L'EXPLOITATION DE LA PROSTITUTION : UN ... - Fondation Scelles
L'EXPLOITATION DE LA PROSTITUTION : UN ... - Fondation Scelles
L'EXPLOITATION DE LA PROSTITUTION : UN ... - Fondation Scelles
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
NOUVEAUX DÉBATS, NOUVEAUX ENJEUX…<br />
Aujourd’hui, le débat sur la prostitution tend à se<br />
déplacer vers d’autres domaines, apparemment<br />
plus éloignés : l’assistanat sexuel pour les personnes<br />
handicapées / la gestation pour autrui. Deux débats<br />
qui posent, dans les mêmes termes, la question de<br />
la disponibilité du corps. Deux débats qui usent de<br />
l’alibi compassionnel pour faire accepter le principe<br />
d’instrumentalisation du corps de l’autre.<br />
L’assistanat sexuel : une prostitution<br />
qui ne dit pas son nom<br />
L’assistanat sexuel est une forme d’accompagnement<br />
érotique et/ou sexuel destiné aux adultes en<br />
situation de handicap qui en font la demande.<br />
Le métier d’assistant sexuel est apparu d’abord aux<br />
Pays-Bas en 1980, puis en Allemagne, au<br />
Danemark, et en Suisse en 2009.<br />
En France, le débat autour de l’accompagnement<br />
sexuel a éclaté en 2007, année de l’organisation du<br />
colloque « Dépendance physique : intimité et<br />
sexualité » à Strasbourg, et suscite aujourd’hui la<br />
polémique.<br />
Depuis novembre 2010, le député Jean-François<br />
Chossy (UMP), qui a été missionné pour réfléchir à<br />
“l’évolution des mentalités et le changement du<br />
regard de la société sur les personnes handicapées”,<br />
travaille en particulier sur un projet de loi pour<br />
légaliser les assistants sexuels. Mais en janvier 2011,<br />
la ministre de la Solidarité et de la Cohésion sociale<br />
Roselyne Bachelot s’est déclarée hostile à ce projet :<br />
« J’y suis rigoureusement, formellement, totalement<br />
opposée. » Un tel métier relèverait « soit du<br />
bénévolat », soit de « relations rémunérées »<br />
autrement dit de « prostitution », a exposé la<br />
ministre.<br />
En effet, en France, sur le plan légal, l’assistance<br />
sexuelle rémunérée est assimilée à de la<br />
prostitution. Quiconque organiserait une rencontre<br />
avec un assistant sexuel rémunéré pour un résidant<br />
en institution ou un patient à domicile pourrait être<br />
accusé de proxénétisme.<br />
Au-delà même des modifications législatives<br />
qu’entraînerait la création d’un tel métier, cette<br />
revendication induit la reconnaissance d’un « droit à<br />
une vie affective et sexuelle » dont les<br />
conséquences seraient dangereuses. Comment<br />
dénier ce droit à d’autres catégories de population<br />
(prisonniers, malades, etc.) ? Et formaliser un droit à<br />
la sexualité, c’est aussi formaliser le devoir de le satisfaire,<br />
et donc une manière de consacrer la<br />
prostitution.<br />
De la Gestation Pour Autrui (GPA) à<br />
la marchandisation du corps<br />
La Gestation pour autrui (GPA) est une méthode<br />
d’Assistance Médicale à la Procréation (AMP) qui se<br />
pratique en cas d’infertilité féminine lié à l’absence<br />
d’utérus ou à sa déformation. La mère porteuse porte<br />
l’enfant d’un couple qui a fourni ses embryons.<br />
Le droit français interdit formellement cette pratique<br />
depuis la loi de 1994 relative au respect du corps<br />
humain. Ce principe a été réaffirmé par la nouvelle loi<br />
bioéthique adoptée en juin 2011.<br />
Mais plusieurs Etats, y compris en Europe,<br />
reconnaissent la maternité pour autrui et l’encadrent.<br />
Dans ces pays, la GPA est toujours<br />
rémunérée, sous forme de salaire ou de<br />
dédommagement, bien au-delà des frais médicaux,<br />
puisqu’il est peu envisageable qu’une femme mette<br />
gratuitement ses organes et neuf mois de sa vie à<br />
disposition d’autrui. Dès lors, se développe un<br />
véritable « marché des ventres » qui « constitue<br />
une incitation à se vendre pour les femmes les plus<br />
vulnérables, une nouvelle forme d’exploitation et de<br />
servitude ».<br />
Légaliser la GPA serait donc assimiler la grossesse à<br />
un service et faire du corps une marchandise.<br />
FONDATION SCELLES L’exploitation de la prostitution : un fléau mondial 36