Balbuzard noir - Le Centre de Doctrine d'Emploi des Forces

Libres réflexions
Avis complémentaires sur “Gagner la bataille - Conduire à la paix”
“Extraire tout ou partie des
militaires français retenus par
les Serbes Bosniaques, en
fonction de la situation. Cette
opération a pour nom de code
Balbuzard Noir”.
• un détachement d’hélicoptères de combat 3 à
20 hélicoptères de manœuvre et 8 hélicoptères
d’appui protection et antichars, constituant,
après avoir pris sous contrôle opérationnel le
détachement ALAT de Split 4 (à 6 hélicoptères de
manœuvre et 5 Gazelle), la composante aéromobile
de la force.
Le 27 mai, les hélicoptères sont embarqués à
Toulon sur le Foch et la Foudre qui appareillent le
28 mai soir.
L’état-major étudie la mission pendant le transit :
les 161 otages sont dispersés sur 8 sites distincts,
fortement gardés, dans les faubourgs sud et ouest
de la ville de Sarajevo. Des détachements
d’observation du COS, postés à proximité,
fournissent en permanence tous les renseignements
nécessaires au montage de l’opération.
Le 30 mai, l’état-major des Armées diffuse l’ordre
d’opérations. La mission est la suivante :
“Extraire tout ou partie des militaires français
retenus par les Serbes Bosniaques, en fonction de
la situation. Cette opération a pour nom de code
Balbuzard Noir”. Elle est placée sous commandement
opérationnel du CEMA 5, CECMED 6
assurant le contrôle opérationnel pendant la
phase maritime et le COMSECTEUR SARAJEVO
après la mise à terre des forces.
La solution retenue consiste à conduire une action
de force à partir des bateaux sur les deux postes
à l’extérieur de Sarajevo avec 37 hélicoptères
emportant 80 commandos du COS, en coordination
avec les forces présentes à Sarajevo
chargées d’agir simultanément sur les autres
postes.
L’articulation prévoit 6 modules :
• un module de commandement à 3 hélicoptères
de manœuvre et d’assaut (PC TAC 7) ;
• trois modules d’évacuation (Modevac) à
5 hélicoptères de manœuvre et d’assaut chacun
(2 emportant les commandos, 2 pour les otages,
un pour le sauvetage éventuel d’un appareil
endommagé) ;
• un module de recueil comprenant un Puma
équipé d’une caméra CHLIO et 5 hélicoptères
d’appui-protection ;
• un module d’appui à 4 hélicoptères anti-chars ;
• un module de soutien comprenant un Puma
avec une équipe légère d’intervention
technique, 4 Puma d’évacuation sanitaire,
2 Puma en réserve et 2 Super Frelon CSAR.
L’ensemble bénéficie de l’appui guidage de
l’AWACS en station au-dessus de la Bosnie, d’un
Alizé pour relais des communications et d’un
appui aérien éventuel des Super Etendard de la
flottille 17F du Foch.
Les deux objectifs, BARE et OSIJEK, se trouvent en
lisère ouest de l’agglomération de SARAJEVO. Le
terrain est difficile, montagneux pour l’approche,
semi-montagneux et périurbain pour l’action,
imposant des couloirs de pénétration facilement
défendables ; les lignes à haute tension y sont
nombreuses. Les postes, à l’intérieur des lignes
serbes, sont défendus face à des attaques
terrestres et aéromobiles. Sur l’ensemble de la
zone, les positions d’artillerie sol-air sont
particulièrement denses et l’accès aux points de
détention impose le survol de la ligne de front. Des
unités blindées ennemies sont en mesure d’agir
dans des délais brefs.
Compte tenu des élongations, une base avancée
est prévue à Lipa en limite de la Croatie et de la
Bosnie. L’arrivée sur cette base se fera en début de
nuit. Ensuite, l’itinéraire d’approche empruntera
un massif montagneux à l’ouest de Sarajevo. Le
module PC se mettra en place 45 minutes avant les
autres, au sud de Sarajevo, sur le Mont Igman pour
bénéficier de liaisons plus sûres. Les autres
modules suivront à intervalles de 10 à 15 minutes,
les deux Modevac d’abord, puis le module recueil,
et le module appui. Le module soutien restera en
base avancée, prêt à intervenir. L’action devra
s’effectuer en toute fin de nuit, de façon à
permettre une intervention éventuelle de l’appui
aérien en cas de réaction importante de la part des
forces serbes de Bosnie.
Le 3 juin, le COMSECTEUR SARAJEVO réussit, par
la négociation, à obtenir la libération des otages.
Mais, dès le lendemain, les Serbes harcèlent le
secteur de Sarajevo par des tirs d’artillerie. Le plan
est alors remanié et, le 8 juin, la section de mortier
lourds et la compagnie de combat seront mises en
place par un héliportage d’assaut sous le feu serbe
sur le Mont Igman. Les mortiers arrivés dans la
première vague pourront riposter immédiatement et
couvrir l’arrivée des vagues suivantes. Les mêmes
JANVIER 2008 83 DOCTRINE N° 14