Balbuzard noir - Le Centre de Doctrine d'Emploi des Forces

spécialisés aérocombat pour la tactique, capables
de démultiplier un poste de commandement pour la
phase strictement terrestre. Une amélioration et un
élargissement des capacités de l’état-major de la
4 e brigade aéromobile est pour cela une voie
privilégiée et indispensable.
De son côté, la préparation opérationnelle en vue de
la manœuvre tridimensionnelle terrestre doit
d’abord faire une place importante à la préparation
technique : vol de nuit, (en patrouille, avec aides à la
vision), appontages et survols maritime, entraînement
à la mise en œuvre jour et nuit de
détachements hélicoptères depuis une plate-forme
maritime (intégration de tous les spécialistes :
équipages, mécaniciens, personnels de sécurité, de
pont d’envol à l’équipage du bâtiment).
La préparation tactique interarmes constitue le
complément indispensable. Elle doit comprendre
un niveau technico-tactique pour rendre interopérables
les unités au plus bas niveaux (principalement
équipages et combattants embarqués
10). Et un niveau tactique interarmes pour
combiner les différents modules aérocombat et
combat terrestre en vue d’un effet à obtenir.
Ce bloc aéroterrestre indissociable doit ensuite
s’investir dans un niveau de préparation opérationnelle
interarmées. Pour les unités, la priorité
sera dans le développement des compétences afin
de tirer le meilleur parti des appuis à la navigation,
aux communications et de l’appui aérien
rapproché que peuvent fournir les composantes
aériennes. Ainsi, les équipages en vol comme les
forces au sol doivent pouvoir guider un appui feu
aérien, complétant si nécessaire, la manœuvre des
feux internes.
Libres réflexions
Au plan du commandement, l’état-major aéromobile
devra porter son effort sur la conception et la
conduite d’une manœuvre interarmes et sur sa
capacité à insérer sa manœuvre dans le contexte
interarmées. Mais, il s’agira aussi et surtout,
d’entraîner l’état-major opératif interarmées à
combiner avec précision ce type de manœuvre et à
se familiariser avec les contingences de la manœuvre
tridimensionnelle terrestre. En effet, celle-ci est
souvent vue, en interarmées, sous le seul prisme soit
de la dimension hélicoptères, faussement assimilée à
une dimension “aérienne”, soit de la seule dimension
terrestre sur laquelle se grefferaient des hélicoptères.
Le bénéfice de l’intégration interarmes en trois
dimensions développée par l’armée de terre avec
l’aérocombat est alors totalement perdu.
1 Chef de corps du 4 e Régiment d’hélicoptères de
commandement et de manœuvre 1993-1995.
2 Chef de corps du 3 e Régiment d’hélicoptères de combat
1993-1995 - Commandant du bataillon ALAT de Balbuzard
Noir.
3 3 e Régiment d’hélicoptères de combat, 4 e Régiment
d’hélicoptères de commandement et de manœuvre.
4 6 e et 7 e Régiments d’hélicoptères de combat.
5 Chef d’état-major des armées.
6 Commandant en chef pour la MEDiterranée.
7 Poste de commandement tactique.
8 Commandement et contrôle.
9 Le minimum indispensable pour garantir une manœuvre de
sûreté efficace est de deux TIGRE. Une flotte de HMA et HTL
est susceptible de manœuvrer en sections ou appareil
isolé. Chaque “sortie” de ces appareils nécessiterait une
patrouille HRA, si nous ajoutons les missions propres des
HRA, il faudrait en bonne économie des moyens, au moins
autant de HRA que de HMA/HTL. Il est clair que les moyens
budgétaires ne permettront pas d’atteindre ce ratio, mais
trouvons le meilleur équilibre pour garantir la sûreté et
l’efficacité de nos moyens et ne sacrifions pas le TIGRE au
cri de “encaissons les dividendes de la paix ...”.
10 Infanterie, forces spéciales, artillerie, génie, etc.
L’histoire récente de nos engagements et la réflexion géostratégique sur les zones et les types de crises à venir,
montrent combien le développement de cette capacité d’action dans la profondeur à partir de plates-formes
maritimes parait une composante indispensable à la puissance militaire nécessaire à la France. Elle doit
contribuer à garantir sa sécurité, préserver ses intérêts et remplir les obligations qu’elle se fixe vis à vis de la
communauté internationale [cette capacité aéroamphibie est aussi duale, en ce qu’elle peut apporter une
contribution à des opérations humanitaires (type Béryx, ...)].
Mais cette équation française est certainement applicable à l’Europe. Aujourd’hui, la France est le seul pays
européen dont les programmes d’équipements en cours, l’expérience tactique et le concept d’emploi des
hélicoptères au sein du combat terrestre peuvent permettre d’atteindre cet objectif, ambitieux mais indispensable à
notre sécurité, de savoir reproduire une opération de celle du type Balbuzard Noir. La France pourrait ainsi apporter
une plus value importante sinon capitale à la montée en puissance de capacités militaires européennes
modernes. Elle serait en cohérence avec sa proposition de fourniture du poste de commandement de brigade
d’hélicoptères multinationale.
JANVIER 2008 85 DOCTRINE N° 14