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JBP 181 - Novembre 2005 - Soeurs du Bon Pasteur

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ZÈLE... (Suite de la page 7)<br />

programme <strong>Bon</strong> <strong>Pasteur</strong> situé<br />

dans une grande station balnéaire<br />

et plaque tournante <strong>du</strong><br />

tourisme étranger.<br />

En Corée, j’ai interviewé cinq<br />

femmes russes qui avaient été<br />

trafiquées à Séoul. Deux Sœurs<br />

<strong>du</strong> <strong>Bon</strong>-<strong>Pasteur</strong> coréennes dirigent<br />

un programme résidentiel<br />

pour femmes victimes de trafic.<br />

Aux Philippines, j’ai interviewé<br />

dix femmes et adolescentes victimes<br />

de trafic résidant dans six<br />

centres <strong>Bon</strong>-<strong>Pasteur</strong> à Quezon<br />

City, Carson City, Angeles City,<br />

General Santos City, Batangas<br />

City et Cebu.<br />

En Belgique, cinq femmes ont<br />

été interviewées; je les ai rencontrées<br />

au Mouvement “Le Nid”<br />

où quelques Sœurs <strong>du</strong> <strong>Bon</strong>-<br />

<strong>Pasteur</strong> travaillent comme bénévoles<br />

et où il y a un accueil d’urgence<br />

pour les femmes victimes<br />

de trafic. Les femmes rencontrées<br />

provenaient de Roum anie<br />

et d’Albanie.<br />

À Paris, huit femmes ont été interviewées<br />

dans un centre rés identiel<br />

dirigé par une congrégation<br />

religieuse que plusieurs<br />

Sœurs <strong>du</strong> <strong>Bon</strong>-<strong>Pasteur</strong> connaissaient<br />

en raison de leur travail<br />

de contact avec les femmes victimes<br />

de trafic. Deux autres<br />

femmes ont été rencontrées par<br />

une Sœur <strong>du</strong> <strong>Bon</strong>-<strong>Pasteur</strong> engagée<br />

dans le Mouvement « Le<br />

Nid ». Les femmes provenaient<br />

de Sierra Léone, <strong>du</strong> Maroc, de<br />

«Le trafic humain est un cri absolu et lancinant qui importe<br />

profondément et ce cri doit être enten<strong>du</strong>.»<br />

Côte d’Ivoire, <strong>du</strong> Niger, de Moldavie<br />

et de la République Tchèque.<br />

En Italie, cinq femmes d’un centre<br />

résidentiel <strong>Bon</strong>-<strong>Pasteur</strong> de<br />

Milan ont été interviewées; ce<br />

centre opère en collaboration<br />

avec Caritas Ambrosia. En Sicile,<br />

dans un programme rés identiel<br />

<strong>Bon</strong>-<strong>Pasteur</strong>, j’ai également<br />

interviewé cinq femmes<br />

victimes de trafic provenant <strong>du</strong><br />

Niger, de Roumanie, <strong>du</strong> Belarus,<br />

de Bulgarie et de Moldavie.<br />

Bien que je n’aie pas encore<br />

analysé les données recueillies<br />

Profession religieuse en Sri Lanka/Pakistan<br />

De gauche, Sr. Surani Karawgoda, Sr. Uzma Inayat (Pakistanais)<br />

et Sr. Princy Jayamanna ont prononcé leurs premiers Voeux à la<br />

Chapelle des <strong>Soeurs</strong> <strong>du</strong> <strong>Bon</strong> <strong>Pasteur</strong> à Nayakakanda, Sri Lanka,<br />

le 22 octobre <strong>2005</strong>. (Visitez Album Photo de notre site)<br />

ni terminé les entrevues de femmes<br />

victimes de trafic aux Étatsunis,<br />

je suis en mesure de partager<br />

avec vous les réponses de<br />

quelques unes des femmes à<br />

deux questions portant sur leur<br />

expérience :<br />

Qu’est-ce qui a été le plus pénible<br />

dans le fait d’être victime<br />

de trafic?<br />

« Être une prostituée et ne pas<br />

avoir le choix. »<br />

« J’avais 11 ans lorsqu’ils m’ont<br />

enlevée. »<br />

« C’était ma vie, quel droit<br />

avaient-ils de me prendre? »<br />

« Impossible d’oublier ce que j’ai<br />

vécu. »<br />

« D’avoir cons enti parce que je<br />

ne voulais pas mourir. »<br />

« La violence des clients. »<br />

« Je suis très amère; aucune<br />

fille ne fait cela de son propre<br />

gré; une haine a grandi en<br />

moi. »<br />

« Je dois boire avant de faire<br />

cela; si je ne suis pas saoule, je<br />

ne puis le faire. »<br />

« Avoir été sévèrement battue. »<br />

« Ils nous regardent comme si<br />

nous étions de mauvaises femmes.<br />

»<br />

Quelle a été votre plus grande<br />

peur pendant le temps où<br />

vous avez vécu le trafic?<br />

« D’être tuée par un client. »<br />

« Que le client devienne violent. »<br />

« Que tous mes rêves s’envolent. »<br />

8<br />

« De contracter le SIDA ou une<br />

MST. »<br />

« Une des filles a sauté d’un édifice<br />

et s’est tuée et je l’ai enviée. »<br />

« De perdre la raison. »<br />

« Qu’ils me fassent à moi ce qu’ils<br />

faisaient aux autres. »<br />

« J’avais peur surtout des clients<br />

sadiques. »<br />

« J’avais peur qu’ils me tuent ou<br />

qu’ils informent mes parents de ce<br />

que je faisais. »<br />

La dernière question demandait<br />

aux femmes ce qu’elles ressentaient<br />

de cette interview. Plusieurs<br />

ont dit avoir trouvé difficile de retourner<br />

ainsi dans ces souvenirs mais<br />

que si cela pouvait aider une fille à<br />

ne pas vivre la même expérience, ça<br />

en valait la peine. Une autre femme<br />

a commenté ainsi son expérience<br />

d’avoir été victime de trafic : « Cela a<br />

été douloureux. J’accepte que cela<br />

soit arrivé. J’ai survécu. Et je lutte<br />

chaque jour.”<br />

Le but de cette recherché est de<br />

publier un livre qui donnera la place<br />

centrale à la voix des femmes victimes<br />

de trafic, ces femmes ré<strong>du</strong>ites<br />

au silence, dépossédées, dépouillées<br />

de leur identité. Une recherche<br />

bien présentée peut faire en sorte<br />

que les gouvernements et les indivi<strong>du</strong>s<br />

ne puissent éviter de voir en<br />

face cette terrible violation des droits<br />

humains.<br />

L’enjeu crucial de cette question <strong>du</strong><br />

trafic humain est notre conviction<br />

centrale et fondamentale que chaque<br />

personne humaine est d’une<br />

infinie valeur et dignité et non une<br />

commodité qu’on peut acheter ou<br />

vendre à profit sur le marché noir.<br />

Martin Luther King Jr. nous rappelle<br />

que « nos vies touchent à leur fin le<br />

jour où nous devenons silencieux<br />

sur les choses qui comptent ». Le<br />

trafic humain est un cri absolu et<br />

lancinant qui importe profondément<br />

et ce cri doit être enten<strong>du</strong>.

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