PRENONS LE POUVOIR - Le Travailleur Catalan
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N°3447 - Semaine du 3 au 9 fevrier 2012<br />
Budget départemental 2012:<br />
la quadrature du cercle<br />
Conseil général. Ce lundi 23 janvier, les conseillers généraux ont débattu des orientations<br />
budgétaires du Département. Avec en filigrane la crise économique, la dette<br />
et l'étranglement des collectivités locales infligé par le pouvoir central.<br />
La présidente Hermeline Malherbe donne<br />
le ton: en 2012 comme pour les années<br />
précédentes, le budget sera entièrement<br />
dédié «à faire tendre les P-O vers l'attractivité<br />
par l'exemplarité». Avec une contrainte<br />
cependant, «les choix nationaux qui font<br />
supporter aux territoires une partie de<br />
l'austérité imposée au pays». Et ce n'est<br />
pas peu dire que «ces choix nationaux» -<br />
derrière ces mots, il conviendrait de lire «les<br />
choix de Sarkozy et de son gouvernement<br />
UMP»- pèseront lourd dans la balance.<br />
C'en est ainsi de l'acte II de la décentralisation<br />
qui a généré un volume de charges<br />
nettes non compensées de 112 millions<br />
d'euros au compte administratif 2010 (le<br />
compte administratif 2011 n'ayant pas<br />
encore été voté, il est fort à parier que le<br />
montant de ces charges non compensées<br />
sera plus important encore). 112 millions<br />
qui ont été mécaniquement assumés par la<br />
fiscalité locale. Non content de se désengager,<br />
l'Etat choisit aujourd'hui de redéfinir<br />
cette fiscalité en affectant au Conseil général<br />
le seul vote du taux de la taxe sur le foncier<br />
bâti, diminuant de 40% à 20% sa<br />
capacité à déterminer fiscalement ses propres<br />
ressources.<br />
«Aujourd'hui, nous abordons le DOB 2012<br />
pour notre collectivité dans un contexte de<br />
crise économique telle que la France n'a<br />
pas connue depuis des décennies. Nous<br />
aurons des choix budgétaires difficiles à<br />
faire tant nos marges de manœuvre sont<br />
restreintes. A ce contexte de crise, s'ajoutent<br />
les carcans que nous imposent le<br />
Président de la République et son gouvernement.<br />
La suppression de la Taxe professionnelle<br />
alourdit la dette de 8 milliards<br />
chaque année, alors qu'elle n'a aucun<br />
impact sur l’emploi. Nos dotations diminuent<br />
et si rien n’est fait, continueront de<br />
baisser. La TVA de 5,5 à 7% va augmenter<br />
l’ensemble de nos dépenses et surtout celles<br />
de nos concitoyens toujours plus nombreux<br />
à être touchés dans leur accès au<br />
logement, au chauffage, à la santé, à<br />
l’éducation voire à l’alimentation… Ce<br />
sont les familles et elles seules qui paieront<br />
l’addition.<br />
Notre marche de manœuvre est donc restreinte<br />
entre maintenir le pouvoir d’achat<br />
des contribuables familiaux et investir.<br />
Pourtant, aucune amélioration notable est<br />
à attendre dans l'avenir, au contraire!<br />
L'effet de ciseau que nous connaissons<br />
depuis plusieurs années va s'amplifier: la<br />
<strong>Le</strong>s collectivités locales<br />
bâillonnées<br />
C'en est ainsi de la volonté du pouvoir central<br />
d'imposer aux collectivités locales la<br />
rigueur décrétée par les agences de notation.<br />
Ainsi, la Loi de Finances 2012 ponctionne<br />
200 millions d'euros sur l'ensemble<br />
des dotations de l'Etat aux collectivités.<br />
Pour les P-O, cela représente environ 1 million<br />
de perte de recettes.<br />
C'en est ainsi de la révision générale des<br />
politiques publiques (RGPP) qui pose le<br />
principe d'un non remplacement sur deux<br />
d'un départ à la retraite d'un fonctionnaire.<br />
Or en 2010, la Cour des Comptes relevait<br />
une économie de 800 millions d'euros réalisée<br />
avec ce principe... à opposer aux 700<br />
millions d'euros reversés aux agents pour<br />
faire face aux heures supplémentaires<br />
induites par la hausse du volume de travail!<br />
Aujourd'hui, il est question d'imposer<br />
cette RGPP aux collectivités territoriales...<br />
pour quelles économies? Et avec quels<br />
impacts sur les services publics locaux?<br />
Crise économique? Dette? Rigueur? Des<br />
mots qui n'ont pas la même valeur selon<br />
perte importante d'autonomie fiscale; le<br />
caractère peu évolutif des assiettes fiscales,<br />
hormis les droits de mutation; la pression<br />
très forte à la dépense, notamment<br />
dans les domaines social et environnemental;<br />
le gel des dotations de l'Etat.<br />
La crise des finances locales s'approche à<br />
grands pas, avec son cortège de risques de<br />
fermeture d'équipements et de services<br />
publics, comme cela se produit dans des<br />
pays voisins. Pour le gouvernement, les<br />
services publics et parmi eux, ceux des collectivités<br />
locales, seraient au mieux un luxe<br />
qui dépasserait nos moyens face à la crise,<br />
au pire des gabegies insolentes. Non, les<br />
services publics, les salaires des fonction-<br />
dans le département 7<br />
que l'on soit riche ou pauvre (voir<br />
la déclaration de Jean-Louis<br />
Alvarez, président du groupe Front<br />
de gauche). Quoiqu'il en soit, c'est<br />
dans un contexte d'offensive violente du<br />
capitalisme financier à l'égard des peuples<br />
que le budget primitif<br />
sera voté le 13<br />
février prochain.<br />
Paul Combo<br />
«Des engagements clairs à gauche»<br />
Intervention de Jean-Louis Alvarez, président du groupe Front de gauche.<br />
naires, ne sont pas un luxe insupportable<br />
pour les budgets publics. D’abord parce<br />
que l’ensemble des rémunérations des<br />
agents des trois versants de la Fonction<br />
publique ne représentait en 2008 que<br />
12,8% du PIB, soit le même niveau qu’en<br />
1980 ! Ensuite parce que les dépenses<br />
publiques, dont les rémunérations des<br />
fonctionnaires, loin d’être un prélèvement<br />
sur la richesse créée, sont au contraire une<br />
contribution à la création de richesse collective<br />
(...)<br />
Etrangler encore plus les ressources des<br />
collectivités, vouloir les contraindre à une<br />
RGPP locale, notamment à une réduction<br />
de leurs effectifs, c’est réduire délibérément<br />
leur intervention auprès des populations.<br />
C’est réduire la part du secteur<br />
public dans l’économie et ouvrir de nouveaux<br />
marchés concurrentiels aggravant<br />
encore les inégalités territoriales et sociales.<br />
<strong>Le</strong> gouvernement est en train d'enfermer<br />
les élus locaux dans de telles contraintes<br />
qu'ils ne pourront plus mettre en<br />
œuvre les programmes pour lesquels ils<br />
ont été élus et remplir les missions de service<br />
public qui leur incombent (…) Nous<br />
ne pouvons pas, en tant qu’élu local,<br />
accepter d’être dirigé par les marchés<br />
financiers et les agences de notation qui<br />
ne sont là que pour aggraver l’injustice<br />
financière et fiscale.<br />
<strong>Le</strong> pouvoir, du Président à tous ses ministres,<br />
et la majorité présidentielle, n’ont de<br />
cesse de répéter que si tout va mal, c’est la<br />
faute à la crise. Or, derrière la crise, il y a<br />
des choix politiques qui répondent à des<br />
intérêts bien particuliers. <strong>Le</strong>s cadeaux fiscaux,<br />
les allègements de charges, les heures<br />
supplémentaires défiscalisées, la baisse<br />
des moyens accordés au service public de<br />
l’emploi, les plans d’austérité qui assomment<br />
les consommateurs sont autant de<br />
facteurs de crise dont ils ne sauraient<br />
s’exonérer.<br />
Alors il faut vraiment changer, tourner le<br />
dos à ces politiques faites uniquement<br />
pour les nantis. Aujourd'hui, les assemblées<br />
locales, comme le Conseil général<br />
des P-O, doivent être des lieux de résistance<br />
(…) La lutte contre la politique<br />
conduite par le Président de la République<br />
et son gouvernement doit être menée<br />
frontalement. Il ne serait être question<br />
d'en arrondir les angles, mais au contraire,<br />
de s'en affranchir une fois pour toute afin<br />
de remettre l'humain d'abord dans l'action<br />
publique».