La quantification freudienne - Dimpsy
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JΦ<br />
S<br />
L’illimité du Tout est particulièrement impliqué par l’attente d’une satisfaction sans<br />
borne des besoins et des désirs, tant du point de vue des bienfaits que peut dispenser la nature<br />
que des profits que procure la société. Parallèlement il s’agit de se reconnaître et de se faire<br />
reconnaître participer à la communauté humaine. De fait, en soumettant la nature, « on<br />
travaille avec tous au bonheur de tous » (G.W., p. 435 ; P.U.F., p. 22).<br />
Chemin faisant, c’est déjà moins de jouissance qu’il s’agit que de plus-de-jouir<br />
(Lustgewinn, p. 436). En fait il s’agit là du passage du narcissisme de la jouissance à l’objet<br />
conçu comme plus-de-jouir. Cela peut concerner les stupéfiants, la restriction des<br />
revendications pulsionnelles, les sublimations — mais aussi les délires et même l’amour et<br />
l’esthétique.<br />
Pour fonder le narcissisme, la place du Père est essentielle – quel que soit le concept<br />
qui en tient lieu : Dieu, Providence... – au fond, comme dit Freud, c’est d’une plénitude<br />
(Vollständigkeit, p. 431) qu’il s’agit en matière de narcissisme coupé du monde. Dans le cas<br />
contraire, en termes de jouissance du monde, ce narcissisme se présente, à l’envers d’une<br />
extériorisation, comme le clivage du sujet : la question est donc de savoir si, au mieux, cette<br />
coupure passe par le sujet ou entre le sujet et le monde.<br />
L’usage des stupéfiants -- comme pratique substitutive à la fonction paternelle de la<br />
jouissance -– est à cheval sur ces deux modes de coupure : visant à séparer le sujet du monde,<br />
le stupéfiant agit aussi au sein du sujet pour le couper de soi-même. C’est rendu possible du<br />
fait que de la jouissance, fonction éminemment subjective, on est alors passé au plus-de-jouir<br />
comme objet de jouissance. Au mieux, ce lien intension (présence) – extension (plus-de-jouir)<br />
est réversif ; au pire, il assure le clivage d’avec le monde, au détriment du sujet. Dit autrement<br />
c’est encore un rapport Lust / Unlust.<br />
Lust<br />
jouissance<br />
I<br />
R<br />
corps<br />
Unlust<br />
plus-de-jouir<br />
monde<br />
Autre<br />
Ainsi le stupéfiant a-t-il cette double raison de couper le sujet de sa jouissance (Unlust) tout<br />
en étant supposé l’y rapporter (Lust). Par là la souffrance prime vite sur la satisfaction – si<br />
difficile à atteindre du fait de tous les obstacles qui l’éloignent du sujet (le corps, réel ; le<br />
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