L'EXPLOITATION DE LA PROSTITUTION : UN ... - Fondation Scelles
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Laura D., étudiante et<br />
prostituée, France<br />
« Quand on se prostitue<br />
une fois, on souffle<br />
financièrement. Mais ça<br />
crée une addiction à<br />
l’argent. Donc, quand le<br />
porte-monnaie est vide,<br />
on repense à cette<br />
solution. Y penser,<br />
c’est déjà être dans<br />
l’engrenage ».<br />
D’autres jeunes filles sont prises dans des gangs de rue, une forme de<br />
délinquance bien connue au Canada qui gagne progressivement les pays<br />
européens. Les jeunes filles victimes de ces gangs ont souvent entre 13 et<br />
16 ans et viennent de tous les milieux sociaux. Elles sont vulnérables, rêvent<br />
d’amour et d’argent, elles se laissent séduire par de jeunes beaux parleurs<br />
qui feront d’elles des esclaves sexuelles bafouées et sans argent. Dans le<br />
réseau de prostitution du gang dit Wolfpack, démantelé par la police de<br />
Québec en 2003, une trentaine des jeunes filles prostituées avaient moins<br />
de 14 ans.<br />
Il est difficile d’évaluer l’ampleur de cette prostitution de mineurs, illégale<br />
et par là-même clandestine. Si l’on en croit un travailleur social canadien, le<br />
phénomène est alarmant : « les jeunes vont souvent vivre leur première<br />
sollicitation vers 8/9 ans ». Mais le plus grave est peut-être ailleurs : s’il y a<br />
un «marché» d’enfants prostitués, c’est parce qu’il existe une demande...<br />
3. NOUVELLES FORMES : <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>PROSTITUTION</strong> <strong>DE</strong> SURVIE<br />
AU TROC...<br />
Avec l’apparition des filières de traite et plus encore, avec le développement<br />
des nouvelles technologies, l’image traditionnelle de la prostitution a<br />
profondément évolué. Les lieux de prostitution se sont multipliés. A côté de<br />
la prostitution de rue, une prostitution cachée s’est installée dans les salons<br />
de massage, les bars à hôtesses, les maisons closes (légales ou non suivant<br />
les pays), les agences matrimoniales, et surtout, internet...<br />
Grâce à internet, rien de plus facile que de publier une annonce, des photos<br />
dénudées et de vendre son corps pour quelques billets, dans la discrétion<br />
et l’anonymat. Aujourd’hui, un nombre croissant de femmes jeunes, parfois<br />
très jeunes, mais aussi d’hommes utilisent ce moyen pour arrondir leurs fins<br />
de mois. Dans une société où le sexe s’affiche partout (publicité, télévision,<br />
clips...), la prostitution apparaît de plus en plus souvent comme un recours<br />
possible à une situation difficile et beaucoup n’hésitent plus à franchir le<br />
pas, « juste pour dépanner ».<br />
Combien sont-ils ? On l’ignore. On commence à peine à les identifier. Ce<br />
sont des étudiantes qui peinent à assurer leurs études, des chômeuses ou<br />
des salariées aux fins de mois difficiles, ou même des femmes qui ont un<br />
emploi régulier parfois bien rémunéré... Ce sont aussi des hommes, toujours<br />
plus nombreux, qui vendent leur corps à d’autres hommes et, depuis<br />
peu, à des femmes qui revendiquent leur « droit » à une sexualité tarifée...<br />
On estime que, dans certaines grandes villes françaises, un tiers des<br />
personnes prostituées seraient des hommes. Ils seraient 3 000, pour la<br />
FONDATION SCELLES L’exploitation de la prostitution : un fléau mondial 10