L'EXPLOITATION DE LA PROSTITUTION : UN ... - Fondation Scelles
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D’autant plus que l’industrie du sexe dans son ensemble, légale ou<br />
illégale selon les pays, au degré de développement atteint aujourd’hui,<br />
contribue au revenu national et à la croissance des Etats. Que l’on songe<br />
seulement au nombre de personnes gravitant autour de cette industrie :<br />
autour de la production de films, de vidéos, de revues ou de photographies<br />
pornographiques, autour des éros-centers, des bars à hôtesses, des<br />
téléphones roses... Sans oublier toutes les professions liées au<br />
tourisme sexuel qui touchent une population très large (chauffeurs de<br />
taxis, serveurs et autres intermédiaires, jusqu’aux chaînes hôtelières,<br />
compagnies de transports... ). Aujourd’hui, aux Pays-Bas, le tourisme<br />
sexuel correspondrait à 5 % du Produit Intérieur Brut (PIB). En Indonésie,<br />
les revenus liés à la prostitution s’élèveraient à 2 % du produit du pays et<br />
à 14 % en Thaïlande.<br />
C’est une évolution que les Etats ne cherchent pas toujours à endiguer,<br />
préférant même développer des politiques qui favorisent le tourisme et exploitent<br />
la situation actuelle, plutôt que d’envisager des politiques d’éducation<br />
et de santé. Les instances internationales vont même jusqu’à les encourager<br />
dans cette voie. Ainsi, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International<br />
(FMI) ont accordé des prêts à des pays comme la Thaïlande et les Philippines,<br />
à condition qu’ils développent l’industrie du tourisme de divertissement.<br />
Comme le souligne le sociologue Richard Poulin, spécialiste de la question,<br />
« ce n’est pas à des Disneyland qu’on pensait ! ».<br />
En 1998, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) poussait même<br />
le cynisme jusqu’à affirmer dans un rapport que l’industrie du sexe en<br />
Asie du Sud-Est était un ferment de développement pour l’économie<br />
locale : « outre les prostituées elles-mêmes, les revenus que génère<br />
l’industrie du sexe font vivre des millions de travailleurs », expliquait-on.<br />
« Malgré l’opprobre et le danger qui le caractérisent, le travail sexuel rapporte<br />
beaucoup plus que toute autre forme de travail non qualifié ».<br />
On préconisait une approche pragmatique du problème (« le bien-être<br />
individuel des prostituées ne doit pas entrer en ligne de compte pour<br />
déterminer la politique » !), expliquant qu’il serait bon de « soumettre à<br />
l’impôt les nombreuses activités lucratives qu’il génère ».<br />
Le capitalisme prend le pas sur les droits humains !<br />
FONDATION SCELLES L’exploitation de la prostitution : un fléau mondial 21