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Vapeur Mauve 9. - Rock6070

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senta sur scène pieds nus. À leur grande surprise,<br />

ils sortirent vainqueurs de chaque ronde et finirent<br />

par gagner le concours. L’horizon s’élargit ainsi pour<br />

eux. Le duo fut invité à se produire un peu partout<br />

dans le pays. Ce qui, d’ailleurs, était un petit cauchemar<br />

pour Rune qui avait une phobie de l’avion.<br />

Mais la victoire à ce concours leur ouvrit aussi les<br />

portes des studios de Philips Records qui leur proposa<br />

un contrat pour l’enregistrement d’un album.<br />

Notre duo n’avait toutefois jamais imaginé aller aussi<br />

loin, jamais caressé le rêve de graver leur musique<br />

sur disque. Nina et Rune s’étaient liés d’amitié avec<br />

Satnam Singh, un étudiant d’origine indienne qui ne<br />

parlait pas un mot de norvégien et avec lequel ils<br />

conversaient en anglais. Il y avait alors bien peu de<br />

résidents d’autres ethnies dans la Norvège de cette<br />

époque, ce qui faisait de Satnam un jeune homme<br />

un peu solitaire. Rune s’intéressant grandement à la<br />

musique indienne, le rapprochement entre les deux<br />

hommes se fit d’autant plus facilement qu’il s’avéra<br />

que Satnam était un excellent joueur de flûte et de<br />

tablas. Notre duo se transforma ainsi en trio. Nina<br />

garde de Satnam le souvenir d’un homme adorable,<br />

un peu plus âgé qu’eux, leur mitonnant des petits<br />

plats indiens tellement épicés qu’ils les mangeaient<br />

accompagnés d’un grand pichet d’eau.<br />

L’album fut enregistré en un week-end seulement, à<br />

Oslo. Le trio sollicita l’aide du bassiste Sture Janson<br />

et du batteur Espen Rud, deux excellents musiciens<br />

de jazz, ainsi que celle d’Helge Grosli, l’organiste<br />

d’une formation locale nommée Junipher Greene.<br />

Le groupe avait une entière liberté de procéder<br />

comme il le voulait, d’enregistrer ce qu’il désirait. Ils<br />

commencèrent par répéter ensemble dans le studio,<br />

pendant peu de temps, puis l’album fut enregistré<br />

rapidement. Leur choix de chanter en anglais se fit<br />

naturellement car, d’une part, personne en Norvège<br />

ne jouait une musique semblable à la leur et, d’autre<br />

part, la musique qu’ils aimaient eux-mêmes écouter<br />

était majoritairement anglophone. Rune et Nina<br />

avaient d’ailleurs l’habitude de chanter des chansons<br />

des Beatles lorsqu’ils se produisaient en concert, et<br />

le Bird du titre de leur album, Dedicated to the bird<br />

we love, était un clin d’œil au Blackbird des Beatles<br />

que tous deux adoraient. Étrange phénomène que<br />

ce disque d’Oriental Sunshine. L’ajout d’influences<br />

indiennes aux merveilles d’hippie folk qui composent<br />

l’album peut, pour certains, constituer le principal<br />

attrait de Dedicated to the bird we love. Mais, pour<br />

d’autres, ces mêmes sonorités indiennes sont<br />

superflues tant la beauté des mélodies et des voix ne<br />

nécessitent aucun artifice pour les mettre en lumière.<br />

D’ailleurs, à l’écoute de la première chanson, Across<br />

your life, l’oreille attentive peut avoir le sentiment<br />

qu’Orient et Occident cohabitent sans vraiment se<br />

fondre, que les tablas semblent s’être invités à la fête<br />

sans y avoir été conviés. Nous tenons toutefois là un<br />

superbe album d’acid folk enrichi par la voix chaude<br />

de Nina. Le disque obtint d’excellentes critiques, un<br />

journaliste d’un grand quotidien du pays déclarant<br />

même qu’il s’agissait du meilleur album norvégien<br />

qu’il ait jamais entendu. Fort malheureusement, il<br />

ne bénéficia pas d’une promotion adéquate et le<br />

nombre d’exemplaires vendus aurait été à lui seul un<br />

motif de renoncer à aller plus loin. Il en fut toutefois<br />

un autre, plus douloureux encore pour Nina, qui mit<br />

fin au parcours d’Oriental Sunshine.<br />

Peu après la sortie de Dedicated to the bird we love,<br />

elle apprit que son père était grandement malade.<br />

Ce père qui avait toujours été la seule personne<br />

à l’encourager à se lancer dans une carrière de<br />

musicienne. Elle se rendit à son chevet. Il insista<br />

toutefois pour qu’elle ne perde pas son temps à<br />

le veiller et qu’elle retourne à Bergen, là où l’avenir<br />

l’attendait. Ce qu’elle finit par accepter de faire. À<br />

peine y était-elle arrivée qu’elle recevait un message<br />

lui apprenant la mort de son père. Nina en fut<br />

dévastée, incapable de continuer à chanter. Il n’y eut<br />

donc jamais de deuxième album, et nos musiciens<br />

en vinrent lentement à se perdre de vue. Rune joua<br />

par la suite avec quelques groupes locaux, Satnam<br />

partit s’installer au Danemark. Et Nina, qui sait ?<br />

Rune et Nina se sont retrouvés en 2006 à l’occasion<br />

de la réédition de leur unique album par Sunbeam<br />

Records. Ils ne s’étaient pas revus ni parlé depuis<br />

35 ans. Ce fut l’occasion de se remémorer cette<br />

douce et belle aventure qu’ils vécurent ensemble<br />

alors qu’ils n’étaient encore que des adolescents. Le<br />

CD est accompagné d’un livret fort joliment réalisé<br />

avec non seulement des photos, mais également<br />

le témoignage très instructif de Nina et Rune grâce<br />

auquel cet article a pu être écrit.<br />

Béatrice<br />

Album en écoute sur :<br />

http://www.radiorock6070.com

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