En route - Secours Catholique
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<strong>En</strong> <strong>route</strong><br />
avec les Roms et les Gens du voyage
Sommaire<br />
Éditorial 03<br />
Origines et histoire des Roms/Tsiganes 04<br />
Les Roms/Tsiganes dans le monde 06<br />
Un peuple, différentes ethnies 09<br />
Culture et mode de vie des Roms/Tsiganes 10<br />
Les dispositifs spécifi ques aux Gens du voyage 14<br />
L’accueil et le stationnement des Gens du voyage 16<br />
La scolarisation des jeunes voyageurs 20<br />
Agir avec le <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> 22<br />
Pour aller plus loin 24<br />
Les institutions et les partenaires 26<br />
Les annexes : principaux textes de loi 28<br />
PHOTO DE COUVERTURE : P. DELAPIERRE / S.C.
Éditorial<br />
ous avez entre les mains cette brochure intitulée « <strong>En</strong> <strong>route</strong><br />
avec les Roms et les Gens du voyage ».<br />
Le <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> est fier de vous présenter le fruit de<br />
ce travail collectif. Ce peuple des Gens du voyage n’est pas<br />
uniforme. Ses origines sont diverses de l’Inde à l’Europe de<br />
l’Est en passant par l’Asie Centrale… Ce peuple nous dérange<br />
et souvent nous inquiète car nous méconnaissons son mode de<br />
vie, ses coutumes et ses valeurs. Les sédentaires déploient une<br />
grande énergie à se protéger des “Gens du voyage”. De plus en<br />
plus, nous leur rendons la vie impossible par notre refus de les voir<br />
séjourner près de chez nous. La loi du 5 juillet 2000 fait obligation<br />
aux communes d’accueillir dignement les voyageurs. Difficile de mettre<br />
cette loi en application sans provoquer le rejet de l’électeur à l’échelon<br />
communal. Et pourtant, ce peuple cultive des valeurs exemplaires : la<br />
place des personnes âgées, la richesse d’avoir des enfants, la solidarité<br />
autour du malade, le sens de la famille. Autant de valeurs que nous<br />
regrettons par ailleurs de voir disparaître. Bien sûr, nous ne basculerons<br />
pas dans la naïveté. Comme dans tout groupe humain, il y a des zones<br />
d’ombre. Certains membres sombrent dans la délinquance ou les pratiques<br />
mafieuses mais en est-il autrement chez nous ?<br />
La moitié des délégations départementales accompagne des familles<br />
Roms/Tsiganes. Les besoins sont grands car les difficultés d’accueil ont<br />
des répercussions sur l’insertion de ces familles.<br />
L’analphabétisme est encore trop répandu. Les difficultés de scolarisation<br />
demeurent pour bon nombre d’enfants. L’accès au travail est réduit<br />
par les faibles débouchés des métiers traditionnels…<br />
La place du <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> est bien auprès de ces familles pour les<br />
aider -sans basculer dans l’assistance- à faire reconnaître leurs droits et<br />
leur permettre de s’organiser.<br />
Ce document nous invite à faire la connaissance de ce peuple, à aller plus<br />
loin dans la rencontre, et à nous laisser toucher par la spiritualité et la profondeur<br />
qui l’habite. Loin des clichés et des idées toutes faites, bonne lecture.<br />
À tous, latcho drom, bonne <strong>route</strong>.<br />
Pierre LEVENÉ<br />
Secrétaire Général du <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong><br />
03
Origines et histoire<br />
des Roms / Tsiganes<br />
04<br />
01<br />
S. XII<br />
S. XIV<br />
FIN S. XIV<br />
S. XV<br />
S. XVI<br />
Aujourd’hui de nombreux linguistes<br />
et anthropologues s’accordent sur<br />
les origines indiennes des Roms/<br />
Tsiganes. Issus du Rajasthan, au<br />
Nord-Ouest de l’Inde, ils appartiendraient<br />
notamment à la caste<br />
des Kshatriyas-Rajputs.<br />
Les raisons qui ont conduit le peuple Rom/<br />
Tsigane à quitter l’Inde entre le V e et le X e siècle<br />
demeurent encore méconnues. Deux éléments<br />
permettent néanmoins de dresser leur<br />
parcours dans le monde : d’une part les langues<br />
parlées, qui mêlent de nombreuses racines de<br />
sanskrit ou de persan à des mots empruntés<br />
aux diff érents pays traversés et d’autre part, des<br />
documents historiques décrivant le passage<br />
d’un peuple de voyageurs étrangers “aux coutumes<br />
diff érentes et à la peau foncée”.<br />
<strong>En</strong> France, c’est en 1419 qu’ils sont signalés<br />
pour la première fois dans le pays de Bresse. Les<br />
premiers récits présentent les Roms/Tsiganes<br />
avec curiosité et sympathie : l’Occident chrétien<br />
respecte leur statut de pèlerins et se laisse<br />
séduire par leur aspect exotique, le charme de<br />
L’holocauste tsigane<br />
Les Roms / Tsiganes ont payé un lourd<br />
tribut lors de la seconde guerre mondiale.<br />
<strong>En</strong> 1939, considérés comme autant<br />
d’espions potentiels, la suspicion à leur<br />
égard conduit le gouvernement à les<br />
assigner à résidence. L’interdiction proférée<br />
par les Allemands d’exercer des<br />
professions ambulantes dans vingt et<br />
un départements de l’ouest de la France<br />
et la nécessité de passer inaperçus<br />
conduit la plupart d’entre eux à se sédentariser.<br />
Beaucoup n’échappent pas<br />
aux camps d’internement où certains<br />
demeureront parfois jusqu’en 1946<br />
dans des conditions dramatiques. Le<br />
III e Reich avait décrété l’extermination<br />
des Roms/Tsiganes, jugés “asociaux”,<br />
“parasites” et coupables de “mettre en<br />
cause la pureté de la race aryenne”.<br />
Les estimations portent entre 350 000<br />
et 500 000 le nombre de victimes des<br />
camps nazis.
G. KERBAOL / S.C.<br />
leurs coutumes, leur goût de la fête et leur<br />
habileté à exercer certains métiers comme le<br />
travail des métaux. Mais ils ne tarderont pas à<br />
être désignés comme boucs émissaires dans<br />
toutes les périodes de crise. <strong>En</strong>rôlés de force<br />
dans les galères ou les armées, déportés, livrés<br />
à l’arbitraire de tous les pouvoirs, ils verront<br />
leur condition progressivement s’aggraver. Au<br />
XIX e siècle, la naissance des états modernes<br />
et la montée des nationalismes développent<br />
une méfiance systématique à leur encontre.<br />
L’opinion publique pratique l’amalgame entre<br />
Tsiganes et vagabonds et plusieurs rapports<br />
de gendarmerie rendent compte d’un climat<br />
d’insécurité dans les campagnes françaises<br />
où s’établissent les Roms/Tsiganes. Au début<br />
du XX e siècle, au prix de mesures qui seraient<br />
aujourd’hui considérées comme contraires<br />
aux droits de l’homme, tous les efforts législatifs<br />
tendent à contrôler cette population ré-<br />
putée instable et donc dangereuse. <strong>En</strong> 1912,<br />
on aboutit ainsi à la création du carnet anthropométrique<br />
qui applique aux Roms/Tsiganes,<br />
dès leur plus jeune âge, les méthodes d’identification<br />
mises au point pour la criminologie<br />
(photographies, empreintes, mensurations…).<br />
Il faudra attendre 1969 pour que cette législation<br />
d’exception soit assouplie et que différents<br />
livrets ou carnets de circulation remplacent<br />
le carnet anthropométrique.<br />
Au début du XX e siècle, au prix de mesures<br />
qui seraient aujourd’hui considérées comme<br />
contraires aux droits de l’homme, tous les<br />
efforts législatifs tendent à contrôler cette<br />
population...<br />
05
Les Roms / Tsiganes<br />
dans le monde<br />
Loin d’être homogène, la société<br />
des Gens du voyage est divisée en<br />
grandes familles qui tentent de préserver<br />
leur culture et de se protéger<br />
mutuellement. Aujourd’hui, on estime<br />
entre 10 et 12 millions de personnes<br />
la communauté des Roms/<br />
Tsiganes en Europe.<br />
S’ils vivent essentiellement en Europe, on<br />
trouve néanmoins d’importantes communautés<br />
en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’en<br />
Australie, suite à des déportations. De petites<br />
ethnies se maintiennent également en Inde,<br />
tels que les Lambadi, nomades parlant une<br />
Originaires du nord-ouest de l'Inde, les Tsiganes seraient arrivés en Europe<br />
occidentale au XV e siècle. Leur population s'élèverait à environ 300 000 individus en<br />
France et à plus d'un million dans la communauté européenne.<br />
06<br />
02<br />
LES GITANS<br />
Espagne (Andalousie et<br />
Catalogne) France (Provence<br />
Languedoc- Roussillon)<br />
Portugal Italie.<br />
LES ROMS<br />
Vivent en majorité dans l'est de<br />
l'Europe, mais sont présents<br />
sur tout le continent.<br />
LES MANOUCHES OU SINTI<br />
Belgique France (nord et<br />
ouest) Allemagne Italie<br />
Luxembourg Pays-Bas<br />
Les Roms/Tsiganes<br />
en Europe<br />
<strong>En</strong> 1994, le Conseil de l’Europe estimait<br />
le nombre de Roms/Tsiganes entre 1,8<br />
million et 2,5 millions en Roumanie,<br />
700 000 à 800 000 en Bulgarie, 400 000<br />
en SerbieMontenégro, plus de 500 000<br />
en Slovaquie et 600 000 en Hongrie.<br />
Au sein de l’Union Européenne, ils<br />
seraient entre 500 000 et 600 000<br />
Gitans en Espagne et 50 000 à 100 000<br />
au Portugal. Les Sintés seraient entre<br />
85 000 et 120 000 en Allemagne,<br />
15 000 à 20 000 en Autriche, 30 000 à<br />
40 000 aux Pays-Bas. Parmi les autres<br />
pays européens qui accueillent des<br />
voyageurs on compte, entre autre, la<br />
France (280 000 à 350 000), la Grèce<br />
(140 000 à 200 000), l’Italie (85 000 à<br />
120 000), le Royaume-Uni (80 000 à<br />
100 000), la Belgique (10 000 à 15 000)<br />
et la Finlande (5 000 à 8 000).<br />
Source : Conseil de l’Europe, chiff res repris par Libération,<br />
jeudi 15 août 2002.<br />
langue proche du romani. <strong>En</strong> France, il y aurait<br />
actuellement entre 280 000 et 350 000 Roms/<br />
Tsiganes, dont un tiers sédentarisé.
J.L. MÈGE / S.C.<br />
Les Roms de l’Europe de l’Est<br />
À l’Est, la chute des régimes communistes est<br />
à l’origine d’une nouvelle migration des Roms<br />
vers l’Europe de l’Ouest. Il s’agit de la troisième<br />
vague après une première arrivée en Europe<br />
et un deuxième mouvement migratoire au<br />
milieu du XIX e siècle, lorsque les Roms ont pu<br />
quitter les principautés moldaves après l’abolition<br />
de l’esclavage auquel ils étaient soumis.<br />
Son importance est difficile à chiffrer et reste<br />
source de préoccupations pour les gouvernements<br />
et les organisations internationales. <strong>En</strong><br />
octobre 1989, de nombreux Roms de nationalité<br />
roumaine fuient le régime de Ceausescu<br />
pour demander l’asile en France notamment.<br />
Quelques années plus tard, les conflits dans<br />
les Balkans entraînent de nouveaux départs<br />
massifs : accusés par les Albanais d’avoir collaboré<br />
avec les Serbes, des milliers de Roms du<br />
Kosovo ont été contraints de quitter le pays.<br />
<strong>En</strong> France, alors que les Roms/Tsiganes présents<br />
sur le territoire sont majoritairement<br />
français depuis plusieurs générations et relèvent<br />
de dispositifs spécifiques, ces immigrés<br />
récents dépendent de la législation sur<br />
l’entrée et le séjour des étrangers en France<br />
(Code de l’entrée et du séjour des étrangers<br />
et du droit d’asile, dit CESEDA). Dans le cadre<br />
d’une demande d’asile politique, il faut noter<br />
que certains ressortissants de pays considérés<br />
comme “sûrs”, notamment la Macédoine, ne<br />
peuvent bénéficier que d’un examen rapide<br />
de leur situation. Ils sont exposés aux risques<br />
que connaissent tous les demandeurs d’asile :<br />
prolongation du séjour en situation irrégulière,<br />
précarité des revenus, pression financière des<br />
passeurs, logeurs ou fournisseurs de papiers<br />
parfois organisés en véritables filières. Pour<br />
survivre, certains se débrouillent (revente de<br />
vêtements de seconde main, récupération<br />
07
08<br />
02 Les Roms / Tsiganes dans le monde<br />
et recyclage de métaux ou d’encombrants),<br />
d’autres se livrent à la mendicité ou sont acculés<br />
à la délinquance.<br />
Dans le cadre du droit au séjour, les Roms ressortissants<br />
d’un pays de l’Union européenne<br />
(Roumanie ou Bulgarie) bénéficient de la liberté<br />
de circulation en tant que citoyens de<br />
l’Union, munis d’une simple pièce d’identité.<br />
Au bout de trois mois, ils doivent justifier de<br />
ressources suffisantes pour bénéficier d’un<br />
droit au séjour. Les Roumains et les Bulgares<br />
sont soumis à un régime transitoire quant à<br />
l’accès au marché du travail. Ils ne peuvent accéder<br />
qu’à 150 métiers dits « en tension » (no-<br />
E. PERRIOT / S.C.<br />
tamment dans les domaines des services à la<br />
personne, de la restauration et du bâtiment),<br />
pour lesquels la situation de l’emploi ne leur<br />
est pas opposable du fait de la pénurie de<br />
main d’œuvre. S’ils justifient d’une embauche<br />
dans l’un de ces métiers, ils peuvent bénéficier<br />
d’une carte de séjour.<br />
Force est de constater qu’en pratique, l’accès<br />
à l’emploi pour les Roms est très difficile car<br />
même s’ils trouvent un employeur prêt à les<br />
embaucher, la procédure est tellement lente<br />
que finalement la place est prise par une autre<br />
personne.<br />
Ainsi, les Roms de France cumulent de multiple<br />
problèmes : le séjour, l’accès à l’emploi,<br />
l’habitat (conditions de vie indignes en squat<br />
ou sur des terrains sauvages : absence de sanitaires,<br />
pas d’accès à l’eau ni à l’électricité), la<br />
santé (difficulté d’accéder à une couverture<br />
maladie, grossesses précoces et non suivies,<br />
épidémies comme la tuberculose) et les expulsions<br />
incessantes et sans solution empêchant<br />
une scolarité stable, un suivi social et<br />
donc une insertion durable.<br />
Le <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> participe activement au<br />
travail de plaidoyer du Collectif National Droits de<br />
l’Homme Romeurope (dont il est membre depuis<br />
septembre 2009), visant à l’amélioration de l’accès<br />
aux droits fondamentaux des Roms d’Europe de<br />
l’Est et à la lutte contre les discriminations et violations<br />
des droits dont ils sont victimes en France.<br />
Hugues Moutouh, juriste, analyse ainsi la situation de ces candidats<br />
au rêve américain, canadien, britannique ou français :<br />
« Si l’immigration tsigane s’est notablement accrue ces dernières années, il apparaît que<br />
leur propension à émigrer n’est pas, malgré les apparences, supérieure à celle des autres<br />
catégories de population de l’Europe de l’Est.<br />
Si l’on cherche toutefois à établir une distinction entre les Tsiganes et les autres, on dira<br />
tout d’abord qu’ils constituent des groupes de migrants plus “visibles” notamment parce<br />
que leur migration est toujours le fait de familles entières, et non d’individus isolés ; ensuite,<br />
qu’ils sont très souvent plus motivés que les autres pour émigrer du fait des discriminations<br />
dont ils sont fréquemment l’objet dans leur pays d’origine. »<br />
Extrait de Les Tsiganes, collection Domino,<br />
éditions Flammarion, 2000
Un peuple,<br />
différentes ethnies<br />
Les termes génériques<br />
Les Roms/Tsiganes<br />
Les Roms/Tsiganes forment une<br />
population de 10 à 12 millions de<br />
personnes en Europe. Ce terme<br />
générique est employé dans ce<br />
document pour désigner l’ensemble<br />
des communautés Roms, Gitanes,<br />
Manouches et Yéniches présentant<br />
des aspects culturels et ethniques<br />
spécifi ques. C’est aussi le terme<br />
employé par le Conseil de l’Europe<br />
pour désigner ces populations.<br />
Les Gens du voyage<br />
Employée depuis 1945 par les<br />
institutions, les administrations et les<br />
associations, la dénomination « Gens<br />
du voyage » désigne l’ensemble<br />
des communautés itinérantes, sans<br />
distinction culturelle ou ethnique.<br />
Les ethnies<br />
Les Sintés ou Manouches<br />
Dérivé de Sindh (nom hindou<br />
du fl euve Indus), les Sintés sont<br />
surtout présents en Allemagne, en<br />
France, aux Pays-Bas et en Belgique.<br />
Appelés aussi Manouches en France,<br />
ils exerçaient le plus souvent les<br />
activités de marchands, forains,<br />
musiciens, vanniers, ferrailleurs,<br />
ainsi que les métiers du cirque.<br />
Les Roms ou Roma<br />
Rom signifi e «homme» en langue<br />
romani, langue à la base des diff érents<br />
dialectes et langues parlées par<br />
les Roms/Tsiganes. On donne le<br />
nom de Roms aux groupes qui ont<br />
longtemps séjourné dans les pays<br />
du centre et de l’est de l’Europe.<br />
C’est l’ethnie la plus nombreuse<br />
et la plus répandue dans le monde.<br />
Les sous groupes les plus souvent<br />
cités sont les Abruzzes, les Xoraxanés,<br />
les Kaldérashs, les Lovaras et les<br />
Lautaris. Ils exerçaient notamment<br />
les professions de maquignons,<br />
rétameurs et chaudronniers.<br />
Les Gitans ou Kalés<br />
Ils portent de nombreuses<br />
appellations comme «gypsies» ou<br />
«ejiftos». Diminutif de gitano, le<br />
mot gitan vient probablement de<br />
egyptano par référence à une région<br />
d’Asie mineure « la petite Egypte »<br />
où ils séjournèrent longtemps. Aussi<br />
appelés « Kalés », qui signifi e «noirs»<br />
dans leur dialecte, se diff érenciant<br />
entre Andalous et Catalans, les<br />
Gitans sont surtout présents dans<br />
03<br />
le sud de la France, en Espagne et<br />
au Portugal. Les mesures coercitives<br />
qui leur ont été imposées à la fi n<br />
du XV e siècle les ont fortement<br />
hispanisés. Ils ont, de leur côté,<br />
imprimé une marque très originale<br />
à la musique fl amenco et à la danse.<br />
On compte parmi eux de nombreux<br />
toreros, marchands et ferrailleurs.<br />
Les Yéniches<br />
Leurs origines demeurent encore mal<br />
connues. De souche européenne, les<br />
Yéniches auraient depuis plusieurs<br />
générations adopté le mode de vie<br />
et les traditions des Roms/Tsiganes.<br />
<strong>En</strong> France et en Allemagne, ils<br />
exerçaient la profession de vanniers.<br />
Les autres voyageurs<br />
Itinérants, ils exercent les métiers<br />
du cirque, du spectacle ou des<br />
fêtes foraines et partagent la<br />
notion de famille élargie, sans être<br />
systématiquement Roms/Tsiganes.<br />
09
Culture et mode de vie<br />
des Roms/Tsiganes<br />
La famille<br />
Au sein de la population des Roms et Gens<br />
du voyage, chaque groupe possède sa propre<br />
culture, ses propres traditions et son mode de<br />
vie spécifique. On retrouve cependant chez<br />
tous les Roms/Tsiganes des valeurs communes<br />
parmi lesquelles la famille occupe une<br />
place privilégiée ; ainsi celle-ci ne se limite pas<br />
au noyau conjugal. On peut dire “qu’un Tsigane<br />
seul n’existe pas”. Il n’est véritablement lui-même<br />
qu’au sein de son réseau relationnel qui<br />
se révèle d’une richesse étonnante. Ainsi, les<br />
Roms/Tsiganes apprécient particulièrement<br />
les rassemblements qui, petits ou grands, sont<br />
toujours l’occasion de joyeuses retrouvailles.<br />
À la base des relations sociales, la famille assure<br />
les fonctions éducatrices, protectrices<br />
et économiques du groupe. L’éducation des<br />
enfants se fonde sur l’imitation des adultes et<br />
s’effectue au quotidien, en situation concrète.<br />
Les jeunes filles sont élevées de manière à assu-<br />
<strong>En</strong> communion avec la nature, leur rapport<br />
au temps et à l’espace diffère totalement de<br />
celui des populations sédentaires. Ainsi en<br />
langue romani, un seul mot désigne à la fois<br />
hier et demain.<br />
10<br />
04<br />
rer les responsabilités d’un foyer et de perpétuer<br />
les traditions, tandis que les garçons accompagnent<br />
leurs aînés dans toutes leurs activités et y<br />
prennent peu à peu une part active.<br />
Au sein de la communauté, la solidarité familiale<br />
et inter-familiale est très forte. Si les<br />
unions scellent les familles appartenant le<br />
plus souvent à la même ethnie, les alliances<br />
avec les gadjés (non-tsiganes) simplement tolérées<br />
jadis, tendent à se multiplier.<br />
Elles sont à la fois source d’ouverture à la modernité<br />
(1) et causes d’un appauvrissement culturel.<br />
Considérés pendant longtemps comme seuls<br />
garants de l’avenir de leurs parents, les enfants<br />
sont source de bonheur et signes de richesse ;<br />
hommes et femmes considèrent comme une<br />
bénédiction d’en avoir un grand nombre.<br />
Le voyage<br />
Fortement ancré dans la tradition, le voyage reste<br />
une valeur incontournable pour les communautés<br />
Roms/Tsiganes. Les raisons de leurs déplacements<br />
sont multiples : recherche de travail, événements<br />
familiaux, pèlerinages, etc. Sensibles aux<br />
rythmes de la nature, les Roms/Tsiganes possèdent<br />
un mode de vie flexible et interchangeable<br />
selon leur environnement. <strong>En</strong> communion avec la<br />
nature, leur rapport au temps et à l’espace diffère<br />
totalement de celui des populations sédentaires.<br />
Ainsi en langue romani, un seul mot désigne à la<br />
(1) définie par opposition à l’univers traditionnel
P. DELAPIERRE / S.C.<br />
fois hier et demain. Le moment présent est le plus<br />
important. Mêmes sédentarisés, les Roms/Tsiganes<br />
entretiennent un mode de vie marqué par la<br />
mobilité et une grande capacité d’adaptation aux<br />
circonstances.<br />
Dans une société organisée par et pour les sédentaires,<br />
cet état d’esprit nomade ou hérité du nomadisme<br />
est cause de difficultés d’organisation,<br />
voire de conflits : les arrivées, départs et durées<br />
de séjour sont imprévisibles, les déménagements<br />
sont fréquents et les enfants se trouvent souvent<br />
décalés par rapport au cadre scolaire traditionnel.<br />
Le travail<br />
Le travail occupe une place centrale dans la<br />
vie des Roms/Tsiganes. Toutefois, il n’a pas<br />
pour finalité la sécurité financière ou la capitalisation.<br />
Il constitue pour les familles le<br />
moyen de satisfaire des besoins élémentaires<br />
de vie, parfois de survie, et ceux d’être libres,<br />
de voyager et de pouvoir profiter pleinement<br />
de la vie. La convivialité et le respect des liens<br />
familiaux (célébrations de baptêmes, de mariages,<br />
les soins et visites aux malades, les rites<br />
de deuil, etc.) sont des valeurs essentielles<br />
pour lesquelles les Roms/Tsiganes sont prêts à<br />
dépenser beaucoup d’argent.<br />
Aujourd’hui, les nouveaux circuits économiques<br />
les privent de plusieurs de leurs sources<br />
traditionnelles de revenus (artisanat, petit<br />
commerce au porte-à-porte, travaux agricoles,<br />
métiers de la fête…), sollicitant leur grande faculté<br />
d’adaptation. Nombre d’entre eux se reconvertissent<br />
vers les travaux de maçonnerie,<br />
ramonage, ravalement de façade, entretien de<br />
véhicules, etc.<br />
La religion<br />
Le sentiment religieux est une composante<br />
essentielle de l’univers des Roms/Tsiganes.<br />
11
04 Culture et mode de vie des Roms / Tsiganes.<br />
Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère et fuis<br />
La fuite en Égypte de Jésus fait partie des épisodes<br />
bibliques qui ont inspiré le plus les artistes.<br />
Un évangile apocryphe raconte même que, de retour<br />
d’Égypte, la sainte famille s’arrêta dans un village des<br />
monts de Moab, tout près de la Jordanie actuelle. Or, un enfant<br />
de ce village ayant été trouvé mort, on accusa aussitôt les<br />
“étrangers”, c’est à dire la famille de Jésus. Bien que sans fondement<br />
historique, cet épisode refl ète la réaction de méfi ance<br />
que suscitent souvent ceux qui ne sont pas sédentaires ou<br />
qui ne vivent pas selon les normes habituelles. Située juste<br />
après la naissance de Jésus, la fuite en Égypte préfi gure pourtant<br />
ce que sera son existence, car c’est ce mode de vie que<br />
choisira Jésus puisqu’ après avoir quitté Nazareth, la ville de<br />
son enfance, il sillonnera les <strong>route</strong>s de son pays, de village en<br />
village, pour y annoncer l’Évangile. On raconte même qu’il répondra<br />
un jour à un homme qui voulait se mettre à sa suite :<br />
“Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel des nids ; le Fils de<br />
l’homme, lui, n’a pas où poser la tête” (Luc 9,58).<br />
12<br />
Animistes, hindous, musulmans, chrétiens, ils<br />
ont le plus souvent adopté la religion des pays<br />
où ils résidaient. <strong>En</strong> France, après des siècles<br />
d’attachement au catholicisme, des familles<br />
Tout au long de son enseignement, Jésus rappellera également<br />
que celui qui veut être son disciple doit tout quitter et accepter<br />
d’être un “itinérant”. Et lorsqu’il enverra les Douze en mission, il<br />
leur recommandera de “ne rien prendre pour la <strong>route</strong>, sauf un<br />
bâton : pas de pain, pas de sac, pas de monnaie dans la ceinture,<br />
mais pour chaussures des sandales” (Marc 6,8).<br />
On pourrait s’étonner de telles recommandations ; ce serait<br />
oublier que la Bible est traversée par une constante invitation<br />
à ne jamais s’installer et à vivre en «itinérant». Dans nombre<br />
de psaumes et de textes prophétiques, ce type d’existence<br />
donne même lieu à un enseignement spirituel sur la quête<br />
de Dieu et la manière de vivre du croyant : bien que vivant<br />
dans le monde, le croyant reconnaît en eff et qu’il n’est pas<br />
de ce monde, et que la vie est un chemin où il apprend quotidiennement<br />
à se libérer de tout ce qui l’empêche de recevoir<br />
de Dieu ou de se consacrer à ses frères.<br />
L’itinérance apparaît ainsi comme une dimension essentielle<br />
de la condition humaine.<br />
P. DELAPIERRE / S.C.<br />
rejoignent aujourd’hui la mouvance pentecôtiste<br />
au sein de la Mission évangélique Tsigane<br />
(fondée au début des années 1950 et reconnue<br />
par la Fédération protestante de France). Si les<br />
conventions qu’elle organise suscitent l’affl uence<br />
des Roms / Tsiganes et l’attention des médias,<br />
les pèlerinages catholiques sont toujours<br />
des temps forts de rencontres, de prières, d’expression<br />
de la foi et de vie en Église.<br />
Chaque année, les plus importants d’entre eux,<br />
à Lourdes et aux Saintes-Maries-de-la-Mer, rassemblent<br />
plusieurs milliers de personnes, venues<br />
parfois de très loin par familles entières.<br />
Lourdes<br />
Dans la cité mariale de Lourdes, le pèlerinage<br />
des Roms/Tsiganes est décrit comme étant<br />
“parmi les plus hauts en couleurs qui s’y déroulent”.<br />
La célébration à la Grotte y est saisissante<br />
: des plus jeunes, parés d’habits de fête,<br />
aux plus âgés, les Roms / Tsiganes désertent<br />
les caravanes pour s’y presser. Au son des guitares<br />
et des violons, sous le soleil comme sous
en Egypte<br />
Pour les hommes et les femmes de la Bible,<br />
elle est même un des secrets du bonheur.<br />
Car s’il n’est pas demandé à chacun de faire le<br />
choix d’une vie non sédentarisée, chacun, jusque<br />
dans son confort et dans ses habitudes,<br />
doit vivre la désinstallation.<br />
On apprend ainsi à ne s’attacher aux choses et<br />
aux biens que par rapport à ce qu’ils peuvent<br />
apporter d’essentiel, et on évite d’en devenir<br />
les esclaves. C’est sans doute l’enseignement<br />
que nous livrent ceux qui, de manières différentes<br />
mais complémentaires, choisissent,<br />
aujourd’hui encore, de ne jamais s’installer ?<br />
Pierre Debergé, recteur<br />
de l’institut catholique de Toulouse<br />
la pluie, ils portent de nombreux cierges décorés<br />
de couleurs vives de dimensions parfois<br />
impressionnantes, ou de simples croix de bois<br />
ornées de fl eurs et de feuillages. Sur le chemin<br />
des terrains à la Grotte, une halte devant<br />
l’accueil des malades hospitalisés permet aux<br />
familles d’off rir, sous forme d’une aubade musicale,<br />
ce dont elles sont riches et partagent<br />
sans compter : la joie de la fête.<br />
Les Saintes Maries de la Mer<br />
C’est à la présence des Roms/Tsiganes que la<br />
petite bourgade des Saintes-Maries-de-la-Mer<br />
doit sa notoriété. Depuis le Moyen Age des pèlerins<br />
y vénèrent la mémoire de Marie Jacobé et<br />
Marie Salomé, que la tradition présente comme<br />
de proches parentes de Jésus. Elles fi gureraient<br />
parmi les premiers témoins de sa résurrection<br />
et se seraient échouées sur ce rivage de Camargue<br />
après avoir été expulsées de Judée, lors<br />
d’une persécution anti-chrétienne.<br />
Deux fois l’an, en souvenir de leur arrivée par la<br />
mer, une barque contenant deux statues les re-<br />
F. COLLINI / S.C.<br />
présentant est conduite en procession jusqu’à<br />
la plage ; auparavant leurs reliques, habituellement<br />
conservées dans la partie supérieure<br />
du chœur (la “chapelle haute”), sont solennellement<br />
descendues dans l’église où elles sont<br />
exposées et livrées à la piété des fi dèles.<br />
Pendant longtemps les Gitans ont été exclus<br />
de ces réjouissances et seulement admis à se<br />
retrouver dans la crypte.<br />
Ils y priaient autour d’une statue de Sara, dite<br />
“la kali” ou “la noire”, à cause de sa couleur. Si<br />
les historiens restent muets sur la vie de cette<br />
sainte, les Gitans la reconnaissent comme une<br />
des leurs et l’ont adoptée pour patronne et<br />
protectrice. Ému de cette discrimination, le<br />
marquis de Baroncelli, gentilhomme provençal<br />
grand ami des Gitans, y mit fi n en organisant<br />
le 24 mai une procession à la mer de la<br />
statue de Sara, réplique exacte du prélude de<br />
celle qui se déroule autour de la barque des<br />
Saintes-Maries le lendemain. Depuis plusieurs<br />
années, les télévisions du monde entier s’en<br />
font désormais l’écho.<br />
13
05<br />
Les dispositifs spécifiques<br />
aux Gens du voyage<br />
Les titres de circulation<br />
et d’activité ambulante<br />
<strong>En</strong> France, la population non sédentarisée<br />
(dépourvue de résidence fixe depuis plus de<br />
six mois), quelle que soit son origine (Roms/<br />
Tsiganes ou non), est soumise à une réglementation<br />
particulière. Pour se déplacer et/ou exercer<br />
une activité ses membres doivent choisir une<br />
commune de rattachement et détenir des titres<br />
spécifiques, dont la nature dépend de leur situation<br />
professionnelle, économique et familiale.<br />
Le livret spécial de circulation<br />
Ce document s’adresse aux commerçants<br />
français nomades, qui n’ont pas de résidence<br />
fixe depuis plus de six mois et qui souhaitent<br />
exercer une activité ambulante entraînant une<br />
immatriculation au registre du commerce ou<br />
au répertoire des métiers. Il comporte entre<br />
autre, un signalement de la personne (taille,<br />
couleur des cheveux et des yeux, signes particuliers,<br />
etc.), l’indication de la commune de<br />
rattachement, l’activité ambulante exercée et<br />
le numéro d’immatriculation.<br />
L’exercice des droits civiques et sociaux des<br />
Gens du voyage est prévu sans tenir compte<br />
de leurs fréquents déplacements<br />
14<br />
Il existe deux types de livrets spéciaux :<br />
• le livret A, destiné aux personnes qui exercent<br />
une activité ambulante à leur compte,<br />
ainsi qu’aux membres de leur famille.<br />
• le livret B, destiné aux personnes de plus de<br />
16 ans, autres que les membres de la famille,<br />
qui accompagnent le détenteur du livret A<br />
ou travaillent pour lui.<br />
Le livret et le carnet de circulation<br />
Ces documents sont destinés aux personnes<br />
n’ayant pas de résidence fixe depuis plus de six<br />
mois, autres que les titulaires du livret spécial. Ces<br />
titres permettent aux nomades de circuler en<br />
France dans un abri mobile tel que la caravane.<br />
• Le livret de circulation<br />
Il s’adresse aux nomades qui disposent de ressources<br />
provenant notamment d’une activité<br />
salariée, ainsi qu’aux membres de leur famille.<br />
• Le carnet de circulation<br />
Il s’adresse aux personnes qui ne remplissent<br />
pas les conditions pour l’obtention du livret.<br />
Des sanctions sont prévues pour les nomades<br />
sans résidence fixe qui circuleraient sans détenir<br />
ces documents.<br />
La domiciliation<br />
des Gens du voyage<br />
L’exercice des droits civiques et sociaux des Gens<br />
du voyage est prévu sans tenir compte de leurs<br />
fréquents déplacements. Ainsi, selon la loi du<br />
3 janvier 1969, les Gens du voyage sont dans
P. DELAPIERRE / S.C.<br />
l’obligation de choisir une commune de rattachement<br />
pour faire valoir leurs droits ou remplir<br />
leurs obligations dans les domaines suivants :<br />
• Délivrance des titres de circulation et documents<br />
d’identité.<br />
• Immatriculation pour exercice d’une activité<br />
ambulante.<br />
• Célébration des mariages (même si le mariage<br />
est souvent célébré selon la coutume).<br />
• Inscription sur les listes électorales.<br />
• Journée d’appel de préparation à la défense.<br />
• Obligations fiscales.<br />
Ce dispositif rend particulièrement difficile<br />
l’accomplissement de ces obligations, dans la<br />
mesure où il nécessite un déplacement lorsque<br />
les personnes se trouvent dans un lieu<br />
éloigné de leur commune de rattachement.<br />
Pour l’inscription sur les listes électorales, la tâche<br />
est d’autant plus ardue que les Gens du voyage<br />
doivent justifier de trois ans de rattachement inin-<br />
terrompu à la même commune pour pouvoir y<br />
voter. <strong>En</strong> ce qui concerne l’exercice des droits sociaux,<br />
la loi de modernisation sociale du 17 janvier<br />
2002 précise (art. 79), que les personnes n’ayant<br />
pas de domicile fixe peuvent être domiciliées<br />
auprès d’une instance agréée, tels le Centre communal<br />
d’action sociale, le Centre intercommunal<br />
d’action sociale ou d’une association pour les<br />
actes relevant de la sécurité sociale ou de l’aide<br />
aux demandeurs d’emploi. Cette loi, applicable<br />
aux Gens du voyage selon les termes de la circulaire<br />
du 14 mars 2002, est considérée comme une<br />
avancée dans l’exercice des droits des voyageurs,<br />
dans la mesure où ces derniers peuvent désormais<br />
effectuer une démarche sur leur lieu de stationnement<br />
pour l’accès aux droits sociaux. La loi<br />
DALO (droit au logement opposable) du 5 mars<br />
2007 a confirmé cette avancée, selon les termes<br />
de la circulaire du 25 février 2008 relative à la domiciliation<br />
des personnes sans domicile stable.<br />
15
06<br />
L’accueil et le stationnement<br />
des Gens du voyage<br />
La question des terrains et des aires de<br />
séjour demeure l’une des préoccupations<br />
majeures et l’un des problèmes<br />
les plus délicats du quotidien des Gens<br />
du voyage. Fin 2001, 10 000 places de<br />
stationnement étaient mises à disposition<br />
des familles, dont 5 000 non<br />
aménagées, pour près de 35 000 caravanes circulant<br />
sur les <strong>route</strong>s de France.<br />
<strong>En</strong> raison de l’insuffisance du nombre d’aires<br />
d’accueil, on retrouve les Gens du voyage sur<br />
des sites de relégation, situés le plus souvent<br />
près des grands axes routiers, des décharges,<br />
des stations d’épuration, des zones inondables<br />
et presque toujours en périphérie des villes.<br />
À ceci s’ajoutent les difficultés inhérentes à la<br />
diversité culturelle des communautés contraintes<br />
de se côtoyer dans un espace restreint.<br />
<strong>En</strong> matière de législation, la loi du 31 mai 1990<br />
relative à la mise en œuvre du droit au logement<br />
est reprise par la loi du 5 juillet 2000<br />
demandant aux communes de plus de 5 000<br />
habitants de définir une politique d’accueil et<br />
d’élaborer des schémas départementaux des<br />
Selon la Fondation Abbé Pierre (...), à la<br />
fin de l’année 2003, près de 30 000 places<br />
restaient à créer.<br />
16<br />
aires d’accueil ou de passage des Gens du<br />
voyage, sous peine d’astreinte. Ces schémas<br />
doivent prévoir le nombre, l’emplacement et<br />
la capacité d’accueil des aires sur le département,<br />
sur la base d’un diagnostic des besoins.<br />
Au niveau national, ces besoins ont été évalués<br />
à 34 400 places à créer sur 1460 aires, et 5300<br />
places à réhabiliter réparties sur 260 aires.<br />
Pratiquement tous les départements ont signé<br />
de tels schémas, néanmoins, alors même que<br />
la loi prévoit que les 1 739 communes concernées<br />
doivent réaliser ces aires dans un délai<br />
de deux ans suivant la publication du schéma<br />
départemental (délai prorogé de deux ans<br />
sous certaines conditions par la loi du 13 août<br />
2004), de nombreux maires ont, de ce fait, reporté<br />
l’application de ces dispositions législatives<br />
(en 2000, seul un quart des communes<br />
concernées mettaient en place ces terrains).<br />
Selon la Fondation Abbé Pierre (« Les difficultés<br />
d’habitat et de logement des Gens du<br />
voyage » - Janvier 2006), « à la fin de l’année<br />
2003, près de 30 000 places restaient à créer,<br />
5432 places nouvelles en aires d’accueil et en<br />
aires de petits passages ayant été réalisées<br />
(près de 8000 en 2005) ».<br />
Les aires d’accueil<br />
Les premières aires d’accueil ont été réalisées en<br />
France au cours des années 1960. Le décret du<br />
29 juin 2001 relatif aux normes techniques applicables<br />
aux aires d’accueil des Gens du voyage
P. DELAPIERRE / S.C.<br />
prévoit que “la place de caravane” doit permettre<br />
d’assurer le stationnement d’une caravane,<br />
de son véhicule tracteur et le cas échéant de sa<br />
remorque, soit un minimum de 75 m2, hors des<br />
espaces collectifs. L’aire comportera au minimum<br />
un bloc sanitaire intégrant au moins une douche<br />
et deux WC pour cinq places de caravanes.<br />
Chaque place doit être dotée d’un accès aisé à<br />
ces équipements ainsi qu’à l’alimentation en eau<br />
potable et à l’électricité. Prévues comme lieux<br />
de séjour, les aires doivent aussi bénéficier d’un<br />
dispositif de gestion, de gardiennage et d’un ramassage<br />
régulier des ordures ménagères.<br />
Ces services étant toutefois payants, ils posent des<br />
problèmes d’accès pour les familles aux revenus<br />
modestes. D’autre part, il est précisé par circulaire<br />
que les communes devront éviter l’aménagement<br />
de ces aires sur des zones de relégation.<br />
Ces dernières devront assurer, par leur implantation,<br />
une bonne accessibilité aux équipe-<br />
ments socio-éducatifs, sanitaires, urbains et aux<br />
lieux d’activités économiques fréquentés par<br />
les voyageurs, tels que les foires et les marchés.<br />
Elles pourront accueillir des familles pour des<br />
durées variables selon les lieux et les règlements<br />
locaux. Le séjour ne pourra toutefois<br />
excéder neuf mois, sauf cas dérogatoires pour<br />
des raisons professionnelles ou médicales. La<br />
taille des terrains sera fonction du transit de<br />
voyageurs dans la région, avec un minimum<br />
de 15 places et un maximum de 50.<br />
Les aires de grand passage<br />
Elles sont destinées à permettre l’accueil de<br />
groupes de 50 à 200 caravanes voyageant<br />
ensemble et seront situées à proximité des<br />
grands axes routiers. L’aménagement de ces<br />
aires comprendra une alimentation permanente<br />
en eau, en électricité ainsi qu’un dispositif<br />
d’assainissement.<br />
17
18<br />
06 L’accueil et le stationnement des Gens du voyage<br />
Les emplacements<br />
pour grands rassemblements<br />
La loi prévoit également de déterminer des<br />
emplacements pouvant accueillir plusieurs<br />
milliers de caravanes et pouvant être mobilisés<br />
quelques semaines par an, pour les grands<br />
rassemblements traditionnels ou occasionnels<br />
des Gens du voyage.<br />
L’obligation pour les communes de s’équiper<br />
d’aires d’accueil pour les Gens du voyage est assortie,<br />
pour ces derniers, de l’interdiction de s’arrêter<br />
en dehors des emplacements aménagés.<br />
Ce qui, au premier regard, peut paraître un<br />
progrès, expose aussi les familles à des eff ets<br />
pervers redoutables : renvoyées d’une aire à<br />
l’autre faute de place, elles risquent de se retrouver<br />
isolées et exclues de leurs circuits habituels<br />
de “chine” (travail).<br />
L’itinérance pourrait alors se transformer en errance.<br />
Dans la loi pour la sécurité intérieure de<br />
mars 2003, il est mentionné de “sanctionner plus<br />
effi cacement” les groupes de Roms/ Tsiganes qui<br />
refusent de quitter une “propriété privée” alors<br />
P. DELAPIERRE / S.C.<br />
qu’ils ont été sommés de le faire. Des sanctions<br />
sont également prévues (amendes et incarcération),<br />
ainsi que la suspension temporaire du permis<br />
de conduire et la confi scation des véhicules<br />
ayant servi à commettre l’infraction.<br />
La stricte application de ces recommandations<br />
risquerait alors de porter gravement atteinte à<br />
des droits fondamentaux de la personne tels<br />
que ceux “d’aller et venir librement”, du droit à<br />
la propriété et à l’inviolabilité du domicile.<br />
Les terrains familiaux<br />
Compromis de semi-installation et de semi-voyage,<br />
l’achat de terrains ou leur attribution par les<br />
communes reste une solution pour certaines familles.<br />
Cependant, si cette démarche s’inscrit dans<br />
les dispositifs de droit commun, elle ne fait pas<br />
partie des prescriptions de la loi du 5 juillet 2000<br />
et demeure diffi cile à mettre en œuvre, car rares<br />
sont les communes qui acceptent la présence de<br />
caravanes, même sur des terrains privés.<br />
Par ailleurs, des expériences de réalisation de<br />
terrains aménagés ou “d’habitat adapté” existent<br />
à petite échelle. La caravane demeure<br />
l’habitation principale, à laquelle s’ajoute une<br />
construction unique qui comprend une cuisine,<br />
un séjour et des sanitaires.<br />
L’important semble de prendre en compte au<br />
mieux les aspirations des Gens du voyage et<br />
d’accompagner, à leur rythme, ceux qui désirent<br />
disposer d’un point d’attache fi xe, entre<br />
deux voyages ou pour un temps plus long.<br />
La caravane :<br />
domicile ou logement ?<br />
Si la caravane est implicitement reconnue comme<br />
domicile par le code de l’urbanisme qui<br />
mentionne “des utilisateurs dont la caravane<br />
constitue l’habitat permanent” (art R 443-4) et<br />
par la jurisprudence administrative qui précise<br />
par l’article 184 du Code pénal “l’inviolabilité<br />
des véhicules des itinérants qui constituent leur<br />
domicile”, elle n’est toujours pas reconnue comme<br />
logement. Ainsi, elle n’off re toujours pas la<br />
possibilité de bénéfi cier d’allocations mais est<br />
pourtant soumise à la taxe d’habitation depuis<br />
la loi de fi nances 2006 (art. 92 toujours pas en<br />
vigeur en décembre 2009).
Les Gens du voyage…<br />
Pour les sédentaires que nous sommes, nous avons du mal à saisir ce<br />
que représente la culture du voyage, surtout avec tout l’imaginaire que<br />
la société porte sur ce peuple. Pour beaucoup d’entre nous, le voyage<br />
est toujours une “parenthèse” dans une vie, nous avons nos racines<br />
quelque part, notre appartement, notre maison dans tel ou tel village<br />
ou dans telle ou telle ville. Pour le peuple du voyage, le voyage n’est pas<br />
une parenthèse, c’est leur vie, leur lieu de travail, beaucoup sont nés sur<br />
le voyage, à un endroit où ils ne reviendront peut-être jamais. Ce voyage façonne<br />
leur rapport au temps, au travail, à l’argent, à la relation avec les autres, à la vie, à la<br />
mort… Quand on est voyageur, tous les matins, il faut “inventer” sa journée là où<br />
on a dormi. Il faut partir à la “chine” (au travail), pour nourrir sa famille : ce n’est pas le<br />
travail plus ou moins programmé, prévu d’avance, c’est plutôt l’imprévu, l’inconnu<br />
à aff ronter, les villages, les maisons, les marchés à parcourir avec un accueil imprévisible<br />
allant du meilleur à l’exclusion “manu militari”… Le voyage appelle à vivre<br />
tous les moments, toutes les rencontres avec beaucoup d’intensité. Il faut profi ter<br />
pleinement du moment présent, car demain, on ne sait pas où l’on sera. C’est pour<br />
cela que l’on rencontre chez les Gens du voyage un esprit de “vouloir tout, tout de<br />
suite”. Ils ont du mal à comprendre et à accepter les attentes, les délais pour avoir<br />
tel ou tel papier, pour avoir tel rendez-vous. Ce qui “guide” leur voyage, ce sont<br />
souvent, pour un certain nombre, les lieux de pèlerinage ou de rassemblement.<br />
Beaucoup se rendent aux Saintes-Maries-de-la-Mer ou à Lourdes, et prennent plusieurs<br />
semaines pour faire la <strong>route</strong>. Chemin faisant, ils chinent ou font des marchés<br />
pour remplir les réservoirs de voiture et se nourrir. Le pèlerinage est un moment<br />
fort de leur vie. Il permet de retrouver la famille, de prier, de confi er toutes ses intentions<br />
à la Vierge ou à Dieu, de vivre un baptême, d’approfondir sa foi. On peut<br />
se rappeler là qu’ils rejoignent fortement l’expérience du peuple d’Israël de l’Ancien<br />
Testament et celle de Jésus qui s’est défi ni comme “le Chemin”. Lorsque nous accueillons<br />
une personne qui n’a pas la même culture que nous, essayons de laisser<br />
de côté nos a priori, nos idées toutes faites. Prenons le temps de la découverte, de<br />
l’écoute qui nous rendra sensibles à la diff érence et qui nous permettra de mieux<br />
comprendre les comportements, les réactions. Il ne s’agit pas de mettre tout le<br />
monde dans le même moule, mais de respecter les diff érences. Pourquoi l’autre ne<br />
pourrait-il pas nous enrichir, nous ouvrir à une autre manière de voir, de réagir ?<br />
P. Denis Membrey<br />
Aumônerie nationale des Gens du voyage<br />
19
La scolarisation<br />
des jeunes voyageurs<br />
20<br />
07<br />
Le mode de vie et les nombreux déplacements<br />
des Gens du voyage<br />
tout au long de l’année ne favorisent<br />
pas la scolarisation des jeunes<br />
enfants et adolescents. <strong>En</strong> 1990, le<br />
rapport ministériel Delamon sur “La<br />
situation des Gens du voyage et les<br />
mesures pour l’améliorer” portait de 80 000 à<br />
120 000 le nombre d’enfants de moins de 16<br />
ans dans les familles Tsiganes. Selon les estimations,<br />
près de la moitié de ces jeunes ne fréquenterait<br />
pas l’école. Chez les adultes, le taux<br />
d’analphabétisme atteint 70 %. Par ailleurs, la<br />
possibilité rarement offerte pour les familles<br />
de séjourner neuf mois sur un même terrain<br />
P. DELAPIERRE / S.C.<br />
rend difficile la poursuite d’un programme<br />
scolaire dans une même école.<br />
Les livres sont souvent absents des caravanes<br />
et les travaux de lecture et d’écriture sont perçus<br />
comme des actes contraignants. Afin de<br />
lutter contre l’analphabétisme et de favoriser<br />
l’intégration des jeunes voyageurs dans la société,<br />
des initiatives se développent pour proposer<br />
des solutions d’enseignement adaptées<br />
au mode de vie de ces enfants. Ces dernières<br />
ne doivent toutefois pas se substituer à l’école<br />
classique au risque de marginaliser ces enfants.<br />
Les écoles mobiles<br />
Implantée dans 12 départements, l’ASET (Association<br />
pour l’aide à la scolarisation des enfants<br />
Etablies sur les terrains, les<br />
écoles de proximité demeurent<br />
encore peu nombreuses.<br />
tsiganes) dispense, au moyen de camionnettesécoles,<br />
un enseignement de proximité à même<br />
les terrains pour les enfants et les jeunes Roms<br />
et voyageurs non scolarisés. Véritable tremplin<br />
vers l’école traditionnelle, l’ASET a accueilli près de<br />
3 500 élèves pour l’année 2008 dans ses 30 antennes<br />
scolaires mobiles. Les enseignants, reconnus<br />
par l’Éducation nationale, développent une pédagogie<br />
adaptée aux âges et niveaux des enfants<br />
rencontrés et intègrent dans leur programme les
P. DELAPIERRE / S.C.<br />
éléments essentiels de la culture tsigane (traditions<br />
orales, notions de temps et d’espace, etc.).<br />
Perçues comme une réelle ouverture de la société<br />
des sédentaires à la réalité du mode de vie des<br />
Gens du voyage, ces camionnettes-écoles sont<br />
de plus en plus sollicitées par les familles.<br />
Les écoles sur les terrains<br />
Établies sur les terrains, les écoles de proximité demeurent<br />
encore peu nombreuses. Conçues comme<br />
des lieux d’adaptation, ces écoles assurent<br />
une fonction de préapprentissage scolaire afin<br />
de favoriser l’intégration des jeunes voyageurs à<br />
l’école primaire ou au collège. Les pédagogies mises<br />
en œuvre sont différenciées et individualisées<br />
selon l’âge et le niveau des enfants et s’appuient<br />
sur des réalisations concrètes, en prise directe<br />
avec la réalité des Gens du voyage. Respectueuses<br />
du rythme et de la culture des Tsiganes, ces<br />
écoles tendent à changer le regard négatif que<br />
portent les parents sur l’enseignement et à inciter<br />
les jeunes à poursuivre leur cursus scolaire.<br />
Les cours<br />
par correspondance du CNED<br />
Si étudier seul dans une caravane reste un défi<br />
pour les jeunes voyageurs dont les parents ont<br />
souvent été peu scolarisés, les cours par correspondance<br />
dispensés par le CNED constituent un<br />
autre moyen pour les plus motivés, de rester relié<br />
à l’éducation nationale. <strong>En</strong> 1995, lors de la création<br />
des cours à destination des enfants du voyage,<br />
ils étaient 46 inscrits. Aujourd’hui, ils sont près de<br />
3400 élèves à bénéficier d’un programme spécifique<br />
qui comporte notamment un volet valorisant<br />
leur histoire et leur identité. Présent dans<br />
toute la France, le réseau relais d’appui aux élèves<br />
du CNED leur permet de recevoir leurs cours et<br />
leurs devoirs corrigés au gré de leurs déplacements<br />
et de bénéficier d’un accompagnement.<br />
21
Agir avec le <strong>Secours</strong><br />
<strong>Catholique</strong><br />
22<br />
08<br />
<strong>En</strong> lien avec différents organismes et<br />
associations partenaires, le <strong>Secours</strong><br />
<strong>Catholique</strong> développe un programme<br />
d’actions spécifiques et<br />
diversifié tant au niveau local qu’à<br />
l’échelon national. Dans les communes<br />
où transitent de nombreuses<br />
caravanes, 44 délégations départementales<br />
du <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> écoutent, accueillent et<br />
accompagnent les familles Roms/Tsiganes (1).<br />
La relation de proximité établie avec les familles<br />
permet aux équipes locales de détecter les situations<br />
de précarité en vue de fournir une aide<br />
matérielle (achat de bouteilles de gaz, vêtements,<br />
aide alimentaire, etc.), un accompagnement administratif<br />
et une aide aux devoirs pour les enfants.<br />
Elle favorise aussi la connaissance mutuelle<br />
des voyageurs et des populations sédentaires. Au<br />
niveau national, le <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> mène une<br />
action institutionnelle auprès des pouvoirs publics<br />
afin de promouvoir les droits des roms et Gens du<br />
voyage. A titre d’exemples, en mars 2009, en partenariat<br />
avec le Collectif Romeurope, le <strong>Secours</strong><br />
<strong>Catholique</strong> a participé à l’interpellation des candidats<br />
aux élections européennes sur la question<br />
des droits des Roms en tant que citoyens européens<br />
à part entière. Avec le même collectif, une<br />
campagne nationale sur le droit à la scolarisation<br />
des enfants roms a été menée en novembre 2009<br />
à l’occasion du 20 e anniversaire de la Convention<br />
internationale des droits de l’enfant. <strong>En</strong> octobre<br />
2009, le <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> a été signataire d’une<br />
pétition demandant l’application du principe de<br />
la trêve hivernale aux habitats mobiles et précaires<br />
pour éviter les expulsions de terrains des<br />
Gens du voyage et des roms pendant l’hiver.<br />
Dans un autre registre, en août 2008, à l’occasion<br />
du 150 e anniversaire des apparitions à Lourdes, le<br />
<strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong>, en partenariat avec l’Aumônerie<br />
nationale des Gens du voyage, a organisé<br />
un « Forum- rencontre » regroupant plusieurs<br />
centaines de représentants des Gens du voyage<br />
et des Roms, venus avec des permanents et des<br />
bénévoles du <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong>. Cet événement<br />
s’est déroulé à la Cité St Pierre, à Lourdes, au<br />
même moment que le pèlerinage national des<br />
Gens du voyage auquel participent plus de 7 000<br />
personnes chaque année.<br />
Ce Jubilé a été l’occasion de différents temps<br />
d’échanges, réflexion, découvertes et célébration<br />
avec la communauté des Gens du voyage et des<br />
Roms, ainsi que des expositions de peintures et<br />
sculptures, et des concerts avec la participation<br />
des différents musiciens et chanteurs Manouches,<br />
Roms et Gitans. Localement, les expériences<br />
et bonnes pratiques sont aussi diverses que nombreuses.<br />
Les équipes de l’Eure et de Haute-Garonne<br />
ont déjà interpellé les élus locaux pour la création<br />
et l’aménagement d’aires d’accueil pour les<br />
caravanes. Dans la Meuse, le <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong><br />
est membre de la commission départementale<br />
en charge des questions relatives aux Gens du<br />
voyage. Dans plusieurs départements, les délégations<br />
en contact avec les familles proposent une<br />
aide aux devoirs et un accompagnement scolaire<br />
et éducatif des enfants. Par ailleurs, plusieurs délé-
L. CHARRIER / S.C.<br />
gations mettent en œuvre des actions spécifiques<br />
à destination des Roms/Tsiganes et comptent<br />
dans leurs équipes des personnes “ressources”,<br />
qualifiées sur la culture, le mode de vie et la législation<br />
relative aux Gens du voyage. C’est le cas<br />
des équipes d’Ariège, d’Eure-et-Loire et du Val-de-<br />
Marne. Dans la Nièvre, le Maine-et-Loire, la Vienne<br />
et la Dordogne, des rencontres sont organisées<br />
entre voyageurs et sédentaires dans le cadre de<br />
journées diocésaines, de groupes conviviaux<br />
ou de soirées festives, afin de favoriser le “vivre<br />
ensemble”. A Paris, le territoire Personnes Sans<br />
Domicile accompagne plusieurs familles roms<br />
à travers l’apprentissage du français, l’accès<br />
aux droits et au séjour, en lien avec d’autres<br />
associations et les pouvoirs publics ; à Angers,<br />
la délégation a mis en place des bibliothèques<br />
de rue sur plusieurs aires de stationnement<br />
pour les enfants de voyageurs ; ou encore à<br />
Fréjus, la délégation de Toulon a travaillé avec<br />
les pouvoirs publics pour permettre l’insertion<br />
de plusieurs familles Roms via un habitat stable,<br />
l’accès au séjour et à l’emploi, la scolarisation<br />
des enfants et l’accès aux soins.<br />
(1) Chiffres et actions recueillis en janvier 2009 .<br />
Le département Étrangers, Roms<br />
et Gens du voyage<br />
Au siège, le Département Étrangers, Roms et Gens du<br />
voyage se tient à disposition des délégations dans les domaines<br />
suivants :<br />
• Soutien dans la mise en place de l’accompagnement des Roms<br />
et des Gens du voyage et de l’action institutionnelle auprès<br />
des élus et des pouvoirs publics<br />
• Organisation de journées de formation à la demande des délégations<br />
sur les thèmes de la législation, des terrains, du statut, des<br />
droits sociaux, de la culture et de la scolarisation<br />
• Réalisation d’une documentation de sensibilisation et d’outils<br />
pédagogiques<br />
• Représentation du <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> au Collectif National<br />
Romeurope (dont il est membre depuis septembre 2009)<br />
• Représentation du <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> à l’Aumônerie nationale<br />
des Gens du voyage<br />
• Participation à des rencontres avec les partenaires, élus, Gens<br />
du voyage, Roms, aumôneries…<br />
Contact<br />
<strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong> Département Étrangers – Roms - Gens du<br />
voyage Claire CAVÉ - Tél. : 01 45 49 73 00<br />
23
Pour aller plus loin…<br />
24<br />
09<br />
Bibliographie<br />
Guide pratique des Gens du voyage ANGVC, édition 2007<br />
Guide des droits des ressortissants européens ALPIL, CIMADE, Médecins du Monde, Octobre 2008<br />
http://www.romeurope.org/wp-content/uploads/2009/02/guide_des_droits_v2pub.pdf<br />
(grand public)<br />
http://www.romeurope.org/wp-content/uploads/2009/02/guide_des_droits_v2pro1.pdf<br />
(professionnels)<br />
Civiliser ou bannir : les nomades dans la société française, Daniel Bizeul, l’Harmattan, 1989<br />
Grâce et dénuement, Alice Ferney, Actes Sud, 1997<br />
Heureux si tu es libre, Alain Reyniers, Édition Unesco.<br />
Itsego, contes manouches, Joseph Stimbach, Éditions Wallada, 2001<br />
Je suis née sous une bonne étoile, Llona Lackovà, collection Interface, l’Harmattan, 2000<br />
La foi des gitans, les Saintes-Maries-de-la-Mer. Textes des Aumôniers nationaux du mouvement<br />
catholique des gitans et voyageurs, photographies de Léopold Havenith, éditions Claire Vision<br />
La protection des droits des Tsiganes dans l’Europe d’aujourd’hui, Anna Marchand, l’Harmattan,<br />
2001<br />
La reine noire des Gitans, Albéric de Palmaert, Gallimard jeunesse, 1994<br />
Le cri des Romanos, par Joseph Stimbach et Maryse Alice Damoran,<br />
publié en 1999 par l’association “Latcho Drom” de Montauban.<br />
Les Saintes-Maries de la Mer ou les pèlerins du clair de lune, Maurice Colinon, Éditions<br />
Belisane, 2001<br />
Les Tsiganes en France 1939-1946 : assignation à résidence, internement, déportation,<br />
thèse université Paris X, 1997<br />
Les Tsiganes ou le destin sauvage des Roms de l’Est, Claire Auzias, Éditions Michalon, 1995<br />
L’Odyssée des Tsiganes, Henriette Asséo, Collections de l’Histoire, avril 2009<br />
Les Tsiganes une destinée européenne, par Henriette Asséo, Collection Découvertes Gallimard,<br />
nouvelles éditions 2006<br />
Mille ans d’histoire des tziganes, François de Vaux de Foletier, éditions Fayard, 1970.<br />
Réflexions d’un manouche – Laissez-nous vivre ! Joseph Stimbach, Éditions L’Harmattan<br />
2004<br />
Rom en Europe de Jean-Pierre LIÉGEOIS, Éditions Conseil de l’Europe, 2007<br />
Romans de Matéo Maximoff (écrivain rom)<br />
Ouvrages du linguiste Bania de Gila Kochanovsky, dont Parlons tsigane.
Revues<br />
Études Tsiganes<br />
Interface (bulletin spécial du Centre de recherches Tsiganes)<br />
La Roulotte, revue de l’aumônerie nationale des Gens du voyage<br />
Filmographie<br />
Émir Kusturica : Tony Gatlif (réalisateur tsigane) :<br />
Chat noir, chat blanc Gadjo dilo Les Princes<br />
Le temps des Gitans Latcho drom Vengo Korkoro<br />
Sites internet<br />
Culture tsigane :<br />
http://yvonmassardier.free.fr<br />
http://perso.wanadoo.fr/balval/<br />
http://www.unionromani.org<br />
http://www.esf.ch/leresche<br />
Éducation :<br />
http://www.cned.fr<br />
http://www.aset.asso.fr<br />
http://www.cndp.fr/vei/enfvoyage/accueil.htm<br />
Associations nationales :<br />
http://www.etudestsiganes.asso.fr<br />
http://www.fnasat.asso.fr/<br />
http://www.medecinsdumonde.org<br />
Droits de l’homme :<br />
http://www.errc.org<br />
http://www.romaniworld.com<br />
http://www.coe.int<br />
Musique :<br />
http://gadjodrom.com<br />
Festivals et événements<br />
Le “Gipsy swing Festival” Le festival international des musiques tsiganes d’Angers et de<br />
sa région a lieu chaque année depuis 1993 au cours des deux dernières semaines de mai.<br />
Renseignement : 02 41 22 12 79.<br />
Le Festival international tsigane de Strasbourg Ce festival musical a lieu depuis 10 ans fin<br />
juin ou durant la 1ère quinzaine de juillet. Renseignements : 03 88 79 12 12<br />
Le Bal tsigane Organisé par l’Association LANSO (La Chaine) en collaboration avec “Danse à<br />
Villeneuve d’Ascq”, ce bal se tient au cours du mois de mai. Cet événement festif est l’occasion de<br />
rencontres entre tsiganes et sédentaires de découverte des musiques tsiganes diverses et variées.<br />
Festival Django Reinhardt Festival en hommage à Django Reinhardt qui passa les dernières<br />
années de sa vie à Samois-sur-Seine. Cet événement rassemble chaque année des musiciens de<br />
jazz du monde entier durant trois jours fin juin. Site internet : http://django.samois.free.fr<br />
Les pèlerinages et rassemblements<br />
Le congrès du mouvement catholique des gitans et voyageurs. Il a lieu tous les deux ans<br />
aux environs de Pâques et change de région lors de chaque rassemblement.<br />
Les pèlerinages nationaux<br />
Lourdes, chaque année du 19 au 24 août.<br />
Les Saintes-Maries-de-la-Mer, chaque année du 18 au 25 mai.<br />
Les pèlerinages régionaux et diocésains<br />
Dans toutes les régions et dans la plupart des diocèses des pèlerinages locaux<br />
rassemblent tout au long de l’année des Roms/Tsiganes voyageurs ou sédentaires.<br />
25
Les institutions et les partenaires<br />
26<br />
10<br />
• Les commissions départementales des Gens du voyage.<br />
Elles rassemblent le préfet, le président du conseil régional, des représentants de différents services de<br />
l’État, des représentants désignés par le conseil régional, cinq représentants désignés par l’Association<br />
des maires du département, cinq personnalités désignées par les associations représentatives des Gens<br />
du voyage, des associations intervenant auprès des Gens du voyage et deux représentants des caisses<br />
locales d’allocations familiales. Désignés pour une durée de 6 ans, les membres de ces commissions se<br />
réunissent au moins deux fois par an pour traiter des questions relatives aux Gens du voyage.<br />
• La Commission nationale consultative des Gens du voyage<br />
25-27, rue d’Astorg 75008 Paris Tél. : 01 40 56 68 14.<br />
Créée en 1992 et réactivée par un décret d’août 1999, cette structure de consultation et de concertation<br />
a pour mission d’étudier les problèmes spécifiques rencontrés par les Gens du voyage. Elle<br />
regroupe des représentants de l’état, des communes, des voyageurs et des associations intervenants<br />
auprès des communautés. <strong>En</strong> cas de conflits, cette commission peut désigner un médiateur. Chaque<br />
année, un rapport est remis au ministère des Affaires sociales du Travail et de la Solidarité, dans lequel<br />
la commission énonce des propositions susceptibles de faciliter l’intégration des Gens du voyage.<br />
• Le Centre National d’<strong>En</strong>seignement à Distance<br />
Tél. : 02 35 59 54 00 (le mardi). elisabeth.clanet@cned.fr<br />
Établissement public sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale, le CNED a pour objectif la diffusion<br />
de l’enseignement à tous ceux qui, pour des raisons diverses (problèmes de santé, éloignement<br />
géographique, parents exerçant des professions itinérantes, carrière sportive ou artistique…) ne peuvent<br />
suivre leur scolarité dans des écoles, collèges ou lycées. Le CNED compte aujourd’hui près de 420 000<br />
inscrits dans ses huit instituts, dont 3 400 enfants voyageurs. Mme Élisabeth Clanet est la formatrice<br />
mise à disposition par le ministère de l’Éducation nationale pour la scolarisation des jeunes voyageurs.<br />
• L’Aumônerie nationale des Gens du voyage<br />
269 bis, rue du Faubourg Saint-Antoine - 75011 PARIS Tél. : 01 44 93 79 76<br />
aumonerie.gitans@cef.fr<br />
Fondée en 1948, l’aumônerie nationale des Gens du voyage a vocation d’encourager la promotion<br />
humaine et spirituelle des Gens du voyage. Structure d’Église, elle est en communion avec les évêques<br />
dans la mission qu’ils lui confient : annoncer la Bonne Nouvelle aux Roms/Tsiganes. Elle accompagne<br />
les familles dans leur quotidien comme dans l’accomplissement de démarches spécifiquement religieuses.<br />
Au niveau national une équipe d’animation (composée de deux prêtres et d’un religieux) se<br />
situe à l’interface entre l’ensemble de l’aumônerie et les autorités religieuses et civiles. Elle travaille en<br />
partenariat étroit avec les Roms/Tsiganes qui sont très largement majoritaires au conseil d’administration<br />
de l’Association nationale des Gens du voyage catholiques (ANGVC) dont elle a impulsé la créa-
tion et qui figure à la Commission Nationale Consultative. Les Roms/Tsiganes représentent aussi la<br />
moitié du Conseil National qui, chaque année, définit les grandes lignes du Mouvement <strong>Catholique</strong><br />
des Gitans et des Gens du voyage. Les sessions organisées par l’ANGVC sont conçues pour les familles<br />
dans leur ensemble. L’équipe nationale est aussi à l’origine d’une commission consacrée à la situation<br />
des Roms immigrés d’Europe de l’Est (commission “Roumains”, membre du collectif Romeurope).<br />
• L’Association nationale des Gens du voyage catholiques<br />
52, rue Charles Michel - 93200 Saint Denis Tél. : 01 42 43 50 21 Fax : 01 42 43 50 09<br />
Créée en 1997, l’ANGVC regroupe des voyageurs de toutes les ethnies présentes en France,<br />
Manouches, Roms, Yénisches et Gitans. Outre la représentation au niveau des commissions nationales<br />
et départementales, elle a pour objectif de mettre en œuvre une politique de formation<br />
et de communication pour favoriser la connaissance des différentes législations relatives aux<br />
voyageurs et de promouvoir leur réalité et leurs intérêts.<br />
• Études Tsiganes<br />
59, rue de l’Ourcq - 75019 Paris Tél. : 01 40 35 12 17 Fax 01 40 35 12 40<br />
www.etudestsiganes.asso.fr - info@etudestsiganes.asso.fr<br />
Créé en 1949, le centre de documentation des Études Tsiganes a pour mission de rassembler<br />
et de diffuser les informations concernant le monde Tsigane, de favoriser l’expression de cette<br />
minorité et de faire valoir leurs droits. Il publie la revue Études Tsiganes (2 n° par an).<br />
• L’Association d’aide à la scolarisation des enfants tsiganes (ASET)<br />
59, rue de l’Ourcq 75019 PARIS Tél. : 01 53 26 07 90. Contact : Olivier BETHOUX www.aset.asso.fr<br />
Fondée en 1969, l’ASET a pour but de promouvoir la scolarisation des enfants voyageurs et des<br />
jeunes en difficulté. À l’origine de la création de la première antenne scolaire mobile, l’ASET<br />
compte aujourd’hui une trentaine d’écoles mobiles réparties dans 14 départements.<br />
• L’Association sociale nationale et internationale des Tsiganes (ASNIT)<br />
8, rue Narcisse Guilbert – 76570 PAVILLY Tél. : 02 35 23 86 20<br />
Créée en 1975, cette association d’obédience protestante et évangélique regroupe toutes les<br />
communautés de voyageurs et développe un projet global de solidarité, de prévention et de<br />
promotion des familles de voyageurs.<br />
• Le Collectif national droits de l’homme Romeurope (CNDH Romeurope)<br />
c/o FNASAT Gens du voyage 59, rue de l’Ourcq - 75019 PARIS Tél : 06-35-52-85-46<br />
Fax : 01-40-35-12-40 contact@romeurope.org www.romeurope.org<br />
Créé en octobre 2000 à Paris, le CNDH Romeurope a pour objectif d’améliorer l’accès aux droits<br />
fondamentaux des Roms migrants sur le territoire français et de lutter contre les discriminations<br />
et violations des droits de l’homme dont ils sont victimes en France. De nombreuses associations<br />
nationales, partenaires du <strong>Secours</strong> <strong>Catholique</strong>, sont membres de ce collectif.<br />
• FNASAT – Gens du voyage (Fédération nationale des associations solidaires d’action<br />
avec les Tsiganes et les Gens du voyage)<br />
59, rue de l’Ourcq - 75019 PARIS - Tél : 01 40 35 00 04 / Fax : 01 40 35 12 40 info@fnasat.asso.<br />
fr - www.fnasat.asso.fr<br />
La FNASAT fédère 101 associations engagées dans l’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage<br />
dans les domaines tels que la citoyenneté, la scolarisation, l’insertion professionnelle, l’habitat,<br />
la formation, la santé, l’accompagnement social, la culture, l’éducation.<br />
27
Annexes<br />
Principaux textes de lois<br />
28<br />
11<br />
Les textes nationaux<br />
Statut des Gens du voyage<br />
Loi du 16 juillet 1912 et décret du 16 février 1913 sur l’exercice des professions ambulantes<br />
et la réglementation de la circulation des nomades.<br />
Principaux aspects :<br />
• Obligation pour tout nomade de justifier de son identité et de détenir un carnet anthropométrique<br />
devant être visé dans la commune de stationnement.<br />
• Obligation pour tout chef de famille d’être muni d’un carnet collectif concernant toutes les<br />
personnes qui lui sont rattachées.<br />
Loi N°69-3 du 3 janvier 1969 relative au régime juridique actuellement en vigueur pour la<br />
circulation des Gens du voyage.<br />
Trois catégories :<br />
• les commerçants ambulants<br />
• les “caravaniers”<br />
• les nomades (relatif loi 1912)<br />
Loi du 3 janvier 1969 :<br />
art.7 : tout titulaire d’un titre de circulation doit choisir une commune de rattachement (se substitue<br />
à l’article 103 du code civil)<br />
art. 8 : fixe une limite de 3 % de la population municipale (dérogation possible par préfet pour<br />
assurer unité des familles)<br />
art. 10 : énumération des effets du rattachement à une commune (mariage, liste électorale<br />
après 3 ans de rattachement ininterrompu à la même commune, obligations fiscales et de sécurité<br />
sociale, obligation du service national) ; effets attachés au domicile ou au lieu de travail. pour<br />
application art. 2 : décret du 31 juillet 1970 art.19 et 20<br />
Cette loi prévoit et réprime :<br />
• le défaut du titre de circulation<br />
• le défaut de prorogation du livret ou du carnet de circulation (art. 3 et 5)<br />
• le défaut de visa du carnet de circulation (prévu par art. 5 et réprimé par décret 31/07/70 art. 18 et<br />
20) ; infraction constituée si deux visas successifs sont séparés par une durée supérieure à 3 mois<br />
• non présentation du titre de circulation (prévue par art. 3 et 5 et réprimée par décret du<br />
31/07/70 art. 21)
• non respect de l’arrêté municipal réglementant le stationnement des caravanes (prévu et réprimé<br />
par CP R.610-5)<br />
Statut juridique : fondé par la loi du 3 janvier 1969 (réactualisée en 1985) qui fixe le statut personnel<br />
et par celle du 31 mai 1990 (dite loi Besson) qui réglemente l’accueil dans les communes de<br />
plus de 5 000 habitants. La loi de 1969 a été votée “pour mettre fin à une grave injustice envers les<br />
nomades” instituée par la loi de 1912 en remplaçant le carnet anthropométrique par des titres de<br />
circulation. (cf. rapport Delamon en 1990 pour un panorama de la situation précaire des Gens du<br />
voyage).<br />
Décret N°70-708 du 31 juillet 1970 portant application du titre premier et second de la loi<br />
précédente.<br />
Arrêté du 18 janvier 2001 concernant les titres de circulation et supprimant certaines mentions<br />
anthropométriques.<br />
Accueil et habitat des Gens du voyage<br />
Circulaire n° 80-262 du 10 juillet 1980 sur la création d’aires de stationnement pour Gens du<br />
voyage.<br />
Circulaire n° 84-40 du 26 juin 1984 modifiée portant sur le financement des aires de stationnement.<br />
Circulaire du 1er mars 1990 pour recommandations en vue de la réalisation départementale<br />
d’aires de stationnement.<br />
Loi N°90-449 du 31 mai 1990 donnant des précisions pour la conception et la réalisation d’aires<br />
de stationnement, et visant à la mise en œuvre du droit au logement.<br />
Elle “concerne le passage et le séjour (des Gens du voyage), en y incluant les conditions de<br />
scolarisation des enfants et celles d’exercice d’activités économiques”.<br />
Circulaire du 16 octobre 1991 relative au stationnement des Gens du voyage<br />
Circulaire du 16 mars 1992 relative au schéma départemental d’accueil des Gens du voyage.<br />
Loi N°2000-614 du 5 juillet 2000 accueil et habitat des Gens du voyage.<br />
Décret n° 2001-541 du 25 juin 2001 relatif au financement des aires d’accueil destinées aux<br />
Gens du voyage.<br />
Décret n° 2001-568 du 29 juin 2001 relatif à l’aide aux collectivités et organismes gérant des<br />
aires d’accueil.<br />
Arrêté du 29 juin 2001 relatif au montant de l’aide pour la gestion des aires d’accueil.<br />
Décret n°2001-569 du 29 juin 2001 relatif aux normes techniques applicables aux aires d’accueil<br />
des Gens du voyage.<br />
29
30<br />
Circulaire n° 2001- 49/UHC/IUH1/12 du 5 juillet 2001 pour application de la loi n° 2000-614<br />
du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et à l’habitat des Gens du voyage.<br />
Circulaire n° DSS/2B/2001/372/ du 24 juillet 2001 relative aux conditions d’attribution de l’aide<br />
aux communes et aux établissements publics de coopération intercommunale gérant une ou plusieurs<br />
aires d’accueil de Gens du voyage prévue à l’article L 851-1 du code de sécurité sociale.<br />
Loi n°2007-297 du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance<br />
Loi de finances 2006 instituant la taxe d’habitation pour les résidences mobiles (article 92)<br />
Loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure (articles 53 à58)<br />
Décret n° 2007-1018 du 14 juin 2007 modifiant la partie réglementaire du code de justice<br />
administrative<br />
Décret n°2007-690 du 3 mai 2007 relatif à l’agrément prévu à l’article 9 de la loi du 5 juillet 2000<br />
Code de l’urbanisme :<br />
Art L 443-1 (concernant la caravane) “Le véhicule ou l’élément de véhicule qui, équipé pour le<br />
séjour ou l’exercice d’une activité, conserve en permanence des moyens de mobilité<br />
lui permettant de se déplacer par lui-même ou d’être déplacé par simple traction.”<br />
Art L 451-3<br />
Art R 443-1 à Art R 443-16<br />
Art R.443-9 interdit le stationnement des caravanes :<br />
• sur les rivages de la mer<br />
• dans les sites classés ou inscrits, autour des monuments historiques, etc.<br />
• autour des points de captage d’eau destinée<br />
à la consommation<br />
• dans les bois, forêts ou parcs classés<br />
Code général des collectivités territoriales :<br />
Art L-2212-1et L-2212-2 : pouvoir de police générale du maire. Réglementation plus spécifique<br />
du stationnement des Gens du voyage (devoir de conciliation entre l’accueil Gens du voyage et<br />
sécurité, tranquillité et salubrité publique)<br />
Art L 2213-2 et L 2214-4<br />
Code pénal : Art R 610-5<br />
Code de la <strong>route</strong> : Art R 233-1 et R 37<br />
Circulaire n°2003-43 du 8 juillet 2003 relative aux grands rassemblements des Gens du voyage<br />
: les terrains de grand passage.<br />
Circulaire n°2003-76 du 17 décembre 2003 relative aux terrains familiaux permettant l’installation<br />
des caravanes constituant l’habitat permanent de leurs utilisateurs.
Commission nationale consultative des Gens du voyage<br />
Décret du 24 mars 1992 : création de la commission nationale consultative des Gens du voyage.<br />
Décret n° 2001-540 du 25 juin 2001 relatif à la composition et au fonctionnement de la<br />
Commission départementale consultative des Gens du voyage.<br />
Domiciliation des Gens du voyage<br />
Loi N°98-657 du 29 juillet 1998 : orientation relative à la lutte contre les exclusions (permet<br />
déclaration de domiciliation auprès d’un organisme d’accueil).<br />
Loi N°2002-73 du 17 janvier 2002 de modernisation sociale (Art.79) : par dérogation à l’article<br />
10 de la loi n°69-3 du 3 janvier 1969, les Gens du voyage peuvent élire domicile auprès d’un<br />
organisme agréé par le préfet (ou dans un centre communal ou intercommunal d’action social)<br />
pour le seul bénéfice des prestations sociales (le bénéfice des autres droits se réalise par rattachement<br />
à une commune).<br />
Références :<br />
code général des impôts, art. 951 bis<br />
code électoral, art. L. 15-1<br />
Circulaire NOR :<br />
INTD0200062C du 14 mars 2002 modifiant le régime applicable aux Gens du voyage en ce qui<br />
concerne la domiciliation. Abroge la circulaire NOR/INT/D/99/00177C du 3 août 1999.<br />
Loi n°2007-290 du 5 mars 2007 instituant le droit au logement opposable et portant diverses<br />
mesures en faveur de la cohésion sociale.<br />
Décret n°2007-893 du 15 mai 2007 relatif à la domiciliation des personnes sans domicile stable.<br />
Scolarisation des jeunes du voyage<br />
Décret n°66-104 du 18 février 1966 relatif au contrôle de la fréquentation et de l’assiduité scolaire,<br />
et aux sanctions que comportent, au regard du versement des prestations familiales et en<br />
matière pénale, les manquements à l’obligation scolaire.<br />
Arrêté du 8 août 1966<br />
(B.O.E.N. du 8 septembre 1966) portant application du décret du 18 février 1966, tendant à réglementer<br />
la scolarité des enfants des Gens du voyage, et stipulant que les enfants doivent<br />
fréquenter l’école de la localité où stationnent les parents.<br />
Circulaire du 8 août 1966<br />
concernant le contrôle de la fréquentation<br />
scolaire au regard du versement des prestations familiales.<br />
Arrêté du 17 mars 1967<br />
(B.O.E.N. n° 16 du 20 avril 1967) portant application du décret du 18 février 1966, particulièrement<br />
en ce qui concerne les délais requis pour produire les justificatifs permettant le versement<br />
des prestations familiales.<br />
31
32<br />
Circulaire n° 357 du 4 août 1967 relative aux populations d’origine nomade. Stationnement et<br />
fréquentation scolaire (INT).<br />
Circulaire n° 70-428 du 9 novembre 1970 (B.O.E.N. n° 44 du 19 novembre 1970) relative à la<br />
scolarisation des enfants des familles sans domicile fixe, notamment sur les moyens à mettre en<br />
œuvre pour permettre l’accueil de ces enfants. Abrogée.<br />
Circulaire n° 78-6 du 5 janvier 1978/INT/ précisant le droit de bénéficier des services complémentaires<br />
de l’école (ramassage scolaire, cantine, études, etc.).<br />
Décret n° 85-1353 du 17 décembre 1985 (J.O. du 21 décembre 1985) Code de la Sécurité<br />
Sociale. Versement des prestations familiales pour les enfants soumis à l’obligation scolaire.<br />
Loi n° 98-1165 du 18 décembre 1998 pour le renforcement du contrôle du droit de l’enfant à<br />
l’instruction, y compris l’instruction dans la famille.<br />
Décret n° 99-224 du 23 mars 1999 relatif au contenu des connaissances requises des enfants<br />
instruits dans la famille ou dans les établissements d’enseignement privé hors contrat.<br />
Circulaire n° 99-070 du 14 mai 1999 NOR : SCOE9901063C sur le renforcement du contrôle<br />
de l’obligation scolaire (voir B.O.E.N. spécial 3 du 20 mai 1999 sur les contrôles de l’obligation<br />
scolaire).<br />
Circulaire NOR :<br />
MENE0201120C n°2002-101 du 25-4-2002 (B.O. spécial n°10 du 25 avril 2002) relative à la scolarisation<br />
des enfants du voyage et des familles non sédentaires. (Conditions d’accueil des enfants<br />
du voyage, organisation et suivi de cette scolarisation).<br />
Principaux textes européens<br />
Résolution (75) 13 du Comité des ministres portant recommandation sur la situation sociale<br />
des populations nomades en Europe - 22 mai 1975.<br />
Sont examinées successivement des recommandations sur la politique générale vis-à-vis des<br />
populations nomades, sur les stationnements et le logement, l’éducation et la formation professionnelle,<br />
l’action sanitaire et sociale et la sécurité sociale.<br />
<strong>En</strong> tête de l’Annexe, l’expression “population nomade” est définie comme désignant “les personnes<br />
traditionnellement habituées à un mode de vie itinérant” ou “les personnes d’origine nomade<br />
qui, pour des raisons sociologiques, économiques ou similaires, rencontrent des difficultés<br />
d’adaptation à la société ”.<br />
Recommandation R (83) du Comité des ministres aux États membres relative aux nomades<br />
apatrides ou de nationalité indéterminée - 22 février 1983. Recommandation du principe de<br />
non-discrimination, du rattachement des nomades apatrides à l’État responsable dans les limites<br />
de la législation concernant l’entrée et le séjour des étrangers sur son territoire. Lorsque le<br />
rattachement est établi, permettre aux nomades et à leur famille de résider sur le territoire et de<br />
voyager à l’étranger.
Recommandation 1203 de l’Assemblée parlementaire relative aux Tsiganes en Europe<br />
1-5 février 1993.<br />
L’Assemblée parlementaire recommande au Comité des ministres de prendre, sous forme de<br />
propositions à l’adresse des gouvernements, les initiatives suivantes :<br />
• Dans le domaine de la culture, favoriser l’enseignement et l’étude de la musique et de la langue<br />
tsigane.<br />
• Dans le domaine de l’éducation, permettre la formation de maîtres enseignant à des Tsiganes<br />
et favoriser l’éducation des femmes en général.<br />
• Dans le domaine de l’information, informer les Tsiganes de leurs droits fondamentaux.<br />
• Dans le domaine de l’égalité des droits, appliquer la Convention internationale sur l’élimination<br />
de toutes les formes de discrimination raciale (New York, 1965).<br />
• Dans le domaine de la vie courante, veiller à ce que les Tsiganes soient consultés lors de l’élaboration<br />
et de la mise en place de dispositions les concernant.<br />
Résolution 249 de la Conférence permanente des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe<br />
sur les tsiganes en Europe : rôle et responsabilités des autorités locales et régionales<br />
16-18 mars 1993.<br />
Face à la détérioration de la situation des Roms/Tsiganes en Europe, la Conférence invite les<br />
autorités locales et régionales à prendre des mesures pour faciliter l’intégration des Roms/<br />
Tsiganes dans la communauté locale dans le domaine du logement, aires de stationnement,<br />
éducation, santé.<br />
Elle demande aux Roms/Tsiganes de faire connaître aux autres communautés leur identité culturelle<br />
et sociale, de veiller à ce que les règles de droit des pays dans lesquels ils résident soient<br />
respectées, de créer une association européenne représentative des communautés tsiganes,<br />
capable d’être un interlocuteur politique des gouvernements et des institutions européennes.<br />
Recommandation 11 du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe sur la<br />
contribution des Roms (Tsiganes) à la construction d’une Europe tolérante - 1995. <strong>En</strong> raison<br />
de l’enjeu que représente pour l’Europe la présence du peuple rom (tsigane), le Congrès<br />
recommande au Comité des ministres de procéder sans délai à la mise en place d’un médiateur<br />
européen pour ces populations, de créer une petite unité chargée des affaires roms au sein du<br />
Conseil de l’Europe. Il recommande également un certain nombre de mesures invitant les États<br />
membres à ratifier des Conventions sur les minorités.<br />
Résolution 44 du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe sur la contribution<br />
des Roms à la construction d’une Europe tolérante - 1997.<br />
Le Congrès, face à la forte violence, la haine raciale et la discrimination dont sont victimes de<br />
nombreux Roms à travers l’Europe, se félicite d’un certain nombre d’initiatives comme les activités<br />
de l’ECRI (Commission européenne contre le racisme et l’intolérance).<br />
D’autre part, elle décide, dans un souci de simplification de lecture et de compréhension des<br />
documents, de réunir sous l’appellation “Rom(s)” l’ensemble des groupes tels que les Roms, les<br />
Tsiganes, les Sintés, les Manouches, les Gitans…<br />
<strong>En</strong> annexe de la Résolution 44, Conclusions de la Table ronde de Ploiesti - 28 et 29<br />
novembre 1998. Il s’agit de recommandations relatives à l’action et à la coordination du Congrès<br />
des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe afin de surveiller en Europe la situation des Roms<br />
en matière des droits de l’homme.<br />
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34<br />
Recommandation de politique générale N°3 de l’ECRI (Commission européenne contre le racisme<br />
et l’intolérance) pour la lutte contre le racisme et l’intolérance envers les Roms/Tsiganes - 1998.<br />
L’ECRI recommande particulièrement aux gouvernements des États membres de s’assurer que<br />
la discrimination en tant que telle est combattue au moyen de législations adéquates et que<br />
sont introduites dans le droit civil des dispositions spécifiques à cet effet, notamment dans les<br />
secteurs de l’emploi, du logement et de l’éducation.<br />
Recommandation N°R (2000) 4 du Comité des ministres aux États membres sur<br />
l’éducation des enfants Roms/Tsiganes en Europe - 3 février 2000.<br />
<strong>En</strong> raison du taux élevé d’analphabétisme de ces populations en Europe, le Comité recommande<br />
aux gouvernements des Etats membres de respecter les principes portés en annexe de la<br />
recommandation, notamment en ce qui concerne les politiques éducatives, les programmes<br />
scolaires et le matériel pédagogique, le recrutement et la formation des enseignants, l’information,<br />
la recherche et l’évaluation des politiques éducatives ainsi que la coordination de toutes les<br />
parties concernées.<br />
Recommandation REC (2001) 17 du Comité des ministres du Conseil de l’Europe sur<br />
l’amélioration de la situation économique et de l’emploi des Roms/Tsiganes et des voyageurs<br />
en Europe - 27 novembre 2001.<br />
Cette recommandation porte notamment sur les politiques de l’emploi et l’accès au marché du<br />
travail pour les Roms/Tsiganes, les activités génératrices de revenus, les instruments financiers<br />
ainsi que les questions relatives à la formation et à l’éducation.<br />
Recommandation REC (2006) 10 du Comité des ministres aux Etats membres relative à un<br />
meilleur accès aux soins pour les Roms et les Gens du voyage en Europe<br />
Conclusions du Conseil européen du 8 décembre 2008 sur l’inclusion des Roms<br />
Rapport n°2008/2137 du 28 janvier 2009 du Parlement européen sur la situation sociale des<br />
Roms et l’amélioration de leur accès au marché du travail dans l’UE.
Remerciements : Etudes Tsiganes - Yvette Ajaj - Document réalisé par la direction de la Communication / 106, rue du<br />
Bac - 75341 Paris Cedex 07 - Tél. : 01 45 49 73 00 - Fax : 01 45 49 94 50 Conception-rédaction : Sorya Gherram, Claire Cavé<br />
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légal : janvier 2010 Tirage : 3 000 exemplaires. Ce document est une mise à jour de la brochure parue en octobre 2002.
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