LE LUXE COMME VICE FÉMININ DANS LA REMONSTRANCE ...

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Qui donne le tétin à toute créature ;
Mais exposa son corps aux barbiers inhumains,
Afin d’estre eschangé, par l’œuvre de leurs mains,
En sexe féminin. Ainsi par la frisure
Des crins blonds et dorés, par le fard et teinture,
Luy veulent ressembler, nos damoyseaux mondains
Qui portent les habits des folles damoyselles,
Et partant servira, et pour eux, et pour elles,
Ce discours que j’ay fait, puisqu’on ne cognoist plus
Que gens effeminés, en cette pauvre France,
Qui jadis florissoit, ornée de prudence
Et non point de godrons, et cheveux crespelus 43 .
Peut-être aveuglé par le zèle et la ferveur, au cœur de sa Remonstrance l’auteur mélange
ses idées, brouillant tout ce qui peut exciter sa colère d’ascète, menaçant de
condamnations huguenots, clercs laxistes, aristocrates mondains, mais surtout les dames
et demoiselles, pointées du doigt comme principales responsables du fardeau des péchés
et des malheurs collectifs, voire même des guerres de Religion. Si le royaume de
France, dans la seconde moitié du XVI e siècle, ne vit que désordres et commotions,
soulèvements et hérésies, c’est qu’il a dû attirer la colère de Dieu sur lui. Il doit donc y
avoir, au sein de la société, des péchés à purger — et Estienne considère pareillement
tous ces pécheurs.
En suivant la réflexion analogique du moraliste, le lecteur est sensé deviner que
si la femme chrétienne respectait les commandements de Dieu, elle attirerait sa
bienveillance. En plus de sauver son âme, la chrétienne repentante contribuerait par
assimilation à rétablir la concorde dans une France bénie des cieux. Nul besoin alors
d’une religion réformée, car le retour à la pureté et à la chasteté des Francs d’autrefois
assurerait l’harmonie du corps social : un roi, une foi, une loi.