Chapitre 2 L'analyse des mots en synchronie
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- un nom composé d’un verbe ou d’un nom désigne l’instrum<strong>en</strong>t ou le dispositif. Ex.: briselame,<br />
casse-noix, démonte-pneu, porte-voix, etc.<br />
J. Tournier dans Introduction <strong>des</strong>criptive à la lexicogénétique de l’anglais contemporain,<br />
parle de matrices lexicogénétiques.<br />
D. Corbin dans Morphologie dérivationnelle et structuration du lexique parle de <strong>mots</strong><br />
construits, c.-à-d. <strong>des</strong> <strong>mots</strong> qui ont une structure interne correspondant à un schéma régulier<br />
de dérivation ou de composition et leur s<strong>en</strong>s correspond à une structure.<br />
Un mot non construit est soit simple, soit complexe non construit. Par exemple, royaume n’est pas simple, mais<br />
complexe non construit (roy- + -aume qui n’est pas un élém<strong>en</strong>t du lexique. D’autres exemples: dé-ambul-er, incoerc-ible.<br />
Le terme de mot construit est aussi opposé à mot fléchi. Le premier suppose l’exist<strong>en</strong>ce de la dérivation et <strong>des</strong><br />
affixes, le deuxième l’exist<strong>en</strong>ce de la flexion et <strong>des</strong> désin<strong>en</strong>ces.<br />
La dérivation s’oppose donc à la flexion. C’est pourquoi, Corbin a proposé de remplacer l’expression<br />
morphologie dérivationnelle par morphologie constructionnelle.<br />
Les modèles productifs ont été décrits par la morphologie historique.<br />
Le terme productivité est utilisé de différ<strong>en</strong>tes manières:<br />
- elle r<strong>en</strong>voie de manière générale à l’ouverture du lexique. On utilise aussi l’expression<br />
créativité lexicale (cf. Louis Guilbert, La créativité lexicale, Larousse, 1975; La productivité<br />
lexicale, Langue française 96, 1992; La productivité morphologique <strong>en</strong> questions et<br />
expérim<strong>en</strong>tations, Langue française 140, 2003);<br />
- elle r<strong>en</strong>voie à un modèle particulier (par exemple V + age > N “action”). Dans ce cas, elle<br />
est:<br />
a) soit la quantité de <strong>mots</strong> actuellem<strong>en</strong>t produits par ce modèle (autrem<strong>en</strong>t dit sa production:<br />
on est alors sur le terrain du lexique attesté),<br />
b) soit le fait qu’il se produise toujours, par opposition aux modèles improductifs ou clos, qui<br />
ne produis<strong>en</strong>t pas ou plus dans le système contemporain (D. Corbin parle de disponibilité:<br />
Morphologie dérivationnelle et structuration du lexique, I, 42, 177).<br />
Ainsi, l’anci<strong>en</strong> français a construit <strong>des</strong> adjectifs <strong>en</strong> -age sur <strong>des</strong> noms (ombrage Adj. “obscur”<br />
de ombre; cf. G. Zink, L’anci<strong>en</strong> français, Que sais-je, 2e éd., 1990, 100); le moy<strong>en</strong> français a<br />
construit <strong>des</strong> adjectifs post-verbaux comme blême de blêmir, gauche de gauchir, mince d’un<br />
anci<strong>en</strong> verbe mincier “couper <strong>en</strong> petits morceaux”, cf. émincer (K. Nyrop, Grammaire<br />
historique du français, 2e éd., 1936, t. 3, 269).<br />
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