télécharger le numéro 191 de GR Sentiers ici - Les Sentiers de ...
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Récits<br />
maintient horizonta<strong>le</strong> au milieu <strong>de</strong>s bois, parmi <strong>de</strong> hautes<br />
herbes variées et <strong>de</strong> dél<strong>ici</strong>euses o<strong>de</strong>urs flora<strong>le</strong>s. Au carrefour<br />
suivant, au lieu <strong>de</strong> poursuivre vers « Ivine Vodice », cabane que<br />
nous comptions atteindre au terme <strong>de</strong> cette première étape,<br />
nous nous dirigeons trop à l’ouest. Nous nous rendons<br />
compte <strong>de</strong> notre erreur alors que débute une soli<strong>de</strong> <strong>de</strong>scente<br />
vers la rivière Velika Pak<strong>le</strong>nica. Nous réalisons que nous marchons<br />
en direction du refuge gardé off<strong>ici</strong>el ; mais nous<br />
sommes trop fatigués pour faire <strong>de</strong>mi-tour. Re<strong>de</strong>scendue à<br />
700 m, au niveau <strong>de</strong> la rivière, la piste se divise en <strong>de</strong>ux<br />
branches dont l’une, qui franchit <strong>le</strong> cours d’eau à gué, est<br />
signalée par une inscription « Par<strong>ici</strong> » peinte en rouge sur un<br />
tronc d’arbre. Cela ne s’invente pas ! Nous imaginons qu’un<br />
randonneur français facétieux s’est amusé à tracer cette inscription<br />
à l’intention <strong>de</strong>s randonneurs francophones.<br />
L’explication est plus terre-à-terre : à <strong>de</strong>ux kilomètres et <strong>de</strong>mi,<br />
un lieu-dit porte <strong>le</strong> nom <strong>de</strong> Par<strong>ici</strong>, avec la <strong>le</strong>ttre C affublée<br />
d’un accent circonf<strong>le</strong>xe inversé. Le baliseur pressé a tout simp<strong>le</strong>ment<br />
omis <strong>de</strong> tracer ce signe graphique…<br />
Quoi qu’il en soit, vers 17 h, après un <strong>de</strong>rnier effort pour clore<br />
cette ru<strong>de</strong> journée, nous parvenons à ce lieu-dit inattendu. À<br />
la sortie du bois, nous découvrons une vieil<strong>le</strong> habitation « améliorée<br />
», reconvertie en refuge privé (à l’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 570 m). Le<br />
« Dom Ivancev » est merveil<strong>le</strong>usement situé en balcon et surplombe<br />
<strong>de</strong> cent mètres <strong>le</strong> refuge off<strong>ici</strong>el invisib<strong>le</strong> sous la végétation.<br />
L’accueil y est on ne peut plus sympathique. Le gardien<br />
est un grand gaillard, déjà âgé, au verbe faci<strong>le</strong> (croatian only).<br />
Une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> joyeux dril<strong>le</strong>s est installée à l’une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />
tab<strong>le</strong>s sur la bel<strong>le</strong> terrasse naturel<strong>le</strong> bordée <strong>de</strong> til<strong>le</strong>uls (un<br />
Berlinois s’y sentirait « Unter <strong>de</strong>n Lin<strong>de</strong>n »…) On nous offre un<br />
petit alcool artisanal <strong>de</strong> figues en guise <strong>de</strong> bienvenue. Le<br />
refuge est propre et confortab<strong>le</strong> avec <strong>de</strong> petites chambres <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux lits superposés. <strong>Les</strong> marcheurs disposent d’une cuisine.<br />
Repas sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Mais <strong>de</strong>s moustiques batifo<strong>le</strong>nt sous <strong>le</strong>s<br />
til<strong>le</strong>uls…<br />
Arrivée à « Dom Ivancev ».<br />
La cabane « Ivine Vodice ».<br />
37<br />
Samedi 26 juin<br />
Ce matin, ciel couvert et il ne fait pas trop chaud. Temps idéal<br />
pour marcher en forêt. Nous nous mettons en route vers la<br />
cabane « Ivine Vodice » où nous aurions dû nous rendre la<br />
veil<strong>le</strong>. Assez courte étape. Pendant une petite heure, nous<br />
parcourons <strong>de</strong> nouveau la piste suivie la veil<strong>le</strong> en fin <strong>de</strong> parcours.<br />
Ensuite, la montée débute, assez progressive, jusqu’à<br />
l’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 900 m. El<strong>le</strong> s’accentue et, toujours en sous-bois,<br />
el<strong>le</strong> <strong>de</strong>vient fina<strong>le</strong>ment assez ru<strong>de</strong> jusqu’à la petite construction<br />
plantée dans une clairière pentue, à 1200 m d’altitu<strong>de</strong>.<br />
En début d’après-midi, un groupe <strong>de</strong> marcheurs est sur <strong>le</strong><br />
départ. Nous y découvrons aussi un personnage presque aussi<br />
pittoresque que <strong>le</strong> gardien du refuge « Dom Ivancev ». Comme<br />
attaché à la gestion du parc, il passe régulièrement quelques<br />
jours à « Ivine Vodice ». Le crâne perpétuel<strong>le</strong>ment enserré dans<br />
<strong>le</strong> ban<strong>de</strong>au <strong>de</strong> sa lampe fronta<strong>le</strong>, il est très volubi<strong>le</strong> et connaît<br />
l’anglais et l’al<strong>le</strong>mand. Amateur <strong>de</strong> photos, il possè<strong>de</strong> un appareil<br />
sophistiqué avec <strong>le</strong>quel il s’embusque parfois <strong>de</strong>s heures<br />
dans <strong>le</strong>s environs <strong>de</strong> la cabane en attente du passage <strong>de</strong>s animaux<br />
dont il connaît <strong>le</strong>s habitu<strong>de</strong>s. Il nous montrera, sur<br />
l’écran <strong>de</strong> son appareil, plusieurs photos d’un ours brun qui<br />
s’approcha du refuge <strong>de</strong>ux jours avant notre arrivée, ainsi que<br />
<strong>de</strong>s tirages <strong>de</strong> photos <strong>de</strong> serpents qui s’accoup<strong>le</strong>nt et cel<strong>le</strong><br />
d’un lynx, réputé « insaisissab<strong>le</strong> » même par <strong>le</strong>s amateurs <strong>de</strong><br />
safaris <strong>le</strong>s plus entraînés. Son érudition en matière <strong>de</strong> botanique<br />
et <strong>de</strong> géologie <strong>de</strong> la montagne n’est pas en reste. Et<br />
puis, il nous par<strong>le</strong>ra du climat local…<br />
À <strong>de</strong>ux pas du refuge, un seau accroché à une longue chaîne<br />
permet <strong>de</strong> pré<strong>le</strong>ver l’eau fraîche et limpi<strong>de</strong> d’une citerne.<br />
Dans <strong>le</strong> lointain, vers <strong>le</strong> sud, un vaste paysage : la mer et <strong>le</strong>s<br />
î<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la côte dalmate. Mais l’horizon est tel<strong>le</strong>ment laiteux<br />
qu’il faut <strong>de</strong> bons yeux pour déce<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s détails.<br />
La température a chuté et <strong>le</strong>s nuages se sont accumulés. Vers<br />
15 h, <strong>de</strong> fortes pluies se déc<strong>le</strong>nchent bruta<strong>le</strong>ment. Le reste <strong>de</strong><br />
l’après-midi se passe autour <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> tab<strong>le</strong> <strong>de</strong> notre habitac<strong>le</strong><br />
exigu, où <strong>le</strong> gardien improvisé a allumé un feu à bois<br />
avant <strong>de</strong> nous présenter sa col<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> prises <strong>de</strong> vues. Après<br />
<strong>le</strong> repas (lyophilisé) du soir pris à la lueur d’une bougie, nous<br />
grimperons une échel<strong>le</strong> <strong>de</strong> fortune pour accé<strong>de</strong>r, par une<br />
étroite trappe, à un plancher tapissé <strong>de</strong> quelques couvertures,<br />
sous la pente bien inclinée du toit. Le feu à bois du rez-<strong>de</strong>chaussée<br />
propage une douce cha<strong>le</strong>ur jusqu’aux comb<strong>le</strong>s obscurs,<br />
où reposent cinq personnes… en quête <strong>de</strong> sommeil : la<br />
toiture <strong>de</strong> zinc crépite sous la pluie et tremb<strong>le</strong> sous <strong>le</strong> vent…<br />
Dimanche 27 juin<br />
Nous comptons gagner la cabane « Struge » au terme d’une<br />
longue marche vers <strong>le</strong> NO, sur la crête en <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> scie du<br />
parc : altitu<strong>de</strong> moyenne <strong>de</strong> 1600 m et passage obligé au sommet<br />
« Vaganski », à 1760 m. La pluie a cessé durant la nuit, mais<br />
<strong>le</strong> ciel reste couvert et la température n’excè<strong>de</strong> pas 11<br />
<strong>de</strong>grés. Le vent marque <strong>de</strong>s pointes très vio<strong>le</strong>ntes. Notre hôte<br />
nous explique que la « bora » est entrée en scène. Ce vent froid<br />
souff<strong>le</strong> <strong>de</strong> la montagne vers la mer et <strong>le</strong> dispute souvent aux<br />
vents chauds <strong>de</strong> l’Adriatique. « Le climat du Ve<strong>le</strong>bit est très<br />
instab<strong>le</strong> » nous confirme l’homme à la lampe fronta<strong>le</strong>. « Il arrive<br />
que quelques flocons <strong>de</strong> neige tombent <strong>ici</strong> en p<strong>le</strong>in mois <strong>de</strong><br />
juil<strong>le</strong>t, alors qu’à quelques kilomètres au sud, <strong>de</strong>s touristes se<br />
baignent dans l’Adriatique…» Il ne nous dissua<strong>de</strong> pas vraiment<br />
d’entreprendre notre étape <strong>de</strong> crêtes, mais nous<br />
recomman<strong>de</strong>, une fois parvenus là-haut, <strong>de</strong> bien évaluer la<br />
situation. La température y sera sans doute <strong>de</strong> 5 <strong>de</strong>grés inférieure<br />
à cel<strong>le</strong> qui règne à hauteur <strong>de</strong> la cabane. Avec notre<br />
charge, il faut compter <strong>de</strong> 7 à 8 heures <strong>de</strong> marche jusqu’à la<br />
cabane « Struge ». La bora souff<strong>le</strong>ra une bonne partie <strong>de</strong> la<br />
journée. Ne pas s’arrêter pour éviter <strong>le</strong>s risques d’hypothermie<br />
!<br />
Vers 7 h, nous entreprendrons donc notre ascension, bien<br />
résolus à ne pas insister si tout cela se vérifiait plus haut. La<br />
montée à travers <strong>le</strong>s bois <strong>de</strong> hêtres ne pose pas trop <strong>de</strong> problèmes.<br />
Mais à l’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1400 m, la végétation se raréfie et SENTIERS<br />
<strong>de</strong> très bel<strong>le</strong>s vues sur la mer et <strong>le</strong>s î<strong>le</strong>s apparaissent, fugitives,<br />
entre <strong>le</strong>s nuées qui défi<strong>le</strong>nt dans <strong>le</strong> ciel. Mais la crête est<strong>GR</strong>