Chapitre 2 L'analyse des mots en synchronie

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Elle groupe les mots qui ont le même radical. Ex.: -célér- «rapide» ac-célér-er ac-célér-ation célér-ité dé-célér-ation (-)ambul- «aller» ambul-ance ambul-ancier ambul-ant ambul-atoire dé-ambul-er dé-ambul-ateur dé-ambul-ation fun-ambule noc-ambule somn-ambule somn-ambul-ique somn-ambul-isme. Les familles de mots sont morpho-sémantiques et synchroniques: - morpho-sémantiques parce que le sens de l’élément doit être constant. Parfois, il y a des difficultés parce que le sens n’a pas l’objectivité de la forme. Ex. (1) Dans la série suivante: pud-eur, pud-ique, pud-ibond, pud- exprime la honte qui concerne le corps ou l’affecte. Mais, dans le mot im-pud-ent, la honte concerne le comportement social. (2) Innocent est bien plus lié sémantiquement à coupable qu’à nocif pour la majorité des locuteurs. 4
(3) Rupture est plutôt en relation sémantique et syntaxique avec rompre qu’avec éruption ou irruption. - synchroniques. Un mot démotivé sort de sa famille. Ex.: chen-et et can-aille ne sont plus en relation avec chien, à la différence de chen-il et canin. L’homonymie peut induire des remotivations consacrées par l’usage. Ainsi, orthopédie s’analyse en ortho- “droit, correct” et péd- “enfant” et a le sens de “art de prévenir et de corriger les difformités du corps chez les enfants”, puis, par extension, “médecine du squelette”. Par rapprochement avec péd- “pied” comme dans péd-ale, péd-estre, pédi-cure), le mot a pris le sens 3, à savoir “orthopédie des membres inférieurs”. Bibliographie. Dictionnaire Synchronique des Familles dérivationnelles de mots français, (DISFA), dirigé par C. Gruaz et R. Honvault. Il rassemble des formes synonymes, appelées «racines». Ainsi, l’entrée peut regrouper les racines -peur- (apeurer), -pouv- (épouvante), -pav- (impavide), (-)phob- (phobique, xénophobe). Il inclut des relations sémantiques dépassant l’intuition commune, justifiées par les définitions des dictionnaires de référence, «le sens exprimé par cette définition devant contenir un lien avec l’entrée de la famille» (Introduction). Par exemple, prison est dans la famille de prendre. Comme dans le Robert Brio, l’étymologie n’intervient en principe que pour écarter les étymologies populaires non consacrées par l’usage, dues aux homonymes entre éléments. II. Le système morphologique A. Les modèles. La capacité de créer des mots est une propriété de la langue en synchronie. Les mots simples et les affixes déterminent l’existence d’un certain nombre de modèles de dérivation et de composition. Les locuteurs seront capables d’interpréter des mots inconnus conformes à ces schémas ou de construire des mots nouveaux. Ex. - un nom en -age dérivé d’un verbe désigne “action, fait de V”. Ex.: arrosage, assemblage, bavardge, etc. - un nom en -(i)té dérivé d’un adjectif désigne le caractère. Ex.: absurdité, docilité, fragilité. - un adjectif en -in (im-, il-, ir-), désigne le contraire de l’adjectif dont il dérive. Ex.: inactif, inapte, indocile. 5
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