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De quoi l’Algérie a besoin en ce moment,<br />
d’après-vous, puisque vous ne considérez pas<br />
que les satisfecit de M me Lagarde soient de nature<br />
constructive pour son avenir ?<br />
L’Algérie, actuellement, a besoin d’une autre<br />
politique économique et financière, d’une autre<br />
politique monétaire. Nous voulons construire<br />
une politique hors-hydrocarbures, cela suppose<br />
des investissements. Or, comment peut-on relancer<br />
l’investissement productif si, par ailleurs,<br />
nous avons une politique monétaire restrictive. Il<br />
y a actuellement des disponibilités financières au<br />
niveau des banques qui ne sont pas utilisées parce<br />
qu’on nous dit : Attention, vous allez détériorer<br />
la balance commerciale et le dinar, vous allez<br />
relancer l’inflation !!! Mais tous ces aléas dont on<br />
veut se prémunir existent. L’inflation existe. La<br />
balance commerciale est certes excédentaire,<br />
mais on importe n’importe quoi. Donc, je pense<br />
qu’il faut une autre politique économique, financière<br />
et monétaire pour tirer le pays vers le haut<br />
et le relancer sur le sentier d’une croissance saine<br />
et forte, basée sur les secteurs productifs. Il faut<br />
arrêter une politique budgétaire complètement<br />
rénovée. La paix sociale ne s’achète pas, elle se<br />
construit. Pour ce faire, il faut une économie<br />
ALGERIE NEWS Mardi <strong>19</strong> mars <strong>2013</strong><br />
> A L A U N E<br />
Amine B./D. News<br />
« Je suis également étonné<br />
que M me Lagarde n’ait pas<br />
attiré l’attention des<br />
responsables algériens sur la<br />
politique budgétaire<br />
débridée, cette politique de<br />
subventions tous azimuts<br />
sans aucune contrepartie<br />
économique alors que dans<br />
les précédents rapports, le<br />
Fonds se plaignait de cette<br />
politique budgétaire. »<br />
3<br />
créatrice d’emplois. La responsable du FMI peut<br />
toujours dire qu’on peut baisser le taux de chômage<br />
à 5%. Bien sûr que c’est possible, comme il<br />
est possible d’avoir une croissance à 3,5%.<br />
Comment expliquez-vous que l’Algérie, qui est<br />
passée sous les fourches caudines du FMI dans<br />
les années <strong>19</strong>90, se retrouve, aujourd’hui, destinataire<br />
de ce genre de satisfecit du FMI ? Est-ce<br />
une façon de se montrer redevable envers<br />
l’Algérie car la crise financière persiste ou bien<br />
parce que le FMI lui-même a changé de vocation<br />
?<br />
Le FMI ne peut plus faire pression sur<br />
l’Algérie puisque nous n’avons pas de problème<br />
de balance des paiements ni de problèmes de<br />
dette extérieure. Par contre, la structure de l’économie<br />
algérienne n’a pas changé. Nous sommes<br />
toujours un pays vulnérable. Le FMI, à travers les<br />
propos tenus par M me Lagarde, semble avoir<br />
occulté ces aspects. Ce qui est un peu dommage<br />
car il aurait pu continuer à attirer l’attention des<br />
autorités algériennes sur ces vulnérabilités. C’est<br />
la raison pour laquelle je ne comprends pas les<br />
satisfecit adressés à des personnes, responsables<br />
des finances ou de la politique monétaire.<br />
Par ailleurs, il faudra quand même souligner<br />
un aspect qui me parait très important : je ne<br />
comprends pas les interférences du FMI concernant<br />
la souveraineté de l’Algérie, notamment ses<br />
rapports avec le Maroc en particulier. Ce n’est pas<br />
la première fois que le Fonds nous presse à faire<br />
quelque chose pour aider les pays du Maghreb<br />
pour aller vers plus d’intégration. Mais sur quelle<br />
base ? Nous avons un lourd contentieux avec le<br />
Maroc, par exemple. Nous allons faire fi de nos<br />
intérêts pour faire plaisir à l’Occident et au<br />
Maroc ? Comment voulez-vous que l’Algérie<br />
puisse aider à l’intégration des pays du Maghreb<br />
alors que le Maroc mène une guerre de colonisation<br />
au Sahara occidental ? Est-ce qu’on a dit au<br />
Maroc de cesser sa guerre coloniale qui absorbe<br />
toutes ses ressources et d’accepter le droit du<br />
Sahara occidental à l’autodétermination ? Ce<br />
n’est pas à l’Algérie de financer le développement<br />
ni du Maroc ni du Maghreb parce que nous avons<br />
nos propres problèmes.<br />
Ce qui est dommage, c’est que le Fonds monétaire<br />
international prenne le relais des revendications<br />
marocaines en occultant les intérêts de<br />
l’Algérie.<br />
On fait comme si c’est l’Algérie qui empêche<br />
de tourner en rond. Pourtant l’Algérie aide les<br />
pays du Maghreb d’une manière indirecte. Nous<br />
avons des millions de touristes algériens qui vont<br />
au Maroc et en Tunisie et cela rapporte de l’argent<br />
à ces deux pays. Nous n’avons jamais fermé<br />
nos frontières. Il ne faut pas omettre de signaler<br />
qu’en dépit d’une frontière fermée avec le Maroc,<br />
il y a une circulation des produits et surtout que<br />
le marché algérien est inondé par la drogue qui<br />
provient du Maroc. Donc que chacun balaie<br />
devant sa porte.<br />
Entretien réalisé par Kamel Aït Bessaï