L'EXPLOITATION DE LA PROSTITUTION : UN ... - Fondation Scelles
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BUSINESS ET<br />
CRIMINALITÉ ORGANISÉE<br />
Agnès<br />
“Je m’en suis sortie de<br />
la seule façon possible:<br />
en dénonçant mon<br />
proxénète.<br />
Depuis que j’ai retrouvé<br />
la liberté, je n’ai cessé<br />
de m’interroger sur tout<br />
ce que j’avais pu voir,<br />
apprendre, connaître,<br />
accepter.<br />
J’ai surtout tenté<br />
d’analyser pourquoi et<br />
comment on pouvait<br />
un jour devenir une<br />
esclave consentante,<br />
une prostituée et fière<br />
de l’être. (...)<br />
Une prostituée n’a pas<br />
à expier, ni à se<br />
racheter. Elle n’est<br />
coupable que d’avoir<br />
été victime.<br />
Personne n’est à l’abri<br />
d’un faux pas, d’une<br />
faiblesse. Les coupables,<br />
ce sont tous les<br />
exploiteurs, les proxénètes,<br />
les clients et<br />
peut-être un peu nous<br />
aussi...<br />
Il faudrait peut-être y<br />
penser plus souvent.”<br />
Ulla<br />
“Le véritable drame,<br />
c’est éventuellement<br />
les maisons closes:<br />
revenir en arrière pour<br />
légaliser la prostitution,<br />
c’est légaliser le<br />
proxénétisme!”<br />
La prostitution est aujourd’hui une véritable industrie d’échelle<br />
mondiale, une industrie déshumanisée dans laquelle la personne<br />
prostituée, telle une marchandise sexuelle, fait l’objet de<br />
transactions commerciales entre clients et proxénètes. Et cette industrie,<br />
comme n’importe quelle autre industrie mondialisée, fonctionne avec<br />
des marchés, une offre, des flux et des enjeux financiers, des profits...<br />
Bref, c’est un business !<br />
1. LES PROFITS <strong>DE</strong> L’INDUSTRIE <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>PROSTITUTION</strong><br />
Un proxénète installé en Europe gagne approximativement 110 000<br />
euros par an pour une fille. On estime en France qu’une prostituée<br />
rapporte entre 460 et 762 euros par jour à « son » proxénète et qu’un<br />
réseau contrôlant une douzaine de femmes peut faire jusqu’à 9 100 euros<br />
par jour. Lors du récent procès d’un réseau de jeunes femmes roumaines<br />
prostituées à Lyon, il a été révélé que près de 650 000 euros avaient été<br />
acheminés vers la Roumanie, entre avril 2004 et août 2005.<br />
Un profit considérable pour des coûts limités... Un proxénète achète une<br />
fille pour une somme variant entre 300 et 500 dollars. Autant dire que<br />
ses frais sont remboursés en une journée ou moins ! Et d’autant mieux<br />
remboursés que cette marchandise humaine, contrairement à d’autres<br />
biens criminels (drogue, armes), peut être vendue plusieurs fois.<br />
L’industrie de la prostitution est une machine énorme qui brasse des<br />
sommes considérables. On est très loin de la vision du proxénétisme<br />
« convivial » véhiculée par certains médias. Aujourd’hui, l’industrie du<br />
sexe est entre les mains de la criminalité organisée : entre 76 et 100% des<br />
entreprises du sexe légales ou illégales seraient contrôlées, financées ou<br />
soutenues par le crime organisé.<br />
La traite des êtres humains serait aujourd’hui le troisième trafic criminel<br />
dans le monde, le trafic criminel le plus rentable après celui des armes et<br />
celui des drogues. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) affiche<br />
des chiffres encore plus considérables : la traite à des fins d’exploitation<br />
FONDATION SCELLES L’exploitation de la prostitution : un fléau mondial 15