Bibliothèque royale de Belgique - C. Gaspar et F. Lyna, Les ...

Vrelant eussent été incapables. Nous inclinons à reconnaître dans cet enlumineur Germain
Picavet, dont on peut apprécier le talent de dessinateur dans les initiales signées
de son nom.
Autant d'après le style des miniatures que d'après certains détails de toilette, nous
pouvons dater ce manuscrit des années 1460-1465.
Bibliographie. - Barrois, Bibliothèque protypographique, p. 220, n° 1543, p. 245,
n° 1715. - Bayot, Catalogue des manuscrits romans de la Bibliothèque royale (en ms.).
- Voir la bibliographie des mss. 9492-93 et 11142 (t. 1, notices 67 et 102). - G. Doutrepont,
La littérature française à la Cour des ducs de Bourgogne, p. 263. - Exposition,
... n° 5.
[Additions à la bibliographie]
Documenten met betrekking tot de oostersche beschavingen. Tentoonstelling ... ur 5.
- Documents relatifs aux civilisations orientales. Exposition ... n° 5. - G. Dogaer,
Handschriften over de kruistochten in de librije der hertogen van Bourgondië. (Spiegel
Historiael, 2, 1967, pp. 457-465). - Kervyn de Lettenhove, Notes sur quelques manuscrits
de la bibliothèque de Bourgogne (Compte-rendu des séances de la Commission
royale d'Histoire, 2 e série, Il, 1858, pp. 419-482). - La librairie de Philippe le Bon.
Exposition ... n° 208. - De Librije van Filips de Goede. Tentoonstelling ... ur 208. -
Scriptorium 1973, p. 94. - Br. Woledge et H. P. Clive, Répertoire des plus anciens
textes en prose française depuis 842 jusqu'aux premières années du XIIIe siècle ...
295. - LE ROMAN DE GIRART DE NEVERS
Ms. 9631. - Flandre, vers 1460. - Pl. LXI
Description. - Papier; filigranes: le char (cf. Briquet, Les filigranes, nOS3542 et
3544 et J. H. de Stoppelaar, Het papier in de Nederlanden, pl. 1, 8), le P gothique à
la haste fourchue et bordures en fleurs dans les feuilles de garde seulement (cf. Briquet,
Les filigranes, n° 8591, cf. les mss. Bruxelles, 9632-33, 10238, Gand 470, Lille
134); 126 feuillets plus trois feuillets de garde en tête et trois à la fin du volume;
o m 288 x 0 m 192 à 0 m 20 Gustification: 0 m 195 x 0 m 117); 28 lignes par page;
écriture bâtarde bourguignonne de la même main que les ms. 9632-33, 10238 de
Bruxelles et le ms. 470 de Gand; cahiers de huit feuillets avec réclames et signatures.
Reliure en maroquin rouge, décorée sur les plats d'un filet triple formant encadrement
au milieu duquel figure un ovale renfermant un cartouche couronné aux armes de
France. Le dos est orné de compartiments dorés portant le chiffre couronné de
Louis XV et le titre: Histoir de Gerar de Nevers.
Contenu. - Le livre de Gerart conte de Nevers.
C'est le remaniement en prose du poème intitulé le Roman de la Violette de Gerbert
de Montreuil. Le prologue (f. 1-2), renferme une dédicace à Charles 1, comte de

Nevers et de Rethel, qui était à la fois le petit-fils de Philippe le Hardi, le neveu de
Jean sans Peur et le beau-fils de Philippe le Bon.
Provenance. - Bien que ce manuscrit ne contienne aucun indice de provenance,
nous croyons qu'il a été exécùté pour Jean, bâtard de Wavrin, seigneur de Forestel
(1394-1471), conseiller et chambellan de Philippe le Bon. En effet, il a été grossé et
enluminé par le copiste et l'enlumineur qui furent chargés de l'exécution des manuscrits
de Bruxelles 9632-33, 10238 et de Gand 470. Or ces trois derniers volumes portent
les armoiries du bibliophile susdit. Nous pouvons donc formuler la prudente
hypothèse que notre Gerart de Nevers a eu la même destination et a fait partie de
la même bibliothèque.
En outre, on peut supposer que Jean de Wavrin a fait cadeau du volume à son
maître Philippe le Bon, puisqu'on le trouve décrit dans l'inventaire de 1467.
L'estampille rouge de la Bibliothèque nationale de Paris qui figurait aux ff. 1 et
126v a été soigneusement grattée et remplacée par le cachet du dépôt bruxellois.
Décoration. - Rehauts jaunes dans les majuscules, initiales alternativement vermillon
ou bleues sur un fond filigrané à la plume, seule la première initiale est mi-parti
or et bleu et filigrane bleu et rouge. Les miniatures, environ deux fois aussi larges que
hautes, occupent à peu près un tiers de la justification. Elles représentent: f. 1, un seigneur
assis à une table et feuilletant un livre tandis qu'il converse avec un autre seigneur
qui se tient à sa gauche appuyé sur le banc. À la droite du seigneur assis se
tiennent deux personnages, dont un avec un faucon. Ne s'agit-il pas ici de Jean de
Wavrin lui-même qui examine le manuscrit que vient de lui soumettre son copiste qui
lui donne les explications nécessaires? ; f. 2v, le roi Louis le Gros donnant une fête
et invitant Gerart de Nevers à chanter; f. 5, « de la gagure que Gerars de Nevers fist
devant le roy alencontre de Liziart, conte de Fores [à propos de la belle Euryant] ;
f. 8, comment Liziars, le comte de Forest, vint a Nevers et comment il parla a la belle
Euryant; f. 11, comment la faulse vielle tray sa maistresse et comment elle fist un pertuis
en la parait de la chambre; f. 12v, [comment] le conte de Forest veist lenseigne
que avait la belle Euriant sur sa destre mammelle; f. 14, comment Gerars envoya
guerir samye par ung sien escuier et parent; f. 16v, comment la belle Euryant vint a
court et comment Liziart luy mist dessus quelle avait couchiet avec luy et fait sa
volenté d'elle; f. 18, comment Gerart se party de la court moult couroucyé et samye
Euryant sans aultre compaignye que eulx deux; f. 20, comment Gerart de Nevers volt
trenchier le chief a la belle Eriant samye en la forest d'Orliens, du serpent quy luy
vint courir sus et comment il delaissa Euriant toutte esseulee ; f. 21v, comment Gerard
se mist a genoux en remerciant nostreseigneur de la grace quilluy avait fait te [Euriant
assise et pleurant, le monstre gisant par terre] ; f. 22v, comment le duc de Mes ariva
en la forest ou il trouva la belle Euryant; f. 24, comment le duc de Mes emmena
Euryant ; f. 25, comment Gerart vint en Nivernois a ung village que alors on nommait
La Marche et en lostel dun jongleour quil congnoissoit [Il est reçu par la femme du

jongleur]; f. 26v, comment Gerart [déguisé en jongleur] vint a Nevers ou il chanta
devant Liziart la vyole au col; f. 28v, comment Gerart sala chauffer derierre le conte
ou il oy par la vielle comment elle avait tray samye Euryant; f. 30, comme Gerart
de Nevers ariva en ung chastel en Ardane ; f. 33, comment Gerars promist a la damoiselle
quil se combateroit pour elle delivrer de son anemy ; f. 35, comment Gerart combat
y le chevalier et le desconfy; f. 37v, comment la damoiselle vint vers Gerart quy
estoit moult fort navré; f. 40v, comment Gerart sen depparty et vint a Challon en
Champaigne; f. 42v, comment la damoyselle la fille de loste donna a Gerart ung
esprevier au prendre congiet ; f. 43v, comment Gerart vint a Coulougne ; f. 46v, de la
grant battaille quy fu devant Coulougne ou Gerart fist mervelles ; f. 48v, a la même
bataille, Gerard se battant avec un géant; f. 53, des damoyselle qui commencherent
de tenchier lune a lautre pour la grant amour quelles avoyent a Gerart; f. 56, comment
Gerart de Nevers vint a court et comment la belle Aiglentine parla a luy ; f. 59,
comment les deux damoisellez [Englentine et Florentine] par jalousye tencherent lune
a lautre ; f. 61, comment Gerart beu la poizon que la vielle avait faiste pour le dechepvoir;
f. 63v, comment Gerars apres ce quil fu empoizonné fu fems de lamour Aiglentine
[il la tient embrassée] ; f. 65, le duc Milon, Gerart de Nevers et leur armée, rentrant
à Cologne après une victoire; f. 69v; de la belle Euryant quy estoit a Mes en
Lorraine et comment elle perd y son anelet dor, que son amy luy avait donné, par une
aloeette quy lemporta ; f. 71, comment Melyatir le desloyal chevalier cuida efforchier
Euryant et du mal quilluy pourchassa [elle lui donne un coup de pied sur la bouche] ;
f. 72, comment le tres malvaix chevalier murdry piteusement la belle Ismaine cuidans
avoir ochis Euryant; f. 75, le duc Milon et ses barons en conseil pour décider du
mariage de Gerart avec Aiglentine; f. 77, comment Gerart a tout son esprevier ala
voler aux champs ou il prist laloette a son col lanelet de samye Euryant quil recongneu;
f. 79v, comment Gerart prist congiet de son hoste et ly bailla son esprivier pour
porter a Ayglentine; f. 81v, comment Gerart trouva ung chevalier navré couchietz
dessoubz ung arbre; f. 85v, comment Gerart combat y le chevalier deI angarde et
lochist et comment il osta la damoiselle hors de la fontaine laquelle le voloit faire
murdrir en dormant; f. 88v, comment Gerars sendormy ou geron de la faulse damoiselle
et de lescuier quy le esvella; f. 90v, comment Gerart vint en une lande ou il
encontra ung escuier; f. 92, comment Gerart rencontra ung chevalier quy menoit
avoec luy sa femme et sa fille en demenant grant doleur ; f. 94, comment Gerart combat
y le jeant et lochist sy rescoust les VII chevaliers et la damoiselle quy estoit leur
seur; f. 98v, du grant doel que demena la pucelle quant elle vey partir Gerart;
f. 100v, comment Gerart vint a Mes et trouva en son chemin gens quy y venoient,
f. 102v, comment les barons estoient a conseil pour jugier la belle Euryant a mort et
comment Gerart en prist a combatre alencontre du chevalier quy lavoit acusee» ;
f. 104v, Melyatir, vaincu en duel par Gerart, confesse son crime et innocente Euryant ;
f. 107v, le traître Melyatir attaché à la queue d'un cheval; f. 1l0v et 114, Gerart au

tournoi de Montargis; f. 116v, « comment le roy et les barons reconvoyerent Gerart
de Nevers jusques en son hostel; f. 119, comment Gerart de Nevers vint a court et
comment il appella Liziart en champ et jetta son gage; f. 121, comment Gerart de
Nevers desconfy Liziart et luy fist congnoistre et jehir la traison ». On ne peut donner
le nom de miniatures à ces curieuses images, qui ne sont que des esquisses habilement
rehaussées de couleurs à l'eau. C'est un genre particulier se rattachant indirectement
au « portrait d'encre» du siècle précédent tout en ayant son caractère propre.
L'origine de cette illustration un peu spéciale doit être cherchée dans l'emploi de
plus en plus répandu du papier pendant la seconde moitié du xv e siècle.
Le papier, bien plus fragile et plus perméable que le parchemin, exigeait une technique
appropriée à ses qualités. On peut dire que l'artiste qui travaillait pour le compte
de Jean de Wavrin, baptisé par Winkler Maître de Wavrin, a trouvé le genre de décoration
adéquate à cette matière et présentant un caractère presque « moderne ». Excellent
dessinateur, saisissant d'un coup d'œil les éléments essentiels du récit, sa main
exercée jetait sur le papier en quelques traits rapides, souples et justes une image
dépouillée, vivante et pittoresque donnant une synthèse extrêmement ramassée et précise
du texte. Ce qui importait pour lui, c'était l'action, une action rapide, colorée et
mouvementée grâce à cette préoccupation, le paysage se réduit chez lui à quelques
lignes schématiques, à des rangées d'arbres partout les mêmes. Les villes sont dessinées
d'après un modèle uniforme et simplifié; les personnages sont conçus d'après un
seul type. Poursuivant constamment le même but, l'enlumineur commet des négligences
de dessin, sans importance pour lui, entraîné qu'il est par le jeu mouvementé de
son imagination. On peut dire que d'une certaine manière ces images s'opposent au
contenu qu'elles doivent illustrer. Si toutes les aventures sont contées avec le sérieux
et l'application d'un auteur du moyen âge, l'enlumineur lui ne semble plus guère y
croire et les interprête avec un humour parfois cruel qui en fait tout le charme. Il semblait
se rendre compte que l'esprit chevaleresque était dépassé et touchait à sa fin. À
ce point de vue cette série de miniatures marque une date importante.
Au point de vue technique, le Maître de Wavrin dessine et compose d'après des
règles fixes établies par lui-même, qui ont été mises en lumière par M. Ouy. La place
nous manque pour résumer ici le raisonnement du savant français.
Ce serait une erreur de croire que l'œuvre du Maître de Wavrin est violée. Par ses
qualités de narrateur, ce miniaturiste se rattache étroitement à cet autre conteur captivant,
Jean le Tavernier. Comme lui, il est fortement influencé par les mœurs maniérées
de son temps. D'autre part, Jean le Tavernier avait illustré avant lui et d'après des
principes analogues des manuscrits sur papier, e.a. un exemplaire de l'Advis pour faire
le passage de Frère Brochard, terminé en 1455. (Bruxelles, ~s. 9095). Enfin, le Maître
de Wavrin, tout comme les plus grands artistes, a eu des imitateurs appliqués mais
médiocres. Citons à titre d'exemple le mss. 9547 et 9650-52 de Bruxelles.
Nous croyons devoir dater ce manuscrit d'environ 1460.

Bibliographie. - Barrois, Bibliothèque protypographique, p. 186, n° 1267 et p. 265,
n° 1850. - FI. Frocheur, Inventaire de Viglius dans J. Marchal, Catalogue, t. 1,
p. CCLI!. - G. Doutrepont, La littérature française à la Cour des ducs de Bourgogne,
pp. 56-57. - Gr6ber-Hofer, Grundriss der romanischen Philologie, t. II, pp. 158, 220
et 268. - A. Goldschmidt dans les Sitzungsberichte der Berliner kunstgeschichtlichen
Gesellschaft, 1919. - A. Goldschmidt, Der Zeichner des Jean de Wavrin dans le
Mémorial édité en l'honneur de Johnny Roosvai. Stockholm, 1929. Avec huit reproductions
d'après le mss. de Bruxelles 9631, 9632-33. - Fr. Winkler, Die fliimische
Buchmalerei, pp. 69 et 166. - Fernand Desonay, Une œuvre fort peu connue du
« Maître de Wavrin », dans le Gedenkboek A. Vermeylen. Bruxelles 1932, p. 411. -
Fr. Lyna, De Vlaamsche miniatuur van 1200 tot 1530, p. 102, fig. 30 (f. 43v du ms.).
[Additions à la bibliographie]
Costumes de la Cour de Bourgogne sous le règne de Philippe III dit le Bon (1455-
1460) publiés par Auguste de Bastard. Paris, Imprimerie Nationale, 1881, 25 pll. -
L. M. J. Delaissé, Miniatures médiévales, de la librairie de Bourgogne au cabinet des
manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique ... notice 43, pl. en couleurs (ff. 26v
et 77). L. M. J. Delaissé, La Miniature flamande, Le mécénat de Philippe le Bon ...
n° 73. - G. Dogaer, Flemish miniature painting ..., p. 92. - G. Doutrepont, La mise
en prose des épopées et des romans chevaleresques du XIve au XVI" siècle ... - G. Gaspar
& F. Lyna, Philippe le Bon et ses beaux livres ... - L'iconographie musicale dans
les manuscrits de la Bibliothèque royale Albert 1"'. Catalogue ... n° 97. - La librairie de
Philippe le Bon. Exposition ... n° 158. - De Librije van Filips de Goede. Tentoonstelling
... nr 158. - Miniatures médiévales de la Bibliothèque royale de Belgique ... De
Muziekiconographie in de handschriften van de Koninklijke Bibliotheek Albert 1. Tentoonstelling
... nr 97. - F. Porcher, Les manuscrits à peintures en France du XIII" au
XVI" siècle, Bibliothèque Nationale, Paris, 1955, p. 43. - David M. Robb, The Art
of the Illuminated Manuscript. Philadelphia, The Philadelphia Art Alliance, (1973),
356 p., plI. - A. Schoolmeesters & J. Vanroelen, Middeleeuwen ... - Scriptorium
1959: B 65; 1962: B 423; 1965: B 846; 1968: B 150; 1969: 321, 322, 323, pl. 139,
141, 143. - Treasures of Belgian Libraries ... n° 64. - De Vlaamse miniatuur. Het
mecenaat van Filips de Goede, 1445-1475. Tentoonstelling ... nr 73. - Br. Woledge,
Bibliographie des romans et nouvelles en prose française antérieurs à 1500 ...
296. - ROMAN DE PARIS ET DE VIENNE. - ROMAN D'APOLLONIUS
Ms. 9632-33. - Lille, vers 1460. - Pl. LXII
Description. - Papier au filigrane du P gothique à la haste fourchue et sommé d'un
fleuron, identique à celui des mss. 9631, 10238 de Bruxelles, du ms. 470 de Gand et
du ms. 134 de Lille; 168 feuillets, plus quinze de garde, trois en tête et douze à la