Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dèntro de la Prensa-Basm Özeti
TURQUIE La France ayant reconnu le u.énoCide arménien
Lacülère très contrôlée
d'Ankara
Malgré le mécontentement du gouvernement tw:'c, on ne décèle aucun signe
de boycottage généralisé des produits français dans les rues d'Ankara. (Photo Sipa Press.)
nien. N'empêche, l'atmosphère des contràts rompus tous les
Istanbul: générale 'et les mesures prises, jours, des appels d'offres cen-
Éric Biegala même si elles sont mesurées, sés exclure systématiquement
........................................................ risquent de déclencher un effet les entreprises tricolores ... A y ,
, « Ne pas s.e tirer dans le
pied. » Tel semble être le leitmotiv
des Turcs malgré leur
décision de sanctionner la
France poiJr sa reconnaissance
officielle du génocide armé-,
boomerang dont la Turquie n"a regarder de plus près, l'ire
nul besoin en ce moment. semble beaucoup plus mesu.-
Au premier coup d'œil, la co- rée. « Je n'ai constat1 aucune'
1ère turque semble terrible, on mesure antifran-çaise »,
annonce « des milliards de constate Gürkân Kinaci, de
dollars» de manque à gagner Diva Media, qui s'occupe des
pour les entreprises françaises. .r~lations publiques d'une ving-
,La cohabitation fait plonger la Bourse
4,8 milliiI.rds de dollars. C'est la somme qui sé1'Ï!Juse )). Les marchés, particulièrement voserait
sortie de Tul-qwe bier après-midi en latiles en Turquie, réagissaient immédiatequelques
heures, soit l'équivalent de ce qui ment. L'indice principal était en chute de
avait déserté le pays début décembre en une 13 % en tin d'après-midi à la bourse d'Istansemaine,
hémorragie qui avait déclenché une boL ayant récupéré quelques points suite à
crise des liquidités sans précédent et obligé une annonce du premier ministre comme
le FMI à sérieusement majorer son enveloppe quoile gouvernement ,n'entendait nullement
au profit de la Turquie. " présenter sa'démission. De source bancaire,
Une première promesse de 4milliards d'aides on indiquait hier qu'environ un quart des
décidée tin 1999 avàitété allongée d'un bonus SQmmes fuyant la Turquie était le fait d'opéde
7,5 milliards en décembre 2000 pour faire . rateurs étrangers, la ,Deutsche Bank ayant
face à la fuite des capitaux. ' . évacué à eUe .seule quelque 400 millions de
Une dispute entre les deux têies de)'exécutif ',dollars. Le solde seraiHe fait de banques
semble être à l'origine du derapage d'bier. En tu.rip.es refermant leurs positions: « eUes.an- ,
tin de matinée, le premier m.iiüsti-e, Billent ticipent une dévaluation », expliquait un ana-
Ecevit, sortait ,du Conseil de sécurité natio- , lyste. Le spectre de la crise financière semlfle
, nale au bout d'une demi-heure annon~t en passe de resurgir: environ 7 milliards de
que le président de la République l'avait « in- doUars en titres internationaux arrivent à
sulté » et que l'affront produirait une «crise échéance aujourd'hui
102
taine d'entreprises étrangères
. en Turquie, dont plusieurs
frap.çaises. Çà et là, on a bien
vU quelques mouvements d'hu-
meur'; des cliénts rendant
leUrs cartes de fidélité à Carrefour,une
bouderie de l'enseigne
Lacoste, mais rien qui
tienne du boycottage généralisé.
Cela dit, les autorités turques
ont dénoncé plusieurs contrats
en cours de négociation entre
l'État et des entreprises françaises.
Le plus spectaculaire,
l'annulation d'un appel d'offres
pour la construction d'un tunnel
ou d'un pont pour franchir
la baie d'Izmit (nord-ouest du
. pays), semble toutefois utiliser
la reconnaissance du génocide
arménien comme un simple
prétexte. Outre que la baie
d'Izmit est considérée par les
sismologues comme l'un des
endroits les plus dangereux du
pays depuis le tremblement de
terre d'août 1999, l'État turc
est actuellement censé se serrer
la ceinture du fait du programme
d'ajustement imposé
par l'accord conclu avec le
FMI. Il veut réduire l'inflation
(en moyenne 65 % par an sur
les 20 dernières années).
Les grands projets d'infrastructure
sont les premiers à
en souffrir. Reste que certains
ministères, notamment ceux
dominé par l'extrême droite,
semblent vouloir appliquer un
véritaliie embargo contre la
France. A l'Agriculture, par'
exemple, le ministre a envoyé
trois circulaires à ses services
pour leur demander d'interdire .
les licences d'importation pour
les produits agricoles français.
A chaque fois cependant et sur
pression du premier ministre,
.lesdites licences ont finalement
été, accordées. Actuellement,
les importations de produits
agricolès français ayant quitté
la France après le 17 février ne
devaient pas recevoir d'agrément
mais, hier, on parlait
déjà de reporter la mesure jusqu'au
26 ...
. ~n fait, qu'il s'agisse des
règles de l'OMC ou de celles de
l'Virion douanière signée entre
la TllI'qijÏe et l'UE en 1996, la
constniction d'obstacles non
tarifaires est eXpressément interdite.
Même les appels
d'offres pu~lics ne sont pas
censés être discriminatoires se-
, Ion les pratiques en vigueur à
, rOMC et des procédures de
. saisine sont d'ailleurs prévues.
, Comme le r~sumait hier un
analyste du Poste d'expansion,
économique français d'Ankara,'
« le pouvoir turc est plus em.
bêté qu'autre chose sur cette
histoire car sa marge de manœuvre
est des plus étroites ».