L'EXPLOITATION DE LA PROSTITUTION : UN ... - Fondation Scelles
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plupart d’origine roumaine et bulgare à se prostituer à Berlin. A Bruxelles,<br />
un tiers de la prostitution serait masculine.<br />
Ces femmes et ces hommes prostitués se disent occasionnels et invoquent<br />
le recours à la prostitution comme un secours ponctuel. Mais l’occasion<br />
devient souvent régulière. Ces personnes sont vite piégées dans la<br />
dépendance de l’argent rapidement gagné, quand elles ne sont pas prises<br />
en main par des réseaux en quête de nouveaux visages sur la toile.<br />
A côté de ces formes de prostitution cachées et prétendument<br />
occasionnelles, émergent d’autres pratiques, peut-être plus dangereuses<br />
parce qu’elles ne s’affichent pas comme de la prostitution. C’est ce que nous<br />
appellerons une « prostitution-troc ».<br />
A la faveur de la crise du logement, un type d’échange particulier s’est en<br />
effet imposé : appartement contre « services ».<br />
Pas de bail, pas de loyer numéraire, mais en échange d’un appartement<br />
ou d’une colocation, un propriétaire propose quelques « rencontres »,<br />
des « week-ends de sexe », « lit commun », ou quelques « mises en scène<br />
excitantes »...<br />
Rien d’illégal dans l’affaire : la prostitution n’est pas interdite, seul le<br />
site internet ou le journal gratuit qui publie ce type d’annonces peut être<br />
poursuivi pour proxénétisme ; mais ces sites sont souvent hébergés<br />
à l’étranger et les annonces libellées de manière prudente et discrète.<br />
On pourrait ne voir là qu’un épiphénomène, lié au contexte économique et<br />
social. Peut-être, si ce type d’échange n’était pas en train de se diffuser<br />
rapidement, en particulier parmi une population jeune. En effet, on<br />
constate que des jeunes, pas toujours issus de milieux défavorisés, sont<br />
prêts à accepter des relations sexuelles contre des biens non monétaires :<br />
cadeaux, logement, drogue ou encore protection de leur bande.<br />
En Italie, des jeunes filles, parfois encore adolescentes, proposent sur<br />
internet des stripteases via webcam en échange d’une recharge de<br />
téléphone portable. Selon le montant de la recharge, la durée du striptease<br />
diffère : 10 euros pour 15 minutes, 20 euros pour 20 minutes et 30 euros<br />
pour 50 minutes. D’autres donnent accès à leurs photos de charme ou une<br />
conversation érotique contre 5 euros de carte téléphonique.<br />
La plupart ne reconnaissent pas dans ces relations des pratiques<br />
prostitutionnelles mais plutôt une forme de « débrouille » rapide et,<br />
selon eux, sans conséquences pour se procurer des biens convoités. Ces<br />
pratiques, de plus en plus répandues, mettent en lumière la<br />
banalisation d’une conception marchande de la sexualité par un certain<br />
nombre de jeunes. De fait, la pornographie fait partie du quotidien de ces<br />
jeunes.<br />
FONDATION SCELLES L’exploitation de la prostitution : un fléau mondial 11