonhomme reste très<br />

prolifique. Des titres au parfum de plus en plus nettement acoustique, ou<br />

électro-acoustique, des titres où la poésie des mots et des mélodies<br />

l'emporte de plus en plus sur le traitement "rock". Epaulé par Olivier Durand<br />

(10 ans justement que ces deux-là croisent leurs guitares pour le meilleur),<br />

Elliott Murphy peut aisément s'attarder sur son aura de troubadour des temps<br />

modernes au fil de disques de plus en plus intemporels. Grand ! Très grand<br />

! Et pour joindre l'utile à l'agréable, ce best of est complété d'un DVD qui nous<br />

propose des extraits d'un récent concert italien, 2 clips ("Never say never",<br />

l'un des 4 inédits, et "A little push"), une galerie de photos, une discographie,<br />

une biographie, bref de quoi compléter sa documentation sur Elliott Murphy,<br />

ou de quoi découvrir son univers pour les nouveaux adeptes.<br />

COMPTEUR BLUES : Lève ton coeur (CD autoproduit - 9 rue Abbé<br />

Gorini - 01000 Bourg En Bresse)<br />

Finalement le blues reste la base de quelques belles aventures humaines.<br />

Il n'y a guère que dans cette scène qu'une bande de copains de lycée puisse,<br />

25 ans après ses débuts, continuer à assurer le casse-croûte à coups de<br />

centaines de concerts. Ouais, 1980-2005 c'est, à ce jour, la longévité de<br />

Compteur Blues, bel exploit. Certes les adolescents ont vieilli, et, du coup,<br />

ont gagné une sacrée dose d'expérience et de maturité, ce qui, en matière<br />

de blues, n'est certainement pas un handicap, au contraire. OK ! Ce disque<br />

ne fait certes pas preuve d'une originalité exemplaire, mais il a au moins le<br />

mérite de montrer un groupe qui connaît son sujet et le maîtrise parfaitement.<br />

Nos 4 gaillards font un blues teinté de rock, chanté en français, un truc qu'on<br />

a déjà entendu (entre Stocks et Bill Deraime s'il fallait coller une ou deux<br />

étiquettes), mais ils le font bien, avec efficacité et conviction. Que demander<br />

de plus ? Entre obsessions indiennes ("Vieux loup"), road movies ("Fille du<br />

désert"), clins d'oeil ("Petit coq rouge" que Willie Dixon aurait sûrement<br />

apprécié), coquineries ("Collines sacrées") et hommage déférent (le "Carol"<br />

de Chuck Berry), ce disque s'écoute sans arrière pensée, genre en se<br />

vautrant dans le transat, une téquila bien fraîche à portée de main, et une<br />

bikini girl pour ligne (courbe) d'horizon. Ca tombe bien, l'été approche.<br />

Johan ASHERTON : Amber songs (CD, Willing Productions - 36<br />

Avenue Victor Ségoffin - 31400 Toulouse/Mosaic Music Distribution)<br />

"Old man tyme" qui s'ouvre sur un banjo et une pedal-steel et voilà Johan<br />

Asherton qui nous transporte sur les désolées landes anglaises ou galloises<br />

aussi bien que dans les Appalaches. Normal, la musique traditionnelle<br />

américaine (blanche dans le cas présent) n'est-elle pas directement issue<br />

des différents folklores européens que les émigrants amenèrent avec eux<br />

il y a de ça un bon siècle et demi ? Cette Angleterre rurale et empreinte de<br />

légendes sous-tend le huitième album de Johan ("Shaughnessy O' Reilly",<br />

"Cockelburr Slough", "Road to tarnation"). La force acoustique du bonhomme<br />

reste le ressort essentiel d'une musique bougrement émotionnelle, une<br />

musique qui vient des tripes aussi bien que de l'imaginaire. On se laisse<br />

immerger dans les histoires de Johan, de ces histoires qui nous content des<br />

destins simplement quotidiens certes, mais qui n'en montrent pas moins de<br />

ces clichés aux couleurs sépias propres à nous faire fantasmer sur un<br />

temps à jamais révolu, et donc d'autant plus chargé de souvenirs. L'écriture,<br />

fine, travaillée, pensée, de Johan est en parfaite adéquation avec un chant<br />

profond, intense, viscéral, qu'il soit servi seulement par sa guitare acoustique,<br />

ou par ce revigorant patchwork à cordes (contrebasse, dobro, violon,<br />

mandoline, etc). Johan Asherton serait né dans l'Angleterre du 17ème<br />

siècle, on l'étudierait peut-être aujourd'hui en maîtrise de lettres de l'autre<br />

côté de la Manche. Mais s'il vit ici, en France, et aujourd'hui, on se plaît à<br />

penser qu'il n'est peut-être que sa propre réincarnation, comme si sa mission<br />

n'avait pas été achevée à l'époque et qu'il lui faille la mener à bien coûte que<br />

coûte, dût-il pour cela être en parfait anachronisme avec son temps. Les<br />

religions nous ont fourni de pires alibis pour justifier leurs errances<br />

idéologiques, pourquoi ne pas croire en quelque chose du genre pour Johan.<br />

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William Elliott WHITMORE : Ashes to dust (CD, Southern Records)<br />

William Elliott Whitmore pourrait bien être celui qui aura définitivement fait<br />

entrer le blues dans le 21ème siècle. Le bonhomme, en 2 albums, a réussi<br />

à jeter un pont entre le folk-country-blues rural des années 20 et 30, et ce<br />

crossover si personnel de blues et de bluegrass largement empreint d'une<br />

bonne dose d'intensité viscérale. La démarche de William Elliott Whitmore en<br />

matière de blues n'est pas sans rappeler celle d'un Tom Waits en matière<br />

de jazz. Et la ressemblance vocale entre ces 2 là n'est pas si fortuite. William<br />

Elliott Whitmore n'hésite pas à exhumer guitare acoustique ou banjo des<br />

greniers les plus poussiéreux pour nous chanter ses histoires décalées<br />

("The buzzards won't cry") ou ses souvenirs personnels ("Porchlight").<br />

Saupoudrez ceci de dobro, de batterie minimaliste ou d'accordéon diatonique,<br />

et vous vous immergerez alors dans une culture, celle des bords du<br />

Mississippi, où le temps n'est qu'un concept nébuleux et diffus. William Elliott<br />

Whitmore ne fait que transposer aujourd'hui des fondamentaux qui datent<br />

d'un âge où rien ne se faisait sans passion, sincérité, authenticité. Ce type<br />

est né un siècle trop tard. Qui se soucie aujourd'hui de ce genre de musique<br />

née de pulsions instinctives et de réflexions intérieures ? Qui écoute encore<br />

aujourd'hui des Charley Patton ou des Robert Johnson, des Son House ou<br />

des Woody Guthrie ? Qui écoutera demain des William Elliott Whitmore ?<br />

Certainement pas ces hordes d'ados décérébrés nourris de MTV ou de<br />

nouvelle star ac'. The times they are a-changin'... pas toujours pour le<br />

meilleur hélas ! En ce sens la parabole para-évangélique "Ashes to dust"<br />

résonnerait-elle déjà comme une prophétie ?<br />

John SCHOOLEY and his ONE MAN BAND : John Schooley and his One<br />

Man Band (CD, Voodoo Rhythm)<br />

The LEGENDARY TIGER MAN : Fuck Christmas, I got the blues (CD,<br />

Subotnick Enterprises - Apartado 1066 - 3001-501 Coimbra -<br />

Portugal)<br />

C'est 2 jours à peine après la mort d'Hasil Adkins que j'écris ces lignes. Hasil<br />

Adkins, probablement le premier "One man band" (ou homme-orchestre en<br />

VF) à avoir connu un semblant de succès (alors que quelques bluesmen<br />

avaient déjà expérimenté la formule, sans que leur notoriété ne dépasse le<br />

cadre de leur entourage proche). Et quand je parle de succès, faut quand<br />

même relativiser. Le succès en question étant surtout dû au boulot de<br />

défrichement des Cramps quand ceux-ci reprirent le "She said" du bonhomme<br />

pour en faire un de leurs hymnes cryptiques et orgasmiques. Du coup, ce<br />

que les 50's ne pouvaient guère tolérer en matière de décalage musical, c'est<br />

bel et bien la scène punk de la charnière 70's-80's qui rendra à Hasil Adkins<br />

ses droits de précurseur iconoclaste. Fin de la digression, pour dire que,<br />

finalement, l'héritage d'un Hasil Adkins ne s'est jamais vraiment perdu. Et ce<br />

n'est certes pas la floraison de duos guitare-batterie qui viendra me<br />

contredire... même s'il faut désormais être 2 pour faire le boulot d'un seul.<br />

Notez bien d'ailleurs que ces duos guitare-batterie ne sont pas l'apanage<br />

de notre époque. Ainsi voilà plus de 10 ans les Oblivians (2 guitares-batterie)<br />

ou les Revelators (chant-guitare-batterie) posaient déjà les bases de ce<br />

futur retour au rock'n'roll primaire et enraciné. Tiens, les Revelators<br />

justement, un groupe de Columbia, Missouri, qui nous gratifia d'un seul et<br />

unique album, flamboyant évidemment, chez Crypt, avant de disparaître<br />

corps et bien dans les bas-fonds de l'histoire. Le gratteux des Revelators<br />

était un petit bonhomme un peu bouboule du nom de Schooley. Ce même John<br />

Schooley qu'on a vu réapparaître il y quelques années, installé à Austin,<br />

Texas, ayant développé ce one man band qu'il conduisait déjà, du temps des<br />

Revelators, en parallèle au groupe. Aujourd'hui sort son premier album, sur<br />

lequel le blues se fait salement rock'n'roll, raunchy à souhait et déterminé<br />

à nous bouffer tout cru. L'avantage de John Schooley sur tous ses<br />

collègues, ce sont ses années passées à peaufiner son art. Du coup, là où<br />

les one man bands se font souvent rachitiques et squelettiques, lui<br />

développe un son d'une ampleur phénoménale qui laisserait aisément<br />

penser qu'on a affaire à un vrai groupe. D'ailleurs, quand on liste ses reprises<br />

on voit tout de suite que le John Schooley est plus inspiré par le Chicago blues<br />

que par le country blues (Doctor Ross, Jimmy Reed, Billy Boy Arnold, Howin'<br />

Wolf). Jusqu'au "Tiger man" de Rufus Thomas... Qui a probablement inspiré<br />

notre second invité pour le choix de son nom. Le Legendary Tiger Man est<br />

portugais (il officie également dans un groupe punk, Wraygunn, au following<br />

apparemment déjà conséquent), et, accessoirement, n'hésite pas à nous<br />

servir un "She said" salement déjanté sur scène, la boucle est ainsi bouclée.<br />

"Fuck Christmas, I got the blues" est son second album et le blues du<br />

bonhomme devient nettement plus roots, plus décharné, plus deltaïsé, plus<br />

proche de l'esprit one man band originel. Un blues salace et trituré aux<br />

hormones (ah ces pochettes lubriques en diable), qui désacralise les<br />

conventions (le morceau "Fuck Christmas, I got the blues") aussi bien que<br />

les grands anciens (le "I walk the line" de Johnny Cash transformé en<br />

comptine trash, ou le "Ramble" de Link Wray encore plus vicieux que<br />

l'original). L'esprit du grand Hasil Adkins peut reposer en paix, son héritage<br />

est entre de bonnes mains... même si, pour l'instant, aucun de ces one man<br />

bands n'a su retrouver la sauvagerie de son rockabilly primal, préférant se<br />

vautrer dans un blues plus glauque.


LAZONE : Lazone (CD, La Sauce Aux Gravos/Destroy Distro/<br />

Mass Prod)<br />

Putain ! C'est pas croyable çà ! Encore un groupe breton... Pas possible<br />

ils les planquent où ? Sous les dolmens ? Et ils les réssuscitent au cours<br />

de quelques cérémonies druidiques initiatiques ? Mais que fait Sarko ?<br />

Quoiqu'il doit déjà avoir un bon petit dossier sur ces acitivistes punk.<br />

Primo parce qu'il a bien dit qu'il revenait à l'intérieur pour pouvoir jouer au<br />

super-flic et savoir ainsi qui veut l'empêcher de libéraliser en rond.<br />

Secundo parce que Lazone, à peine leur premier album en route, y<br />

balancent un "Sarko/maso" pas piqué des choux-fleurs. Va pas aimer,<br />

c'est sûr. Bon, à ce stade je pense que vous avez déjà deviné que<br />

Lazone donne dans un street-punk mordant et incisif, un punk qui<br />

déploie le drapeau noir, qui sort les frondes et les cocktails molotov, qui<br />

fait dans la guérilla urbaine. Qui sort les guitares aussi, évidemment.<br />

Sinon ça serait plus du punk. Des guitares bien abrasives et<br />

décapantes, comme les textes (encore qu'un "Mi-ange mi-démon" plutôt<br />

bien foutu vienne apporter une touche fantastique de bon aloi), et le<br />

chant mixte (bonne chose çà le chant mixte, ça se fait de plus en plus et<br />

c'est tant mieux). Bref, entre les sirènes de flics on arrive quand même<br />

à vivre dans cette zone-là, la preuve.<br />

SPRAY BACK : La vie en rose (CD, Dynamite - 7 rue Jules<br />

Massenet - 69330 Meyzieu/Rural Musik - Les Grées Madame -<br />

35580 Guichen/Punkahontas - Kerloaguen - 29830 Plouguin/<br />

Trauma Social/Phaco Records - BP 89 - 33037 Bordeaux)<br />

Je sais, ça devient carrément l'invasion des profanateurs de trompes<br />

d'eustache version bigouden et bigorneau's not dead. Vous devinerez<br />

jamais d'où ils sont ces lascars... Ouaip, je vous le donne en mille... De<br />

Bretagne ! Si si m'sieurs-dames. Je sais (bis repetita) ça en devient<br />

lassant... et décourageant pour nous autres qui vivons dans nos si<br />

belles régions sinistrées en matière de rock'n'roll. Surtout que,<br />

évidemment, ceux-là assurent la galette-saucisse aussi facilement que<br />

leurs petits camarades bretonnants. Décourageant je vous dis. Spray<br />

Back c'est du punk-oï tendance rentre-dedans et pogo dans ta face,<br />

avec supplément de cuivres qui donne au groupe une petite couleur un<br />

coup Béru un coup Happy Kolo des débuts. Ca bastonne grave, ça<br />

défouraille sévère, ça dérouille sérieux. Et à part çà ? Oh ben pas<br />

grand-chose... Essayez-donc d'en placer une entre les guitares<br />

pipelettes et le chant (double) hyperactif, c'est pas gagné. Vous laissent<br />

même pas un micronième de seconde de répit pour tenter de faire<br />

entendre votre opinion. Ces mecs-là font du punk comme Renault ses<br />

régulateurs de vitesse, tout à fond, sans possibilité d'utiliser la pédale de<br />

frein. Pour s'arrêter y a plus que les prières (alors quand on n'est pas<br />

croyant j'vous dis pas). Je sens que je vais pas tarder à m'exiler moi.<br />

Pdf downloaded from http://www.thepdfportal.com/fanzine61_22362.pdf<br />

HIPBONE SLIM & the KNEE TREMBLERS : Have knees, will tremble<br />

(CD, Voodoo Rhythm - Jurastrasse 15 - 3013 Bern - Suisse)<br />

Non pas que je veuille passer pour un vieux con passéiste, mais franchement,<br />

entre nous, entre la daube préfabriquée qu'on nous sert aujourd'hui et le bon<br />

vieux rock'n'roll bien crade qu'on nous servait il y a 40 ou 50 ans, votre écuelle<br />

vous la remplissez avec quoi ? Sir Bald Diddley non plus ne voudrait<br />

sûrement pas qu'on le prenne pour un vieux con passéiste, et pourtant lui<br />

aussi a choisi un drastique retour aux sources du rock'n'roll délinquent,<br />

sauvage, voire même un brin surineur, pour mieux démontrer à tous ces<br />

faiseurs de soupe qu'en toute une carrière ils n'auront même pas la moitié<br />

de la richesse, de l'aura et de la ferveur d'une seule note de véritable<br />

rock'n'roll. C'est donc pour çà que Sir Bald Diddley défend ce nouveau projet<br />

Hipbone Slim comme si sa vie en dépendait. Acoquiné avec John Gibbs (ex<br />

Kaisers, à la contrebasse) et l'inusable Bruce Brand (ex Headcoats ou<br />

Milkshakes, entre autres, à la batterie), Hipbone Slim se jette à corps perdu<br />

dans un rock'n'roll teinté de rockabilly qui reprend les choses là où Sun les<br />

avait laissées à la fin des 50's. Ajoutez à cela la frénésie vintage du Toe Rag<br />

Studio, où ce troisième album fut enregistré, et vous comprendrez que cette<br />

musique a du grain, du relief, qu'elle transpire vraiment, qu'elle suinte de rage<br />

et de turpitudes adolescentes. Ce rock'n'roll d'Hipbone Slim est définitivement<br />

intemporel, rock'n'roll en noir et blanc pour mieux servir un propos au<br />

manichéisme sans nuance, contestataire et rebelle. Au rayon des tapeurs<br />

d'incruste on notera avec délectation les noms d'Holly Golightly (vocaux<br />

sensuels et aguicheurs) et de Micky Hampshire (complice du Bruce au sein<br />

des Milkshakes et guitariste séminal s'il en est). Et si on réinventait la<br />

révolution musicale ?<br />

KING AUTOMATIC : Automatic Ray (CD, Voodoo Rhythm)<br />

Et un one man band de plus, un ! Décidément la formule est fort prisée ces<br />

temps-ci. Faut dire que, loin d'être aussi limitative qu'on pourrait l'imaginer,<br />

elle offre surtout une liberté totale au bonhomme qui se cache derrière le<br />

concept. Forcément, quand on est tout seul à décider de ce qu'on fait, ça<br />

évite bien des discussions, et finalement des compromis. Même s'il s'agit là<br />

de son premier album l'Automatic Rex n'est pas vraiment un inconnu puisqu'il<br />

ne fut autre, pendant une petite vingtaine d'années, que le batteur des<br />

Squares puis de Thundercrack. Ha ! S'il est toujours assis derrière ses futs<br />

il a donc complété sa panoplie d'une guitare et, moins banal, d'un orgue<br />

Farfisa (bien déglingué l'orgue). Est-il utile de préciser qu'il joue de tout çà<br />

en même temps ? Mais là où la plupart des one man bands ont tendance à<br />

faire dans le bluesy, lui, le Roi Automatic, ne s'écarte guère de ce qu'il a joué<br />

précédemment, à savoir un trash-garage-rock'n'roll lo-fi qui vous égratigne<br />

les esgourdes à la disqueuse. La chose vous attaque le cerumen à la<br />

manière d'un marteau-piqueur, en force et en brutalité. L'avertissement de<br />

la pochette n'est peut-être pas superflu, une écoute de ce disque comme<br />

çà, à froid et sans être habitué à ces sonorités rustiques et primitives, peut<br />

occasionner de graves lésions, surtout cérébrales. Y a des risques certains<br />

d'addiction ("The model", reprise iconoclaste de Kraftwerk, est un tube<br />

imparable), et donc risques de perdre la foi en la Sainte Trinité bubblestream<br />

(Star Ac, Drucker, NRJ). Une entreprise de corruption de la jeunesse propre<br />

sur elle et aseptisée qui pourrait, au final, saper les bases et les fondements<br />

mêmes de nos belles sociétés occidentales. J'en veux pour preuves des<br />

lyrics aussi explicites que ceux de "Welcome to Disney World" ou "The<br />

cowboy of Tchernobyl", sans parler de cette reprise subversive du<br />

"Mongoloid" de Devo (très en vue ces derniers temps le groupe dAkron,<br />

Ohio, par quelle résurgence miraculeuse ?). König Automatic au pouvoir ?<br />

Ach, sehr gut rock'n'roll !<br />

MR. GERRYMANDERS vs. The DRAPES (Split 10", Hound Dog Records<br />

- 26 rue Poincaré - 57120 Rombas)<br />

Alleluiah ! Il est encore des adeptes de ce bon vieux vinyl en nos belles et<br />

franchouillardes contrées. On se sent moins seul. Hound Dog Records est<br />

un tout nouveau label dont le but avoué est de s'offrir corps et âme au surfgarage-rock'n'roll.<br />

La première production est donc un 25cm (format idéal<br />

s'il en est) qui présente 2 groupes de la région messine. Mr. Gerrymanders<br />

donne dans un garage-rock'n'roll où le rockabilly fait d'épisodiques apparitions.<br />

Un rock'n'roll un peu foutraque et parfois approximatif qui tendrait à prouver<br />

que le groupe a encore quelque marge de manoeuvre, mais qui montre<br />

néanmoins qu'il a des références, même s'il n'évite pas certains clichés<br />

(mais après tout on n'a jamais prétendu que le genre se devait d'être encore<br />

foncièrement original). Le rock'n'roll de the Drapes, lui, est teinté d'une once<br />

de punkabilly (je n'ai pas dit psycho, à dessein) qui nous laisse entrevoir une<br />

certaine propension à lorgner vers des endroits pourtant prohibés par la<br />

morale (mais est-ce que "Judith" ou "Sweet Gwendoline" s'en plaignent pour<br />

autant ? pas sûr). Un rock'n'roll qui ne se prend pas la tête en tout cas, et<br />

qui nous ramène dans des early 80's qui voyaient apparaître Meteors,<br />

Cramps et autres Guanabatz. Certes ils n'en sont pas encore là mais ce n'est<br />

qu'un début.


The NITWITZ : Nibble the giblet (10", Pitshark Records -<br />

www.pitshark.com)<br />

On fait les présentations de suite. The Nitwitz est l'un des nombreux groupes<br />

emmenés par Tony Slug (Spades, Hydromatics, entre autres), et ce 25 cm<br />

est une compilation de titres enregistrés entre 1997 et 2001. Forcément, au<br />

cours de ce laps de temps les membres du groupe ont quelque peu changé,<br />

ce qui explique qu'on ne retrouve pas les mêmes d'un morceau à l'autre,<br />

d'une face à l'autre... ce qui ne gêne en rien l'écoute de ces 9 brulots de heavy<br />

power rock'n'roll. Si ces changements de personnel n'étaient pas mentionnés<br />

sur la pochette on ne s'en apercevrait même pas (à part pour le chant) tant<br />

la musique des Nitwitz reste d'une constance absolue dans son traitement.<br />

En gros c'est tout à fond, pied au plancher, potars à 11, et bloqué dans le<br />

rouge, pour les fioritures la maison n'a pas çà en stock. Comme en plus les<br />

titres s'enchaînent sans temps mort et qu'ils ne dépassent guère les 2<br />

minutes on a à peine le temps de se remettre de la baffe de la face 1 avant<br />

de passer la deuxième, de se reprendre un bourre-pif, qui vous oblige à<br />

remettre la 1 pour tendre l'autre joue, et de réenchaîner avec la 2, qui vous<br />

cueille d'un crochet magistral, la 1 vous gratifiant d'un uppercut que vous<br />

ne voyez pas venir, la 2 vous rattrappant au vol, puis la 1... et la 2... Bref<br />

c'est l'histoire sans fin, pas de rémission possible, un cercle vicieux qui vous<br />

fait goûter aux délices d'un rock'n'roll bien vicelard comme on l'aime.<br />

Prévoyez la boîte de premiers secours quand même, ça laisse des traces.<br />

ZEKE/PETER PAN SPEEDROCK (Split CD, Bitzcore - P.O. Box 30 41 07<br />

- 20324 Hamburg - Allemagne)<br />

Merde, pour un peu on pourrait croire que le pseudo split de Zeke à l'automne<br />

dernier a laissé des séquelles. Songez que "Two lane blacktop", le morceau<br />

d'ouverture de ce disque, est presque un mid-tempo. Y aurait-il quelque<br />

chose de pourri au royaume du speed-metal ? Que nenni non point ! Dès le<br />

second titre (la reprise du "Death train" d'Antiseen) Zeke remet les pendules<br />

à l'heure (enfin plutôt à la seconde). Zeke est le groupe le plus rapide de la<br />

galaxie rock, point-barre, ce qu'ils démontrent une nouvelle fois ici, leurs 6<br />

titres sont expédiés en 10 minutes (et quand on songe que le premier en fait<br />

plus de 2 à lui seul...). Ouf ! On a eu peur. Au passage ils laminent le "Wang<br />

dang sweet poontang" de Ted Nugent, et ressortent même 2 titres de la<br />

naphtaline, des trucs de 98 qui prouvent qu'ils n'ont pas changé d'un iota<br />

depuis qu'ils ont décidé de faire passer Motorhead pour un groupe de<br />

barbons progressifs. Leur tournée printanière a d'ailleurs rassuré les fans,<br />

Zeke a toujours bon pied bon oeil et bonne oreille... nous aussi merci.<br />

Evidemment, pour les hollandais de Peter Pan Speedrock (la Hollande l'autre<br />

pays du heavy rock'n'roll ?), le pari est impossible à tenir. Peuvent pas jouer<br />

plus vite que Zeke ! Ils ne s'y essaient d'ailleurs pas, préférant la puissance<br />

de feu à la virtuosité et à la grâce sur ce coup-là, ce qui leur réussit plutôt<br />

bien. Leur high energy power rock'n'roll est bien gras et bien huileux, il tient<br />

au corps, vous plombe aussi efficacement qu'un desperado à l'agonie, bref<br />

ne fait pas dans la finesse, ça tombe bien ce n'est pas ce qu'on cherche.<br />

Et puis quoi, un groupe qui reprend les Butthole Surfers ("Who was in my<br />

room last night ?") ne peut que s'attirer la sympathie générale à défaut d'un<br />

titre mondial.<br />

The FELCHERS/ZOOMEN (Split CD, Zerocontrol - 6 rue Casteret -<br />

31300 Toulouse)<br />

S'il ne fallait retenir qu'un qualificatif pour désigner cette galette ce serait<br />

SAUVAGE ! Y a pas d'autre terme pour se faire une vague idée de ce que<br />

ces 2 gangs dégagent en matière de testostérone, de rage épileptique, de<br />

concentré d'adrénaline. Ces mecs-là ont dû être élevés au lait de tigresse<br />

ou de pitbull énervé. Côté hollandais (les Felchers), on retrouve un ex Nitwitz<br />

(y en avait même un autre aux débuts du groupe, mais le Steven a finalement<br />

préféré rejoindre ses anciens petits camarades... plus calmes qu'ils étaient<br />

?) et un ex Satans Sluts, inutile de vous dire, donc, que ça donne dans le<br />

furieux, le bravache et le burné. De la reprise méconnaissable de "This is<br />

rock'n'roll" des Kids à un "Kamikaze Kamasutra" qui laisse envisager des<br />

coîts plutôt violents, aux positions les plus improbables, ça ne rigole pas chez<br />

les Felchers (et je vous fais grâce du "B-52" qu'ils cachent dans leurs<br />

braguettes, un reste de décence m'interdit de m'apesantir sur le sujet). Le<br />

son est plus que roots, à l'arrache totale, au point que les titres studio sonnent<br />

aussi cryptiques que les live, ce qui n'empêche pas les guitares de vous<br />

fouailler le gros colon aussi radicalement et aussi amoureusement que<br />

Rocco Siffredi explorant les orifices accueillants de la bimbo de service (ah<br />

! Sandy !). Côté français (les Zoomen), on n'est pas en reste en matière de<br />

bizarreries sexuelles. Ah ! Oui ! Forcément ! 2 Jerry Spider Gang trouvent<br />

ici de quoi occuper leur temps libre. Entre zoophilie et déviances trash, le<br />

peu de garage qu'il y avait chez le Jerry Spider Gang est ici oublié pour ne<br />

garder que le côté punk le plus abrasif et le plus radical. Question bluettes,<br />

les Zoomen ont définitivement détourné le concept leur préférant l'émeute,<br />

la guerre et les rêves humides. Je connais plus d'une donzelle qui risque de<br />

devoir changer de culotte après l'écoute de ce condensé de stupre et de<br />

vice. Les maniaques sont lâchés, surveillez vos petites soeurs.<br />

Pdf downloaded from http://www.thepdfportal.com/fanzine61_22362.pdf<br />

FANZINES/LIVRES<br />

Le n°11 de NEURONES propose des interviews de Monster Klub et de<br />

Two Tone Club, ainsi que de nombreuses chroniques de disques (ska,<br />

rock'n'roll, surf, psycho, etc), que du bon. 2 timbres à 53 centimes à<br />

MASKES FEUILLUS - Le clos - 83830 Callas *** Le ZIG paraît toujours<br />

aussi régulièrement (tous les 2 mois). Parmi les derniers numéros<br />

notons dans le 51 un important dossier consacré à Johan Asherton,<br />

avec une interview, la chronique d'"Amber songs", une discographie,<br />

très complet donc. Quant au n°53 c'est un spécial Kevin Coyne, disparu<br />

le 2 décembre dernier. Un hommage rendu au fil de quelques-uns de<br />

ses albums (il en a sorti tellement), ceux qui ont particulièrement marqué<br />

la rédaction du zine. Abonnement : 6 euros pour un an à Association<br />

Equinoxe - 7 route d'Evillers - 25520 Goux les Usiers *** Non content<br />

d'être journaliste (Best et aujourd'hui les Inrocks), Jean-Luc MANET<br />

essaye de trouver un peu de temps pour faire l'écrivain. "Terminus,<br />

plage de Boisvinet" est son dernier roman. Un road-movie qui<br />

emmène ses 2 héros, postiers comme lui, de Paris en Vendée en<br />

compagnie d'une auto-stoppeuse qui n'est pas ce qu'elle paraît être. Nos<br />

2 postiers en goguette s'en rendront compte quand ils se retrouveront<br />

avec un fusil de chasse braqué sur le ventre... après avoir retrouvé leur<br />

ex nouvelle copine allongée sur la plage... à son corps défendant. Un<br />

petit roman noir parsemé de souvenirs autobiographiques (tirés, on<br />

imagine, de ses vacances enfantines et adolescentes du côté de St<br />

Gilles Croix De Vie aussi bien que de sa carrière postale), au rythme<br />

alerte et allégre, au vocabulaire riche et imagé, à la tournure d'esprit<br />

sympathique et débonnaire. A lire évidemment sur la plage... histoire de<br />

vous donner quelques sueurs froides. Et si votre voisine de camping ?...<br />

5 euros dans la collection "Noir urbain" chez Autrement *** Le ROCK<br />

HARDI nouveau est là (n°33). Au sommaire : Lucas Trouble, Metal<br />

Urbain, Stranglers, Nervous Shakes, King Size, Ramonettes,<br />

Starshooter, Hatepinks, Bérurier Noir, ainsi que les habituelles<br />

chroniques disques, bouquins, BD. Avec son CD qui va bien. 6,50<br />

euros. 3 rue Beausoleil - 63100 Clermont Ferrand ***<br />

CRIME CRIME IS<br />

IS<br />

JUST JUST A A WAY<br />

WAY<br />

OF OF LIFE<br />

LIFE<br />

442ème 442ème RUE RUE LE LE LABEL LABEL<br />

LABEL<br />

RUE 001 = SALLY SALLY MAGE MAGE (45t 2 titres)<br />

Punk-rock-garagiste - Vinyl vert - 6 Euros pc<br />

RUE 002 = Joey Joey SKIDMORE SKIDMORE (45t 2 titres)<br />

Iggy Pop covers - Vinyl vert - 4,5 Euros pc<br />

RUE 003 = GLOOMY GLOOMY MACHINE MACHINE (45t 2 titres)<br />

Noisabilly - Vinyl rose - 4,5 Euros pc<br />

RUE 004 = Nikki Nikki SUDDEN SUDDEN (45t 2 titres)<br />

Class rock - Vinyl bleu - 4,5 Euros pc<br />

RUE 005 = Johan Johan Johan ASHERTON ASHERTON (45t 2 titres)<br />

Lightning pop - Vinyl blanc - 5,5 Euros pc<br />

RUE 006 = HAPPY HAPPY KOLO/CHARLY'S KOLO/CHARLY'S ANGELS ANGELS (45t<br />

3 titres)<br />

Punk-rock vs punk'n'roll - Vinyl rose - 4,5<br />

Euros pc<br />

RUE 007 = LICENSE LICENSE TO TO HEAR HEAR - - - A A TRIBUTE TRIBUTE TO<br />

TO<br />

JAMES JAMES JAMES BOND BOND (33t 16 titres)<br />

16 groupes rendent hommage à 007 - Picture<br />

disc - 15 Euros pc<br />

RUE 008 = The The DIRTEEZ DIRTEEZ (45t 2 titres)<br />

Rock'n'roll cryptique - Vinyl bleu - 6 Euros<br />

pc<br />

RUE 009 = FRENCH FRENCH TRIBUTE TRIBUTE TO TO GG GG GG ALLIN ALLIN (45t<br />

4 titres)<br />

Ultimate punk - Vinyl noir - 6,5 Euros pc<br />

RUE 010 = Joey Joey SKIDMORE SKIDMORE : One for the<br />

road...Live at the Outland (CD 12 titres)<br />

Roots-rock'n'roll on stage - 15 Euros pc<br />

RUE 011 = ROYAL ROYAL NONESUCH NONESUCH : Maximum EP (45t<br />

4 titres)<br />

60's-garage - Vinyl noir - 5,5 Euros pc


TODD : Purity pledge (CD, Southern Records -<br />

www.southern.net)<br />

Attention : Avec ce groupe anglo-américain c'est dans le hardcore<br />

bruitiste qu'on tape, pas dans la comptine pour petite fille modèle. Todd<br />

c'est le dernier projet en date du sieur Craig Clouse, un cowboy<br />

originaire d'Austin, Texas, qui a vite troqué son 6 coups pour une 6<br />

cordes. Parmi les groupes qu'il avait emmené, là-bas, aux States,<br />

retenons Crown Roast (je me souviens d'un EP en 95 sur le label<br />

Unclean Records, du hardcore vénéneux) ou Hammerhead (de l'écurie<br />

Amphetamine Reptile, ça veut tout dire). Vous l'aurez compris, le<br />

bonhomme n'est pas franchement un adepte de la bluette factice et<br />

artificielle, et ce n'est pas son installation londonienne qui y a changé<br />

quoi que ce soit. Quand on aime le bruit c'est pour la vie. Que ce soit<br />

dans des titres bastonneurs et rentre-dedans ("Eagle and child"),<br />

comme dans les morceaux plus insidieux, aux longues dérives<br />

guitaristiques ("Sedan"), ou dans les rythmiques hypnotiques ("Purity<br />

pledge" et sa coda tribale), Todd fait la part belle aux sonorités les plus<br />

corrosives et déchaînées qui soient. L'intensité est à son comble,<br />

l'énergie est lourde et plombée, les mélodies vitriolées, le hardcore de<br />

Todd est organique et viscéral, il vous fouaille les entrailles comme un<br />

alien en rut, il vous accélère la tension comme une injection de caféine<br />

condensée, il vous gratte l'épiderme jusqu'à l'os comme un karcher ultra<br />

haute pression. Evidemment le déluge sonore que délivre le groupe sur<br />

scène (leurs concerts se terminent régulièrement par de longues<br />

minutes de larsen en apesanteur qui vous laissent proprement<br />

extatiques et sans voix) est impossible à rendre en studio, mais la<br />

puissance de leurs disques suffit déjà à se faire une idée de leur<br />

démesure bruitiste. Pour vous fâcher définitivement avec tout le<br />

quartier.<br />

COSMONAUTES : Back on Earth (CD, Nova Express - Demeure du<br />

Levant - 21 chemin des Carrières - 71150 Chagny)<br />

Après 6 ans de silence radio, perdus qu'ils étaient dans les espaces<br />

intersidéraux, les Cosmonautes sont donc de retour sur Terre. Qu'ont-ils<br />

vu au fond des trous noirs, qu'ont-ils ressenti au détour d'Alpha Du<br />

Centaure, qu'ont-ils vécu sur les surfaces brûlantes de quelques soleils<br />

lointains ? Eux seuls le savent. C'est d'ailleurs dans leurs premiers<br />

compte-rendus de voyage qu'on devine que, pour eux, rien ne sera plus<br />

jamais comme avant. D'implosions neuronales ("Hiroshima in my head")<br />

en délires hallucinogènes ("Der goldfish"), d'impressions subliminales<br />

("Switch my head off") en visions pathogènes ("A slug on the silk"), les<br />

Cosmonautes ne sont plus vraiment de cette planète. Ils appartiennent<br />

désormais à l'infiniment lointain, comme le Major Tom de Bowie, comme<br />

le Silver Surfer, comme les Sentinelles de l'Espace (ces Goldorak sous<br />

emphets, aussi désopilants qu'un Darth Vader sous pression). Les<br />

Cosmonautes ont donc vécu des expériences improbables, de celles<br />

qu'on ne peut imaginer même dans ses rêves les plus fous (les<br />

vénusiennes sont-elles si bonnes qu'on le prétend ? les martiens sontils<br />

si verts qu'on le dit ?), au point qu'ils nous reviennent encore plus<br />

allumés qu'avant. Pour autant ils n'ont pas appris à jouer de plus<br />

d'instruments (il y a tant à faire là haut), la formation reste celle,<br />

surréaliste, qu'on connaissait déjà, avec ses 2 basses et sa batterie,<br />

d'où cette sonorité tellurique et stellaire où les infrabasses tiennent lieu<br />

de voûte céleste, où les rythmiques se font comètes, où les riffs ne sont<br />

que des astéroïdes perdus.<br />

FINGERS CUT MEGAMACHINE : Fingers Cut Megamachine (CD,<br />

Thick Records/Southern Records)<br />

Projet de l'auteur-compositeur Devon Williams, Fingers Cut Megamachine<br />

est un groupe entièrement dévoué aux chansons de son leader (juste<br />

un batteur et un bassiste pour accompagner le chant et les guitares du<br />

sieur Williams). Des chansons qui sont empreintes de la grande tradition<br />

du song-writing américain, c'est à dire essentiellement<br />

autobiographiques, initmistes, témoignant d'un vécu que le bonhomme<br />

(comme une thérapie ?) souhaite faire partager au monde. D'autres<br />

avant lui ont usé du procédé, avec bonheur souvent, pourquoi n'en iraitil<br />

pas de même pour lui ? Des chansons savamment construites,<br />

agréablement profilées, idéalement générées. Le fond du truc est<br />

largement acoustique, bien sûr, mais l'apport du groupe, du coup, oblige<br />

aussi à user de l'électricité pour souligner parfois le propos. On devine<br />

Devon Williams fragile et introverti, surtout à cause de son chant<br />

toujours en équilibre délicat, comme au bord de la rupture, comme si<br />

toutes ces émotions ravivaient des souvenirs trop intenses pour ses<br />

frêles épaules. Mais au milieu de cette tension apparaissent néanmoins,<br />

comme autant d'ilôts salvateurs, une paire de chansons plus légères,<br />

plus acidulées, plus libératrices ("Sugary fruits", "Laughs per minute").<br />

Pdf downloaded from http://www.thepdfportal.com/fanzine61_22362.pdf<br />

PORNROBOT : It could get ugly (CD, Kinky Star Records -<br />

Vlasmarkt 9 - 9000 Gent - Belgique)<br />

Visez la pochette du disque, matez le nom du groupe, y a pas<br />

d'équivoque possible, Pornrobot c'est définitivement sous la ceinture<br />

qu'ils situent les débats, mais pas façon romantique, non, plutôt façon<br />

hardcore extrême, des poètes quoi ! La naisssance de Pornrobot s'est<br />

faite de façon bizarre. En fait tout part d'un groupe noise, Vandal X, qui,<br />

en plus d'un set bruitiste en diable, écrit aussi des chansons nettement<br />

plus punk-garage-hardcore.<br />

Seul problème, ces chansons<br />

ne s'intégrent pas du tout dans<br />

le set du groupe. Du coup,<br />

certains membres de Vandal X,<br />

débauchant au passage<br />

quelques acolytes désoeuvrés,<br />

montent ce projet parallèle de<br />

Pornrobot, histoire de donner<br />

vie à ces chansons, faut pas<br />

gâcher. Ce qui nous donne un<br />

premier album éjaculatoire (en<br />

vinyl il est en format 25cm,<br />

c'est dire si ça avoine).<br />

Musicalement c'est du punk<br />

passé dans une moulinette un<br />

tantinet bruitiste, avec une<br />

urgence garage et une filiation hardcore évidente. Le son est lo-fi de<br />

chez lo-fi, les riffs sont tranchants comme les griffes de Freddy,<br />

nerveux comme un junkie en manque, et gouleyants comme une bonne<br />

cuvée d'acide sulfurique, les rythmes sont du genre dragster dont les<br />

freins ne seraient qu'une illusion, quant au chant il serait à rattacher aux<br />

gémissements d'un tyrannosaure amoureux amplifiés par un mégaphone<br />

branché sur une centrale nucléaire de jardin. Pornrobot c'est du<br />

terrorisme punk dont l'arme suprême serait une bonne giclée de sperme<br />

bien enrichi aux hormones de croissance.<br />

I I WW<br />

WAN WW<br />

AN ANNA AN NA B BBE<br />

B E A A PORN PORN ST STAR ST STAR<br />

AR<br />

LUNGFISH : Feral hymns (CD, Dischord Records - 3819 Beecher<br />

St. N. W. - Washington D.C. 20007 - USA/Southern Records)<br />

Vous je ne sais pas, mais moi je suis complètement accro aux accords<br />

lourds, pesants, vénéneux, rampants, indolents de Lungfish.<br />

Définitivement l'un des groupes les plus intéressants de Dischord (et<br />

accessoirement l'un des 2 seuls groupes du label à ne pas être<br />

originaire de Washington DC, mais de Baltimore) avec ses titres entre<br />

lenteur et mid-tempo. Ce qui, paradoxalement, en fait une inépuisable<br />

réminiscence rock'n'roll. Grâce à la fois au chant hanté et habité de<br />

Daniel Higgs qui déclame de longs poèmes incantatoires, à la guitare<br />

obsédante et hypnotique d'Asa Osborne, et aux rythmes robotiques et<br />

cafardeux de la paire Sean Meadows (de retour dans le groupe avec<br />

sa basse)-Mitchell Feldstein. Mais attention, qu'on ne s'y trompe pas, la<br />

lenteur d'éxécution de Lungfish n'en fait pas pour autant un groupe noir,<br />

neurasthénique ou suicidaire (on ne parle pas de Neurosis là), juste un<br />

groupe qui s'immisce dans votre conscience aussi insidieusement<br />

qu'une image subliminale, qui s'infiltre dans votre cortex aussi sûrement<br />

qu'une réalité virtuelle, qui s'invite dans vos rêves aussi outrageusement<br />

qu'une hallucination divinatoire. La musique de Lungfish (et les textes de<br />

Higgs) trimballent un surréalisme sulfureux et jubilatoire à la fois.<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

JA DJ ZDENA : Tebi i tvojima (CD, Slusaj Najglasnije ! - Teskovec<br />

27c - 10090 Zagreb - Croatie)<br />

Nouvel effort de DJ Zdena, le prince de la récupération musicale.<br />

Comme les toasters jamaicains qui posaient leurs riddims sur les faces<br />

B instrumentales des 45t, DJ Zdena détourne les disques des autres<br />

pour y poser son chant à la voix de falsetto toujours en équilibre<br />

instable. Mais là où, au début, il piochait allégrement dans ses disques<br />

de reggae, il pique aujourd'hui dans (presque) tous les styles. Ainsi, à<br />

côté de Count Ossie ou Joe Gibbs, ce nouvel album donne aussi dans le<br />

rhythm'n'soul (le "Green onions" de Booker T & the MG's), la fusion<br />

africaine (African Head Charge, Fela Kuti), l'electro (avec son pote<br />

bidouilleur de studio, HRC) ou le blues (Bob Log III, John Lee Hooker). Ce<br />

qui, au final, et même si on n'est pas forcément un adepte de tel ou tel<br />

style (personnellement moi l'électro ou la fusion africaine, bof), donne,<br />

en partie grâce à sa manière de chanter, des disques qui s'écoutent<br />

sans trop de problème. Le concept n'est pas évident à adopter de prime<br />

abord, mais la preuve est là, quand c'est fait avec les tripes...


The SLOW SLUSHY BOYS : Love & affection (25cm, B-Soul - 116<br />

rue du Crey - 73230 St Alban-Leysse)<br />

Petit à petit les Slow Slushy Boys s'enfoncent un peu plus dans des<br />

sixties dansantes et entraînantes au possible. Leur rhythm'n'blues et<br />

leur soul tout d'abord, directement inspirés de cette charnière 60's-70's<br />

qui voyait les dancefloors groover comme aux plus belles heures de<br />

l'ère du swing quelques décennies auparavant. Car c'est bien là, dans<br />

ces quelques années magiques, que se situe l'apogée de ces rythmes<br />

black qui mariaient avec bonheur sensualité et joie de vivre. Les Slow<br />

Slushy Boys ne s'y trompent pas, qui y puisent reprises millésimées ("I<br />

want love & affection (not the house of correction)" de Nathaniel Mayer,<br />

"I can't believe what you say" de Ike Turner, avec les choeurs torrides<br />

des Godzillas en point d'orgue, "I'm gonna forget about you" de Arthur<br />

Conley) aussi bien qu'inspiration quasi christique ("When will we get the<br />

power ?"). De ces 60's-70's les Slow Slushy Boys ont aussi gardé la<br />

façon de faire des disques (le format 25cm évidemment, icône de toute<br />

une époque), n'hésitant pas à inclure ici les faces A de leurs 3<br />

précédents 45t pour ceux qui les auraient loupé au passage (imparable<br />

"Slush puppy"), faisant du coup de ce huitième album un véritable<br />

recueil de pépites incandescentes et chatoyantes. Jamais le beat de<br />

Tello et Lester n'a été si convaincant, jamais la guitare de Michel n'a été<br />

si féline, à la fois câline et rugissante selon les circonstances, jamais<br />

l'orgue, tenu par Teen Axel depuis quelques années, n'a été si présent,<br />

si indispensable, si respectueux, jamais la voix de Denis n'a été si<br />

chaleureuse, si révérencieuse (et que dire des Godzillas qui viennent<br />

parfois soutenir l'ensemble de choeurs à la candeur démoniaque ?). De<br />

la belle ouvrage assurément, et la preuve qu'on peut très bien faire<br />

danser les foules sur autre chose que des rythmes putassiers, que l'on<br />

peut rester authentique malgré tout.<br />

CHEWBACCA ALL STARS : Motorsoul formidable (CD, Banana<br />

Juice Production - BP 77608 - 35176 Chartres de Bretagne/<br />

Galactic/Coadex)<br />

L'oscar de la communication vous revient haut la main. S'appeler<br />

Chewbacca All Stars et sortir votre premier album pile-poil au moment<br />

où George Lucas sort l'épisode 3 de sa seconde trilogie Star Wars... Va<br />

falloir s'accrocher pour développer une stratégie marketing aussi<br />

poussée. Très fort les mecs, eh eh ! Hein ? What ? Vous l'avez pas fait<br />

exprès ? Vous êtes cons, vous cassez tout votre effet là, pas bon pour<br />

votre image çà cocos. Vous pouviez vous faire des couilles en or sur<br />

ce coup-là. Enfin c'est votre problème après tout. Je sais bien que ce<br />

qui vous importe surtout c'est de faire perdre quelques litres de sueur à<br />

votre fidèle public grâce à votre soul-punk en prise directe avec le<br />

groove de la mort qui tue... mais quand même le marketing les gars, le<br />

marketing... Y a du fric à se faire là. D'accord, c'est vrai, vous me l'avez<br />

assez répété, ce qui vous intéresse surtout c'est de voir se trémousser<br />

devant vous des parterres de jeunes filles à peine pubères, court<br />

vêtues et aussi peu farouches. Je sais bien que vous êtes plus<br />

sensibles à la vision d'un postérieur avenant se démenant tel un<br />

farfadet lubrique sur vos rythmes trépidants et vos riffs torrides qu'à la<br />

contemplation de belles et bonnes liasses de billets verts fraîchement<br />

sortis des presses, mais bon faut bien vivre non ? L'amour et l'eau<br />

fraîche c'est bon pour les romantiques incurables. On parle bien de<br />

sensualité là non ? Voire de sexe, de frotti-frotta, de body-body non ? Et<br />

le sexe si ça fait pas vendre qu'est-ce qui fait vendre ? Hein ?<br />

Comprend pas les gars, vous avez tous les atouts en main pour vous<br />

acheter votre piscine en forme de guitare, pour vous payer votre<br />

fournée de BMW derniers modèles, pour vous faire inviter dans tous les<br />

endroits à la mode (et je ne parle même pas de la télé). Au lieu de çà<br />

vous venez me parler de soul, de rhythm'n'blues (même pas de R&B),<br />

de boogaloo, de James Brown (un has-been celui-là non ?). Vous<br />

voulez que je vous dise ? Vous n'êtes finalement que d'indécrottables<br />

punk-rockers. Préférer faire danser le monde plutôt que le mettre à votre<br />

botte. Pfff !!!<br />

D30 : 7 heartbeat tracks (CD, Subotnick Enterprises - Apartado<br />

1066 - 3001-501 Coimbra - Portugal)<br />

The EXPERIMENTAL TROPIC BLUES BAND : Dynamite boogie (CD<br />

autoproduit - www.tropicbluesband.com)<br />

Finalement il existe une logique du blues comme il existe une logique de<br />

l'inéluctable. Le blues, on y revient toujours. Et point n'est forcément<br />

besoin d'être noir et d'être né à Clarksdale ou à Chicago. Ce qui est<br />

d'autant plus vrai depuis que de sales gosses bien pâlichons (on ne<br />

bronze guère entre les gratte-ciels de Manhattan, pas plus que dans les<br />

brumes septentrionales) se sont mis en tête de se réapproprier cette<br />

musique fondamentale et séminale. L'arrosant, au passage, de larges<br />

rasades d'électricité mal maîtrisée ou de signifiantes mesures d'un<br />

rock'n'roll pour l'occasion plus dévoué que parricide. Le blues<br />

d'aujourd'hui se veut donc aussi référencé que celui d'hier, la morgue, la<br />

hargne et la rage en plus. Il se veut aussi, désormais, foutrement<br />

européen. 2 exemples parmi d'autres, 2 trios, formule idéale pour une<br />

musique gravée dans le marbre, et 2 groupes à guitares (la basse c'est<br />

bon pour les hard-rockers).<br />

D30 sont portugais (accessoirement ils pointent sur le même label que le<br />

Legendary Tiger Man) et ravivent quelques outrecuidants souvenirs<br />

basiques et lysergiques. Leur blues se décline en de fulgurantes<br />

décharges électriques ("Bleed"), en de fiévreux et grondants boogies<br />

("The night before"), en d'apatrides rock'n'roll plombés et convaincus<br />

("Couldn't care at all"). Au plus fort de cette débauche sonore et<br />

sismique, D30 n'en oublient pourtant pas que le blues reste avant tout<br />

une musique tribale, une musique de jungle, une musique puissamment<br />

sexuelle, qui vous prend aux tripes et vous remonte le long de la moëlle<br />

épinière en une extase orgasmique transcendante et viscérale ("I can<br />

never trust ya"). Chez D30 le blues est rouge, comme la boue que<br />

charrie le Mississippi, comme le sang initiatique, comme le feu, intérieur<br />

et salvateur.<br />

The Experimental Tropic Blues Band eux sont belges (et pour le coup on<br />

bronze sûrement encore moins sur les plages de la Mer du Nord que sur<br />

les côtes lusitaniennes, ce qui ne fait que corroborer mes dires) et<br />

semblent s'intéresser plus au rejeton des Blues, celui que ses parents<br />

ont appelé Rock'n'roll, qu'aux géniteurs eux-mêmes. Mais la famille reste<br />

la famille, on ne se renie pas si facilement. Or donc les liégeois nous<br />

font le coup du boogie-rock explosif et canaille, n'hésitant pas à nous<br />

balancer d'iconoclastes clins d'oeil ("Jealous rock") aussi bien que de<br />

diaboliques rythmiques qui visent explicitement l'épicentre de toute libido<br />

normalement constituée ("Burnin' Hell", "On the rocks baby blues"), le<br />

rock'n'roll est définitivement pelvien... comme son vieux papa bluesy.<br />

D'où croyez-vous que nous venons finalement ? Chez the Experimental<br />

Tropic Blues Band le blues est noir, comme la terre du Delta, comme la<br />

peau des grands anciens, comme la nuit, quand les hormones se<br />

lâchent en d'intrépides débauches luxurieuses.<br />

BUNNY RANCH : Trying to lose (CD, Lux Records/Musicactiva)<br />

C'est bien connu, la vie est une dure lutte. Et on ne perd pas toujours, même quand on s'y essaye du plus fort qu'on peut. Il y a parfois des gagnants.<br />

Comme les portugais de Bunny Ranch et leur garage-soul subtil et nerveux. En voilà des qui ont tout compris, qui ont bien vu où se trouvait leur<br />

intérêt musical, qui ont su s'abreuver à la source la plus claire et la plus limpide. Et tant pis si le style a l'âge de leurs parents, c'est toujours plus<br />

excitant que le fado (pour la morue grillée c'est chacun ses goûts). Bunny Ranch se la joue donc garagiste, avec des titres ciselés comme une<br />

bague de fiançaille, des morceaux inspirés comme un génie dans un jour faste, des chansons taillées sur mesure comme les prestations de votre<br />

péripatéticienne de voisine. Evidemment, l'utilisation d'un orgue millésimé n'est pas étrangère à l'impression calibrée qui émane de cet album. On<br />

pourrait aussi bien être aux USA dans les mid 60's ou au Toe Rag dans les mid 80's qu'on ne serait pas surpris outre mesure tant la chose se<br />

déverse mielleusement dans vos oreilles pourtant sacrément blasées et à qui on ne la fait plus depuis longtemps. Yep ! N'empêche, ce quarteron de<br />

jeunes portugais sait capter notre attention, sans esbrouffe, sans effet de manche, juste avec foi, fougue et conviction, celle des fans qui<br />

s'adressent à d'autres fans, et qui savent donc que l'on ne leur pardonnera pas l'à peu près ni l'approximation. Laissez-vous porter par ces rythmes<br />

soutenus et par ces mélodies sudoripares, aujourd'hui vous êtes les rois du ring.<br />

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SMOKE OR FIRE : Above the city (CD, Fat Wreck Chords)<br />

"California's burning" ? Ousama aurait-il frappé à l'ouest cette fois ? Faut<br />

parfois faire gaffe à ce qu'on dit. M'étonne même que Smoke Or Fire n'ait<br />

pas eu de problème avec un titre pareil. Pourtant chez les Bush-men on<br />

ne rigole pas franchement avec ce genre de pantalonnade. Notez bien<br />

que Smoke Or Fire a déjà eu son lot d'emmerdes. C'était avec son nom.<br />

Jericho qu'ils s'appelaient à l'origine... jusqu'à ce qu'un obscur groupe<br />

australien des 70's (des adeptes de christian rock, évidemment) ne leur<br />

fasse savoir qu'ils avaient plutôt intérêt à changer de patronyme avant<br />

que les kangourous ne leur fassent un procès pour capitalisation<br />

abusive du glorieux passé d'un groupe dont personne n'avait jamais<br />

entendu parler jusque-là (une affaire qui rappelle celle vécue par<br />

Nirvana quand ils avaient été menacés de la même manière par un<br />

groupe anglais des 60's qui avait utilisé ce nom à l'époque... sans que, là<br />

non plus, l'histoire n'en ait jamais rien retenu). Bref, Smoke Of Fire,<br />

puisque c'est d'eux dont il s'agit maintenant, est la dernière signature Fat<br />

Wreck. Un honnête groupe punk tendance légèrement hardcore qui<br />

n'hésite pas à payer de sa personne pour que ses accords soient bien<br />

enragés, pour que ses rythmiques soient bien énervées, pour que ses<br />

chansons soient bien énergiques. Et les gamins y arrivent<br />

tranquillement. De là à dire qu'il s'agit de l'album de l'année faut pas<br />

exagérer non plus. L'originalité n'est pas le point fort de ce disque, on a<br />

déjà entendu çà avant, mais au moins est-ce bien balancé, alors<br />

pourquoi bouder son plaisir ? Et puis nos jeunes gens font preuve<br />

d'humour ("Cops and drugs", "Goodbye to Boston" [ils ont quitté cette<br />

ville pour s'installer à Richmond, Virginie], "Delawhere"), ce qui est<br />

toujours un plus dans un monde bien tristounet.<br />

PARABELLUM : Panem, circenses & rock'n'roll (CD, AM)<br />

Parabellum reste l'un des plus beaux paradoxes de la scène punkrock'n'roll<br />

actuelle. Si le groupe n'est plus que l'ombre de lui-même sur<br />

scène (concerts poussifs qui atteignent leur paroxysme quand le<br />

groupe, pour caser un maximum de ses hits passés, les sert sous<br />

forme de medley, comme aux plus belles heures de la variétoche<br />

bastringue nauséabonde, mais ça doit sûrement être un concept qui<br />

m'échappe), il continue à nous balancer des disques studio où son<br />

expérience fait des merveilles. Le petit dernier n'échappe pas à une<br />

règle établie voilà 20 ans maintenant et qui perdure contre vents et<br />

marées. Parabellum c'est avant tout une évidente propension à égrener<br />

d'imparables mélodies punks aux riffs aussi bien roulés que votre<br />

voisine d'en face (vous savez celle qui se déssape en ombre chinoise<br />

juste parce qu'elle sait que vous en bavez d'avance), aussi bien<br />

troussés qu'une actrice de porno chic américain. Là-dessus viennent se<br />

greffer des textes qui, même s'ils ne sont plus de Géant Vert depuis<br />

longtemps, n'en ont pas moins conservé une verve et une faconde où la<br />

poésie urbaine le dispute en une saine émulation aux slogans second<br />

degré. C'est pas compliqué, une chanson de Parabellum c'est du genre<br />

à vous squatter le cervelet après une paire d'écoutes seulement, et une<br />

fois qu'elle y est, dans la place, elle n'a plus qu'une idée, en sortir aux<br />

moments les plus incongrus, sous la douche, dans le métro, les<br />

bouchons, en cours ou au bureau, de préférence quand l'esprit<br />

baguenaude à la ronde et qu'on attend autre chose de votre petite<br />

personne que de fredonner ces petits standards punky. Testez-moi des<br />

"Pogo machine", des "Qui sont les truands ?", des "Chaud les barons !",<br />

des "A ta place", des "C'est tout c'qu'on mérite", si ça fonctionne pas au<br />

quart de tour faites-vous rembourser ce disque par votre mutuelle (vu<br />

les cotisations que vous payez elle peut bien faire çà). Et puis, rien que<br />

pour la collec, Parabellum nous avoine une nouvelle reprise bien<br />

décalée, en l'occurence le "Holidays in the sun" des Sex Pistols<br />

(décidément, après le clin d'oeil d'"Anarchie en Chiraquie" le groupe de<br />

Jeannot Pourri semble avoir marqué l'esprit schultzien).<br />

VENI VENI VIDI VIDI VICI<br />

VICI<br />

SNUFF : Six of one, half a dozen of the other - 1986-2002 (2CD, Fat<br />

Wreck Chords)<br />

Attention pavé ! Et pas du pavé pour manifestant rachitique, non, du vrai<br />

pavé comme on n'en trouve hélas plus dans les rues, même celles du<br />

Quartier Latin, du pavé capable de vous assommer son CRS d'un seul<br />

lancer bien placé. Nostalgie quand tu nous tiens ! Du pavé comme les<br />

gars de Snuff auraient pu allégrement arroser les bobbies dans quelque<br />

manif anti National Front, histoire de mettre en adéquation leur musique<br />

et leurs actes. Parce que Snuff furent l'un des groupes majeurs de la<br />

troisième vague punk anglaise, celle biberonnée aussi bien au punk<br />

"classique" (quel vilain aphorisme !) qu'au punk's not dead, au hardcore,<br />

voire au punk-métal... Ou au ska dans leur cas puisqu'ils étaient issus<br />

de la scène mod (la vraie, pas celle qui vira skin). Du coup, avec des<br />

influences allant de Mötörhead aux Specials, ou des Ramones à Minor<br />

Threat, Snuff ne donnerait pas dans le punk lambda, mais bel et bien<br />

dans un crossover décapant de oï, de pop-punk, de mélo (avant<br />

l'heure), n'hésitant pas à intégrer un trombone, histoire de ne pas faire là<br />

où on leur aurait dit de faire. Merde ! Punk ! Quoi ! Avec un parcours<br />

aussi atypique, vous imaginez bien que cette anthologie est tout sauf<br />

mainstream, une anthologie qui, en 50 titres, parcourt 16 ans d'une<br />

existence hors du commun. Le premier CD est donc un "greatest hits"<br />

qui traque tous les standards du groupe, depuis le premier single "Not<br />

listening" jusqu'aux derniers tubes que furent "Arsehole" ou "Numb<br />

nuts". 25 pépites furieuses et crépitantes, témoin du Piaggio-punk<br />

revendiqué par le gang. Le second CD lui est un véritable régal puisqu'il<br />

propose raretés, faces B, bonus ou inédits. Inutile de vous dire que là<br />

réside le réel intérêt pour tout fan du groupe qui se respecte. Au<br />

passage on se délecte de quelques reprises que Snuff affectionnait<br />

tout particulièrement (les concerts du groupe en étaient littéralement<br />

parsemés), des Specials ("Do nothing", "You're wondering now") à Blue<br />

Oyster Cult ("Don't fear the reaper") le spectre était aussi large que<br />

l'ouverture d'esprit du gang. On ne s'ennuie pas une seule seconde à<br />

l'écoute de la chose, une évidence pour un groupe qui ne faisait<br />

décidément rien comme tout le monde (cf ces anecdotes concernant la<br />

conception de leurs pochettes, quand ils photocopiaient le contenu de<br />

leurs poches, ou quand ils mettaient la photo de leur roadie parce qu'il<br />

leur manquait celle d'un des membres, le bordel élevé au rang d'art<br />

majeur). Un must absolu.<br />

ESCAPE : Pouvoir liquide (CD, Trauma Social - 3 rue de la<br />

Platrerie - 91150 Etampes)<br />

Premier album du groupe punk strasbourgeois Escape, dans la droite<br />

ligne d'une démo reçue voilà déjà au moins une paire d'années. C'est<br />

urgent comme une poussée de fièvre, énergique comme une crise<br />

d'épilepsie, vindicatif comme une toux tenace. Le groupe ne<br />

s'embarrasse pas de finesse ni de câlineries, il préfère frapper sans<br />

prévenir, avant qu'on ait le temps de réagir, le plus sûr moyen de<br />

gagner, même si pas le plus élégant. Efficacité avant tout, laissons le<br />

fairplay et le sens de l'honneur à ceux<br />

qui en ont les moyens. La musique<br />

d'Escape bastonne sévère, aucun<br />

doute là-dessus, suffit d'écouter ces<br />

guitares qui ramonent des riffs de<br />

tronçonneuse, suffit d'écouter ce chant<br />

d'enragé qu'aurait balancé ses sédatifs<br />

dans le caniveau, suffit d'écouter cette<br />

rythmique TGV, la course de fond c'est<br />

pas leur truc, plutôt le sprint libérateur<br />

d'adrénaline et pourvoyeur de<br />

sensations fortes, si vous n'arrivez<br />

pas à suivre c'est que vous êtes trop<br />

vieux. Le punk d'Escape carbure au<br />

hardcore sous speed, un hardcore plutôt oldschool au demeurant, on a<br />

des lettres, faut pas déconner. Je me demande juste ce qu'ils mettent<br />

comme additif dans leur bière.<br />

GUERILLA POUBELLE : Il faut repeindre le monde (CD, Crash Disques - 21ter rue Voltaire - 75011 Paris)<br />

20 ans après voilà un disque qui s'intègre, à sa façon, dans la mouvance fraternelle et consensuelle du mouvement alternatif. Evidemment, si Guerilla<br />

Poubelle ne le fait que maintenant ce disque alternatif, c'est pour une raison bêtement et bassement biologique, ils étaient à peine nés à l'époque.<br />

Mais selon le vieil adage "mieux vaut tard que jamais" Guerilla Poubelle a usé de la paire de ciseaux, du tube de colle, de la Remington fatiguée, et<br />

accessoirement du punk-rock pour nous pondre (non sans douleur semble-t-il) un vrai bon disque coléreux, dénonciateur, émergent, conscient,<br />

vilipendeur, bref un vrai bon disque keupon de chez keupon, avec les 2 accords de rigueur, et les textes d'un manifeste urbain fondateur et<br />

frondeur. Petits-neveux des Cadavres ou des Rats, Guerilla Poubelle fait la nique à tout ce que le business compte de star-académiciens gerbeux et<br />

putrides (comme les "vrais" en fait) et se pose en champions d'une punkitude extrême, joviale et conviviale (au point même de créditer comme<br />

membre à part entière leur graffeur-peintre dont la contribution sonore à ce disque est pourtant nulle, si si, il faut bien le dire, les dessins ça passe<br />

vachement mal sur une chaîne hi-fi, dût-elle avoir ses 25 ans de bons et loyaux services). Bref un chouette disque de pounk bien baveux comme on<br />

n'en fait (presque) plus, voilà de quoi nous réconcilier avec la sapiensité de l'homo du même nom, de quoi nous faire ressortir nos drapeaux noirs et<br />

nos t-shirts rouges.<br />

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W5 ! : Triphasé (CD, Wakaru/Irfan Le Label)<br />

K2R RIDDIM : Foule contact (CD, Aïlissam/Wagram)<br />

GOULAMAS'K : Gardarem la terra (CD, Mosaic Music)<br />

Dans la famille festive cuivrée avec un zeste de ska-reggae je voudrais les<br />

neveux espiègles.<br />

Dans le rôle de Riri les grenoblois de W5 ! tendent à s'écarter de la ligne de<br />

conduite qui prévalait lors d'une jeunesse insouciante. Le groupe semble<br />

s'être regroupé autour d'un concept un peu plus rock qu'avant, n'exhumant<br />

le ska-ragga des débuts que sur quelques titres choisis. Le côté marrant<br />

dans ce "nouveau" W5 ! c'est un chant et des arrangements qui ressemblent<br />

furieusement à Kiemsa. Va falloir mener l'enquête.<br />

Dans le rôle de Fifi les banlieusards de K2R Riddim nous balancent un album<br />

live enregistré en été 2004, et prouvent que leur reggae est pour le moins<br />

efficace dans ce contexte, notamment avec une section de cuivres à vous<br />

faire pleurer. Et comme K2R Riddim ne fait rien tout à fait comme tout le monde,<br />

ils ont même trouvé le moyen d'inviter un trio à cordes (2 violons et 1<br />

violoncelle) sur quelques titres, et là c'est géant. Une association pour le<br />

moins inusitée qui devrait donner des idées à certains. Par contre cette manie<br />

de vouloir à tout prix interpeler le public pour le faire chanter, crier, trépigner,<br />

danser ou tout ce que vous voulez a un côté agaçant, surtout quand ça<br />

revient systématiquement sur chaque titre, quand ce n'est pas toutes les<br />

30 secondes. A noter que cet album live sort en même temps qu'un double<br />

DVD qui propose l'intégralité des 2 concerts qui servent de support au<br />

disque, ainsi que des reportages divers sur la vie du groupe. Pour fans<br />

hardcore cependant.<br />

Dans le rôle de Loulou, les plus turbulents de tous, les occitans de<br />

Goulamas'K qui sortent un deuxième album militant où le ska et le rock se<br />

télescopent sur fond de joséboveries un brin naïves peut-être mais à la<br />

poésie évidente, c'est déjà çà. Un album autoproduit (comme ceux de leurs<br />

petits camarades ci-dessus) qui prouve la volonté de tous ces jeunes gens<br />

de ne pas se laisser bouffer par un système corrompu. Tous des pourris<br />

c'est bien connu.<br />

ROTTERDAM SKA JAZZ FOUNDATION : Sunwalk (CD, Grover Records)<br />

Annoncé l'an dernier par le maxi "Black night... bright morning", voici donc<br />

le Rotterdam Ska Jazz Foundation nouveau. Nouvel album certes (le<br />

second) mais aussi nouveau line-up, dont on ne connaît pas très bien la<br />

teneur du changement, mais qui semble néanmoins assez conséquent pour<br />

que le groupe n'en fasse pas mystère, précisant au passage (mais le<br />

contraire aurait été étonnant) qu'il améliore singulièrement la musique du<br />

gang. Soit ! Comme tous les ska jazz bands (New York, St Petersburg) les<br />

hollandais explorent cette voie désormais bien dégagée qui a vu le ska et<br />

le jazz se rabibocher après une quarantaine d'années de superbe ignorance.<br />

Un jazz qui fut pourtant à l'origine du ska à la fin des 50's puisque les<br />

inventeurs du genre, là-bas en Jamaïque, étaient tous issus des orchestres<br />

de jazz locaux. Mais on le sait, hélas ! les jazzeux ne sont pas vraiment<br />

réputés pour leur ouverture d'esprit et pardonnent rarement aux leurs une<br />

quelconque infidélité (en gros c'est genre : hors du jazz point de salut !). Alors<br />

vous pensez bien, quand des jazzmen créent un genre qui, de surcroît,<br />

devient plus populaire que leur sacro-sainte chapelle, trahison ultime, le<br />

pardon n'est même plus envisageable, pour ce qui est des 50 prochaines<br />

générations du moins. Il aura donc fallu que quelques blanc-becs, moins<br />

bornés que la moyenne, s'aperçoivent de l'évidente connexion entre ska et<br />

jazz pour que les 2 idiomes parlent enfin à nouveau d'une seule et même<br />

trompette (ça marche aussi avec un sax ou un trombone). D'où cette<br />

floraison de ska jazz bands, la boucle est bouclée. Mais, en bons européens<br />

qu'ils sont (même si eux aussi ont rejeté cette constitution ultra-libérale qu'on<br />

voulait nous faire passer pour un modèle d'avancée sociale), les hollandais<br />

n'hésitent pas à titiller également du classique ("St James infirmary", "Blues<br />

march") ou de l'exotique (le tzigane "Magyar posta") au milieu d'anthems qui<br />

allient le pouvoir dansant du ska à l'intellectualisme fascinant du jazz.<br />

The BLASTER MASTER : Tuffer than roots (CD, Grover Records -<br />

P.O. Box 3072 - 48016 Münster - Allemagne)<br />

Probablement le plus connu des groupes ska-reggae finlandais, the<br />

Blaster Master sort ici son troisième album. Tout est d'ailleurs dans le<br />

titre puisque le groupe ne se contente pas d'une énième ressucée d'un<br />

ska primal et originel, il puise aussi énormément dans la scène 2-Tone<br />

une inspiration toute en mélodies, en joie de vivre et en légèreté (même<br />

quand il nous narre une histoire de bad boy, "Johnny the bastard"),<br />

quand il n'alourdit pas la chose d'une rythmique reggae bien plombée par<br />

un soleil qui leur fait pourtant sacrément défaut sous leurs latitudes<br />

("Litmanen"), ou quand le raggamuffin ne s'invite pas au hasard d'un<br />

"Got a minute ?" qui tranche au milieu du skankant ambiant. Un disque<br />

agréable et frais qui devrait fournir matière à approvisionner les pistes<br />

de danse improvisées des plages estivales.<br />

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EASTERN STANDARD TIME : Tempus fugit (CD, Grover Records)<br />

Quatrième album pour le groupe de Washington DC et guère de<br />

changements en vue. Pourquoi d'ailleurs devraient-ils faire autre chose<br />

que ce qu'ils font déjà à merveille ? A savoir un roboratif mix de ska-blue<br />

beat jamaïcain et de jazz-soul américain ? La formule est bien rôdée<br />

désormais, et chaque disque nous inonde de vibrations plus<br />

chatoyantes les unes que les autres. La musique d'Eastern Standard<br />

Time est tout sauf une musak préfabriquée et insipide, elle se concocte<br />

au gré des humeurs des 6 membres du groupe, au gré de ce qu'on<br />

devine être d'inlassables jams dans leur studio de répétition, pour<br />

aboutir à un ska largement instrumental qui n'est évidemment pas sans<br />

rappeler les grands orchestres précurseurs jamaïcains comme les<br />

Skatalites. Chaque morceau, s'il révèle un collectif soudé, n'en laisse<br />

pas moins une belle liberté d'expression à chaque membre soliste<br />

(guitare ou cuivres). Et comme pour mieux nous prouver que le groupe<br />

reste néanmoins à l'affût de ce qui se fait aujourd'hui, ce nouvel album a<br />

même été mixé dans l'un des plus réputés studios de la capitale<br />

américaine... un studio spécialisé dans la house, l'acid jazz ou le hip<br />

hop. Ce qui ne transpire guère ici, mais pourrait bien leur donner<br />

quelques idées pour l'avenir, allez savoir.<br />

ZENZILE : Modus vivendi (CD, Supersonic/Discograph)<br />

Avec la régularité d'un métronome (un gadget bien utile quand il s'agit de<br />

plaquer une rythmique aussi placidement qu'un Clint Eastwood<br />

dessoudant du méchant) Zenzile fait des disques comme d'autres<br />

alignent les conneries (qui a dit Chirac ?). Faites le compte, 7 depuis<br />

1999, ça nous fait une alerte moyenne d'un par an, ni plus ni moins.<br />

Belle preuve de prolixité de la part des angevins. Et le pire c'est que rien<br />

là-dedans ne peut décemment être qualifié de remplissage. Tiens, c'est<br />

comme ce dernier, là, ce "Modus vivendi", paraît que Zenzile a<br />

enregistré 21 titres pour faire bonne mesure, et comme il n'y en a que 12<br />

sur la galette on devine aisément que seuls les meilleurs ont survécu.<br />

Sélection naturelle selon papy Darwin. Bon, Zenzile c'est donc du dub...<br />

à la base... Parce que depuis belle lurette les lascars ont largement<br />

quitté les ornières d'un classicisme trop restrictif pour explorer d'autres<br />

champs d'action, parfois assez incongrus (l'influence Pink Floyd de<br />

"Mafate", vous m'en direz tant), parfois diablement percutants (la basse<br />

fuzz d'"Hippo"), parfois sournoisement envoûtants (le violoncelle de<br />

"Eolian blues", un titre tout en puissance contenue, en reptation sourde,<br />

en inéluctabilité lancinante, peut-être le meilleur du disque). C'est sur, le<br />

dub façon Zenzile n'a plus grand-chose à voir avec les dancehalls<br />

jamaïcains, il est profondément européen et intrinséquement zenzilien<br />

(manquerait plus qu'ils inventent leur propre langage, comme le klingon<br />

ou le kobayen, pour franchir la quatrième dimension). Y a juste la<br />

pochette qui me gène aux entournures, un combat de coqs, qui plus est<br />

décliné en 6 photos, était-il donc vraiment nécessaire de vanter une<br />

activité digne des plus bas instincts de l'homme ? En tout cas en<br />

décalage flagrant avec le discours que veut véhiculer le groupe.<br />

Dommage.


DOLLHOUSE : The rock and soul circus (CD, Dim Mak - PO Box 348<br />

- Hollywood, CA 90078 - USA)<br />

DOLLHOUSE : Hear em' talkin' (SP, Stigmate Records -<br />

www.stigmate.com)<br />

DOLLHOUSE : High energy rock'n'soul (CD demo - http://kiss.to/<br />

dollhouse)<br />

Si si les contes de fée existent toujours. Si si parfois la réalité est aussi belle<br />

que les légendes. Si si il y a encore des espaces d'imaginaire dans ce foutu<br />

monde, y compris dans le rock'n'roll. Les suédois de Dollhouse en sont une<br />

preuve vivante. C'est au hasard d'une rencontre fortuite qu'ils croisent la<br />

route de Michael Davis, le bassiste du MC5, évidemment l'un de leurs groupes<br />

préférés. Pas honteux les gamins lui filent leur première démo, comme çà,<br />

mine de rien, juste en fans révérents. Et c'est là que le miracle se produit.<br />

Quelques mois plus tard le bonhomme les rappelle et leur dit qu'il aimerait bien<br />

travailler avec eux. Et que croyez-vous qu'il se passa alors ? Nos 4 kids<br />

débarquent en Californie pour y enregistrer leur premier album, produit donc<br />

par Michael Davis. Un premier album qui, bien sûr, n'est pas sans nous<br />

rappeler les fulgurances rock'n'soul du MC5, ce qui a dû raviver quelques<br />

putains de souvenirs chez Michael Davis... et le rajeunir d'une bonne<br />

trentaine d'années. Cet album est gorgé d'électricité, de puissance, d'énergie,<br />

avec en filigrane la même démarche semi-improvisée qui fit les belles heures<br />

du gang de Detroit. Je sais, on y revient toujours, mais la filiation est tellement<br />

évidente. Tellement évidente aussi la participation de Lisa Kekaula des<br />

Bellrays aux choeurs (le groupe américain fricotant dans les mêmes eaux<br />

troublées par les remugles du blues balancé à grands renforts d'une soul<br />

démembrée), tellement évidentes les reprises du MC5, d'Albert King (le<br />

blues, encore et toujours) ou de James Brown, sans parler du clin d'oeil à<br />

INTERNET<br />

Vous êtes fan de rock français ? Vous voulez savoir si vous possédez la<br />

discographie complète des Moissoneuses Batteuses ? Visitez la<br />

Discographie du Rock Français : http://euthanasie.propagande.org/<br />

@@@ On a beau être punk, on n'en vit pas moins avec son temps, le site<br />

de Doctor Teeth est ici : www.doctor-teeth.com @@@ Vous cherchez<br />

désespérément la dernière démo de Jacky Shane And The Bavarians<br />

pour votre petite soeur ? Téléchargez-là sur leur site : http://<br />

jsbavarians.free.fr @@@ Autre groupe, autre site, les Traîtres :<br />

www.lestraitres.com @@@ Un souvenir de votre concert préféré de<br />

l'année ? Une petite photo peut-être ? Allez faire un tour sur le site de Bibi<br />

"Konstroy" : http://profete.propagande.org/ @@@ Y a pas de disquaire<br />

branché vers chez vous pour trouver les disques Crash ? Pas de panique,<br />

internet est là, commandez-les directement chez le producteur :<br />

www.crashdisques.org @@@ La salle du Fahrenheit est en<br />

reconstruction (réouverture prévue en 2006). Pour patienter allez voir<br />

quelques photos, matez quelques vidéos ou écoutez quelques morceaux<br />

sur le site de l'asso : http://fahrenheitconcerts.free.fr @@@ Pour les<br />

ceusses qui, chaque printemps, vont faire leur pélerinage garage au festival<br />

Cosmic Trip à Bourges, revivez toutes vos émotions les plus intenses<br />

avec quelques jolies photos : http://www.alainmarie2.net @@@ Le<br />

magazine Rock And Roll Revue (country, rock'n'roll, rockabilly, blues) est<br />

désormais en ligne : www.rockandrollrevue.org @@@ Le groupe<br />

suisse Silver Dirt (voir chronique de leur démo ailleurs dans ce numéro)<br />

sur la toile : www.silverdirt.com @@@ L'Afrique Du Sud a au moins un<br />

groupe punk, il s'appelle Half Price, si vous voulez en savoir plus (photos,<br />

musique, etc) : www.drunkpunk.co.za @@@ Vous ne trouvez pas le<br />

livre, la BD ou le disque de vos rêves ? Essayez les Archives Bidard, ce<br />

serait bien étonnant qu'ils ne puissent rien faire pour vous :<br />

archivesbidard.free.fr @@@<br />

http://www.lvei.net<br />

Ce n'est pas<br />

parce que le<br />

fan-club<br />

français a<br />

cessé ses<br />

activités qu'il<br />

n'y a plus de<br />

fans des X-<br />

FILES dans<br />

notre beau<br />

pays. J'en<br />

veux pour<br />

preuve les<br />

lots de<br />

livres ou de<br />

magazines<br />

que j'ai<br />

récemment<br />

mis en<br />

vente sur<br />

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Led Zeppelin ("Come on baby") par exemple. Tout çà nous fait enjamber<br />

presque 4 décennies en moins de temps qu'il en faut pour lire ce disque. Une<br />

déflagration sonique qui avait été annoncée, quelques mois plus tôt, par un<br />

single d'un rock'n'soul salement punkifié pour le coup. Il est d'ailleurs<br />

intéressant de comparer ces 2 titres (l'original "Hear em' talkin'" et le "Born<br />

under a bad sign" d'Albert King) avec les versions qui figurent sur l'album<br />

(c'est sur ce même "Born under a bad sign" qu'on peut entendre Lisa<br />

Kekaula). Entre le son brut de décoffrage, quasi live, du single, enregistré<br />

dans leur local de répétition, et la production californienne de l'album (même<br />

si elle a su capturer toute l'énergie du gang), la différence est telle qu'on<br />

mesure bien le chemin parcouru par Dollhouse en très peu de temps. Signe<br />

majeur qui dénote un réel potentiel chez ces kids. A noter au passage que<br />

ce single est paru sur le label suisse Stigmate, drivé par Mauro Bozzi, qui<br />

est depuis devenu le guitariste du groupe suite au départ d'Andreas Heed.<br />

Dollhouse ça reste une affaire de famille. Et puisqu'on parle d'enregistrement<br />

à la maison, parlons enfin de la dernière démo du groupe (non ces mecslà<br />

n'ont aucune intention de s'endormir sur leurs lauriers), elle aussi mise en<br />

boîte dans leur local de répèt, qui nous propose de nouvelles versions de<br />

"Shangri la tiger" et de "I'm a man on the move" (2 titres de l'album), une reprise<br />

de "Shakin' all over" de Johnny Kidd, histoire de prouver, s'il en était besoin,<br />

que leur horizon musical est plus vaste qu'il n'y paraît de prime abord, et un<br />

inédit, "Won't let you down", le tout avec ce son rèche, sauvage et grinçant<br />

qu'ils développent sur scène. Un petit scoop pour finir ? OK ! Surveillez les<br />

prochaines sorties de la "442ème Rue", un split-single Electric Frankenstein/<br />

Dollhouse (avec un nouvel inédit pour ces derniers) est au programme<br />

bande de petits veinards.<br />

Ebay et qui sont partis sans coup férir. Autre preuve avec ce site, fait par<br />

un fan à n'en pas douter, surtout si on le mesure à la masse d'informations<br />

distillées au fil des centaines de pages. Un site qui s'articule notamment<br />

autour d'une énorme base de données. Quelques chiffres pour vous donner<br />

le vertige : les 202 épisodes de la série y sont détaillés, avec des infos sur<br />

324 acteurs (plus les scénaristes et réalisateurs) et 246 personnages, 848<br />

analyses sont proposées par divers contributeurs, ainsi que 194 scripts en<br />

VO et 113 en VF, sans compter les 13202 photos. Impressionnant non ?<br />

Accessoirement vous y trouverez aussi des infos sur un futur film "X-Files<br />

2", des articles et interviews glanés dans la presse du monde entier,<br />

l'inévitable page de liens (au cas où il vous manquerait la couleur du slip de<br />

Mulder dans le 10ème épisode de la saison 4), ou des dessins de fans (assez<br />

inégaux évidemment, mais quelques-uns sont très beaux, Mulder, Scully et<br />

les petits hommes gris se partageant l'essentiel de l'inspiration des<br />

dessinateurs). Bref vous en avez pour des heures, que dis-je des<br />

semaines, pour ingurgiter tout çà. Mais après çà vous serez incollable sur<br />

le sujet.<br />

http://users.skynet.be/asterixlegaulois<br />

Autre série culte, mais dans un autre domaine, celui de la bande dessinée.<br />

Je veux bien sûr parler d'Astérix le Gaulois créé par Goscinny et Uderzo.<br />

Et en l'occurence quoi de plus normal que de constater que ce site est belge,<br />

une fois ! Là encore il s'agit d'un must, d'un vrai travail de fourmi archiviste.<br />

Le webmaster a carrément décortiqué tous les albums d'Astérix pour en<br />

restituer un maximum d'informations. "Le monde d'Asterix" propose ainsi un<br />

court historique de la BD, avant de lister tous les personnages y apparaissant<br />

(avec un portrait succint pour les principaux, et surtout l'explication de tous<br />

les jeux de mots qui constituent leurs<br />

noms), de présenter les caricatures qui<br />

parsèment les albums (entre autres les<br />

Beatles, Bernard Blier, Sean Connery<br />

[inévitable Zerozerosix], Lino Ventura,<br />

Laurel et Hardy, Guy Lux, etc), de<br />

répertorier les clins d'oeil qu'on peut trouver<br />

dans d'autres BD (Lanfeust, Gaston<br />

Lagaffe, le Petit Spirou, Tintin, la Rubrique<br />

à Brac par exemple), d'essayer de donner<br />

la recette de la potion magique<br />

(personnellement je ne voudrais même<br />

pas y goûter... alors tomber dedans...), de<br />

repérer les anachronismes (et là y a du<br />

boulot). Une partie plus culturelle explicite les expressions latines (proférées<br />

le plus souvent par le vieux pirate à la jambe de bois), replace quelques<br />

allusions dans leur véritable contexte historique, une histoire rappelée grâce<br />

à quelques articles bien rédigés, sans oublier un petit lexique ou un annuaire<br />

des dieux gaulois et romains. Après tout çà vous aurez bien mérité de vous<br />

détendre avec quelques petits jeux créés par le webmaster (une bonne<br />

vingtaine en tout). Une excellente occasion de vous replonger dans vos<br />

vieux albums au hasard de vos découvertes sur ce site. Ils sont fous ces<br />

belges ! Tiens, au fait, saviez-vous que César les considérait justement, les<br />

belges, comme les plus terribles et les plus belliqueux de tous les gaulois<br />

? Non ? Alors relisez "La guerre des Gaules".


Les PRIMITIVES : Prehistoric songs (87-92) (CD, Mythos Prod<br />

Records)<br />

Je me souviens des Primitives lors d'un concert à Auxerre. C'était dans un<br />

bar du centre-ville il y a pas loin de 15 ans de çà, mais ce concert m'avait<br />

pourtant salement marqué. Primo parce que ce groupe donnait dans un<br />

rock'n'roll bon teint qui se baladait quelque part entre les early Dogs et les<br />

Flamin' Groovies, entre un power-rock énergique et un punk'n'roll hargneux<br />

et revigorant. Secundo parce qu'il dénotait d'un sens de l'à-propos absolument<br />

sidérant, attaquant son set par une reprise des Stones parce que c'est ce<br />

qui passait dans la sono à ce moment-là, ou calant une cover du "Roadrunner"<br />

de Bo Diddley en plein milieu parce que là aussi la sono reprenait, de manière<br />

involontaire, la bande-son d'un cartoon de Bip-bip et le Coyote. Merde, la<br />

classe quoi ! Le groupe n'aura pourtant sorti officiellement qu'un seul disque,<br />

un single (avec le fantabuleux "Adult sickness", un truc à mettre d'office sur<br />

vos cassettes de survie), plus 2 titres sur des compils, et un flexi à la<br />

diffusion ultra-confidentielle (et ça doit être un putain d'euphémisme). Pas<br />

grand-chose donc, et hélas ! de quoi soulever un paquet de regrets (dans<br />

mon cas au moins). Grâces donc soient rendues au label de Lisieux Mythos<br />

Prod pour nous permettre aujourd'hui de profiter de quelques titres<br />

supplémentaires (tous ceux évoqués plus haut sont bien sûr présents ici),<br />

à savoir des démos de 88 et 92 (mais avec un son qui tendrait à prouver<br />

que ces titres furent mis en boîte avec l'espoir de les faire paraître un jour)<br />

et une reprise du "Surfin' bird" des Trashmen capturée live au Jimmy de<br />

Bordeaux en 91. Certes on n'a là "que" 13 titres, mais c'est toujours mieux<br />

que les 5 "officiels" que je possédais jusqu'à présent. L'ensemble confirme<br />

que ce groupe savait faire tourner son power-rock'n'roll aussi efficacement<br />

que les petites mains de la Formule 1 leurs belles mécaniques de précision.<br />

Un rock'n'roll ciselé dans le matériau le plus pur, aux mélodies accrocheuses<br />

et rentre-dedans. Prehistoric songs peut-être, mais alors l'âge du fer plutôt<br />

que l'âge de pierre.<br />

HORACE PINKER : Texas One Ten (CD, Thick Records/Southern<br />

Records)<br />

On peut être punk et n'en pas moins aimer sa maman. Ce huitième album<br />

d'Horace Pinker en est un parfait exemple, puisqu'il s'agit d'un hommage long<br />

play à la mère du batteur, décédée en 2002. Comme l'explique Bryan Jones,<br />

sa mère, non seulement l'a toujours soutenu dans sa volonté de faire de la<br />

musique, mais fut également la fan numéro un du groupe de son fils. C'est<br />

donc peu après son décès qu'Horace Pinker commence l'enregistrement de<br />

ce disque... dont la conception durera finalement plus de 2 ans. Un album<br />

fortement introspectif vous vous en doutez puisque quasiment chaque<br />

chanson a été écrite en pensant à feue madame Jones, et à quelques<br />

épisodes de sa vie. Exercice facilité (si je puis dire) par le fait qu'elle<br />

considérait également les autres membres du groupe comme des fils<br />

adoptifs. Certes on n'est pas obligé de savoir tout çà pour apprécier cet<br />

album, au demeurant dans la droite lignée de ses prédécesseurs, à base<br />

de punk, d'emo, voire de légères teintes noisy, mais dès lors qu'on se penche<br />

sur chacun des titres on prend conscience de la manière toute particulière<br />

avec laquelle il a été conçu. On sait depuis longtemps que la musique (comme<br />

toutes les formes d'art d'ailleurs) peut se révéler être une efficace thérapie,<br />

on en a là une nouvelle preuve. Pour le coup on oublie pendant un moment<br />

que le Texas est l'état de ce bâtard de Bush et l'on se souvient que, comme<br />

partout ailleurs, peuvent aussi y vivre des gens attachants, même (et<br />

surtout) beaucoup plus anonymes.<br />

EPOXIES : Stop the future (CD, Fat Wreck Chords)<br />

Il en va du rock'n'roll comme du reste, tout n'est qu'un éternel recommencement,<br />

une histoire de cycles, de flux et de reflux, d'apogées et de déclins, de hauts<br />

et de bas. Et comme aujourd'hui tout a tendance à s'accélérer, il n'est guère<br />

surprenant de réentendre des choses qu'on avait découvertes il n'y a pas<br />

si longtemps. Prenez les Epoxies par exemple, voilà un groupe qui nous<br />

ressert une soupe déjà concoctée par des Devo, des B52's, des Blondie<br />

ou des Rezillos, à savoir une pop-new wave acidulée et adolescente propre<br />

à faire fondre les plus endurcis d'entre nous, propice à la drague en soirée<br />

estudiantine, apte à désinhiber les plus coincés et les plus réservés. Parce<br />

qu'il y a ça de bien avec les "revivals" c'est que, si c'est bien fait et bien<br />

assimilé, ça permet d'éradiquer les mauvais penchants de l'original. Comme<br />

on peut décemment supposer que les Epoxies ont grandi avec le punk mélo<br />

californien en guise de musique de chevet (ils sont de Portland, Oregon, juste<br />

au nord de San Francisco) ils ont donc abordé les quelques modèles cités<br />

plus haut avec ces références postérieures pour élaborer leur pop-new<br />

wave plutôt punky, et donc taper dans une énergie sucrée du meilleur effet.<br />

Cet album se révèle jouissif au possible, roboratif, frais, sautillant et<br />

hautement énergétique (songez qu'ils arrivent même à rendre une chanson<br />

de Scorpions, en l'occurence "Robot man", sympathique et écoutable,<br />

balèze non ?). Entre clichés sci-fi de série B et pop ludique les Epoxies nous<br />

sortent le grand jeu d'un futur gai et coloré, d'un quotidien en plastique et<br />

latex, d'une histoire en 3D et second degré (façon "Spy kids" de Robert<br />

Rodriguez). N'aime bien moi.<br />

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LOST DISCIPLES : Killer seducer (CD, Ravenstone Records - 32 rue<br />

Lannouron - 29200 Brest)<br />

Y a des signes qui ne trompent pas. Pour ma part, dès que je trouve dans<br />

ma boîte aux lettres une enveloppe expédiée par Ravenstone je me délecte<br />

déjà des quelques bons moments à venir, à écouter un nouveau Lost<br />

Disciples. Avant même de décacheter la chose, avant même d'enfourner le<br />

truc dans le lecteur, avant même que le zinzin n'ait balancé le premier accord,<br />

je sais déjà que ces mecs-là vont me réconcilier avec le rock'n'roll (parce<br />

que oui, j'avoue, y a des fois où le rock'n'roll, ou ce que d'aucuns prétendent<br />

être du rock'n'roll, me fout salement les boules, mais bon on ne va pas refaire<br />

le monde ici, y aura toujours les vrais, les purs, les durs, et y aura toujours<br />

les ersatz, les poseurs, les branleurs, dans le rock'n'roll comme ailleurs, fin<br />

de la digression). Ouais Lost Disciples font désormais partie de ces gangs<br />

dont je sais pertinemment qu'ils ont signé un pacte de sang (ça tombe bien<br />

la pochette du petit dernier est rouge du même tonneau) avec les pires<br />

démons des neuf enfers pour que ceux-ci leur donnent la force (côté obscur<br />

donc) de balancer ces riffs acérés et incisifs, ces accords brûlants et<br />

fiévreux, ces mélodies vicieuses et libidineuses, ces rythmiques reptiliennes<br />

et hypnotiques (références non usurpées pour eux qui disent se situer<br />

quelque part aux côtés de l'iguane Iggy Pop et du cuir noir du Lizard King<br />

Jim Morrison). Lost Disciples sont les serviteurs d'un chaos qui rameuterait<br />

autour de lui les derniers espaces de liberté créatrice, sans aucune espèce<br />

de considération pour la fatuité, la vacuité et l'inocuité. "Night shadows",<br />

"Rock'n'roll Frankenstein", "Desolation highway", "Wonderland losers",<br />

"Murder dances", "Dancing with the banshees", Lost Disciples nous<br />

proposent la bande-son de nos mythes urbains modernes, de nos<br />

cauchemars post-victoriens, de nos errances intimes, de nos rêves<br />

d'héroïsme désincarné. On rêverait d'entendre les crachats sonores de<br />

Lost Disciples sur les images d'outre-monde d'un David Lynch. Pour enfin<br />

faire un jour un vrai film rock.<br />

STARFIGHTER : Orion (CD, Kinky Star Records - Vlasmarkt 9 - 9000<br />

Gent - Belgique)<br />

Après avoir été le projet solitaire de Tim Brown, après avoir été un trio sur<br />

"Make a sex noise" l'album précédent, Starfighter est aujourd'hui un quatuor<br />

grâce à l'adjonction d'un second guitariste (Sebastian Omerson, par ailleurs<br />

également gratteux chez les voisins de label Dr Pepper Family). Non pas que<br />

ça change fondamentalement quoi que ce soit à la musique de Starfighter,<br />

sinon quelques parties de guitares un peu plus intenses qu'avant, puisque<br />

l'essentiel de la musique du groupe sort de l'imagination de Tim Brown. Qui<br />

consiste en diverses déclinaisons pop et rock. De la légèreté primesautière<br />

d'un "# 1 today" au puissant "Pretend and lie" le spectre musical visité par<br />

Starfighter est aussi vaste que les étendues sidérales induites par le nom<br />

du groupe comme par le titre de l'album. Parfois tendues, parfois<br />

baguenaudières, parfois intenses, les mélodies ciselées par Tim Brown et<br />

sa bande s'accrochent à votre inconscient aussi solidement que de la<br />

poussière d'étoile dans le sillage d'une comète. C'est bien foutu, calibré pour<br />

vous toucher au plus profond de vous-même, et aussi précis qu'un calcul<br />

de trajectoire pour navette spatiale. Sponsorisé par la NASA ?<br />

The SOVIETTES : LP III (CD, Fat Wreck Chords)<br />

Ne vous fiez pas à l'apparent j'm'en foutisme de ce groupe (nommer ses trois<br />

premiers albums LP I, LP II, LP III n'est certes guère original), les Soviettes<br />

n'en dégagent pas moins un punk-rock enjoué et eminemment dansant (on<br />

peut penser aux Briefs ou à nos Neurotic Swingers). En un véritable feu<br />

d'artifice les 14 titres de ce troisième opus claquent dans tous les coins, vous<br />

arrosant d'accords roboratifs et lysergiques, vous ensevelissant sous des<br />

kilotonnes de refrains accrocheurs et rentre-dedans, vous gratifiant de<br />

quelques-unes des meilleures punk-songs entendues depuis longtemps. Et<br />

je ne dis pas çà parce que le groupe est composé aux 3/4 de gisquettes<br />

toutes plus affriolantes les unes que les autres (de toute façon il est toujours<br />

plus agréable de regarder 3 jeunes et charmantes demoiselles que 3<br />

gratteux barbus et tatoués jusqu'aux dents, non ?), un argument auquel ma<br />

faiblesse naturelle m'a toujours fait succomber, mais bel et bien parce que<br />

tout ce petit monde dégage une aura de fraîcheur et de fébrilité apte à<br />

décoincer le plus hermétique freak de cette foutue planète. Je vous mets<br />

au défi de ne pas taper du pied à l'écoute de n'importe quel titre de ce disque,<br />

de ne pas chanter à tue-tête ces mélodies jouissives et régénératrices, de<br />

ne pas fondre devant tant de facilité et d'énergie (ou alors c'est que vous<br />

n'êtes pas humain, j'entends par là humain normalement constitué). De plus,<br />

non contents de nous exciter comme des puces avec ces tubes en<br />

puissance, les 4 musiciens des Soviettes n'ont rien trouvé de mieux que de<br />

chanter tous les 4, pour mieux renforcer le pouvoir évocateur de ce punkpop<br />

confondant d'aisance (certaines parties du chant féminin n'étant pas<br />

sans rappeler cette autre énervée de Texas Terri). Y en a qui ont tous les<br />

talents, c'en est désespérant.


The EXPLOSION : Black tape (CD, Virgin Records/EMI)<br />

Saloperie ! Je comprends pourquoi je n'achète jamais de CD équipés de leur putain de système anti-copie. Faut que je m'y reprenne à 3 ou 4 fois<br />

avant que mon lecteur accepte enfin d'attaquer la chose par la face Nord. Bon, l'avantage de faire un fanzine ou une émission de radio c'est de<br />

recevoir de la promo. Comme ce deuxième album de the Explosion. Que je n'aurais donc jamais acheté de moi-même. Ce qui, j'en conviens, aurait été<br />

fort dommageable pour ma discothèque, mais quand on a des principes... Parce que la musique de the Explosion est un foutu bon punk-rock qui<br />

gratte, qui décape, qui abrase, un punk-rock comme on en faisait avant l'avènement du hardcore... comme sûrement presque avant la naissance de<br />

nos 5 teigneux. D'ailleurs le Clash est régulièrement cité dans leurs interviews, surtout pour le côté conscient et concerné du groupe. Car la<br />

révolution n'est jamais bien loin dans les propos de the Explosion (calligraphie dactylo, livret en rouge et noir, symbolique marxiste pour une mise en<br />

forme Big Brother) qui, d'après leurs dires, et malgré leur passage sur une major, sont restés fidèles à l'esprit DIY. Soit ! Laissons-leur le bénéfice du<br />

doute. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que la concision et l'urgence de leurs titres semblent singulièrement déplacées dans une scène où le punk à<br />

roulettes et l'emo tiennent presque lieu de discours officiel (ce qui n'empêche pas un "Atrocity" d'avoir certains relents mélo, vite ravalés grâce à des<br />

"Deliver us" ou "Go blank"). Mais bon, leur avantage en la matière est peut-être d'être de Boston et non californiens, le clivage entre les 2 côtes<br />

américaines est bien réel, au moins autant qu'entre les 2 rives de l'Atlantique. D'ailleurs leur fixation quasi obsessionelle pour l'Angleterre présente<br />

déjà en soi les germes de la subversion dans une Amérique somme toute toujours bien conventionnelle..<br />

NO USE FOR A NAME : Keep them confused (CD, Fat Wreck Chords)<br />

Sont-ce les récentes escapades solos et acoustiques de Tony Sly qui déteignent sur la musique de No Use For A Name ? Sont-ce les presque 20<br />

ans d'existence du groupe qui commencent à faire sentir leur poids ? Sont-ce les prémices d'une tentative de "reconnaissance" qu'on sent poindre<br />

ici ? Toujours est-il que ce septième album affiche un net ralentissement de certains tempos (tempi ?). Certes on a toujours droit à quelques<br />

efficaces anthems de punk à roulette bien dégagés autour des oreilles, de ces machins qui vous font penser à quelque démonstration de BMX, où<br />

les lois de la gravité et de la pesanteur sont perpétuellement défiées au profit de figures stylistiques toujours plus osées et élaborées. Oui, No Use<br />

For A Name est toujours l'un des meilleurs représentants de ce punk mélo californien qui a entrepris sa conquête du monde à coups de refrains<br />

imparables et d'accords enjôleurs. Mais il y a aussi, désormais, dans la douzaine de titres nouveaux présentés ici, de solides mid-tempos qui n'ont<br />

pas grand-chose des virevoltes habituelles, et on peut même compter une paire de slows (oui, vous avez bien lu, des slows) qui, évidemment, nous<br />

font nous interroger sur le devenir du groupe (et je ne parle même pas de la présence de synthés, ceux-ci pouvant se révéler aussi excitants que<br />

chiants selon l'usage qu'on en fait). Alors oui il est permis de s'interroger, No Use For A Name ont-ils encore un avenir punk, ou bien vont-ils à leur<br />

tour rentrer dans le rang ? A suivre... En attendant les 3/4 de cet album s'écoutent encore sans problème dans les partys de fin d'année. Profitonsen<br />

donc. Demain est un autre jour.<br />

LAST EXIT TO POITIERS - TRIBUTE TO SEVEN HATE (CD, Buzz Off Records - 33 rue de la République - 94220 Charenton/HB Records/<br />

Overcome Distribution)<br />

Il était sur les rails depuis un petit moment ce tribute à Seven Hate. Depuis l'arrêt programmé du groupe en fait. Finalement il n'aura pas trop tardé, ce<br />

qui n'est déjà pas un mince exploit quand on sait que ce genre de projet n'est jamais des plus faciles à faire aboutir. Or donc ils sont 19 à rendre<br />

hommage à l'un des groupes phares de la scène punk-mélo française qui aura fait des 90's et des premières années de ce siècle nouveau une<br />

période somme toute plutôt faste pour le rock (pour généraliser) made in Ici. Ca n'a l'air de rien comme çà, mais les poitevins auront quand même<br />

influencé un paquet de gangs un peu partout dans notre bel hexagone, dont on retrouve la fine fleur sur ce disque : Lost Cowboy Heroes (avec 2 ex<br />

Second Rate qui furent à leur manière au moins aussi influents que Seven Hate), Dead Pop Club (c'est Olivier, le chanteur, qui est à l'origine de ce<br />

tribute), les Pookies, Flying Donuts ou Homeboys (qui viennent, hélas ! de splitter eux aussi). Mais l'attrait de ce genre d'ouvrage est aussi de croiser<br />

des groupes dont la matière première habituelle n'est pas forcément coulée dans le même creuset. Et à ce petit jeu il faut bien admettre que la plupart<br />

s'en tirent magistralement comme Dickybird (au passage souhaitons qu'ils arrivent un jour à caser leur hommage aux Thugs fait dans le même esprit),<br />

Uncommonmenfrommars (et leurs demi-frères Sons Of Buddha), Sleeppers (apparus en même temps que les savonnettes, mais toujours aux<br />

affaires eux), Liquid Team (qui, malins, se sont accaparés ce tube ultime qu'est "Song for lardons") ou Unlogistic. La carrière exemplaire de Seven<br />

Hate méritait bien ce coup de chapeau (euh pardon, de casquette) de la part de confrères qui, sans nulle doute, ne les oublieront pas de sitôt. Nous<br />

non plus d'ailleurs. On joue même les prolongations avec ce tribute, pour une fois que le sport nous offre une métaphore positive...<br />

The MELVINS : Mangled demos from 1983 (CD, Ipecac Recordings/<br />

Southern Records)<br />

Jello BIAFRA with the MELVINS : Never breathe what you can't see<br />

(CD, Alternative Tentacles Records - P.O. Box 419092 - San Francisco,<br />

CA 94141 - USA)<br />

2 disques enregistrés à 20 ans d'écart mais la même preuve que les Melvins<br />

sont, malgré certaines apparences et malgré des albums parfois sacrément<br />

barrés, un foutu bon groupe punk. Je sais, c'est pas forcément évident à<br />

croire, mais c'est ainsi. Ceux qui furent et restèrent, contre vents et marées,<br />

le groupe préféré de Kurt Cobain (Buzz Osborne, Chris Novoselic et Kurt<br />

étaient d'ailleurs des amis d'enfance dans leur bled paumé de l'état de<br />

Washington) squattent donc les bacs à disques et les colonnes des<br />

magazines punks avec ces 2 albums apparemment antinomiques, mais qui<br />

n'en présentent pas moins un cousinage évident. "Mangled demos from<br />

1983" est en fait ce qui aurait dû être le premier album du groupe. Enregistré<br />

alors que le groupe balbutiait encore pas mal il a l'énorme avantage de nous<br />

donner à entendre le gang dans sa formation originale, c'est-à-dire avec le<br />

batteur Mike Dillard qui quittera finalement ses petits camarades avant que<br />

ceux-ci ne sortent officiellement leur première galette, après avoir été<br />

rejoints par Dale Crover (qui fut au passage l'un des batteurs de Nirvana,<br />

on n'en sort pas). Pourquoi ce disque n'est-il jamais sorti à l'époque ? Buzz<br />

Osborne lui-même n'avance aucune explication. Peut-être tout simplement<br />

parce que personne n'en a voulu. Faut dire que le truc est brut de décoffrage.<br />

Le punk des Melvins, en 1983, est pour le moins primitif, abrasif et extrêmiste.<br />

Et comme le son (la faute sûrement à un studio qui, s'il était bon marché, n'était<br />

certainement pas ce qu'on pouvait trouver de mieux en la matière) est pour<br />

le moins crapoteux et organique, on devine aisément que les labels ne<br />

devaient pas se bousculer pour produire un truc qui avait certes beaucoup<br />

de qualités mais en tout cas pas celle d'être commercial, et c'est un<br />

euphémisme. Avec le recul on sent bien les Melvins influencés tant par les<br />

fantômes des Sex Pistols ou des Stooges que par les exactions<br />

contemporaines de Black Flag, des Dead Kennedys ou de Circle Jerks (entre<br />

autres). Les titres sont incandescents, brutaux, crades. Ils montrent un<br />

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groupe qui n'a guère qu'une préoccupation, expurger sa rage de vivre et<br />

sa haine d'un quotidien peu reluisant. On devine que tout çà a été enregistré<br />

d'un seul jet (ils n'avaient pas les moyens de faire plusieurs prises), par un<br />

groupe pas forcément prêt (il y a pas mal d'instrumentaux et certains<br />

morceaux portent le même titre ou n'en ont pas du tout) mais qui n'en avait<br />

pas moins les couilles de croire que ça suffirait à conquérir le monde. Belle<br />

insouciance de la jeunesse. Au moins Buzz Osborne avait-il gardé ces<br />

bandes au chaud, et je l'imagine bien sourire ironiquement à la bonne farce<br />

qu'il vient de nous faire en faisant paraître ce disque aujourd'hui. Mais,<br />

finalement, ça reste dans la droite ligne de l'attitude melvinesque : prendre<br />

toujours le monde à contre-pied.<br />

Et dans le genre l'album qui voit le grand retour de Jello Biafra aux affaires<br />

punk, accompagné donc par les Melvins, est digne du même esprit retors<br />

qui préside aux destinées de la bande à Buzz. Pour le coup on voit bien ces<br />

deux là, le Jello et le Buzz, se délecter d'avance du sale coup qu'ils portent<br />

aux 3 autres ex Dead Kennedys. On sait que la justice leur a attribué le droit<br />

d'utiliser le nom de Dead Kennedys au détriment de Biafra, aussi ne fautil<br />

guère s'étonner de la réaction de ce dernier. Il allait montrer au monde qu'il<br />

est encore capable de porter haut et fort le discours virulent du punk et du<br />

hardcore. Parce que, évidemment, le bonhomme est toujours aussi remonté<br />

contre la société américaine et ses hommes politiques (et comme on ne peut<br />

plus rien faire contre Bush c'est désormais contre Schwarzenegger qu'il<br />

dirige son agressivité). Les textes de Jello Biafra sont toujours aussi<br />

engagés, militants et revendicatifs ("Yuppie Cadillac", "Islamic bomb", "The<br />

lighter side of glabal terrorism"), et sa manière de chanter n'a rien perdu de<br />

son énérgie et de sa rage. Derrière, les Melvins ramonent comme des<br />

perdus, soutenant papy Biafra par de solides riffs de guitares, bien épais,<br />

bien cimentés, bien droits dans leurs bottes. C'est sûr que là, s'il leur venait<br />

l'idée d'enregistrer un nouveau disque à 3 ou avec un nouveau chanteur,<br />

les Dead Kennedys pourraient ramer pour s'accrocher au bateau. Par<br />

contumace le père Biafra vient de leur coller une taloche bien placée et bien<br />

sonore. Y a pas à dire ce mec-là, de par son passé ou ses actions présentes,<br />

mérite le respect.


FURY FEST - LE MANS (24-25-26 juin 2005)<br />

Après avoir connu quelques mésaventures à 3 semaines de sa tenue<br />

(essentiellement pour des raisons de sécurité) le Fury Fest 2005 a quand<br />

même, finalement, déversé son lot de décibels pendant 3 jours. Faut dire que<br />

cette année le programme était particulièrement alléchant, on y reviendra en<br />

détail. Premier contact avec ce Fury Fest... 2 heures d'attente en plein soleil<br />

pour obtenir mon accréditation presse. Manifestement, au niveau<br />

organisation, c'est un peu débordé, et c'est un euphémisme. Du côté des<br />

caisses public ça ne semble guère aller mieux. Aïe ! Ca commence mal.<br />

Surtout que cette attente prolongée me fait déjà louper<br />

Uncommonmenfrommars. Mal barré me dis-je en mon for intérieur à<br />

moi-même. Mais au final, sur les 3 jours, et sur la petite centaine de groupes<br />

programmés, je réussirai néanmoins à en voir 42. Honnête moyenne je<br />

pense.<br />

Plantons le décor tout d'abord. C'est donc dans l'enceinte du Parc des<br />

Expositions du Mans que se déroule ce Fury Fest. Apparemment aux portes<br />

du circuit des 24 Heures à en juger par les bâtiments qui entourent le lieu.<br />

3 salles de concert, 1 petite, la Velvet, et 2 grandes, la Main, une rotonde<br />

qui aura pour constante tout au long des 3 jours d'offrir un son relativement<br />

pourri (à tel point que pour certains groupes on entendait mieux de l'extérieur<br />

qu'à l'intérieur), et la dernière (sans nom) qui verra défiler les grosses<br />

pointures du festival (ici le son était excellent, par contre c'est la scène qui<br />

était un peu basse d'où certaines difficultés, en cas de grosse affluence,<br />

pour voir les groupes. Ces 3 salles entouraient un quatrième hall réservé<br />

aux stands (disques, fringues, tatoueurs, matériel, etc) et au quartier VIP<br />

(en gros les groupes et la presse). Ce hall se révèlera parfois un relatif havre<br />

de paix quand les oreilles seront trop saturées de décibels (un petit salut<br />

au passage au stand Mass Prod).<br />

Mais bon l'essentiel restait quand même la musique. Un petit survol de ce qui<br />

m'a marqué, intéressé et fait vibrer.<br />

Right For Life me serviront donc d'appéritif, avant de découvrir les boules<br />

de nerfs de Walls Of Jericho, première divine surprise pour moi qui ne les<br />

avait jamais vus sur scène. Et d'enquiller aussitôt sur la première grosse<br />

pointure du festival, Sick Of It All. Je ne suis pas le seul à apprécier le<br />

hardcore bastonneur des new-yorkais. Le lendemain beaucoup en parlaient<br />

encore. Comme chaque groupe a un temps relativement réduit pour jouer<br />

(une demi-heure à une heure selon la notoriété), chacun a revu son set pour<br />

en extraire le plus direct et le plus percutant. Sick Of It All ne déroge pas à<br />

la règle, alignant les hits (de "Scratch the surface" au récent "Relentless")<br />

avec énergie.<br />

Derrière 999 (que j'avais vu un mois auparavant à Paris) passeront<br />

néanmoins l'épreuve avec conviction. Les papys ont encore de sacrés<br />

beaux restes. Mais les anglais ne serviront qu'à me faire patienter en<br />

attendant ceux pour qui j'avais fait le déplacement, à savoir Jello Biafra et<br />

les Melvins. Honnêtement je ne pensais jamais voir Biafra sur scène un<br />

jour. Ce concert au Fury Fest sera d'ailleurs leur seule et unique apparition<br />

européenne. Et je n'ai pas été déçu. Ah ça non ! Le bonhomme Biafra est<br />

toujours aussi remonté contre le système américain et ses hommes<br />

politiques. Arnold Schwarzenegger est désormais sa cible privilégiée (pour<br />

lui il a même remanié "California über alles", qui, avec "Holiday in Cambodia",<br />

seront les seuls titres des Dead Kennedys qu'il chantera), ce que tout le<br />

monde (dès lors qu'il parle un peu anglais) pourra comprendre, Jello Biafra<br />

faisant l'effort de parler assez lentement et fort distinctement pour être sûr<br />

que son message passe bien. Derrière le trublion les Melvins assurent le bout<br />

de gras comme si leur survie en dépendait. On avait déjà pu se délecter de<br />

l'album paru l'an dernier (voir chronique ailleurs dans ce numéro), sur scène<br />

c'est évidemment encore plus énorme. Les Melvins qui se révèlent décidément<br />

un foutu bon groupe punk, tout simplement. Bref, j'étais venu pour eux, j'ai<br />

vu, et j'ai été plus que convaincu. Pour clore ce premier jour, les suédois de<br />

Millencolin et leur punk à roulettes endiablé s'en tireront haut la main<br />

(dommage qu'ils aient tant insisté avec leurs références à des joueurs de<br />

foot, ça en devenait gonflant entre les morceaux), avant de laisser la place<br />

à Anthrax pour un final en apothéose (et l'inévitable reprise de "Antisocial"<br />

de Trust). Succès garanti auprès du public.<br />

Le second jour démarrera avec le punk de Nevrotic Explosion. Suivra<br />

Inside Conflict, dont c'était là l'avant dernier concert, le groupe ayant<br />

décidé d'arrêter. Ils ne pouvaient rêver meilleur cadre pour des adieux. Puis<br />

place à nouveau aux grosses machines hardcore américaines avec H2O<br />

qui clôturaient ici leur tournée européenne commune avec Madball (le<br />

chanteur de ces derniers viendra d'ailleurs en pousser une petite avec eux<br />

en final). Une petite bouffée d'oxygène ensuite avec l'irish punk de Flogging<br />

Molly, qui passaient hélas dans la main stage ce qui n'était pas des plus<br />

adaptés pour donner tout leur sens à leur violon, accordéon et autre flutiau.<br />

Heureusement l'énergie du groupe a fait l'essentiel. Retour à l'autre grande<br />

salle pour Madball donc. Un show tout en force et en punch qui prouve que<br />

les gonzes ont de l'énergie à revendre. Gros son et présence impressionnante.<br />

Du coup, le retour à la Velvet stage pour the Business sera un peu<br />

pâlichon, surtout que le groupe semble avoir nettement viré hooligan et ne<br />

jure plus que par le foot (et vous l'aurez compris, je déteste le foot). On ne<br />

peut pas être et avoir été. International Noise Conspiracy se charge de<br />

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me faire oublier les anglais. Même si les suédois dénotent un peu au milieu<br />

de tous ces métalleux et hardcoreux ils bénéficient justement d'un accès<br />

de curiosité de la part d'un public qui n'était certainement pas venu pour eux.<br />

Malheureusement, dans la main stage, leur punk-garage sera desservi par<br />

un son pour le moins approximatif. On attaquera le dernier carré bruitiste du<br />

jour avec Turbonegro. Le glam-trash des norvégiens est salement jouissif<br />

et sauvagement rutilant, quelle baffe. Du coup, derrière, Lofofora (que je<br />

n'avais pas vu sur scène depuis une bonne douzaine d'années) seront<br />

assez décevants, me faisant l'effet d'un groupe qui assure le minimum<br />

syndical pour un public conquis d'avance. Il n'y a plus cette folie des débuts,<br />

c'est une évidence. Pas comme chez Exploited. Malgré un problème de<br />

basse, Wattie et sa bande sont aussi punks qu'il y a 25 ans, aussi teigneux<br />

et aussi enragés, avec des hymnes tels que "Sex & violence" ou "Punk's<br />

not dead". Accessoirement ils seront les seuls de ceux que j'ai vu à passer<br />

outre la sécurité et à permettre à quelques jeunes et jolies gisquettes de<br />

monter danser sur scène avec eux. Pour finir Megadeth sera l'une des plus<br />

grosses déceptions du week-end. Malgré ses airs de matamore et sa<br />

réputation de teigne, Dave Mustaine n'est qu'un hardos comme les autres,<br />

alignant les solos chiants et les morceaux sans âme. Bof !<br />

Le dernier jour s'ouvre sur une bonne tranche de rock'n'roll avec les belges<br />

de Judasville. On parle beaucoup un peu partout, en bien, et on a raison.<br />

Du coup, malgré le timing serré, je reste pour voir le set en entier, emballé<br />

que je suis. Ce qui, en contrepartie, ne me permet de voir qu'un quart d'heure<br />

d'Anti-Flag (faut faire des choix dans la vie). Dommage tant les punks-pois<br />

sauteurs semblent défier les lois de l'apesanteur. Un punk bon enfant et<br />

débridé avant la déflagration 25 Ta Life. Le groupe le plus tatoué de ce côtéci<br />

du hardcore bastonne sévère et Rick, le chanteur, passera une bonne<br />

partie du show à surfer sur le public. Costaud. Et qui n'arrange pas les<br />

affaires de Black Bomb A qui lui succéde sur la scène de la main stage.<br />

Même si les français s'en sortent plutôt bien dans ce format étriqué. Ils<br />

joueront même la surprise avec une reprise du "Beds are burning" de<br />

Midnight Oil", fallait oser. Bien vu. Eux aussi sont sur la brèche depuis 25<br />

ans, on les considère comme les pères du grindcore, leur dernier album est<br />

une tuerie, et Napalm Death n'usurperont en rien leur réputation de<br />

sauvagerie et de puissance. Mieux même, le son pas terrible de la main stage<br />

leur sera un atout supplémentaire pour achever les dernières oreilles encore<br />

intactes de l'assistance. Napalm Death c'est tellement extrême que le<br />

chanteur a failli ne pas finir le show, victime de la chaleur suffocante. Leur<br />

reprise du "Nazi punks fuck off" des Dead Kennedys sera l'un des temps<br />

forts d'un set hautement chaotique. Rah lovely ! Dans l'autre grande salle<br />

Obituary balancera ensuite ses accords lourds comme de l'acier plombé.<br />

Les chevelus de Tampa ne sont pas des tendres. Pas plus que les Misfits,<br />

qui nous gratifieront d'un concert et demi. Les gus furent tellement rapides<br />

pour faire leur semblant de balance que, en attendant l'heure de début de<br />

leur set (au passage signalons la prouesse des différents staffs techniques,<br />

tous les horaires ont été tenus presque à la minute près tout au long du week<br />

end) ils feront une demi-douzaine de morceaux comme çà, pour le plaisir.<br />

Malheureusement, les Misfits seront parmi les groupes les plus pénalisés<br />

par la bouillie sonore de la main stage. Vraiment dommage parce que sinon<br />

c'est évidemment du grand rock'n'roll qui saigne et qui gicle. Juste après,<br />

dans l'autre grande salle, c'est Mötörhead qui aligne ses Marshall comme<br />

à la parade. Que voulez-vous que je vous dise sur le groupe de Lemmy ?<br />

L'un des meilleurs foutus gangs de toute l'histoire du rock. De toute façon,<br />

en ce qui concerne Mötörhead, je ne peux pas être objectif. Le groupe<br />

assure le biftek avec efficacité, alignant les anciens morceaux ("Overkill",<br />

"Metropolis", "Ace of spades") et torchant les nouveaux avec la même<br />

fougue. Malgré le timing ultra serré, et le fait que, finalement, ils se retrouvent<br />

à faire la première partie de Slayer, Lemmy et sa bande imposeront<br />

carrément 2 rappels. Rock'n'roll quoi ! En attendant que les Marshall de<br />

Mötörhead laissent la place à ceux de Slayer, retour pour la dernière fois<br />

dans la main stage pour le set de Pennywise. Evidemment, la programmation<br />

les ayant calé entre les 2 autres monstres, leur punk mélodique ne peut<br />

s'apprécier à sa juste valeur. Peut-être que les californiens s'en doutaient<br />

d'ailleurs, je les ai trouvés un peu réservés. L'immense majorité du public était<br />

venu pour eux, ça faisait 3 jours que tout le monde piaffait en les attendant,<br />

inutile de vous dire donc que la grande salle était bondée quand Slayer est<br />

monté sur scène pour clore ce Fury Fest. Une machine redoutable que ce<br />

gang-là, avec son speed-metal plus rapide qu'une Ferrari dopée au<br />

nitrométhane. Apothéose chevelue et électrique d'un festival qui va devoir<br />

s'arracher tripes et boyaux pour proposer, l'an prochain, une affiche digne<br />

de celle-ci. Mais faisons confiance à cette équipe qui, malgré quelques bugs<br />

(inévitables si l'on considère l'ampleur du boulot accompli), permet à<br />

quelques milliers de personnes de faire le plein de décibels pour une année<br />

complète.<br />

See you next year ?<br />

LE LE MANS MANS ÜBER ÜBER ALLES<br />

ALLES

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