LA REVUE SPIRITE - Allan Kardec Spiritist Center

évélé par une vision. Elle s’est développée de 200 avant
JC à 150 après, surtout dans les milieux esséniens.
Une autre conception du retour à la vie existait
néanmoins au sein du Judaïsme. Certains admettaient en
effet que cette renaissance n’impliquait que l’âme et que
cette dernière, à différentes époques, revenait sur Terre
en revêtant un corps nouveau. Cette doctrine de la
transmigration des âmes ou métempsycose, telle qu’elle
était appelée à l’époque, est présente aussi dans l’Ancien
Testament: « Mais quand l’homme est mort une fois, que
son corps, séparé de son Esprit, est
consumé, que devient-il? L’homme étant
mort une fois pourrait-il bien renaître
de nouveau? Dans cette guerre où je me
trouve tous les jours de la vie, j’attends
que mon changement arrive (6). » Dans
le Livre de la sagesse, issu du Judaïsme
alexandrin, une distinction très profonde
est introduite entre l’âme et le corps, une
survie de l’âme indépendamment du
corps après la mort est même envisagée.
Certains passages laissent aussi suggérer
que l’âme préexiste au corps, cette
préexistence étant le fondement de toute
croyance en la réincarnation: « J’étais
un enfant au naturel bon et j’avais eu
en partage une âme bonne; ou plutôt, comme j’étais bon,
je vins dans un corps sans tâche. » (7) Et: « Le corps
corruptible appesantit l’âme et l’enveloppe terrestre
alourdit l’esprit aux préoccupations multiples. » (8) Il n’y
ait fait aucune allusion à la résurrection.
On ne peut savoir précisément à quel point la croyance
en la transmigration des âmes était répandue dans le
Judaïsme, ni à quel moment exact elle est apparue (X-IX
siècles avant JC?) car cette doctrine n’est nulle part
développée systématiquement dans les textes juifs, y
compris dans l’Ancien testament. On n’y trouve que des
allusions. Partout où elle apparaît elle est tacitement
considérée comme bien connue et aucune explication n’est
donnée en détails.
Certains indices inclinent à penser que cette croyance
devait être assez répandue dans le peuple. En effet dans
le Nouveau testament, il apparaît que le retour des
prophètes était attendu d’une manière unanime. C’est ce
qui ressort en particulier de Matthieu, 16, 13-14: « Etant
venu de la région de Césarée de Philippe, Jésus
interrogeait ses disciples en disant: « Au dire des gens
qui est le fils de l’homme? » Ils dirent: « Pour les uns:
Jean le Baptiste; pour d’autres: Elie; pour les autres:
Jérémie ou l’un des prophètes. » Et Matthieu, 17, 10-13
(9): «Les disciples demandèrent à Jésus: « Pourquoi les
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maîtres de la Loi disent-ils qu’Elie doit venir d’abord? »
Il leur répondit: « Elie doit en effet venir et tout remettre
en ordre. Cependant je vous le déclare: Elie est déjà venu,
les gens ne l’ont pas reconnu mais l’ont traité comme ils
l’ont voulu. » (10) Tout le monde attendait le retour d’Elie
(11) dont le prophète Malachie avait au IXe siècle annoncé le
retour: « Le soleil de justice se lèvera avec la guérison de
ses rayons … Voici, je vous envoie Elie le prophète avant
que vienne le jour de Yahvé, le grand et le terrible jour. » (12)
Les disciples de Jésus comprennent alors sans peine qu’Elie
est revenu en tant que Jean Baptiste.
La croyance en la transmigration des
âmes est présente aussi chez les auteurs
juifs des 1er et IIe siècles. Voici ce qu’écrit
l’historien Flavius Joseph, dans son
ouvrage déjà cité: La guerre des Juifs:
« Les corps, bien sûr, sont mortels chez
tous les vivants et constitués d’une
matière corruptible, mais l’âme est à
jamais immortelle et habite dans les
corps comme une parcelle de Dieu… Ne
savez vous pas que ceux qui attirent la
vie selon la loi de la nature …y gagnent
une gloire éternelle; … que leurs âmes
restent pures et secourables, qu’elles
obtiennent la place la plus sainte dans
le ciel d’où, grâce au cycle des âges, elles retournent
habiter de nouveau dans des corps saints? Mais ceux qui
ont la folie de porter la main sur eux-mêmes un Hadès
plus sombre reçoit leurs âmes. » (13)
Le philosophe d’Alexandrie, Philon le Juif, écrit quant
à lui: « L’air, comme une cité riche en hommes, contient
au lieu des citoyens, des âmes incorruptibles et
immortelles aussi nombreuses que les étoiles. Parmi ces
âmes, les unes, éprouvant pour la Terre et la matière une
grande attraction, descendent se faire lier à des corps
mortels, les autres remontent, ayant été jugées bonnes
pour le retour conformément à des nombres et à des
périodes fixées par la nature. » (14)
Dans ces deux extraits, la croyance en la transmigration des
âmes est clairement affirmée. Néanmoins il faut noter qu’au
IIe siècle le Judaïsme a profondément évolué au contact
de la culture grecque qui admet l’immortalité de l’âme et
sa transmigration dans différents corps. On reconnaît de
plus l’influence platonicienne chez ces deux auteurs.
Il semble que la croyance en la transmigration ait été
surtout répandue dans la partie ésotérique du Judaïsme,
dont la connaissance était réservée à une minorité d’initiés
soigneusement sélectionnés. Il était fréquent, en effet, à
l’époque qu’une doctrine soit composée de deux
enseignements: une connaissance exotérique ouverte à
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Flavius Joseph
3 e trimestre 2003