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Fr-19-03-2013

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De quoi l’Algérie a besoin en ce moment,<br />

d’après-vous, puisque vous ne considérez pas<br />

que les satisfecit de M me Lagarde soient de nature<br />

constructive pour son avenir ?<br />

L’Algérie, actuellement, a besoin d’une autre<br />

politique économique et financière, d’une autre<br />

politique monétaire. Nous voulons construire<br />

une politique hors-hydrocarbures, cela suppose<br />

des investissements. Or, comment peut-on relancer<br />

l’investissement productif si, par ailleurs,<br />

nous avons une politique monétaire restrictive. Il<br />

y a actuellement des disponibilités financières au<br />

niveau des banques qui ne sont pas utilisées parce<br />

qu’on nous dit : Attention, vous allez détériorer<br />

la balance commerciale et le dinar, vous allez<br />

relancer l’inflation !!! Mais tous ces aléas dont on<br />

veut se prémunir existent. L’inflation existe. La<br />

balance commerciale est certes excédentaire,<br />

mais on importe n’importe quoi. Donc, je pense<br />

qu’il faut une autre politique économique, financière<br />

et monétaire pour tirer le pays vers le haut<br />

et le relancer sur le sentier d’une croissance saine<br />

et forte, basée sur les secteurs productifs. Il faut<br />

arrêter une politique budgétaire complètement<br />

rénovée. La paix sociale ne s’achète pas, elle se<br />

construit. Pour ce faire, il faut une économie<br />

ALGERIE NEWS Mardi <strong>19</strong> mars <strong>2013</strong><br />

> A L A U N E<br />

Amine B./D. News<br />

« Je suis également étonné<br />

que M me Lagarde n’ait pas<br />

attiré l’attention des<br />

responsables algériens sur la<br />

politique budgétaire<br />

débridée, cette politique de<br />

subventions tous azimuts<br />

sans aucune contrepartie<br />

économique alors que dans<br />

les précédents rapports, le<br />

Fonds se plaignait de cette<br />

politique budgétaire. »<br />

3<br />

créatrice d’emplois. La responsable du FMI peut<br />

toujours dire qu’on peut baisser le taux de chômage<br />

à 5%. Bien sûr que c’est possible, comme il<br />

est possible d’avoir une croissance à 3,5%.<br />

Comment expliquez-vous que l’Algérie, qui est<br />

passée sous les fourches caudines du FMI dans<br />

les années <strong>19</strong>90, se retrouve, aujourd’hui, destinataire<br />

de ce genre de satisfecit du FMI ? Est-ce<br />

une façon de se montrer redevable envers<br />

l’Algérie car la crise financière persiste ou bien<br />

parce que le FMI lui-même a changé de vocation<br />

?<br />

Le FMI ne peut plus faire pression sur<br />

l’Algérie puisque nous n’avons pas de problème<br />

de balance des paiements ni de problèmes de<br />

dette extérieure. Par contre, la structure de l’économie<br />

algérienne n’a pas changé. Nous sommes<br />

toujours un pays vulnérable. Le FMI, à travers les<br />

propos tenus par M me Lagarde, semble avoir<br />

occulté ces aspects. Ce qui est un peu dommage<br />

car il aurait pu continuer à attirer l’attention des<br />

autorités algériennes sur ces vulnérabilités. C’est<br />

la raison pour laquelle je ne comprends pas les<br />

satisfecit adressés à des personnes, responsables<br />

des finances ou de la politique monétaire.<br />

Par ailleurs, il faudra quand même souligner<br />

un aspect qui me parait très important : je ne<br />

comprends pas les interférences du FMI concernant<br />

la souveraineté de l’Algérie, notamment ses<br />

rapports avec le Maroc en particulier. Ce n’est pas<br />

la première fois que le Fonds nous presse à faire<br />

quelque chose pour aider les pays du Maghreb<br />

pour aller vers plus d’intégration. Mais sur quelle<br />

base ? Nous avons un lourd contentieux avec le<br />

Maroc, par exemple. Nous allons faire fi de nos<br />

intérêts pour faire plaisir à l’Occident et au<br />

Maroc ? Comment voulez-vous que l’Algérie<br />

puisse aider à l’intégration des pays du Maghreb<br />

alors que le Maroc mène une guerre de colonisation<br />

au Sahara occidental ? Est-ce qu’on a dit au<br />

Maroc de cesser sa guerre coloniale qui absorbe<br />

toutes ses ressources et d’accepter le droit du<br />

Sahara occidental à l’autodétermination ? Ce<br />

n’est pas à l’Algérie de financer le développement<br />

ni du Maroc ni du Maghreb parce que nous avons<br />

nos propres problèmes.<br />

Ce qui est dommage, c’est que le Fonds monétaire<br />

international prenne le relais des revendications<br />

marocaines en occultant les intérêts de<br />

l’Algérie.<br />

On fait comme si c’est l’Algérie qui empêche<br />

de tourner en rond. Pourtant l’Algérie aide les<br />

pays du Maghreb d’une manière indirecte. Nous<br />

avons des millions de touristes algériens qui vont<br />

au Maroc et en Tunisie et cela rapporte de l’argent<br />

à ces deux pays. Nous n’avons jamais fermé<br />

nos frontières. Il ne faut pas omettre de signaler<br />

qu’en dépit d’une frontière fermée avec le Maroc,<br />

il y a une circulation des produits et surtout que<br />

le marché algérien est inondé par la drogue qui<br />

provient du Maroc. Donc que chacun balaie<br />

devant sa porte.<br />

Entretien réalisé par Kamel Aït Bessaï

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