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E n v i r o n n e m e n t<br />
La proximité entre sites de nidification et zones<br />
de butinage favorise la faune d'abeil<strong>le</strong>s sauvages<br />
Antonia Zurbuchen, Andreas Mül<strong>le</strong>r et Silvia Dorn, EPF Zurich, Institut des sciences des végétaux, des animaux et<br />
des écosystèmes agrico<strong>le</strong>s, entomologie appliquée, 8092 Zurich<br />
Renseignements: Antonia Zurbuchen, e-mail: antonia.zurbuchen@ipw.agrl.ethz.ch, tél. +41 44 632 39 26<br />
Figure 1 | Femel<strong>le</strong>s de l’espèce Hoplitis adunca butinant des f<strong>le</strong>urs<br />
de vipérine commune (Echium vulgare). Ces abeil<strong>le</strong>s, inféodées à la<br />
vipérine, nourrissent <strong>le</strong>ur couvain exclusivement avec du pol<strong>le</strong>n récolté<br />
sur des plantes du genre Echium. Hoplitis adunca, qui vit dans<br />
plusieurs habitats, doit avoir accès à d’importantes ressources flo-<br />
ra<strong>le</strong>s à distance de vol de son nid.<br />
I n t r o d u c t i o n<br />
Outre Apis mellifera, l’abeil<strong>le</strong> à miel bien connue, la<br />
Suisse compte quelque 600 espèces d’apoïdes sauvages,<br />
qui sont aussi d’importants pollinisateurs, pour la flore<br />
sauvage comme pour <strong>le</strong>s plantes cultivées. Ils contri-<br />
buent ainsi à la conservation et à la stabilisation de<br />
divers écosystèmes terrestres et de la diversité alimen-<br />
taire. Cependant, au cours des cinquante dernières<br />
années, <strong>le</strong> nombre d’espèces et <strong>le</strong>s effectifs d’abeil<strong>le</strong>s<br />
sauvages ont fortement diminué en Europe centra<strong>le</strong>. En<br />
Suisse, 45 % au moins de ces espèces sont menacées<br />
360 Recherche Agronomique Suisse 1 (10): 360–365, 2010<br />
Photo: Albert Krebs<br />
(Amiet 1994). La plupart des abeil<strong>le</strong>s nécessitent<br />
plusieurs habitats, nidifiant dans l’un et butinant dans<br />
d’autres. El<strong>le</strong>s construisent <strong>le</strong>ur nid dans de petits bio-<br />
topes, tels que bois mort, mur de pierres sèches ou cavi-<br />
tés dans <strong>le</strong> sol à un endroit bien enso<strong>le</strong>illé, tandis qu’el<strong>le</strong>s<br />
trouvent <strong>le</strong> pol<strong>le</strong>n et <strong>le</strong> nectar nécessaires pour nourrir<br />
<strong>le</strong>urs larves dans des champs de f<strong>le</strong>urs abritant de nombreuses<br />
variétés. Or, <strong>le</strong>s abeil<strong>le</strong>s ont besoin d’une très<br />
grande quantité de pol<strong>le</strong>n. Pour nourrir un seul descendant,<br />
de nombreuses espèces doivent récolter <strong>le</strong> pol<strong>le</strong>n<br />
de plusieurs centaines de f<strong>le</strong>urs (Mül<strong>le</strong>r et al. 2006).<br />
À cet effet, <strong>le</strong>s femel<strong>le</strong>s doivent, selon l’espèce, faire<br />
entre deux et cinquante fois l’al<strong>le</strong>r-retour entre <strong>le</strong> nid<br />
et <strong>le</strong>s zones d’alimentation (Neff 2008; Zurbuchen<br />
et al. 2010a).<br />
Le recul des surfaces naturel<strong>le</strong>s, la fragmentation du<br />
paysage et l’intensification de l’agriculture engendrent<br />
la diminution croissante des champs de f<strong>le</strong>urs et des<br />
petits biotopes, ce qui nuit à la reproduction de nombreuses<br />
espèces d’abeil<strong>le</strong>s. La disparition d’habitats<br />
propres à la nidification et au butinage se traduit par<br />
une modification de la distribution spatia<strong>le</strong> des ressources<br />
flora<strong>le</strong>s, forçant <strong>le</strong>s abeil<strong>le</strong>s à parcourir de plus<br />
grandes distances entre <strong>le</strong>ur nid et <strong>le</strong>s zones de plantes<br />
à f<strong>le</strong>ur. Cet accroissement des distances de butinage<br />
pourrait priver de ressources flora<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s abeil<strong>le</strong>s à rayon<br />
de vol limité, ce qui <strong>le</strong>s obligerait à quitter <strong>le</strong>ur site de<br />
nidification. Dans de nombreux cas toutefois, el<strong>le</strong>s<br />
devraient, dans une certaine mesure, être capab<strong>le</strong>s de<br />
s’adapter à de plus grandes distances de butinage, ce<br />
qui, néanmoins, impliquerait des coûts d’adaptation<br />
non négligeab<strong>le</strong>s (Williams et Kremen 2007).<br />
Afin d’assurer la conservation des abeil<strong>le</strong>s à long<br />
terme et de favoriser <strong>le</strong>ur développement, il est important<br />
de savoir comment <strong>le</strong>s différentes espèces d’abeil<strong>le</strong>s<br />
réagissent aux modifications spatia<strong>le</strong>s de la ressource.<br />
Un premier objectif de cette étude consistait donc à<br />
découvrir quel<strong>le</strong> distance maxima<strong>le</strong> <strong>le</strong>s femel<strong>le</strong>s Hoplitis<br />
adunca et Hylaeus punctulatissimus peuvent parcourir<br />
pour s’approvisionner en pol<strong>le</strong>n et quel<strong>le</strong> doit être la<br />
distance entre <strong>le</strong> nid et la source de nourriture pour<br />
qu’un nombre considérab<strong>le</strong> d’individus d’une population<br />
donnée pollinise <strong>le</strong>s plantes hôtes. Un second objec-